Nager en eau froide - Nicolas Iconomidis - E-Book

Nager en eau froide E-Book

Nicolas Iconomidis

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Beschreibung

Découvrez les bienfaits et les défis de la nage en eau froide avec cette nouvelle édition, enrichie et élargie, 2023-2024. Plaisir, santé et risques se mêlent dans cette exploration approfondie des effets physiologiques de la natation en eau froide (de 14 à 10°C), en eau très froide (de 10 à 5°C) et même dans les conditions extrêmes de l'ice swimming (<5°C). Des environnements variés tels que la mer agitée ou les lacs d'altitude sont également étudiés. Les nouveaux chapitres offrent des conseils pratiques pour les triathlètes, les adeptes du swimrun et des recommandations pour se réchauffer après la nage, notamment lors de l'utilisation du sauna. L'auteur propose un panorama complet des avantages et des risques de la natation en eau froide, ainsi que des astuces pour pratiquer en toute sécurité et en toutes saisons. Que vous soyez débutant ou nageur confirmé, ce livre vous donnera des méthodes pour améliorer vos compétences. Ce guide complet s'adresse à tous les passionnés de la nage en eau froide qui souhaitent approfondir leur compréhension de cette pratique fascinante dans différents environnements. Plongez-vous dans cette lecture captivante et découvrez les secrets de la nage en eau froide !

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Seitenzahl: 207

Veröffentlichungsjahr: 2023

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PREFACE

Nager en eau froide

Ces dernières années les activités et les sports de pleine nature, marche nordique, trail, randonnée, nage en mer et en lac, se sont considérablement développées et plus particulièrement lors de la crise sanitaire. Récemment se sont également développées des compétitions de natation en eau froide voire très froide.

La pratique de la nage en mer, régulière tout au long de l’année, fait chaque année de nouveaux adeptes. Régulière, cela veut dire quelle que soit la saison, quel que soit le temps et la température de l’eau, exposant les pratiquants à un défi physique et psychique aux contacts d’un environnement toujours changeant. C’est ce que pratique depuis maintenant plus de 30 ans Nicolas Iconomidis. Cette activité procure aux nageuses et nageurs réguliers un état de bien-être physique et psychique. Ces bénéfices sur la santé physique et mentale ont été dans certaines situations bien démontrés et dans d’autres cas ils sont tout à fait probables. Certaines perspectives sur la prévention ou l’amélioration de certaines pathologies sont particulièrement intéressantes, bien que dans ce domaine les études soient souvent difficiles à réaliser.

Cependant la nage prolongée en mer en eau froide expose à des risques, elle expose à des contraintes et à des réponses physiologiques parfois antagonistes. Si les bénéfices sont supérieurs aux risques, leur connaissance, leur compréhension et leur prévention permettent la pratique de la nage régulière en sécurité.

Dans cette deuxième édition de son livre Nicolas Iconomidis partage son expérience mais a également recueilli le témoignage de nombreux nageurs qui, comme lui, nagent tous les jours quel que soit le temps. Il a également recueilli et analysé les articles, les publications les plus récentes, les ouvrages sur le sujet, en particulier sur les nages en conditions extrêmes. Il nous propose également un historique de la nage en eau froide en rapportant l’expérience des pionniers de cette pratique.

Il expose de façon détaillée mais compréhensive les mécanismes physiologiques de l’immersion, de la nage prolongée et de l’adaptation au stress thermique et au risque d’hypothermie. Il propose des recommandations pour sécuriser cette pratique à la fois pour les débutants mais également pour les pratiquants déjà aguerris. Ce livre permettra à chacun de gérer sa pratique en comprenant les avantages et les risques et on ne gère bien que ce que l’on comprend bien.

Docteur Jean Pierre AUFFRAY Professeur des universités Président de la Société Française de Médecine Maritime

Sommaire

PLAN

HISTORIQUE

INTRODUCTION : Pourquoi ce livre ?

I – NOTRE MILIEU NATUREL : LES OCEANS, LES MERS, LES LACS ET LES RIVIERES

Les paramètres importants pour le nageur 

La température de la mer

L’état de la mer : les courants, la houle, la pollution marine

Les organismes marins venimeux

Les bateaux

Le risque infectieux

II – LA NAGE EN EAU FROIDE

Les bases de la physiologie humaine 

Effets physiologiques de l’immersion

Effets physiologiques de la nage

Effets physiologiques de l’eau froide

Effets physiologiques et physiopathologiques de la nage en eau froide

III – S’ACCLIMATER A L’EAU FROIDE

Les 3 paramètres fondamentaux 

Le tissu adipeux

La condition physique

L’entrainement

Le cas particulier de la douche froide

IV - SANTE ET NAGE EN EAU FROIDE

Explorer les nombreux effets bénéfiques 

Cardio-vasculaires

Respiratoires

Endocriniens

Immunitaires

Métaboliques

Ostéo-articulaires

Vasculaires

Sur la perte calorique

Sur l’inflammation

Sur la survenue de maladies neurologiques

Psychologiques

Sur la sociabilisation

Sur la récupération et les performances sportives

Gérer les risques 

Immédiats 

Le choc à l’eau froide

Les troubles du rythme cardiaque

Les poussées hypertensives

A moyen terme 

L’œdème pulmonaire d’immersion

Le refroidissement neuromusculaire

L’hypothermie

Le refroidissement post-immersion ou afterdrop

L’ictus amnésique

A long terme 

La pathologie de l’oreille externe et interne

Les autres risques : cutanés, le syndrome de Raynaud, les autres atteintes des extrémités liées au froid au-dessus de 0°C (NFCI), les risques infectieux, allergiques, traumatiques, liés aux courants et aux orages

Les incidents survenus dans notre groupe de nageurs hivernaux

Les contre-indications 

Cardiovasculaires

Neurologiques

Les maladies liées au froid

Les médicaments

V - DEBUTER LA NAGE EN EAU FROIDE

Les conseils 

Au bord de l’eau

Avant la nage

Pendant la nage

Après la nage

VI - RECOMMANDATIONS POUR LES NAGEURS EN EAU FROIDE

La consultation médicale préalable

Au bord de l’eau

Sur de longues distances

En cas d’interruption prolongée de la nage en eau froide

Le réchauffement

VII - LA NAGE EN EAU FROIDE EN BASSIN

VIII - LA NAGE EN EAU FROIDE EN LAC

IX - LA NAGE DANS UNE EAU TRES FROIDE INFERIEURE A 10°C

Eau très froide entre 10 et 5°C.

Eau glacée entre 5 et 0°C.

X - LA NAGE HIVERNALE EN MER AGITÉE

XI - LA NAGE EN EAU FROIDE AU COURS DU TRIATHLON ET DU SWIMRUN

XII - LE RECHAUFFEMENT APRES LA NAGE

La douche chaude

Le sauna

XIII - BIEN S’EQUIPER

Pour la sécurité et le confort du nageur

Pour éviter le refroidissement en mer

En cas de forte houle ou de courant

Pour identifier le refroidissement

Pour éviter l’afterdrop

XIV - LES QUESTIONS - REPONSES SUR LA NAGE EN EAU FROIDE

XV - LES RESSOURCES DISPONIBLES SUR INTERNET

XVI - CONCLUSION

XVII - REFERENCES, REMERCIEMENTS ET FICHES SYNTHETIQUES

LEGENDES DES PICTOGRAMMES

A RETENIR

ASTUCE

IMPORTANT

HISTORIQUE

Bienvenue dans le monde fascinant de la nage en eau froide ! Laissez-moi vous emmener dans un voyage à travers l'histoire, où légendes, nageurs célèbres et découvertes passionnantes se rencontrent.

Il y a des milliers d'années, nos ancêtres plongeaient déjà dans les eaux de la mer, des lacs et des rivières, découvrant le plaisir de nager en toute liberté au sein de la nature environnante. Ils se confrontaient aux éléments et apprenaient à connaître l’environnement aquatique pour assurer leur sécurité. Cette proximité avec la nature a toujours été présente, depuis les premiers instants où l'homme a plongé dans les eaux inexplorées.

Tout a commencé avec une légende émouvante de la mythologie grecque. Il était une fois une belle prêtresse nommée Héro, vivant sur la côte européenne de l'Hellespont, tandis que de l'autre côté du détroit se trouvait Léandre, son amant. Chaque nuit, Léandre bravait les eaux tumultueuses en traversant le détroit à la nage pour rejoindre sa bien-aimée. Guidé par le fanal que Héro agitait depuis une tour, il trouvait son chemin dans l'obscurité. C'était un amour passionné, défiant les éléments. Malheureusement, le destin lui joua un mauvais tour. Une nuit, le vent éteignit le fanal, laissant Léandre désorienté. Au matin, Héro découvrit avec horreur le corps sans vie de son amant échoué sur la rive. Consumée par le chagrin, elle se jeta du sommet de la tour. Aujourd'hui, cette tour est connue sous le nom de tour de Léandre, un ancien phare sur une petite île touristique à l'entrée du Bosphore à Istanbul.

Des siècles plus tard, le grand médecin grec Hippocrate jeta les bases de la thérapie par l'eau froide. Selon ses écrits, la baignade dans l'eau froide permettait de soulager la fatigue. Hippocrate comprenait intuitivement les bienfaits que pouvait offrir l'immersion dans l'eau fraîche pour le corps et l'esprit.

En 1790, un autre médecin, le Dr James Currie a porté un vif intérêt aux effets physiologiques de l'hypothermie après avoir assisté, impuissant, à la chute et à la noyade de trois membres d'équipage d'un navire américain échoué dans les eaux froides à 5°C. Cette expérience l'a incité à mener les premières expériences enregistrées sur les effets de l'immersion dans l'eau froide et de l'hypothermie sur les êtres humains, ce qui a finalement conduit à la découverte de l'afterdrop ou refroidissement post-immersion.

L’ère moderne de la natation en eau libre, par opposition à la baignade, a probablement commencé le 3 mai 1810, lorsque Lord Byron a nagé plusieurs kilomètres à travers les Dardanelles de l’Europe vers l’Asie. Dans une démonstration de courage et d'endurance, il a défié les eaux tumultueuses de ce détroit historique, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle ère de la natation en eau froide. Cette traversée a captivé l'imagination du public de l'époque. Son exploit audacieux a fait de lui une figure emblématique de la nage en eau froide et a inspiré de nombreux autres nageurs à repousser leurs propres limites.

L'année 1875 a marqué une étape historique avec le courageux exploit du capitaine Matthew Webb, qui a affronté les eaux de la Manche, devenant ainsi le premier à réaliser cette traversée légendaire à la nage.

Les Jeux olympiques d'Athènes en 1896 ont été témoins de la performance exceptionnelle du jeune nageur hongrois de 18 ans Alfréd Hajós, qui en s’enduisant entièrement le corps de graisse pour se protéger du froid, a triomphé dans les épreuves de natation en eau libre sur 100 mètres et 1200 mètres en défiant les eaux à 13°C de la mer Égée.

En 1915, le jeune américain Robert Dowling, âgé de seulement 18 ans, a accompli un exploit remarquable en effectuant la première nage autour de l'île de Manhattan, parcourant 45,9 km en 13 heures et 45 minutes.

Le Cercle des nageurs de Marseille, institution emblématique de la natation française, a été fondé en 1921 par Fernand David et d'autres membres fondateurs issus de l'Olympique de Marseille. Depuis sa création, ce club prestigieux a vu défiler de grands noms qui ont marqué l'histoire de la natation. Parmi les membres illustres figurent des nageurs exceptionnels tels qu'Alex Jany, Bibienne Pellegry et son fils Jean Boiteux, Jo Bernardo, Alain Mosconi, Daniele Dorleans, et plus récemment, des figures emblématiques comme Laure et Florent Manaudou, Frédéric Bousquet, Camille Lacourt et Fabien Gilot. Ces nageurs talentueux ont porté haut les couleurs du club et ont brillé sur la scène nationale et internationale. Leurs performances remarquables ont suscité l'admiration et l'inspiration de générations de passionnés de natation.

En 1926, l’américaine Gertrude Ederle, à l'âge de 19 ans, a inscrit son nom dans l'histoire en devenant la première femme à traverser la Manche, établissant un nouveau record mondial avec un temps de 14 heures et 40 minutes. Sa traversée en crawl marque aussi un tournant pour cette nage, jusqu'alors privilégiée pour les distances courtes.

L'année 1927 a été marquée par la création de la Channel Swimming Association au Royaume-Uni, soulignant l'essor du sport de la nage en eau libre.

En 1928, la britannique Mercedes Gleitze à l’âge de 28 ans, a marqué l'histoire en devenant la première personne à traverser le détroit de Gibraltar entre Tarifa (Espagne) et Punta Leona (Maroc), accomplissant une nage de 14 km entre l'Europe et l'Afrique en 12 heures et 50 minutes.

Entre le 19 et le 23 février 1939, le nageur argentin Pedro Candioti réalise l'exploit qui lui donnera une renommée mondiale et la reconnaissance pour laquelle on se souvient encore de lui aujourd'hui. À 46 ans, il a relié les villes de San Javier et Santa Fe en Argentine en nageant sans dormir pendant 100 heures et 33 minutes, établissant le record du monde de durée de nage en eau libre.

Jason Zirganos 46 ans, originaire de Volos en Grèce, a été un pionnier de la nage en eau froide sur de longues distances. Il traverse la manche en 18h et 45 minutes en 1949 et le Bosphore en 4 heures en 1953 dans une eau à 8°C. Cependant, en 1959, il décède tragiquement de troubles du rythme cardiaque, alors qu'il était à 3 milles nautiques des côtes de l'Écosse. Cette fois, il tentait de traverser le chenal nord sur une distance de 35 km, entre l'Irlande du Nord et le sud-ouest de l'Écosse, dans une eau dont la température oscillait entre 9 et 11°C. Ce triste accident illustre bien les dangers de l’eau froide sur de très longues distances. Le décès de cet excellent nageur est très probablement consécutif à une hypothermie profonde responsable de ces troubles du rythme cardiaque.

Le nageur argentin Antonio Abertondo, âgé de 43 ans en 1961, a marqué les esprits en accomplissant la première traversée aller-retour de la Manche, nageant pendant 43 heures et 10 minutes avec seulement 4 minutes de repos en France.

En 1965, John Weissmuller, l'emblématique champion de natation qui a remporté de nombreuses médailles d'or aux Jeux Olympiques, a pris les rênes de la présidence de l'International Swimming Hall of Fame à Fort Lauderdale, en Floride. Cet établissement renommé est bien plus qu'un simple musée, car il relate l'histoire fascinante de la natation aux États-Unis et à travers le monde, mettant en lumière les exploits inoubliables de nageurs légendaires.

La nageuse américaine Lynne Cox, à l'âge de 16 ans en 1974, a établi à la fois le record de la Manche (9 heures 36 minutes) et le record du canal de Catalina (8 heures 48 minutes), devenant ainsi une référence dans la discipline. En 1987, à l'âge de 30 ans, elle a affronté le détroit de Béring, reliant la petite Diomède en Alaska à la grande Diomède en Union soviétique.

En 2000, Helsinki, en Finlande, a été le théâtre des premiers championnats du monde de natation en eau glacée organisés par l'International Winter Swimming Association (IWSA). Cet événement a réuni des nageurs intrépides prêts à se confronter aux eaux glaciales.

Martin Strel, un nageur de longue distance slovène, est connu pour ses records du monde Guinness successifs en nageant sur le Danube, le Mississippi et le Yangtsé. En 2007, il a réalisé un exploit remarquable sur l'Amazone, parcourant une distance totale de 5 268 km en 66 jours, avec plusieurs étapes, en nageant dans des eaux infestées de crocodiles, de requins bouledogues, d'anacondas et de piranhas. Sa détermination exceptionnelle a été mise en évidence tout au long de cette incroyable expédition, où il a surmonté ces défis redoutables.

En 2007, Lewis Pugh anglo-sud-africain, âgé de 38 ans, a réalisé un exploit mémorable en nageant 1000 mètres au plus proche du pôle nord géographique à 90° de latitude nord, dans une eau à -1,7°C. Il a accompli cette prouesse en seulement 18 minutes et 50 secondes, repoussant ainsi les limites de l'endurance humaine.

Le Marathon de natation olympique de 10 km s'est tenu à Beijing, en Chine, en 2008, marquant un moment historique pour la discipline.

En 2009, Ram Barkai a fondé l'International Ice Swimming Association (IISA) à Cape Town.

A nouveau Lewis Pugh, à l'âge de 41 ans, a réalisé une nage exceptionnelle en altitude en 2010. Il a parcouru 1000 mètres à une altitude de 5300 mètres dans le lac Pumori au pied du mont Everest en seulement 22 minutes et 51 secondes.

À l'âge de 64 ans, après de multiples tentatives depuis l'âge de 20 ans, la nageuse américaine Diana Nyad a repoussé ses limites en 2013 en réalisant une traversée épique de 165 km de Cuba à Key West en Floride, sans aucune protection contre les requins et les méduses. Elle a nagé sans relâche pendant 52 heures et 54 minutes, démontrant ainsi une résilience extraordinaire et une détermination sans faille.

Les championnats du monde de natation en eau glacée de l'International Ice Swimming Association ont été inaugurés en 2015 à Mourmansk, en Russie. Les nageurs ont ainsi défié des conditions extrêmes, avec une eau à 0,8°C et des températures de l'air de -6°C.

Alexandre Fuzeau a marqué l'histoire de la natation en eau glacée en France. En 2015, il a participé aux championnats du monde de Mourmansk, devenant ainsi le pionnier de cette discipline dans le pays. Pendant un an il a été le seul à participer à des compétitions de nage avec une température d'eau inférieure à 5°C. Au cours de sa carrière, il a établi pas moins de 27 records de France, remporté 11 médailles, dont une en or, au cours de 8 championnats du monde et accompli l'exploit remarquable de nager un 1000 mètres en eau glacée à 18 reprises lors de compétitions. Son engagement et ses performances exceptionnelles ont fait de lui une référence incontournable dans le domaine de la nage en eau glacée en France.

En 2019, la nageuse d’eau libre américaine Sarah Thomas, âgée de 37 ans, un an après la fin de son traitement contre le cancer du sein, a accompli un remarquable exploit en réalisant deux allers-retours de la Manche. Sa nage sans relâche s’est poursuivie pendant 54 heures et 10 minutes. Lewis Pugh a chaleureusement salué sa performance « fabuleuse, géniale et surhumaine ».

Pour conclure ce chapitre concernant surtout les exploits de ces incroyables nageurs, il est clair que ces athlètes sont tout simplement hors du commun, ils ont repoussé leurs limites au-delà de ce que nous pensions possible. Mais n'oubliez pas, la natation en eau froide n'est pas réservée à ces seuls héros des records du monde. Que vous soyez un nageur accompli ou un simple débutant, laissez-vous inspirer par ces histoires et trouvez votre propre manière de défier les éléments. Qui sait, peut-être qu’en explorant les mers lointaines ou en plongeant dans les océans gelés, vous écrirez votre propre aventure aquatique et deviendrez la prochaine légende de la nage en eau froide !

INTRODUCTION

Pourquoi ce livre ?La nage en eau froide en hiver est devenue très populaire en France en raison de notre climat favorable, mais surtout en raison des effets bénéfiques présumés sur le bien-être, la santé et peut-être même la longévité. La pandémie de la Covid-19 en 2020-2021 a conduit à la fermeture des piscines en France, incitant ainsi de nombreuses personnes à se tourner vers la pratique de la nage en hiver en mer, en lac ou en rivière. La plupart des nageurs hivernaux en France nagent dans une eau comprise entre 7 et 15°C. Il est important de noter que notre perception de la température de l'eau est influencée par la température de l'air environnant.

La pratique de la nage en eau froide nécessite une prise de conscience des risques potentiels et une préparation adéquate. Malheureusement, de nombreuses personnes s'engagent dans cette activité sans réellement connaître les dangers auxquels elles s'exposent. Bien qu'elle soit facilement accessible pour ceux qui habitent près du littoral et ne nécessite que peu de matériel, il est important de souligner que la nage en eau froide est une activité physique extrême en raison de l’exposition de tout le corps à l'eau froide, ce qui peut entraîner des modifications physiologiques significatives. Cependant, à moyen et long terme, certains nageurs réguliers en eau froide parviennent à s'acclimater à des degrés variables. Le problème étant de savoir si cette activité a vraiment des effets bénéfiques ou si elle peut être à l’origine d’effets nocifs. Le but de ce livre est de donner des informations aux nageurs concernant la physiologie humaine de la nage en eau froide afin qu’ils connaissent les avantages et les risques de cette activité dans cet environnement extrême, mais également qu’ils comprennent ce milieu naturel et qu’ils développent du bon sens afin de reconnaître et d’éviter des situations à risque et ainsi profitent de leur passion en toute sécurité.

Toutes les informations de cet ouvrage ont été recueillies à partir de publications scientifiques pour aboutir à des applications pratiques que chacun pourra utiliser dans son activité régulière de nageur en eau froide.

La passion de la mer et de la nage en eau froide, que je pratique depuis plus de 30 ans les hivers à Marseille au sein de mon club « le Cercle des Nageurs de Marseille », m’ont conduit à proposer comme sujet d’un diplôme universitaire de médecine maritime d’urgence en septembre 2020 :

« Les effets hémodynamiques et thermiques de la nage en eau froide ».

J’ai pu ainsi appréhender au cours de ce travail effectué à partir d’un petit échantillon de nageurs du club, non seulement les variations de pression artérielle, de pouls et de température suite à l’exposition du corps à l’eau froide mais aussi l’ensemble des effets physiologiques. Par la suite il nous a paru intéressant d’avoir des informations complémentaires sur l’état de santé de ces nageurs hors du commun, notamment ceux qui pratiquent depuis plusieurs années avec et sans combinaison, afin de connaître leurs caractéristiques physiques, la durée moyenne de la nage, leurs comorbidités1 ou leur susceptibilité aux infections hivernales.

En décembre 2020, nous avons réalisé une enquête sur les nageurs en eau froide du littoral Marseillais, Ciotaden et Cannois. Les participants étaient au préalable informés et leurs données ont été toutes anonymisées et détruites après la fin de l’enquête.

L’analyse de ces résultats offre des informations sur le profil de ces sportifs. L’échantillon se compose de 29 personnes (19 hommes et 10 femmes) qui nagent tous les hivers en mer sans combinaison. L’âge moyen des hommes est de 60 ans (le plus jeune ayant 42 ans et le plus âgé 84 ans) alors que chez les femmes il est de 53 ans (la plus jeune ayant 28 ans et la plus âgée 68 ans). Les hommes et les femmes sont plutôt de grandes tailles (respectivement de 1.80m et de 1.72m) avec un indice de masse corporelle moyen normal de 23.6 kg/m2 pour les hommes (extrêmes 22.1 et 29.5 kg/m2) et de 22 kg/m2 pour les femmes (extrêmes 17.9 et 25.1 kg/m2). La plupart des participants nagent en hiver au moins trois fois par semaine (41%) voire tous les jours (24%) et les plus nombreux (82%) restent plus de 20 minutes dans l’eau. A la sortie de l’eau ils ressentent principalement un bien être (79%) qui les accompagne le reste de la journée (72%). La nervosité, la tristesse et le stress sont corrélés à l’absence de bain et la moitié des nageurs déclarent ne pas pouvoir se passer d’un bain régulier en eau froide. Au moment de cette enquête 65% des nageurs ne prenaient aucun médicament et 62% n’avait aucune comorbidité. De plus, 81% des nageurs ne fumaient pas et un sur deux consommait de l’alcool modérément. En ce qui concerne les autres activités sportives, 75% pratiquaient également le vélo ou la randonnée pédestre. Parmi les incidents survenus dans cette petite série (Fig.1) la majorité était d’ordre ORL (sept nageurs se sont plaints d’acouphènes ou de vertiges et un a présenté une exostose2), cardio-vasculaire (trois nageurs ont présenté respectivement un malaise, une poussée hypertensive3 et un œdème pulmonaire d’immersion4), et enfin trois nageurs après une nage supérieure à 60 minutes ont présenté des signes modérés à moyen d’hypothermie5.

On peut conclure de cette série qu’il s’agit d’une activité sportive concernant surtout les personnes de 50 à 60 ans ayant un morphotype normal, ne fumant pas, consommant de l’alcool de manière modérée, présentant peu de comorbidités et pratiquant également la randonnée pédestre ou le cyclisme.

Les incidents immédiats sont, pendant la nage, principalement d’ordre cardiovasculaire et surtout ORL, tandis qu’au-delà les risques sont liés à l’installation d’une hypothermie.

Fig.1 Incidents survenus dans notre groupe de nageurs lors de la nage en froide (n=29). Plus de 50% sont ORL, moins d’un quart lié à de l’hypothermie ou à une affection cardio-vasculaire.

1 Comorbidités : Il s’agit de la présence chez la même personne de plusieurs maladies chroniques.

2 Exostoses : excroissances osseuses (dans ce cas du conduit auditif externe).

3 Poussée hypertensive : élévation sévère de la pression artérielle.

4 Œdème d’immersion : extravasation entre le capillaire et l’alvéole pulmonaire avec inondation alvéolaire de sang ou de liquide protéique.

5 Hypothermie : température corporelle centrale inférieure à 35°C.

I –NOTRE MILIEU NATUREL : LES OCEANS, LES MERS, LES LACS ET LES RIVIERES

Dans ce chapitre, nous nous aventurons au cœur de notre milieu naturel, explorant les océans, les mers, les lacs et les rivières en tant que lieux de prédilection pour la pratique de la natation en eau libre. Ce chapitre introductif met en lumière les paramètres essentiels à prendre en compte lors de la nage en milieu naturel.

- La température de l’eau

1/Les variations de température en mer

L'eau de mer présente des variations significatives de température en France. Durant les mois d'hiver, les régions de la Mer du Nord et de la Manche enregistrent les températures les plus froides, oscillant entre 7 et 9°C. En descendant vers le sud de la Bretagne et le littoral Vendéen, les températures de l’océan s'élèvent entre 10 et 11°C. Sur la côte Basque, elles atteignent environ 12°C, tandis qu'en mer Méditerranée, elles se situent entre 12 et 14°C6.

2/Les lacs et les rivières

Les lacs et les rivières offrent également des environnements propices à la natation en eau libre. Leur température varie en fonction de plusieurs facteurs tels que la géographie, l'altitude et les apports en eau provenant des sources et des ruisseaux environnants. Les lacs de montagne, par exemple, peuvent afficher des températures plus fraîches que les lacs de plaine.