Passages poétiques - Christian Fedak - E-Book

Passages poétiques E-Book

Christian Fedak

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Beschreibung

Écrire, c'est répéter ce qu'on s'est dit. C'est dire sans révéler à tue-tête, les révoltes, les peurs, les doutes, toutes les beautés aussi. C'est confesser au monde ce qu'on éprouve dans le silence ; les émotions, les sensibilités. Écrire est un travail sur soi, comme une thérapie, ou une poésie à partager, éternellement faite de passages. Autodidacte et éducateur depuis longtemps, les mots ont souvent tourbillonné en moi sans oser s'écrire, et aujourd'hui les voilà un peu plus audacieux.

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Seitenzahl: 59

Veröffentlichungsjahr: 2018

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A Dany, pour son soutien.

Je relis les mots, les phrases, les strophes,

et je me dis qu’ils ne sont pas de moi.

Impossible. Quelqu’un a dû passer en moi.

Passer. Que de passages entre nos deux tempêtes,

et les voir passer nous fait parfois tourner la tête.

Le temps passe; le vent, les nuages, les saisons,

des êtres connus et tellement de choses encore.

Dans les pages qui suivent, ce sont quelques uns

de ces passages qui sont photographiés.

Ils sont divisés en trois parties, l’une de sensibilités

passagères, la deuxième d’un espace d’une pratique

de quelques décennies, et la troisième de réalités

plus intimes. Simplement des passages en poésie.

Sommaire

LÉGÈRETÉ

LE SILENCE DES LIVRES

ESPOIR

LA FEUILLE DU PEUPLIER

SI BELLE

PETIT NUAGE

BRINS DE SILENCE

ABSENCE

RECUEILLEMENT

CRÉPUSCULE

LE MÉDAILLON

L’ENCRE DE LA PLUME

DES CRIS DANS LE CIEL

GARDONS DES LARMES

PRINTEMPS

L’ÂTRE

FORÊT

PALIMPSESTE

LE VENT

FEU.

UN RÊVE

AU SOLEIL COUCHANT

L’ŒIL DE CASSIOPÉE

NOS ÉRINYES

L’ORATOIRE

RITUEL

LE PETIT PRINCE

FLEUR

DANS L’ESCALIER

MES PERLES NOIRES

LES FÊTES À VERLAINE

NATURE MORTE

AQUARELLES

À JAMAIS

AVEC ORION

REFLET DE PARADIS

FONTAINE

INTERNAT.

LE CAHIER DE CÉSARÉ

UN ORAGE AU BOUT DES DOIGTS

FELICE

LE POSTE DÉCOLORÉ

L’ISSUE

OÙ ES-TU ?

DES MAINS VERTUEUSES

FRATERNITÉ

ÉCOLE D’AUTREFOIS

C’EST LA VIE

À LA TABLÉE

LES PAS DE MA MÈRE

À LA FÊTE DES MÈRES

DES ROSES ET DES MARGUERITES

NOISETTES AUX BRANCHES

UN PEU DE LUI

UN BONHEUR D’ENFANCE

PÈRE NOËL

TROIS SŒURS

UN MURMURE D’ANGE

J’AVAIS SIX ANS

SOUS LES COUVERTURES

TON IMAGE VAINE

DES MOTS ET DES VIRGULES

MON ÉCOLE BUISSONNIÈRE

DANS MES SAISONS

SURPRISES

UN CARRÉ DE LUMIÈRE

MA FEMME, MON INSOMNIE

ORAGE

LE FEU DE CAMP

UN PEU DE CHEZ TOI

L’OIE APPRIVOISÉE

MON PETIT

DIX ANS

ELIA

LES OSSELETS

ISIS

LE CHALET

LA MAISON DÉSHABITÉE

UN QUAI DE GARE

AU MONTE CAVALLO

DÉSORMAIS

POUSSIÈRES D’ÂME

Partie I

LÉGÈRETÉ

Un air doux s’est couché dans les allées

Du jardin, entre les bordures de pierre

Où s’accrochent des feuilles de fougères,

Un air doux de mai dans les azalées.

Des papillons rassemblés en corolles

Sur de longues tiges mauves comme des fleurs,

Se mêlent où un rayon de soleil meurt,

Aux abeilles qui parfois s’envolent.

La lavande se plie sous toutes ces ailes

Et fredonne un froissement incessant

D’épis, comme un air connu de printemps

Dans les bordures, en son de chanterelle.

Sur le talus, les rosiers en bourgeons,

En grappes, tout en pétales serrées

Que les insectes ne font que survoler,

Forment dans le treillis comme une cloison.

Et tu passes dans l’air clair du mois de mai,

Dans les allées aux feuilles de fougères,

En rêvant à quelques rimes de Baudelaire,

Entre la lavande et les azalées.

LE SILENCE DES LIVRES

Il aimait le silence des livres,

Il le lisait du bout du doigt,

C'était sa façon de le suivre,

Assis dans son fauteuil en bois.

Il le lisait de page en page,

À peine froissé d'un sourire,

Quand les futiles bavardages

Commençaient à ne rien dire.

Je revois encore son visage

Cerné d'une barbe blanche,

Dans sa tenue d'homme sage

Qu'il portait jusqu'aux dimanches.

Les mots qui couraient dans ses yeux

L'emmenaient dans des voyages,

Vers d'autres pays, d'autres cieux,

Et sans aucun autre bagage.

Il s'en allait en étant là,

Tout heureux en apparence,

Avec un livre au fond des bras,

Ce traducteur de silence.

ESPOIR

Un croissant de lune s’est pendu,

Un croissant pâle dans les sapins,

Par quelques branches retenu,

Je voudrais lui tendre la main.

En contrebas un chien gémit

Sans ne plus pouvoir aboyer,

Et il remplit toute la nuit

De sa plainte de prisonnier.

Dans les antennes des maisons

Des fils de nuages passent,

Se regroupant en fine toison

Au-dessus du plateau d’en face.

Vers les cimes, des ailes se froissent

Dans le grand désordre des feuilles,

C’est l’arrivée d’un beau rapace

Reposant son habit d’orgueil.

Dans cette nuit de décembre

Et mon espoir d’un lendemain,

Sous la lumière de sa chambre,

Je voudrais lui tendre la main.

LA FEUILLE DU PEUPLIER

Qu’elle est joyeuse aux belles saisons

Dans sa ramille, en murmurant

Le doux refrain de sa chanson,

Quand le soleil devient brûlant.

Dans tout l’éclat de sa parure

Et jusqu’au faîte du peuplier,

Elle s’enivre de tant de verdure

Aux balancements du houppier.

Quand le jour se dérobe, s’endort,

S’apaise aux clartés vespérales,

Elle se réjouit de tout son corps

À la naissance des étoiles.

Et jusqu’au temps des grands frimas,

Dans ses robes d’ocre froissées,

Tendrement elle écoutera

Les belles trilles du chardonneret.

Mais qu’elle est triste maintenant,

Effrayée, tremblante et blanche,

À tourbillonner lentement,

Tellement loin de sa branche.

SI BELLE

Tu étais si belle dans le chaud soleil de mai,

Sous ton ombrelle, à tourner les mots de Verlaine

Entre tes doigts, assise sur un coussin de laine,

Si belle entre les fleurs et les genévriers.

Un souffle caressait les pages comme une musique,

Si légère, comme une effluve de rimes galantes,

Dansantes dans des rais de lumière oblique

Et jusqu'aux dentelles de ta tenue charmante.

Tu lisais, si frêle derrière ta mèche rebelle

Qui lâchait son ombre sur les mots de Verlaine,

Si frêle, au beau pays d'Erato l'éternelle

Où l'amour était toujours plus fort que la haine.

Tu soupirais, triste, et nous ne nous verrons plus

Dans le soleil de mai et les genévriers,

Mais je serai tout proche de toi à ton insu,

Et invisible sous l'ombrelle à tes côtés.

PETIT NUAGE

Où sont les mots pour dire ta blancheur

Petit nuage aux plis éphémères ?

Tu pars seul sans regard en arrière

Dans les grands vents comme un voyageur.

L'été a épuisé ses couleurs,

Et les jaunes, les bruns se mélangent

Comme un tapis que rien ne dérange,

Ton ombre le frôle avec douceur.

Le vide est ton chemin, et sans heurt

Au-dessus des grandes villes étrangères,

Tu avances paisible et solitaire,

Loin du bruit des orages tapageurs.

D'ici, au petit coteau, au cœur

D'un recoin qui encore verdure,

Je vole, et à ton oreille murmure

Ce bel automne dans un restant de fleurs.

BRINS DE SILENCE

J’ai croisé le silence dans ce coin de nature

Où s’étalait la terre des labours fumant,

Où les chemins tournaient entre les clôtures

Dans des taches de soleil qui rampaient dans les champs.

Je l'ai rencontré tout au sommet du vallon,

Récitant ses anciens refrains de brise légère

Dans des odeurs de foin et de dernières moissons,

Au pied de vieilles pierres et d'un arbre solitaire.