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Ce livre autobiographique résume les Souvenirs et fait le Bilan de 90 ans d'âge et de 60 ans de Vie Sacerdotale Joseph Nzembele Mutombo, né le 27 novembre 1927 dans la Vicariat Apostolique du Kasaï-Supérieur, ordonné prêtre en 1957 dans le Vicariat Apostolique de Luluabourg. Pour satisfaire les caprices de sa femme, un agent colonial Belge a fait tuer le papa de Mzee Nzembele, en sa présence. Le devenir de Nzembele, c'est le devenir d'un enfant rendu orphelin à l'âge de 10 ans, par la barbarie et l'impunité coloniales.
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Seitenzahl: 262
Veröffentlichungsjahr: 2020
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Vénérable Nzembele Mutombo,
MuNunu mu Congo-Zaire
Nous Vous félicitons,
Nous Vous disons de tout cœur : Merci !
Notre souhait est dans les deux derniers numéros de votre ISBN
Liminaire
par Mukulu Museka Ntumba
PREMIÈRE PARTIE :
RECIT AUTOBIOGRAPHIQUE
La Naissance
L’Ecole Primaire
Le Petit Seminaire
La Philosophie
La Théologie
En Stage
Un Stagiaire renvoyé
L’Ordination Sacerdotale
La Première Messe
Les Manistations Populaires
Présentation du nouveau Prêtre aux Chrétiens des Villages
La Réception du Jeune Prêtre à Kananga
L’Abbé JosephNzembele Mutombo à Kakenge
Le Nouveau Prêtre à Mweka
Quelques Réalisations du Ministère Sacerdotal de l’Abbé Joseph Nzembele
Mbulungu Saint Pierre : 16/ 08/ 1957–août 1960
Nganza Sainte Thérèse : août 1960 - août 1961
Le gardien fidèle de la Mission de Mashala Sainte Marie
Katende-Mashala-Muetshi : août 1961 – avril 1963
Le conseiller circonstanciel des sœurs de Saint Vincent de Paul
Assurer la bonne marche des écoles
Tshikula -Tshidimba pour la formation des Balami: avril 1963 - août 1963
Directeur du petit séminaire de Kabue : 1964 -1965
i) Demba Saint Pierre 1965 – 1975
Notre Dame Kananga : 1975 - 1985
Premier coordinateur de la pastorale diocésaine : 1976 – 1980
Fondateur du Renouveau charismatique : 1978
Cofondateur du Centre Kankala de Kananga : 1978
Encadreur du mouvement chrétien des veuves de Kananga : 1978
Nommé à la communaute chrétienne de Lubuyi Saint Sauveur : 1987
L’abbé pasteur
Conclusion
ANNEXES
Annexe 1
: Témoignage d’un petit frère prêtre, coparoissien de l’abbé Joseph Nzembele
Annexe 2
: Témoignage filial et reconnaissant de Monsieur Emile Tshishimbi Diyi, Premier Avocat Général de la RD Congo sur l’abbé Joseph Nzembele Mutombo
Annexe 3
: Faire-part Fond Abbé J. Nzembele MUTOMBO pour Maison Prêtres diocésains retraités
Annexe 4
: Documentation photographique
DEUXIÈME PARTIE :
CELEBRATION DU JUBILE SACERDOTAL D’OR
Les Vœux de Mgr. L’Archévêque
Le Films des festivités
2.1. Katende Saint François Xavier, 15/8/2007
2.2. Kananga
2.2.1) Journée sacerdotale du 31 août 2007
2.2.2) Témoignage de l’abbé P. Tshimbombo Mudiba sur son aîné prêtre, Abbé Nzembele Joseph, Jubilaire : „ Serviteur bon et fidèle » (Mt 24,21)
2.2.3) Témoignage de l’abbé Joachim Kadima sur l’abbé Jubilaire Joseph Nzembele : „ Mon Dieu, d’un cœur simple et joyeux, j’ai tout donné. »
2.2.4) Témoignage de l’abbé A. Makambu sur l’abbé Joseph Nzembele : « Tous frères » (Mt.23, 8)
2.2.5) Témoignage de l’abbé Hubert Nkole sur l’abbé Jubilaire Joseph Nzembele : „ Un Regard qui l’a croisé»
2.2.6) Témoignage de l’abbé Henri Tshipamba : „ Conviction sacerdotale : hommage au Révérend Abbé Jos Nzembele, jubilaire d’or »
2.2.7) Message de l’abbé Jubilaire Joseph Nzembele à ses petits frères prêtres
Messe d’Action de Grâce en l’Église, le 1er Sept. 2007
- Mot de l’Animateur du Clergé diocésain
Soirée Culturelle à Luluafilm
ANNEXES
Annexe 1
: Du premier prêtre du Kasayi à l’abbéJoseph Nzembele Mutombo
Annexe 2
: Répertoire des prêtres diocésains jubilaires de l’Archidiocèse de Kananga
Annexe 3
: Publications de l’abbé Nzembele
Annexe 4
: Textes originaux en tshiluba
Ku ndekelu wa misa
Muaku wa Muludiki wa Tshipangu Tshilongolodi tshia Tshibilu
Muaku wa Mukubi Mukulu wa Kananga, Tatu Marcel Madila
Mu tshialu tshia manaya
Muaku wa Tshiongo Tshibinkubula
Muaku wa Bernadette Ndaya Mayi-bungi
Muaku wa Monique Kande
Disekelela dia Abbé Nzembele mu Kananga
Muaku wa disekelela nawu tatu Abbé J. Nzembele
Mutombo, bua mufikilu wa bidimu 50 bia bunsaserdose buende, kudi Tshipangu Tshikulu tshia Paroisse Notre Dame
Kasala bua mufikilu wa mvula 50 mu busaserdose ya abbé Joseph Nzembele
Mukalenge Nzembele Mutombo Tshiteku : Muntu wa muoyo muimpe, muntu wa Maweja ne muntu wa mupimbu
, kudi Kabongo Nkishi
Annexe 5
: DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE
Festivités à Katende et à Kananga
Vénérable Mzee Nzembele Mutombo en 2020
Annexe 6 : Visite en images des lieux de formation de Mukulu Nzembele Mutombo,
par Mubabinge Bilolo wa Kaluka et Céline Bilolo
Patrie multiséculaire de la Famille Nzembele
Petit Séminaire de Kabwe
Grand Séminaire de Kabwe
Kabwe-Mission
Environnement : Mbulantampi, Chute Katempa/Katende et Lac Munkamba
15 août 1957 – 15 août 2007 : 50 ans de vie sacerdotale accomplis par l’aîné actuel du clergé diocésain de Kananga, l’abbé Joseph Nzembele Mutombo. Il s'agit d'une première absolue, ayant eu lieu au diocèse même, après feu l’abbé Jean Tshionza qui célébra son jubilé sacerdotal d'or en 2001, mais à Kinshasa où il était aumônier général de l'armée nationale.
En effet, avant Joseph Nzembele, septième de file sur la liste des prêtres diocésains de Luluabourg-Kananga depuis le début de l'évangélisation du Kasayi en 1891 et depuis l'ordination du premier prêtre kasayen, l’abbé Charles Mbuya, en 1934, tous les autres avant lui, sauf l’abbé Jean Tshionza susmentionné, ont manqué ce grand rendez-vous. Il s'agit des Abbés : Amandus Mukenyi, ordonné en 1940 et sorti du clergé, Jacques Kapanga, ordonné en 1943 et décédé 48 ans après, Louis Nyengele, ordonné en 1947 et sorti ensuite du clergé, Martin-Léonard Bakole wa Ilunga, ordonné en 1953 et décédé 47 ans après, enfin, François Kabangu wa Mutela, ordonné en 1956 et décédé 39 ans après.
L’événement était donc de taille et l’Archidiocèse de Kananga s’est voulu à la hauteur. La paroisse de Katende Saint François Xavier, lieu de la double naissance - à la vie et au sacerdoce ministériel - du jubilaire Joseph Nzembele, ouvrit les festivités le jour même d’anniversaire : le 15 août 2007. Puis, le 1er septembre 2007 vint le tour de Kananga, chef-lieu du diocèse : journée sacerdotale, la veille, au Centre Thabor, avec une conférence spirituelle donnée par l’abbé Zacharie Beya, des témoignages de prêtres ayant connu de près l’abbé Nzembele à un moment ou à un autre de leur vie, un message du jubilaire lui-même à ses jeunes frères dans le sacerdoce ainsi qu'un repas de fête en commun pour clôturer la journée en beauté. Le lendemain, messe solennelle en l'église Notre Dame, présidée par le jubilaire entouré d'une soixantaine de ses confrères, sous assistance de Mgr l'Archevêque et, enfin, soirée culturelle à Luluafilm, agrémentée de belle manière. D'autres célébrations plus restreintes continuèrent, par après, de prolonger la joie de l'événement.
Et, pour que cette grâce particulière du jubilé sacerdotal d’or reçue par l’Archidiocèse ne s’envole pas sans laisser de traces dans les mémoires, le Centre diocésain des archives (C.D.A.), publie cette plaquette dont il laisse au lecteur le plaisir de découvrir la riche teneur, depuis les vœux de Mgr l’Archevêque pour la circonstance jusqu’aux photos souvenir, en passant par ce que l’abbé Nzembele lui-même a appelé ses „ Actes des Apôtres », c’est-à-dire, le récit autobiographique de sa trajectoire en ce monde, de la naissance à son jubilé sacerdotal d’or.
On y découvrira avec délice et agréable surprise combien l’homme qui a ainsi mérité l’hommage unanime de son Archevêque, de ses jeunes confrères, des chrétiens de l’Archidiocèse et de tant d’autres hommes et femmes ayant croisé son chemin, a marqué et continue à marquer - qu’il plaise à Dieu, encore pour longtemps - l’histoire de notre Eglise locale de ses hautes qualités humaines et chrétiennes dont - chose frappante – parlait déjà avec éloge un document d’archives daté du 27 novembre 1948.
En effet, dans ce document intitulé : „ QUELQUES NOTES SUR LES RHETORICIENS DU VICARIAT DU HAUT KASAI. – NOV. 1948 » et signé par le directeur du Petit Séminaire d’alors, le Révérend Père Georges Van Hooff, comme rapport annuel sur les petits séminaristes finalistes de Kabue, adressé à leurs Evêques respectifs, il se trouve écrit exactement ceci sur Joseph Nzembele : „ Caractère : un des meilleurs que j’ai connus jusqu’ici au petit séminaire : généreux, très sincère, simple, soumis à tous ses professeurs sans distinction, sincèrement pieux sans la moindre ostentation, zélé au travail aussi bien intellectuel que manuel, estimé par tous, professeurs et condisciples. Vraiment un élément sérieux ».
Voilà qui pourrait constituer, en quelques mots, depuis cette lointaine année 1948, la synthèse de toute la vie de notre jubilaire et le fil conducteur de tout son apostolat au service du peuple de Dieu. Puisse-t-il demeurer, avec la grâce du Seigneur, une permanente source d’inspiration pour toutes les générations présentes et à venir de ses confrères prêtres et de ses co-diocésains.
La présente publication comporte deux parties :
le récit autobiographique
de l’abbé Joseph Nzembele lui-même avec, en annexe, les textes originaux en langue luba, quelques statistiques et témoignages supplémentaires, une notice bibliographique de ses publications, sans oublier une documentation photographique illustrative ;
la célébration proprement dite du jubilé d’or aussi bien à la Paroisse Katende Saint François-Xavier, le 15 août 2007, qu’à Kananga, le 1
er
septembre 2007.
Comme par une délicatesse imprévisible de Dieu, le retard de la publication de ce livre s’est prolongé jusqu’en l’an 2017, exactement l’année du glorieux 60è anniversaire de prêtrise, le 15 août 2017, de l’abbé Joseph Nzembele Mutombo et l’année de son 90è anniversaire de naissance, afin que notre émerveillement, notre action de grâce au Seigneur, nos félicitations et remerciements sincères à notre aîné soient encore plus vibrants.
Puisse le lecteur tirer le plus grand profit de toute la richesse que renferme cette vie exemplaire.
L. Museka
Directeur du Centre Diocésain des Archives
Nous fêtons aujourd’hui les 50 ans de vie sacerdotale de l’abbé Joseph Nzembele Mutombo. Tout naturellement, nous avons, sans doute, envie de savoir quelque chose de sa vie, mais surtout le récit de son appel au sacerdoce et de son ministère pastoral.
L’abbé Joseph Nzembele Mutombo est né le 27 novembre 1927, au village de Bakua Maayi, dans le territoire de Dimbelenge, dans la mission de Katende Saint-François Xavier, du père Mutombo et de la mère Ngalula wa Ngoyi.
Sa jeunesse fut fort éprouvée : à six ans, il perdit sa mère dans un accident de pirogue, lorsque celle-ci se renversa alors qu’elle revenait du marché. Elle mourut noyée et son corps fut repêché et ramené au village pour l’enterrement. Quatre ans plus tard, c’était le tour de son père qui mourut, non d’une quelconque maladie, mais suite aux coups et blessures reçus des policiers d’un agent territorial belge qui se promenait en voiture avec sa femme sur la route publique dans le village de papa Mutombo. Son véhicule entra dans un trou, son épouse en fut secouée et commença à pleurer. L’agent territorial belge arrêta son véhicule et sortit en colère pour venger les larmes de sa femme ; il cherchait pour cela un bouc émissaire parmi les habitants du village, mais ceux-ci s’étaient enfuis en brousse, sauf papa Mutombo qui, lui, s’approcha du véhicule avec l’intention d’apporter son aide, si nécessité il y avait. Il fut surpris d’entendre l’agent territorial donner à ses policiers l’ordre de se saisir de lui et de le battre, lui qui n’était ni cantonnier ni chef du village ni responsable de l’entretien de la route ! Les policiers obéirent à leur chef et, pour lui plaire, ils battirent la victime jusqu’au sang, le laissant à demi-mort par terre. Toute cette scène macabre se passa sous les yeux du petit Nzembele, tout en pleurs à la vue de son père couvert de sang et gisant à terre, alors qu’il n’était en mesure ni de le défendre ni de le venger.
Lorsque les bourreaux furent partis, quelques personnes du village arrivèrent pour transporter le blessé et le ramener à sa maison. A cette époque, c’est-à-dire en 1937, il n’y avait au village ni infirmier, ni dispensaire, ni centre de santé, ni hôpital ni pharmacie, ni ambulance, dans les environs ; aucun médicament donc pour soigner le malade. Entretemps, son état de santé empirait ; il était condamné à mourir. Effectivement deux semaines après, il rendit l’âme au milieu de souffrances atroces. Le petit Nzembele devint, ce jour-là même, à l’âge de 10 ans, orphelin de mère et de père. Et l’on connaît la situation des orphelins dans les villages. Dans sa famille ou son clan, personne n’osait se présenter comme son tuteur ou son responsable et le petit Nzembele semblait condamné à vivoter dans son village, sans un point d’ancrage. Son avenir semblait bien hypothéqué et sans issue ; il perdit tout espoir d’une vie meilleure, car, sur qui allait-il compter à cet effet ?
Mais, dans tout ce qui était arrivé à ce jeune homme, Dieu ne l’avait pas abandonné et c’est lui seul qui allait résoudre son problème et s’occuper de son avenir à travers certains personnages providentiellement choisis par lui-même. Le premier de ces personnages fut le père Henri Bogaerts, missionnaire de Scheut, vicaire à la mission de Katende. Les visites pastorales de ce père, son dévouement, sa charité envers les malheureux, ses sermons durant la messe, ses bons conseils au moment du sacrement de la réconciliation suscitèrent dans le cœur du jeune orphelin Nzembele Mutombo des sentiments d’estime et d’attirance à son égard et à l’égard de son travail d’apostolat ainsi que le désir de l’imiter dans le service des autres. C’est là le début de l’appel à la vocation religieuse, qui grandira de jour en jour jusqu’à sa réalisation selon le plan de Dieu. A cet effet, soulignons, en passant, le rôle capital du témoignage des prêtres dans leur ministère.
Le deuxième personnage, choisi par Dieu pour aider, à sa place, le jeune orphelin Nzembele, fut le catéchiste même de son village. Il s’appelait Biduaya Clément : un nom inoubliable. Comment oublier le nom de son père dans la foi, de son père spirituel ? C’est ce catéchiste qui a initié le petit Nzembele à la foi chrétienne, c’est lui qui lui a donné les leçons de catéchisme, qui lui a appris à faire le signe de croix, les prières du chrétien, les habitudes et le comportement chrétiens ; bref, il lui a ouvert le chemin du salut et fit de lui un homme nouveau, un croyant en Jésus-Christ. C’est le même catéchiste qui lui a appris à lire, écrire, calculer, etc. Sa première année primaire est l’œuvre de cet homme de Dieu, Biduaya Clément, qui a fourni en 1936 toute la formation de base au petit Nzembele Mutombo. Voilà qui permet ici aussi d’affirmer avec force l’importance du rôle des catéchistes dans l’Eglise.
Le troisième personnage fut monsieur Honoré Kande Madimba, élève en 2ième année de l’école normale de Mikalayi. Il était du clan et du même village que le petit Nzembele. Il employait son temps des vacances pour faire de l’apostolat auprès des enfants et des jeunes de son village. Il les réunissait de temps en temps soit pour leur partager la parole de Dieu soit pour leur apprendre des chants liturgiques en vue de les préparer à bien célébrer les grandes fêtes de l’Eglise comme Noël et Pâques surtout. Il avait une attention spéciale pour le petit Nzembele à qui il prodiguait quelques conseils sur la vie religieuse et sur le goût d’étudier et de s’instruire. Il invita le jeune orphelin Nzembele à aller à l’école car, dit-on dans nos milieux, l’école „ mbakisha-a-nshiye », c’est-à-dire, l’école aide les orphelins à se marier. Dans les villages, on le sait, les orphelins sont négligés et restent souvent d’éternels célibataires, car personne ne leur donne la dot pour qu’ils se marient. Le petit Nzembele suivra à la lettre ce conseil de son grand frère Honoré Kande concernant l’école et c’est par l’école qu’il se prépara un avenir meilleur.
Deux mois après la mort de son père, le petit Nzembele rentre en classe pour terminer sa première année primaire. Ce n’est qu’alors qu’il se décidera de quitter définitivement son village pour aller continuer ses études ailleurs.
Il partit à Kananga où il y avait plus de possibilités et où se trouvait déjà une de ses tantes paternelles chez qui il pouvait habiter parce que non loin de l’école primaire Saint Clément à laquelle il s’inscrivit, car c’était une bonne école, disciplinée, dotée de bons enseignants et très peuplée. Il s’y fit des amis intimes auprès desquels il restait longtemps et y séjourna quatre ans durant.
Le directeur de cette école, c’était un prêtre, le Père Joseph Rollen, missionnaire belge de Scheut. Il aimait beaucoup ses élèves. A maintes reprises, il leur parlait des choses de Dieu et de la vie religieuse. Il aurait voulu que tous deviennent des saints. Il était très fier de son petit séminariste, Bakole wa Ilunga, futur archevêque de Kananga. Il parlait de lui avec éloges comme pour nous recommander de le suivre. Par tous les moyens, il cherchait des hommes modèles à leur proposer. C’est ainsi qu’un jour, à l’occasion de la visite de l’abbé Charles Mbuya, premier prêtre diocésain du Kasaï, à la mission Saint Clément en 1940, il l’invita à venir voir son école pour que ses élèves le voient et le connaissent aussi. L’Abbé accepta volontiers l’invitation. Tous les deux se mirent en route vers l’école. A leur arrivée sur la cour de l’école, ils furent salués par des applaudissements retentissants des deux mille élèves présents ; tout de suite, le père directeur s’avança devant l’assemblée pour présenter l’abbé à ses élèves en ces termes suggestifs : „ mes chers élèves, voici votre premier prêtre noir ; il est comme nous ; mais hélas, il est encore seul ». Ces paroles pénétrèrent profondément dans le cœur de tous les élèves et dans le cœur du petit Nzembele aussi. Elles suscitèrent en tous le désir de devenir aussi prêtre comme l’abbé Mbuya Charles. Trois élèves posèrent immédiatement leur candidature pour aller au séminaire en vue de se faire prêtre. C’était : Nzembele Joseph, Kashala Grégoire et Théophile Mpinganyayi. Le père directeur accepta leur candidature après avoir fait des enquêtes. Leurs noms furent communiqués à toute l’école et toute la communauté paroissiale pour que tout le monde puisse soutenir ces candidats par les prières, les encadrer et les suivre pendant ce temps d’attente où ils étaient considérés comme des jeunes en stage.
Le sacerdoce est un état de vie sérieux et ceux qui veulent y entrer doivent être eux-mêmes sérieux. Même notre premier prêtre du Kasaï a été, raconte-t-on, éprouvé par les missionnaires. Ceux-ci, en pleine nuit obscure, l’auraient amené et abandonné seul au cimetière pour voir s’il avait encore dans son cœur des croyances non-chrétiennes ! Selon cette rumeur répandue partout, l’instituteur de la cinquième primaire du petit Nzembele, du nom de Kanyinda Joseph, voulut aussi éprouver son élève. Voici l’épreuve : l’enseignant Kanyinda Joseph avait son champ au-delà du cimetière de l’hôpital général de Kananga. A l’aller comme au retour, on traversait le cimetière. Un jour, après la classe de l’après-midi, vers 17h00’, l’enseignant demanda à son élève Nzembele de l’accompagner à son champ ; l’élève accepta ; ils partirent ensemble, traversèrent le cimetière et arrivèrent enfin au champ de l’instituteur. Celui-ci se mit à travailler tandis que son élève se tenait debout sans rien faire. Entretemps il commençait à faire obscur et la nuit tombait. C’est en ce moment-là que l’instituteur demanda à son élève s'il pouvait rentrer seul à la maison pendant qu’il continuerait encore à travailler ! Le petit Nzembele lui répondit : „ oui ». Il dit au revoir à son maître et se mit sur la route du retour en traversant tout seul le cimetière la nuit tombée ; il passa ainsi positivement l’épreuve et montra par là qu’il était un candidat sérieux au sacerdoce et qu’il méritait donc d’aller au séminaire.
A la date fixée par le père directeur de l’école primaire Saint Clément, les trois candidats séminaristes retournèrent chez lui pour recevoir une lettre de recommandation adressée au père responsable du petit séminaire ; mais avant de se mettre en route, ils devaient aller se présenter chez le curé de la mission Saint Clément pour recevoir sa bénédiction. Et le 21 décembre 1941, dans la matinée, ils prirent la route du petit séminaire de Kabue où ils arrivèrent, aux heures de l’après-midi, devant la porte du père directeur, Léon Tremmery, qui les accueillit avec joie et sourire avant de les amener rejoindre les autres, anciens et nouveaux, assis dans la salle de récréation.
Selon le calendrier d’alors, tous les nouveaux candidats petits séminaristes devaient être entrés au séminaire avant le 25 décembre pour qu’anciens et nouveaux puissent célébrer ensemble la fête de Noël et être ainsi prêts à commencer l’année civile nouvelle qui correspondait en ce moment-là à l’année scolaire aussi. C’est pourquoi toutes les missions envoyèrent en temps utile leurs candidats et, au total, pour l’année scolaire 1942, on comptait 56 candidats. Ceux-ci furent divisés en deux groupes, car à l’année scolaire 1942, le petit séminaire avait décidé d’ajouter à ses classes la septième préparatoire. La sélection se fit de cette manière : le directeur du petit séminaire appela les nouveaux dehors, en plein air ; les plaça en ligne selon leur taille. En partant des plus grands de taille, il en choisit 32 destinés à la sixième latine tandis que les autres 24 plus petits, parmi lesquels Nzembele Mutombo, furent désignés pour la septième préparatoire. De ces vingt quatre, selon les desseins insondables de Dieu, seul Nzembele devint prêtre.
L’année scolaire s’ouvrit au jour prévu et la vie normale du séminaire aussi, vie vraiment agréable, il faut l’avouer, où l’on étudie bien et dans de bonnes conditions, où l’on mange à sa faim et où l’on est soigné lorsqu’on tombe malade. Mais la priorité des priorités, c’est la vie spirituelle : la messe quotidienne, les exercices spirituels, le chapelet, l’adoration du Saint Sacrement, la lecture spirituelle, la lecture de la bible, etc. Et pourtant, il y avait quelque chose de moins bon qui dérangeait les esprits et ne les laissait pas tranquilles : c’est le renvoi massif et trop fréquent des séminaristes dans des conditions dégradantes où les noms des renvoyés étaient lus à haute voix, devant la porte de la chapelle, en présence de tous les séminaristes au sortir de la messe. Il arrivait que, pris de panique, certains allaient se cacher dans les W.C. pour échapper au renvoi ! Quelle scène ! Ces renvois avaient parfois pour cause une petite faute de jeunesse que le prêtre, prédicateur de la patience, du support et du pardon, aurait pu pardonner et supporter pour prouver qu’il n’oubliait pas toutes ces vertus qu’il prêchait chaque jour aux séminaristes dans la méditation du matin ! Les exemples de cette pratique répréhensible sont légion, les citer tous serait trop long.
Le jeune Nzembele est entré au petit séminaire avec, comme déjà mentionné, deux collègues de sa mission Saint Clément et ils formaient ainsi leur petit groupe de trois. Le premier de ce groupe, Kashala Grégoire, fut renvoyé après 3 ans passés au séminaire, le deuxième, Mpinganyayi Théophile, tomba gravement malade de cirrhose de foie ; le directeur du petit séminaire, le père Léon Tremmery, décida de l’amener à l’hôpital lui-même en personne pour ne pas risquer de perdre un séminariste de si grande valeur.
Pour l’accompagner dans ce voyage, il choisit trois séminaristes : Nkongolo Emile, de Bunkonde, où se trouvait l’hôpital, Kabangu François, de la même classe que le malade et Nzembele Joseph, de la même mission que lui. En cours de route, ils connurent une panne de crevaison de pneu. De peur de voir mourir le malade pendant que l’on réparait ce pneu, le directeur préféra poursuivre le voyage avec un pneu crevé jusqu’à l’hôpital de Bunkonde où le malade arriva encore en vie. Le docteur Cochau, responsable de l’hôpital de Bunkonde, l’hospitalisa et lui donna une chambre où ses gardes pouvaient trouver place. Au bout d’une semaine de soins, toujours pas d’amélioration ; au contraire, le malade attrapa une autre maladie, contagieuse celle-là : la tuberculose et le docteur avertit ses gardes d’éviter de dormir dans la même chambre que lui. Les autres compagnons, Nkongolo et Kabangu, suivirent ce conseil pour protéger leur santé, tandis que le séminariste Nzembele, lui, continua à habiter et dormir dans la même chambre que le malade à ses risques et périls et au grand étonnement du docteur. Celui-ci lui demanda, d’ailleurs, d’écrire au père directeur de venir chercher son séminariste malade, car, à son avis, sauf miracle, la guérison était impossible. Tous les missionnaires connaissaient très bien la compétence du docteur Cochau de Bunkonde et avaient confiance dans ce qu’il disait. S’il a déclaré la maladie incurable, elle devait l’être sans conteste.
Le séminariste Nzembele écrivit donc au directeur, comme demandé par le docteur et le directeur vint effectivement reprendre le malade avec ses gardes pour les ramener à Kabue. Il fut directement placé à l’infirmerie et beaucoup de séminaristes accoururent pour le saluer et le voir. A la même occasion, le père directeur demanda des séminaristes volontaires pour garder et dormir avec le malade ; mais personne ne se présenta car on le jugeait pratiquement déjà mort et on avait peur de la mort. Le séminariste Nzembele demanda alors au directeur de ne plus se soucier de ce problème car il allait lui-même continuer à le garder et à dormir avec lui comme il l’avait fait à l’hôpital de Bunkonde. Et il en fut ainsi.
Entretemps, le père directeur avait reçu de ses supérieurs la permission d’aller en congé en Europe et son remplaçant, le père Georges Van Hoff, était en route. En attendant donc l’arrivée du nouveau directeur, il vint tenir compagnie au séminariste Nzembele pour veiller auprès du malade et lui dire au revoir : un geste très émouvant, de grande sensibilité humaine et chrétienne, au moment difficile de la séparation.
Le lendemain, le nouveau directeur arriva et l’ancien partit. Deux ou trois jours après son arrivée, il vint aussi voir le malade et veiller auprès de lui ensemble avec le séminariste Nzembele. Il s’informa sur ce que le docteur de Bunkonde avait dit et, au vu de l’état de santé du malade, il décida de faire venir un autre médecin, le docteur Pourbaix de Mikalayi. Il lui demanda d’amener le malade à son hôpital à Mikalayi et de l’opérer s’il le fallait. Le docteur Pourbaix amena à Mikalayi le malade tout seul, sans quelqu’un de sa communauté, sans quelqu’un de sa famille pour le garder, au grand regret des séminaristes.
Manifestement, dans l’état où était le malade, personne ne pouvait accepter qu’il soit opéré ; le docteur Cochau de Bunkonde l’avait justement évité et si le docteur Pourbaix l’a fait, ce fut sûrement pour se débarrasser du malade et accélérer sa mort selon, sans doute, la demande et le souhait du nouveau directeur. Le docteur Pourbaix se mit donc à opérer le malade et ce qui devait arriver arriva : Théophile Mpinganyayi mourut pendant l’opération et fut enterré par des inconnus, sans personne pour le pleurer, ni de son séminaire ni de sa famille biologique : mort triste, mort malheureuse, mort indigne, que ce séminariste ne méritait pas. Aux yeux de tous les séminaristes, le nouveau père directeur parut, par ce geste, avoir bien mal commencé son mandat ! Il ne leur inspirait pas confiance au vu de ce qu’il avait déjà fait depuis qu’il était arrivé.
Tout ceci se passe après la fête de Pâques de 1946. Durant cette même année, un séminariste finaliste de sixième année quitte le séminaire. Il était surveillant à la cuisine des séminaristes. Etre surveillant était une grande fonction, réservée aux séminaristes des deux classes supérieures, la poésie et surtout la rhétorique. Le nouveau directeur, sans tenir compte de cette tradition, nomme un séminariste de troisième latine comme surveillant. Cette désignation, au mépris de la coutume, ne pouvait que créer un conflit, une mésentente parmi les étudiants. Heureusement, les séminaristes des trois classes concernées étaient assez sages ; ils acceptèrent avec humilité la décision et rien de fâcheux n’arriva. Ce séminariste de troisième année nommé surveillant, c’était le séminariste Nzembele, qui fut, d’ailleurs maintenu encore à ce même poste l’année suivante et sera ainsi surveillant presque deux ans, à la satisfaction de tous.
Mais, en 1948, il y aura une petite crise entre le nouveau père directeur Georges Van Hoff et les séminaristes finalistes de la rhétorique. A l’origine de la crise, le comportement du directeur qui ne satisfaisait pas les séminaristes en général. Des critiques amères étaient lancées à son endroit. En voici un exemple : un jour, vers 13h30’, le directeur s’était rendu à la chapelle incognito pour prier son bréviaire. La porte de la chapelle était close, le séminariste de rhétorique, Joseph Nzembele, entra aussi dans la chapelle, non pour prier, mais pour prendre le réveil et sonner quand il serait temps pour les exercices spirituels de l’après-midi. Entretemps, au-dehors arrivent trois séminaristes de rhétorique, revenant de la rivière où ils étaient partis se laver ; comme ensorcelés, ils s’arrêtent tout juste en face de la porte fermée de la chapelle, sans savoir qui était à l’intérieur ; croyant les pères à la sieste, ils se livrent à la critique du directeur à haute voix. Analysant toutes ses activités, ils les qualifient de nulles. Toutes ces critiques perturbèrent la prière du père et lui inspirèrent des sentiments de vengeance, inadmissibles pour un disciple de Jésus. Lorsque le séminariste Nzembele voulut sortir de la chapelle en ce moment-là, le père l’en empêcha, car il voulait entendre toutes ces critiques jusqu’à la fin. Et quand il eut tout entendu, il se leva doucement, sans le moindre bruit, ouvrit la porte de la chapelle afin de surprendre et d’attraper les critiqueurs en flagrant délit.
En le voyant, ceux-ci s’enfuirent à toutes jambes et allèrent se cacher à l’intérieur du dortoir, non loin de la chapelle. Lorsque le séminariste Nzembele, qui était à la chapelle avec le père, sortit à son tour, ils accoururent vers lui pour se renseigner si le père avait entendu leurs propos; il leur répondit que oui et qu’il avait vu aussi leur fuite en catastrophe ! Après les exercices spirituels de l’après-midi, le père directeur envoya le président lui chercher les séminaristes critiqueurs l’un après l’autre. Immédiatement il renvoya deux d’entre eux : Mukuna Evariste et Lubamba Trudon. Il leur donna l’ordre de quitter le séminaire ce soir-là même. Le troisième séminariste critiqueur, lui, ne fut pas renvoyé. Ce renvoi sous le coup de la colère et de la vengeance était une décision du père directeur seul, à l’insu du conseil du séminaire. Avec ce renvoi, la classe de rhétorique ne compta plus que trois étudiants et un climat de peur, de méfiance et d’inquiétude régna pendant un certain temps au sein du séminaire.
Après deux mois environ, la vie revint à la normale et l’on se mit à préparer le départ des trois finalistes au grand séminaire de Kabue. L’année scolaire 1948 est terminée. Les séminaristes finalistes ont terminé leurs humanités, ils vont partir au grand séminaire. Le père directeur procéda à la nomination des nouveaux élèves responsables des services du séminaire, puisque les anciens responsables, finalistes, d’office démissionnaires, se préparaient à quitter cet institut qui leur était cher et qui les avait vu grandir sept années durant.
Le directeur fixa le jour des adieux et de leur départ vers le grand séminaire. Ce jour-là, tous les petits séminaristes se mirent en route pour accompagner leurs 3 finalistes jusqu’au grand séminaire, dont le recteur, le père Georges Kettel, sortit pour les accueillir avec joie et les envoyer rejoindre leurs aînés dans la communauté.
Continuant à suivre le petit Nzembele dans son voyage entrepris depuis sa jeunesse vers le sacerdoce, nous le voyons aujourd’hui en philosophie, en compagnie de 9 collègues de classe ; au total, ils sont dix pour entamer la première année de philosophie : trois de Kabue, lui-même inclus, cinq de Boma et deux de Lisala. La vie commune, même au grand séminaire, leur sera difficile au début, mais peu à peu, au fil des jours, ils deviendront des amis.