Police Spatiale 1 - L.A. Traumer - E-Book

Police Spatiale 1 E-Book

L.A. Traumer

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Beschreibung

Soixante-dix ans après que la Septième Colonie a atteint le coeur de la Galaxie 77, un ennemi inconnu s'attaque à ses exploitations minières et ses convois. Devant ces agressions répétées, la colonie se trouve dans l'obligation de revoir sa position sur le pacifisme et de créer une police de l'espace. Spiros, un jeune passionné de pilotage d'astronefs, décide de faire ses preuves au sein de cette nouvelle force défensive en s'engageant comme cadet à l'académie de police. Il y fait la rencontre de Julius, un Néo-sapiens qui désire briser son image et changer le regard que les colons portent sur ses semblables. Tous deux ont à coeur de défendre leur patrie mais entre des amours difficiles, un passé douloureux, des convergences d'idéaux et la découverte de la nature violente de l'homme, seule la foi en l'Éternel sera leur véritable appui. Dans une ambiance spacesynth, ce nouveau space opera vous emmènera aux confins de l'Univers, à la rencontre d'un nouveau monde idéal où la charité et l'amour sont dans le coeur de ses habitants. Cependant, le côté sombre de la nature humaine cherche toujours à refaire surface...

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Veröffentlichungsjahr: 2019

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Notre détresse profonde est similaire aux confins de l’espace. Dans nos ténèbres les plus sombres, là où ne brille aucune étoile, nous avons besoin d’une lumière, tel un phare dans la nuit, qui nous éclairera le chemin. Cher lecteur, je t’invite à chercher ce phare dans la nuit, Celui qui te sauvera de tes ténèbres…

L.A. TRAUMER

----

« Le synthétiseur… un son si envoûtant, quoi qu’on en dise ! »

Sommaire

Prologue

Un

Deux

Trois

Quatre

Cinq

Six

Sept

Huit

Neuf

Dix

Onze

Douze

Treize

Quatorze

Quinze

Seize

Dix-Sept

PROLOGUE

La Septième Colonie, composée de fervents croyants et de gens fuyant la misère de leur ancienne vie, avait quitté son monde natal à bord d'une Arche d'un genre nouveau, un vaisseau-mère capable de voyager aussi vite que la lumière, voguant à travers le vide sidéral en quête d'une nouvelle Terre promise. Après un voyage qui avait duré vingt longues années, les colons étaient enfin arrivés dans un système solaire inconnu, qu'ils baptisèrent « Promesso », en plein cœur de la Galaxie 7-7. Parmi les treize planètes du système, une seule était véritablement propice à la vie humaine et presque identique à leur ancien monde. L'air y était pur, l'eau des lacs, des rivières et des océans était d'une pureté cristalline et la terre était grandement fertile.

Après la descente du vaisseau-mère sur la Terre Nouvelle, ce dernier s’était disloqué en milliers de compartiments avant de se poser un à un sur le terrain choisi par l'ordinateur de bord. Ces blocs étaient des habitations et des bâtiments d'utilité générale comme des serres de plantations, des laboratoires de recherche, des bâtiments administratifs, un spatioport et des lieux de culte. La première cité coloniale venait ainsi de voir le jour.

Baptisée Centralville, car désignée comme le point central de la colonie, cette cité devait alors s'organiser pour la survie des douze mille colons qui la composaient.

La priorité fut de mettre en marche l'agriculture et l'élevage. Le vaisseau-mère disposait de serres qui recréaient un écosystème parfait pour optimiser la croissance des végétaux. Bien que ces serres fussent suffisantes au début, les colons préférèrent exploiter la terre environnante en prévision de l’avenir.

Concernant l'élevage, le transport des animaux de ferme avait posé un véritable problème car il avait été impossible de les emmener à bord du vaisseau-mère. Les laboratoires possédaient alors un grand nombre d'embryons et de cuves d'incubation permettant de donner vie aux animaux destinés à l'alimentation, mais également aux animaux domestiques et de compagnie, par fécondation in vitro et insémination dans une matrice artificielle. Lors du voyage, peu d'entre eux avaient été créés à bord puis installés dans les serres car il était difficile de maintenir en vie des animaux devant vivre en pâturage.

Bien que les serres recréassent une atmosphère propice, il n'y avait pas assez de place pour mettre des prés et des champs afin d'y installer les animaux en grande quantité. Les colons avaient alors eu, durant le trajet, une alimentation à 90 % végétarienne. Sur Terre Nouvelle, l'herbe était verte, abondante et s'étendait sur des kilomètres à la ronde, et bien que les colons privilégiassent encore les végétaux et les céréales dans leur alimentation, l'élevage d'animaux de ferme n'était désormais plus un problème.

Un centre de recherche scientifique ouvrit ses portes afin d'étendre les connaissances de la colonie et d’envisager son développement ainsi que la maintenance de la ville et son embellissement. Le centre était ainsi divisé en quatre départements : Exploration, Technologie, Biologie et Astronomie.

Le premier envoyait des équipes parcourir leur planète de résidence afin de la cartographier puis de répertorier la faune et la flore vivant dans les différents écosystèmes. Une partie médicale était rattachée au secteur biologique qui, principalement, étudiait et analysait les échantillons et découvertes rapportés par les équipes d'exploration.

L'astronomie, reliée au département d’exploration pour de futures expéditions spatiales, était dédiée à l'observation du système Promesso et il était envisagé l'exploitation des planètes voisines.

La section technologie, qui développait et améliorait la technologie originelle du vaisseau-mère, soutenait les deux grands centres industriels de la colonie : Futur-On, pour Futur en marche, qui concevait et construisait divers objets du quotidien, des véhicules et des machines liés à tous les domaines ; et M:tronic, pour Magnetic Electronic, qui regroupait l'industrie minière et de raffinage des matières premières, utilisant une technologie magnétique développée par Futur-On pour le transport et l'acheminement des containers remplis de minerais bruts.

Bien que la planète Terre Nouvelle possédât quelques ressources minérales pouvant être transformées et exploitées, les colons préférèrent éviter la défiguration de leur belle planète et se tournèrent vers les autres astres du système qui en possédaient des quantités presque infinies. La colonie envoya donc des navettes destinées à l'exploitation minière au-delà de l'atmosphère, à partir du spatioport, jusqu'aux planètes les plus proches.

Toute une logistique se mit alors en place et plusieurs sites de minage M:tronic furent installés sur les planètes minérales pour la récolte de minerais et de métaux, ainsi qu'une station orbitale au-dessus d'une planète gazeuse pour la récolte de gaz servant à l'alimentation en carburant des vaisseaux. Grâce à tout cela, la Septième Colonie pouvait prospérer matériellement.

Aucun système monétaire ne fut mis en place dans cette nouvelle société. Chaque colon en mesure de travailler s'attelait aux différentes tâches pour le bien de la communauté. Durant le voyage jusqu'au cœur de la Galaxie 7-7 (désormais appelée communément Galaxie 77), les voyageurs étaient libres de choisir un corps de métier et des formations leur avaient été dispensées pour la préparation de la colonisation. Chacun avait le droit primordial de manger à sa faim, qu'il soit en mesure de travailler ou non, et était libre de prendre les denrées à sa convenance sans tomber dans la surconsommation. Les produits de récolte étaient déposés chaque jour sur un étalage de marché, sur la place principale de la ville, où les colons pouvaient prendre ce dont ils avaient besoin. Plus tard, des magasins ouvrirent, servant uniquement de dépôts facilitant la conservation des denrées, puis vinrent des restaurants où l'on pouvait manger à sa guise.

Les logements offraient l'équipement nécessaire pour vivre et se distraire. Des clubs de sport se formèrent, des écoles ouvrirent en fonction des besoins de chaque quartier de la ville, ainsi qu'un poste de sécurité couvrant les possibles incidents.

L'ensemble de la colonie était dirigé par un Grand Conseil, réunissant une dizaine de personnes, chacune représentant les habitants, les secteurs d'activité et la ville en elle-même, pour discuter des besoins de la colonie et prendre les décisions nécessaires. Le système ainsi mis en place permettait aux colons de vivre harmonieusement malgré la difficulté des travaux à réaliser.

***

Quelques années après l’installation de la colonie, une curiosité de la nature vint perturber son paisible quotidien : l'arrivée au sein d'une famille pour le moins ordinaire d'un enfant aux caractéristiques particulières. Le garçon avait un encéphale plus développé que la normale, contrairement à son corps plus frêle. En interne, sa défense immunitaire était déjà en place et plus efficace que celle d'un adulte. L'enfant démontra également dès son premier mois un grand intérêt pour son environnement. Pour les parents, qui ne présentaient aucun des traits si particuliers de leur premier fils, cet enfant était un don du Ciel.

Prénommé Josef, l'enfant grandit au sein de sa famille, non sans la surveillance du corps médical. Au cours de son développement, il démontra une intelligence extraordinaire : il fut capable d'apprendre à lire et à écrire dès trois ans. À cinq ans, il avait déjà lu les Saintes Écritures et en avait une telle compréhension qu'il déroutait les pasteurs les plus anciens. En revanche, son corps restait frêle et fragile, sa musculature était bien moins développée que celle des garçons de son âge. Son crâne légèrement proéminent était également dépourvu du moindre cheveu.

Son cas ne demeura cependant pas isolé. Huit ans après la naissance de Josef, un second garçon aux traits identiques naquit dans une autre famille. L'année suivante, deux autres garçons encore arrivèrent dans deux familles distinctes, puis la première fille apparut quelques mois après. Certains d’entre eux avaient des frères et sœurs, qui n’avaient cependant pas les mêmes caractéristiques, ajoutant un mystère à la situation. Tous ces enfants particuliers avaient ce corps fragile bien qu'insensible aux maladies, et cette intelligence hors du commun. Aucun médecin ne parvenait à expliquer cette métamorphose du corps humain. Les résultats des diverses analyses montrèrent que l’ADN des enfants différait de 2 % de celui d’un individu ordinaire, les amenant à la réflexion suivante : ces enfants étaient des êtres humains ayant atteint un nouveau stade d’évolution. Bien que toutes les théories sur l’évolution de l’homme à travers les millénaires eussent été réfutées depuis fort longtemps, il était indéniable qu’une nouvelle génération d’êtres humains venait de voir le jour. Le corps médical les nomma ainsi : Néo-Sapiens.

Cette nouvelle fit grand bruit parmi la colonie majoritairement chrétienne. Beaucoup de croyants criaient au scandale et au blasphème. Alors que la colère grandissait dans les églises locales, Josef, alors âgé de vingt ans, prit la parole lors d’un culte afin d’affirmer que malgré son apparence, il n’en était pas moins un être humain et, par-dessus tout, un enfant de Dieu prêt à le servir, qu'il utiliserait son intelligence pour le bien de la colonie entière, et il encouragea tous les Néo-Sapiens à faire de même.

Baptisé le jour même, Josef devint très vite pasteur puis entra à trente ans au Grand Conseil de Central-ville comme représentant des colons. Les Néo-Sapiens suivirent l’exemple de Josef et permirent à la colonie d’accéder à une technologie avancée et à une vie plus agréable. Partis d’un monde à la dérive, les colons jouissaient enfin d’une paix durable. Le bonheur était parfait.

***

La tranquillité et la prospérité régnèrent sur Terre Nouvelle pendant soixante-dix ans. Cependant, les colons n’étaient pas préparés aux événements qui survinrent au-delà du ciel bleu de leur planète. Dans le vide sidéral de l’espace, des convois de matières premières qui cheminaient entre les sites miniers des planètes voisines jusqu’à Terre Nouvelle disparurent corps et biens avec leur équipage. Des vaisseaux de type et d’origine inconnus s’emparaient des vaisseaux-cargos et les emmenaient dans une région du système Promesso nullement fréquentée par la colonie, sur une lune cachée dans l’ombre d’une des plus grosses planètes du système. Devant cette situation qui empirait, une décision fut prise par le Grand Conseil, remettant en cause les fondements de cette nouvelle société pacifique.

Si créer un corps militaire était un acte trop belliqueux à leurs yeux, un groupe de policiers de l’espace représentait un meilleur idéal, celui de protéger la colonie et ses habitants.

C’est ainsi que fut créée la Police Spatiale.

UN

L’immensité de l’espace s’étendait par-delà le hublot de la navette de transport, offrant un spectacle rare et merveilleux. L’infini du vide galactique, où mille milliards d’étoiles étincelaient, donnait le vertige lorsque l’on prenait conscience de la taille de l'homme en comparaison de tout cela. Sur leurs sièges, les jeunes recrues ressentaient un mélange de sensations diverses : excitation, fierté et tristesse.

C’étaient tous des jeunes gens entre dix-huit et vingt-cinq ans, hommes et femmes, animés par le désir de servir leur nation et de protéger leur foyer. Mais pour cela, ils avaient dû quitter leurs familles restées sur la nouvelle planète. Leur nombre montait en flèche depuis la dernière attaque de la Lune noire et ces jeunes étaient les derniers affectés à l'académie afin d’être formés. Ils venaient de passer les premiers tests destinés à évaluer leurs aptitudes : les conditions de l’espace étant rigoureuses, seuls ceux qui démontraient une solide condition physique étaient admis.

Encore quelques années auparavant, il n'y avait qu'une poignée d'agents de sécurité destinés au maintien de l'ordre sur la planète. Mais lorsque la Lune noire fit son apparition au-delà de la ceinture d'astéroïdes quatre ans plus tôt, une horde de vaisseaux inconnus se mit à attaquer les différents sites miniers des planètes avoisinantes et leurs convoyeurs ramenant les matières premières nécessaires à la colonie.

Cette lune était un astre sombre difficile à observer depuis la planète coloniale, même avec le plus puissant des télescopes. Malgré les tentatives d'appel et d’envoi de sonde avec un message de paix en direction de ces assaillants, aucune réponse ne parvint à la colonie, qui ignorait alors à qui elle avait affaire. Tout en restant fidèle aux principes de non-violence de la Colonie, le Grand Conseil prit la décision de créer la Police Spatiale afin de protéger Terre Nouvelle et ses habitants.

Les armes destinées à cette force protectrice étaient uniquement défensives et nullement mortelles. Cependant, la création de cette police avait divisé la Septième Colonie en trois groupes : Il y avait ceux qui approuvaient ce projet dans sa globalité, quitte à user d’un minimum de violence afin de protéger ce que les anciens avaient espéré construire à leur arrivée dans la Galaxie 77.

Ensuite, il y avait ceux qui estimaient que la création de cette police était en contradiction avec la volonté des colons d'établir une civilisation dépourvue de violence. Pour eux, devoir répliquer aux attaques de cet ennemi ne ferait qu'engendrer à nouveau les conflits d'autrefois.

Enfin, il y avait ceux pour qui le bannissement de la violence était pour les faibles d’esprit et qui estimaient qu’il fallait répliquer au coup par coup face aux envahisseurs. Pour ces derniers, équiper la Police Spatiale d'armes non létales était irrationnel. Le débat fut amorcé entre les trois factions afin de clarifier la situation mais après des jours de discussions interminables, chacune campa sur ses positions, fractionnant ainsi la population.

Bien que la majorité des habitants fût de confession chrétienne et que la colonie ait adopté des principes de non-violence, cela n'empêcha pas cette situation de survenir ni la tension de monter lentement mais sûrement.

***

La navette amorça sa descente vers la piste d’atterrissage. Au bout de celle-ci se trouvaient divers bâtiments, dont une énorme tour radar et un immense hangar pour la maintenance des appareils, ainsi qu’un centre de contrôle pour le trafic spatial. Il y avait en tout cinq pistes surélevées pour les départs et les arrivées. Sur le côté des pistes se trouvaient des chasseurs spatiaux de la police, diverses navettes de transport, des véhicules lunaires et un vaisseau beaucoup plus grand que les autres.

— C’est l’Odysseas ! s’exclama l’une des recrues, un jeune homme au crâne chauve. Un vaisseau-amiral, l’un des meilleurs vaisseaux construits à ce jour !

Le croiseur avait belle allure. Il mesurait une cinquantaine de mètres, deux croiseurs lourds étaient amarrés de chaque côté et diverses tourelles ornaient ses flancs. Les vitres étaient d’un rouge rubis transparent et sa coque noire et bleue portait le logo « Police Spatiale » sur le côté. En le regardant, chacun sentit monter en lui la fierté d'intégrer la Police Spatiale ainsi que le désir de pouvoir un jour monter à bord d’un vaisseau tel que celui-là.

Sur la passerelle du vaisseau, deux officiers regardaient la navette se poser. Le premier était un homme de forte carrure et à la moustache poivre et sel. Sur son uniforme étaient épinglés divers insignes montrant un grade élevé. Le second était une femme aux cheveux blonds attachés et relevés sous une casquette de police. Des insignes étaient également épinglés sur sa poitrine, mais en moins grand nombre. Elle se tenait droite à côté de son supérieur, un micro-moniteur dans les mains avec lequel elle consultait diverses données.

— Ce sont les derniers à avoir passé les tests ? demanda l'homme.

— Oui, colonel, répondit la femme. Ils semblent prometteurs, les résultats sont excellents, bien que moindres par rapport aux meilleurs scores.

— Et pour ce qui est de cet individu particulier ? demanda-t-il en montrant la fiche d'une recrue.

— Voyons… Ses aptitudes physiques sont très correctes. Il a subi sur Terre Nouvelle un entraînement expérimental qui semble avoir porté ses fruits.

— Intéressant… Vous suivrez cette promotion de près. Vous me ferez un rapport quotidien sur l'ensemble du groupe avec un paragraphe spécial dédié à cet individu.

— Bien, colonel.

— Ceci devra rester confidentiel. Aucun autre officier de votre rang ou d’un rang inférieur ne sera au courant de cette évaluation. Les ordres émaneront directement du Haut Commandement. Vous pouvez cependant impliquer indirectement un ou deux officiers instructeurs pour des tests particuliers.

— Bien, colonel !

Elle quitta le pont de commandement et passa la passerelle qui rejoignait l'astroport pour aller accueillir les arrivants.

***

Les nouvelles recrues descendirent de la navette par le tunnel hermétique qui les mena à un bloc vitré où un monorail les attendait. L'officier féminin venait de quitter le grand vaisseau et les accueillit à la porte du train.

— Bonjour à tous, les salua-t-elle. Je suis le capitaine Ferne, officier supérieur de la Police Spatiale. Je vous souhaite la bienvenue dans notre établissement. Je suis chargée de vous accompagner pour votre premier jour au sein de l’académie de police. Nous allons monter à bord du monorail lunaire afin de nous rendre directement au centre de commandement. Ici, ce sont les installations pour le lancement des véhicules spatiaux et la maintenance des appareils. Vous serez amenés à vous y rendre lors de patrouilles ou d'exercices dans l'espace. Maintenant, je vous invite à prendre place à bord du monorail.

Les jeunes montèrent à bord tout en admirant les structures environnantes. Le jeune homme au crâne chauve qui s'était extasié devant le grand vaisseau s’assit à côté d’un autre garçon qui regardait par la vitre le paysage lunaire. C'était un jeune homme aux cheveux bruns ébouriffés et aux yeux sombres, moyennement costaud. Son regard était perdu dans le vague infini de l'espace qui s'étendait au-delà des montagnes lunaires.

— C’est magnifique, n’est-ce pas ? lui dit le jeune homme chauve.

— Hein ? Euh… oui, c’est un spectacle très prenant.

— C’est la première fois que tu vas dans l’espace ?

— Non, pas du tout, mais je n’étais encore jamais venu sur Neyria1.

— Ah, d’accord. Moi, je n’avais encore jamais quitté Terre Nouvelle. Je me sens tout drôle, vraiment.

— Ça fait toujours ça, la première fois. Mais on s’y habitue très vite.

— Je l’espère.

Le monorail se mit en route lorsque tout le monde fut installé. Il entra dans un sas où l’oxygène devait être évacué avant la sortie. Une porte s’ouvrit ensuite et le train s'avança.

— Je ne me suis pas présenté, dit le chauve à son voisin en lui tendant la main. Je m’appelle Julius Derry. Je viens du quartier central de la colonie.

— Spiros Merig. Je suis du quartier Sud.

— Qu'est-ce que tu faisais avant ? Des études ? Un travail ?

— J'étais en poste pour Futur-On comme pilote de satellite de surveillance.

— D'où ton habitude de l'espace, conclut Julius. Tu as quitté ton poste pour venir dans la police, alors ?

— Disons que l’on m’a forcé à partir…

— Je ne comprends pas.

— En fait, j’ai… esquinté mon dernier satellite de surveillance pendant une mission. Mon chef de service n’a guère apprécié.

— Ah, je vois. Un regrettable accident, j’imagine ?

— Oui, si l’on veut…

Julius n’insista pas, son interlocuteur ne semblait pas enclin à raconter cette histoire.

Spiros était un jeune homme de vingt-deux ans, au caractère mystérieux. De nature renfermée et parfois colérique, il n'était guère loquace avec les personnes qu'il ne connaissait pas. Cependant, son autre facette était celle d’un bon vivant, rieur et blagueur, enclin à faire la fête avec ses amis.

Après quelques longues minutes, ils arrivèrent en vue du centre de commandement. Le bâtiment se hérissait en trois hautes tours reliées à une rotonde dont le toit formait un dôme. Le centre était au cœur d'une petite vallée de roche noire et brillante face aux rayons du soleil. Le coin aurait été des plus accueillants avec une atmosphère et de la végétation. Tout autour, des tourelles lasers étaient placées au cas où des météores viendraient à s'écraser trop près du centre.

Le monorail entra à nouveau dans un sas dont l’entrée se trouvait sous la surface lunaire. C'était un petit hall entièrement vitré, posé sur une forte structure métallique dont les poutres blanches étaient plus grosses que la jambe d'un homme. Au-delà des vitres où s'étendait le vide lunaire, Terre Nouvelle était visible comme un astre sombre dont seul le côté à l'Est était éclairé par les quelques rayons du soleil positionné de l'autre côté. Les recrues débarquèrent sur le quai où le capitaine Ferne les reprit pour les emmener dans un grand hall d'entrée éclairé par de grosses lampes suspendues au plafond en forme de dôme. Elle leur donna quelques informations sur le centre :

— C'est ici que vous allez suivre votre formation de policier spatial, ou « astro-policier » dans le jargon. Vous vous trouvez actuellement dans le hall d'accueil où vous pourrez venir si vous avez besoin d'informations. Les salles de cours et l'amphithéâtre sont au bout de ce couloir-ci…

Elle leur indiqua un couloir dont l'entrée était surmontée d'un A.

— Le second couloir, reprit-elle en indiquant celui marqué d'un B, mène aux dortoirs des cadets. Tous vos effets personnels ont été transférés directement dans les chambres qui vous ont été assignées. Vous y trouverez également vos différents uniformes ainsi qu’une fiche vous expliquant lesquels sont à porter en fonction des occasions. Vous allez être répartis en trois groupes distincts, même si vous serez rassemblés pour certains modules d'entraînement. Je vous rappelle qu'en tant qu’élèves, vous ne serez nullement autorisés à porter une arme ou une quelconque armure de protection dans les locaux ou à l’extérieur. L’unique exception concernera les entraînements sur le terrain. Votre emploi du temps est à respecter avec la plus stricte discipline. Tout retard à chaque module ayant commencé sera sanctionné. Je vous remets en main propre le règlement intérieur dont vous devrez apprendre par cœur chaque ligne. Vous serez régulièrement interrogés dessus. Est-ce que c'est clair pour tout le monde ?

— Oui, capitaine ! répondirent en chœur les recrues.

— Très bien. Maintenant, vous pouvez aller prendre possession de vos chambres. Soyez prêts pour la cérémonie d'accueil qui aura lieu dans deux heures.

Chacun reçut une carte magnétique lui donnant certains accès aux diverses parties du centre où il était autorisé à se rendre. Les élèves étaient en binôme dans chaque chambre et Spiros se retrouva avec Julius. Chaque côté de la chambre semblait être un reflet de l’autre. À l’entrée, à droite comme à gauche, était placé un placard contenant les uniformes. Dans un renfoncement, juste après, se trouvaient le lit avec les draps pliés posés sur le matelas et une table de chevet avec un réveil électronique. Pas de salle de bains individuelle, les douches devaient se trouver dans une partie spécifique du bâtiment. Un large bureau trônait sous la fenêtre avec deux écrans holographiques. Deux bracelets Holocoms2 se trouvaient à côté.

— J’imagine qu'on peut passer des appels vers Terre Nouvelle sous certaines conditions, dit Spiros en découvrant ces appareils spécifiques de la Police Spatiale.

— Ou pour recevoir des informations internes, je pense. Voyons ces uniformes...

Spiros regarda sa nouvelle carte magnétique. Son matricule était S-0087. Julius ouvrit son placard et sortit trois uniformes neufs identiques, chacun dans une housse transparente. Le haut était blanc avec une partie noire en diagonale sur le côté droit, et les manches noires également. L’écusson de la Police Spatiale y était cousu côté cœur : un petit chasseur dans une sphère bleue. Il y avait également un blouson noir avec les mêmes motifs. Les pantalons étaient entièrement blancs, avec une ceinture noire ornée d'un ceinturon en métal argenté.

— Pas mal, marmonna Spiros en sortant les siens.

— Ce sont sûrement les uniformes de tous les jours, dit Julius en les examinant. Voyons celui-là…

Il en sortit un autre entièrement enveloppé dans une housse de protection. Les couleurs et motifs étaient identiques aux trois premiers, mais la matière et les finitions étaient plus élégantes. Il y avait en plus une paire de gants blancs et une casquette à visière noire.

— Ça, c'est le costume de cérémonie, dit Spiros en regardant le sien. Pas mal non plus. Ça fait très classe.

Julius sortit ensuite deux combinaisons spatiales, avec toujours les mêmes coloris et motifs. Elles étaient cependant doublées et pouvaient être rattachées à un casque au niveau du cou, des gants aux manches et, au niveau des chevilles, à des bottes spéciales. Celles-ci étaient par terre, à côté d'une autre paire de chaussures simples.

— Nous sommes bien équipés, dit-il en rangeant les vêtements.

— Il y a notre emploi du temps sur cette tablette, remarqua Spiros en sortant un mini-écran du tiroir de sa table de chevet. On commence à 6 h 30 chaque matin ! Moi qui aime dormir tard… Et il est indiqué que l’on peut être amenés à faire des entraînements imprévus au dernier moment.

— Nous avons signé pour ça, fit remarquer Julius. J’ai hâte de commencer.

Spiros regarda son camarade de chambre un moment. Ce dernier était en train de défaire son sac de voyage. Son premier geste fut de sortir un livre légèrement usé qu’il déposa délicatement sur sa table de chevet. Spiros fut surpris de son calme constant, aussi bien dans ses gestes précis et sûrs que dans sa voix et sa manière de parler. Puis il remarqua à quel point il était grand. Et son crâne dégarni…

— Je… je peux te poser une question, si ce n’est pas indiscret ? lui demanda-t-il soudainement.

— Oui, bien sûr, je t’en prie, répondit Julius.

— Est-ce que… tu es Néo-Sapiens ?

Julius le regarda, l’air un peu étonné mais amusé.

— Tu ne l’avais pas remarqué avant ? lui demanda-t-il.

— Je n'ai jamais croisé un de tes semblables, à part un enfant une fois. Pardon, je ne voulais pas… être incorrect avec toi.

Julius sourit légèrement.

— Ne t’en fais pas. Ce n’est pas la première fois que quelqu’un est surpris en me voyant. C'est comme ça depuis que je suis petit. Notre physique longiligne et notre absence de pilosité ont toujours étonné les gens. Nous ne sommes pas très robustes non plus.

— Pourquoi avoir choisi d'être dans la Police Spatiale, dans ce cas ? C'est un métier très physique, tu sais…

— Je voudrais modifier cette image que les gens ont de nous, dit Julius en rangeant les uniformes. J'aimerais montrer qu'un Néo-Sapiens peut surpasser son handicap physique et passer capitaine de brigade d'intervention, et pourquoi pas commandant de la Police Spatiale. J'aimerais protéger les miens et la colonie contre toute forme de violence.

— Tu as de l'ambition ! J'espère que tu réussiras.

— J'ai déjà beaucoup travaillé pour arriver à passer ces tests d'admission. Il m'a fallu suivre un entraînement particulier pour développer mon corps et devenir plus résistant. Grâce à cela, mes muscles sont déjà bien renforcés, mais j'ai encore du chemin à parcourir.

— Mais vous êtes dotés d'une intelligence hors du commun, non ? Vous êtes doués pour tout ce qui a trait à la science, aux choses complexes…

— Certes, mais suivre la même voie scientifique que mes semblables ne m'intéresse pas vraiment. J'espère être un exemple pour certains de mes semblables et montrer que nous pouvons être autre chose que des scientifiques.

Spiros le regardait, admiratif. Contrairement à ce que beaucoup de personnes non objectives disaient des Néo-Sapiens, ils étaient finalement des humains comme tout le monde. Il remarqua également chez lui ses gestes très ordonnés en le regardant plier et ranger ses vêtements.

— C'est quoi, ce livre sur ta table ?

— Il s'agit d'une édition de la Bible qui date de bien avant la colonisation.

— Tu veux dire qu'elle a été imprimée sur Terre ?

— Tout à fait. C'est un livre précieux sous bien des aspects. Mais son contenu est ce qu'il y a de plus important. La Parole de Dieu est vivante et nous parle chaque jour.

— Je t'avoue que je ne l'ai pas lue depuis longtemps, dit Spiros, gêné de l'avouer devant quelqu'un d'aussi zélé.

— Comme beaucoup de jeunes gens aujourd'hui. On en reviendrait presque aux temps où les peuples de la Terre préféraient la violence à la paix. S'ils avaient gardé la Parole en eux à cette époque, leurs décisions auraient été tout autres. Mais on ne peut forcer quelqu'un à aimer Dieu, ça serait contraire à l'amour qu'Il nous porte.

— Vous êtes très attachés à la Bible, vous, les Néo-Sapiens, non ?

— Nous avons une facilité de compréhension de la Bible, certes, mais Dieu se révèle à tout homme et femme. Pour nous, Néo-Sapiens, il nous faut seulement lire le livre pour comprendre qu'il dit la vérité sur le monde, l'humanité et sur Dieu, et ce même si certains passages sont sujets à contradictions selon les traductions. Pourtant, tout est différent lorsque l'on répond à l'appel du Seigneur.

— Pardon ? s'étonna Spiros. Des contradictions dans un livre qui dit être la vérité ?

— Il y a eu de nombreuses traductions réalisées au fil des siècles par les hommes et parfois certains passages ont été altérés ou ont perdu de leur vrai sens à cause de la mauvaise interprétation d'un simple mot. Mais lorsque l'on regarde les textes originaux, on remarque ces erreurs, bien que très minimes et qui n'altèrent en rien le véritable message de Dieu. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas lire la Bible les yeux fermés, mais demander au Seigneur de nous donner le discernement et la compréhension de son message. C'est sa Parole qui est vérité.

Spiros le regardait, bouche bée. Il n'avait jamais entendu cela dans les cours d'école.

— Je vais te donner un exemple très simple. Dans le livre des Actes, lorsque Paul est appelé par le Ciel, il est dit : « Ses compagnons de voyage restèrent figés sur place, muets de stupeur : ils entendaient bien la voix, mais ne voyaient personne3. » Plus loin dans le même livre, lorsqu'il relate ce qu'il s'est passé : « Ceux qui étaient avec moi ont bien vu la lumière, mais n’ont pas entendu celui qui me parlait4 ». Nous avons donc bien une contradiction, tu es d'accord ?

— Euh… oui.

— C'est une erreur de traduction, que beaucoup de détracteurs de la Bible ont cherché à utiliser pour la discréditer autrefois. Or, en grec ancien, le verbe « entendre » a plusieurs sens, selon qu’il est employé avec le génitif ou l’accusatif. Avec le génitif, on entend un son, mais sans comprendre ce qui est dit. Avec l’accusatif, « entendre » signifie « comprendre ».

Spiros le regarda avec des yeux ronds comme des soucoupes. Le simple fait de parler grammaire et conjugaison lui avait donné d'atroces migraines lorsqu'il était à l'école. Il fit cependant semblant d’avoir saisi le discours de son nouveau compagnon de chambre et hocha la tête doucement.

— Et donc, tu connais le grec ancien ? demanda-t-il. Qui n'était déjà plus parlé à l'époque de la colonisation…

— Pas aussi bien que le latin, je dois l'avouer. Il manque beaucoup de connaissances sur cette langue morte dans les bases de Centralville.

— Tu as quand même un sacré savoir, admit Spiros. Si je pouvais être aussi intelligent…

— Tout est une question de volonté, répondit Julius en secouant la tête. Des hommes d'autrefois avaient autant de connaissances que moi, j'ai simplement plus de facilités de compréhension et d'apprentissage. Je serais également ravi de partager davantage avec toi ce savoir, cependant nous devrions nous préparer pour ne pas être en retard.

— En retard pour quoi ?

1 Petite Lune en orbite autour de Terre Nouvelle. Elle abrite le centre de commandement de la police spatiale et l'académie.

2 Holocom : communicateur holographique permettant de communiquer ou de transférer des données à d'autres personnes équipées du même appareil.

3 Livre des Actes, chapitre 9, verset 7.

4 Livre des Actes, chapitre 22, verset 9.

DEUX

Une cérémonie d'accueil avait été organisée pour les nouvelles recrues. Quelques officiers étaient présents, ainsi que des membres du Haut Commandement. Un haut gradé fit un discours élogieux sur les membres actuels de la Police Spatiale et la protection apportée à la colonie ainsi que la mission de chacun, puis il porta un toast et prodigua des encouragements à tous les nouveaux. Il descendit de l'estrade, suivi des autres officiers, et serra la main des nouvelles recrues qui étaient alignées. Elles portaient l’uniforme officiel et Spiros, nerveux, n'arrêtait pas de remuer.

— Ça ne va pas ? lui demanda Julius sans tourner la tête. Tu n'as pas l'air à l'aise…

— Ce costume me colle à la peau, ça me démange !

— Garde ton calme, il arrive, souffla Julius à Spiros. C'est Homer Septimus, le général de la Police Spatiale.

— J'essaye…

Le commandant arriva à leur hauteur et leur serra la main. Il ne sembla pas remarquer le malaise du cadet, contrairement à un adjudant qui lui fit observer :

— Il va vous falloir apprendre à vous maintenir devant vos supérieurs, cadet !

— Ils n'ont qu'à faire un uniforme plus agréable à porter, souffla-t-il lorsque tous les officiers furent passés.

Ils s'avancèrent vers le buffet composé de plats de dégustation et de verres remplis d'un liquide jaune pâle.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda Spiros à un serveur.

— Du champagne, monsieur, répondit-il. C'est une boisson alcoolisée.

— Nous sommes gâtés, dit Julius en prenant un verre. Le champagne est rare à cause du peu de vignes sur Terre Nouvelle.

— Je n'en ai jamais bu, avoua Spiros en sentant son verre.

— Ce n'est pas mauvais, mais comme tout alcool, il ne faut pas en abuser, dit Julius. Le champagne a tendance à te monter à la tête, et tu le payes le lendemain.

— Je ne vois pas l'intérêt d'en boire autant si c'est pour être malade ensuite ! Voyons voir…

Spiros avala la moitié de son verre d'une traite. Julius éclata de rire en voyant sa tête la seconde d'après.

— C'est amer ! Beuh…

— Tu n'es pas habitué, lui dit Julius. Ne va pas plus loin afin d’éviter d'être malade ensuite.

— Je ne me ferai pas prier. Je préfère les cocktails servis dans les bars de Centralville.

Tandis qu'il reposait son verre, il entendit quelqu'un l'appeler.

Il se retourna et vit un astro-policier lui faire signe de la main.

— Néro ! s’écria-t-il en le reconnaissant soudainement. Content de te revoir, vieux !