Messes noires - Jehan Sylvius - E-Book

Messes noires E-Book

Jehan Sylvius

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Beschreibung

Messes noires, ouvrage de Ernest (de) GENGENBACH, publié en 1929 sous le pseudonyme de Jehan SYLVIUS n'a jamais été réédité. L'ouvrage narre l'itinéraire de l'auteur à la découverte des pratiques satanistes, lucifériennes et gnostiques mais aussi des succubes et de la magie noire en un roman initiatique associant occultisme et érotisme. Le texte de l'édition originale est ici reproduit ainsi qu'un article de 1934, titré Le Satanisme au XXème siècle, paru dans une revue érotique. Nous éclairons la lecture de ces textes par l'analyse que nous avons développé dans nos ouvrages sur la vie et sur l'auteur. Un roman érotico-sataniste qui séduira les amateurs d'occultisme et de littérature qui sent le souffre.

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Seitenzahl: 147

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Sommaire

Introduction

Messes noires

Edition originale

Attribution

Jehan SYLVIUS, une œuvre occulte

Titre

Editions

Couvertures

Diffusion

Analyse

Introduction

I – Le seuil du Mystère

II – Un mage moderne

III- Initiation

IV – Chez les Lucifériens

V – L’office d’Astarté

VI – Un évêque satanique

VII – Au sabbat

VIII – Une messe noire à Paris

IX – La nuit des Succubes

X – L’envoutement

XI – L’incantation

XII – Le Vampire

XIII – Les deux Magies

XIV – L’autre plateau de la balance

XV – La barque d’Isis

XVI – Gnosis

Synthèse

Table des personnages

Le satanisme au XX

e

siècle 1934

Table des illustrations

Bibliographie de Christophe STENER

Image de couverture

L’ouvrage fit l’objet de deux éditions, toutes deux datées de 1929.

Le dessin de couverture des deux éditions est presque identique à la différence près de l’ajout d’une étoile de Salomon adossé à un sous-titre satanistes et lucifériens et de la signature du dessin par « MATUTANO » écrit en minuscules. Une brochure de deux feuillets d’annonce pour des livres coquins fut diffusée dans l’édition signée.

Il nous a été impossible d’identifier l’artiste se cachant sous le pseudonyme « matutano ».

L’illustration, d’une facture assez grossière, montre un Baphomet androgyne, aux ailes de chauve-souris, qui se tient accroupi sur un autel portant des cierges et dont le sexe est dissimulé par une idole religieuse associant un Tau égyptien et un croissant de lune, symbole notamment d’Ishtar. De son index de gauche, le Baphomet désigne le ciel tandis que sa main droite montre la terre. Le ventre d’une femme nue allongée porte un ciboire sur son sexe, une des postures du rituel de la messe noire (l’autre étant la position en levrette formant un autel dont le dos de la femme porte le ciboire, il existe encore d’autres variantes…).

Droits

Nous avons établi dans nos ouvrage sur la vie et l’œuvre de Ernest (de) GENGENBACH que c’est lui qui se cache sous le pseudonyme de Jehan SYLVIUS ;

L’œuvre littéraire de Ernest (de) GENGENBACH, alias Jean SYLVIUS, est, selon nous, tombée de fait dans le domaine public car en déshérence d’ayants droits.

Plusieurs rééditions d’ouvrages de GENGENBACH, et en particulier, par Les éditions Ombres (Toulouse) en 2001 de La Papesse du Diable, un autre ouvrage de Jehan SYLVIUS, font le même constat. Cf. T II Œuvre de Ernest (de) GENGENBACH

L’ouvrage Messes noires n’a jamais été réédité. Il est devenu fort rare. Peut-être tout au plus une dizaine d’exemplaire dans les mains de libraires et de bibliophiles. Il est absent des bibliothèques publiques.

La présente réédition est faite à partir de l’exemplaire de l’édition originale de 1929 propriété de Christophe STENER. Toute reproduction ultérieure est protégée par les droits attachés à l’intéressé.

Introduction

Les Messes noires de Ernest de GENGENBACH furent publiées en 1929, sous le pseudonyme de Jehan SYLVIUS. L’ouvrage n’a jamais été réédité, ce à la différence de La Papesse du Diable parue sous le même pseudonyme en 1931 chez le même éditeur, qu’Éric LOSFELD réédita, probablement sous contrat d’éditeur avec GENGENBACH en France en 1958 puis en 1966, mais qui connut, depuis le décès de l’auteur en 1979, plusieurs rééditions récentes en France et en traduction T II. Le dernier ouvrage de GENGENBACH sous ce pseudonyme, Comment on force l’amour. Moyens infaillibles pour y parvenir, livre jamais republié, n’existe à notre connaissance qu’en un seul exemplaire, celui du dépôt légal fait à la Bibliothèque Nationale de France. Son intérêt est assez anecdotique et bien moindre que les deux autres.

L’ouvrage Messes noires n’étant connu et accessible qu’à quelques bibliophiles , heureux possesseurs de l’édition originale, c’est donc pour permettre au public lettré de lire cet ouvrage que nous le publions ici d’après un exemplaire original de notre collection avec une analyse que nous avons pris le parti de présenter in extenso et non sous forme de notes dans le texte même de GENGENBACH afin de permettre au lecteur un lecture continue du roman sataniste.

Nous avons conservé, autant que possible, la typographie d’origine, en signalant les quelques coquilles.

Nous avons annexé à cette réédition la reproduction d’un article de Jean SYLVIUS Le satanisme au XXe siècle paru en 1934 dans la revue érotico-littéraire Sex.appeal, une pige de l’auteur sous forme de version résumée de Messes noires illustrée par des photos suggestives.

Nos commentaires comportent des renvois à nos précédents ouvrages sur GENGENBACH, Tome I. Sa vie, édité en deux volumes, et Tome II. Son œuvre mais le présent ouvrage peut se lire séparément.

Christophe STENER, Ernest (de) GENGENBACH, Sa vie - 19031938, BoD, 2022, ISBN 9782322198979

Christophe STENER, Ernest (de) GENGENBACH, Sa Vie - 19391979, BoD, 2022, ISBN 9782322437191

Christophe STENER, Ernest (de) GENGENBACH, Son Oeuvre. A paraître, BoD. 2022.

Messes noires

Edition originale

Introduction

Satan hante décidemment la cervelle de nos contemporains. Chaque année voit paraître de nombreux ouvrages où il est question du Diable ; soit sous forme de roman où il est le personnage central mêlé à une intrigue qu’il mène et dont il dénoue les fils ; soit en des livres austères où sont étudiés, avec le plus grand sérieux, la magie, la possession, la démonologie, le sabbat et toutes les cérémonies infernales. Nous pourrions citer toute une bibliothèque où des écrivains de talents divers ont essayé de répondre à l’actuelle inquiétude diabolique.

Et cette question du Diable est d’importance. Car enfin, en dépit de toutes les négations de quelques esprits forts qui sont peut-être, et à leur insu, possédés, s’il existe, lui, Satan, l’Antidieu, son action sur le monde matériel qui, selon les Ecritures, est son domaine propre, ne saurait être mise en doute.

Pour notre part, nous croyons et même si nous n’avions pas à notre actif les expériences relatées dans les pages qui vont suivre, la décomposition d’un monde qui, de lui-même, se précipite à la ruine, la pourriture d’une Société qui dissimule sous un masque factice le plus affreux rictus de méchanceté, d’égoïsme, de bas instinct et de désir de jouissance viles, cette conscience dans le crime, cette hâte dans la course – toujours plus rapide – vers l’autre où résident les sept péchés capitaux, nous fourniraient la preuve de l’existence même de Satan.

Il est vraiment le Dieu de notre époque imbécile, qui l’adore sans le savoir, laissant au petit nombre de ses adeptes, de ses mystiques, qui l’adorent en Esprit et en Vérité, la parfaite connaissance de son Être.

Ces derniers se divisent en deux catégories bien distinctes.

D’abord les Lucifériens.

Pour eux Lucifer, l’Ange de Lumière, n’est pas l’esprit du mal. Il est le Dieu-Bon qui s’oppose au Démiurge, l’Adonaï, le Jéhovah de la Bible. Le catholicisme soutient et entretient depuis vingt siècles ce quiproquo : Jéhovah, Bon Dieu et Lucifer, Mal incarné ; il a fait de Lucifer, être splendide et lumineux, le monstrueux Satan qu’il nous montre et décrit sous les plus horribles apparences : laid, poilu, cornu, la croupe munie d’une queue et les pieds fourchus.

Eh bien, c’est le contraire qui est vrai : le Bon Dieu de l’Eglise catholique, c’est le Diable et le Diable, c’est le Bon dieu.

Aussi les Lucifériens qui sont non seulement des illuminés et des mystiques, adorant leur Ange de Lumière en de claires chapelles disséminées dans le monde entier, sont aussi des hommes et des femmes d’action, qui s’opposent par tous les moyens à l’Eglise et à sa hiérarchie, dont la ruine et la chute définitive amèneront la défaite de l’imposteur Adonaï, Démiurge saboteur de la créature, et le triomphe de Lucifer ami de l’humanité, créateur de toute beauté, de toute harmonie et de toute poésie.

L’autre catégorie comprend les Satanistes :

Pour eux Satan est bien Satan, l’ange déchu, chassé des cieux, qui s’oppose à Dieu.

Il est le premier et le grand Révolté, le premier et le grand Vaincu qui se relève toujours plus fort, face au Créateur. Dieu à le ciel, Satan lui, possède la terre ; il est le Prince de ce monde et de ses trésors, il sait

En quel coin des terres envieuses

Le Dieu jaloux cacha les pierres précieuses,

il est, Lui, le véritable Dieu de tous les maudits, de tous les déshérités, des malheureux, des parias, des traîne-misère, des proscrits, des éternels errants, des vagabonds, des crève-lafaim qui clament leur rancœur et leur haine vers le Ciel et son Dieu qui a comblé de biens, de bonheur et de joie les riches, mes ventrus à la vie heureuse en d’oisifs et agréables loisirs.

Le Satanisme croit au dogme catholique ; mais il a choisi délibérément Satan ; il renonce à Dieu et à son paradis futur, il sera damné, mais tant pis – ou plutôt tant mieux -l’Enfer éternel lui sera un lieu de délices où il jouira de la présence de son Maître.

En attendant, il attend de lui, le grand redresseur de torts, un peu de son trésor terrestre, les honneurs, la gloire et la fortune.

Alors à Satan qu’il invoque et adore au Sabbat dans les profondeurs des forêts, où en d’obscures chapelles où se célèbre la Messe Noire, il se consacre entièrement et d’une façon absolue.

Fumisteries, histoires d’un autre âge, diront les sceptiques et même les croyants, les personnes « bien pensantes » ; Satan est un vieux mythe que la Science et le Progrès ont rangé dans le tiroir aux accessoires, voire même roulé « dans le linceul de pourpre où dorment les Dieux morts » dont parlait ce vieux farceur de Renan.

Eh bien ! quitte à m’exposer aux railleries et aux sourires ironiques (mais l’ironie est l’arme des imbéciles) de mes contemporains, j’affirme que Satan existe bien, qu’il a toujours, aujourd’hui comme jadis, ses adorateurs, ses adeptes, ses mystiques – Lucifériens et Satanistes – et que sous notre ciel sillonné d’avions et de T.S.F. se célèbrent sabbats et messes noires, se pratiquent envoûtement de haine et d’amour, s’accouplent aux humains incubes et succubes, bref se passent des choses insoupçonnés du plus grand nombre de nos contemporains.

Cette exploration qu’on va faire au pays des grandes fleurs vénéneuses, apportera la preuve de ce que j’avance à ce sujet.

J’ajoute que les faits sont authentiques.

J’ai simplement, par discrétion, changé les lieux et présenté en un récit suivi des événement vécus à des époques différentes mais toutes postérieures à mille huit cent dix-neuf [coquille, lire mille neuf cent dix-neuf] ; s’étendant par conséquent à travers ces huit dernières années.

Enfin, à ceux qui m’accuseront d’immoralité, je déclare d’avance qu’il n’est pas comme les époques bassement vicieuses et hypocrites, pour s’effaroucher au moindre mot un peu cru. Tout le monde sait que certaines vieilles femmes, anciennes maquerelles, sont particulièrement réservées et se scandalisent pour la moindre chose. Ainsi de notre temps.

Ce livre, écrit pour le grand public lettré et curieux de faits qui ne sont pas ordinairement relatés dans la « grande presse » ne s’adresse pas aux âmes simples et timorées.

Quant aux deux chapitres et à l’épilogue qui terminent, ils surprendront peut-être le lecteur qui n’y verra pas tout d’abord le lien les rattachant à ce qui précède. Cependant, une lecture attentive montrera qu’ils éclairent tout l’ouvrage et qu’ils en constituent la clé.

Et puis, cet exposé de la pure Gnose, qui est en même temps un acte de foi, d’espérance et d’amour, m’a paru une conclusion nécessaire.

Jehan SYLVIUS

I LE SEUIL DU MYSTÈRE

Au sortir de l’enfance, à cet âge où l’esprit curieux s’achemine sur les voies diverses du savoir, j’ai été irrésistiblement attiré vers cet ensemble de sciences mystérieuses que l’on nomme communément : occultisme. Je crois qu’il y a là une sorte de prédestination, certains êtres doivent être appelés par le Mystère, marqués qu’ils sont inéluctablement par des signes divers. Pour moi, je considère toujours avec attention dans ma main gauche, la base de l’annulaire, la croix qui désigne ordinairement les individus aptes à l’étude de la Science Secrète.

Combien de conférences entendues dans les cercles ou sociétés soi-disant initiatiques, et combien de livres achetés dans cette sympathique librairie spéciale, où, à l’ombre des tours de Notre-Dame, ils s’alignent, tentateurs, dans les rayons, avec leurs titres étranges. Oui, combien de ces livres lus, sans cependant que se dévoile la grande Isis, sans que s’entr’ouvre un tant soit peu la porte du Sanctuaire.

C’est qu’après tout – et je le crois maintenant – la Vérité ne se trouve pas dans les livres, elle ne peut pas non plus sortir de la bouche d’un conférencier. Cela peut tout au plus vous indiquer le chemin, la méthode ; et c’est en soi, finalement, dans les profondeurs de l’être, dans le silence et la solitude parfaite, qu’elle se fait jour, pour vous conduire jusqu’au seuil du Sanctuaire.

Quoiqu’il en soit, ceux qui s’adonnent à ces études se reconnaissent à mille indices imperceptibles aux profanes, et sont réunis par la force des événements. Aussi la rencontre que je vais narrer et les aventures qui, par la suite, en résultèrent, ne me surprennent aucunement.

C’était au Café de la Rotonde, à Montparnasse. J’aime bien ce lieu cosmopolite plein de bruits singuliers et où l’animation pittoresque met un peu d’imprévu dans la suite monotone de l’existence quotidienne. J’ai l’habitude d’y passer quelques instants tous les jours vers la fin de l’après-midi ; je rencontre souvent là plusieurs amis : le comte Jacques de Meslon et le poète isiaque Pierre Renaud, conspirateurs et naudorfistes ; Jean Genbach, l’auteur visionnaire de Satan à Paris, qui fut au XIIIe siècle, dans une vie intérieure [coquille lire antérieur], abbé de l’Abbaye du Mont Saint-Michel, le peintre russe Michonze, qui expose de temps en temps aux Indépendants d’absconses toiles où sont peintes avec talent, à défaut du corps, l’âme des choses…

Or, ce soir-là, installé à la terrasse du grand café, j’examinai mes voisins et surtout mes voisines. Peu d gens savent ce que l’on peut découvrir dans l’expression d’un visage féminin, toute l’existence apparaît en termes fulgurants, les yeux racontent souvent leur histoire et quelque fois, on peut avoir la révélation intuitive de la vie antérieure. C’est ainsi que j’ai découvert un jour sous l’enveloppe physique d’une jeune danseuse hindoue qui est le plus bel ornement du quartier, l’âme d’une ancienne reine mérovingienne.

Soudain mon regard s’arrêta sur une jeune femme à l’allure étrange, elle était assise près de moi et buvait de la menthe verte en fumant lentement des cigarettes turques, fines et dorées du bout, qu’elle tirait d’une petite boite en carton vert décorée d’un croissant d’argent.

On pourra s’étonner de ces détails remarqués, mais il y a des analogies souvent curieuses entre l’esprit et le corps d’une personne et les moindres petites choses qu’elle porte sur elle ou dont elle fait usage ; ainsi la boite d’allumettes qui m’est vendue par la buraliste du Dôme m’était dévolue alors qu’elle n’existait que dans ses germes matériels, et la toute jeune pousse d’un bambou japonais était destiné il y a deux ou trois siècles à devenir un jour ma canne.

Aussi, ce n’est pas par l’effet du hasard que les cigarettes de ma voisine étaient encloses dans une boite verte ornée d’un croissant d’argent.

Cette femme était toute jeune, très brune et coiffée d’un feutre vert. Elle était sobrement vêtue d’un tailleur gris clair qui moulait agréablement un corps superbe et harmonieux. Les mains étaient longues et soignées ; les doigts admirables, dont un seulement était orné d’un anneau sur lequel s’enchâssait une grosse perle blanche ; son poignet droit était cerclé d’un bracelet d’or massif, d’où pendait une chainette formée de sept petits triangles. Elle avait la peau légèrement bronzée, et un air alangui et rêveur que conservent les Orientales même dans notre active et trépidante Europe.

Elle semblait méditer, perdue dans un rêve, indifférente aux bruits et aux allées et venues des autres consommateurs, elle était enveloppée de la fumée de ses successives cigarettes dont les volutes montaient autour d’elle, comme de minces serpents nuageux. Un très fort parfum d’ambre émané d’elle, parvenait jusqu’à moi.

Cette femme me troubla beaucoup et me fit évoquer les villes féériques des vieilles civilisations disparues. Le café et le boulevard Montparnasse s’évanouirent soudain et dans une suite de précises visions, je fus transporté successivement dans Babylone et aux jardins suspendus, dans Thèbes au temples cyclopéens, dans Jérusalem aux salomonobiques [coquille, lire salomoniques] grandeurs, dans les villes persanes fleuries de roses et dans la fabuleuse capitale du royaume de Saba. Et dans toutes ces villes, des prêtres vêtus de blanc et coiffés de tiares, me faisaient pénétrer dans de mystérieux sanctuaires au fond desquels le dressait immobile, hiératique, élancée comme un grand lys pâle, la même déesse en laquelle je reconnaissais ma voisine brune.

Je fus soudain tiré de ma rêverie, l’étrange femme s’était levée, et passant devant moi, elle me regarda fixement. Je vis alors que ses yeux très grands, semblaient changer de couleur passant du bleu au noir et du noir au vert. Mon trouble s’accentua et j’éprouvais un indéfinissable malaise. L’inconnue, d’ailleurs, avait quitté la rangée des tables pour disparaître dans les remous du boulevard. *

J’étais en proie à une vive émotion quand le peintre Michonze me frappa sur l’épaule. Il venait d’arriver, accompagné d’un personnage aux allures bizarres, que j’avais remarqué bien souvent. Il s’assit à ma table et me dit en désignant son compagnon : « Cher ami, j’ai l’honneur de vous présenter Monseigneur Jean-Louis Valentin, évêque gnostique de Paris et mage par surcroît. »

Je m’inclinai, et cet assez démocratique prélat en complet veston me tendit la main à l’annulaire de laquelle brillait une énorme améthyste.

- Mon cher, dit Michonze à Valentin, si vous ne dédaignez pas le café crème, nous allons renouveler les consommations, et vous allez faire connaissance avec ce bon ami qui coupe comme vous dans les calembredaines de l’occultisme.

Je m’inclinai derechef et, tandis que le garçon s’empressait à servir, Valentin dit au peintre en souriant :

- Vous pouvez toujours railler les fils d’Hermès, n’empêche que vos toiles révèlent un visionnaire et vous êtes, à votre insu, un occultiste.