Mystique - Tome 2 - Francine Labrecque - E-Book

Mystique - Tome 2 E-Book

Francine Labrecque

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Beschreibung

La mort d’Adèle avait ébranlé tous les amis et, pour la première fois, éloigné Jared de Gabriel. Grace étaient toujours prise entre les deux ne sachant toujours pas à qui donner son cœur.

Pour les anges et les démons, les miroirs servaient de portails pour passer d’une partie du monde à une autre. C’est de cette façon que Jared, Gabriel et Grace se retrouvèrent au Tibet malgré eux. Maintenant, la vie de Grace était mise en danger par les démons qui avaient pris d’assaut un monastère tibétain au plus haut d’une montagne. Sa vie était directement liée à une grande cérémonie satanique qui devait libérer une ancienne déesse de sa prison en Enfer. Est-ce que Gabriel et Jared seront capables d’arriver à temps pour sauver la jeune femme qu’ils aiment ?



À PROPOS DE L'AUTEURE

Francine Labrecque écrit du fantastique, de la science-fiction, des contes et légendes, et de l'horreur. Elle a étudié à l'Institut national de l'image et du son à Montréal à titre d'auteure télé, et en Création littéraire à l'Université du Québec à Montréal. Elle écrit aussi pour la télévision et le cinéma.

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Mystique

Tome II

Chaos

Romance surnaturelle

Image : Adobe stock

Illustration graphique : Graph’L

Éditions Art en Mots

Chapitre 1

Il y a maintenant trois jours qu’Adèle avait perdu la vie dans des circonstances plutôt suspectes. Jared avait appelé la police après que Gabriel se soit enfui, mais ne leur dit jamais que ce dernier était responsable de sa mort. Les policiers, trop ancrés dans leur rationalité, ne pourraient comprendre ce qui s’était vraiment passé ni croire à une histoire pareille. Aussi, il était peu probable qu’une prison garde Gabriel captif. Les démons ne laisseraient pas un des leurs pourrir derrière les barreaux.

Aujourd’hui, sous un soleil d’automne, un groupe se recueillait près de la fosse familiale où le cercueil d’Adèle reposait. Tous étaient habillés de noir pour l’occasion, sauf pour Maeven qui voulait dénoncer la brutalité avec laquelle sa sœur avait été tuée. Vêtue de rouge de la tête aux pieds, elle personnifiait le sang versé inutilement. Jared, qui avait fait face à Gabriel lors de ce malheureux événement, lui avait raconté l’accident : lors de leur affrontement, hors de lui, Gabriel avait poussé Adèle qui était tombée tête première contre un bloc de ciment. Morte sur le coup, elle n’avait pas souffert. Pourtant, Maeven connaissait Gabriel depuis le primaire et elle n’arrivait pas à comprendre ce qui s’était réellement passé. Jared non plus ne savait pas pourquoi Gabriel avait attaqué Grace dans la ruelle. Il lui était difficile de penser que son meilleur ami soit responsable d’un acte d’une telle violence et ait mis la vie de Grace en danger. Adèle s’était mise entre les deux pour protéger Grace et elle avait été la malheureuse victime d’une situation qui avait dégénéré. Depuis ce jour, personne n’avait revu Gabriel.

Maeven semblait impassible, debout devant la fosse. Elle s’était promis de ne pas pleurer avant de connaître la vérité sur la mort de sa sœur. Comme c’était son habitude, ses yeux étaient largement maquillés de noir, ce qui faisait ressortir leur beauté, et elle portait un rouge à lèvres de couleur « sang brillant ». Elle se pencha sur la fosse et examina un instant le cercueil tout au fond. Elle esquissa un sourire en voyant la croix sur le couvert de bois en pensant qu’Adèle était païenne et pratiquait la magie blanche, la Wicca, la religion des sorcières. C’était une religion qui honorait la terre et la nature, et qui avait été maintes fois persécutée par les religions chrétiennes et catholiques au fil des siècles. Mais Maeven préférait ne pas choquer les gens du village et laisser sa sœur reposer en paix. Comme elles n’avaient pas de famille, il n’y avait pas eu de célébration à l’église, et elle avait choisi le cercueil qui était fabriqué de bois de merisier verni et d’armatures argentées. À cette heure du jour, la tombe étincelait sous les rayons du soleil qui pénétraient jusqu’au plus profond de la fosse.

Maeven donna un baiser sur la rose blanche qu’elle tenait et la laissa ensuite tomber sur la tombe. Ty, qui avait été à ses côtés depuis la nouvelle de la tragédie, fit de même. Chacun à leur tour, les autres amis posèrent le même geste pour rendre hommage à Adèle. Jared et Grace furent les derniers à lancer une fleur dans la fosse, suivis de près de Laurence. Tous quittèrent ensuite le cimetière bordant la petite rivière qui traversait et divisait le village en deux. Seule une silhouette demeura sur place, cachée derrière un chêne, qui les observait s’éloigner. Personne ne remarqua sa présence.

Pendant ce temps, au sous-sol de la petite église du Sacré-Cœur, Gabriel était couché, torse nu, sur une grande table. Un des jeunes acolytes de Victor s’affairait à tatouer un symbole occulte sur le devant de son épaule droite. Assis tout près, Victor souriait en observant la scène, fier de son nouveau protégé qui s’était mérité un tel honneur. De tous les démons qu’il avait mentorés, Gabriel s’avérait déjà une réussite pour leur camp. Au lieu d’encre, le tatouage était fait de sang frais et allait marquer la première mort dont Gabriel était responsable.

Mais Gabriel n’avait pas grands souvenirs de ce jour fatidique. Il se rappelait le dîner avec Grace au restaurant Le Méchant canard, qu’ils avaient eu du plaisir à discuter de tout et de rien, qu’il avait été charmé par elle, et elle, par lui. Aussi, un baiser passionné dans l’auto, et puis plus rien, le néant. Il avait pris deux verres de vin pendant le repas, mais pas assez pour perdre complètement la tête.

Tout ce qu’il se rappelait, c’est qu’il s’était retrouvé chez lui, dans sa chambre, trempé jusqu’aux os et le visage en sang. Il avait alors eu le sentiment que quelque chose n’allait pas, qu’un malheur était arrivé. Quelques heures plus tard, il apprenait d’un ami qu’on avait retrouvé le corps d’Adèle dans la ruelle où il s’était stationné avec Grace ce soir-là. Il était clair que Grace et Jared n’avaient rien dit à son sujet, et la police ne fit jamais le lien avec sa voiture laissée dans la ruelle et lui. Les policiers crurent plutôt que la jeune femme avait été attaquée par un truand et que sa mort avait été accidentelle. Malgré un sentiment de regret et de culpabilité, Gabriel n’avait aucune idée à quel point les choses avaient dégénéré avec Jared.

C’est Victor qui lui avait dit qu’il était responsable de la mort d’Adèle sans savoir que Gabriel était alors sous le charme magique de Charlotte. Cette dernière, jalouse de l’attention qu’il portait à Grace, l’avait ensorcelé. Copains depuis l’enfance, Gabriel ignorait que Charlotte était une initiée de magie noire.

Maintenant corrompu par la mort d’une innocente, Gabriel se sentit incapable d’assister aux funérailles ni de faire face à ses amis. Il se réfugia donc à l’église du Sacré-Cœur pour quelques jours.

Le tatoueur terminait sur son épaule un symbole qui combinait un chapelet entourant une croix fine et détaillée ainsi que des ailes rouges en arrière. Tous ces signes étaient reliés au christianisme, mais lorsque mis ensemble, ils formaient une croix inversée. Son allégeance étant maintenant au mal, il ne pouvait en être autrement. Son tatouage terminé, Gabriel revêtit sa chemise et replaça ses boucles blondes qui tombaient sur ses yeux bleus verts.

— Je suis fier de vous, Gabriel, fit Victor en se levant et en passant son bras autour de ses épaules.

— Il est temps pour moi de retourner à la maison. Les funérailles ont lieu aujourd’hui.

— Oui, oui, sans problème. Votre mère n’était pas trop inquiète, j’espère ?

— Je lui ai dit que je passais le week-end chez un ami.

— Je suis flatté.

— J’ai menti.

— C’est une de vos qualités, mon ami. Vous êtes l’un des nôtres, après tout…

Gabriel sentit son cœur se déchirer en réalisant à quel monde il appartenait maintenant. Quelques jours passés avec Victor et ses autres apprentis, et il était clair qu’on attendait beaucoup de lui, qu’il avait en lui les éléments qui en feraient un démon redoutable. Il lui avait toujours été facile d’utiliser la fourberie pour séduire les filles, les amener à lui, les utiliser, puis les quitter. Gabriel avait une telle aisance à mentir qu’on lui pardonnait tout volontiers. Son sourire séduisant et ses magnifiques yeux rieurs faisaient craquer ses conquêtes, même lorsqu’il mettait un terme à leur relation. De ses amis aussi, il obtenait tout ce qu’il désirait. Mais il ne s’était jamais rendu compte qu’il usait de manipulation pour ce faire et ne s’était jamais demandé pourquoi il lui était si facile d’en utiliser. Mais jamais avec Jared. Jared avait toujours su le lire parfaitement et leur amitié était fondée sur une réciprocité d’honnêteté. C’est souvent Jared qui le ramenait à l’ordre lorsque ses bas instincts prenaient le dessus sur sa raison. Comme la fois où Gabriel avait commencé à fréquenter deux filles en même temps. Jared l’avait sommé d’arrêter ce jeu malhonnête qui ne pouvait que se terminer qu’en leur faisant de la peine à toutes les deux. Sans le savoir, son ami de toujours avait été le gardien de son âme, mais, maintenant, il était seul face à son destin.

Après les funérailles, Grace accompagna Jared chez lui. Grace et Jared ne s’étaient pas beaucoup parlé depuis la mort d’Adèle. Les feuilles jaunies des arbres tombaient comme une pluie de paillettes dansant au soleil et la cour était déjà recouverte d’un épais tapis doré.

— Tu sais, Grace, Gabriel n’était pas lui-même. Il a toujours eu un côté mauvais garçon, mais il n’a jamais réellement fait de mal à personne.

— Ça fait partie de son charme…

— Je n’arrive pas à comprendre ce qui s’est passé.

— J’ai l’impression que je suis responsable de la mort d’Adèle. Elle savait que quelque chose n’allait pas et voulait me prévenir.

— Ce n’est pas ta faute, Grace. Juste un malheureux accident.

Grace observa un bébé écureuil traverser la cour sur un fil téléphonique vers un autre arbre. Elle nota à quel point il était minuscule, d’un brun chocolat avec sa grande queue de poils hérissés. Même en ce jour de tristesse, elle voyait la beauté dans la nature tout autour d’elle. Elle nota que Jaredaussi semblait chagriné de la tournure des événements. Les mains dans les poches, il avait les cheveux qui lui couvraient le visage et elle décela de la mélancolie dans ses beaux grands yeux bleu foncé.

— Pourtant, continua-t-elle, Gabriel avait été un gentleman toute la soirée. C’est lorsque nous étions dans sa voiture… j’ai vu quelque chose changer dans ses yeux.

— Beaucoup de choses ont changé…

— Ce soir-là, dans la ruelle, je croyais que vous alliez vous entretuer. Je n’arrive pas à croire ce que j’ai vu. Du feu, des éclairs… comme si vous n’étiez plus…

— ... humains ?

— Alors, c’est vrai ?

Jared ne répondit pas. Il se contenta de regarder les feuilles rouler sur le sol.

— Tu es un ange et Gabriel… un démon ?

Jared hésita avant de répondre :

— Le sort en a voulu ainsi. Il semble que nous ayons tous deux développé des capacités hors du commun des mortels. Même moi, je ne savais pas de quoi j’étais capable.

— Tu m’as sauvé la vie, Jared. Je t’en suis reconnaissante. Et tu aurais pu tuer Gabriel, mais tu ne l’as pas fait.

— Je ne peux pas ignorer une amitié qui dure depuis si longtemps. Gabriel, c’est comme… je le considère comme un frère. Je suis certain qu’il n’est pas mauvais tout comme je ne suis pas parfait. Il n’y a rien de noir et blanc dans tout ça.

Là-dessus, la porte arrière de la maison s’ouvrit en coup de vent sur un homme costaud aux cheveux noirs.

—Jared!

— Papa, j’ai une amie… commença Jared en voulant lui présenter Grace.

— Rien à foutre ! lança son père en grognant. Tu viens ici, tout de suite !

Visiblement étourdi par l’alcool, l’homme dut se tenir à la rampe de la galerie pour garder son équilibre. Ses yeux vitreux n’annonçaient rien de bon pour Jared qui sembla avoir l’habitude de ce genre de situation.

— Grace, je t’appelle, lui chuchota Jared avant de s’éloigner vers la galerie.

Mais Grace était incapable de bouger, transpercée par un sentiment de violence et de brutalité qui se dégageait de cet homme au regard sombre et menaçant. Elle regarda Jared rejoindre son père sur la galerie. Ce dernier l’empoigna d’une main et le poussa à l’intérieur de la maison. La porte se referma derrière eux en claquant, mais Grace continuait d’entendre les cris étouffés du père provenant de la cuisine qui rageait contre son fils. Par la fenêtre, elle vit Jared se faire bousculer et qui restait impassible devant les attaques. Quelques secondes plus tard, Jared vint s’écraser contre le comptoir de la cuisine alors que son père se ruait sur lui. Effrayée et ne sachant quoi faire pour l’aider, Grace s’enfuit en pleurant.

De retour des funérailles, Ty et Maeven arrivèrent chez Adèle pour mettre de l’ordre dans ses affaires. La maison sentait encore l’encens et les fines herbes qu’elle faisait sécher dans la cuisine d’été. Tout y était calme et tranquille, et on eut cru qu’Adèle allait entrer à tout moment et annoncer qu’elle était de retour.

Maeven avait remis ses vêtements usuels gothiques noirs, mais conservé son rouge à lèvres couleur sang. Elle avait l’air d’une grande poupée avec ses lulus et sa petite jupe à volants qu’elle portait sur des collants noirs et gris. Mais son visage était plus pâle qu’à l’habitude et immuable dans une expression de grande tristesse.

Elle avait pris la décision d’habiter la maison que lui avait laissée sa sœur, et Ty n’avait pas perdu de temps pour s’y installer avec elle. Il avait apporté ses guitares et sa collection de musique. À côté de la cuisine d’été, il y avait une petite chambre où il dormirait. Il ne voulait pas laisser Maeven seule pendant cette période difficile de sa vie. Elle n’avait eu que sa sœur comme famille et maintenant, elle n’avait plus personne, sauf lui. Ty était de ces personnes qui ont l’air de ne jamais savoir ce qui se passe autour d’eux. Pourtant, ce dernier était d’une grande sensibilité quand il s’agissait de sa meilleure amie.

Il y avait tellement eu de choses à faire pour préparer les funérailles que Maeven n’avait pas encore eu le temps de faire le tour des affaires d’Adèle. Maintenant que tout était fini, elle et Ty s’apprêtaient à tout répertorier dans la maison.

Elle eut un pincement au cœur en apercevant les pots de confiture confectionnée par Adèle qui trainaient encore sur le comptoir de la cuisine d’été, attendant d’être placés dans la remise. Quand venait l’automne, Adèle préparait toujours les conserves, que ce soit des friandises sucrées ou des ketchups faits des tomates de son jardin et les concombres marinés qui se dégustaient seuls ou avec un sandwich. Elle vit aussi qu’il y avait encore beaucoup de tomates dans un grand panier qui auraient probablement servi à faire des sauces délicieuses. Même en son absence, c’était bien la maison d’Adèle.

Elle revint au salon où Ty grattait machinalement une guitare électrique. On reconnaissait à peine la mélodie qui en sortait, l’instrument n’étant pas connecté à l’amplificateur.

La première pièce qui intéressa Maeven et où elle n’avait jamais osé pénétrer était le petit studio derrière le paravent. Adèle y disparaissait souvent et lui en avait interdit l’entrée, lui disant simplement qu’il s’agissait de son jardin secret. Maeven, pourtant de nature curieuse et rebelle, avait toujours respecté les souhaits de sa grande sœur et n’y avait jamais mis les pieds, même quand elle n’était pas là. Sa sœur ne lui refusait jamais grand-chose et elle avait dès lors décidé de lui laisser ce havre de paix pour elle seule. Mais elle avait toutefois vu à maintes reprises Adèle y pénétrer et en sortir avec des bouquins à la main. Elle pensa alors qu’il s’agissait d’une bibliothèque et, comme les livres n’étaient pas son fort, il était facile pour Maeven de ne pas succomber à sa curiosité.

Lorsqu’elle en ouvrit la porte, elle fut surprise d’entendre des gazouillements d’oiseaux. La pièce était faiblement éclairée, mais une énorme cage d’oiseaux se détachait sous un rayon de lumière provenant d’une lucarne sur le toit. Dans la cage de fer, des pinsons de toutes les couleurs cohabitaient gaiement.

Au bout de quelques secondes, alors que ses yeux furent habitués à la quasi-obscurité, elle vit une vieille armoire dans un coin et dont les murs étaient recouverts de livres, du sol au plafond. Même sur le plancher de bois franc usé, des piles de livres hautes de plus d’un mètre rendaient la circulation difficile. Il fallait les contourner agilement pour éviter qu’elles ne s’effondrent. Maeven n’en revint pas de la quantité de volumes amassés dans une seule pièce par sa sœur. La plupart semblaient anciens, usés et poussiéreux, mais elle savait qu’Adèle collectionnait les éditions et les manuscrits les plus rares et difficiles à trouver. Comme Adèle avait une mémoire photographique, elle n’eut pas de difficulté à croire qu’elle les avait tous passés au peigne fin et qu’elle en avait retenu tout le contenu.

— Wow ! Pas étonnant qu’elle n’ait jamais laissé personne entrer dans cette pièce, fit Ty en suivant Maeven de près.

— Regarde, dit Maeven en prenant un bouquin, puis un autre. Des manuscrits sur la magie, des textes anciens, des rituels… Et ça ne date pas d’aujourd’hui. Tu t’imagines tous les secrets qui doivent se cacher ici ?

Bien dissimulé au milieu des piles de livres et près de la cage d’oiseaux, il y avait un ordinateur et un numériseur sur un vieux bureau recouvert d’objets étranges et insolites : des boules de verre multicolores, des ossements ornés de graffitis minuscules, des petits flacons remplis d’ingrédients bizarres, des pattes d’oiseaux de proie de différentes grosseurs, des plumes et des cristaux. D’autres objets étaient tout simplement inidentifiables.

Pendant que Ty examinait les dessins sur les ossements à la lumière de la lucarne, Maeven s’assit devant l’ordinateur et l’ouvrit. L’écran noir laissa place à un magnifique gros plan en noir et blanc de la lune dans ses moindres détails. Puis la lune s’estompa sur une superbe peinture à l’huile de John William Waterhouse intitulée « La Sorcière » produite circa 1913. Peinte d’orangés et de violets, on y voyait une jeune enchanteresse attablée devant ses philtres magiques et son grimoire. En bougeant la souris, Maeven s’aperçut que certaines parties de l’image donnaient accès au contenu : des centaines de livres anciens numérisés, textes et images, par Adèle. Toute sa collection s’y trouvait avec la possibilité de faire des recherches rapides sur des milliers de documents.

— Eh bien ! fit Maeven en se renversant dans sa chaise. C’est ça qu’elle faisait à passer toutes ses soirées dans cette chambre.

— C’est génial ! Tu imagines le temps que ça devait prendre pour fouiller dans tous ces bouquins ?

— Il y a même des liens avec plusieurs bibliothèques de musée de partout dans le monde : Londres, Paris, Rome… au Caire… Elle m’a dit qu’elle avait des amis un peu partout qui l’aidaient à faire des traductions. C’est vraiment fou !

Soudain, les pinsons s’envolèrent tous en même temps dans la grande cage dans un nuage de plumes et de couleurs. Ty et Maeven se regardèrent, perplexes.

— Peut-être qu’on trouvera quelque chose sur la mort d’Adèle dans cet ordi, dit Maeven en se redressant devant l’écran, maintenant déterminée à faire des recherches.