Mes animaux, mes amours, mes emmerdes… - Soly-Ange Deschamps - E-Book

Mes animaux, mes amours, mes emmerdes… E-Book

Soly-Ange Deschamps

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Beschreibung

À l’automne de sa vie, Soly-Ange Deschamps dévoile les moments clés de son existence, marquée par un don de magnétisme exceptionnel hérité de sa grand-mère. Ce talent lui a permis de soigner aussi bien des humains que des animaux, y compris des célébrités telles qu’Alain Delon et Brigitte Bardot, ainsi que des animaux exotiques. Pourtant, son histoire personnelle, parsemée de tragédies et d’échecs amoureux, suggère que ses facultés extraordinaires sont souvent contrebalancées par des épreuves incessantes. Suivez-la dans ce récit captivant, où la lumière de ses compétences éclaire les recoins les plus sombres de son parcours.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Pour garder une attitude positive malgré les défis quotidiens, Soly-Ange Deschamps puise sa force dans son affection pour les animaux. Dévouée corps et âme à ses projets, elle trouve réconfort et joie dans le soin des animaux négligés ou en détresse, ce qui l’a inspirée à créer l’association « L’Arche de Noé de Soly Ange ». Son ouvrage, "Mes animaux, mes amours, mes emmerdes…"dédié à ces animaux, invite chaque lecteur à découvrir cette passion qui sculpte sa vie.

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Seitenzahl: 433

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Soly-Ange Deschamps

Mes animaux, mes amours,

mes emmerdes…

© Lys Bleu Éditions – Soly-Ange Deschamps

ISBN : 979-10-422-3628-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Magnétisme et parapsy maintenant j’y crois, Éditions Fus Art.

Chronique d’une innocente, Éditions Jacques Grancher.

Histoires vécues, bien qu’incroyables – Avec l’aide du divin, Éditions du Panthéon.

Le calvaire d’une enfant, Éditions Société des écrivains.

L’Arche de Noé de Soly-Ange, Éditions Didier Carpentier.

À Brigitte Bardot

une grande Dame extraordinaire et unique

À Jeane Manson, ma grande amie

marraine de l’Arche de Noé de Soly-Ange

À Jacques Barbaud et Danielle

des amis sincères, parrain de l’Arche de Noé

À Myriam, ma fille adorée

À mes petits enfants

À Morgane, ma fille « adoptive » pour son aide précieuse

À Michèle, ma fidèle amie, ma confidente

À Corinnette, pour son aide

À mes patients, dont certains sont devenus des amis

Aux parrains et marraines des animaux de l’association

pour leur soutien

À tous les membres de l’Association

pour leurs dons dont j’ai besoin

À mes amis de longue date qui sont toujours là

dans les bons et mauvais moments

À Kessy Mac Queen, le chanteur

qui partage avec moi l’amour des animaux

Au docteur vétérinaire Blaszczyk Isabelle

Pour son dévouement toujours gratuit

À Gérard Muller, pour son aide précieuse

et qui a accompagné l’édition de cet ouvrage

Préface

Soly Ange porte bien son nom !

Elle est l’ange des animaux, ne vit que pour eux, se prive de tout pour eux, surmonte avec courage toutes les épreuves difficiles qui mettent son « Arche de Noé » en danger.

Bravo à cette femme remarquable qui fait de bien à tous ces animaux perdus, blessés, abandonnés, qu’elle recueille et dont elle s’entoure comme d’une famille hétéroclite, mais pleine de cet amour qui manque tant à cette désastreuse Humanité.

Brigtte Bardot

Saint-Tropez – juillet 2023

Préface

Soly Ange est-elle un ange terrestre ?

En lisant son livre, je dirais que « oui » !

Malgré ses catastrophes qu’elle décrit avec ferveur dans ses souvenirs, elle rebondit chaque fois pour continuer l’œuvre de sa vie « L’AMOUR » pour les autres. On dirait que par son magnétisme sur les hommes et les animaux, elle guérit sa propre plaie. Que le courage qu’elle incite lui renvoie à son propre courage, car elle a compris qu’en partageant ses dons elle reçoit sans demander en retour.

Une sorte de paix intérieure qui ne laisse pas de trace de haine.

Je suis la Marraine que Soly Ange a choisie pour « L’arche de Noé de Soly-Ange », son royaume de bêtes indomptables aux yeux qui n’ont pas la foi dans les miracles d’un partage de paix où les animaux vivent de toutes races en harmonie. C’est bien chez elle, un lieu à visiter pour voir ce miracle de paix. C’est un vrai paradis.

Je décrirais Soly Ange comme une mère de la nature, une battante essayant de corriger en bonheur la réalité de la souffrance des hommes et des animaux de la terre.

Soly-Ange est un ange venu du ciel.

Je te remercie Soly pour le courage que tu m’as donné durant les moments difficiles de ma vie. Tu es comme une plume qui tombe du ciel, un ange qui nous guide sur le chemin de la vie.

Je t’embrasse très fort.

Jeane Manson

Prologue

Soly Ange est un personnage ! Un personnage qui ne laisse personne indifférent.

Nous nous sommes rencontrés il y a bientôt 25 ans et dès notre première rencontre j’ai su et j’ai compris de suite que Soly Ange était une personne hors du commun, passionnée, bienveillante, éperdument amoureuse de ses enfants animaux, comme elle aime si bien les nommer.

J’ai eu cette chance d’aller à la rencontre de ses enfants-animaux. Dont je suis le parrain.

Dans cette arche de Noé, que je rebaptiserais bien l’Arche de Soly, les lamas, les alpagas, les chiens, les chats, les perroquets, les pigeons, etc, vivent en totale liberté et en parfaite harmonie. Nous avons certainement beaucoup à apprendre de cette entente et de la quiétude que les animaux ont entre eux ! Soly Ange est très certainement l’instigatrice de cette sérénité, et pour cela tu as toute ma reconnaissance Soly !

Jacques Barbaud

Introduction

À l’automne de mon existence, je reprends la plume pour vous faire partager les aventures les plus marquantes de ma vie. Certaines vont vous paraître invraisemblables et pourtant elles se sont toutes déroulées telles que je vais vous les raconter ici. De l’ombre à la lumière telle a été ma vie…

Avant tout, je dois vous dire que je possède un don de magnétisme avec lequel je fais des miracles, tant auprès des personnes, grandes ou petites, que des animaux. J’obtiens ainsi des guérisons extraordinaires qui m’étonnent moi-même, à tel point que l’on vient me voir de la France entière, et d’ailleurs. J’ai ainsi soigné un lion, des chevaux, toutes sortes d’animaux, et de grandes vedettes comme des gens anonymes.

Il y a donc ce MOI intérieur qui « voit » des choses que les autres ne voient pas et qui s’avèrent patentes à chaque fois.

Mais, à côté de cela, je vais de catastrophes et échecs, à commencer par mes amours. Peut-être la vie se venge-t-elle en contrebalançant mon don de guérison par la succession d’ennuis qui ont jalonné mon existence ? J’en suis arrivée à le croire, tant les revers se sont enchaînés.

À commencer par mon enfance qui n’a pas été un long fleuve tranquille puisque mon père buvait, ce qui le rendait très violent auprès de moi et de ma mère qui est décédée à 40 ans sous les coups assénés par son mari.

Mais elle a toujours tout supporté sans rien dire, afin de rester digne et de sauver sa réputation, étouffer ce fameux « quand dira-t-on », et servir les clients comme si de rien n’était.

Elle m’a ainsi servi de modèle, car malgré le déluge de problèmes et de drames qui me sont tombés sur le crâne, j’ai toujours su garder la tête haute pour mieux rebondir.

Mais comme ma mère m’a cruellement manqué, j’ai reporté mon trop-plein d’affection sur mes filles et mes animaux, j’en ai plus de 200 – mes enfants animaux, comme je les appelle – qui ont su m’apporter la joie de vivre qui me caractérise.

Et puis, il y a ce don de magnétiseuse comme ma grand-mère, qui est venu accompagner mon existence sans l’avoir sollicité. Un don naturel, presque divin, qui m’étonne encore, qui m’a permis de rencontrer des personnes formidables, de vivre des expériences incroyables et de guérir les hommes comme les animaux. Et parfois faire des miracles.

Je suis une passionnée pour tout ce que je fais, et mes animaux sont ma passion, le petit grain de folie qui me donne goût à la vie.

Je dédie alors ce livre au profit de tous les animaux que je récupère délaissés, abandonnés ou en souffrance, car c’est pour eux que j’ai créé l’association :

« L’Arche de Noé de Soly Ange. »

Ainsi, vous comprendrez mieux le titre : « Mes animaux, mes amours, mes emmerdes… »

Et voici une petite vidéo pour me présenter en image :

YouTube : Soly-Ange Deschamps.

Mes animaux, mes amours, mes emmerdes…

Ce qui compte ce ne sont pas les coups que l’on m’a donnés, mais ceux que l’on reçoit et auxquels on résiste pour aller de l’avant.

Guillaume Musso

Il est vingt-trois heures, je marche pieds nus sur le sable de la plage de Biarritz. Mes derniers clients sont partis. Je promène Geisha, ma grosse chienne Patou. Elle m’accompagne de temps en temps quand je vais travailler à Bordeaux et à Biarritz. Le mâle Patou, Ramuntcho, adore courir le soir sur la plage déserte, quand il m’arrive de l’emmener aussi. Je me rends régulièrement dans ces villes et à Toulouse pour exercer mes dons de magnétiseuse et d’hypnotiseuse. Parfois, mes 2 caniches Cupidon et Déesse me suivent quand ils ne m’attendent pas sagement à la maison. La beauté du site basque m’apaise, tout comme le rocher de la Vierge. Je suis calme et détendue ; tout ce qui s’est passé dans ma vie me revient en mémoire.

Mon dernier compagnon, qui a partagé ma vie durant vingt-quatre ans, est parti vers d’autres horizons. Je suis encore sous le choc, je suis triste, ce goût amer de l’incompréhension ; bien que, depuis longtemps, l’ambiance entre nous n’était pas au zénith.

Mes pensées me ramènent inéluctablement vers les hommes, les animaux et les choses de ma vie. Cette vie qui n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, loin de là. En me plongeant dans mes souvenirs, je vois que mon chemin a toujours été pour moi un terrain glissant et instable prêt à se dérober sous chacun de mes pas.

Dès ma tendre enfance, j’ai souffert des colères et des crises de nerfs de mon père… Car il buvait. Les cris, les insultes et les bagarres entre mes parents ont bercé mon enfance jusqu’à ce que ma mère meure suite aux coups reçus à l’âge de 40 ans. Grâce à Dieu, j’ai survécu, je suis sortie de ces mauvaises situations par le magnétisme1, don que j’ai hérité de ma grand-mère.

Après le décès de ma mère alors que je n’avais que 17 ans, je me suis mariée pour échapper aux griffes de mon père, c’était pour moi l’enfer.

J’ai souvent cru que j’allais recommencer quelque chose de différent et que j’allais tourner la page pour vivre un nouvel épisode avec un homme autre que mon père. Je suis toujours retombée dans le même piège.

Seuls deux hommes ont véritablement partagé officiellement ma vie. Une vie bien remplie, tumultueuse dont je garde en mémoire des scènes épiques que certains trouveront sans doute quelque peu invraisemblables.

Mariée et divorcée deux fois, une fille à chacune de mes unions. J’ai eu d’autres hommes qui, aussi, me firent vivre des situations extraordinaires. Les seuls bons souvenirs que je garde encore en mémoire, ce sont les moments passés avec Luis, pilote espagnol rencontré après mon dernier divorce. Quatre merveilleuses années passées ensemble que j’évoquerai plus longuement. Quatre années dans une vie, c’est bien peu.

Mes récits me sont devenus familiers, ils finissent par me sembler normaux. Mes relations, amis ou lecteurs, elles, les trouvent extravagants. La vie nous laisse le choix d’en faire un accident ou une aventure.

Je me souviens de mon premier mari rencontré dans la boucherie paternelle. Après le décès de ma mère, j’ai eu beaucoup de mal à supporter la vie que mon père me faisait subir ; beuveries qui ont fait perdre la vie à ma mère. J’ai terriblement souffert, car la boisson rendait mon père agressif. J’ai vécu d’horribles scènes lorsque le soir il rentrait saoul. Des coups, des insultes, des humiliations. Ces violences nous ont, ma mère et moi, terrorisées.

Je tenais la boucherie et servais les clients entre mes heures de cours. Je fis la connaissance de Dédé, un homme de 10 années mon aîné. Maquignon et boucher lui aussi, il venait pour me voir et me faire la cour lorsque mon père s’absentait. Ces visites n’étaient pas désintéressées. J’étais une jolie jeune fille, enfant unique issue d’une famille assez aisée. Il me tardait de quitter la maison, car depuis le décès de ma mère, je subissais seule les colères et insultes de mon père, je faisais toutes les tâches à la maison : ménage, cuisine… Je m’occupais également des deux apprentis qui logeaient chez nous. La femme de ménage, qui venait régulièrement depuis plus de 10 ans, avait arrêté son travail, ne pouvant plus supporter le caractère de mon père. Ma seule porte de sortie des griffes de mon père se présentait enfin.

Après 1 an de fréquentation où nous étions fiancés, Dédé n’avait pas de voiture à lui. Je lui avais donné l’argent de mes économies pour qu’il s’achète une traction. Quelle joie de posséder une voiture pour se balader le dimanche !

Dédé me demanda en mariage. Quelle ambiance pour sortir des griffes de mon père ! Cela n’a pas été facile, il fallut faire des concessions. Après maintes discussions, mon père accepta le mariage à condition que j’arrête mes cours, c’était l’année du bac, afin de continuer à tenir la boucherie, faire la cuisine et le ménage pour lui et les deux commis. Aussitôt l’examen passé avec succès, la décision fut prise. Je venais tous les matins et repartais le soir avec mon mari. Dédé, lui, travaillait chez un patron-boucher à Périgueux, ma ville de naissance. Nous avions un appartement en location à Saint-Pierre-De-Chignac à une vingtaine de kilomètres. Dédé était surnommé « Franconi », car il était terriblement menteur. Il avait fait la guerre d’Indochine et c’était un coureur de jupons, il n’a d’ailleurs pas tardé à me tromper. Il rentrait tard le soir, sentait le parfum ; lorsque je voyais des traces sur sa braguette, il me répondait :

— Ce n’est rien, à midi, en mangeant j’ai renversé du vermicelle !

Il était très strict sur le rangement et le ménage. Un jour, en voyant une chemise dans l’armoire qui dépassait de la pile, il fit tout tomber par terre en me disant que cela m’apprendrait à mieux ranger, car les chemises devaient être pliées au carré. Je pleurai de rage. Je me souviens du jour où il attrapa par une patte mon chat, Sacha, installé sur le lit et le jeta au sol. Mon pauvre chat hurlait, car il avait la patte avant déboîtée. Je le pris rapidement et, en tirant dessus, sa patte reprit la bonne place. Je devais déjà faire du magnétisme aux animaux.

Je me souviens que Dédé me donnait une somme d’argent pour mon déjeuner. Je mettais tous les jours quelques sous de côté et, au bout d’un an, j’ai eu de quoi m’acheter une machine à laver le linge. Il était très étonné que j’aie pu faire des économies avec le peu d’argent qu’il me donnait pour manger. J’ai toujours été économe et toute ma vie j’ai économisé.

J’avais envie d’avoir un enfant. Après 1 an de mariage, je ne tombais toujours pas enceinte. Je suis allée consulter le gynécologue et lui dis :

— Le dimanche mon mari voudrait toujours faire la sieste avec moi, mais moi je préfère aller au cinéma.

Il me répondit :

— Ne vous inquiétez pas, dans quelque temps vous aussi vous aimerez faire la sieste.

Voyant que je ne pouvais pas avoir d’enfant, je fis la démarche pour en adopter un. Un an après on me prévint qu’un bébé, un petit garçon, m’attendait. Mais je venais juste d’apprendre que j’étais enceinte. Après la naissance de notre fille, je suis retournée vivre chez mon père, pour plus de commodités entre le travail et le bébé à s’occuper. À plusieurs reprises, j’ai constaté que Dédé me trompait. Ce qui détériora notre vie conjugale et aboutit à notre séparation.

Après le divorce, j’ai repris mes cours à la faculté de médecine de Bordeaux où je me rendais chaque jour en train, soit 120 kilomètres aller et autant au retour ; je faisais garder ma fille. Dédé, lui, était toujours logé dans une maison m’appartenant.

Il ne payait pas de loyer, cela dura 5 ans. Je fus obligée de vendre l’immeuble pour le faire partir, chose qui ne fut pas facile et me fit mal au cœur, car c’était ma mère qui avait acheté cette maison pour moi. Mon ex-mari, après avoir quitté ma maison, est parti au Canada pour le travail et on n’a plus eu de nouvelles pendant 3 ans. Il n’a jamais payé la pension à laquelle le Tribunal l’avait condamné. J’ai élevé, seule, notre fille.

Mon livre, « Le calvaire d’une enfant » relate l’épisode de mon enfance accompagnée de ma mère dans la souffrance. Il remémore aussi les multiples péripéties de mon existence après son décès. Je n’ai eu d’autres choix que de les affronter, comme le reste de ma vie, où j’ai toujours cherché un équilibre affectif auprès d’un homme sans pouvoir l’obtenir.

C’est la raison pour laquelle je me suis entourée d’animaux. Ils m’apportent affection, fidélité, honnêteté, joies qu’aucun homme n’a su me donner. Mon livre « L’Arche de Noé de Soly Ange » (Éditions Didier Carpentier) 2en témoigne.

C’est ce qui m’a permis de rebondir après mes multiples soucis, contraintes, échecs, traumatismes liés à l’enfance et trahisons des hommes que j’ai aimés.

J’ai pu puiser une force incroyable pour surmonter tous ces obstacles et les embûches de ma vie grâce au magnétisme que je possède et qui me rend toujours très positive. Mon courage et ma persévérance me permettent de me tenir debout. Je n’ai pas eu de blocage malgré toutes les cicatrices de ma vie.

Aujourd’hui, je prends conscience de tout ce qui s’est passé. Ce qui m’interpelle, c’est que, comme ma mère, j’ai souvent reçu des coups de mes maris et de mes compagnons. Comme ma mère, un cancer de l’estomac m’a conduit, il y a quatre années, à subir une opération. Est-ce le hasard ? Pour moi, il n’y a pas de hasard, mais que des rendez-vous !

L’horreur est entrée dans ma maison

J’ai commencé ma vie dans l’horreur, je la termine dans le désespoir.

Simone Veil

Surprise, l’eau entre dans ma maison toulousaine, nous sommes inondés ! C’est incroyable, on ne se rend pas compte de l’importance des dommages que, lorsque le plafond de la salle de bain est tombé. On découvre alors que la toiture de la maison est défectueuse. L’assureur n’étant pas d’accord sur les deux devis présentés, l’un de 18 000 €, l’autre de 20 000 €, couvrant la réparation du toit, du plafond, la réfection de la salle de bain et des chambres, je dois donc demander un nouveau devis. Je trouve enfin un couvreur qui propose une somme plus raisonnable. L’assurance finit par accepter. Avant de débuter les travaux, l’entrepreneur réclame d’emblée 6 000 € pour acheter les premiers matériaux. Je lui remets un chèque personnel pour démarrer le chantier et retirer les tuiles, ce qu’il fait dans la journée. Durant une quinzaine de jours, des pluies diluviennes s’abattent sur la toiture complètement découverte. Je téléphone au couvreur qui me répond, qu’au regard des conditions climatiques, il lui est impossible de monter sur le toit pour poursuivre les travaux. C’est la catastrophe. Tous les murs de la maison sont gorgés d’eau, le plafond ne résiste plus. Les experts viennent constater l’évolution des dommages. Il faut réparer. Au vu de l’importance des dégâts, le montant s’élève maintenant à 30 000 €. L’assurance s’engage enfin à me rembourser. Malgré toutes mes tentatives, je n’arrive plus à contacter le fameux couvreur qui a déjà empoché les 6 000 € et qui a disparu. Même une lettre recommandée me revient avec adresse erronée. Heureusement, j’avais pris soin de noter le numéro d’immatriculation de son véhicule. Je suis très contrariée par cette situation. L’assureur me conseille de porter plainte. Les pluies continuent de tomber, ce qui aggrave les dégâts. Il faut agir dans l’urgence ; je téléphone à l’assurance pour tenter de précipiter les choses. Je ne peux plus accéder à la salle de bain ni aux deux chambres d’amis condamnées, tout en protégeant lits et meubles. Je suis désespérée. Un Officier de police m’informe que ce professionnel n’est pas solvable, que la voiture ne lui appartient pas. Je me suis fait rouler dans la farine. Je décide de poser moi-même la tapisserie, ce que je m’apprête à faire un an plus tard. Ainsi, durant un week-end, accompagnée de mes amis de Biarritz, nous allons acheter les rouleaux de papier peint pour remettre en état la maison. C’est en rentrant de faire les courses que le compteur a sauté une première fois. Les achats déposés, j’invite le gardien à se joindre à nous pour prendre l’apéritif. Une seconde plus tard, nous nous retrouvons à nouveau dans l’obscurité, le compteur électrique a encore disjoncté ! Nous tentons de le remettre en action à plusieurs reprises quand, tout à coup, on entend un grand bruit, comme une explosion, en provenance de l’arrière de la maison. Le gardien se précipite pour voir d’où cela vient, il crie :

— Le feu il y a le feu ! Cela vient du garage.

Quelle histoire ! Tous ces dégâts, inondation et incendie. L’eau et le feu dans une même maison à un an d’intervalle. Heureusement, je suis bien assurée.

Ma maison brûle

Suite à un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat.

Alberto Giacometti

Nous nous précipitons vers le garage, le frigo vient d’exploser. Déjà quelques grandes flammes grimpent vers le plafond.

— Appelez les pompiers, appelez les pompiers ! se mettent à hurler en cœur mes amis.

Moi, ma première réaction consiste à vouloir faire sortir tous mes animaux se trouvant dans la maison. La biche Joly et César le daim, filleul d’Alain Delon sont couchés avec les deux caniches sous la table de la cuisine. Je me précipite pour les aider à sortir. Quatre chats affolés se dispersent au point que je ne peux en sauver que deux. César, pris de panique, se dirige vers le garage où il a l’habitude de se reposer, mais le garage n’est plus qu’un brasier. Il en ressort avec une partie de son corps en flammes. Je m’empresse de lui apporter mon secours. Avec mes mains de magnétiseuse, je stoppe et soulage ses brûlures. Je ne pense toujours pas à appeler les pompiers. On cherche les tuyaux d’eau à l’extérieur de la maison ; le tuyau d’eau de la ville est trop court et celui relié au puits ne fonctionne pas puisque le compteur a sauté, la pompe ne peut pas se mettre en action. On n’a pas le temps de chanter (où sont passés les tuyaux, la pompe et la grande échelle) !

Finalement, ce sont les voisins, surpris par les flammes envahissantes qui appellent les pompiers. Il faudra attendre trois quarts d’heure avant qu’ils n’arrivent. Les flammes prennent de plus en plus de vigueur, d’autant qu’au grenier, 500 exemplaires de mon livre L’Arche de Noé de Soly Ange, et 300 de celui du Calvaire d’une enfant, partent en fumée. Trois camions de pompiers débarquent pour tenter de venir à bout de ce désastre.

Quel est ce faisceau qui vient du ciel directement sur ma maison en feu ? Est-ce ma mère qui se manifeste ? Qui peut le dire ?

Le feu, une horreur. Je fais ici une parenthèse. Je me souviens que ma mère me racontait, qu’à la suite d’un orage sa maison d’enfance fut incendiée par la foudre. Mon père fit aussi le récit de la demeure de sa grand-mère en Dordogne partie en fumée. Je n’ai pu visiter que ses fondations. D’après les dires de la grand-mère magnétiseuse, c’est en faisant cuire de la viande dans la poêle que l’huile a sautée, déclenchant l’incendie. Les souvenirs émergent, resurgissent. Je me souviens aussi, lorsque j’habitais Bordeaux, qu’un incendie a démarré près du congélateur dans le garage, incendie provoqué par la mobylette de ma fille Myriam.

Pourquoi ce feu du ciel me poursuit-il ? Qui peut me répondre ? J’aimerais en savoir plus.

Mais revenons à la maison en feu. Un cygne a brûlé, ainsi que la cage contenant dix-sept grosses perruches. Quelle horreur, je retrouve la cage tordue par les flammes, les perruches disparues, tout comme le cygne. On recherche partout Hermès le chat persan. Sous le bureau, on finit par retrouver la chatte Ushuaïa ne pouvant plus se déplacer, ses pattes ayant quelques brûlures. Je la soulage par mon magnétisme, comme je le fais avec mes patients. Je suis heureuse de l’avoir guérie. Kiwi le nandou (oiseau inapte au vol, de taille moyenne, voisin de l’autruche) ne s’est pas remis du stress. Plus tard il perdra ses plumes et décédera. C’est la panique pour tout le monde.

Michelle, ma fidèle amie, est en larmes devant le constat de ce désastre. Elle est auprès de moi depuis plus de trente années, sait tout de moi, de mes amis, de mes emmerdes… Elle est la seule à connaître tous mes secrets, sans juger, sans critiquer. Elle m’a toujours remonté le moral dans les aléas de ma vie. Son amitié me fait chaud au cœur. C’est ma confidente.

Chose incroyable, je n’ai même pas pleuré et pourtant tous mes repères se sont envolés en fumée. Ma fille Myriam, qui habite Bordeaux, arrive rapidement. C’est la seule de la famille à me soutenir. Je me rapproche souvent de ce proverbe français ; il illustre bien mon ressenti : On choisit ses amis, on ne choisit pas sa famille. Pourtant, durant des années, toute la famille se réunissait chez moi pour Pâques, Noël et à l’occasion d’anniversaires ; la maison étant suffisamment grande, avec plusieurs chambres pour accueillir beaucoup de monde. Depuis une dizaine d’années, tout a basculé. Ma fille aînée s’est remariée et, depuis, ne vient plus me voir, y compris après l’incendie. J’en ai beaucoup souffert. Il faut se faire à tout. J’ai tellement eu d’ennuis dans ma vie, de soucis que maintenant, même si le ciel me tombait sur la tête, cela ne m’étonnerait guère. Aujourd’hui, voilà plus de trois ans et demi que j’ai vu ma maison partir en fumée, seule Myriam, ma seconde fille, est présente.

Ce qui me touche encore le plus, c’est d’avoir perdu toutes les photos de ma mère, de ma grand-mère, de mes filles lorsqu’elles étaient petites. La tendre correspondance entretenue durant la guerre entre mon père et ma mère a également disparu. C’était pour moi un lien auquel j’étais très attachée. Ces témoignages de tendresse et d’amour qui existaient entre eux au début de leur rencontre étaient pour moi merveilleux. Mais au fil des années de vie commune, les ciels se sont assombris. Je pense que c’est une des raisons pour lesquelles j’ai passé le brevet d’hypnotiseur, pour tenter d’éviter aux gens de tomber dans l’abus d’alcool, de tabac, de drogue et toutes sortes de dépendances. L’hypnose me permet de venir en aide à ces personnes.

Morgane, une vraie fille pour moi, arrive affolée. Elle est très proche de moi, elle habite le quartier. Bénévole au sein de mon association L’Arche de Noé depuis 6 ou 7 ans, elle prend en charge l’organisation et tous les papiers administratifs, apporte son aide dans le bon fonctionnement de l’ordinateur. Toujours présente quand j’en ai besoin, elle me rend de multiples services, trouve toujours le temps de me venir en aide durant ses pauses autorisées dans le cadre de son travail, comme le ferait une fille auprès de moi ; parfois le matin, les bras chargés de croissants ou de fleurs ce qui me comble de plaisir. Nous entretenons une belle complicité, l’amour des animaux nous unit.

Lors de cette nuit d’horreur, avec mes amis, nous sommes hébergés chez une amie voisine bienveillante ; le gardien loge dans le studio, près du garage, épargné par les flammes. Au petit matin, les pompiers tentent encore de maîtriser la situation. Je suis ahurie. Je me retrouve sans aucun vêtement, sans chaussures, sans peigne ni de brosse à dents et sans argent. J’ai tout perdu. Je me suis enfuie en chaussons. Colette, mon amie, me prête une paire de chaussures ayant appartenu à sa mère décédée. Je me souviendrai toujours de ces chaussures, ce n’est pas du tout le genre que je porte. Habituellement des talons rehaussent ma silhouette !

Le lendemain, je constate que toute la nourriture pour les animaux a été réduite en fumée, c’est grave. Plus rien, plus de pain dur, de graines, de granulés pour les volailles, de croquettes, de pâtée pour les chiens et les chats, de foin pour les chèvres, les alpagas et les moutons. Nous n’avons plus rien pour les nourrir. Être sans vêtement n’est pas un souci, mais l’absence de nourriture pour les animaux devient un vrai problème d’autant que le dimanche, la plupart des commerçants ont baissé le rideau. Ma fille et moi retournons ciel et terre pour avoir de quoi remplir leur estomac. Myriam se démène. Elle appelle des amis pour aller chercher du pain dur chez les boulangers et va dans des jardineries ouvertes pour les graines des volailles. Moi, j’ai les bras et les jambes coupées, je ne sais plus où j’habite… (c’est le cas de le dire !) Je me sens désorientée, perdue, mais je n’ai pas le droit de baisser les bras, il faut à tout prix continuer à se battre comme je l’ai fait toute ma vie.

Tout est détruit, dans la maison plus rien n’existe, tout est cramé. Les poutres ont disparu, les tuiles sont tombées sur le sol. Dans la cuisine, la table de ma grand-mère à laquelle je tenais tant est complètement calcinée, tout comme le buffet et les chaises. Dans ma chambre, le lit et l’armoire sont aussi noirs que les plumes du corbeau. La commode ancienne et son miroir ne sont même plus identifiables. Les cadres, les appliques au mur ont disparu. Seule chose surprenante, comme à la cathédrale Notre-Dame de Paris incendiée quinze jours après, il n’y a que la croix du Christ et la tête de la Vierge en bois qui restent suspendues sur l’un des murs de ma chambre. Qu’on y croie, ou qu’on n’y croie pas, il y a des choses qui se passent sans que l’on puisse avoir d’explication.

J’ai beaucoup de mal à rentrer de nouveau dans cette maison devenue méconnaissable. Les yeux me piquent cela est dû aux fumées toxiques j’ai l’impression d’avoir un brouillard devant les yeux qui ne fait que s’épaissir, et j’ai du mal à ouvrir les yeux. Myriam est restée, elle prend les choses en main. Avec des bénévoles, elle tente de récupérer quelques objets dans les placards et les armoires. Morgane est également venue apporter son aide.

Après quelques jours, je réussis à pénétrer dans cette maison que j’habitais depuis plus de trente ans, meublée à mon goût avec certains objets ayant appartenu à ma mère et à ma grand-mère ; objets qui racontent notre histoire, j’y étais très attachée, je suis sentimentale. La douleur l’emporte sur les mots.

Ce jour-là, dans ma chambre, j’aperçois sous quelques tuiles cassées et du bois réduit en charbon quelque chose qui brille. Je soulève, tire et découvre l’un des colliers de maman, réalisé à partir de petits émaux, il est intact, c’est un signe… ma mère n’est pas si loin… Morgane se précipite pour le nettoyer, le présente et l’accroche à mon cou. Durant des mois, il est impossible pour moi de le retirer tellement ce bijou me renvoie au souvenir maternel.

Où sont passées les photos que j’avais d’elle, de grand-mère, de grand-père, je les aimais tant ! Tout a brûlé, celles de mes enfants, tout comme celles de mon enfance, de mon adolescence, lorsque que j’avais vingt ans, élue Miss Provence et sélectionnée pour Miss France. Je n’ai plus que des souvenirs. À l’époque il n’y avait pas l’informatique pour conserver de tels souvenirs. Plus rien, plus de photos sur papier, plus de cassettes vidéo. Il n’y a plus rien. Des pans de vie partis en fumée. C’est difficile à admettre… Depuis toujours j’ai travaillé dur et économisé pour pouvoir en arriver là. Je possédais une belle maison où je pouvais vivre en toute harmonie avec ma famille, mes amis et mes animaux (biches, lamas, alpagas, cygnes, canards nandous, faisans, chiens, chats, perroquets…)

Lors de retrouvailles avec des amis, des relations et des personnes venues à mon secours, nous essayons de refaire l’histoire de cette catastrophe. Une question revient en boucle : pourquoi le frigo a-t-il explosé ? Après des échanges sans fin, nous finissons par comprendre que ce sont de petits mammifères rongeurs à la queue nue et aux dents tranchantes, d’affreux rats qui se sont invités chez moi. Ils viennent grignoter les protections des gaines électriques fabriquées avec de l’amidon de maïs. Ce constat me bouleverse. Devant cette réalité les mots me manquent. Mon chagrin est trop grand, je me souviens, il y a huit jours environ, avoir aperçu un rat qui rentrait dans le garage. Michel, le gardien, est prévenu de la présence de ces mammifères rongeurs omnivores. Il faut prévoir de mettre une substance active pour les supprimer. J’ai même remarqué qu’une de ces petites bêtes s’était introduite derrière le réfrigérateur. Michel hésite, la présence de certains de nos animaux qui dorment dans le garage ne nous permet pas d’utiliser ces poudres qui donnent la mort.

Et maintenant que faut-il faire ? Je suis désemparée, c’est dimanche, les trois camions de pompiers sont repartis. Je dois vérifier que le feu ne reprenne pas, les braises continuent à couver et cela peut repartir d’un moment à l’autre. Les pompiers reviendront le lendemain par précaution. Malheureusement, tout est saccagé, ce qui n’est pas brûlé est inondé. Les beaux tapis du séjour et des chambres sont perdus eux aussi. Tous mes vases, les lampes Gallé, j’en possédais 4 ou 5, cassés. Les belles statues anciennes en biscuit, de grandes valeurs, sont en miettes, c’est affreux, on ne reconnaît plus rien. Les ménagères en argent, l’une de ma grand-mère, l’autre de ma mère que je gardais précieusement pour mes deux filles sont dispersées. Les deux beaux chandeliers en argent sont cassés. Ma vieille poupée en porcelaine a une jambe cassée, la perruque disparue et le visage fendu en deux.

La presse s’empresse de divulguer cette affaire et je reçois déjà des coups de fil de toutes parts, même Jeane Manson ma grande amie qui apprend cela en descendant de l’avion m’appelle en pleurs, le maire de Toulouse Jean Luc Moudenc arrive le lendemain catastrophé, il connaissait bien ma maison, Il était là lorsque nous avions inauguré mon association (L’arche de Noé de Soly Ange) de suite il m’aida en me faisant porter de grandes poubelles, pour mettre les graines et le pain dur pour les animaux, car les bacs où nous mettions les provisions des animaux étaient partis eux aussi en fumée. Myriam me dit :

— Il faut vite prévenir ton assurance, as-tu les coordonnées ?

D’où vient ce faisceau lumineux qui tombe sur ma maison ?

La démolition de ma maison

Ma chambre après l’incendie

Seules la croix du Christ

et la tête de la Vierge sont restées accrochées au mur

Mon corps hurle

Sourire à la maladie, c’est lui laisser le temps de disparaître.

Sonia Lahasaini

Tous les dossiers sont calcinés : certificats médicaux, radios, scanners, tout a flambé. Je venais d’être opérée il y a un an d’un cancer à l’estomac, chose étrange là aussi. Une découverte à la suite d’un accident de voiture, un scanner montre non seulement le kyste au foie que j’ai depuis quinze ou vingt ans, mais aussi un cancer à l’estomac. La surprise ! Le docteur me connaît bien, tous les ans je passe un scanner ; le kyste au foie mesure maintenant 6 cm de diamètre. Il a été occasionné à la suite d’un coup de pied donné par l’un de mes compagnons, il mesurait alors 10 cm de diamètre. Des scanners réguliers permettent d’observer son évolution. Depuis que je suis séparée de cet homme, il diminue chaque année d’un centimètre. Médecin et radiologue qui me suivent régulièrement n’ont jamais vu ça.

Mais voilà autre chose. À l’heure actuelle, le mot cancer est tabou, il est associé à la mort, à la fin de vie. On évite d’en parler de peur d’être enterré vivant. Pour moi cela me procure l’effet inverse, je vis comme je respire.

Le docteur déclare de sa voix grave :

— Madame Deschamps, il y a un problème, vous avez une tumeur à l’estomac, je crains bien que ce soit un cancer GIST, il faut rapidement faire d’autres examens. Dans le même instant, il ajoute toujours avec la même voix grave : Suivez-moi !

On change de lieu. Il me conduit à la radiologie pour une échographie. Un rendez-vous en urgence est pris auprès d’un gastro-entérologue afin de pratiquer une biopsie. Le spécialiste confirme le diagnostic : c’est bien un cancer GIST que vous avez là, ce n’est pas courant. Il n’y a que quinze personnes atteintes par cette pathologie sur mille. Ce cancer résiste à tous les traitements et toutes les chimios… En voilà de sacrées nouvelles !

— Que peut-on faire ?

Je ne sais pas, répond l’un des médecins, il faut que l’on organise une réunion entre spécialistes pour voir la conduite à tenir.

— Oh là là ! encore cette épée de Damoclès à nouveau sur ma tête.

À la sortie de la clinique, accompagnée d’Alex, un ami, je lui demande :

— Emmène-moi aux pompes funèbres !
— Mais pourquoi ?
— Je vais acheter un terrain au cimetière de St Simon à côté de chez moi pour me faire construire une tombe.
— Mais attends un peu, tu es encore là, peut-être pour longtemps. Ne panique pas.
— Je ne panique pas, je veux, si je disparais, être près de mes enfants animaux. Un jour, s’il y en a un qui s’échappe, il viendra sur ma tombe, je ne serai pas très loin.
— Tu as tes parents enterrés en Dordogne et il y a de la place dans le caveau.
— C’est certain, mais personne ne va se recueillir sur leur tombe, pas même les enfants ; il n’y a que moi qui y vais et si je suis là-bas, je ne verrai personne. Aux pompes funèbres de Toulouse, un monsieur nous reçoit :
— C’est pourquoi ?
— Pour acheter un terrain et construire mon dernier appartement.

Il fait une drôle de tête, garde le silence… puis se lance :

— Madame, vous vous êtes trompée, ici vous vous trouvez aux pompes funèbres.
— Bien sûr, je le sais. C’est pour me faire construire une tombe.

Nous partons tous en éclats de rire… il n’a jamais assisté à une telle demande. Un collègue arrive attiré par nos éclats de rire, il ne comprend pas trop. Je lui explique qu’on vient de me découvrir de graves soucis de santé. Je veux prévoir, organiser ma dernière demeure afin que mes filles n’en aient pas de soucis. Mon enterrement est payé depuis longtemps. Je me suis offert des roses rouges à déposer sur mon cercueil, je ne supporte pas le bruit de la terre que l’on jette sur le cercueil (cela risque de me réveiller). Je préfère que l’on me jette des roses, j’en ai payé cinquante et pour le reste, s’il y a du monde, il y aura des pétales de roses, ce sera joli… Je ne veux pas que l’on pleure, ce sera enfin le repos pour moi, j’en ai bien besoin. Toute ma vie, je me suis débattue dans les emmerdes… et c’est fatiguant. J’ai aussi prévu de belles chansons à l’église. Je souhaite que l’on fasse la fête pour célébrer ma liberté et le repos de mon âme ; la dernière chanson de Jacques Brel « Je veux qu’on rît, je veux qu’on danse, je veux qu’on s’amuse comme des fous quand on me mettra dans le trou ». Mon seul ennui, ce sont mes animaux. Que deviendront-ils après moi ? Ils ne supporteront pas d’être enfermés dans un zoo, ils cohabitent en liberté dans un grand parc. C’est certain, c’est à eux que je manquerai le plus ; chaque jour, je leur prodigue câlins, baisers, caresses. Qui peut leur en donner autant ? Je les adore tous. J’ai moi aussi tellement besoin d’eux dans la solitude où je me trouve depuis tant d’années.

J’ai vécu avec deux maris, puis quinze ans avec un compagnon qui ne travaillait pas et vivait à mes crochets et, par la suite, avec un autre homme durant vingt-quatre ans, ce n’était pas triste non plus. Il y aurait trop à dire…

Depuis plusieurs années, je suis seule, j’avoue que la compagnie de quelqu’un à mes côtés me manque, difficile de rencontrer l’âme sœur. Il faut avant tout que la personne partage avec moi l’amour des animaux. Avec quatre chats et deux chiens sur le lit le soir c’est un terrible handicap… Et pourtant j’y crois encore, tous les rêves sont permis.

Revenons à mon cancer : Myriam a encore remué ciel et terre pour savoir ce que l’on pouvait me faire. Par l’intermédiaire de son meilleur ami, le fils de Pierre Perret, chirurgien à l’Hôpital Cochin à Paris, elle a eu le contact avec une spécialiste des cancers GIST, pas évident au demeurant. J’ai rencontré ce professeur qui m’a rassurée :

Ne vous inquiétez pas, on va vous l’enlever. Elle m’a orientée vers un chirurgien à la belle allure et bien sympathique. Il confirme :

— Il faut l’enlever rapidement. Je vais opérer par cœlioscopie en passant par le nombril, cela ne se verra pas, mais il ne faut pas qu’il fasse plus de trois centimètres sinon je serais obligé de couper l’estomac, je passerai par l’angle de l’aine afin que vous n’ayez pas une grande balafre, vous êtes d’accord ? Je réponds :
— Comment faire autrement, mais je ne pourrai pas rester trop longtemps, j’ai beaucoup trop de travail.
— Il faudra disposer de six à sept jours. Vous allez avoir un drain et une sonde urinaire que l’on ne pourra retirer que cinq jours après l’intervention.

Alors là, je rétorque :

— Ce n’est pas possible docteur, je ne veux pas de sonde, car vous savez très bien que j’aurais une infection urinaire.
— C’est vrai, mais on y est obligé.
— Il n’en est pas question sinon je ne viens pas…
— On verra ce que je peux faire.

La date de l’opération fut fixée. Ma fille Myriam est venue spécialement de Bordeaux pour m’accompagner à l’Hôpital et me rassurer. Après m’avoir installée dans la chambre, travaillant le lendemain, elle est obligée de repartir. Nous riions comme deux gamines, d’un rire jaune, car nous ignorons le résultat de cette intervention. Après son départ, je m’endors plus sereine. Je dois me réveiller tôt, rendez-vous à 7 h 30. Et voilà, c’est le moment de l’intervention. Brancardier, anesthésiste, chirurgien, tous prêts. Je m’endors en pensant que tout cela ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir. Passage par la salle de réveil, j’ouvre un œil puis deux. Je me sens bien. Retour dans la chambre où je dois attendre le passage du chirurgien, le temps s’allonge, je m’impatiente. Quatorze heures, mon sauveur arrive.

— Bonjour, Madame Deschamps, tout s’est bien passé, j’ai fait un petit trou, la tumeur n’étant que 2,8 cm. Vous êtes contente ? Je ne vous ai pas mis de sonde urinaire ni de drain comme vous le souhaitiez.

Merci docteur, vous êtes adorable. Il sourit tout en ajoutant :

— Je vais vous faire un aveu, n’en dîtes rien à personne, moi aussi j’ai du magnétisme, je vous ai magnétisée !

Nous partons tous les deux d’un éclat de rire, mais je sens qu’il ne faut quand même pas trop bouger.

— Reposez-vous, je repasserai vous voir ce soir.

Myriam me téléphone, elle est contente que tout se soit bien passé. Je reçois plusieurs appels téléphoniques de mes amis, de certains clients informés de cette intervention. J’en profite pour prendre un peu de repos. Le soir venu, le chirurgien se dit satisfait de son travail ; tout en me souhaitant une bonne nuit, me signale qu’il passera de nouveau le lendemain matin. Le plateau-repas tant attendu arrive, je dévore, bien que le docteur m’ait dit de ne pas trop manger le premier jour. Enfin je ne tarde pas à m’endormir. Réveillée tôt le matin par le bruit dans le couloir, un personnel dépose le petit déjeuner, j’ai l’impression d’être à l’hôtel, en vacances. D’ordinaire, je n’ai pas l’habitude de traîner au lit, ce n’est pas désagréable.

Michelle et Monique, mes fidèles amies, me rendent visite, porteuses de mon courrier. Deux clientes m’ont envoyé des photos à magnétiser, je me mets tout de suite au travail afin que Michelle puisse rapidement les renvoyer. Une infirmière entre pour faire les soins de toilette. Elle me voit vite remise, tout en me disant de faire attention, car je dois aller vers la salle d’eau.

Le soir, le docteur n’en revient pas de l’énergie que je dégage.

— Voyez docteur tout va bien, je souhaite sortir dès demain.
— Pas si vite Madame Deschamps, il vous faut du repos. Dans quelques jours vous sortirez en pleine forme, bien que je constate que vous reprenez vite des forces. Bonne nuit et à demain.

Je commence déjà à trouver le temps long, tous mes enfants animaux me manquent. Je dois leur manquer aussi. Je sais que Michelle a pris Déesse la petite caniche et Cupidon ainsi que les chats chez elle. Michel le gardien prend en charge tous les autres animaux.

Le lendemain matin, le docteur est étonné par la forme éclatante que je donne à voir.

— L’infirmière va venir, elle va vous aider à vous lever, à faire votre toilette, vous laver la tête et vous habiller. Si vous sentez que la tête vous tourne, n’insistez pas et recouchez-vous.
— Oui, docteur, mais il faut que je sorte d’ici.
— Vous n’y pensez pas, vous n’êtes opérée que depuis hier matin.
— J’ai des choses à faire chez moi.
— Reposez-vous, on verra, je repasserai ce soir.

La porte refermée, je n’attends pas l’infirmière. Je me lève, me douche, me prépare. Au moment où je sors dans le couloir, j’aperçois le chirurgien. Surpris, il m’interpelle :

— Mais qu’est-ce que vous faites là ?
— Docteur, voyez-vous, tout va bien. Je dois retourner chez moi.
— Ce n’est pas possible, je n’ai jamais vu ça. Vous êtes un cas, c’est bien trop tôt.
— Je ne peux plus rester à ne rien faire ici. J’ai tellement à faire chez moi.
— Bon, alors vous allez signer une décharge, je ne peux pas prendre la responsabilité de vous laisser sortir.
— Oui, je vous signe tout ce que vous voulez.

À 14 heures, me voilà sortie, accompagnée de mon amie Monique. Arrivée à la maison, une cliente attend devant le portail, elle a besoin de mes soins. Je la magnétise. Durant plusieurs jours, une infirmière vient me faire des piqûres à mon domicile. Je dois envisager de passer un scanner tous les trois mois, puis tous les six mois et après tous les ans. Avec le confinement et tous les soucis que j’ai eus, deux ans sont passés et je n’ai pas encore fait de contrôle.

Mon cancer m’accompagne

Avant j’avais peur du cancer. Plus maintenant, j’en ai un !

Jean Louis Trintignant

Il est devenu difficile pour moi de poursuivre la surveillance de mon cancer. Le Covid, l’incendie de ma maison, la surveillance des travaux de remise en état, tout comme la gestion des malfaçons relevées par manque de sérieux de l’architecte et de l’entrepreneur ne m’ont pas permis de prendre soin de moi. Depuis deux ans et demi, un stress permanent m’accompagne. Mon estomac a commencé à réagir, me réveillant la nuit par des reflux d’acidité et des brûlures interminables. J’évoque ces problèmes à mes amis médecins qui me conseillent de faire à nouveau un scanner ; examen réalisé, mais il m’est impossible d’attendre le résultat devant aller travailler à Biarritz. Ne vous inquiétez pas, me dit le médecin, je vous appellerai pour vous communiquer les résultats. Seule au volant de ma voiture, le téléphone sonne, le médecin au bout du fil. Sa voix, ses paroles déclenchent chez moi une forte émotion.

— Madame Deschamps, malheureusement j’ai une mauvaise nouvelle. Votre cancer est reparti, vous avez une tumeur à l’estomac. Mais le kyste au foie a régressé, comme tous les ans. De dix centimètres au départ, il n’en fait plus que six, c’est extraordinaire.

Paradoxe de la vie, depuis que je suis séparée de mon dernier ami, il y a cinq ans, je vis seule. Mon kyste diminue chaque année d’un centimètre. Et le cancer prend de l’ampleur.

— Vous devez rapidement consulter un gastro-entérologue.

Rendez-vous est pris la semaine suivante. Au regard de ce nouvel examen, le médecin de sa plus belle voix déclare :

— Il n’y a pas de récidive de votre cancer GIST que l’on vous a opéré. Il s’agit d’une autre tumeur qui se situe au milieu de l’estomac, elle mesure un centimètre.

Il s’empresse de faire le rapprochement avec le cancer de ma mère décédée d’un cancer à l’estomac à la suite d’un coup de pied envoyé par mon père lors d’une soirée de saoulerie.

Il est donc décidé d’engager d’autres examens. La date est fixée, me voilà à nouveau avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ce n’est pas la première fois que j’ai cette sensation.

Mon docteur traitant n’en revient pas à la vue de ce scanner, c’est bien encore une tumeur. Mes amis médecins confirment leur inquiétude.

Le temps passe, j’ai de plus en plus des douleurs d’estomac, principalement la nuit malgré les médicaments prescrits depuis l’opération. Rien ne me soulage. Je prends l’initiative d’utiliser mon eau de Cologne magnétisée, elle me fait du bien rapidement comme pour mes patients qui la qualifient d’eau miraculeuse contre toutes les douleurs.

Le jour J arrive. L’examen consiste à faire une biopsie afin de recueillir le maximum d’informations. Puisque cette tumeur ne fait qu’un centimètre, je demande qu’on la supprime une bonne fois pour toutes. D’un air excédé, le médecin me lance : on verra. 7 h 30, je subis une anesthésie générale, mais je refuse de séjourner une nuit à la clinique. Dans l’après-midi, à mon réveil, le chirurgien vient me communiquer les résultats de l’examen.

D’emblée je l’interpelle :

— Alors docteur avez-vous pu tout enlever ?
— Non, je ne comprends pas, aucune tumeur n’est apparue aussi bien au niveau du tube digestif, que de l’estomac, que des intestins. Plus rien. Alors qu’il y a trois mois, cette tumeur existait bel et bien. C’est à n’y rien comprendre. Il faudra faire un nouveau scanner.

Je me permets alors de lui poser la fameuse question :

— Croyez-vous au magnétisme ?
— Pourquoi posez-vous cette question ?
— Parce que depuis trois mois, je me magnétise et me passe l’eau de Cologne magnétisée.
— Il y a des choses inexplicables, il faut y croire, alors continuez.

Avant de quitter ce lieu d’hommes et de femmes en blanc, je me dirige vers le secrétariat pour récupérer une ordonnance et ma feuille de sortie. Je me sens très faible, je rase les murs du couloir. Je ne peux pas marcher correctement. Je suis dans les vaps, encore sous l’effet de l’anesthésie. Des infirmières me croisent, me proposent un fauteuil roulant. Pierre, un ami médecin à la retraite, est venu me chercher, il arrive à mon secours. Mon cœur est passé en mode survie.

Mes adorables enfants animaux

Je me sers des animaux pour instruire les hommes.

Jean de la Fontaine