Pièges à conviction - Liliane Avram - E-Book

Pièges à conviction E-Book

Liliane Avram

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Beschreibung

Pas de vacances cette année pour le commandant Marnier ! Saura-t-il retrouver le redoutable criminel en cavale qui a déjà poignardé et assassiné trois personnes en deux jours ?

Alors que le commandant Marnier s'apprête à partir en vacances dans le Poitou, un dangereux criminel, que le policier avait arrêté quelques années plus tôt, parvient à s'évader.
Une fois arrivé à destination, Marnier apprend avec stupeur le meurtre de maître Montiel, le notaire qui lui a vendu sa longère poitevine. Dans la foulée, son collègue resté à Paris, lui révèle que deux hommes se sont fait poignarder, en pleine nuit, à une heure d'intervalle ; crimes que la police attribue aussitôt à Léo Lafargue, le criminel en cavale.
Ces trois homicides commis en deux jours commencent à éveiller la curiosité du policier, d'autant plus qu'un mystérieux visiteur a tenté, cette nuit, de pénétrer chez lui. Et si c'était Lafargue ?
Entre le Poitou et la région parisienne, les pièces de ce puzzle vont peu à peu s'assembler et entraîner le policier à enquêter officieusement sur ces affaires.
Un évadé en cavale, un notaire assassiné dans le Poitou, deux hommes retrouvés poignardés à Paris... Le commandant Marnier va alors découvrir que ses vacances ne manquent pas de piquant !

Suivez le commandant dans cet été parsemé d'imprévus, avec une nouvelle enquête mystérieuse entre le Poitou et Paris qui pourrait bien s'avérer plus dangereuse et piquante que prévu !

EXTRAIT

— Bonjour, Stanislas ! Je suis en train de faire mes bagages… Comment ? Léo Lafargue s’est évadé ? Et alors… C’est gentil à vous de me prévenir, mais que voulez-vous que j’y fasse ? Vous ne croyez tout de même pas que je vais renoncer à mes vacances pour me lancer à sa poursuite… Par contre, vous qui avez de bonnes jambes, essayez donc de le rattraper !
Marnier était furieux. Pourquoi le lieutenant Stanislas Dubois avec lequel il faisait équipe depuis plusieurs années se croyait-il obligé de le prévenir de l’évasion de ce criminel ? Ce n’était pas son affaire. « Décidément, se dit-il, Dubois ne peut vraiment pas se passer de moi. Pour un peu, il me gâcherait mes vacances, pour une fois que j’en prends ! »
Le lieutenant Dubois qui avait cru bien faire fut quelque peu vexé par la réaction de son supérieur hiérarchique. Pendant un moment, il en demeura contrarié, mais grâce à son bon caractère il cessa vite d’y penser.
Marnier, quant à lui, après son mouvement d’humeur, changea d’attitude et, finalement, fut touché par l’empressement de son collègue à le prévenir de cette évasion qui n’était pas un événement anodin. L’évadé n’était pas un enfant de chœur. Dangereux l’animal. Il se souvenait parfaitement de cette affaire qui remontait à plusieurs années. L’homme avait froidement assassiné un couple et leur fille en essayant de faire endosser ses meurtres à son propre frère. Un vicieux ce Lafargue. Après une enquête minutieuse, le policier avait réussi à le démasquer et à disculper le frère qu’apparemment tout accusait. À l’issue du procès durant lequel il n’avait montré aucun signe de remords, le malfaiteur avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

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Table des matières

Résumé

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Épilogue

Du même auteur

Dans la même collection

Résumé

Alors que le commandant Marnier s'apprête à partir en vacances dans le Poitou, un dangereux criminel que le policier avait arrêté quelques années plus tôt, parvient à s'évader.

Une fois arrivé à destination, Marnier apprend avec stupeur le meurtre de maître Montiel, le notaire qui lui a vendu sa longère poitevine. Dans la foulée, son collègue resté à Paris, lui révèle que deux hommes se sont fait poignarder, en pleine nuit, à une heure d'intervalle ; crimes que la police attribue aussitôt à Léo Lafargue, le criminel en cavale.

Ces trois homicides commis en deux jours commencent à éveiller la curiosité du policier, d'autant plus qu'un mystérieux visiteur a tenté, cette nuit, de pénétrer chez lui. Et si c'était Lafargue ?

Entre le Poitou et la région parisienne, les pièces de ce puzzle vont peu à peu s'assembler et entraîner le policier à enquêter officieusement sur ces affaires.

Un évadé en cavale, un notaire assassiné dans le Poitou, deux hommes retrouvés poignardés à Paris... Le commandant Marnier va alors découvrir que ses vacances ne manquent pas de piquant !

Liliane Avram

Pièges à conviction

Policier

ISBN : 9782378737085

Collection : Rouge

ISSN : 2108-6273

Dépôt légal : mai 2019

© couverture Annabel Peyrard pour Ex Æquo

© 2019 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.

Éditions Ex Æquo

6 rue des Sybilles

Prologue

Ce jour-là à 14h30, Léo Lafargue était demandé au parloir. Première visite en quatre ans ! Ainsi, il existait encore sur cette terre quelqu’un qui pensait à lui… Là, il fut mis en présence d’un individu assez jeune, plutôt mince, portant moustache et lunettes qui prétendit être un petit cousin du côté de sa mère répondant au nom de Fabien Malfroid. Lafargue qui n’avait jamais entendu parler de ce cousin s’interrogea sur le motif de cette visite soudaine. Il dut écouter des banalités pendant une dizaine de minutes avant d’avoir la réponse. Fabien Malfroid venait, en effet, de prononcer à voix basse le mot « évasion ». Le détenu n’en croyait pas ses oreilles. Profitant d’une baisse de vigilance du surveillant occupé à parler à un autre détenu, ce mystérieux cousin ajouta que s’il voulait que l’opération réussisse, il devait à tout prix se conformer aux instructions qu’il n’allait pas tarder à recevoir. En effet, au moment de partir, l’homme lui serra la main et en profita pour lui glisser un message que Lafargue s’empressa de dissimuler dans sa poche.

Une fois dans sa cellule, à l’abri des regards de ses co-détenus, il en prit connaissance et découvrit la marche à suivre. Demain, pendant la promenade du matin, il devrait simuler une crise cardiaque. À 10 heures précises « quoi qu’il arrive », et ces quatre mots étaient soulignés en rouge. Une fois à l’infirmerie, quelqu’un s’occuperait de le faire sortir.

Après avoir lu attentivement ces instructions, le détenu en fit des confettis qu’il jeta dans les toilettes. Il ne passerait donc pas les prochaines décennies derrière les barreaux, dans cette cellule de neuf mètres carrés qui empestait. Quatre ans déjà qu’il était enfermé… à cause de ce policier qui avait fourré son nez dans cette affaire et réussi à la démêler. Alors qu’il avait tout prévu pour faire condamner son frère à sa place… Mais demain, il serait libre ! Grâce à ce cousin providentiel sorti d’on ne sait où.

Chapitre 1

Après la dernière enquête qu’il venait de résoudre, le commandant Gabriel Marnier aspirait à un peu de repos, loin de Paris, loin du bruit, loin des tueurs de tout poil. Ces derniers mois, il avait eu sa dose ! Cet officier de police judiciaire hors pair, capable de dénouer une affaire en quelques jours, avait une conception personnelle de l’enquête criminelle ; d’après lui pour résoudre une affaire il était impératif de comprendre le crime. Une fois le crime compris mettre la main sur l’assassin n’était plus qu’un jeu d’enfant.

Mais aujourd’hui, Marnier était fatigué. Fatigué de tout. De passer sa vie à côtoyer des cadavres, à traquer des assassins, à interroger des témoins. À recevoir des familles effondrées et à essayer de comprendre le crime, des crimes plus horribles les uns que les autres, car parfois, il n’y avait rien à comprendre… Il n’avait plus confiance en l’être humain. Dégoûté de l’espèce humaine, il aspirait à autre chose : partir, quitter cette société de dégénérés. S’éloigner. Prendre le large pour ne plus voir en face le visage des assassins, et en gros plan celui des victimes. Pour lui, la Terre n’était pas autre chose qu’une gigantesque scène de crimes.

En ce début août, il s’apprêtait à partir en vacances et préparait son sac de voyage quand le téléphone sonna.

— Bonjour, Stanislas ! Je suis en train de faire mes bagages… Comment ? Léo Lafargue s’est évadé ? Et alors… C’est gentil à vous de me prévenir, mais que voulez-vous que j’y fasse ? Vous ne croyez tout de même pas que je vais renoncer à mes vacances pour me lancer à sa poursuite… Par contre, vous qui avez de bonnes jambes, essayez donc de le rattraper !

Marnier était furieux. Pourquoi le lieutenant Stanislas Dubois avec lequel il faisait équipe depuis plusieurs années se croyait-il obligé de le prévenir de l’évasion de ce criminel ? Ce n’était pas son affaire. « Décidément, se dit-il, Dubois ne peut vraiment pas se passer de moi. Pour un peu, il me gâcherait mes vacances, pour une fois que j’en prends ! »

Le lieutenant Dubois qui avait cru bien faire fut quelque peu vexé par la réaction de son supérieur hiérarchique. Pendant un moment, il en demeura contrarié, mais grâce à son bon caractère il cessa vite d’y penser.

Marnier, quant à lui, après son mouvement d’humeur, changea d’attitude et, finalement, fut touché par l’empressement de son collègue à le prévenir de cette évasion qui n’était pas un événement anodin. L’évadé n’était pas un enfant de chœur. Dangereux l’animal. Il se souvenait parfaitement de cette affaire qui remontait à plusieurs années. L’homme avait froidement assassiné un couple et leur fille en essayant de faire endosser ses meurtres à son propre frère. Un vicieux ce Lafargue. Après une enquête minutieuse, le policier avait réussi à le démasquer et à disculper le frère qu’apparemment tout accusait. À l’issue du procès durant lequel il n’avait montré aucun signe de remords, le malfaiteur avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Ce coup de fil l’avait perturbé et il n’était plus à ce qu’il faisait. Il ne cessait de repenser à cette affaire qui l’avait profondément choqué. Un acte odieux qui ressemblait davantage à une exécution et que, pourtant coutumier des scènes de crimes, il avait eu du mal à oublier… Ainsi ce criminel s’était évadé… Mais lui, à la veille de son départ, qu’y pouvait-il ?

« Au diable, ce Léo Lafargue ! » finit-il par se dire. Il réussit à le chasser de son esprit et à se remettre à ses préparatifs.

— Voyons… quatre chemisettes, trois polos, mes jeans… Tout y est, je n’ai rien oublié.

Et il boucla ses bagages. Il avait l’intention de partir le lendemain vers 8 heures ; en chemin, il s’arrêterait chez sa sœur qu’il n’avait pas vue depuis deux ans.

Le soir, aux actualités télévisées, il ne put échapper à un reportage sur Lafargue et les circonstances de son évasion ; une évasion bien propre sans effusion de sang. Après dîner, il sortit promener son chien, un fox-terrier à poil dur qui n’était plus tout jeune, et se mit au lit vers 23 heures après avoir souhaité une bonne nuit à son compagnon à quatre pattes. Enfant, il rêvait de devenir détective privé à l’instar de Sherlock Holmes, le héros qui avait bercé sa jeunesse. À défaut, il était entré dans la police et avait adopté un chien qu’il avait baptisé Watson.

Le jour suivant, peu avant 7 heures, il fut réveillé simultanément par son réveil et par la sonnerie du téléphone. Il décida de ne pas répondre. Après tout, il pouvait très bien, à cette heure-ci, être déjà sur la route. Comme prévu, à 8 heures il chargea sa voiture garée sur le parking de l’immeuble.

— Allez, Watson, monte ! En route pour le Poitou !

Le fox-terrier, qui malgré sa surdité comprenait tout, ne se fit pas prier et s’installa à l’arrière du véhicule. Il adorait voyager avec son maître, ce qui n’était pas si fréquent. La plupart du temps, il restait à l’appartement à guetter le retour du policier en poussant de petits gémissements que madame Champeau, l’aide-ménagère, savait traduire. « Il a faim… Il s’ennuie… Il veut sortir… » À défaut de la parler, elle comprenait la langue des chiens.

Dix minutes plus tard, un individu réussissait à s’introduire dans l’immeuble que Marnier venait de quitter, montait les deux étages, et sonnait à sa porte avec insistance. Sans réponse, il redescendait. « J’arriverai bien à le coincer ! » se dit l’homme furibard.

Dès qu’il apprit l’évasion de son frère, Paul Lafargue fut sur le point de défaillir. Le connaissant mieux que personne, il le croyait capable de tout. N’avait-il pas essayé de lui faire endosser ses crimes ? Il s’en était fallu de peu qu’il se retrouve en prison. Il avait connu la garde à vue, et n’était pas passé loin de la mise en examen. Il faut dire que la machination que son frère avait échafaudée était particulièrement habile : semer, çà et là, des indices afin de le faire accuser.

Il eut beau clamer son innocence, rien n’y fit. De plus, il ne pouvait fournir d’alibi. Personne pour confirmer que ce mercredi-là, à l’heure des crimes, il n’avait pas bougé de chez lui, occupé à corriger les copies de ses élèves. Sa fille était à son cours de danse, et sa femme à son travail. En l’absence d’alibi, on lui signifia sa garde à vue. Heureusement, un policier autrement plus perspicace découvrit le pot aux roses, et Léo fut reconnu coupable de ces trois homicides avec violence aggravée.

Fallait-il que son frère le déteste pour avoir manigancé pareil scénario. Sans l’intervention de ce policier, à l’heure qu’il est, il dormirait en prison pour des décennies. Même s’il avait été disculpé, il avait eu du mal à se remettre de cette tragédie. Après avoir, pendant plusieurs semaines, consulté un psy, il était parvenu à remonter la pente et à reprendre son métier d’enseignant. Mais au lieu de recevoir des marques de sympathie de la part de ses collègues, ça n’avait été que brimades et humiliations, comme s’il était coupable d’avoir un frère assassin. Si bien qu’il avait fini par demander son détachement auprès d’un centre de recherche et de documentation. En s’investissant à fond dans son travail, Paul avait presque oublié qu’il avait un frère. Un grand frère assassin qui lui donnait la nausée… Et voilà que ce misérable venait de s’évader. Comment avait-il fait ? Encore un de ses tours de passe-passe dont il avait le secret.

Naturellement, des policiers le soupçonnant de complicité s’étaient précipités chez lui pour l’interroger. Apparemment, ils n’étaient pas au courant de toute l’affaire. Paul se chargea de combler cette lacune et leur confirma qu’après de tels crimes et une telle machination, il n’avait aucune envie de revoir son frère et l’avait rayé de sa vie pour toujours. Néanmoins, il n’était pas rassuré et n’avait qu’une seule crainte : que Léo sonne à sa porte pour demander son aide (ce qui aurait été un comble !) lui soutirer de l’argent ou pire encore… Il avait peur, alors que l’inverse aurait été plus logique ; Léo était en droit d’attendre des représailles de la part de son frère cadet, mais il le connaissait suffisamment pour savoir que celui-ci serait incapable de se venger.

Par précaution, il envoya sa femme et sa fille se mettre à l’abri chez une tante de province tandis que lui occuperait pendant quelque temps une chambre d’hôtel. Il espérait apprendre dans les meilleurs délais l’arrestation de son évadé de frère.

En empruntant le chemin des écoliers, Marnier arriva chez sa sœur à midi comme convenu. Bien qu’elle soit bavarde comme une pie quand lui était plutôt du genre taiseux, il gardait pour elle une certaine affection, d’autant plus que c’était la seule famille qu’il lui restait. Cependant, pour des raisons géographiques et professionnelles, ils se voyaient peu souvent. Aussi, il pouvait bien supporter son verbiage le temps d’une visite !

Dès qu’il entra dans la pièce principale, il fut surpris par le désordre ; rien n’était rangé. Les vitres étaient sales, et sa sœur, elle-même, lui parut négligée. « Pas de doute, se dit-il, depuis son divorce, elle se laisse aller ».

— Eh bien, frangine, ça fait un bout de temps que nous nous sommes vus ! Comment vas-tu ?

— Ça ne se voit pas ? répondit-elle sur un ton presque agressif.

— Ouais, c’est pas la grande forme… Sinon, quoi de neuf ? poursuivit-il, un peu refroidi.

— Rien, que du vieux, dit-elle l’air accablé.

— Et Jérémie, tu as des nouvelles ?

— Tu parles ! Un coup de fil trois fois par an…

— Quelle idée, aussi, de s’expatrier aussi loin ! Les Antilles, c’est pas la porte à côté…

— Il est majeur, il a préféré suivre son père. Petits, les enfants vous adorent, grands, ils vous ignorent… mais je ne vais pas t’embêter avec mes histoires… passons à table.

Sa cadette ne respirait pas la gaieté et, dès la fin du repas, Marnier commençait à s’ennuyer ferme. Contre son gré, il accepta de passer la nuit chez elle ; il repartirait le lendemain en fin de matinée. Devant son insistance, il n’avait pas eu le courage de refuser son invitation. Depuis son divorce la solitude lui pesait d’autant plus qu’elle n’avait plus personne à qui parler ! Toute la soirée, Marnier joua le rôle du psychanalyste, écoutant les jérémiades de sa sœur jusqu’au moment où, n’en pouvant plus, il abrégea la séance en déclarant « Je suis crevé, je vais me coucher ! À demain, sister !»

Chapitre 2

Marco Tréjean n’allait pas tarder à terminer son service. Fatigué, il avait hâte de rentrer chez lui, dans son studio de quinze mètres carrés qu’il louait dans ce quartier pourri, non loin de son travail. C’était un homme d’à peine quarante ans qui paraissait beaucoup plus que son âge à cause de la vie dissolue qu’il avait menée. La drogue et l’alcool, ses meilleurs amis, l’avaient souvent conduit à faire les quatre cents coups, et ce, depuis son plus jeune âge. Il avait connu plusieurs fois la prison pour divers délits. Depuis deux ans, il travaillait comme vigile dans un entrepôt où s’entassaient toutes sortes de marchandises.

Cette nuit-là, il n’était pas loin de deux heures du matin quand son collègue le relaya. Il en avait plein les pattes et n’aspirait qu’à une seule chose : dormir. À cette heure-ci, et en ce début d’août, il n’y avait pas grand monde dans les parages, aussi, quand il emprunta cette ruelle déserte, il ne s’attendait pas à tomber nez à nez avec cet homme-là !

— C’est toi ? Qu’est-ce que tu fais là ? dit-il, ébahi, en songeant instantanément à son horoscope qu’il avait lu l’après-midi dans un magazine. Cancer, 1er décan : vous allez rencontrer une ancienne relation. Elle pourrait être décisive pour votre avenir.

— Je suis venu prendre de tes nouvelles… et aussi avoir une petite explication… tu vois de quoi je veux parler ?

— Non… je ne vois pas, répliqua Tréjean sans se démonter.

— Tu me prends pour une buse ?

— Écoute… moi, je n’y suis pour rien, c’était une idée de Gardelle… Laisse-moi un peu de temps, et je te rembourserai.

— Vous êtes de belles ordures et les ordures faut les éliminer, dit-il en brandissant le couteau qu’il cachait sous sa veste pour le planter dans le cœur du traître avant de lui porter deux autres coups dans l’abdomen. Marco Tréjean s’effondra sur le sol.

Seul un chat venait d’assister à la scène.

Plus jeune que Tréjean, Mathieu Gardelle s’était toujours laissé manipuler par cet homme qu’il avait croisé des années plus tôt chez un ami. Influençable de nature, il le suivait dans tous ses mauvais coups sans s’apercevoir de l’emprise qu’il exerçait sur lui. Mais, depuis qu’il travaillait comme barman Chez José, il avait réussi à s’éloigner de ce mauvais génie. Grâce au soutien de son patron, il avait changé de voie et abandonné ses petits trafics. Ce qu’il regrettait, c’était de ne pouvoir revenir en arrière. Ne jamais avoir rencontré ce Tréjean qui l’avait entraîné tant de fois sur la mauvaise pente. Désormais, il ne souhaitait qu’une seule chose : devenir honnête et regagner, aux yeux de ceux qu’il avait déçus, l’estime perdue.

Il était un peu plus de trois heures du matin quand celui-ci, après avoir procédé à la fermeture du bar, prenait la direction de son domicile sans s’apercevoir qu’il était suivi. Les pas se rapprochèrent jusqu’au moment où le suiveur arriva à sa hauteur.

— Salut l’ami ! Tu me remets ?

— Toi ? s’exclama Gardelle, médusé.

— En chair et en os… Fais pas cette tête-là, on dirait que tu as vu un fantôme !

Gardelle, sous le coup de la surprise, ne savait trop quoi dire…

— J’avais des comptes à régler, poursuivit le revenant, d’abord avec Tréjean si tu vois ce que je veux dire…

— Laisse-moi t’expliquer ce qui s’est passé, fit le barman qui cherchait une explication plausible à donner à son interlocuteur. C’est lui qui m’a entraîné dans cette histoire, moi je ne voulais pas. Comme je refusais de l’accompagner, il m’a menacé…

Il ne cherchait nullement à se défiler ; une fois de plus Tréjean l’avait entraîné dans ce coup fourré, et il comprenait la colère de l’individu.

L’homme ne fut guère apitoyé par la détresse de Gardelle.

— T’étais pas obligé de lui obéir, fallait te défendre…

— T’en a de bonnes !

— Les bons comptes font les bons amis, ajouta l’individu avant de poignarder le barman de plusieurs coups de couteau.

L’assassin, impassible, poursuivit son chemin, laissant derrière lui sa victime étendue sur le trottoir. Un homme repenti qui n’aspirait qu’à devenir honnête.

Après avoir quitté sa sœur en fin de matinée en lui promettant de prendre bientôt de ses nouvelles, Marnier parvenait à destination une heure plus tard. Avant de pénétrer dans sa demeure, il la contempla avec satisfaction. Fier d’avoir fait cette acquisition, il se promettait d’y venir plus souvent afin de profiter de l’air pur de la campagne, loin de l’agitation et de la pollution de la capitale. Dès qu’il franchit le seuil de sa longère, il éprouva une sensation désagréable. Il eut l’impression que quelqu’un était entré chez lui pendant son absence. C’est vrai qu’il n’était pas revenu ici depuis plusieurs mois, mais certaines choses lui paraissaient bizarres. Pourtant, il n’avait constaté aucune trace d’effraction. Était-il certain de ne pas être le jouet de son imagination ? Après tout, il pouvait très bien avoir, lui-même, déplacé le fauteuil, fait tomber le coussin de la banquette et remis l’abat-jour de guingois, lors de sa dernière visite. Mais ça l’étonnait. Lorsqu’il découvrit sur le sol d’imperceptibles traces de pas, il fut fixé : quelqu’un avait effectivement visité la maison. Une personne en possession des clefs. Prudent, il décida d’appeler un serrurier et de lui faire changer la serrure de la porte d’entrée ainsi que le verrou. Pour celle de la grille qui ne fermait plus, il verrait plus tard. Par chance, l’artisan pouvait venir en fin d’après-midi.

La longère qu’il avait acquise il y a un peu plus d’un an nécessitait quelques coups de peinture. Il s’attaquerait tout d’abord aux volets. Peindre était une activité qu’il affectionnait particulièrement ; elle lui vidait la tête.

Avant de commencer quoi que ce soit, Marnier fit un ravitaillement pour plusieurs jours à la supérette du village. Ainsi il pourrait se consacrer entièrement à ses travaux en écoutant les CD de jazz et de classique dont il avait fait provision avant son départ. Il avait aussi emporté Belle du seigneur, ce roman qu’il se promettait de lire depuis des mois pour ne pas dire des années ! Pour être tranquille, il avait coupé son portable, cet objet qui lui tapait sur les nerfs.