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"N’oublie pas les chaussures !" retrace le parcours d’
Yvana Creaco, ancien mannequin et formatrice en cosmétiques et parfums. Ce récit, véritable invitation à plonger dans l’univers de la mode, dévoile les souvenirs marquants d’une carrière et d’une vie jalonnées de moments tour à tour émouvants, drôles et ponctués de passages douloureux. À travers une plume vibrante, l’auteure éclaire la transmission des valeurs familiales et les défis qu’elle a affrontés avec courage pour atteindre ses aspirations. Un témoignage puissant qui célèbre la persévérance et la confiance en soi, tout en offrant une réflexion sincère et inspirante sur les aléas de l’existence.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Yvana Creaco, mannequin international des années 1980, a également été formatrice en cosmétiques et parfums pendant plus de trente ans. Sous l’impulsion de son fils, elle raconte aujourd’hui les moments marquants de sa carrière et de sa vie personnelle, partageant un parcours fait de passion et de résilience.
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Seitenzahl: 180
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Yvana Creaco
N’oublie pas les chaussures !
© Lys Bleu Éditions – Yvana Creaco
ISBN : 979-10-422-5027-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Le bonheur est comme un parfum.
On le porte sur soi pour le faire respirer aux autres.
Malek Bensafia
Parfois, il suffit d’être au bon endroit au bon moment pour que le cours d’une existence soit bouleversé pour toujours, de la meilleure des manières. C’est ce que nous prouve ce merveilleux récit de vie d’Yvana.
Moi aussi, j’ai eu cette chance énorme, un jour, de me trouver à la juste fraction de seconde et à l’exacte latitude pour qu’une rencontre inoubliable et renversante se produise. J’étais alors à la fin d’une période douloureuse de ma vie, à la suite d’une crise d’anxiété généralisée terrassante. Sans repère, je venais de clôturer un long périple autour de l’Europe et je ne savais pas encore où j’allais bien pouvoir déposer mes valises. Belgique ? Hors de question. Mon rêve, depuis toujours – à l’instar d’Yvana – est l’Italie. Est-ce lié à mes origines ? À la gastronomie ? À la dolce vita ? Ou un mixte de tout ? Qui sait ! En tout cas, dans l’amas d’incertitudes de l’époque, je n’avais qu’une certitude, celle de m’installer dans cette péninsule que j’aime tant.
Les jours passent et la situation ne s’éclaire toujours pas. Croyant éperdument aux signes, je demande à la vie de me montrer le chemin, de m’aiguiller dans ce choix compliqué. Et, comme d’habitude, la vie a répondu (parfois, il s’agit simplement de demander !). À peine ouvris-je mon smartphone pour consulter rapidement Instagram, je tombai sur la publication de Jill – fille aînée d’Yvana, que je suis assidûment depuis plusieurs années maintenant – qui partageait la story de sa maman. Ce n’était pas la première fois qu’Yvana apparaissait sur mon écran. Je l’avais déjà découverte grâce à quelques vidéos de Jill sur sa chaîne YouTube et avais toujours apprécié l’énergie tendre et harmonieuse qu’elle dégageait abondamment, malgré l’inévitable distance. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’une vidéo habituelle, mais d’une présentation du petit village, Tuoro sul Trasimeno, où elle avait acheté son nid italien tant désiré, baptisé joliment casa Carmelo en l’honneur de son papa. Je me souviens encore des prises de vue magnifiques sur le lac, de son sourire radieux, à mesure qu’elle déambulait dans les rues typiques, et des blagues de son fils, Glenn Scott, qui l’y avait accompagnée pour un court séjour. Je dois dire que, sur le moment, je restai particulièrement ébahie, car mon mari venait justement de déposer sa candidature dans un bureau au cœur de l’Ombrie, à quelques kilomètres du fameux village d’Yvana… Était-ce la réponse à ma demande ou juste le fruit du hasard ?
Quelques semaines plus tard, les réponses tombent et mon mari, Luca, est finalement engagé dans cette entreprise florissante, non loin du lac Trasimeno. Pas le temps de réfléchir, les mouvements s’enchaînent, car il faut très vite trouver un logement, vu qu’il commence à travailler dès la semaine suivante. Après plusieurs visites infructueuses dans un village voisin, Umbertide, nos recherches nous mènent inéluctablement vers Tuoro sul Trasimeno. Mais… n’est-ce justement pas le village d’Yvana ?
Il suffit de quelques pas dans ce village légèrement perché et d’une brève visite d’un appartement charmant en location pour que nos cœurs respectifs s’accordent à l’unisson et décident, finalement, de signer le bail. Ça y est. Plus de doute, nos racines, coupées – pour ne pas dire rasées –, depuis notre départ de la Belgique, peuvent finalement reprendre leur croissance et s’enfoncer dans les terres de cette découverte. En plus, la vidéo d’Yvana est là pour rassurer les quelques préoccupations restantes. C’est sûr, c’est elle qui, tel un petit ange gardien, nous a indiqué le chemin. On ne peut pas se tromper, c’était destiné.
Et effectivement, plus les mois passent, plus la passion pour ce petit lieu ne cesse de se déployer et de se démultiplier. Il n’est pas difficile de comprendre l’amour qu’Yvana éprouve pour ce village quand on commence à découvrir ses habitants – toujours souriants –, ses rues, où pend nonchalamment le linge frais à peine lavé, ses environs merveilleux (Cortona, Perugia, Montepulciano, etc.) et son lac si réconfortant. Ici, tout conspire à la beauté, à la poésie, à l’amour et à la lumière.
Malgré cet évènement remarquable, je n’avais toujours pas rencontré Yvana. Certes, dans mon cœur, elle avait déjà une place significative, puisque – sans même le savoir – elle m’avait guidée à bon port. Mais, concrètement, elle restait toujours une figure impressionnante que j’admirais à travers mon écran. Depuis la fameuse story, j’avais décidé de la suivre sur les réseaux sociaux. En quelque sorte, elle me semblait intouchable.
Sauf qu’un beau jour d’avril, au même moment que les fleurs commençaient à sortir de terre et à resplendir de nouveau de toute leur vigueur, j’appris qu’Yvana était de retour à Tuoro pour un court séjour dans sa maison d’amour. En voyant la publication, mon cœur sursaute dans ma poitrine. La maman de Jill n’est qu’à quelques mètres de moi ? Peut-être vais-je la croiser en allant chercher mon pain ? Ou encore sur le joli petit marché du vendredi matin ? Pendant plusieurs jours, je suis à l’affût du moindre mouvement et du moindre signe de son passage sur la pietra serena de notre village… Rien, toujours rien, et je dois bien avouer que ça me frustre toujours plus.
Alors oui, parfois, la vie fait bien les choses et organise d’elle-même les rencontres. Mais parfois, il est nécessaire de sauter le pas, de se jeter dans le vide et de frapper à la porte (au sens métaphorique du terme, bien entendu) sans plus attendre, car l’opportunité pourrait s’en aller encore plus vite qu’elle n’est arrivée. C’est d’ailleurs ce que nous illustre à plusieurs reprises le parcours de vie d’Yvana. Certes, elle a eu ce qu’on appelle plus communément de la chance lors des carrefours importants de sa vie, mais, souvent, c’est elle-même qui est allée la chercher, ne se reposant jamais sur ses acquis !
Déterminée, je retrousse mes manches et décide alors de passer à l’action. Après plusieurs hésitations, j’opte pour un message bref et concis, moi qui habituellement ne contacte jamais les personnalités que je suis sur Instagram, par excès de pudeur. Le voici (le relire me donne spontanément le sourire, car à l’époque, je ne pouvais pas imaginer les merveilleuses surprises qui m’attendaient) :
« Buongiorno ! J’habite à Tuoro depuis peu, je serai heureuse de vous y croiser. »
À vrai dire, de ce message, je n’attendais pas grand-chose. Comment Yvana, avec son immense communauté, pouvait-elle bien tomber sur mon message et, encore plus, prendre le temps de me lire ? Cela me semblait impossible. Pourtant, contre toute attente, après quelques heures seulement, j’obtins une réponse positive de sa part, je n’en croyais pas mes yeux :
« Oh trop chouette ! Oui, avec plaisir. »
Mais la vie, astucieuse à souhait, avait encore un tour à nous jouer. Organiser notre rencontre aurait été trop banal, trop simple, trop terrestre… Il fallait que le rendez-vous soit inattendu pour qu’il se revête d’une énergie particulière. Ainsi, quelques jours plus tard, je partis me promener, comme à mon habitude, avec mon mari aux abords du lac et, plus précisément, dans la charmante ville de Passignano. Ce jour-là, une intuition aussi étonnante qu’inattendue me prit. Il fallait, à tout prix, rejoindre le centre du village au plus vite. Mon mari ne comprenait pas trop bien mon empressement alors qu’il s’agissait d’une simple balade, mais il me suivit quand même.
Et là, passant au détour d’un bar rempli de personnes sirotant un Apérol Spritz face au somptueux spectacle de Monsieur soleil, se couchant dans les profondeurs du lac et laissant derrière lui des reflets rougeâtres, « LA » rencontre. Tout de suite, un peu comme si nos âmes s’étaient reconnues au-delà de nos enveloppes corporelles, Yvana me remarque et me sourit affectueusement. J’ose aller à sa rencontre. Mes mots sont tremblants, car je suis particulièrement intimidée – c’est quand même la maman de Jill que j’admire depuis plusieurs années ! – mais la conversation se déploie naturellement. Son énergie est enveloppante, réconfortante et offre un vent insoupçonné de magie. Après quelques échanges, elle me demande ce que je fais dans la vie, ce à quoi je réponds que je suis depuis peu ghostwriter et que j’écris donc des autobiographies pour une maison d’édition italienne. Cette information que je pensais pourtant presque futile la percute immédiatement :
« Tu es écrivaine ? Est-ce vrai ? Mais c’est incroyable ! Je suis justement en train d’écrire mon livre… »
Après une brève discussion – bien que particulièrement intense et riche en émotions –, nous tombons finalement d’accord pour un rendez-vous chez elle avant son retour en Belgique, puisqu’il est maintenant évident qu’il faut creuser et décrypter ce qui se cache derrière cette rencontre si singulière et si magistralement orchestrée par l’univers. Et quid de cette synchronicité liée à la rédaction du livre ?
Quelques jours plus tard, je me présente à la barrière de sa maison, après avoir sagement suivi les indications de mon navigateur. La casa Carmelo se situe dans une rue pentue avec, à l’horizon, une vue imprenable sur des champs d’oliviers resplendissants de force, de sérénité et de beauté. D’ailleurs, en parlant d’olivier, la maison d’Yvana en est également pourvue puisqu’un arbre, particulièrement imposant et pourtant si réconfortant, protège la jolie cour extérieure des ardeurs des journées chaudes de l’Italie. Plus tard, je passerai d’ailleurs plusieurs heures à récolter ses fruits avant de les amener au frantoio et d’en déguster son nectar doré… C’est d’ailleurs sous cet olivier qu’Yvana m’invita à m’installer et, protégée par ses branches, je découvris, petit à petit, la merveilleuse personne qui m’avait été envoyée par la vie.
Très vite, le projet du livre revient sur le devant de la scène. D’abord écrit pour sa famille – dans une optique de transmission de son histoire – Yvana souhaite finalement lui donner une chance, car il faut bien avouer, cette première expérience d’écriture l’a emportée, pour ne pas dire envoûtée :
« Dis, toi qui es habituée à la rédaction d’autobiographies… Pourrais-tu le relire, me donner ton avis, et peut-être même le corriger ? »
Moi ? Quelle question ! Quelques mois plus tard, je reçois la première ébauche du manuscrit d’Yvana, alors qu’elle est de retour en Belgique. Prise de curiosité, je m’élance alors dans cette lecture qui, je dois bien l’avouer, m’emporte immédiatement. Ses mots, précieusement choisis, me permettent de me glisser au plus profond de son intimité et de découvrir tous les coins et recoins de son histoire.
Au fil des pages, je découvre qui se cache derrière cette « mamouni », la grand-mère préférée des réseaux sociaux qui embellit fréquemment nos fils d’actualité et nos cuisines de recettes teintées de chaleur, de réconfort et de saveurs. Je rencontre la petite fille attendrissante, pleine de rêves, qui noue sagement ses ballerines derrière un grand rideau. Puis l’adolescente en peine qui cherche à déployer ses ailes pour sortir de l’imposante éducation italienne de son papa (pourtant fondamentalement et profondément aimant). Je découvre également la jeune adulte encore titubante et pourtant déterminée à trouver sa place dans un milieu sans pitié. Et enfin l’adulte qui, à force de discipline et de courage, se réalise pleinement dans un parcours resplendissant. Mais ce n’est pas tout ! Les tournures précises d’Yvana ont le pouvoir de m’emmener dans des contrées inconnues qui, pourtant, me deviennent subitement familières, ainsi que dans des milieux, où je n’aurais jamais imaginé entrer, notamment celui des célébrités, toujours avec une note olfactive précise et bien mesurée. En fait, c’est un peu comme si, dès les premières lettres, Yvana me prenait par la main et m’emmenait découvrir les épisodes les plus importants de sa vie avec une bienveillance presqu’étourdissante.
Cette lecture m’a profondément touchée, non seulement parce que j’ai trouvé énormément de résonance avec ma propre vie, mais plus généralement, parce que son récit est empreint d’une immense maturité. C’est le résultat d’une grande prise de recul sur le passé et d’un amour inconditionnel pour tous les évènements, même les plus difficiles. Une force qui se fait rare dans la majorité des textes autobiographiques.
Quant à moi, ma contribution fut bien faible. Des retouches par-ci par-là et quelques ajouts sporadiques. En réalité, le texte était déjà à un stade particulièrement avancé quand je l’ai abordé, si bien que j’ai souhaité en préserver toute l’authenticité pour que vous puissiez, à votre tour, découvrir sans filtre les différentes facettes – toutes aussi lumineuses les unes que les autres – d’Yvana Creaco.
Mais outre la concrétisation de ce projet qui est une immense fierté, ce que je retiens surtout c’est l’émerveillement qu’il m’a procuré et qu’il me procure toujours, même au bout d’une vingtaine de relectures. Ce que j’aime tout particulièrement, c’est que ces mots ne sont pas vides de sens, et que, l’être merveilleux, que l’on découvre progressivement dans ces pages, est fidèle à ce qui est transcrit dans ces écrits (peut-être même encore plus précieux dans la réalité !). Quelle chance pour moi d’avoir croisé son chemin et de pouvoir la compter désormais parmi mon entourage proche ! Son énergie si douce, si pure et si enveloppante me réconforte aujourd’hui et me berce dans tous les aléas du quotidien. Merci à elle, merci à la vie.
À vous qui tenez ce livre entre vos mains, je vous souhaite une excellente lecture et j’espère que ces mots résonneront en vous et vous permettront – bien que furtivement malheureusement – de bénéficier de ces ondes d’amour inconditionnelles envoyées par cette dame exceptionnelle.
Lisa Amicone
Septembre 2020, en pleine pandémie, certificat Covid négatif dans la main droite – à peine stérilisée à l’aide de tube de gel hydroalcoolique – passeport dans la main gauche et masque sur le nez, je me dirige fébrile vers la porte d’embarquement numéro quatorze de l’aéroport de Bruxelles-Charleroi, direction Perugia. Ça y est, je peux enfin retourner en Italie. Ce n’était pas gagné… Depuis des mois (qui m’ont semblé une éternité), les frontières étaient difficilement accessibles à cause de ce foutu virus qui nous avait tous cloués chez nous. Il faut dire que les nombreux décès recensés dans la péninsule italienne avaient réussi à effrayer même les plus téméraires d’entre nous.
Alors oui, ce retour n’est pas vraiment comme je l’imaginais. Rien que devoir tenir ce masque sur mon nez m’énerve, car il me prive de ma passion prononcée pour les senteurs, moi qui fonctionne majoritairement avec l’odorat. Habituellement, je me délecte des odeurs que je découvre au détour d’un chemin, s’échappant de la fenêtre ouverte d’une cuisine ou d’une fragrance séduisante qui virevolte dans la chevelure d’une passante croisée dans la rue. Sans parler du fait qu’ainsi, je ne peux pas percevoir le sourire des gens… ni même leur communiquer le mien, car derrière ce masque impersonnel se cache mon sourire radieux, un sourire puissant à l’idée de retrouver mes terres… que même la peur de l’avion ne parvient pas à me retirer ! Ce n’est pas une heure et demie de vol ni même quelques turbulences qui vont empêcher de poser – enfin ! – mes semelles de baskets sur le tarmac de ma destination préférée.
Je suis en partance pour le petit village de Tuoro Sul Trasimeno au bord du lac éponyme. Je me suis enfin décidée après plusieurs années de réflexion à prendre rendez-vous avec un agent immobilier local pour visiter un bien dans le centre historique du village. Il m’en aura fallu du temps et toutes mes économies pour pouvoir mener à bien ce projet qui me tient à cœur depuis toujours.
Un de mes plus grands rêves, depuis toute petite, était de m’offrir une villa en Italie. D’ailleurs à chaque visite chez mon frère en Ombrie pour saluer ma famille, le retour devenait de plus en plus ardu. Je n’avais jamais envie de quitter la région et je n’avais qu’un souhait : rester là.
En parlant avec mon fils, je me suis rendu compte que si je voulais réaliser mon souhait, celui-ci devait être plus raisonnable et plus réaliste. Certes, je n’avais pas le budget pour m’offrir la villa vue sur le lac de mes songes, mais j’avais peut-être bien la possibilité de m’acheter une petite maison de village. Je me mis donc à la recherche « della casa » du bonheur. Pour l’emplacement, j’avais décidé de chercher du côté de Jean-Pierre, mon frère aîné, pour être plus proche de ma maman – sachant bien qu’elle n’était pas éternelle – mais la région me plaisait beaucoup. Je commençai donc à éplucher les annonces pour les maisons à vendre et à m’abonner à plusieurs sites immobiliers qui me donnaient des informations régulières sur tous les biens disponibles dans la région.
C’est comme ça qu’en ce beau jour de septembre, je décidai de prendre un aller-retour sur Perugia pour visiter une maisonnette que l’agence m’avait proposée et qui me semblait sympathique. La visite de ce logis ne fut pas un franc succès, mais, en me promenant dans les ruelles aux alentours, j’aperçus une jolie cour extérieure avec un magnifique olivier planté au milieu. Sur la bâtisse, une affichette si vende1. Je la trouvai mignonne et décidai donc d’appeler immédiatement le numéro qui était indiqué. Par chance, j’obtins directement un rendez-vous, car le voisin possédait la clé et pouvait m’accompagner pour la visite (les propriétaires, étant turinois et en raison des restrictions dues à la pandémie, ne pouvaient pas être présents).
Avant même de rentrer, je fus directement charmée par sa jolie façade en pierres de pays et par les persiennes typiques qui ornaient les fenêtres. Le superbe bougainvillier, situé à quelques pas de l’olivier, égayait le petit espace extérieur par ses couleurs flamboyantes. On aurait dit que le temps s’était cristallisé, tant je ressentais la sérénité du lieu. La rue en pente où se trouvait la maison avait une vue magnifique sur les collines avoisinantes et sur le lac qui se dévoilait à travers les cyprès et les oliviers centenaires.
L’intérêt se poursuivit dès que j’entrai dans cette bâtisse, puisque je fus envahie du sentiment qu’elle m’attendait et qu’elle serait à moi. Certes, elle était meublée avec un goût laissant à désirer – il y avait beaucoup de choses à faire pour la transformer en quelque chose de bien – mais il y avait un joli potentiel et un budget accessible.
Depuis toujours, je suis très attentive à ce que « l’Univers » met sur mon chemin. Pour moi, le hasard n’existe pas et les coïncidences n’en sont pas. Il y a toujours une bonne raison pour que les choses se passent comme elles se passent. Il suffit d’être attentif aux signes qui vous montrent le chemin à suivre…
Ce jour-là en l’occurrence, en passant devant la cheminée, mon regard fut attiré par une petite statuette représentant un vendeur de pastèques, avec la mention « Calabria ». À cette vision inattendue, je tressaillis ! Que faisait une statuette de Reggio de Calabre dans cette toute petite maison de ce minuscule village au cœur de l’Ombrie ? En parlant avec le voisin, qui par ailleurs fait aujourd’hui partie de mes amis proches, je compris que les propriétaires appréciaient ce coin de l’Italie d’où provenait mon papa, mais ce n’était pas tout ! Par la suite, il y eut d’autres « évidences » qui me firent comprendre que c’était lui, mon père, qui avait mis cette maison sur mon chemin et qu’il fallait que je l’achète. Je m’exécutai sans tarder et pris rendez-vous avec le notaire.
Malheureusement, la Covid ralentit une fois de plus mon élan, car en décembre, l’Italie dut une fois de plus fermer ses frontières. Ainsi, pour la signature de l’acte d’achat, c’est ma belle-sœur et mon futur voisin qui, grâce à une procuration, durent signer les documents. Quand un peu plus tard je reçus les papiers, j’eus l’ultime confirmation que je n’avais pas trouvé cette maison par hasard : la date de naissance de Mauro, mon voisin, était la même que celle de mon père. Ils étaient tous les deux nés un 16 mai !
Les nombreux travaux que je devais entreprendre demandaient l’aide d’un professionnel. Afin d’obtenir les permis et ne voulant prendre aucun risque, il me fallait donc trouver un architecte qui pouvait m’aider dans mes démarches. Je n’eus même pas le temps de chercher cette figure professionnelle que, déjà, l’univers me guidait en sa direction… Aussi fou que cela puisse paraître, au moment même où j’en parlais à mon compagnon, je tournai la tête vers la vitrine d’un bureau, à deux rues de ma nouvelle petite demeure, et lus sur la devanture : « Studio Luisella Taralla Architecte ». Incrédule, je collai mon nez sur la vitre et aperçus une jolie jeune femme à la superbe chevelure brune qui m’offrit un sourire éclatant et m’invita à entrer. Cet ainsi qu’au cœur de ce joli village, au coin de ma rue, je dénichai la perle qui allait mener avec moi ce projet de rénovation.