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"Mon enfance à Saint-Eugène – 1947-1962" est un récit empreint de nostalgie, où une Algérienne, marquée par la culture française, retrace les souvenirs de son enfance à Alger, avant l’indépendance. À travers des scènes de vie authentiques, l’auteure évoque des moments forts de son passé, tels que le rituel du bain maure ou la montée vers Notre-Dame-d’Afrique. Ce témoignage, porté par la douceur du souvenir, met en lumière une époque révolue, dont les traces indélébiles continuent de façonner son identité algéroise.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Fifi Titri a grandi à Saint-Eugène entre 1949 et 1962, partagée entre ses racines algériennes et la culture française. Professeure des écoles, elle a consacré sa vie à transmettre sa passion pour la langue française tout en valorisant ses origines. Son parcours reflète l’union de deux cultures, porté par la force de l’éducation.
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Seitenzahl: 45
Veröffentlichungsjahr: 2024
Fifi Titri
Mon enfance à Saint-Eugène
1947-1962
© Lys Bleu Éditions – Fifi Titri
ISBN : 979-10-422-4746-1
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Ce récit autobiographique, Mon enfance à Saint-Eugène, de l’auteure Fifi Titri ne retrace pas seulement son enfance, mais va bien au-delà. Il témoigne d’une page historique révolue, celle de l’Algérie française. Il est évident qu’en tant que fille de l’auteure, j’exprime toute la considération et la tendresse d’une fille envers sa mère, mais aussi les ressentis et perceptions de la génération d’après-guerre qui est la mienne, ayant connu une Algérie bien différente.
L’auteure, professeure des écoles, a enseigné le français durant toute sa carrière professionnelle. C’est ainsi que dans un style littéraire narratif, raffiné et vivant, elle décrit son enfance.
Une enfance bafouée et douloureuse qui ne l’a pas empêchée de trouver des ressources inestimables puisées au plus profond d’elle-même. Une enfance, aussi, où elle a pris le temps d’observer, de sentir, de percevoir et de goûter à une époque qui l’a nourrie et portée au-delà d’elle-même.
Dans une Algérie coloniale où l’on aurait pu imaginer des rapports inégaux et adverses entre Français et Algériens, elle raconte une cohabitation réussie et rendue possible grâce à cette intelligence relationnelle transmise par son grand-père Papa Hadj et dans le milieu bien sûr privilégié qui était le sien.
J’affectionne particulièrement le chapitre « les fastes étés de Saint-Eugène » où l’auteure décrit une ambiance méditerranéenne et où le narratif rivalise avec la toile réussie d’une artiste peintre. Il y a aussi les chapitres où elle évoque le rituel du puits et celui du bain maure, décrivant des moments authentiques de retrouvailles entre femmes, des moments d’antan où l’on prenait vraiment le temps… Les escapades familiales à Boghari, quant à elles, ne manquaient pas de chaleur et d’humanité.
Je peux affirmer, en tant que fille de l’auteure, que les qualités qui lui ont permis d’écrire sont certes littéraires, mais il lui a aussi fallu une certaine ferveur et une soif de vivre, un allant et un piment bien méditerranéen.
Je vous souhaite une bonne lecture de ce récit émouvant et authentique.
Mme Teskouk-Bischoff Amina,
Médecin et psychothérapeute,
Yvelines, le 19 août 2024
Je suis née dans une bourgade du Sud algérien, Ksar El Boukhari, nommée à l’époque coloniale Boghari, dans une famille de cinq enfants, dont trois garçons et deux filles.
Nous fûmes entourés d’une jolie maman, femme au foyer, et d’un papa au physique agréable avec un charisme imposant. Il travaillait dans le domaine de la justice comme clerc d’avocat.
Après quelques années, nous quittâmes Boghari pour nous installer à Médéa, à une centaine de kilomètres d’Alger, où mon père fut muté. Mon séjour à Médéa fut de courte durée, puisque, pour une raison que j’ignore encore, je fus adoptée par ma grand-mère. Ma pudeur et ma timidité ne m’ont jamais permis de poser des questions pour connaître la raison, tant j’avais peur de heurter la sensibilité de ma grand-mère, qui me cajolait et me prodiguait les soins d’un enfant unique.
Je fus donc dépêchée chez ma grand-mère à Alger, à l’époque de l’Algérie française. Ma grand-mère, que j’appelais « Yemma »1, avait la cinquantaine, plutôt boulotte et petite, elle traînait la jambe lorsqu’elle marchait à cause d’une vieille fracture mal soignée. Son mari, que je considérais comme mon grand-père, était un peu plus âgé. Il portait une barbe grisonnante, ses yeux exorbités trahissaient un visage durement éprouvé par les émanations de gaz qu’il aurait subies pendant la Première Guerre mondiale.
J’atterris donc chez ce couple quinquagénaire qui n’avait d’yeux que pour moi et dont le seul but était de veiller à mon éducation et de me rendre heureuse. Mais malgré leurs intentions bienveillantes, j’aurais préféré vivre dans mon milieu naturel, celui de ma famille, entourée de mes frères et sœurs. Heureusement, je n’étais pas complètement coupée des miens, et à la veille de toutes les vacances scolaires, mes grands-parents rendaient visite à leur progéniture. Ces pauses me permettaient de me ressourcer en amour filial.
C’était comme une fête au village, nous étions heureux de nous retrouver entre frères et sœurs, mais je n’ai pas le souvenir d’une maman très affectueuse à mon égard. Je la trouvais gentille, mais inaccessible. Par contre, ma tante paternelle, Yamina, me serrait très fort dans ses bras, me prenait les mains et me faisait tourner pour exprimer sa joie de me revoir, je l’adorais !
Mes grands-parents paternels n’habitaient pas loin et nous passions notre temps à faire des allers-retours dans une ambiance conviviale. Mon grand-père, le patriarche de la famille, avait sous sa coupe une flopée d’enfants, sa mère encore en vie et une sœur handicapée.