Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Imaginez-vous pris en otage le temps d'un salon littéraire par un écrivain, qui fait de vous son confident invisible et silencieux. Pourrez-vous lui échapper ou resterez-vous son prisonnier deux jours durant. Partagerez-vous ses craintes, aimerez-vous ses réactions face à des situations cocasses ou incroyables, mais bien réelles ?
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 101
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Chez soi ou ailleurs,
Un sourire ou un mot gentil
N’a pas de prix
Et nous touche au cœur !
Robjak - 2025
Jour 1, prologue.
Jour 1, matinée.
Jour 1, après-midi.
Jour 2, matinée.
Jour 2, après-midi.
Jour 2, épilogue.
Annexes
Annexe 1
Le livre défendu.
Annexe 2
La revanche de Duplik.
Chapitre 7 (extrait)
Annexe 3
Bibliographie
Une fois n’est pas coutume, j’ai écrit cet ouvrage à la première personne et au présent, n’en soyez pas surpris. Oubliez un instant la morosité qui nous entoure et suivez-moi durant deux jours sur le salon du livre de Meximieux. J’ai regroupé dans cet ouvrage la plupart des questions que l’on m’a posées et des situations parfois cocasses que j’ai rencontrées au fil de ces vingt-trois dernières années, depuis mon premier salon en 2002. Toutes les saynètes que j’ai rapportées dans mon vingt et unième titre1,« Ouais, ouais ! », ne se sont pas forcément passées à Meximieux, mais elles sont le reflet exact de ce que j’ai vécu, ici ou ailleurs. J’ai changé les prénoms de la plupart des personnes présentes dans cet ouvrage, mais nul doute qu’elles se reconnaîtront à sa lecture.
« Ouais, ouais ! » c’est ma philosophie actuelle, ma réaction par rapport à des situations parfois ubuesques, mon envie de croire sans grande conviction aux promesses faites par des visiteurs, mon étonnement pour leur refus d’écouter ma présentation des romans posés face à eux, mon agacement pour des prétextes bidons inventés pour ne pas m’en acheter. Bien sûr que chaque personne a des contraintes financières ou autres qui peuvent l’empêcher d’acquérir un livre, mais si je devais créer un bêtisier reprenant chaque parole farfelue et chaque promesse non honorée, il aurait fallu beaucoup de pages…
« Ouais, ouais ! » je l’ai écrit pour vous, les vrais lecteurs, les amoureux des livres sous leurs différents formats. Je vous invite à m’accompagner à travers ces pages insolites, comme un ami invisible, que je tutoierai et auquel je m’adresserai avec des mots en italiques, pour faciliter la lecture et bien différencier notre échange de celui avec les visiteurs.
— Ce sera pour toi inhabituel, peut-être déroutant au début, mais c’est un jeu, une complicité que je te propose. Je te souhaite une joyeuse lecture et un bon amusement !
1 Voir annexe 3 - Bibliographie
Tout est calme pour l’instant. L’espace Vaugelas vient d’ouvrir ses portes aux auteurs, et quelques membres de l’équipe organisatrice s’affairent derrière le bar, mettant en route une énorme cafetière et rangeant délicatement des viennoiseries dans des corbeilles.
— Nous voilà arrivés sur place, pour mon deux centième salon du livre, mon douzième ici à Meximieux. Suis-moi, cher lecteur, je t’invite à passer quelques heures à mes côtés. Tu seras mon confident, invisible et muet. Je peux déjà te dire que j’apprécie l’accueil qui est offert ici à l’ensemble des écrivains, avec des paroles de bienvenue amicales, l’accompagnement de chacun jusqu’à sa table, de petits tickets papier donnant droit à une boisson chaude et à une viennoiserie. Dans d’autres lieux, il m’est arrivé de n’avoir aucune attention des personnes présentes au démarrage de leur salon, de devoir chercher seul mon emplacement, de découvrir un chevalet avec une erreur d’orthographe comme ROBJACK, ROBIAC ou encore Jacques ROBERT, pire Robert JACQUES dit Robjac. Tu ris, mais c’est la vérité et cela suffit parfois à freiner mon enthousiasme et mon envie de participer au salon. Enfin ici, jusque-là, c’est parfait. Je me sens bien, d’humeur guillerette !
***
Ma première réaction est, une fois mes valises posées à mon emplacement, de faire un rapide tour de la salle afin de découvrir en priorité qui seront mes voisins, puis si des auteurs amis seront présents et où ils seront installés. Rien de plus désagréable que de participer à un salon avec des voisins taiseux, souvent peu enjoués et les yeux rivés sur leur smartphone, ou avec des marchands de tapis parlant haut et fort, m’interrompant dans mes discussions avec des visiteurs pour leur vendre leurs livres. C’est un jour béni, je connais presque tous les participants et mes bêtes noires ne sont pas présentes. Je n’ai jamais rencontré Laurent et Kévin, mes voisins de droite et de gauche, ils me sont inconnus, mais je suis sans a priori. Inutile de rechercher leur profil sur les réseaux sociaux, je préfère me fier à mon propre jugement. C’est toujours enrichissant de découvrir de nouvelles têtes, de s’ouvrir aux autres et de partager nos expériences.
C’est le moment d’installer mon stand. Lors de mon inscription pour ce salon, j’ai eu connaissance que l’on pouvait bénéficier d’une grande ou d’une petite table, selon le nombre d’ouvrages exposés. J’ai opté pour la première, qui a un coût important : le mètre quatre-vingts qui m’est réservé suffit tout juste à la présentation de ma série policière du lieutenant Grange et de ma nouveauté « Ouais, ouais ! ». Je case tant bien que mal les derniers exemplaires qu'il me reste des titres précédents sur une seconde rangée, moins visible. Quelques amis arrivent, nous sommes contents de nous retrouver, nous nous annonçons nos nouvelles créations et nous faisons le point sur les salons précédemment fréquentés par chacun de nous. Notre discussion se poursuit ensuite au bar, en buvant notre café de bienvenue et en mangeant notre viennoiserie. Il reste encore une demi-heure avant l’ouverture officielle du salon. Mes voisins ne sont pas encore arrivés, mais je ne suis pas trop inquiet : des amis se sont déjà manifestés auprès de la responsable du salon, afin de m’entourer en cas d’absence des deux auteurs. Ces derniers arrivent enfin, l’air penaud. J’apprendrai plus tard qu’ils avaient covoituré et que l’un d’eux avait eu une panne d’oreiller.
***
Le salon de Meximieux ouvre officiellement ses portes, sans que j’aie eu le temps d’échanger la moindre parole avec mes voisins. Une fois leur installation terminée, leur café et leur viennoiserie consommés au bar, ils reviennent vers moi et se présentent. Ils ont l’air cools, celui placé à ma gauche écrit des romans pour la jeunesse, l’autre des fictions moyenâgeuses. Les premiers visiteurs passent l’entrée. Parmi eux, un jeune couple n’est visiblement pas venu pour parcourir toutes les allées de la salle, il cherche un auteur bien précis.
— J’en suis sûr, ces jeunes ne viendront pas jusqu’à nous s’ils trouvent leur cible avant. Observe leur immobilisme face aux allées, leurs mouvements de tête de droite à gauche. Ça y est, ils ont trouvé leur bonheur, ils discutent avec Manon !
Tandis que la visiteuse sort sa carte bleue, son compagnon feuillette un roman à la couverture très colorée.
— Je t’avoue que je serai bien surpris si ce couple passe devant chaque auteur. Tout au plus, il peut se pointer face à une seconde cible avant de partir !
En effet, une fois le livre acheté à Manon, le couple quitte le salon.
***
Un groupe de quatre personnes marche d’un pas décidé. Je l’observe un instant avant de m’adresser à mon compagnon invisible.
— Ces gars-là ne sont pas venus pour visiter le salon, regarde comme ils se déplacent vite, en plein milieu de l’allée, sans un regard à droite ou à gauche. As-tu vu leurs yeux immobiles, comme prisonniers d’œillères invisibles ? Sois rassuré, je connais ce comportement, ce n’est ni celui de casseurs ni celui de personnes intéressées par le salon. Inutile de les saluer, ils ne feront qu’entrer et sortir, peut-être découvrent-ils pour la première fois l’univers d’un salon du livre… Pour moi, ils correspondent parfaitement à ce que disent parfois des visiteurs curieux « je suis rentré parce que j’ai vu de la lumière ». Ne ris pas, je les plains. Ne sois pas déçu du peu de fréquentation, les vrais visiteurs ne sont généralement pas très matinaux. Durant la journée, tu découvriras peut-être des situations cocasses, tu entendras certainement des phrases ou des questions dignes de figurer dans un bêtisier. Ce sont ces saynètes et ces dialogues impromptus qui agrémentent ma journée, qui me créent parfois une révolte ou un doute et m’entraînent à penser « ouais, ouais ! ». Tu verras aussi combien certains lecteurs sont fidèles à leur auteur, du moins temps que ce dernier ne les déçoit pas !
***
La matinée se déroule sans effervescence, les visiteurs sont peu nombreux. Les organisateurs déambulent dans les allées, discutent avec les auteurs, regrettent le peu de monde présent malgré des annonces multiples et des reportages sur les télés locales, des articles de Presse, des affiches en vitrine des commerçants partenaires et des banderoles. Ici comme ailleurs, il est devenu très difficile d’attirer les foules lors de manifestations culturelles : la plupart du temps, les gens préfèrent rester chez eux, dans un cocon familial ou amical rassurant. Ce salon de deux jours, je le connais bien, je le fréquente depuis plus de vingt ans. J’ai vécu entre ses murs des années fastes, d’autres décevantes, mais cela se produit aussi de partout. De tout temps, certains auteurs et visiteurs ne manquent pas de déplorer à la moindre occasion l'insuffisance de la communication faite autour du salon et de mettre en cause le calendrier qui fait que cela tombe pendant des vacances scolaires, des week-ends prolongés par un pont, ou encore pendant des événements sportifs locaux, nationaux, voire pendant des fêtes familiales incontournables, des élections, des brocantes… la liste des griefs des râleurs est infinie. Ces bougons ont-ils seulement la moindre idée des difficultés rencontrées par les organisateurs pour présenter un salon digne de ce nom, croient-ils facile de réserver une salle à une date précise parfois un an à l’avance, d’obtenir des aides financières de sponsors et de bénéficier d’une communication peu onéreuse réalisée par des médias locaux ou régionaux ? Des exposants plus critiques vont parfois jusqu’à rendre responsables de leur mévente la météo ou des événements sociaux comme les manifestations des Gilets jaunes, les blocages routiers des taxis ou des agriculteurs. L’inquiétude légitime des Français face à des réformes gouvernementales trop lourdes ou à une guerre qui peut se présenter demain à notre porte est un frein aux dépenses non vitales. Cela se ressent dans les salons, mais aussi dans les domaines de l’habillement, des loisirs, de l’alimentation « de bonne qualité »… Les vrais lecteurs, les mordus de romans de tout genre, répondent cependant toujours à l’appel, quitte à braver des obstacles routiers ; les livres sont pour eux le moyen de s’évader. Ils adaptent leur budget et n’achètent peut-être qu’un livre ou deux les années les plus critiques, mais ils s’intéressent aux œuvres proposées, à leur auteur. Ces visiteurs sont ceux pour lesquels j’ai envie d’écrire, tout comme mes amis écrivains.
***
Voici l’opportunité de saluer mon premier visiteur, qui déambule lentement, balayant du regard ma table :
— Bonjour Monsieur. Je peux vous présenter mes romans ?
— Pourquoi pas !
— Vous voyez ici mes plus récents, une série policière "Lieutenant Grange", débutée en 2017. Il s’agit d’un jeune officier, nommé à Lyon à sa sortie de l’École de Police… Souhaitez-vous que je vous présente très rapidement les diverses enquêtes ?
Je lui donne tous les éléments utiles pour m’assurer de son intérêt et de sa curiosité.
— Je ne vous connaissais pas encore, mais j’ai bien envie de vous découvrir. Quel titre me conseillezvous ?
— On ne demande pas à un père lequel de ses enfants il préfère, chacun d’eux a des qualités et des défauts, dis-je d’un ton enjoué.
— Est-ce préférable de commencer par le premier ?