Mes souvenirs à cœur ouvert - Damien Morissot - E-Book

Mes souvenirs à cœur ouvert E-Book

Damien Morissot

0,0

Beschreibung

"Mes souvenirs à cœur ouvert" est un récit bouleversant dans lequel Damien Morissot partage avec intensité les moments marquants de son parcours. Entrelaçant sa passion pour l’écriture avec une admiration pour les phrases poétiques et les citations philosophiques, il invite le lecteur à un voyage intime et chargé d’émotions. De sa naissance à celle de son fils, il explore ses souvenirs d’enfance, son attachement à l’AJ Auxerre, et l’influence décisive de l’artiste Sinik. Chaque page révèle une histoire vibrante, se concluant par un hommage à son fils Aléssio. Cet ouvrage célèbre l’amour, la résilience et l’espoir, tout en incitant à une réflexion profonde sur la vie et son sens.

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Damien Morissot, originaire d’Auxerre, a longtemps hésité avant de concrétiser l’un de ses rêves, écrire. Avec une plume authentique, son premier ouvrage invite à un voyage introspectif où souvenirs, émotions et expériences se mêlent avec une sincérité désarmante.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 305

Veröffentlichungsjahr: 2024

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Damien Morissot

Mes souvenirs à cœur ouvert

© Lys Bleu Éditions – Damien Morissot

ISBN : 979-10-422-4836-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L. 122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.

À mon fils, Aléssio

Pour mes parents,

À Delphine, Angélique, Aurélie et Jessica,

Pour Laura, Lina, Dorian et Lucas,

À mes proches qui ne sont plus là.

Avant-propos

Dans le silence de mes pensées, et préférant la discrétion, j’ai longtemps hésité à parler de moi et à m’aventurer dans cette odyssée littéraire.

Ce livre est une mosaïque de mon existence, un voyage de ma naissance à celle de mon fils, Aléssio. Comme un peintre devant sa toile, j’ai mélangé les couleurs de mes souvenirs avec celles de mes émotions, afin de remplir les contours de mes expériences. Au fil des pages, vous marcherez à mes côtés, partageant mes joies, mes peines, mes rires et mes larmes.

Vous suivrez le fil conducteur de mon histoire en faisant la connaissance des personnes qui ont compté pour moi, celles qui m’ont aidé, inspiré, soutenu et aimé. Vous voyagerez dans les lieux qui ont marqué ma vie, qui m’ont fait grandir, évoluer et changer, donnant ainsi du sens à mon parcours.

Ce projet personnel me tient à cœur, car il me permet de laisser une part de moi à mon fils, Aléssio, afin qu’il puisse connaître mon histoire tout simplement.

Ainsi, c’est à cœur ouvert que je vous invite à plonger avec moi, page après page, dans les profondeurs de mes souvenirs. Je me dis qu’en réalité, la vie est un film dont nous sommes à la fois le réalisateur et le protagoniste, que chaque jour est une scène nouvelle, et que nos choix reflètent parfois le scénario qui se déroule sous les projecteurs du destin.

Je vous souhaite une agréable lecture à travers mon histoire.

Le XIII

L’histoire de ma vie a débuté un jeudi d’avril, le 13, en 1989, à Auxerre, au cœur de l’Yonne, en Bourgogne. Après l’arrivée de mes trois sœurs, Angélique, Jessica et Aurélie, j’étais désormais le petit dernier de la famille à avoir toqué à la porte de la vie.

Tandis que la ville s’endormait paisiblement sous la lueur de la lune, c’est à 23 h 35 que j’ai poussé mon premier cri. J’ai été accueilli par la douce lumière de la salle d’accouchement, les odeurs familières de talc, et le personnel bienveillant de la maternité de la Polyclinique Sainte-Marguerite.

Les doux murmures des sages-femmes, rythmés par le tic-tac régulier de l’horloge de la salle de naissance, dessinaient une berceuse rassurante dans l’obscurité paisible de cette nuit étoilée d’avril. Suspendu dans le temps, un instant d’émerveillement a suivi lorsque j’ai découvert pour la première fois le sourire radieux qui illuminait le visage de ma mère, alors que le personnel médical me déposait délicatement dans ses bras, juste après que le bracelet d’identification, portant mon prénom avec fierté, fût attaché à mon poignet. Les sages-femmes ont ensuite constaté les deux petits kilos huit cent vingt qui venaient de s’afficher sur la balance.

À la suite de mes premiers jours passés à la maternité et bercé par la rassurante présence de ma mère, le temps était venu pour moi de franchir un nouveau cap. J’allais enfin faire la connaissance de ma famille dans l’intimité de notre petite maison, nichée dans l’Yonne, au 10, rue du Puits d’Hiver dans le petit village de Chichery.

C’est dans ce foyer que j’ai commencé à tisser mes premiers liens familiaux et à m’imprégner de l’histoire de mes parents. C’est ici, dans cette maison, que j’ai passé mes premières nuits et vécu mes six premiers mois de vie.

Ma mère, prénommée Corinne, est née le 24 septembre 1960. Elle est un petit bout de femme d’un mètre cinquante-six et se distingue par son caractère doux et réservé. Dotée d’une extrême gentillesse, elle fait également preuve de courage en toutes circonstances, souvent au prix de ses propres sacrifices.

Le jour de ma naissance, ma mère avait vingt-neuf ans et exerçait déjà avec dévouement en tant qu’aide-soignante à la Clinique de Régennes d’Appoigny, à dix kilomètres d’Auxerre, dans l’Yonne, depuis 13 ans. Elle avait entamé sa carrière très jeune, à l’âge de seize ans et symboliquement, c’était le jour de la Saint-Joseph, prénom de mon père, le samedi 19 mars 1977.

En franchissant le grand portail du Château de Régennes pour la première fois en tant qu’aide-soignante, elle venait tout juste d’embrasser la maternité. C’était le 19 mars 1977, soit trois mois après la naissance de ma sœur aînée, Angélique, née le 16 décembre 1976.

Ce costume de mère était probablement un peu trop grand pour une adolescente de seulement seize ans. Cependant, elle l’a toujours merveilleusement bien porté, surtout avec les naissances successives de mes sœurs aînées : Jessica, née le 13 décembre 1986, et Aurélie, née le 22 décembre 1987.

Elle se souvient souvent, émue, des larmes qu’elle a versées lors de sa première journée au Château de Régennes. Ces larmes mêlant appréhension et jeunesse ont marqué la fin de cette journée inaugurale.

Derrière ses petits airs fragiles, dissimulés par une douceur de gentillesse, se cache une véritable battante. C’est par tous les temps que ma mère franchissait ce grand portail noir en fer forgé orné situé à l’entrée de la Clinique.

Qu’il fasse chaud, qu’il vente, qu’il pleuve, qu’il neige, peu importe… Chaque jour, elle accomplissait avec détermination les deux heures de trajet à pied, depuis la maison de Chichery, pour se rendre à son travail et pour rentrer, bravant les caprices de la météo.

Le 19 mars 2024 marquera les deux ans de continuation de travail de ma mère à la Clinique de Régennes, malgré sa retraite. Ce jour-là, elle deviendra et de loin la doyenne de la clinique, célébrant ainsi quarante-sept ans d’un dévouement sans faille dans ce lieu. Elle trouve dans cette activité un moyen de rester active, suivant les conseils de sa mère, mamie Lulu, que je dévoilerai au fur et à mesure de mon récit, qui associait la retraite au commencement des ennuis de santé.

Comme ma mère, mon père est d’une nature discrète et peu bavarde. Je pense avoir hérité cela de mes parents.

Mon père, Joseph, est né le 7 décembre 1956. Il est originaire d’une lignée bretonne du côté paternel et allemande du côté maternel. Âgé de trente-trois ans à ma naissance, il fait partie d’une grande fratrie de neuf enfants et a grandi dans le paisible hameau des Bries, à proximité d’Appoigny.

Devenu père très jeune, à tout juste vingt ans, quand il a accueilli avec joie sa première fille, Angélique, ma sœur aînée qui me surpasse de douze ans et quatre mois, tandis qu’Aurélie, plus proche de moi en âge, n’a que seize mois de plus.

Dès son jeune âge, mon père s’est orienté vers des études de comptabilité. Grâce à sa vaste culture, il m’a souvent guidé avec ses précieux conseils et offert différentes perspectives dans les moments clés de ma vie.

Au fil des ans, mon père a exercé diverses activités, allant de la Scierie Stalter à Sélestat en Alsace, en passant par la librairie universitaire d’Appoigny. D’Easydis, filiale du groupe Casino d’Auxerre où il travaillait dans les chambres froides, mon père est devenu finalement chef technique à l’hôtel Mercure d’Appoigny. Son esprit entreprenant l’a amené à explorer différentes aventures, incluant l’élevage d’escargots, la vente de textiles sur les marchés et l’installation d’antennes sur les toits.

Il a aussi œuvré dans plusieurs restaurants, s’occupant de la rénovation et du remplacement des hottes de cuisine. Peu de temps avant de prendre sa retraite, il a occupé le poste de chef d’entretien dans un camping situé près de Quiberon, dans le Morbihan. Par un heureux hasard, il partage de nombreuses mimiques et une frappante ressemblance avec l’acteur Franck Dubosc.

D’ailleurs, cette ressemblance a souvent éveillé la surprise et l’amusement des touristes qui, le croisant par hasard, se retrouvaient face à un sosie inattendu. Mon père possède également un grand sens de l’humour et parfois, il se délectait de cette ressemblance au point de reprendre la célèbre réplique : « Alors ! On n’attend pas Patrick ?! » pour le plus grand plaisir de ses collègues et des touristes.

Un moment peut changer un jour, un jour peut changer une vie… – Médine – Ignorez l’intro.

La demeure du 10, rue du Puits d’Hiver à Chichery, que mes parents avaient projeté de rénover bien avant ma venue au monde, demeurera à jamais imprégnée par les tourments qui ont enveloppé notre famille. C’est à l’intérieur de ces murs que, peu de temps avant ma naissance, ils ont affronté l’épreuve la plus douloureuse de leur existence.

Hélas, parfois, la vie tisse des enchaînements imprévus de tournants difficiles, et elle m’a privé de la présence de ma sœur Jessica, elle aussi née un 13, mais de décembre. De manière tragique et prématurée, elle nous a quittés onze mois avant ma naissance dans ce lieu, alors qu’elle n’avait qu’un an et demi, en cette fin de mai 1988.

C’est avec le cœur lourd, rempli de tristesse et de mélancolie que je me demande si mes parents et ma sœur Angélique liront ces quelques lignes. Je ressens le besoin impérieux de leur demander pardon pour avoir évoqué ainsi leur fille, notre sœur. J’admire la force et le courage qu’ils ont dû rassembler pour essayer de surmonter, tant bien que mal, cette épreuve difficile. Ils ont toujours porté ce fardeau en silence, préservant notre enfance, à Aurélie et moi, du poids de leur chagrin. Leur force est comme un phare au milieu d’une tempête dévastatrice.

Toute maladie de l’âme que tu ne guéris pas, tu la transmets à tes enfants… – By Steve – Règle Karma No 37.

Je reste étonné par la capacité de mes parents à endurer une souffrance aussi atroce, répondant régulièrement avec difficulté à nos questions sur le sujet. Ils se sont toujours efforcés de nous offrir, à mes sœurs et moi, une éducation solide et une enfance heureuse, veillant à ce que l’on ne manque de rien, quitte à se priver eux-mêmes. Leur amour pour nous a été notre bouclier, notre forteresse face aux aléas de la vie.

Mes pensées se tournent aussi intensément vers Angélique, ma sœur aînée, qui n’avait que onze ans lorsqu’elle a perdu sa petite sœur, et c’est elle qui avait découvert la triste nouvelle en rentrant de l’école.

Jessica, la sœur que j’aurais tant aimé connaître, garde toujours sa place parmi nous. Jessica, celle à qui je pense souvent et qui suscite mes interrogations, me laissant imaginer à quoi elle ressemblerait aujourd’hui et les accomplissements qu’elle aurait pu réaliser.

Chaque mot que je dépose sur le papier est un hommage car j’éprouve un immense respect pour mes parents et pour ma grande sœur, Angélique, qui sont toujours restés stoïques, ne laissant jamais transparaître leur douleur et leur peine. Je trouve du réconfort dans l’idée que Jessica, tel un ange gardien, veille sur nous depuis les cieux. Elle restera toujours à nos côtés tout au long de notre vie et demeurera éternellement dans nos cœurs et nos pensées.

Mon désir est simple : honorer sa mémoire et veiller à ce qu’elle ne s’efface jamais.

Face à l’inimaginable, perdre un enfant est une épreuve incommensurable. Certaines blessures ne cicatrisent jamais, et celle-ci en fait partie. Pour l’éternité, cette blessure restera une douleur sourde et constante, telle une mélodie tristement jouée en sourdine.

Nous sommes actuellement le vingt et un janvier 2024 et il est 11 h 13, c’est avec les larmes aux yeux que j’écris ces quelques mots, assis sur le canapé, prenant un instant pour lever les yeux vers le ciel, où le bleu éclatant se marie aux nuages vagabonds. À travers la porte-fenêtre du salon, je songe à Jessica, bercée par le chant des oiseaux qui accompagnent mes pensées évasives. Dans mon cœur, un sourire se dessine à l’idée de ma sœur dansant, je l’espère, joyeusement de nuage en nuage.

Aucune rivière de larmes ne peut noyer un chagrin… – Fababy – Maintenant.

La maison du 10, rue du Puits d’Hiver à Chichery, ses craquements familiers, son odeur particulière de bois ancien et ses murs imprégnés des récits de notre passé, a été le témoin silencieux de nos vies entrelacées.

Les échos de nos rires et de nos pleurs résonnent dans chaque pièce de ma mémoire, comme si les murs de cette demeure voulaient eux-mêmes raconter les chapitres de notre histoire familiale avant de tourner la page et se préparer à nous dire au revoir. Ce foyer restera à jamais marqué par les instants de bonheur des six premiers mois de mon existence, mais aussi et surtout par les malheurs de notre famille. Car c’est dans ce lieu que se sont noués certains des épisodes les plus éprouvants de la vie de mes parents et de ma sœur aînée.

Tandis que les derniers mots de ce chapitre se posent sur le papier, une légèreté nouvelle m’envahit, comme si le poids de ces souvenirs s’estompait, laissant place à l’effervescence d’un nouveau départ. L’excitation est palpable en cette fin d’année 1989, car nous sommes tout juste à l’aube d’un déménagement.

Un mélange de mélancolie et d’anticipation imprègne l’atmosphère tandis que nous nous apprêtons à quitter ce nid familial pour nous élancer vers l’aventure de l’inconnu, portés par l’espoir et la promesse de jours meilleurs. Les cartons, empilés comme des sentinelles du passé, s’alignent dans le couloir, exhalant un parfum de poussière mêlé aux échos d’instants révolus. Les meubles, vidés de leur contenu, semblent retenir leur souffle dans l’attente du grand départ.

C’est sur le seuil de cette transition que s’achève le premier chapitre de mon histoire. Une page se tourne, emportant avec elle les premiers émois de mon existence. Derrière cette page, la maison du 135 avenue Édouard Branly à Migennes nous attend, promesse d’une nouvelle histoire à vivre, d’un nouveau chapitre à écrire…

Le temps passe, mais les pensées restent. Alors, je garde toujours en moi la certitude que ma sœur Jessica nous accompagne à chaque pas, à chaque nouvelle étape de notre vie, peu importe où nous sommes. Son sourire continuera d’illuminer notre chemin et son amour, inconditionnel, enveloppera toujours notre famille dans une étreinte éternelle…

Migennes :

Les premiers pas

dans l’innocence

Après avoir passé les six premiers mois de mon existence dans le petit village de Chichery, la fin de l’année 1989 a marqué notre déménagement à Migennes. Cette petite ville de sept mille habitants, située dans l’Yonne, à une vingtaine de kilomètres au nord d’Auxerre, nous a accueillis dans un vaste pavillon situé au 135 avenue Édouard Branly.

Située à la sortie de Migennes, en bordure de la route, cette grande maison s’élève avec fierté. Sa façade, ornée de pierres apparentes aux nuances de sable, ressort vivement, mise en valeur par une cour spacieuse parsemée de cailloux où trône un arbre majestueux, le tout surplombé par un grand portail noir. Les volets et portes d’un blanc lumineux offrent un contraste saisissant avec les murs. Le terrain s’étire tout autour, et un petit balcon, surplombant la porte du sous-sol, est accessible depuis la grande porte-fenêtre du salon.

Ce lieu est devenu le théâtre de mes premières années de vie. Bien que gamin, certains instants se sont gravés en moi. Ils me reviennent comme des lueurs scintillantes, cherchant constamment à percer l’obscurité de ma mémoire. Ces fragments de réminiscence, même les plus lointains, s’imposent à moi et résonnent encore, de temps à autre, dans mon esprit comme une évidence. Ils constituent tout simplement la base de mon existence.

Les débuts de ma petite enfance, au 135, avenue Édouard Branly, furent un enchaînement de joies et de découvertes, partagées avec mes parents et mes deux grandes sœurs. C’est dans notre maison familiale que j’ai soufflé, avec émerveillement, sur ma première bougie d’anniversaire, le vendredi 13 avril 1990. C’est ici que j’ai connu, pour la première fois, la magie de Noël. C’est là, précisément, que j’ai fait mes premiers pas hésitants.

Je me rappelle encore la sensation de la neige froide qui craquait sous mes pas, tandis que je marchais, main dans la main avec ma mère, qui me rassurait par son amour et sa présence.

Des flash-back me reviennent, notamment ceux de l’imposante table de billard, ancrée dans le sous-sol de notre maison. Sous l’éclairage tamisé, à travers les projecteurs de couleur qui traversaient un épais nuage de fumée au rythme de la musique, elle se distinguait, créant une atmosphère chaleureuse lors des soirées animées où mes parents riaient et discutaient avec leurs amis.

Les jeux innocents de l’enfance ont cédé la place à de nouveaux horizons. L’école maternelle est rapidement devenue mon nouveau terrain de jeu.

Comme tout le monde, je n’ai malheureusement que très peu de souvenirs de mes premières années de vie, ayant le sentiment que ces années ont défilé à toute vitesse, laissant en moi un sentiment de plénitude. À l’âge de trois ans, je grandissais et ressentais de la fierté. Les leçons de politesse inculquées par mes parents commençaient à prendre racine.

J’étais content, car je savais désormais dire : « Bonjour, au revoir, merci, » et même « s’il vous plaît. »

Début septembre 1992, l’heure était venue pour moi de franchir une nouvelle étape importante dans ma vie : mon entrée dans le monde de l’éducation, symbolisée par mon inscription à l’école maternelle Anne Frank à Migennes, qui a marqué le début de cette nouvelle aventure. L’école se trouvait à environ un kilomètre de notre maison, mais un bus scolaire assurait le transport jusqu’à un arrêt situé à quatre cents mètres de chez nous. J’adorais l’école maternelle, avec ses activités, ses jeux et les nouveaux copains. Pendant les récréations, je me plongeais dans le bac à sable, l’imaginant comme un vaste océan où chaque grain était une vague portant mes rêves d’enfant. J’étais convaincu qu’en creusant suffisamment, je pourrais même apercevoir la Chine.

Cette vision enfantine de notre planète m’a longtemps suivi et fasciné. J’aimais aussi creuser et façonner le sable pour y construire des tunnels et des circuits pour mes petites voitures, créant ainsi mon propre monde imaginaire.

Ces moments de joie et d’émerveillement à l’école maternelle se mêlaient également aux soirées familiales.

Mon premier Noël à l’école maternelle m’a également marqué, et je m’en souviens comme si c’était hier. C’est à grandes enjambées que je me dirigeais vers mes 4 ans et je me revois avec mes camarades de classe, tous alignés deux par deux, main dans la main, en balade dans les alentours de l’école avec les maîtresses, afin de rejoindre le père Noël qui trônait sur son traîneau près du parking de la salle des sports. Les souvenirs de ces bons moments passés sont également ponctués d’épisodes assez amusants, notamment à la maison, la fois où j’avais « embrassé », une dalle de béton, en m’y prenant les pieds dedans. J’étais en train de m’amuser à décoller les escargots du mur de la cour, afin de les déposer dans l’herbe du jardin. Quand tout à coup, j’ai entendu mon père qui m’appelait depuis son petit atelier à quelques mètres de moi, derrière la maison.

Je m’étais empressé de le rejoindre afin de découvrir l’arc qu’il venait tout juste de me confectionner. Mais, pour être honnête, avec la douleur ressentie à ce moment précis, l’envie de jouer avec mon nouvel arc s’était rapidement éclipsée de mes pensées. Je me remémore aussi certaines soirées, à la veille des jours d’école, où, après le repas, juste avant le journal de 20 h, nous nous rassemblions avec Aurélie pour regarder « Bonne nuit, les petits », diffusé à la TV sur France 2. Une fois l’émission finie, c’était le signal pour aller au lit.

Comme les rêves qui portent mes nuits, ces moments de nostalgie me téléportent et me ramènent à ces instants où je jouais avec ma sœur Aurélie dans le vaste jardin qui bordait notre maison. Les belles journées ensoleillées nous invitaient à l’ombre d’un grand arbre, refuge de nos aventures imaginaires dignes de Tarzan. Oui, j’avoue, en réalité, c’était surtout moi qui étais animé par l’envie d’aventure, tentant tant bien que mal d’attraper les branches pour me balancer depuis le toit de la voiture de mon père. Sur la pointe des pieds, je me souviens encore de cette fierté qui m’envahissait lorsque je parvenais à saisir la branche la plus haute.

Je me souviens aussi d’un moment particulièrement vif, à la suite d’une chute assez piquante, lors d’une sortie en famille au parc du Préblin à Migennes. En courant la tête levée, je suivais un oiseau en vol, tout en criant : « Papa ! Papa ! Regarde l’oiseau ! » Quand subitement, je suis tombé dans un fourré d’orties. Vêtu d’un simple short et d’un t-shirt, je me revois porté dans les bras de mon père, pleurant de douleur, la peau parsemée de boutons qui me démangeaient et me piquaient de partout.

Ces petits accidents, notamment ceux-là, ont valu à mon père l’envie de me surnommer affectueusement « Pierre Richard », tant j’étais un véritable casse-cou.

En parlant de mon père, il était aussi très joueur avec Aurélie et moi. Lorsque nous n’étions pas sages et que nous n’écoutions pas, il avait une technique infaillible. Simple, mais efficace : il nous menaçait d’aller chercher la sorcière enfermée dans le cagibi du sous-sol si nous ne nous calmions pas. Si cette menace ne suffisait pas, il passait au plan B : il faisait semblant de descendre au sous-sol, fermait la porte derrière lui, prenait le temps d’enfiler le masque effrayant de la sorcière aux cheveux grisonnants, puis remontait pour nous effrayer.

Malgré les chamailleries occasionnelles avec Aurélie, et nos différences, ce jour-là, nous étions unis par une même cause.

À l’âge de six ans, par une journée ensoleillée de juillet, Aurélie et moi avons profité de l’absence de nos voisins pour escalader le petit mur qui séparait nos maisons. Notre mission secrète était d’explorer leur garage, souvent laissé ouvert, à la recherche de pétards et autres feux d’artifice. La stratégie mise en place était simple, ingénieuse et bien ficelée pour notre jeune âge : l’un de nous deux montait la garde, tandis que l’autre faisait le sale boulot.

Mais, la voix soudaine de notre mère, s’élevant depuis la fenêtre de la cuisine qui marqua la fin de notre escapade. Elle nous annonça que le goûter était prêt et qu’il fallait rentrer sans tarder, car elle nous attendait. Arrivés dans la cuisine, baignée par la lumière dorée du soleil couchant, ma sœur et moi, les mains remplies de sachets de pétards et de feux d’artifice, avons dû faire front commun pour expliquer nos exploits. Nous avons donc été contraints de nous justifier, tant bien que mal, avec des voix tremblantes et des cœurs palpitants.

Nous avions probablement avancé l’excuse innocente d’avoir trouvé les pétards par hasard dans le jardin. Naturellement, la vérité a fini par éclater et, à contrecœur, nous avons dû rendre notre précieuse cargaison à nos voisins lors de leur retour, accompagnée de nos excuses.

Ces escapades enfantines, entre les chasses au trésor de Pâques et les jeux d’aventures, ont tissé la trame de mon enfance.

Je chéris particulièrement les souvenirs joyeux, comme ceux des périodes de Pâques, quand Aurélie et moi, munis de nos petits paniers en osier, partions à la chasse au trésor, à la recherche des chocolats que nos parents avaient dissimulés dans les recoins du jardin. Malheureusement, ces moments de bonheur partagés avec ma sœur devaient parfois s’interrompre momentanément, car elle était contrainte de s’absenter pour suivre des cures dans le Jura, en raison de son asthme et des crises qui l’accompagnaient.

Avec le recul, je me dis que cela ne devait pas être simple pour elle d’être seule et éloignée de sa famille, surtout à l’âge de sept ans. Alors que les jours passaient, lors d’un après-midi pluvieux, enfermé dans ma chambre, je sentais l’ennui m’envahir.

La pluie tambourinait contre les vitres, et une idée audacieuse germa dans mon esprit : construire un avion géant en papier. Faute de matériel, je me dirigeai vers la chambre de ma grande sœur, Angélique, qui devait avoir dans les dix-huit ans à ce moment-là. Je me revois pousser doucement la porte de sa chambre, et soudain, un immense poster captait mon regard. Avec la délicatesse d’un chat, je le décrochai soigneusement.

Je me souviens l’avoir plié, ajusté et transformé dans l’espoir d’en faire un avion géant. Du haut des escaliers, avec mon avion en papier à la main, je me tenais prêt à m’élancer. Mais au moment crucial du décollage, Angélique est apparue, mettant fin à ma tentative. Mon rêve de voler comme l’oiseau dans son livre s’est évanoui aussi vite qu’il était né, laissant place à un mélange de frustration et d’admiration pour ma sœur qui avait su déjouer mes plans.

Ces crises, bien que fréquentes, ne m’ont laissé aucun souvenir.

À côté de tous ces moments joyeux, il y avait aussi des épisodes un peu plus sombres, marqués par des crises de convulsions et d’apnée, qui semaient l’inquiétude chez mes parents et moi. Ma mère me racontait que la moindre chute, frustration ou contrariété pouvait me faire retenir ma respiration, parfois accompagnée de convulsions. Cela s’était beaucoup répété, notamment avant l’âge de mes quatre ans. Ma mère me parlait souvent d’un réveillon de Noël. Ce soir-là, nous avions rejoint en famille certains de ses collègues et quelques amis que mes parents avaient en commun à la salle des fêtes d’Appoigny, afin de participer à une soirée organisée par le comité d’entreprise de la Clinique de Régennes.

Alors que la soirée du réveillon battait son plein, j’ai soudainement été pris d’une crise d’apnée, sans avertissement ni raison apparente. Cette épreuve m’a frappé de plein fouet. Mais, heureusement, un médecin de la Clinique, présent ce soir-là, a réagi avec réactivité et bienveillance.

Il m’a pris sous son aile et m’a emmené à l’arrière de la salle, vers les cuisines. Me tenant par les pieds, tête en bas, il a employé cette méthode éprouvée pour m’aider à surmonter la crise. L’air frais et les odeurs de cuisine, mêlés à l’angoisse de l’inconnu, enveloppaient mes sens. Bien que désorienté, je me sentais en sécurité dans les bras du médecin. Une chose est sûre, ce soir-là, la rassurante présence du docteur a été un cadeau inattendu pour mes parents et moi. Je me dis que cela avait probablement ajouté une note d’espoir à la magie de Noël. L’origine de ces crises répétitives demeure un mystère de ma petite enfance. Ni moi ni mes parents, je pense, ne pouvons déterminer leurs causes, même si elles ont commencé à cesser vers l’âge de quatre ou cinq ans.

Certaines réalités de la vie sont parfois inexplicables ou tout simplement un peu trop complexes pour être expliquées à des yeux d’enfant.

Une fin d’après-midi reste gravée dans ma mémoire : celle où ma mère est venue me chercher à l’arrêt de bus après ma journée d’école. J’étais dans la dernière ligne droite de ma scolarité en grande section de maternelle, probablement à la fin du mois de juin 1995, avant les grandes vacances d’été. Ce jour-là, le temps était clément, le soleil brillait, et une douce chaleur flottait dans l’air. Je portais mon petit cartable sur le dos et, en marchant tranquillement, je tenais la main de ma mère, sentant la force et la tendresse dans son étreinte, pendant que les feuilles des arbres, sur le chemin du retour, murmuraient sous le petit vent. En arrivant à une vingtaine de mètres du portail de notre maison, qui se tenait grand ouvert, une scène inhabituelle s’est dévoilée : une multitude de voitures stationnées dans notre cour. Cette vision insolite tranchait avec le calme habituel de nos retours du soir et a piqué ma curiosité enfantine. Habituellement, à mon retour de l’école, notre habitation accueillait le silence, seulement rompu par la présence de mon père.

Poussé par la curiosité, tout en tenant fermement la main de ma mère, je l’ai interrogé sur l’origine de ce rassemblement inattendu. Son visage, habituellement si serein, avait pris une expression différente, et sa main, d’ordinaire si assurée, tremblait légèrement dans la mienne. Elle, qui incarnait la tranquillité, semblait soudainement inquiète, comme si quelque chose n’allait pas. Sur le moment, j’ai pressenti que ce n’était pas normal, redoutant même la présence de voleurs chez nous.

Face à mon interrogation, ma mère, choisissant ses mots avec précaution, m’a assuré que des électriciens étaient simplement en intervention chez nous et qu’il fallait repartir sans tarder. Pourtant, l’idée de repartir me paraissait inconcevable. Pourquoi devrions-nous opérer un demi-tour, alors que nous venions à peine d’arriver ? Après ma longue journée d’école, j’étais simplement heureux de rentrer chez moi. De plus, je savais que mon père était là, quelque part dans la maison. J’avais hâte de le voir, de prendre mon goûter et de plonger dans l’univers de mes jouets.

À cet instant, ma mère m’avait promis un retour rapide. Le souvenir précis de notre destination s’est estompé avec le temps. Peut-être m’avait-elle emmené au parc communal du Préblin, à quelques centaines de mètres de chez nous, pour me divertir et me distraire.

Cette journée est restée gravée dans ma mémoire. Encore trop jeune à l’époque pour saisir la portée de ces événements, ma mère avait, dans un élan de sagesse, décidé de me préserver en prétendant qu’il s’agissait simplement d’une opération de maintenance électrique. Ce n’est qu’en atteignant l’âge de raison que j’ai découvert la vérité : ce n’étaient pas des électriciens qui avaient franchi notre seuil ce jour-là, mais un serrurier accompagné de commissaires de justice et de gendarmes.

Haineux parce que les huissiers n’acceptent pas le pardon. Voilà comment, un soir, j’ai mis ma vie au fond d’un carton… – Sinik – Mauvaise graine.

Nous sommes désormais à la fin du mois d’août, toujours en cette année 1995. Les souvenirs de mes cinq années et demie passées au 135, avenue Édouard Branly, commencent à prendre forme dans les cartons qui s’accumulent une fois de plus devant la porte d’entrée.

Un nouveau déménagement se prépare, annonçant également une nouvelle étape de ma vie qui se dessine : mon entrée prochaine à l’école primaire, car ma scolarité à l’école maternelle Anne Frank s’est achevée, et il est temps pour moi de me préparer à cette transition.

Les raisons précises de notre départ se sont estompées, enveloppées dans les brumes de ma mémoire, mais l’image de notre futur foyer reste nette dans mon esprit.

Toujours à Migennes, nous avons posé nos valises au 8 rue Louis Jouvet. La vaste maison de l’avenue Édouard Branly, témoin de mes premiers pas et de mes aventures jusqu’à l’âge de six ans, m’a laissé des souvenirs indélébiles.

Aujourd’hui, c’est à travers ces lignes que je ferme le deuxième chapitre de mon récit, emportant avec moi, dans les cartons de notre déménagement, tous ces précieux souvenirs soigneusement emballés, en direction de notre nouvelle destination…

La résidence :

Le début de mon enfance

Fin août 1995, le grand jour était arrivé et, malgré la pluie battante, notre déménagement s’était bien achevé, avec pour destination le numéro 8 de la rue Louis Jouvet, à la résidence du Canal. C’était ici, au quatrième et avant-dernier étage, que se trouvait notre nouvel appartement. Nous avions gravi les marches d’escalier, une à une, pour y déposer tous nos meubles, nos affaires et les cartons soigneusement emballés, venant de notre grande maison du 135, avenue Édouard Branly.

C’était il n’y a pas longtemps, et tout ceci m’a l’air si loin. Le décor n’est plus le même, et forcément, j’apprécie moins… – Sinik – Rue des Bergères.

Dès mon arrivée, du haut de mes six ans, je me suis vite rendu compte que le décor avait radicalement changé : j’avais cédé l’effluve de pelouse fraîchement tondue de notre ancien jardin contre celle, distinctive, de la pluie s’élevant du bitume encore chaud. Face à notre immeuble HLM s’étendait un grand parc, parsemé de graviers fins, qui faisait office d’aire de jeux. Quelques structures pour enfants s’y dressaient, dont une inoubliable cage à poules rouge, dont la peinture écaillée témoignait du passage du temps.

À proximité, des dizaines de places de stationnement s’alignaient en rangs serrés. Le bruit ambiant, plus marqué qu’auparavant, donnait le tempo de ce nouveau lieu de vie. Les odeurs aussi semblaient plutôt joueuses en se mêlant dans les cages d’escalier : arômes de gâteaux tout juste sortis du four, senteurs épicées de plats qui mijotaient, effluves de parfums et relents de produits d’entretien… Un véritable cocktail olfactif qui posait d’emblée le cadre de notre nouvel environnement.

L’accès à l’immeuble, sécurisé par un digicode, introduisait une note de modernité dans notre quotidien. Le balcon, quant à lui, offrait une vue sur le canal, fréquenté de temps à autre par les plaisanciers. Au loin, les chemins de fer et le ballet incessant des trains qui longeaient le canal complétaient le tableau de la résidence. Oui, le contraste était frappant, peut-être parce que la réalité de ce changement m’était encore brutale ou insaisissable. Ici, tout était en totale opposition avec l’ancien domicile que nous venions de quitter.

Il fallait prendre de nouvelles habitudes et s’adapter à notre nouveau chez nous. Avec ma sœur Aurélie, nous avons exploré notre nouvel appartement avec enthousiasme, tandis que nos parents et Angélique s’affairaient à ranger les derniers cartons et à disposer les meubles. Nous avons déambulé fièrement d’une pièce à l’autre, inconscients que nous venions de tourner définitivement la page de notre ancienne maison. Cette nouvelle page, bien que vierge, était déjà marquée par nos premiers pas dans ce qui allait devenir notre nouvel univers.

Avec Aurélie, nous devions désormais partager notre chambre et y installer nos deux petits lits. Il s’agissait ensuite de délimiter nos espaces personnels tout en trouvant un arrangement harmonieux pour nos jouets. Mon choix se porta sur l’emplacement près de la fenêtre pour mon lit, pendant que ma sœur préférait blottir le sien contre le mur à proximité de la porte.

La déco de la chambre était simple : le sol recouvert d’un balatum imitation bois qui craquait sous nos pas, le mur en face de nos lits, tapissé d’un papier peint aux motifs de Pocahontas semblait prendre vie sous la lumière du jour. Avec mes yeux d’enfant, assis sur mon lit, je contemplais le monde à travers la fenêtre de ma chambre.

La vue vertigineuse, s’étendant sur le vaste parc, montrait des enfants de notre âge s’amusant sous le regard attentif de leurs mères, accoudées aux rebords des fenêtres de l’immeuble d’en face.

Alors que je me laissais bercer par cette mélodie, une nouvelle partition se préparait à être écrite.

Les alentours, animés par ces scènes de vie quotidienne, étaient un spectacle à ciel ouvert. Des gens promenaient leurs chiens, les allées et venues des voitures, les tags sur les murs, les klaxons répétitifs des trains, la mixité sociale et culturelle, tout cela contribuait à la symphonie qui accompagnait mes réflexions d’enfant. Chaque son, chaque odeur, chaque mouvement apportait sa note à la mélodie de ce nouveau chapitre de ma vie.

Aux côtés de mes parents, j’explorais la ville de Migennes et son grand marché du dimanche matin, à proximité de la gare, dans le quartier de la Belle Idée. Je me souviens de la foule qui déambulait à travers les multiples allées, et des étals qui débordaient de fruits, de légumes et d’accessoires variés. Tout était là, même les délicieuses odeurs de poulet rôti accompagné de pommes de terre en train de cuire dans les rôtissoires embaumaient l’atmosphère du marché. Les musiques de certains stands se mêlaient aux voix portantes des marchands ambulants.