Mère suivi de La voix du silence (recueil de poèmes) - Maurice Carême - E-Book

Mère suivi de La voix du silence (recueil de poèmes) E-Book

Maurice Carême

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Beschreibung

Mère qui obtint le Prix triennal de poésie en 1937 est considérée comme l'œuvre majeure de Maurice Carême. L'auteur y aborde son amour pour sa mère et l'épreuve que représente la perte de cette dernière. La simplicité des vers et du ton en font une œuvre remarquable saluée maintes fois par la critique. Cette édition numérique inédite suivie de La voix du silence comprend également un portrait de sa mère par l'auteur.

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EPUB

Seitenzahl: 18

Veröffentlichungsjahr: 2012

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Je t'aurai tant aimée, ma mère,

Que ces vers porteront peut-être

À travers les remous des âges

Les humbles lignes de ton visage.

I

Ainsi j'étais au fond de toi

Comme un peu d'eau tremblante

Dans un vase pur.

Ainsi tes yeux voyaient pour moi,

Ainsi tes pieds marchaient pour moi,

Ainsi ta chair souffrait pour moi,

Ainsi tes pauvres mains,

Lasses d'avoir lutté pour moi,

C'est sur moi que tu les croisais,

Ainsi ton cœur battait pour moi

Et c'est avec ton sang

Que tu faisais mon cœur.

Ma mère,

Tu es bénie

Entre toutes les femmes.

II

Ainsi qu'une fleur

Lourde de rosée,

Ton sein se penchait.

Et, sous cette belle source,

C'était déjà ton cœur

Que tu tendais à ma bouche.

Il était toujours plein d'oiseaux,

Et si mon vers chante parfois,

C'est à ton lait que je le dois.

III

Tu es belle, ma mère,

Comme un pain de froment.

Et, dans tes yeux d'enfant,

Le monde tient à l'aise.

Ta chanson est pareille

Au bouleau argenté

Que le matin couronne

D'un murmure d'abeilles.

Tu sens bon la lavande,

La cannelle et le lait ;

Ton cœur candide et frais

Parfume la maison,

Et l'automne est si doux

Autour de tes cheveux

Que les derniers coucous

Viennent te dire adieu. 

IV

Sous la chaleur de tes mains,

La pâte éclosait au pétrin

Comme un grand liseron.

De chaque pétale,

Le soleil du four

Faisait un pain doré.

Mais, au fil des jours,

Ton amour,

Ton merveilleux amour

Nous faisait retrouver,

Dans chaque miette éparpillée,

Ton cœur entier.

PAROLES DE MA MÈRE

V

Il ne faut qu'un peu de printemps,

Un poisson rouge,

Une pâquerette qui s'ouvre

Pour que le cœur te parle à temps.

Écoute-le avec ferveur

Comme l'acacia en fleurs

Écoute l'oiseau qui ramage

Dans l'épaisseur de son feuillage.

Au silence du ciel,

Il faut pouvoir répondre

Par un chant de foi tel

Que Dieu s'y laisse prendre.

VI

La cuisine est si calme

En ce matin d'avril

Qu'un reste de grésil

Rend plus dominical.

Le printemps, accoudé

Aux vitres, rit de voir

Son reflet dans l'armoire

Soigneusement cirée.

Les chaises se sont tues.