Papa ! Tes gâteaux me sont restés sur les hanches ! - Louise Lumière - E-Book

Papa ! Tes gâteaux me sont restés sur les hanches ! E-Book

Louise Lumière

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Beschreibung

Lucie, 21 ans, en léger surpoids, a trouvé la recette du bonheur : voir le bien en chacun, prendre du plaisir dans les petites choses de la vie, éviter les conflits et rester solaire quoi qu’il arrive. Cependant, se voiler la face est-ce bien la meilleure des choses à faire ? Lucie l’apprendra-t-elle à ses dépens ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


L'envie de raconter des histoires a toujours été là, mais ce n'est qu'en 2013, que Louise Lumière a trouvé son moyen d'expression en l'écriture. Devenue une passion, elle a suivi la formation des masterclass (Bernard Werber et Douglas Kennedy) ainsi qu'une formation de scénariste. Avec "Papa ! Tes gâteaux me sont restés sur les hanches !" Louise Lumière signe sa première nouvelle Feel-Good, qui se veut simple et directe, tout comme Louise.

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Louise LUMIÈRE

PAPA!

Tes gATeaux

me sont restes sur les hanches!

Nouvelle

Cet ouvrage a été composé et imprimé en France par les

Éditions La Grande Vague

Site : www.editions-lagrandevague.fr

3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-38460-013-7

Dépôt légal : Mai 2022

Les Éditions La Grande Vague, 2022

Toute ressemblance avec des personnages fictifs, des personnes ou évènements existants ou ayant existé est purement fortuite.

Aux pères...

1

Lucy comprit qu’elle était un monstre au crépuscule de ses 9 ans. Et si la matinée dans sa nouvelle école avait bien commencé, cela n’avait pas duré.

À cette époque, Lucie était une petite fille pleine de vie. Elle arrivait à se faire des amies facilement, grâce à une sorte d’aura de sympathie. Blonde, aux longs cheveux bouclés, elle respirait la joie de vivre.

Ses parents, craignant que la perte de ses camarades d’école ne lui fasse perdre son caractère jovial, appréhendaient de lui imposer un déménagement en plein milieu de l’année scolaire. Ils avaient lu dans un magazine que cela faisait partie des évènements de vie les plus stressants. Alors, ils avaient passé beaucoup de temps à expliquer :

— Tu comprends, c’est pour le travail de maman, on n’a pas le choix, une nouvelle ville, ça me fait peur aussi… 

Et la vérité était bien là : ils étaient bien plus inquiets que ne l’était Lucy.

La petite fille bénéficiait d’une qualité indispensable en ce genre de situation : la curiosité. Et face à de nouvelles expériences, son enthousiasme devenait contagieux. C’est donc elle qui rassura Alain et Stéphanie Batignolles, terrifiés devant la vie inconnue qui les attendait à Paris.

— Où on va habiter ?… Un duplex ? Génial !

Elle allait pouvoir continuer à descendre les escaliers en glissant sur les fesses.

Où était son école ? 

— Montre-moi sur la carte… C’est pas loin, je peux même y aller à pied et acheter un goûter, ici.

Lucy avait pointé du doigt une boulangerie dont le nom s’affichait sur l’écran de l’ordinateur. Puis, elle avait rajouté :

— Tiens, pour le docteur il y a là… ou là… et pour le parc faudra essayer celui-là, celui-là… oh ! et celui-là… là, là ! Y a vraiment beaucoup de rues, ça va en faire des balades !

Ses parents avaient pris le relais sur les propositions d’activités à faire dans leur futur quartier d’habitation. Mission accomplie !

2

Sa première journée d’école arriva enfin.

Lucy avait insisté pour s’y rendre seule, mais sa mère voulut l’accompagner pour rencontrer les professeurs.

Les sentiments de Stéphanie Batignolles furent mitigés quand elle vit Lucy rejoindre sa classe en souriant, sans se retourner, sans pleurer… Elle ressentit de la fierté devant le courage de sa fille, mais fut un peu vexée de ne pas pouvoir jouer son rôle réconfortant de maman.

Elle prit quelques minutes pour parler à la nouvelle maîtresse de Lucy, mais dut partir quand la cloche sonna.

Madame Placard était proche de la retraite. Elle aimait se voir comme une institutrice professionnelle, investie dans ce rôle si important qu’était l’éducation de jeunes cervelles innocentes.

Pourtant, sans qu’elle puisse s’en expliquer la cause, elle avait immédiatement pris cette petite fille en aversion.

Est-ce que Lucy ressemblait à sa belle-mère ?

Est-ce le fait qu’elle avait préparé un discours pour se présenter, à la manière des élèves japonais ?

— Bonjour ! cria-t-elle, je m’appelle Lucy, j’ai neuf ans et je suis ravie de faire votre connaissance…

Ou bien était-ce ce petit accent du Sud qui déjà faisait pouffer de rire certains élèves de sa classe ?

Lucy rejoignit sa place en silence, à côté d’une petite brune qui se présenta rapidement. Elle s’appelait Marion et elle aussi avait neuf ans.

La nouvelle élève se montra intéressée par le cours, posa de nombreuses questions, leva souvent la main pour parler de cette petite voix agaçante.

Madame Placard arrêta d’analyser ce processus inconscient d’antipathie, et se sentit soulagée quand la cloche annonçant la récréation résonna enfin.

3

Les enfants de l’école primaire se précipitèrent dans la cour ensoleillée, suivis de leurs maîtresses.

Marion se montra amicale avec la nouvelle venue et décida de la prendre sous son aile. D’abord, parce qu’elle avait beaucoup aimé sa façon de se présenter à la classe ; Marion aimait les gens charismatiques, peut-être parce qu’elle manquait cruellement de caractère. Ensuite, parce qu’elle pouvait enfin se mettre en avant, ayant le monopole sur l’attraction du jour.

— Viens, Lucy, je vais te montrer notre banc pour le goûter.

Lucy avait un léger embonpoint, ce qui ne l’empêchait pas de trottiner au même rythme que la svelte Marion. Elle constata que, bien que la table où elles se dirigeaient était libre, les autres enfants avaient préféré s’assoir par terre. Elle en fut un peu surprise. La table semblait pourtant confortable puisqu’elle se trouvait à l’abri d’un arbre majestueux.

Une fois installées, les deux nouvelles amies dévoilèrent le contenu de leur boîte à goûter.

Marion sortit une pomme, que sa mère avait pris soin de découper, et une part de gâteau « sans sucre, sans lactose et sans gluten ».

— Je fais hyper attention, parce que maman dit que le sucre ça peut donner des boutons !

Lucy ouvrit à son tour sa boîte. Délicatement, elle en retira une énorme part de gâteau. Deux fines génoises entouraient une mousse au chocolat aussi onctueuse qu’appétissante. Sur le dessus étaient éparpillés de généreux copeaux de chocolat.

— C’est mon papa qui m’a préparé mon goûter « spécial nouvelle école », c’est vraiment le meilleur papa au monde ! expliqua fièrement Lucy.

Appuyée contre un poteau, madame Placard regardait la scène, son visage déformé par une petite grimace de dégoût. Elle fut rejointe par la jeune et timide mademoiselle Béatrie.

— Tiens ! Regarde-moi la nouvelle !
— Elle a l’air de vite s’intégrer, dis-moi !
— Non… regarde ce que ses parents lui ont donné à manger !
— Eh bien, dis donc, il a l’air bon ce gâteau !
— Je n’en reviens pas de leur inconscience ! Mais regarde-la, elle est déjà en surpoids, j’te raconte pas la taille de son cul dans quelques années !
— Dis, elle n’est pas si…

Mademoiselle Béatrie jette un coup d’œil à Lucy.

— Tu y vas fort !
— C’est plus fort que moi, cette gamine me dégoûte.
— Tenez maîtresse !

Madame Placard sursauta.

Devant elle se tenait une fillette rousse tout habillée de rose, de la tête aux pieds. Le camaïeu de rose, c’était vraiment sa passion à Julie !

Avec un sourire faussement timide, elle offrit une pâquerette à chacune des institutrices.

— Merci, Julie, c’est charmant, va jouer avec tes camarades maintenant.

Julie la fixa avec un air qui semblait hurler « j’ai tout entendu ». Puis, elle s’éloigna en direction de Lucy et Marion, laissant sa maîtresse dans un certain désarroi.

Devant elle, les autres enfants cédaient le passage, comme effrayés.

4

Lucy remarqua que Marion louchait sur son gâteau, elle perçut même un petit gloussement dans son ventre. Elle sortit une deuxième fourchette.

— Je t’en donne un peu si tu veux ?
— Oh oui… enfin, je veux dire… je veux bien goûter, merci.
— Marion, pousse-toi ! Et enlève-moi ces chaussettes, je t’ai prévenue la dernière fois, pour tout le reste tu peux copier, mais j’ai l’exclusivité pour le rose.

Les deux petites filles levèrent la tête. Julie les avait rejointes à leur table et sans attendre la réponse de Marion, elle la poussa pour s’installer entre elles.

Elle fixa en silence Lucy un court instant, comme si elle jugeait cette nouvelle venue.

Julie et Marion étaient habillées et coiffées de manière similaire. Et à la dernière mode, pensa Lucy qui se référait aux mannequins qu’elle regardait à la télévision.

Elles portaient le même genre de bijoux, de manière un peu excessive : des dizaines de bracelets à chaque bras, trois colliers, et surtout des barrettes fashion.

Cela amusa Lucy qui ne faisait pas vraiment attention à ses tenues vestimentaires. Elle aimait être à l’aise dans ses vêtements pour pouvoir bouger à sa guise.

— Tu ne devrais pas manger ce gâteau !
— Hein ?
— Madame Placard vient de me dire que tu étais dégoûtante parce que tu as un gros cul et qu’il allait encore grossir si tu mangeais ce gâteau. Je vais me sacrifier et le manger à ta place.

Marion engouffra le bout de gâteau qui lui avait été si généreusement offert, elle savait à quoi s’en tenir avec Julie.

Lucy regarda Julie en souriant. Mais elle réalisa, quand Julie lui tendit la main, le visage sérieux et déterminé, que cette dernière ne plaisantait pas.

— Tu devrais l’écouter, Julie a toujours raison, conseilla Marion la bouche pleine.

Lucy perdit sa bonne humeur, c’est vrai que le docteur avait dit à ses parents qu’ils allaient commencer à surveiller son poids.

— Et tu peux me dire merci ! Je fais ça pour ton bien.

Lucy remercia et donna son gâteau.

Quelque chose de nouveau et de plutôt désagréable se coinça dans sa gorge.

5

Lucy était assise à la table de la cuisine de ses parents. La pièce, comme l’ensemble de l’appartement, était un capharnaüm épanoui, témoignage de la joie de vivre de cette famille.

Son père, Alain Batignolles, travaillait à domicile, dans l’informatique, c’était donc lui qui s’occupait de sa fille après l’école. Bien qu’il l’aimât beaucoup, il était plutôt maladroit dans sa manière de communiquer et encore plus quand il s’agissait de parler d’émotions.

Sa mère, Stéphanie Batignolles, faisait les trois-huit dans une usine. Femme active et impliquée dans la préservation des droits des travailleurs, elle rentra tard ce soir-là, car elle avait assisté à sa première réunion syndicale.

Stéphanie trouva sa fille la tête penchée sur ses cahiers et Alain assis à côté, le visage faussement joyeux.

— Et alors, l’institutrice demande « comment on appelle une personne que personne n’écoute ? », hein ? Alors ? Tu donnes ta langue au chat ? Hein ? Une maîtresse d’école !

Il simula un éclat de rire qui mourut aussi rapidement que pathétiquement.

Alain cachait ses moments d’embarras en racontant des blagues enfantines, c’est pourquoi Stéphanie comprit qu’il y avait un problème.

On lui expliqua le drame de la journée.

Stéphanie ne sut pas comment réagir.

— Je veux pas aller à l’école demain, s’il te plaît !
— Tu es sûre que ce n’est pas cette Julie qui t’a dit n’importe quoi juste pour te piquer ton goûter ?
— Oui j’te dis, c’est sûr, elle est gentille Julie ! Elle m’a donné des conseils parce qu’elle se soucie de ma santé.
— Écoute Stéph, je la garde avec moi… On pourra se reposer et tiens ! je pourrais en profiter pour t’apprendre, enfin, la recette de mon fameux gâteau !

Plus tard, dans son lit, Stéphanie rumina cette histoire. Ah ! si cela avait été un de ses collègues qui s’était vu traiter ainsi, elle serait immédiatement montée voir la direction, hurlant au scandale, à la honte, à la discrimination, au délit de sale gueule. Elle aurait retourné l’usine entière contre cet immonde salaud. Mais face à la douleur de sa fille, elle se sentait démunie.

Y a pas à dire, être parents, ça vous change !

6

Lucy se réveille en sursaut dans la chambre sombre. Elle tente de retrouver son souffle après son cauchemar. Toujours le même depuis ses 9 ans.

Du haut de ses vingt et un ans, Lucy avait cette idée romantique qu’aimer et être aimée la sauverait de son passé douloureux. Elle regarde, à côté d’elle, Marc qui dort d’un sommeil de plomb.

Dieu que ce garçon était beau, elle avait tant de chance de partager sa vie ! 

Soudain, son réveil sonne.

Elle l’éteint aussi vite qu’elle le peut, tout en surveillant Marc, qui ne bouge pas. Soulagée de ne pas l’avoir réveillé, elle s’extirpe du lit avec précaution.

On l’attrape par le coude.

— Où tu vas ?
— Euh…

Marc roule sur le flanc et soulève le drap pour dévoiler son sexe en érection.

— Bouboule, le petit déj’ est servi, dit-il aguicheur.

Lucy se libère avec douceur de cette étreinte.

— Euh… oui, mais là… euh… tu te rappelles pas ? J’ai changé mes horaires… tu sais euh… pour le rendez-vous de mon père…
— Quoi ? Encore une excuse, mais qu’est-ce qui se passe à la fin? Ça commence à bien faire, je trouve que notre vie sexuelle se dégrade là ! Ça fait une éternité qu’on…
— Deux jours…
— Tu réponds en plus ? Qu’est-ce que t’as Bouboule ? Tu fais la gueule ou quoi ?

Au nom de Bouboule, Lucy n’avait pu s’empêcher de se contracter.

Marc lui avait trouvé ce surnom avant même de la connaître, il l’avait ensuite utilisé pour la draguer lui assurant que c’étaient ses formes généreuses qui lui avaient plu en premier. Alors, malgré son aversion pour ce sobriquet, Lucy l’avait laissé faire, se rattachant à l’idée que cela partait d’un bon sentiment.

— C’est « Bouboule » ? C’est ça qui te dérange, ou quoi ?
— Eh bien, puisque tu en parles, c’est vrai que j’aime plus trop…
— Tu me fatigues à faire tout le temps la gueule !
— Je ne fais pas la gueule, euh… ce n’est pas grave…
— Toujours des crises !

Lucy rentre la tête dans les épaules et regarde par terre.

— Pardon, j’te jure, je ne suis pas fâchée, euh… c’est juste que je suis pressée, tu sais mon rendez-vous avec papa à l’hôpital cet après-midi… alors, je dois faire l'ouverture du Kebab ce matin.
— Quoi ? Mais qui va faire le petit déj’ !

Lucy ne prend pas le temps de passer par la salle de bain et enfile les vêtements qui traînent sur le sol de la chambre.

La cuisine est en désordre.

Avec des gestes précipités et maladroits, Lucy sort un bol du placard qu’elle dépose sur un set de table. Elle attrape au vol les tranches de pain de mie qui sautent du grille-pain, y étale du beurre et de la confiture, en se brûlant les doigts.

Depuis l’encadrement de la porte, Marc l’observe.

Sa tenue est négligée, ainsi que sa tignasse blonde indomptable. Même quand elle attachait ses cheveux, elle semblait décoiffée. Et pourquoi cette volonté de cacher ses formes sous des vêtements sans élégance ?

Marc était un peu plus âgé qu’elle, beau gosse, il le savait et faisait tout pour conserver sa beauté. Il allait à la salle de sport quatre fois par semaine, suivait un régime draconien et mettait de l’antiride depuis ses seize ans. Côté vestimentaire, tout le mettait en valeur et même à cet instant, en pyjama, il ressemblait à une gravure de mode.

Lucy, surprise de le voir, se renverse du café sur le pantalon.

— Laisse, godiche ! Et file puisque tu es pressée.
— Merci… répond Lucy en enfonçant la tête entre ses épaules, alors qu’elle nettoie la table.

Puis, elle attrape son sac et se dirige vers la porte d’entrée.

— Attends, tu vas sortir habillée comme ça, ou quoi ?
— Euh… en retard… je t’aime… à ce soir… euh… je rentre vers une heure du mat’, lui murmure Lucy en se voûtant un peu plus. 

À ce moment-là, elle se dit que sa journée avait si mal commencé que cela ne pouvait pas être pire. Comme elle est naïve !