Nelle et l’attaque des guerriers - Tome I - Samantha Diaz - E-Book

Nelle et l’attaque des guerriers - Tome I E-Book

Samantha Diaz

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Beschreibung

Nelle, une étudiante de 19 ans, solitaire et énigmatique, se retrouve plongée malgré elle dans un monde étrange et fascinant, où les mystères et les dangers se mêlent. S’accepter soi-même est déjà un défi, mais apprendre à comprendre des âmes dotées de dons exceptionnels est une épreuve bien plus périlleuse. Au fil de cette aventure, des liens inattendus se forment, et Nelle découvre que l’amour peut naître là où l’ombre et le mystère règnent.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Samantha Diaz a découvert l’écriture comme un monde magique où chaque mot est une incantation et chaque histoire une aventure. Passionnée par l’idée d’incarner de nouveaux personnages et de vivre des émotions intenses à travers ses récits, elle trouve dans l’écriture un moyen d’explorer des univers insoupçonnés, de ressentir une myriade d’émotions et de se réinventer à chaque ligne.

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Seitenzahl: 834

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Couverture

Titre

Samantha Diaz

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nelle et l’attaque des guerriers

Tome I

Roman

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Samantha Diaz

ISBN : 979-10-422-8005-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

Nelle et l’attaque des guerriers

 

 

 

 

 

Comme si ce n’était pas assez compliqué dans ma vie, il faut que je change d’université en cours d’année.

Mes parents pensent que c’est nécessaire pour moi, j’espère qu’ils ont raison.

Ce matin, mes parents m’accompagnent en voiture jusqu’au campus. Par chance, il n’y a aucun étudiant dehors. Notre dernier échange physique, avant plusieurs semaines, ne sera vu par personne.

Après un signe de la main et quelques larmes versées par ma mère, mes parents me redisent en chœur : « À dans deux mois, tout va bien se passer. »

J’avance dans l’immense allée bordée d’arbres et de pelouse fraîchement coupée. L’extérieur est vraiment impeccable, comme si les lieux étaient déserts. Le soleil est au rendez-vous, pour un mois d’octobre je suis chanceuse. Je m’approche de plus en plus d’un bâtiment avec ma valise à la main. Je ne suis évidemment pas ce genre de fille à avoir tout un tas d’habits, et pour une fois, ça m’arrange bien, cela m’évite de devoir peiner pour avancer, chargée comme une mule.

La porte d’entrée est imposante et elle se marie à merveille au reste du bâtiment. Son côté à la fois moderne et ancien se révèle mystérieux. Je remarque plusieurs statues un peu partout devant le bâtiment. Est-ce un loup ? Et celle-ci, une sorcière à califourchon sur un balai ? C’est de l’humour ?

Un nom, « Aurore », est inscrit sur l’énorme plaque en or au-dessus de la porte d’entrée.

J’aurais pu rester devant un bon moment si la porte ne s’était pas ouverte d’un coup.

Une fille blonde avec de magnifiques yeux bleus sort du bâtiment et manque de me percuter. Elle me regarde de la tête aux pieds !

Son regard méprisant m’informe rapidement que nous ne serons pas de grandes amies.

 

— Mais qu’est-ce que tu fais là toi ? me dit-elle.
— Je ne cherche qu’à entrer dans ce bâtiment.

— Tu as dû te tromper d’endroit, il n’y a pas de place pour toi à l’intérieur, tu as l’air bien trop naze pour cette université, retourne chez toi !

Ça commence bien… Il fallait que je tombe directement sur madame Peste qui se croit supérieure à tout le monde.

 

— Maintenant que je suis inscrite, il va être compliqué de repartir.
— Ne fais pas la maline avec moi, tu pourrais regretter de m’avoir comme ennemie.

Elle me pousse et s’éloigne en longeant le bâtiment pour rejoindre un groupe de mecs. L’un d’entre eux attire davantage mon attention, peut-être à cause de son regard tout aussi méprisant que celui de la blonde. Je le fixe quelques instants puis je me décide à franchir le seuil de la porte.

J’avance à reculons dans ces énormes couloirs blancs en espérant tomber sur quelqu’un d’un peu plus aimable qui pourrait m’aider. L’intérieur est aussi bien tenu que l’extérieur et de nombreux cadres sont accrochés ici et là. Par curiosité, j’en regarde un qui est nettement plus grand que les autres. La plaque mentionne une date vieille de plusieurs siècles. Il s’agit d’une peinture représentant des hommes debout, bien habillés dans ce qu’il semble être un uniforme. Un détail sur le personnage central retient mon attention. Je devine un insigne sur sa veste qui me paraît familier. On dirait le même que sur mon collier ! J’essaye d’en voir les détails, mais j’entends un murmure dans le couloir qui m’interpelle. Personne ! Un frisson me parcourt et je préfère reprendre mon chemin. Je finis par m’arrêter devant une salle dans laquelle deux filles discutent.

L’une d’entre elles est plutôt petite et rondouillarde, mais ses cheveux châtain clair, très longs et fins, mettent en valeur son visage ovale. Des petites fossettes apparaissent quand elle sourit. Elle a un regard très pétillant et une joie de vivre se ressent.

La seconde est bien plus grande et très fine avec des cheveux noirs et courts. Ses yeux bleus sont à moitié cachés par ses lunettes toutes rondes. Elle dégage une timidité dans laquelle je me reconnais très bien.

 

— Excusez-moi ? dis-je d’une petite voix.

Elles se tournent toutes les deux vers moi et me regardent.

— Oui ? répond la plus grande des deux.
— Je viens juste d’arriver sur le campus, et j’ignore totalement où est le dortoir pour aller m’installer. C’est tellement immense ici que je pense me perdre rapidement.

Elles se mettent à rire tout en hochant la tête.

— Je m’appelle Cécile, dit la Brunette, et elle s’est Lucie, nous allons t’accompagner.
— Merci, c’est sympa, moi c’est Nelle.

Cécile me sourit et me fait signe de la suivre.

Nous ressortons du bâtiment. Mes yeux se dirigent de nouveau vers le groupe de trois. Leurs yeux se tournent également dans ma direction.

Pourquoi Lucie donne un coup de coude à Cécile ? J’ai fait quoi ?

 

— Tu ne devrais pas prêter attention à eux, me dit Cécile tout en leur lançant un regard noir.
— Pourquoi ? C’est quoi le problème ?
— Ils sont diaboliques, Nelle, disent mes deux nouvelles connaissances en même temps.

Je ne dis mot et continue d’avancer. Je comprends à présent le geste de Lucie, elle n’a pas compris pourquoi je regardais les gars. Mais du coup, elles se moquent de moi sur le mot « diaboliques » ? S’ils sont aussi mauvais pourquoi ne sont-ils pas tout simplement exclus.

 

Nous contournons le bâtiment qui me semble interminable et nous tombons sur un deuxième qui a une taille et une forme différente. Il ressemble au dortoir standard que l’on peut voir d’habitude dans un lycée. Il est ancien et pour le coup, il lui faudrait un sérieux coup de peinture.

Après quelques minutes à pied, nous arrivons devant. Plus je m’en approche et plus j’ai une sensation étrange qui me parcourt de partout, je ressens une force, comme une présence.

Je m’arrête sans même me contrôler à une dizaine de mètres de la porte d’entrée où se tient un esprit. « Oh non pas ici. »

Cet être venu de nulle part me fixe avec une telle méchanceté que je commence à avoir peur qu’il s’approche pour m’attaquer.

 

— Nelle, tu viens ? me demande Lucie.

Je suis comme pétrifiée, et ne peux plus du tout parler ou bouger, pourquoi mon corps réagit ainsi ? Les esprits ont toujours eu un impact fort sur moi sans que je puisse réagir pour me défendre. Celui-ci à l’air de bien s’amuser de la situation, il s’approche tout doucement, comme s’il prenait un plaisir fou de me faire souffrir et à augmenter mes angoisses.

 

— Nelle, tu n’as pas l’air d’aller bien ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

Vu le son de la voix et l’intonation, Cécile est inquiète. Je ne peux même pas tourner la tête pour la rassurer et encore moins parler.

Pas ici, pas maintenant. Après quelques secondes qui me paraissent une éternité, je vois l’esprit tourner son regard dans une autre direction et s’y rendre. La porte est libre à présent. Je réussis enfin à me ressaisir, et je me retourne afin de voir où il est parti. Il s’avance en direction des gars qui ont commencé à se rapprocher de nous. Ils ne sont plus que trois. Ils ont laissé la blondasse où ?

L’un d’entre eux m’observe toujours avec un mélange de mépris et de curiosité.

— Nelle ? insiste Cécile.

Je sursaute et fais face aux filles. Cécile semble vraiment inquiète pour le coup. Et moi je dois passer pour une malade.

— Oui, désolée, j’étais dans mes pensées les filles.

Je leur lance un sourire, mais je vois bien qu’elles se regardent et s’interrogent sur mon moment d’absence.

— Allons-y, conclut Lucie.

Cécile vient d’échanger un regard avec l’un des gars ou je suis toujours choquée et me fais des films ?

Quand je les regarde, j’aperçois l’esprit assis avec eux, comme si de rien n’était.

Je rêve ou quoi ?

Nous rentrons dans le dortoir et je sens une tension entre nous trois. La bonne humeur des filles à l’air de s’être envolée.

De la porte d’entrée, je vois un grand espace sur ma droite avec des billards, flipper et baby-foot. Plusieurs canapés ainsi qu’un coin qui, je suppose, est utilisé pour s’installer pour manger, tables et chaises. À gauche, il y a une double porte ouverte. Là, c’est le réfectoire.

Un couloir longe le bâtiment et mène à une porte tout au bout. Finalement, de l’intérieur, il est bien plus moderne que de l’extérieur.

Je leur donne le numéro de ma chambre, histoire de relancer la conversation et elles se figent…

— Il y a un problème avec cette chambre ? demandé-je curieuse.
— Non, non, répond Cécile en souriant.

Super…

Lucie propose de me faire visiter les lieux avant de monter dans ma chambre et pour le coup, je trouve que c’est une excellente idée, Cécile se joint à nous. Ça aura le mérite de faire revenir la bonne humeur des filles.

Elles m’emmènent voir les parties communes, réfectoire immense, ça présage énormément d’étudiants, salle de jeux que j’avais déjà repérée, salle d’informatique… je ne pensais pas que notre dortoir était aussi bien équipé. Mes parents ont bien choisi le lieu, ils voulaient sans doute que je ne manque de rien.

1 h qu’on se promène et qu’on visite et nous allons enfin pouvoir gagner la chambre.

CHAMBRE 114

Je pense que ma chambre ne pouvait pas être plus isolée et au fond d’un couloir. Mais le couloir est déjà plus joyeux que celui du bâtiment principal. Il y a des couleurs sur les murs et surtout des plantes qui donnent un peu de vie.

— Voici ta chambre. Nous sommes dans la no 100. Si tu as besoin de nous, n’hésite pas, me dit Cécile avec son sourire habituel.
— Merci pour votre aide. À plus tard, alors.

Je les regarde s’éloigner, et au moment où je m’apprête à entrer dans ma chambre, la porte derrière moi s’ouvre. Par curiosité, je me retourne et mon cœur s’arrête de battre.

L’esprit est là… ainsi que le blond avec son regard méprisant. Bien que son regard m’effraie grandement, il est incontestablement d’une beauté qui ne peut pas me laisser indifférente. Ses yeux verts ne peuvent susciter que de la jalousie. Il est plutôt élancé, contrairement à moi qui suis de taille moyenne. Il n’est pas forcément costaud, mais il est loin d’être maigre. Il est juste parfait. Nelle, c’est toi qui viens de penser ça ?

Je vois la main du gars faire un signe à l’esprit. Je rêve encore ou quoi ?

Je passe mon regard de l’un à l’autre, ce qui l’interpelle. Et mince ! L’esprit disparaît et mon cœur peut de nouveau battre normalement.

Ses sourcils se redressent et il essaye de m’examiner lorsque quelqu’un dans le couloir prononce un prénom :

— Dagon !

Il tourne la tête en direction de la voix.

— Une minute, j’arrive.

Je profite de ce court laps de temps pour rentrer rapidement dans ma chambre.

Tout juste entrée, je m’effondre au sol, dos à la porte et la tête dans mes bras. À peine arrivée, je dois affronter des esprits. Ce que je redoute et déteste le plus depuis toujours.

De longues minutes me sont nécessaires afin d’évacuer tout le stress et la peine que j’ai accumulés depuis quelques heures.

Je finis par me relever afin de faire un tour de mon nouveau chez-moi.

Cette chambre peinte en blanc n’est pas immense, mais j’ai la chance d’être seule à y dormir. Mon lit est presque collé au mur à gauche, il n’y a qu’une petite place pour passer. Heureusement, je ne suis pas bien épaisse et je pourrai me faufiler. La penderie est immense et tout de suite à droite en rentrant, je rigole en me disant qu’ils auraient dû donner cette chambre à l’autre pouffiasse blonde de tout à l’heure, je suis certaine qu’elle a suffisamment de vêtements pour habiller la moitié du campus. Allez, arrête, Nelle, ne soit pas méchante. Tu ne peux pas reprocher à quelqu’un d’avoir juste plus de goût que toi en mode. Ma fameuse penderie qui restera presque vide est attenante à une autre porte. Je l’ouvre et je suis surprise de voir que j’ai ma propre salle de bain. Excellente chose !

Ma fenêtre donne directement sur le parc, la vue est vraiment très jolie. Il n’est pas d’une taille extrême, mais il a le mérite d’être là où les étudiants peuvent venir s’installer sur des bancs. Il y a même des tables de ping-pong. Une magnifique fontaine est présente au milieu du parc. Ce campus est vraiment très impressionnant. Une forêt qui semble s’étendre à perdre de vue commence juste derrière le parc. Je ne vois pas l’entrée de cette dernière en revanche. Bon, tant pis, je la trouverai bien plus tard.

Je continue à explorer ce magnifique paysage afin de m’évader dans mes pensées lorsque mon regard croise celui de Dagon. Décidément, il est partout lui.

Je me surprends à avoir retenu son prénom aussi facilement.

Une fois de plus, il semble froid, je me sens comme détestée par ce gars alors qu’on ne se connaît pas. Pourquoi les filles ont dit « diabolique » ? Il a des cornes qui poussent sur sa tête à la tombée de la nuit ? Je me mets à sourire comme une idiote et il semble le voir. Ah non ! Mince, Nelle, tu es trop bête !

La blonde aussi est avec eux et je la vois faire un signe à Dagon ; ne bougeant pas, elle se retourne pour voir ce qu’il regarde.

Évidemment, elle me fusille du regard et je n’ai d’autre choix que de m’éloigner de là avant que ses yeux ne finissent par me tuer.

Allez, va plutôt ranger tes affaires, ma pauvre fille ! Ça ira vite.

C’est bientôt l’heure de manger, mais je suis terrifiée à l’idée de sortir d’ici. Entre l’esprit, Dagon et l’autre blondasse, je pense que mon intégration ne sera pas si simple que ça.

J’essaye de trouver des idées pour m’occuper plutôt que de devoir faire quelque chose à l’extérieur. Il faudra quand même que je sorte pour aller au rendez-vous avec le professeur Anderson.

Quelqu’un se met à frapper doucement à ma porte. J’hésite quelques secondes avant d’ouvrir, de peur que ce ne soit Dagon.

Ouf ! c’est Cécile.

Je l’invite à rentrer avec un large sourire. Elle examine rapidement la pièce avant de parler.

— Elle est chouette ta chambre, dit Cécile en visitant.
— Oui et la vue est plutôt sympa aussi.
— Tu as de la chance, notre chambre donne sur le parking.
— Vous êtes les bienvenues pour admirer la mienne.

Elle explose de rire et me remercie de mon élan de générosité.

— J’étais venue voir si tout allait bien et si tu voulais venir manger avec Lucie et moi ?

Après quelques secondes de réflexion, je décide d’accepter, ça me permettra de sortir prendre l’air. Et surtout faire un peu plus connaissance avec elles. Je suis bien contente de sa réaction. Elle propose la cafeteria du dortoir, visiblement, c’est moins bon que le réfectoire du bâtiment principal, mais ça reste tout de même correct. Le week-end, les étudiants préfèrent être ici plutôt que de l’autre côté et de devoir se mélanger aux professeurs. Ce que je comprends parfaitement.

Par chance, mes parents ont crédité ma carte étudiante suffisamment pour pouvoir aller manger pour les trois prochaines années.

Lucie nous attend devant l’ascenseur. Elle a l’air de très bonne humeur vu le grand sourire qu’elle fait.

Discrètement, j’essaye de voir si Dagon et ses amis sont toujours dans les parages. Il ne semble avoir aucune trace d’eux.

Après quelques minutes de marche, nous arrivons à la cafeteria. Une salle immense se dresse devant moi. Je ne l’avais pas vue aussi grande tout à l’heure. Déjà que je suis stressée par sa taille… Un léger vent de panique me saisit en voyant de nouveau des statues plus étranges les unes que les autres. Pourquoi une telle décoration ?

J’essaye de respirer calmement afin de faire redescendre la pression. Autant de monde dans un même endroit me stresse visiblement.

Je suis Cécile et Lucie de près, ce serait dommage de les perdre ici.

Je me sers au buffet puis, une fois payé, je vais les rejoindre à une table. Vu les grands signes que me fait Lucie, je ne risque pas de la louper. Elle n’est clairement pas timide, elle.

Cécile me regarde et je la vois hésiter à poser sa question. Enfin, je suppose qu’elle a envie de m’en poser une.

— Nelle, pourquoi as-tu changé d’université ? me demande-t-elle enfin.
— Ce sont mes parents qui m’ont inscrite ici.
— Pourquoi ? L’ancienne n’avait pas de beau et sexy professeurs ? enchérit-elle tout en souriant avec Lucie.

Elles se mettent à rire et moi pour le coup, je ne sais plus où me mettre. Des professeurs sexy ? Elles sont sérieuses ? Elles sont vraiment du genre à les mater ?

— En même temps, entre Anderson et Smith, nous sommes gâtées, dit Lucie en battant des cils.

Au moins là, je rigole bien. C’est pitoyable, mais marrant.

— Dommage que Smith soit un vampire, dit Cécile en faisant une petite moue déçue.
— Pardon ? dis-je en manquant de m’étouffer avec mon morceau de viande.

Elle a dit un quoi ? J’ai dû rêver, un vampire ?

Cécile regarde Lucie d’un air pensif devant mon air estomaqué.

— Tu étudiais quoi dans ton ancienne université ? me demande Cécile en reprenant son sérieux.
— J’étais en fac d’histoire.
— Ce sont tes parents qui t’ont inscrite, c’est bien ça ?
— Oui, pourquoi ?

De nouveau, elles se regardent, puis Lucie me saisit la main gentiment.

— Tu es dans une école de magie, Nelle !
— Quoi ? Vous vous moquez de moi ?

Quand Cécile me confirme qu’elle ne plaisante pas le moins du monde, puis que Lucie justifie ses propos en sortant de son sac un livre sur lequel il est marqué : Magiethéorique, récit mythique, je me pose tout un tas de questions. J’ouvre au hasard une page et je tombe directement sur les loups-garous. Je le referme d’un coup, un peu violemment, et recule légèrement de ma chaise.

— Je ne comprends pas pourquoi mes parents m’auraient inscrite ici.
— Pourquoi tu as dû changer d’université ? me demande Cécile en posant une main sur la mienne.
— C’est trop compliqué à expliquer, mais ils se sont débarrassés de moi…

Les larmes me montent aux yeux à ce moment-là. Ne pleure pas ici par pitié ! Ce n’est pas du tout le moment.

— Salut les filles ! dit un mec en s’incrustant à notre table.
— Salut Mattieu ! dit Lucie pendant que Cécile lui fait un grand sourire.
— Vous me présentez votre nouvelle amie ?

Il me regarde et me sourit en disant ça.

Lucie s’occupe de lui donner mon prénom. Je fais un léger sourire, plongée dans mes pensées. Pourquoi mes parents m’envoient-ils ici ? Je suis complètement perdue.

Mes yeux finissent par se poser sur Dagon, situé au fond du réfectoire, pile entre Cécile et Mattieu. Il est une fois de plus en train de m’observer, cette fois son regard a changé, il a un sourire en coin. Il sait sourire, lui, finalement. Les paroles des filles me reviennent une fois de plus en tête, il y a des diables ici ou des démons ? Et lui en est un ? Il semble si normal pourtant.

— Tu es nouvelle ici ? Il ne me semble pas t’avoir déjà rencontrée, demande Mattieu.
— Oui, je suis arrivée ce matin.

Je ne souhaite pas en dire davantage, j’ai besoin de temps.

Je me dépêche de manger pour pouvoir me retrouver seule et comprendre ce qui se passe.

Je suis complètement perdue dans mes pensées que je n’entends pas tout de suite que Cécile m’appelle.

— Oui, Cécile, pardon ?
— Je te demandais si tu avais des projets pour cette après-midi.
— J’ai rendez-vous avec le professeur Anderson à 14 h.
— La chance, un tête-à-tête rien que vous deux ? dit Lucie avec un grand sourire.
— Tu vas voir, il est à tomber, ce prof, enchérit Cécile.
— Il est loin de m’arriver à la cheville, répond Mattieu.

Cécile donne un coup de coude à Mattieu, puis ils explosent de rire tous les trois.

Ils continuent à discuter entre eux, voyant bien que je ne parle pas beaucoup.

Je finis par me lever, après m’être excusée. Je souhaite récupérer mon sac à dos dans ma chambre avant mon rendez-vous. Il va sûrement vouloir me demander de rattraper mon retard et me filer plusieurs bouquins, dont celui de Magie théorique, récit mythique. Rien que d’y penser, je sens des frissons dans mon dos.

Cécile, pour le coup, est vraiment un amour en me proposant de m’accompagner, mais là j’ai besoin d’être seule et surtout elle ne pourra pas toujours être là, à chacun de mes déplacements. Je refuse gentiment et m’éloigne d’eux avec mes affaires ; je me dirige vers le coin cuisine pour déposer mon plateau.

— Salut ! prononce un homme dont je ne reconnais pas la voix.

Je me retourne dans le doute ou quelqu’un s’adresse à moi.

Dagon…

Je commence à partir lorsqu’il m’attrape par le poignet et me tire contre lui. Il me colle contre le mur et finit par m’encercler. Ses yeux se plongent dans les miens et le seul réflexe que mon corps trouve et de baisser la tête. Rapidement, une étrange sensation à son contact m’envahit, un mélange de plaisir d’être à sa merci et une peur de ce qui pourrait se passer ensuite. Tous mes membres sont paralysés. Je sens son souffle sur mon visage, et cette odeur qui se dégage de lui, si enivrante.

— Qui es-tu toi ?

Je n’ose pas plus parler que de bouger. Il souhaite vraiment une réponse ? Visiblement oui. Avec sa main, il soulève mon menton et nos regards ne mettent pas longtemps à se croiser. Ses yeux verts me transpercent complètement. Mon corps entier se met à trembler et violemment, j’enlève sa main de mon visage.

— Ne me touche pas sans mon accord !
— Ah ben voilà ! Tu sais parler alors !

Je lui lance un regard froid et essaye de le pousser pour qu’il lâche prise sur moi. C’est quoi cette force ? Il n’a pas bougé du tout.

— Laisse-moi partir.
— Je n’en ai pas encore fini avec toi. Tes petites copines sorcières n’auraient pas dû te laisser seule, une demoiselle si innocente et fragile que toi.

Je suis sous le choc, elles avaient donc raison, je suis bien dans une université de sorcellerie. Il se dégage une telle noirceur de lui. Mon corps ne semble pas vouloir cesser de trembler de peur.

— Et puis tu n’es pas bien près de moi là ? ajoute ce grand blond avec toujours une intensité bouleversante dans le regard.
— Non, les démons ce n’est pas mon genre.

Il pouffe de rire et décroche un très léger sourire.

— Qu’est-ce que tu fais avec cette idiote, Dagon ? Ne perds pas ton temps.

Sa voix à elle, je la reconnais, c’est la blondasse, elle est tellement aiguë et nuisible pour les tympans.

— Je voulais juste lui souhaiter bienvenue à ma façon. Mais elle n’est vraiment pas intéressante, je te le confirme. Ce genre de fillette faible me fait perdre mon temps.

Ils se mettent à rire tous les deux et j’en profite pour partir après lui avoir donné un coup dans le bras.

C’est quoi son problème à ce mec, sérieux ? Je sors de la cafeteria et me dépêche de rejoindre ma chambre avant que d’autres choses étranges ne m’arrivent. J’espère ne plus le recroiser ce mec ! Il est tellement énervant, arrogant, pourquoi se comporte-t-il comme ça avec moi alors qu’il ne me connaît pas ? Je le déteste d’être ainsi et me rendre si idiote quand je suis auprès de lui.

J’entre enfin dans ma chambre et vais m’allonger quelques instants sur mon lit. Mon esprit m’agace à ne pas vouloir supprimer ce qui vient de se passer. Les paroles des filles et du lieu où je suis me reviennent en plein visage. Il faut que j’appelle mes parents tout de suite. Je veux des explications. Mais évidemment, ils ne décrochent pas…

Je ne peux m’empêcher de repenser à Dagon, à son odeur, à son regard, à sa main chaude et douce touchant mon menton. Mon cœur s’emballe juste en repensant à cet échange.

Les filles avaient raison quand elles disaient qu’il était diabolique… il est profondément méchant… il m’a humiliée et ridiculisée devant la blonde. Et pourtant j’ai déjà envie de le revoir.

L’heure tourne et je dois foncer voir le professeur Anderson.

Lorsque j’arrive devant la salle de cours, le professeur est assis sur son bureau, en train de discuter avec la blonde et un mec.

Il a un large sourire. Les filles ont raison, c’est vrai qu’il est très séduisant. Il est grand, brun avec des cheveux mi-longs et de magnifiques yeux noisette, son haut épouse à merveille son corps sculpté, il ne peut pas être humain pour être aussi beau.

Je n’ai pas le temps de profiter davantage de ce merveilleux spectacle qu’il tourne sa tête dans ma direction et me fait signe de venir. Je m’avance timidement jusqu’à lui.

Amber, Étienne, vous pouvez nous laisser seuls, s’il vous plaît ?

Elle s’appelle donc Amber. J’entends la porte se fermer derrière moi. Je me retrouve seule avec lui. Respire, Nelle c’est un professeur.

— Bonjour Mlle Oksane.
— Bonjour, professeur Anderson, merci de m’avoir proposé ce rendez-vous.

Il me fixe d’un air curieux qui devient rapidement gênant. Il semble attendre que je parle la première, mais c’est très mal me connaître. J’ai la base de la politesse, mais je ne parle jamais pour ne rien dire. Le temps devient vite long.

— J’attends que vous me parliez de vous, Nelle.

Il est sérieux, là ?

— Il n’y a rien à savoir sur moi professeur.
— Je suis convaincu du contraire.

Il se redresse et m’approche tout doucement.

— Pour pouvoir t’aider à progresser, j’ai besoin de tout connaître sur toi, tes moindres secrets.

Oh mon dieu !!

— Je ne sais pas où vous voulez en venir, mais je n’ai pas demandé à venir ici, apparemment mes parents ont cru bon de m’envoyer dans un endroit comme ici ou les gens sont vraisemblablement différents de moi.
— Es-tu certaine d’être aussi différente que ça ? Tu es déjà au courant que cette université a une spécificité et pourtant tu es là, face à moi. J’attends une explication de ton arrivée ici.

Il marque un point ce coup-ci.

— Mes parents ont peur de moi et de cette malédiction qui me suit.
— Il va falloir arrêter d’en vouloir au monde entier. Tu as un don et tu devrais en être fière.
— Fière d’être différente, d’être un monstre ?
— Tu ne connais rien de ton pouvoir encore. Il va falloir patienter, qu’on aborde le sujet en cours. En attendant, lis ses documents que je t’ai préparés pour que tu apprennes certaines choses sur tes futurs camarades.

Les larmes commencent à me monter aux yeux en pensant à ce qui m’arrive. Il remarque que mon visage se ferme littéralement.

— Travaille les documents et on en reparle demain après le cours.

Tout en prenant ma main, il plonge son regard dans le mien, me sourit et m’invite à venir le voir quand je le souhaite pour me confier à lui si ça peut me faire du bien.

Je ne dis mot et sors de la salle. Jamais je n’irais le voir, je ne suis pas du genre à aller voir les gens pour parler de mes problèmes et encore moins à un professeur qui pourrait me juger ensuite.

Je décide d’aller lire les documents dans le parc du campus pour profiter du soleil. Je m’installe contre un arbre et commence à lire les notes. Pendant plusieurs minutes, mon esprit est ailleurs. Je pensais qu’en venant ici, loin de mes derniers malheurs j’irais mieux. Mais pour l’instant, c’est tout l’inverse.

Je suis dans une université remplie d’individu avec des dons et je ne sais quoi. J’ai déjà des ennemis et je dois lire des documents sur les sorcières et les vampires… Je me sens terriblement seule, une vague de stress refait surface.

Lucie et Cécile ont l’air chouettes, mais elles sont peut-être trop joyeuses pour moi.

J’ai l’image de Léo qui me revient en tête. La seule personne qui me comprenait, qui m’acceptait comme j’étais. C’est trop dur, trop récent encore pour moi. Les larmes que je retenais depuis un petit moment sortent sans que je puisse les contrôler. Je mets ma tête entre mes jambes et laisse ma peine sortir de mon corps. Je me sens anéantie, seule. Plus rien ne sera comme avant. Je n’ai plus le goût à rien. Même mes parents ont peur de moi et m’ont éloignée d’eux.

— Nelle !

Je relève la tête, j’ai dû rêver, ça ne peut pas être…

— Leo ?

Il s’agenouille devant moi et je saute dans ses bras. Il me serre fort contre lui comme si de rien n’était.

— Je suis un esprit, Nelle. Tu avais besoin de moi, et je suis venu. Tu ne dois plus pleurer, ma Belle.
— Mais c’est trop difficile ce que je vis, entre ta disparition par ma faute, mes parents qui m’abandonnent, ce lieu où je me sens seule et détestée. C’est moi qui aurais dû mourir, pas toi.
— C’est moi qui ai pris la décision de te sauver. Je savais ce que je faisais. Ne t’en veux pas.
— C’est beaucoup trop dur sans toi, je ne pense pas avoir la force de tenir encore longtemps.

Mes larmes continuent de couler de plus belle.

Je mets ma tête dans mes jambes et je sens Léo mettre ses bras autour de moi et m’enlacer comme il l’a toujours fait jusqu’ici quand je n’étais pas bien.

— Ma Nelle, j’ai confiance en toi et je sais que tu es forte, très forte même. Apprends à contrôler ta peur, et les esprits ne pourront plus t’atteindre. Et je te connais par cœur, je suis convaincu que ça va arriver plus vite que tu le penses. Tes parents ont pris la meilleure décision en t’envoyant ici. Ils étaient incapables de t’aider, ton pouvoir ne cesse de se développer et il était temps que quelqu’un prenne en main ton don.
— Mais je ne veux pas de cette malédiction, elle ne cause que des drames.
— Repense à toutes les belles choses que tu as faites pour moi. Grâce à toi, j’ai pu entrer en contact avec mes grands-parents que je n’avais pas pu connaître et cela à plusieurs reprises. Et la quantité d’esprits qui ont pu dire adieu à leur proche. Tu es quelqu’un de bien Nelle, tu es adorable avec le cœur sur la main. Tu as ce don, car tu es digne de l’avoir et capable de l’utiliser.

Je relève la tête et il a son regard et son sourire qui m’ont toujours remonté le moral et motivée à affronter les tempêtes.

— Et si je n’y arrive pas ?
— Il y a des gens ici aptes à t’aider, tu verras. Je t’ai vue déjà discuter avec des filles en qui tu pourras faire confiance. Surtout, fais-toi tes propres opinions des gens, et méfie-toi des on-dit. Je dois y aller, Nelle, des personnes approchent. Sèche tes larmes et fais-moi un beau sourire. Je reviendrai te voir très vite.

Il m’embrasse sur la tête puis se retourne pour fixer quelqu’un et après quelques instants, il disparaît.

Lorsque je regarde ce que Léo fixait, j’aperçois Dagon et ses acolytes. Dagon regarde dans ma direction. Est-ce que lui aussi voit vraiment les esprits ?

Cette fois-ci, il n’insiste pas et détourne rapidement son regard.

Je sèche mes larmes et me plonge dans les cours.

« Chapitre 1 : Les sorciers.

Dotés de pouvoirs surnaturels et en particulier la faculté d’opérer des maléfices. Il y a, comme chez tout individu, des bons et des mauvais. Des êtres puissants et d’autres plus faibles. Leurs dons peuvent être divers et variés.

À ne pas confondre avec les médiums qui eux sont des personnes pouvant communiquer avec l’au-delà et qui n’ont pas d’impact direct avec le monde réel »

Je suis donc une médium. Mais il va falloir que je patiente pour en savoir davantage comme me l’a dit le professeur. Mais comment a-t-il su que j’étais une médium ? Je ne lui ai rien dit sur mon don.

Je continue de lire les cours concernant les sorcières et ensuite j’enchaîne sur la leçon qui parle des vampires. Je souris en me disant que je suis entourée de toutes sortes d’individus depuis toujours et que je me croyais seule au monde avec cette malédiction. Ça me remotive d’une certaine façon.

Je ne vois pas le temps passer et c’est le manque de lumière qui me rappelle à l’ordre. Je regarde mon téléphone et il est déjà 18 h 30. Je décide de ranger mes affaires et d’aller les mettre dans ma chambre. Si mes cours sont vraiment fondés, je ne devrais pas me promener seule la nuit tombée, mes pensées me font frissonner et je commence à entendre des bruits étranges.

Je me relève et je commence à avancer vers le dortoir.

— Nelle ?

Je sursaute sur place et manque de pousser un cri de terreur.

— Ah Mattieu ! tu m’as fait peur.
— Désolé, tu fais quoi seule ici alors qu’il fait nuit ?
— J’étais plongée dans mes livres et je n’ai pas vu l’heure passer.

Il regarde autour de lui et finit par me refaire face.

— Je préfère t’escorter, on ne sait jamais.
— Euh oui d’accord, merci.

Nous arrivons presque jusqu’au dortoir quand quelqu’un s’adresse à nous, et sa voix à lui je la reconnais à présent, aucun doute.

— Tu ne devrais pas rester avec lui jeune demoiselle fragile. Il mord, sort Dagon avec une voix qui me donne des frissons dans le dos.
— Seulement les abrutis dans ton genre Dagon, répond Mattieu avec agressivité.
— Si tu avais besoin d’une escorte, fallait venir me voir, je t’aurais raccompagné, ajoute Dagon en me regardant.
— Tu n’es pas de bonne compagnie Dagon, fiche-moi la paix.

C’est sorti tout seul de ma bouche. Je m’étonne moi-même d’ailleurs.

Mattieu explose de rire, puis passe son bras sur mon épaule et m’incite à avancer. Une sensation de fraîcheur traverse ma veste. C’est lui qui dégage ça ?

Nous rentrons dans le dortoir et je remercie Mattieu avec un léger sourire et lui fais un signe de la main pour lui faire comprendre que je le laisse là. Je file jusqu’à ma chambre comme prévu et m’installe à mon bureau pour finir de lire les dernières pages des notes laissées par le professeur.

Mon téléphone qui sonne au mauvais moment me sort malgré moi de ma lecture, ce sont mes parents ! Je leur en veux tellement que je les bascule sur le répondeur puis coupe la sonnerie.

Voilà, c’est terminé pour ce soir. Ma montre m’affiche 20 h. Est-ce que les filles sont encore dans leurs chambres ? Allez, va t’excuser, tu les as quand même envoyées un peu sur les roses tout à l’heure et tu es partie comme une voleuse.

Je vais jusqu’à leur chambre et après une profonde inspiration, je toque à la porte.

Lucie ouvre la porte et me fait un grand sourire et m’invite à entrer.

La chambre est décorée avec goût, et on reconnaît tout de suite l’ambiance fille. Elles ont déjà bien personnalisé les lieux. Contrairement à ma chambre tout en blanc, la leur a des murs colorés, roses…

— Je suis désolée pour mon comportement de tout à l’heure, vous avez essayé de m’aider et d’être sympa et…

Cécile me coupe et me rassure tout de suite.

— Ne t’excuse pas, ça ne doit pas être simple pour toi, tu veux nous en parler ?
— Non pas maintenant, en revanche on peut aller manger ensemble ? Enfin, sauf si vous avez déjà mangé.

Elles me font un grand sourire et acquiescent.

Nous sortons de la chambre et allons nous poser au réfectoire du dortoir. Mattieu nous rejoint ainsi que deux autres mecs, est-ce que tous les gars avec des dons sont aussi séduisants ? On passe la soirée à discuter de tout et de rien, ça fait un bien fou. Je relâche totalement le stress et la tension.

— Allez, on devrait aller dormir avant que les vampires ne se réveillent et viennent nous croquer, dit Lucie en rigolant.

Je sens mon sang se glacer et mon visage se fermer subitement.

— Nelle, elle plaisante, ici les vampires ne s’attaquent pas au vivant, ils risqueraient gros sinon. Et je sais de quoi je parle.

Je regarde Mattieu qui vient de dire ça. Comment ça, il sait de quoi il parle ?

Ses paroles sont censées me rassurer ?

Lucie s’excuse, elle disait ça pour rire et n’avait pas pensé que pour moi tout ça c’est nouveau. Sauf que moi, juste à l’idée de me dire que je suis entourée de vampires, ça ne me rassure pas. Dans les films, ils vident les demoiselles de leurs sangs.

— À l’intérieur, tu ne risques rien, sort Cécile.

Elle essaye de rattraper la bourde de Lucie, mais c’est mal parti.

— Et à l’extérieur ? demandé-je, inquiète.

Ils se regardent tous puis Cécile est la première à prendre la parole.

— Disons que dehors les clans s’affrontent en permanence.
— Les clans ?
— Sorciers bons, contre sorciers qui le sont moins, vampires contre loups-garous… tu verras qu’il y a beaucoup de personnes avec des dons bien différents.
— Il y a vraiment tout ce genre de personne ici ?

Cécile hoche de la tête avec une moue désolée d’avoir abordé le sujet.

— Je crois que je vais aller dormir.
— Je te raccompagne, je préfère ne pas te laisser seule jusqu’à ta chambre, me dit Lucie en se levant de sa chaise.
— Tu as peur de quoi vu qu’on est à l’intérieur ?
— Il y a des charmeurs ici qui pourraient te faire faire des choses que tu n’aurais pas faites avant d’être sous leurs emprises.

L’événement avec Dagon me revient en tête, c’était donc ça… Je me lève de ma chaise à mon tour et souhaite une bonne soirée aux derniers à table.

Mattieu me lance un signe de main et Cécile un sourire.

Nous arrivons devant ma chambre et Lucie me tend un bijou.

— Aucun mauvais esprit ne pourra rentrer dans ta chambre comme ça.
— Merci Lucie.

Je rentre dans ma chambre et ferme la porte à double tour, puis me dirige vers la fenêtre. En l’ouvrant, je me rends compte qu’ils avaient raison, il y a bel et bien du mouvement dehors, avec la pénombre je ne vois rien, mais le bruit est tellement fort que ça devient inquiétant. Je ferme le volet puis referme ma fenêtre.

Après une bonne douche bien chaude, je décide d’aller dormir.

Pendant plusieurs minutes, mon esprit fait un résumé de la journée puis je finis par m’endormir épuisée.

Mon réveil était programmé pour 8 h, ne commençant qu’à 9 h j’ai préféré me réveiller le plus tard possible pour me reposer un peu.

Après un choix de vêtements des plus évidents, je file rejoindre les filles, en espérant qu’elles sont encore dans leur chambre. Par chance, je les croise dans le couloir, elles venaient dans ma direction.

— Bien dormi ? me demande Cécile.
— Oui, disons que ça aurait pu être pire.
— Tu verras dans une semaine tu seras aux anges ici, en plus avec Cécile et moi comme amie ça ne peut être que génial.

Je souris sans grande conviction pour le coup d’être aux anges.

Nous nous dirigeons au réfectoire et prenons un copieux petit déjeuner.

— Vous avez cours aussi avec le professeur Anderson, ce matin ?
— Oui tous les lundis matin nous devons tous y aller, c’est le rituel des clans, me dit Lucie.
— Comment je sais dans quel clans je suis ?

Elles se mettent à rire en chœur et Cécile commence à m’examiner. Elle imite bien la fille qui réfléchit.

— Tu n’as pas l’air de mordre, ni même de vouloir charmer quelqu’un, et je dirais que tu as plutôt l’air gentille, donc dans le nôtre ?
— Et vous êtes quoi vous ?
— Des sorcières Nelle, comme toi non ? me demande Lucie avec une touche de curiosité dans la voix.

Je les regarde avec peine.

— Je suis…
— Salut les filles, dit Mattieu en s’installant de tout son poids sur la chaise à côté de moi.

Sauvés, merci, Mattieu !

— J’ai oublié les notes pour le professeur, je reviens, je vais les chercher.

Cécile est sympa et propose de m’attendre devant l’entrée, en revanche, elle m’incite fort à me dépêcher sinon nous allons être en retard.

Je vais aussi vite que possible pour aller récupérer les documents. Sauf que le sport n’a jamais été mon fort. Ce serait dommage que je tombe dès le deuxième jour.

En ressortant de ma chambre, je tombe nez à nez avec Dagon.

Mon cœur s’emballe, je tente à tout prix de ne pas lui montrer. Mais mon corps réagit à sa présence, m’empêchant de bouger.

— Bonjour, jeune demoiselle fragile.
— Tu ne pourrais pas m’appeler autrement ?
— Il faudrait déjà que je connaisse ton prénom. Et puis ça te va tellement bien comme petit nom.

Il s’approche tout près, son visage n’est plus qu’à quelques centimètres du mien. Je recule, mais la porte fermée me bloque, il est de nouveau très proche de moi. Il met ses mains de chaque côté de ma tête. Je sens son souffle sur ma peau et dans mon cou. Cette fois-ci, je refuse de détourner mes yeux.

— Dagon, pourquoi tu me fais ça ?

Mon corps se met à trembler littéralement.

— Car c’est drôle, tu es à ma merci et j’aime ça. Et apparemment, tu as l’air d’apprécier ça aussi.
— J’en doute fort.
— Alors pourquoi es-tu toujours là, demoiselle fragile ?
— Parce que tu m’empêches de bouger, peut-être ?

Il me sourit et ne répond rien.

— Nous allons être en retard en cours.
— Tant pis.

Avec l’une de ses mains il commence à caresser ma joue. Il est si doux, et une fois encore sa main est bouillante. Ça contraste avec ma peau qui semble gelée.

— Dagon, s’il te plaît, laisse-moi passer. Tu me fais peur…

Les larmes commencent à me monter. Pourquoi ai-je dit ça ?

Il s’écarte avec un sourire. J’en profite pour filer et rejoindre les filles. J’essuie les quelques larmes qui coulent et finis par arriver vers elles.

— Tu as mis du temps, j’espère que tu aimes courir ? me dit Cécile en rigolant.

Dagon passe à ce moment-là à côté de nous et lance un regard froid à Cécile et Lucie.

— Tout va bien Nelle ? demande Mattieu en me voyant me figer.
— À plus tard, Nelle, si fragile, sort Dagon avec moquerie dans la voix.
— Il t’a fait du mal ? insiste Mattieu.

Je vois les yeux de Mattieu changer de couleur après m’avoir posé la question. J’avoue avoir un mouvement de recul face à ce changement. Mattieu semble tellement en colère, il serre ses poings et regarde Dagon avec beaucoup de mépris.

— Pas du tout non, dis-je en essayant d’être la plus convaincante possible.

Dagon me lance un regard surpris, visiblement il ne s’attendait pas à cette réponse de ma part.

— Tu as un problème, le buveur de sang ?

Mattieu s’approche de Dagon et se place devant moi comme s’il voulait me protéger.

Par réflexe, je repasse devant lui et pose ma main sur son torse.

— Mattieu, je vais très bien et Dagon se moque juste de moi, rien de plus.

Mattieu me regarde et ses yeux reprennent leurs couleurs normales. Il me regarde et me fait un sourire et avec le revers de sa main me caresse le visage, je ressens une décharge électrique avec sa main si froide. Il le voit et l’enlève.

Dagon nous regarde d’une manière furieuse et finit par s’éloigner.

Cécile me remet en garde une fois de plus contre Dagon, qu’il va tout faire pour me mettre dans son lit rapidement. S’il avait vraiment voulu faire quelque chose tout à l’heure, il l’aurait fait. Quand je lui ai demandé gentiment de me laisser au final il l’a fait. Il va vite s’apercevoir que je ne suis pas ce genre de nénette qu’il pourra mettre dans son plumard et il me laissera tranquille.

Nous nous dirigeons vers l’amphithéâtre avec quelques minutes de retard, par chance, le prof n’est pas encore là. La salle est complètement remplie. Les filles ont leurs places attitrées, je n’ai plus qu’à me trouver un siège.

Je me sens conne debout en cherchant.

Le prof arrive à ce moment-là, la honte.

— Nelle, il reste une place tout en haut à côté de notre beau Blond.

Aussitôt, je pense à Dagon, et ça ne loupe pas.

Je monte à reculons dans sa direction, et je vois sur son visage un petit sourire qui arrive. Je suis obligée de me coller à lui pour passer, il n’essaye même pas de me faciliter les choses en se poussant. Je finis par m’asseoir à côté de lui, contre le mur.

— Tu ne devrais pas t’asseoir ici, petite chose.

Je ne relève pas et essaye de m’intéresser au cours et durant les trente minutes qui suivent je fais en sorte de l’ignorer totalement. Bien que ce soit très compliqué étant donné qu’il est à quelques centimètres de moi et que je sens son odeur enivrante. Pourquoi suis-je aussi bien quand je suis près de lui, et pourtant je déteste ça ? Aucun homme ne m’a jamais attiré. Je les ai tous trouvés banals et sans intérêts. Ce changement me surprend et ne me rassure pas. Mes yeux s’attardent un peu sur le lieu où je suis installée. La salle est juste immense, je pense qu’il y a au moins deux cents personnes si ce n’est pas plus. Je ne suis jamais allée dans un aussi grand amphithéâtre. Le professeur est obligé de parler dans un micro pour se faire entendre correctement pendant les bavardages. Un grand écran est derrière lui et avec une tablette il écrit directement dessus.

Anderson nous demande alors de nous mettre par petit groupe et de discuter entre nous pour apprendre à nous connaître mieux. Il est sérieux la ? Je ne veux pas parler à Dagon et ses potes.

— Tiens regarde ton petit ami te cherche du regard, je pense qu’il aimerait que tu sois dans son groupe de jeux, me chuchote Dagon.

Je lui lance un regard noir. Je suis avec les trois individus qui m’ont fait mauvaise impression la veille, ça promet.

— À moins que tu préfères rester avec nous, mais on risque de t’entraîner dans notre monde obscur, enchérit ce blond imbuvable.

Les deux autres gars se mettent à rire.

— Je te laisse l’honneur de commencer à te présenter, dis-je à Dagon en le regardant droit dans les yeux.

Il me sourit et s’approche un peu trop près de moi.

— Nous on se connaît déjà très bien petite chose.
— Moi pas. Alors je t’écoute !
— Allez, je commence, je m’appelle Thomas et lui c’est Julien, toi tu es la petite nouvelle c’est bien ça ?

Julien s’avance vers moi.

— C’est vrai que tu as l’air d’une petite chose fragile, il serait très simple de te faire te joindre à nous, Dagon est très doué pour ça.
— Ne la brusque pas trop sinon elle va encore pleurer.

Quoi ? Pourquoi il répond ça, le blondinet ?

— Tu aimes te comporter comme un abruti ? Ou alors tu es juste un connard fini ?

Il me lance un regard noir et ne répond rien.

Finalement, la deuxième demi-heure de cours passe plutôt rapidement même s’ils ne m’ont pas beaucoup adressé la parole et qu’ils m’ont bien rabaissé.

— Allez, on arrête là vos échanges. Vous pouvez sortir prendre l’air, on reprend le cours dans 15 min.

Tous les élèves se pressent de sortir dehors. Je n’ose pas bouger tant que Dagon ne se lève pas. Mais bouge, pourquoi tu restes là toi !! Il se lève en voyant Cécile et Lucie s’approcher.

— Tout va bien, Nelle ? me demande Lucie.
— Oui.
— Nous sommes désolées de t’avoir laissée seule, mais en arrivant aussi tard il fallait se douter qu’il n’y aurait plus de place à côté.
— Ça n’a aucune importance Cécile, je te rassure.

Elle me fait un sourire et patiente près de moi.

— Cécile, Mattieu c’est bien un vampire ?
— Oui, mais un gentil qui a appris à contrôler sa soif.

Je déglutis avec peine. Cécile semble déjà bien le connaître, mais je ne me sens pas pour autant sereine.

— Tu n’as rien à craindre de lui, crois-moi, enchérit-elle.
— Et pour tout à l’heure, quand il s’est énervé ?
— Je pense qu’il t’apprécie et qu’il te sent fragile et sensible, son côté sauveur a envie de te protéger.
— Cécile n’oublie pas qu’il déteste Dagon et sa bande de charmeurs sans cœur, enchérit Lucie.

Je souris contente d’entendre ça. Si je ne risque vraiment rien avec lui, ça me rassure.

— Et avec Lucie aussi nous t’apprécions beaucoup, Nelle.
— Merci, c’est très gentil et c’est réciproque.

Je cherche Mattieu du regard et décide d’aller le voir pour aller le remercier d’avoir voulu me défendre. Je m’excuse auprès des filles et quitte l’amphithéâtre.

Je sens très bien qu’elles me regardent. Je regarde autour de moi et aperçois Mattieu avec deux autres gars, sont-ils aussi des vampires ?

Je le regarde et m’aperçois ne jamais avoir vraiment fait attention à lui et son corps d’athlète. Il est grand, carré et musclé, je le vois sous sa chemise qui est entre ouverte. Ses yeux et cheveux sont très noirs, ce qui contraste avec sa peau bien blanche. Je suis tellement fascinée par ce spectacle que je ne me rends pas compte qu’il a tourné sa tête dans ma direction et qu’il me sourit. Je finis par reprendre mes esprits et m’approche de lui. En termes de discrétion Nelle, tu es la meilleure-là !

Je le vois s’adresser à ses potes et avance ensuite dans ma direction, les mains dans les poches et un regard rempli d’émotions.

— Tu voulais me voir ?
— Je n’ai pas eu le temps de te remercier pour ce matin…

Il ne me laisse pas le temps de finir de le remercier qu’il me sourit et avance sa main vers mon visage, et avec une douceur exceptionnelle il touche ma joue, comme si j’étais la plus fragile des créatures qu’il a rencontrées. J’essaye de ne pas grimacer face à la froideur de sa main et lui rendre son sourire. À quelques mètres de moi je remarque Dagon et Amber discuter tout en me regardant. Mattieu voit que j’ai tourné la tête et ne peux s’empêcher de tourner la sienne. Quand il comprend que Dagon m’observe, je sens une tension l’envahir.

— Mattieu ?

Il ne réagit pas.

— Mattieu, regarde-moi, s’il te plaît.

Toujours rien.

Bon, qu’est-ce que je fais ? J’ai bien une petite idée, mais je ne suis pas certaine du résultat. Au point où j’en suis. J’attrape sa main et glisse mes doigts chauds à l’intérieur. Ça fonctionne puisqu’il détourne son regard sur moi. Je vois bien que ses yeux avaient déjà commencé à changer.

— Il faut arrêter de prêter attention à lui, il n’en vaut pas la peine.
— Pourquoi tu le regardes toi alors ?

Touché !

— Je n’aime juste pas qu’on me fixe, allez viens, on retourne dans l’amphi.

Je m’aperçois que ma main est toujours dans la sienne, je la retire avec douceur et me rapproche de la porte.

Je retourne m’asseoir tant que le passage est facilement accessible.

Dagon arrive quelques secondes après moi et m’ignore totalement. Le professeur reprend son micro puis reprend son cours.

— Je vous rappelle que c’est Halloween bientôt, et qu’une grande fête aura lieu sur le campus, je compte sur tout le monde pour commencer à aider pour la préparation.

J’entends Dagon pouffer et parler avec ses amis.

— Encore une soirée où on va pouvoir croquer de la jeune fille innocente. J’ai déjà hâte d’y être. J’ai un record à battre, en séduire quatre dans la même soirée.
— Et tu comptes ramener les quatre dans ton lit ? dit Julien en rigolant.

Un frisson m’accapare et ça me fait trembler entièrement. Dagon a dû s’en apercevoir, car il me regarde rapidement.

— Bien évidemment, quatre en même temps.

La deuxième heure passe rapidement, le professeur parle essentiellement de l’intégration des vampires dans notre monde. Je lance un coup d’œil dans la direction de Mattieu qui m’a l’air dans ses pensées.

— Vous êtes de nouveau libres pour 15 min, à tout à l’heure.

Dagon ne semble pas vouloir bouger. Je tente de me lever et passer devant lui pour partir, cette fois-ci il se lève, mais esquive mon regard. Nos corps se frôlent tout de même ce qui provoque en moi une sensation de bonheur, un frisson plaisant.

— Merci, Dagon.

Il ne répond rien du tout et se rassoit, je sors de l’amphithéâtre pour me rendre aux WC, bon ou est ce qu’ils sont encore. Par chance, Cécile y va aussi. Elle commence à beaucoup me plaire cette fille.

— Cécile ? Il s’énerve souvent, Mattieu ?
— Non, pourquoi ?
— À la pause de tout à l’heure, il a encore failli aller en coller une à Dagon.
— Ils se cherchent en permanence depuis la rentrée, tu sais.
— Il pourrait être violent avec moi ?
— Dagon, oui, sûrement, enfin, je suppose. Mais pas Mattieu.
— Pourquoi Dagon pourrait être violent avec moi ?

Quand je repense aux fois où nous nous sommes retrouvés tous les deux, il n’a eu aucun geste violent. Il aime juste me coller contre un mur, c’est violent ça ? Juste étrange. Mais je suis mal placée pour juger, non ? Mais du coup elle ne m’a pas répondu !

— Pourquoi tu penses que Dagon pourrait être violent avec moi ?
— Parce qu’il est mauvais et sadique, il prend du plaisir à faire souffrir les autres, c’est dans sa nature, si tu voyais la quantité de filles qui ont souffert par sa faute depuis la rentrée.

Je baisse les yeux au sol et arrête de parler. En même temps, ça ne m’étonne pas une seule seconde, il veut en mettre quatre dans son lit.

— Si tu penses t’attacher à lui, c’est juste son emprise sur toi qu’il a développée, il n’y a rien de concret là-dedans.
— Je vois, mais rassure-toi, je ne m’attache pas, je suis juste curieuse.
— Mais ça me semble étonnant qu’il essaye de t’avoir dans son lit, tu ne ressembles pas aux genres de filles qui l’intéressent d’habitude.
— Les blondes à fortes poitrines c’est plus son délire ?

Cécile explose de rire et confirme mes dires.

Nous arrivons aux toilettes, ce qui m’arrange bien, ça me permettra de réfléchir quelques instants sur ce qui se passe dans ma tête. Ce que je ressens en présence de Dagon n’a pas l’air calculé.

Je ressors des WC et j’attends Cécile dans le couloir. Elle finit par sortir et nous retournons dans l’amphi.

En me voyant arriver, Dagon se relève et me laisse passer, cette fois-ci nos regards se rencontrent, nos corps pendant quelques secondes ne font plus qu’un, je n’arrive pas à comprendre ce gars qui me procure autant de pensées contradictoires, autant de désir, mais aussi autant de peur. Cécile a-t-elle raison, est-ce qu’il utilise ses dons sur moi pour m’avoir dans son lit ? Pour ensuite me jeter comme toutes les autres…

Je n’arrive plus à détourner mon regard de lui, il me fascine tellement.

Dagon se tourne vers moi.

— Nelle, le prof te parle.

Hey merde, je vois tout l’amphi me regarder, je sens mes joues devenir toute rouge.

— Mlle Oksane ? dit le professeur Anderson.
— Oui, professeur ?

Pouvez-vous me dire ce que vous avez retenu des deux chapitres que je vous ai demandé d’étudier.

Il est sérieux la de vouloir m’interroger devant tout le monde ? Mes joues deviennent encore plus rouges.

— Allez, Mlle Oksane, nous attendons, insiste le professeur.
— Que chaque personne sur cette terre est différente. Qu’on ne doit pas se fier à une apparence. Nous sommes tous bons et mauvais pour un autre. Et qu’un individu s’il le veut vraiment, il peut s’intégrer et changer une partie de ce qu’il est.

Il me sourit après avoir développé mes propos.

— Je vous demande à tous de faire des recherches sur les guerriers de la nuit, on en discute mercredi après-midi. Le cours est fini pour aujourd’hui.

Les élèves quittent tous l’amphithéâtre et je sors à mon tour et me cale contre un mur en attendant les filles. Quand je vois Amber s’approcher de moi avec d’autres blondasses, je sens que je vais prendre cher.

— Alors la naze, tu t’es sentie bien bête devant tout l’amphi ?

Je ne réponds rien, car juste de voir sa tête sa m’agace.

— Dagon ne voudra jamais de toi, même pas pour un coup d’un soir. Tu le dégoûtes, toi et tes petites manies de fifille à son papa.

Ses copines et elle se mettent à rire.

— En même temps, personne ne voudra jamais de toi… dit Amber en me regardant avec mépris.
— Tu m’étonnes, tu as vu cette tête, une rouquine aux cheveux ébouriffés, ça ne fait pas rêver, ajoute une de ses amies.

Sur ses mots, je me redresse et pars dans le sens opposé avant que les larmes ne coulent sur mon visage. Pourquoi tant de haine de sa part ? Je ne lui ai rien fait du tout. Cela dit, elle n’a pas tort, jamais aucun gars ne s’est intéressé à moi jusqu’ici.

Je me dépêche de rejoindre ma chambre, et laisse les larmes couler à flots.

Quelques minutes après, ça frappe à ma porte. Je ne bouge pas de mon lit, aucune envie de voir qui que ce soit. J’entends très bien la porte s’ouvrir, mais je reste la tête enfoncée dans mon oreiller. Du mouvement près de moi et une main chaude qui se pose dans mon dos me fait sursauter.

— Nelle, ne pleure pas. Explique-moi ce qu’il se passe. Je t’ai vu partir rapidement en direction du dortoir.

Je reconnais la douceur de la voix de Cécile.

— Si tu avais entendu Amber.
— C’est une garce cette nénette et tu as déjà dû le voir, elle peut avoir tous les mecs à ses pieds et en profite. Il ne faut pas l’écouter.
— C’est facile à dire quand tu sais qu’elle n’a dit que la vérité.
— La vérité à propos de quoi ?

Je me redresse.

— À propos de moi, tu as vu ma tête ?
— Oui, je la vois, ta tête, et elle est très jolie.

Je puff et replonge ma tête dans l’oreiller.

La porte toc à nouveau, et je sens Cécile se lever pour aller l’ouvrir.

— Qu’est-ce qui se passe les filles ?

Ils se sont donné le mot à tous venir ? Pourquoi Mattieu vient, déjà que j’ai honte de pleurer devant Cécile.

— Nelle n’est pas très bien.

Je sens d’un coup une main froide se poser sur moi, je frissonne, mais il ne l’enlève pas, il me tire vers lui avec une force et une douceur et me prend dans ses bras. Le regard de Cécile est indéchiffrable, elle semble partagée entre l’étonnement et la joie de voir Mattieu s’occuper de moi. Elle finit par sortir de ma chambre après nous avoir dit qu’elle nous attend dehors devant le dortoir avec Lucie.

Il se met à caresser ma tête et me chuchote des mots gentils.

— Allez, ma belle, calme-toi, une aussi jolie fille que toi ne devrait pas pleurer.

Je lève les yeux vers lui et lui fais un léger sourire. Avec sa main, il essuie les larmes qui continuent de couler. Puis au bout de quelques secondes, je finis par me calmer un peu. Je suis si bien dans ses bras. Ça me rappelle les moments d’étreinte avec Léo.

— Raconte-moi, Nelle.
— Amber m’a dit des choses vraiment pas sympas.
— Je ne l’ai jamais entendu dire quelque chose de gentil en même temps.
— C’est censé me remonter le moral ?
— Ignore-la.
— J’aimerai tellement, mais quand elle dit des choses qui sont vraies.