Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Les conférences de carême à Notre-Dame ont le projet, pour la réouverture de la cathédrale, de mettre en lumière la place de la Vierge Marie, Reine de la Paix, dans le plan de Dieu, à partir des ressources de la cathédrale et de la tradition liturgique et artistique en général.
Ainsi la prière du Magnificat, comme le répertoire grégorien, donnent de revisiter la figure de Marie en prière ; la jubilation de Marie chante l’accomplissement de la Promesse, et ouvre à une ambition nouvelle à l’aide des psaumes. La prière liturgique soutenue par l’œuvre d’orgue, enrichissent la foi chrétienne et contribuent à mieux intérioriser la personne même de la Vierge Marie.
Un pèlerinage spirituel à l’intérieur de la cathédrale permet enfin d’accueillir le don de la Paix pour une humanité confrontée à l’épreuve et appelée à une gloire éternelle.
Tous les conférenciers sont des familiers de la cathédrale Notre- Dame de Paris.
À PROPOS DES AUTEURS
Laurence Devillairs, Philosophe
Sylvain Dieudonne, chef de chœur à Notre-Dame
Eric Lebrun, Organiste
Gilles Drouin, Chanoine à Notre-Dame
Sœur Anne Lécu, Dominicaine
Regis Burnet, Historien
Mgr Laurent Ulrich, Archevêque de Paris
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 148
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Page de titre
Conférences de Carême de Notre-Dame de Paris 2025
Notre DameReine de la Paix
Du Magnificat à l’Apocalypse
Laurence Devillairs, philosopheSylvain Dieudonné, chef de Chœur grégorienÉric Lebrun, organisteChanoine Gilles Drouin, liturgisteSœur Anne Lécu, dominicaine et philosopheRégis Burnet, historien et bibliste
Préface de Mgr Laurent UlrichArchevêque de Paris
Dans la même collection
La Mystérieuse musique des Sacrements, conférences de Carême 2024.
notre catalogue complet sur
boutique.saintlegerproductions.fr
QR Codes
de la deuxième et de la troisième conférence
renvoient aux pièces musicales.
L’intégralité de chaque conférenceest disponible en podcast sur le site de KTOTV
« J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ;
qu’ils ne reviennent jamais à leur folie ! »
Après cinq années hors les murs, les conférences de Carême retrouvent la cathédrale. Et si, aujourd’hui, une institution enracinée au plus profond de ces lieux vient y renouer le fil de l’histoire, c’est bien pour écrire de nouvelles pages d’une contribution à la connaissance de la foi, à son approfondissement, en réponse à la vocation même de cet édifice. Jamais peut-être il ne nous avait été donné de percevoir aussi bien, en ces lieux, pourquoi Notre Dame, la bienheureuse Mère de Dieu, est aussi l’image de l’Église. En priant en cette cathédrale, au milieu de la multitude, notre foi de chrétien est au cœur du monde ; en accueillant tout frère ou sœur en humanité, nous nous tournons vers les périphéries et les découvrons finalement bien proches ; en nous émerveillant devant la splendeur d’une œuvre humaine élevée à la gloire d’un Dieu fait homme, nous nous reconnaissons dans une commune humanité qui nous engage à une fraternité universelle. C’est donc bien là l’Église, qui ne cesse de s’édifier depuis plus deux mille ans, et que le Christ a confiée à sa mère au jour de sa Passion.
Cette mère, humble et bienveillante entre toutes, reste ou apparaît comme un roc pour bien des hommes et des femmes, nos frères et sœurs, qui visitent le sanctuaire qui lui est dédié, et se confient à elle. Des grâces sont ici demandées ; tant de consolations y sont obtenues. Et c’est celle de la paix que nous venons mendier à travers les six conférences de ce Carême de l’année jubilaire 2025. Comme des pèlerins, et soulignant ce que le pape François nous a partagés dans la Bulle de promulgation de cette Année Sainte, nous venons puiser à la source de l’espérance. Nous venons y discerner des signes. Et, ainsi que nous le confie le Saint-Père, « Le premier signe d’espérance doit se traduire par la paix pour le monde plongé, une fois encore, dans la tragédie de la guerre. Oublieuse des drames du passé, l’humanité est soumise à une nouvelle et difficile épreuve qui voit nombre de populations opprimées par la brutalité de la violence. Que ces peuples n’ont-ils pas enduré ? Comment est-il possible que leur appel désespéré à l’aide ne pousse pas les responsables des nations à vouloir mettre fin aux trop nombreux conflits régionaux, conscients des conséquences qui peuvent en découler au niveau mondial ? Est-ce trop rêver que les armes se taisent et cessent d’apporter mort et destruction ? Le Jubilé doit rappeler que ceux qui se font « artisans de paix » pourront être « appelés fils de Dieu » (Mt 5, 9). L’exigence de la paix interpelle tout le monde et impose de poursuivre des projets concrets. La diplomatie doit continuer à s’engager à créer, avec courage et créativité, des espaces de négociation visant à une paix durable. »1
Cette paix des armes, cette paix qui est à la portée des puissants, ne semble nous appartenir ni individuellement ni directement, mais chacun peut s’en faire le serviteur et le messager. Si nous invoquons la Vierge Marie comme la Reine de la Paix, c’est parce que, par elle, nous est donné celui qu’Isaïe annonce comme le « Prince-de-la-Paix ».2 Mais avant même que l’Éternel vienne prendre chair en elle, nous croyons que Marie était indemne de tout mal. Nous voulons donc imiter cette perfection dont la grâce a été donnée en ce monde et qui s’est manifestée dans le service et l’écoute du Verbe de Dieu incarné en Jésus-Christ. Ce chemin de carême, à sa suite et à son exemple, nous fait explorer les ressources de l’art et de la pensée qui s’illustrent sous ces voûtes depuis tant de siècles. Ici, d’âge en âge, Marie a été dite bienheureuse ; ses louanges ont été chantées ; la musique les a magnifiées ; les sages et les savants ont médité son exemple ; le peuple tout entier a célébré les mystères de la foi en union avec elle ; les humbles ont su percevoir la profondeur de l’amour de cette Mère qui nous donne son Fils et de ce Fils qui donne sa Mère à l’Église ; et chaque antienne du soir nous la fait rejoindre dans la splendeur éternelle des cieux où la couronne de gloire a été remise à cette Ève nouvelle qui intercède pour nous et jusqu’au jour de notre pâque.
Les conférenciers talentueux qui approfondissent cette quête de la paix, inspirée par la Vierge Marie, depuis sa Visitation et jusque dans son évocation au Livre de l’Apocalypse, sont appelés à témoigner de toutes ces étapes successives en qui se révèle notre propre foi. Car c’est bien cette même foi qui a animé la Bienheureuse Mère de Dieu, première des croyants, une foi que l’Église n’a eu de cesse de faire partager avec enthousiasme et malgré ses limites, depuis cette Pentecôte où, déjà, Marie était parmi les disciples rendus capables d’annoncer, au monde entier, le Salut en Christ. Loin d’être anecdotiques, ces conférences de l’Année Sainte constituent donc le prolongement de nos retrouvailles avec Notre-Dame. Des foules de toutes nations affluent depuis lors vers ce sanctuaire. Leurs yeux sont émerveillés par sa splendeur retrouvée. Que leurs cœurs s’ouvrent plus encore à l’évocation des merveilles que le Seigneur, le « briseur de guerres », fit pour notre humanité.3 Et, par-dessus tout, que leurs oreilles entendent ce que dit le Seigneur Dieu : « Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ; qu’ils ne reviennent jamais à leur folie ! »4
+ Laurent ULRICH
Archevêque de Paris
1 François, Spesnonconfundit, 8.
2 Is 9, 6.
3 Jdt 16,2
4 Ps 84, v.9
Nous ouvrons le temps du carême avec le Magnificat. Ce passage de l’évangile de Luc est connu. Tout du moins le début : « Mon âme exalte [magnificat, en latin] le Seigneur… ». Avons-nous cependant réellement pris la mesure des paroles prononcées par Marie ?
Elles constituent par elles-mêmes un évangile, c’est-à-dire l’annonce d’une bonne nouvelle. Quelle est-elle, cette Bonne Nouvelle ? Que dit le Magnificat ? Qu’annonce cet évangile de Marie ?
Il dit qui est Dieu : Dieu est celui qui accomplit des miracles. Mais qu’est-ce qu’un miracle ? C’est une natalité, le don, la force, de faire advenir ce qui n’était pas attendu, d’ajouter de la vie à la vie.
La parole de Dieu est en elle-même un miracle, parce qu’elle nous comble au-delà de nos désirs. C’est en cela qu’elle est indissolublement foi et espérance.
Foi, parce qu’elle ne répond pas à un simple besoin, pas même au besoin de croire, parce qu’elle ne vient pas remplir un vide, conjurer un manque. On n’a pas la foi parce qu’on en aurait besoin. Tout cela est une manière négative de voir la foi.
La parole de Dieu est aussi espérance, parce qu’elle bouscule ce que nous croyons possible et souhaitable. L’espérance échappe totalement à l’économie de l’offre et de la demande, du besoin et de la satisfaction.
Dieu ne fait pas ce que je désire ; il ouvre en moi un désir.
Alors que débute le temps du carême, il nous faut sans doute confesser que nous ne croyons pas suffisamment aux miracles. Nous sommes obnubilés, aveuglés, par nos besoins et nos attentes, jusqu’à en oublier l’espérance de l’impossible.
La foi de Marie, tout au contraire, c’est d’abord de croire au miracle, à ce miracle premier qui lui est annoncé par l’ange, et qui est de porter en sa chair le Fils de Dieu.
C’est ce sens chrétien, mais aussi philosophique, du miracle entendu comme natalité, que je vous propose d’explorer ce soir, dans une alliance entre foi et philosophie.
Mais reprenons, si vous voulez bien, l’histoire à son début. Car si le miracle de la naissance est possible, c’est parce que, un jour, du sixième mois, un ange est venu rencontrer une jeune femme de Galilée :
Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée du nom de Nazareth, à une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Et après être entré chez elle, il lui dit : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. »
La foi est avant tout une histoire. Elle n’est pas simplement de l’ordre de l’intime, ni même du spirituel, de ce que l’on garderait pour soi et que l’on méditerait intérieurement.
La foi s’inscrit dans le tissu des heures et des jours. La foi est ce qui a lieu. Il n’y a pas plus réel que la foi, pas plus concret que le miracle. L’alliance de Dieu avec les hommes n’est pas de l’ordre du merveilleux. Elle est la réalité dans ce qu’elle contient de plus anodin, dans ce qu’elle présente de plus quotidien. Un jour, du 6e mois…
C’est en cela que la foi ne se réduit pas à une croyance : elle ne renvoie pas à la fragilité de ce que nous avons besoin de croire. Elle ne consiste en aucun cas à prendre nos désirs pour la réalité.
C’est tout le contraire : Dieu fait advenir une réalité – tel est le miracle – qui me fait désirer ce que je n’imaginais même pas. Dieu « entre » chez moi.
Autrement dit, ce n’est pas parce que Marie est croyante que l’ange lui apparaît, mais c’est parce que l’ange est venu, un jour du sixième mois, qu’il est « entré chez elle », que Marie a cru.
D’autant plus que ce que l’ange a à lui annoncer, sa croyance même ne l’y a absolument pas préparée :
À cette parole, elle fut toute troublée, et elle se demandait ce que signifiait cette salutation. Mais l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Et voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus… »
Mais Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-t-il possible… ? »
« Sois sans crainte » : ce qui s’oppose à la foi, ce n’est pas la réalité, c’est la peur. Si nous avons besoin de croire pour apaiser nos peurs, il en va autrement de la foi : elle refuse toute compromission, quelle qu’elle soit, avec la peur.
Il est donc faux de dire que la religion est l’opium du peuple, puisqu’elle est, à l’inverse, ce qui nous fait habiter le monde, ce qui nous renvoie au monde, en nous demandant de le regarder dans les yeux, d’en honorer l’indiscutable réalité. La foi n’est ni illusion, ni idéologie.
Elle porte en elle l’exigence de bannir tout ce qui nous ferait fuir le monde : par peur, par lâcheté, par endormissement de la conscience. En cela, elle ne peut être qu’exigence de vérité.
C’est précisément cela qui se passe entre l’ange et Marie : une épreuve de foi, donc de lucidité. Regarde, écoute, voici ce que Dieu fait pour toi, avec toi.
Cette puissance de Dieu n’est pas une puissance qui domine. Elle ne contraint pas ; elle promet. C’est pourquoi l’ange répond :
« (…) nulle parole venue de Dieu ne peut faillir. »
Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta parole ! » Et l’ange la quitta.
Dans une traduction plus courante, on peut lire : « Car rien n’est impossible à Dieu ». Il s’agit du mot grec rhêma, qui signifie la puissance d’une parole. La puissance de Dieu est de s’adresser à moi, en personne, de venir me toucher, au cœur. Pile là où j’existe, là où bat la pulsation singulière, le rythme unique de ma vie.
C’est d’ailleurs le même terme rhêma que reprend Marie : « Qu’il m’advienne selon ta parole ! ». Dieu est une parole qui est aussi un acte. On le sait depuis toujours, depuis le fiat lux de la Genèse : ce que Dieu dit, il le veut et le fait. Mais ce fiat lux des origines trouve ici une nouvelle naissance. Tout va commencer. Quelque chose va voir le jour.
Dieu est le seul dont nous pouvons être absolument certains qu’il fera ce qu’il dit. C’est cela que répond Marie : j’ai foi en cette parole qui ne peut pas faillir.
C’est l’espoir le plus total, au point où la foi se confond parfaitement avec la foi. Où l’un ne peut pas être sans l’autre : pas l’espoir sans la foi, qui serait un vœu pieux, une simple croyance. Pas la foi sans l’espoir, ce qui reviendrait au déroulement d’un programme.
En quelques mots, Marie énonce la plus pertinente des preuves de l’existence de Dieu. Ce n’est rien moins que la reformulation de la révélation faite à Moïse, où Dieu lui-même a épelé son nom : « Je suis celui qui suis ». Marie précise : Dieu est ce qu’il fait. Dieu agit dans notre monde.
Que dit Dieu à travers le message de l’ange ? Il dit : « Compte sur moi ». À quoi Marie répond, à son tour : « Compte sur moi ». Qui y a-t-il de plus puissant que cela ? Qu’y a-t-il de plus charitable que le fait de répondre de soi, de dire « compte sur moi » ?
À la condition toutefois d’accepter que Dieu n’obéit pas à notre logique : rien ne lui est impossible parce que nos catégories de possible et d’impossible sont, en réalité, motivées par la peur et par notre besoin de dominer.
Pourtant, ce premier épisode de l’histoire finit sur une note un peu triste : « L’ange la quitta ». Le divin, qui est venu habité notre maison, s’en est allé.
Parce que le christianisme n’est pas une religion du merveilleux, parce que le miracle n’est pas l’extraordinaire.
Si les anges nous quittent, c’est pour mieux laisser advenir le temps de la grâce, le temps où la parole, celle de Dieu comme la nôtre, se change en actes. Voici venu le temps de Marie, après celui de Dieu et de ses anges :
Et en ces jours-là, Marie se leva et partit en hâte vers le haut pays, dans une ville de Juda. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
À quoi reconnaît-on la foi ? À son impatience. Mais nous ne savons plus voir cette impatience de la foi qui anime les madones, les Vierges à l’enfant. Marie se hâte de parler à son tour, parce que la vie est lente, et que l’espérance est impatiente. Mais laissons la parole à Marie. Écoutons son évangile :
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit a tressailli de joie en Dieu mon Sauveur,
parce qu’il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante.
Voici pourquoi, dès maintenant, toutes les générations me diront bienheureuse, car le Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde, d’âge en âge, est pour ceux qui le craignent. »
Cet évangile de Marie se proclame à la première personne : la foi bannit la langue de bois, tout autant que la tiédeur. Ce que Dieu a dit, je dois pouvoir le dire à mon tour, avec des mots choisis, précis, avec un souffle, une urgence. La foi n’attend pas. Pourquoi ?
Parce qu’elle naît d’un excès de désir. Le christianisme rompt avec l’idée de la sagesse grecque, consistant à nous apprendre à désirer avec mesure. Et il n’y a rien de mesuré dans ce qui va suivre.
Mais comprenons d’abord bien que l’urgence n’est pas celle de la vitesse, c’est celle de l’intensité. Ce que Marie va dire, seule, sans plus donner la réplique à un ange, est bouleversant, dérangeant. Il s’agit d’un renversement de l’ordre du monde. Écoutons :
Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes à la pensée et au cœur orgueilleux.
Il a renversé les puissants de leurs trônes et élevé les humbles,
Les affamés, il les a comblés de biens et les riches, il les a renvoyés les mains vides.
Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde,
comme il l’a dit à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa postérité à jamais !
Comment établir un lien entre l’humble servante de l’Annonciation, qui pouvait paraître douce et soumise, et ces paroles qui, osons le dire, possèdent une dimension vindicative ?
Il y a en effet dans la justice de Dieu, proclamée par Marie, une forme de vengeance, au sens strict d’un rétablissement de ce qui a été renversé, d’une restitution de ce qui a été avili.
Les puissants et les riches, qui ont renversé l’humilité, seront à leur tour renversés. Comment expliquer que les paroles de Marie soient empreintes d’une telle ferveur, d’une telle fureur même ?
Est-ce que je vais trop loin en parlant en insistant sur la passion qui anime Marie ? Admettons que Marie nous offre ici un visage auquel nous ne pensons pas assez souvent.
La tendresse et l’humilité ont fait place, ou plutôt se conjuguent avec un besoin pressant de justice, une impatience de la foi, une urgence de l’espérance.
Le Magnificat bouscule, invalide même nos représentations mariales trop convenues : Marie donne à comprendre que la consolation qu’elle apporte à l’humanité n’a rien à voir avec la prudence.
Elle proclame la chute des trônes, la défaite des forts. La parole de Dieu n’est ni pour les peureux ni pour les arrogants. Elle dénonce les impostures. Elle est pour ceux que seul un excès de justice et de vérité peut combler.