Petits monologues pour femmes - Afonso Nilson - E-Book

Petits monologues pour femmes E-Book

Afonso Nilson

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Beschreibung

Petits monologues pour femmes est un recueil de textes théâtraux destinés aux actrices et metteures en scène qui veulent montrer leur travail à travers de courts montages qui soient capables d'aborder de manière franche des thèmes tels que la jalousie, le désir de maternité, mépriser et être méprisé et l'amour, avec ses contradictions, ses angoisses et ses éblouissements.

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Seitenzahl: 49

Veröffentlichungsjahr: 2024

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SOMMAIRE

Tatouage

Bien moins qu’un poulet

La femme aux fleurs

Suite n°2

Tatouage

Oui je l'ai fait. J'ai tatoué le nom de mon mari sur les fesses. Pas tout à fait sur les fesses, un peu au-dessus, sur le coccyx. Là, tout le monde sait où c'est. Non, je ne sais pas vraiment pourquoi. À l'époque, je pensais que c'était une preuve d'amour vraiment super. Je pensais que quand il me prendrait par derrière, il penserait toujours que j'étais vraiment sa femme. Romualdo Ângelo. J'ai pensé que ce serait mieux de ne pas mettre les noms de famille. Ça ressemblerait à une ceinture, je ne sais pas, avec tous ces Silva et Souza. Mieux vaut juste les deux prénoms. Romualdo Ângelo. En gros caractères, comme un titre de journal. Puis, quand nous n'étions déjà plus ensemble, mais que j'avais encore l'espoir de le récupérer, je pensais que chaque homme qui me prenait par derrière, en voyant ces deux noms pleins de « a » toniques, Romualdo Ângelo, saurait immédiatement : cette femme a un propriétaire. Si c’était aussi simple. S’il suffisait d’écrire le nom de celui qu’on aime sur la peau pour que l'amour dure toujours... Ça devrait être comme ça. Que l'amour dure aussi longtemps que les tatouages. Mais ce n'est pas le cas. Et maintenant, chaque fois que je me regarde dans le miroir, de dos, je vois à quel point j'ai aimé Romualdo Ângelo. C'est fou, non ? On fait n’importe quoi par amour. Et le pire, c’est de montrer notre amour. Il devrait y avoir dans le manuel d'instruction de l'amour, s'il y en avait un, que pour une plus grande durabilité du produit, toutes les preuves d'amour devraient être modérées, extrêmement modérées d’ailleurs. C'est du moins ce que je pense. Et chaque fois que je me regarde de dos, j'en suis encore plus sûre. Pas seulement parce que l'argent des cadeaux ne revient pas, que le temps à attendre ne revient pas et que les tatouages sont éternels, ou presque. C'est parce qu'en fait, pour être honnête, on ne valorise pas ce qu’on pense ne pas pouvoir perdre. Quand on entend tous les jours « je t'aime », deux choses peuvent arriver : soit on commence à se lasser de cette merde, soit on voit ça comme quelque chose d’aussi habituel qu’un bonjour, comment ça va ? Vraiment. Quel est l’intérêt d'être aimé inconditionnellement ? Ça ne fonctionne qu’entre les parents et les enfants, et même comme ça, parfois ça merde. Quand on entend « je t'aime » tous les jours, on pense qu’on peut tout faire et être pardonnée, parce qu’en fait la personne nous aime tellement qu’elle ne peut plus vivre sans nous. Ce n'est pas toujours vrai, tout le monde ne pense pas comme moi, mais pour ma part, c'est vraiment ça. Je pense à Romualdo. Qui me baise tous les jours et qui voit son nom sur mes fesses. Me tenant par les fesses, lisant et relisant, Romualdo Ângelo, Romualdo Ângelo, Romualdo Ângelo, tout pendant qu’il respire dans mon dos et qu’il jouis en moi en murmurant son propre nom encore et encore, Romualdo Ângelo, Romualdo Ângelo, Romualdo Ângelo ... Cette femme est à moi, c'est ce qu'il devait penser. Et je l'étais. Je me considérais à lui. Je voulais à tout prix être à lui. Mais et lui ? Le truc, c'est que je n'ai jamais su s’il me voulait vraiment pour lui. On se lasse de nos jouets. On peut rêver toute notre vie de la poupée chère dans la vitrine et oublier complètement celles qu’on a sur ses étagères. Romualdo par exemple. Je pense qu'il ne m’a jamais dit, comme ça avec toutes les lettres, en face, les yeux dans les yeux, qu'il m'aimait. Et je l'ai parfois supplié. Dis-moi que tu m’aimes ! Dis-moi que tu m'aimes, s'il te plaît. Pour l'amour de Dieu, dis-moi que tu m'aimes, salaud ! Et lui, rien. Il souriait juste. Il évitait le sujet et disait que ses sentiments étaient clairs. Tes sentiments ! C'était si dur que ça de dire « je t'aime », fils de pute ! Et je m’épuisais à essayer de faire en sorte que ce salaud manifeste un peu d’affection. Je n'en avais pas besoin de beaucoup. Et comme il ne me donnait rien, ou presque rien, ce presque rien valait beaucoup. Parfois, il suffisait d’un sourire de satisfaction après m'avoir baisé pour me combler de joie. Il m'aime, pensais-je après qu’il a joui. Et même encore aujourd'hui, je ne sais pas s'il m’aimait vraiment ou si c'était dans ma tête. Et c'est pour ça qu’encore aujourd’hui je n'arrête pas de penser à ce fils de pute. Avec le temps, je n'étais plus aussi folle de lui, mais l’obsession à me faire aimer de lui me poussait de plus en plus à implorer son amour. Je me demande si, au lieu de paraître froid comme un rocher quand il s'agissait de nourrir mon amour, il m’avait dit tous les jours qu'il m'aimait, si j’aurais continué à l'aimer autant quand nous étions ensemble. Je n’arrive pas à imaginer la réponse. Comment saurais-je de quoi il s'agissait ? Je n'ai aucun moyen de savoir quelle aurait été ma réaction. Peut-être l'aurais-je quitté. Peut-être aurais-je pensé qu'après tant d'efforts, tant de travail pour obtenir un minimum de rétribution pour tout ce que je faisais pour montrer mon affection, quand il aurait finalement dit : « je t'aime »; alors j’aurais peut-être pensé que rien de tout cela n'en valait la peine, que j'avais perdu mon temps, et qu'en fait toute ça n’était qu’une horrible erreur de ma part, et qu'en fait je le détestais profondément. C’était possible, non ? Mais comment le saurais-je. Je suis prise par le doute. C'est pour ça que je dis : chaque preuve d'amour, c’est de la merde ! Vous voulez être aimée ? Ne dites jamais que vous l’aimez. Les amants parfaits : deux âmes emprisonnées dans le silence et le doute. C'est le seul remède