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Le présent travail vise à établir une comparaison biblique, théologique et pastorale des techniques de guérison dans les textes du Nouveau Testament et dans la médecine traditionnelle du Rwanda. Il s'agit d'une part d'une approche biblique et exégétique des textes de guérison du Nouveau Testament, et d'autre part d'une analyse des pratiques de guérison au Rwanda. Les deux doivent être mis en dialogue de la meilleure manière possible. Le mécanisme de confrontation et d'intégration qui a marqué la composition des récits de guérison du NT peut servir de catalyseur au processus de recherche de pratiques utiles à la cure des âmes malades, dans la culture rwandaise.
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Seitenzahl: 441
Veröffentlichungsjahr: 2023
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AVANT-PROPOS DE L'EVALUATEUR
1. S
TRUCTURE COMMENTEE ET CONTENU DU TRAVAIL
2. M
ISE EN ŒUVRE ET RESULTATS
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION GÉNÉRALE
1. P
ROBLEMATIQUE
2. L'
ETAT DE LA RECHERCHE
3. C
ONDITIONS METHODOLOGIQUES
4. L
E MONDE DU
N
OUVEAU
T
ESTAMENT ET SA REPRESENTATION DE
J
ESUS
5. S
TRUCTURE
CHAPITRE I : PERSPECTIVE HISTORIQUE DES PRATIQUES DE GUÉRISON
1. N
OTIONS DE BASE
1.1. Maladie (
ἀσϑένεια
/
νόσος
)
1.2. Guérison (
ϑεραπεύω
/
ἰάομαι
)
1.2.1. ϑεραπεύω (therapeuo)
1.2.2. ἰάομαι (iaomai)
1.2.3. Guérison dans le sens de ὑγιής être en bonne santé, être sain ; ὑγιαίνω être en bonne santé
1.2.4. Le terme σώζω
1.3. Conclusion
2. L
A QUESTION DU GENRE LITTERAIRE
:
LE GENRE LITTERAIRE DES RECITS DE MIRACLES
2.1. Significations du « motif du miracle »
2.2. La fonction du genre littéraire des récits de miracles
2.3. La place du « genre littéraire des récits de miracles » dans le champ des genres synoptiques
2.4. Structure des récits de miracles
2.5. Définition de la relation entre la foi et le miracle de la guérison
3. P
RATIQUES DE GUERISON DANS LE MONDE PAÏEN ANTIQUE
3.1. L'art de guérir dans la pensée scientifique de l'Antiquité païenne
3.1.1. Premières idées préscientifiques dans l'art de guérir
3.1.2. Développements médicaux dans le monde païen antique
3.1.3. La magie, l´une des pratiques de guérison dans le monde païen antique
3.2. Pratiques de guérison dans l'Orient ancien, dans l'environnement hellénistique et à l'époque romaine
3.2.1. Les maladies et leurs symptômes dans l'Orient ancien (Égypte, Mésopotamie et Hittites)
3.2.2. Conditions de guérison et de diagnostic
3.2.3. Les pratiques de guérison dans l'Orient ancien en général
3.2.3.1. Pratiques de guérison dans l'Égypte antique
3.2.3.2. Pratiques de guérison en Mésopotamie antique
3.2.3.2.1. Procédures de traitement et diagnostic
3.2.3.2.2. Approche thérapeutique
3.3. Pratiques de guérison dans la Grèce antique et l'Empire romain
3.3.1. Pratiques de guérison dans la Grèce antique
3.3.2. Médecine et religion dans la Grèce antique
3.3.2.1. Pratiques de guérison d'Asclépios
a. Guérisons par les rêves
b. Excursus : signification des rêves
c. Imposition des mains
d. Quelques exemples de guérisons opérées par Asclépios à Epidaure
e. Confrontation des traditions entre Asclépios et Jésus :
3.3.2.2. Apollonius de Tyane et ses miracles de guérison
3.3.3. Pratiques de guérison dans la Rome antique
3.4. Conclusion
4. P
RATIQUES DE GUERISON DANS
L'
ANCIEN
T
ESTAMENT ET LE JUDAÏSME POST
-
BIBLIQUE
4.1. L'art de guérir en Palestine à l'époque hellénistique et romaine
4.2. Remèdes particuliers dans l'Ancien Testament et le judaïsme post-biblique
4.3. Les miracles de guérison du livre de Tobie : 11,7-13
4.4. Conclusion
5. P
RATIQUES DE GUERISON DANS LE
J
UDAÏSME POST
-
BIBLIQUE
5.1. Les guérisseurs dans le judaïsme post-biblique
5.1.1. La tradition de Choni
5.1.2. La tradition de Chanina ben Dosa
5.1.3. Les mouvements égyptiens
5.2. Résumé
CHAPITRE II : LES PRATIQUES DE GUÉRISON DANS LE NT
1. P
RATIQUES DE GUERISON DANS LA TRADITION SYNOPTIQUE
1.1. Introduction
1.2. Sur la compréhension des guérisons de Jésus
1.3. La transmission des miracles dans l'évangile de Marc
1.4. La tradition des miracles dans l'évangile de Matthieu
1.5. La transmission des miracles dans l'évangile de Luc
2 . A
NALYSE EXEGETIQUE D
'
UNE SELECTION DE TEXTES DU
NT
2.1. Guérisons par une parole efficace (Mc 10,46-52)
2.1.1. Analyse de texte
2.1.1.1. Introduction
2.1.1.2. Texte grec et traduction
2.1.1.3. Le texte dans son contexte
2.1.1.4. Délimitation
2.1.1.5. Structure
2.1.1.6. Interprétation
2.1.1.7. Contexte historique et religieux (Mc 10,51 -52)
2.1.2. Comparaison synoptique de Mc 10,46-52
2.1.3. Conclusion
2.2. Guérisons par le toucher et l'imposition des mains
2.2.1. Excursus : la différence entre le toucher et l'imposition des mains
2.2.2. Guérison d'un lépreux (Mc 1,40-45/Mt 8,1-4/Lc 5,12-16)
2.2.2.1. Analyse de texte
2.2.2.2. Comparaison synoptique de Mc 1,40 -45
2.2.2.3. Références à l'Ancien Testament en Mc 1,40 -45
2.2.2.4. Conclusion
2.2.3. Guérison d'une femme malade avec écoulement de sang (Mc5,25-34/Mt9,20-22/Lc8,43-48)
2.2.3.1. Analyse du texte
2.2.3.2. Comparaison synoptique
2.2.3.3. Références à l'Ancien Testament dans Mc 5,25 -34
2.2.3.4. Conclusion
2.2.4. Guérisons par le contact des suaires ou des ceintures (Ac 19,11-12)
2.2.4.1. Texte grec et traduction (Ac 19,11 -12)
2.2.4.2. Le texte dans son contexte
2.2.4.3. Analyse du texte
2.2.4.4. Conclusion
2.3. Guérisons par des remèdes
2.3.1. Guérisons par la salive : La guérison d'un aveugle à Betsaïda (Mc 8,22-26)
2.3.1.1. Analyse du Texte
2.3.1.2. Comparaison avec d'autres textes
a. Comparaison avec Mc 7,31 -37
b. Comparaison avec Jn 9,1 -7
2.3.1.3. Conclusion
2.3.2. Guérisons par l'huile (Mc 6,13 ; Jc 5,13-16)
2.3.2.1. Texte grec et traduction
2.3.2.2. Le texte dans son contexte
2.3.2.3. Interprétation de Jc 5,13 -16
2.3.2.4. Conclusion
3. RESUME
CHAPITRE III : PRATIQUES DE GUERISON DANS LA MEDECINE TRADITIONELLE AU RWANDA
1. C
ONTEXTE HISTORIQUE DES TRADITIONS RELIGIEUSES ET MEDICALES AU
R
WANDA
1.1. Évangélisation et colonisation en Afrique subsaharienne
1.2. Inculturation et théologie de l'inculturation
1.2.1. Le terme d'inculturation
1.2.2. Théologie et inculturation
2. I
NTERPRETATIONS DE LA MALADIE ET DE LA GUERISON DANS LA CULTURE
R
WANDAISE
2.1. La croyance aux esprits au Rwanda et son impact sur la vie quotidienne
2.2. La notion d'esprit dans la culture rwandaise
2.3. Les causes des maladies au Rwanda traditionnel
2.3.1. Abazimu (esprits des défunts) et divinités comme cause des maladies
2.3.2. Empoisonnement
2.3.3. La transgression des tabous
3. P
RATIQUES DE GUERISON DANS LA MEDECINE TRADITIONNELLE DU
R
WANDA
3.1. Techniques de guérison contre les maladies causées par les esprits des défunts, les divinités ou les mauvais sorts
3.1.1. Méthode de divination par les osselets (kuraguza inzuzi)
3.1.2. Méthode de divination par un poussin (kuraguza inkoko)
3.2. Pratiques rwandaises spécifiques pour le traitement des maladies : Empoisonnement (uburozi)
3.3. Méthodes contre les effets des tabous
3.4. Autres remèdes
3.4.1. Préparation de médicaments avec de la salive
3.4.2. L'utilisation d'autres liquides dans le contexte de guérison rwandais
3.5. L'attachement à la médecine traditionnelle
4. A
NALYSE COMPARATIVE
CHAPITRE IV : RESULTATS ET PERSPECTIVES
1. R
ESULTATS
2. P
ERSPECTIVES
LISTE GENERALE DES SIGLES
BIBLIOGRAPHIE
1. S
OURCES
(E
DITIONS BIBLIQUES
)
2. L
ITTERATURE SECONDAIRE
3. L
ITTERATURE SECONDAIRE
/
INTERNET
ABSTRACT
ABSTRACT (ENGLISH)
Les travaux à la frontière des logiques spécialisées n'ont généralement pas la tâche facile. En effet, ils doivent tenir compte de plusieurs méthodologies et de plusieurs approches thématiques.
La présente thèse de doctorat de M. Niwemushumba (ci-après dénommé « l'auteur ») s'est précisément fixé cet objectif. Il s'agit d'une part d'une approche biblique et exégétique des textes de guérison du Nouveau Testament, et d'autre part d'une analyse des pratiques de guérison de son pays d'origine, le Rwanda. Et les deux doivent être mis en dialogue de la meilleure manière possible. Après une brève introduction (p. → - →), l'auteur divise son travail en quatre chapitres : 1. perspective historique des pratiques de guérison ; 2. pratiques de guérison dans le Nouveau Testament ; 3. guérison dans les traditions de guérison au Rwanda ; 4. résultats et perspectives. Le travail se termine par des annexes (liste des abréviations, bibliographie, abstract).
Dans l'introduction (p. → - →), l'auteur indique dans un premier point sa motivation pour le sujet : il s'agit d'expériences faites dans son pays d'origine, le Rwanda, où les méthodes de guérison traditionnelles ne sont pas reconnues par le christianisme. Il souhaite donc examiner « si ce jugement était justifié ou non » (p. →).
Un premier objectif du travail consiste donc à analyser les points communs entre les pratiques de guérison du monde antique et biblique et celles de la tradition rwandaise. Un deuxième objectif est de « déterminer quels remèdes de la médecine traditionnelle peuvent être intégrés dans les soins chrétiens malades » (p. →). L'auteur ne cesse de souligner qu'il s'agit en fin de compte d'une perspective pastorale. Dans un deuxième point, l'état de la recherche est brièvement évoqué. Les objectifs sont à nouveau formulés : « élargir l'horizon pour une pastorale de proximité et la valorisation de l'héritage culturel du Rwanda » (p. →) et « fournir aux pasteurs et aux responsables de communautés chrétiennes des critères théologiques explicables pour toute organisation de la pastorale des malades » (p. →).
Dans un troisième point, les conditions méthodologiques sont nommées : analyse textuelle synchronique et analyse comparative des pratiques de guérison.
Très brièvement sont mentionnés « le monde du Nouveau Testament et sa représentation de Jésus » et « la structure » de l'ouvrage. Les principaux axes de réflexion des 4 chapitres ne sont repris ci-après que de manière cursive et synthétique.
Dans le chapitre 1 (p. → - →) l 'auteur expose tout d'abord les notions de base : Maladie, guérison (et les différents termes grecs correspondants). Le genre des récits de miracles est ensuite mis en évidence, notamment la structure des récits de miracles ainsi que le rapport entre la foi et le miracle de guérison.
Dans un troisième temps (très détaillé), les pratiques de guérison dans le monde païen antique sont étudiées (p. → - →). Ici, l'auteur entre parfois dans les détails (par ex. avec deux exemples de cas d'amulettes et de formulaires iatro-magiques, p. → et suivantes).
La comparaison des traditions d'Asclépios et de Jésus est intéressante pour la suite du travail (p. → - →). Chez Jésus, par exemple, on ne trouve pas de punition pour les infidèles.
La conclusion de cette section fait ce constat : Dans le monde antique, la maladie était « un destin imposé par les dieux ou provoqué par des forces démoniaques [...] que l'homme essayait d'éloigner de lui, surtout par des cérémonies cultuelles ou magiques, mais aussi par des sacrifices et divers remèdes » (p. →).
Dans une quatrième section, les pratiques de guérison de l'Ancien Testament sont analysées. La guérison vient ici de YAHVE. La compréhension de la maladie et de la santé dans l'AT présente des similitudes, mais aussi des différences avec l'Égypte et l'Orient ancien - c'est surtout la référence nécessaire au Dieu unique qui fait la différence. Ce qui est central, c'est que dans la Bible, c'est toujours Dieu lui-même qui est l'acteur principal d'une guérison.
Une cinquième section analyse les pratiques de guérison dans le judaïsme post-biblique, où il y avait des guérisseurs charismatiques parmi les rabbins. Certaines traditions y sont présentées plus en détail. Ce ne sont pas les nombreuses pratiques différentes de l'Orient ancien qui sont centrales, mais l'action de guérison de Dieu. La prière joue donc un rôle central.
Le chapitre 2 (p. → - →), la partie principale du travail, consiste ensuite en l'analyse des pratiques de guérison du Nouveau Testament. Une présentation fondamentale des différences chez les synoptiques est suivie d'une analyse exégétique de textes choisis du Nouveau Testament (p. → et suivants).
La première analyse (guérison par une parole efficace : Mc 10,46-52) suit le schéma suivant : analyse du texte (avec le texte grec et sa traduction ainsi que le texte dans son contexte, sa structure, son interprétation), comparaison synoptique et conclusion - en mettant l'accent sur la parole de guérison de Jésus.
La deuxième analyse concerne les guérisons par le toucher et l'imposition des mains, qui sont explicitement distinguées (dans une digression). Les exemples, dont l'interprétation suit à nouveau le schéma précédent, sont : guérison d'un lépreux (Mc 1,40-45 parr.) - avec la conclusion que la puissance de Jésus dépasse toutes les barrières ; guérison d'une femme malade avec un écoulement de sang (Mc 5,25-34 parr.) - avec la conclusion que l'intérêt se porte ici sur Jésus en tant que guérisseur et sauveur de vie (Dynamis est central) ; guérisons par le toucher des suaires ou des ceintures (Ac 19,11-12) - avec la conclusion que les guérisons à Éphèse visaient avant tout à confirmer le message.
La troisième analyse concerne les guérisons par les moyens spécifiques de guérison : ici, on analyse d'abord la guérison par la salive chez l'aveugle de Betsaïda (Mc 8,22-26) - la structure ci-dessus étant complétée par des comparaisons textuelles avec d'autres miracles de guérison (Mc 7,31-37, Jn 9,1-7). L'auteur trouve ici deux interprétations possibles : La guérison comme enseignement des disciples ; ou l'interprétation comme pédagogie divine.
Viennent ensuite les guérisons par l'huile (Mc 6,13 ; Jc 5,13-16) avec une analyse intensive de la signification de l'huile, ce que l'Église primitive surtout, puis la pratique ecclésiastique, ont repris pour l'onction des malades.
Ce chapitre principal du Nouveau Testament se termine par un résumé (p. → et suivantes). Jésus a repris des méthodes connues - mais les a utilisées pour « donner des instructions ». Il n'était « pas limité par les règles et les coutumes de la culture dans laquelle il avait grandi » (p. →) - comme le montre l'exemple de l'utilisation de la salive. Il n'était pas limité dans ses formes de guérison. Il a démontré « qu'il était en fait le Seigneur de tous » (p. →).
Enfin, le chapitre 3 (p. →- →) doit assurer le transfert théologique pastoral : « Pratiques de guérison dans la médecine traditionnelle au Rwanda ». L'auteur présente tout d'abord le contexte historique des traditions religieuses et médicales au Rwanda. Les notions centrales sont l'évangélisation, la colonisation et l'inculturation. Ces termes sont brièvement développés, en particulier celui d'inculturation. Pour l'auteur, il est essentiel de ne pas nier les origines de l'inculturation, en critiquant la « pastorale missionnaire » qui a trop vite utilisé les termes de « paganisme » et d’« animisme ».
Sa référence à l'importance des symboles est intéressante (p. →). C'est ici que s'exprime la préoccupation centrale : développer une théologie de l'inculturation qui ouvre de « nouvelles perspectives pastorales » (p. →). Il voit les premiers exemples dans l'utilisation des dons eucharistiques et aussi dans le sacrement du mariage. Sa déclaration est centrale : « Ces réflexions ne visent pas à remplacer tous les symboles liturgiques par des éléments de la culture africaine, mais à déterminer ce qui est le plus utile pour la transmission et l'incarnation du message de l'Évangile » (p. →).
C'est dans ce contexte que sont d'abord expliquées « les interprétations de la maladie et de la guérison dans la culture rwandaise » : l'importance de la croyance aux esprits ; la notion d’« esprit » dans la culture rwandaise. Et en lien avec cela, la présentation des causes des maladies dans le Rwanda traditionnel (esprits des défunts, empoisonnement, transgression des tabous. Une deuxième étape présente des pratiques de guérison traditionnelles censées aider à lutter contre les maladies susmentionnées.
Il est par exemple intéressant de constater que « les empoisonnements ne peuvent être traités que par des guérisseurs traditionnels et non par des médecins scientifiques » (p. →). L'écoute et l'utilisation de matériel et de pratiques spécifiques sont ici centrales.
Parmi les remèdes, l'auteur aborde spécifiquement l'utilisation de la salive (p. → et suivantes), mais aussi d'autres liquides (comme le lait de vache). Le maintien de la médecine traditionnelle est important parce que les maladies spécifiques à la culture ne sont couvertes que par la médecine traditionnelle. Il explique cela par « l'orientation de la médecine traditionnelle vers des valeurs socioculturelles, religieuses et spirituelles » (p. →). La confiance dans les guérisseurs traditionnels est plus grande, surtout dans le domaine personnel ; cette médecine est également plus accessible, plus abordable et plus facile à accepter.
Dans ce contexte, l'auteur critique une fois de plus l'attitude négative des missionnaires envers la médecine traditionnelle - et retient comme conclusion centrale de son étude « que le christianisme naissant a intégré dans ses pratiques des moyens similaires à ceux utilisés par les Rwandais » (p. →).
L’« analyse comparative » finale est en quelque sorte la charnière entre l'analyse biblique et l'approche théologique pastorale. L'auteur constate des similitudes et des divergences entre les remèdes et les méthodes de guérison des Rwandais et de Jésus. Les points communs sont : « la force de la parole qui guérit, l'utilisation du toucher, de la salive et de l'huile » (p. →). Parmi les différences, l'auteur note que Jésus n'utilisait pas de méthodes de guérison de manière rigide. En outre, le pouvoir de guérison résidait uniquement dans la personne de Jésus, et non dans ses techniques. La peur devant les ancêtres n'est pas non plus une motivation chez Jésus.
La proposition de l'auteur est donc un « dialogue entre le système médical rwandais et les guérisseurs traditionnels » ainsi qu'un dialogue fondamental entre le christianisme et les défenseurs de la culture rwandaise (p. →). Les deux parties devraient apprendre l'une de l'autre : reconnaissance des médicaments traditionnels ; réhabilitation de certaines méthodes traditionnelles de guérison qui pourraient être « intégrées dans la pastorale d'accompagnement des chrétiens malades » (p. →).
Jésus pourrait être considéré comme « l'ancêtre divinisé par excellence » (p. →). Quant aux hommes, ils devraient connaître le pouvoir de guérison de Jésus en tant que fils du Dieu créateur.
Le dernier chapitre (p. → - 202) résume les résultats et les perspectives. L'auteur lui-même indique ici (p. →) que l'étude n'est pas exhaustive en ce qui concerne l'évaluation de l'aspect thérapeutique des thérapies traditionnelles - et il signale que des recherches spécifiques seraient encore nécessaires dans ce domaine.
Son objectif était/est de « réhabiliter certaines de ces pratiques de guérison » (p. →), qui ont été rejetées par les missionnaires. C'est surtout en ce qui concerne la pastorale des malades qu'il met en avant les méthodes traditionnelles de guérison et y voit un lien avec l'action de Jésus. Il établit également un parallèle entre les paroles magiques et la bénédiction.
Dans ses perspectives, il évoque le lien étroit entre les religions et l'art de guérir. La prédication doit prendre en compte l'être humain dans son intégralité.
L'auteur conclut son travail par plusieurs thèses :
1) Jésus n'a pas inventé de pratiques de guérison. Le christianisme a été ouvert dès le début à des pratiques préexistantes - ce qui n'a ensuite pas été fait en Afrique lors de la colonisation.
« On a voulu transformer l'Africain en Européen » (p. →). Il faudrait plutôt encourager toute pratique de guérison qui n'abuse pas de l'humanité de l'homme et de la gloire de Dieu.
2) Les gestes et les pratiques ont une grande valeur symbolique - mais le pouvoir de guérison ne réside pas en eux, mais en Dieu (ou en Jésus, en ses disciples...).
Voici une proposition très concrète : au lieu d'utiliser l'huile d'olive, on pourrait utiliser le beurre / l'onguent de vache traditionnel (p. →).
3) Au Rwanda, la psychothérapie traditionnelle implique fortement la communauté et le patient. La santé y est considérée comme une préoccupation socioreligieuse.
4) Enfin, il cite comme objectif du dialogue de « convertir les gens à une vie renouvelée, une vie de confiance absolue en Jésus, qui rompt avec la mentalité de sorcellerie et de dépendance vis-à-vis des esprits des ancêtres » (p. →). La tâche de l'Église ou de la théologie consisterait à « éclairer les traditions de guérison rwandaises à partir de l'Évangile » (p. →).
Le travail se termine par des annexes : Liste des abréviations et une bibliographie détaillée (p. → - →).
La thèse est propre sur le plan formel. Elle présente un fil conducteur clair. Il montre également le grand engagement personnel de l'auteur pour le sujet. La partie biblique est, pour autant que je puisse en juger, travaillée avec précision. Les analyses de textes sont compréhensibles. En tant que théologien pastoral, je ne peux pas juger dans quelle mesure la littérature la plus récente a été utilisée ou si les interprétations sont à la pointe de la discussion biblique. L'auteur réussit cependant très bien, à mon avis, à faire le lien entre l'analyse de péricopes centrales de guérison du Nouveau Testament et la dernière partie du travail, la situation rwandaise. En contextualisant également les passages du Nouveau Testament une fois de plus dans le premier chapitre au regard des perspectives historiques des pratiques de guérison, on y voit très bien sur quels points la pratique de Jésus correspond aux pratiques habituelles et sur quels points il s'en distingue.
D'un point de vue pratique et théologique, c'est surtout le chapitre III qui est passionnant avec la guérison dans les traditions de guérison du Rwanda. Ce chapitre est malheureusement un peu court par rapport à la partie biblique. Mais cela s'explique notamment, comme l'écrit l'auteur lui-même, par le fait qu'il y a encore du retard scientifique à rattraper sur les méthodes de guérison traditionnelles.
L'analyse comparative apporte ensuite quelques rares propositions concrètes, qui aboutissent même à la concrétisation de l'utilisation du beurre de vache à la place de l'huile d'olive pour l'onction des malades. On entre ici dans les discussions de la science liturgique sur l'inculturation possible dans les pratiques liturgiques, qui ne seront pas non plus développées ici. En tout cas, les thèses finales de l'auteur sont très compréhensibles - en particulier le dialogue souhaitable et la réévaluation nécessaire des jugements colonialistes antérieurs sur les pratiques traditionnelles.
Prof. Dr. Johann Pock
(Professeur de la théologie pastorale à l´Université de Vienne)
Cette thèse est le résultat d'un travail de recherche de près de quatre ans, qui a commencé après le mémoire de master sur le Sermon sur la montagne et s'est poursuivi avec le thème des pratiques de guérison dans les récits de miracles du Nouveau Testament. Le point de départ de cette étude était l'intérêt pastoral qui s'est développé au Rwanda pour la guérison physique et spirituelle après le génocide perpétré dans ce pays. Le message biblique, associé à des pratiques de guérison traditionnelles, peut contribuer à réparer les cœurs brisés des Rwandais.
Ce projet était au début difficile en raison de son caractère interdisciplinaire. Mais très vite, grâce au soutien de notre modérateur, nous avons compris que nous devions explorer ce thème non seulement d'un point de vue historico-religieux, mais aussi d'un point de vue biblico-théologico-pastoral. Au terme de notre investigation, qu'il nous soit permis de témoigner notre gratitude aux personnes tant morales que physiques qui ont contribué, d'une manière ou d'une autre, à l'élaboration de ce travail.
Les diocèses de Ruhengeri (au Ruanda) et Vienne (en Autriche) méritent une mention spéciale pour le financement de cette étude doctorale. Nous voulons ici mentionner l´Organisation ARGG du Diocèse de Vienne, pour son encouragement, sa disponibilité et sa bonne compréhension à nous fournir l'aide matérielle relative à nos besoins académiques. Nous pensons également aux Communautés paroissiales de Saint Anton et Poysdorf qui ont daigné nous accorder l´hébergement gratuit pendant tout le temps que nous avons passé en Autriche. Ces remerciements s’adressent particulièrement à l'Évêque de Ruhengeri, Mgr Vincent HAROLIMANA, qui a accordé un intérêt spécial au sujet de cette étude. Ses encouragements nous ont été très utiles et bénéfiques.
A l'Université de Vienne, en particulier sa Faculté de Théologie, nous traduisons, à travers ces lignes, notre gratitude pour tous les soins dont nous avons été l'objet tout au long de nos études. Qu´il nous soit permis d´exprimer à un titre particulier notre profonde reconnaissance au Professeur Dr. Martin STOWASSER qui a généreusement accepté de nous accompagner dans cette recherche. Il a été pour nous, non seulement un Maître mais aussi un modèle, par son sérieux académique. Que le Seigneur lui rende le centuple de ce qu´il a fait pour nous, pour nous avoir dédié tout son temps, pour ses soucis de nous faire grandir par sa large érudition, ses compétences, sa rigueur scientifique et sa clairvoyance.
Nous serions très ingrats si nous n'exprimons pas notre reconnaissance aux personnes qui ont lu et corrigé ce travail. Nous pensons spécialement à Monsieur Dipl.-Ing. Martin Evanzin et à l´Abbé Gaston QUEDRAOGO, car, grâce à leur dévouement, nous avons pu franchir les étapes les plus difficiles de notre vie étudiante.
Nous prions toutes les personnes que nous n’avons pas pu nommer et qui nous ont aidés, d'une manière ou d'une autre, de trouver ici l'expression de notre plus profonde gratitude.
Dr. Phocas Niwemushumba
La maladie et la guérison font partie des préoccupations les plus fondamentales des hommes de toutes les époques. Les attitudes envers la santé que l'on trouve dans le monde antique, dans l'AT et dans le NT, reflètent des idées de préoccupations qui étaient vitales, non seulement pour les chrétiens du premier et du deuxième siècle qui les ont consignées, mais aussi pour les chrétiens des siècles suivants jusqu'à nos jours. La présente étude porte sur les pratiques de guérison du Nouveau Testament qu’elle compare aux traditions de guérison au Rwanda. Bien que cette étude se concentre principalement sur les pratiques de guérison spécifiques dans les récits du NT, un bref aperçu de l'Ancien Orient et de l'AT aidera à établir le contexte global pour le développement de la pensée chrétienne primitive enregistrée dans les évangiles et autres écrits du NT. Les récits du NT sont encadrés par les écrits de la Bible hébraïque (AT) ainsi que par les croyances culturelles du Proche-Orient ancien et les idées hellénistiques qui ont circulé durant la période intertestamentaire. Le mécanisme de confrontation et d'intégration qui a marqué la composition des récits de guérison du NT peut servir de catalyseur au processus de recherche de pratiques utiles à la cure des âmes malades, dans la culture rwandaise.
Pour moi, la motivation à faire des recherches dans ce domaine vient surtout de l'observation des comportements des chrétiens et des non-chrétiens au Rwanda après la guerre civile et le génocide de 1994. Ces terribles événements ont laissé de nombreuses blessures psychologiques et physiques dans le pays. Dans leur quête de rétablissement/guérison, il s'est avéré que les malades empruntent des voies différentes : Les riches vont voir le médecin à l'hôpital, les pauvres se tournent vers la médecine traditionnelle. Mais le problème est que les méthodes de guérison traditionnelles ne sont pas acceptées par la religion chrétienne au Rwanda. Les missionnaires qui ont introduit le christianisme au Rwanda ont jugé que la plupart de ces pratiques traditionnelles, y compris les techniques de guérison, étaient contraires au premier commandement du Décalogue (Tu n'auras pas d'autres dieux à côté de moi !). Cette étude vise à élucider si ce jugement était justifié ou non.
Dans un premier temps, il s'agira d'examiner ce que les pratiques de guérison du monde antique et biblique ainsi que celles de la tradition rwandaise ont en commun. Ensuite, nous rechercherons les différences et la manière dont celles-ci peuvent être surmontées par la voie de la rencontre et de la complémentarité. Il apparaît que la culture du monde oriental et hellénistique a fortement influencé certaines pratiques chrétiennes. Il y a sans doute certaines pratiques traditionnelles qui peuvent être intégrées comme partie intégrante du traitement curatif et du bien-être mental et spirituel des personnes au Rwanda. Le défi consiste à réfléchir théologiquement à la manière dont ces différentes pratiques peuvent fonctionner et se compléter mutuellement. La population rwandaise a toujours considéré qu'il y a des maladies qui ne sont pas forcément traitées par la médecine scientifique. Ces maladies d'origine rwandaise (ou d´origine occulte) relèvent exclusivement de la compétence des guérisseurs traditionnels, qui sont les seuls à pouvoir identifier l'origine sociale de ces maladies (par exemple, les empoisonnements). C'est pourquoi le deuxième objectif de cette recherche est de déterminer quels sont les remèdes de la médecine traditionnelle qui peuvent être intégrés dans la cure d'âme des chrétiens malades.
Sur la base de ce qui vient d'être dit, les problématiques peuvent être formulées comme suit : Quelles sont les similitudes et les différences entre les pratiques de guérison de Jésus et les autres traditions de guérison, notamment au Rwanda ? Quelles sont les spécificités de Jésus ?1 Où sont les ponts entre les pratiques traditionnelles antiques, helléno-chrétiennes et rwandaises ? Ces questions se réfèrent à des motifs historico-religieux et bibliques. Quels sont les remèdes issus de la tradition culturelle qui peuvent être réhabilités et intégrés dans la pastorale des malades au Rwanda ? Cette question sera examinée dans une perspective pastorale.
Le domaine qui sera analysé dans cette étude constitue la matière d'un vaste sujet dans les écrits du monde antique et de la Bible. L'étude du concept de pratiques de guérison est une entreprise difficile. Nous admettons cependant que nous ne sommes pas les premiers à nous pencher sur ce sujet. C'est pourquoi certaines œuvres de nos prédécesseurs nous seront d'une grande utilité.
On pense ici en premier lieu à la littérature sur les miracles de guérison et les méthodes de guérison. En 1999, Sarah Bourgeois a publié une thèse intéressante sur l'utilisation de la salive par Jésus lors de la guérison de l'aveugle en Marc 8,22-26. Le titre de la thèse est: « Mark 8,22-26 : Jesus and the use of spittle in a two-stage healing ». Elle souligne notamment l'importance de la salive dans la médecine du monde antique. Elle fait également remarquer que les crachats et la salive avaient une connotation négative dans le judaïsme. Pourtant, Jésus utilisait la salive comme remède. La théologienne Ulrike Kostka (2000) a écrit sur « L'homme dans la maladie » (Der Mensch in Krankheit, Heilung und Gesundheit im Spiegel der modernen Medizin). Son objectif était de réfléchir, dans une perspective théologique et éthique, sur la maladie, la guérison et la santé dans la médecine moderne. D'autres auteurs ont également mené des recherches dans ce domaine, mais sous des angles différents. On peut en citer quelques-uns. En 2003, Michael Dörnemann a publié dans la continuité des Pères de l'Eglise un ouvrage sur « Krankheit und Heilung in der Theologie der frühen Kirchenväter » (La maladie et la guérison dans la théologie des premiers Pères de l'Eglise) ; en 2006, Christian Flügel s'est intéressé à « Spätantike Arztinschriften als Spiegel des Einflusses des Christentums auf die Medizin » ; en 2007, Woty Gollwitzer-Voll a travaillé sur « Christus Medicus - Heilung als Mysterium ». En 2007, Josef Pichler/Christopher Heil (éd.) ont rédigé un volume sur « Heilungen und Wunder aus theologischen, historischen und medizinischen Perspektiven » (Guérisons et miracles selon des perspectives théologiques, historiques et médicales). En 2010, Johannes Mette a apporté une bonne contribution à ce sujet dans le domaine des célébrations liturgiques. La présente étude s'intéresse plus particulièrement à Jésus en tant que médecin (Medicus Jesus) et à ses pratiques de guérison. Elle tente de comparer ses remèdes avec ceux d'autres guérisseurs. Elle étudie spécifiquement les remèdes que l'on trouve dans les récits du NT et qui ont des parallèles dans d'autres cultures. L'objectif de cette recherche est d'aborder ce sujet dans une perspective historico-religieuse et biblique et de l'appliquer à l'expérience pastorale au Rwanda. Rwangabo Pierre Claver (1993) a fait des recherches sur la médecine traditionnelle au Rwanda. Dans ses descriptions des pratiques de guérison, il a parlé de manière générale des causes des maladies dans l'esprit des Rwandais et de la manière dont elles sont traitées par les médecins traditionnels. Ses recherches nous serviront à effectuer une analyse comparative avec les pratiques de guérison dans les récits du NT. La présente étude contribuera à élargir l'horizon d'une pastorale de proximité et de la mise en valeur du patrimoine culturel du Rwanda. Le Concile Vatican II a clairement clarifié la tâche de l'Église et de la théologie en faisant cette déclaration : « La joie et l'espérance, la tristesse et l'angoisse des hommes d'aujourd'hui, en particulier des pauvres et des opprimés de toutes sortes, sont aussi la joie et l'espérance, la tristesse et l'angoisse des disciples du Christ... C'est pourquoi cette communauté se déclare vraiment très liée à l'humanité et à son histoire ».2 Les résultats obtenus par la présente recherche devraient donc contribuer aux préoccupations de l'Eglise au Rwanda. Ils devraient fournir aux pasteurs et aux responsables de communautés chrétiennes des critères théologiques argumentés pour toute organisation de la pastorale des malades. Comme textes de soutien, on se limite aux passages qui désignent Jésus comme médecin et qui parlent de ses moyens de guérison et de ceux de l'Église (Mc 1, 40-45 ; 5, 25-34 ; 8, 22-26/Jn 9, 1-7 ; Mc 10, 46-52 ; Ac 19, 11-12 ; Mc 6, 13/Jc 5, 13-16).
Pour répondre aux questions posées, l'étude fait appel à différentes méthodes. Le premier objectif étant d'examiner les récits néotestamentaires relatifs à certaines pratiques de guérison, l'analyse textuelle utilise d'abord la méthode synchronique. Il s'agit d'une méthode qui met l'accent sur l'étude du texte dans sa forme finale. Elle part du principe que l'auteur du texte, dans sa forme finale, poursuit une intention propre qu'il convient de mettre en évidence. Certains aspects de cette méthode synchronique sont donc utilisés pour approfondir le motif des pratiques de guérison. La nature des éléments traités conduit à une approche contextuelle afin de mieux comprendre l'utilisation de ces pratiques (notamment l'utilisation de la parole curative, du toucher, de l'imposition des mains, de la salive et de l'huile). L'étude de la structure utilisée par l'auteur du récit de guérison peut parfois donner un aperçu de l'évolution de sa pensée. Toutes ces étapes aident à comprendre la signification théologique d'un texte et le message chrétien qu'il véhicule.
En ce qui concerne le choix et l'ordre des textes à analyser, on se concentrera avant tout sur les récits de l'évangile de Marc qui contiennent les techniques de guérison que l'on souhaite étudier, pour ensuite chercher dans d'autres livres du NT des passages qui montrent les moyens de guérison utilisés par les disciples. Les textes bibliques étudiés sont tirés de « La sainte Bible d´après les textes originaux » (Crampon 1923), Nestle-Aland, « Novum Testamentum Graece » et « Münchener Neues Testament ». Toutes les abréviations de lexiques, dictionnaires et ouvrages de référence se trouvent dans l'ouvrage de SCHWERTNER, Siegfried M., « Internationales Abkürzungsverzeichnis für Theologie und Grenzgebiete. » IATG. Zeitschriften, Serien, Lexika, Quellenwerke mit bibliographischen Angaben, Berlin 20163.
Comme nous l'avons déjà mentionné, cette étude analyse également les pratiques de guérison de manière comparative. Pour ce faire, elle utilise d'autres méthodes, notamment l'anthropologie historico-religieuse et culturelle et la méthode comparative. L'anthropologie historicoreligieuse et culturelle s'appuie d'abord sur la vision de certaines cultures qui ont pu influencer le peuple hébreu et les auteurs du NT. Une première étape obligatoire de cette méthode consiste à remonter aussi loin que possible dans les cultures de l'Orient ancien, afin de trouver dans ce cas des pratiques apparentées aux pratiques de guérison dont parle la Bible. On espère que cette étude permettra de saisir les points de vue d'un groupe culturel particulier sur l'homme, la maladie et la guérison. Du monde culturel de l'Orient ancien, qui a pu inspirer ou nourrir le monde biblique, on passe à l'ère du NT, aux cultures contemporaines du NT et aux influences qu'elles ont pu exercer sur les pratiques de guérison. Nous tenterons de déterminer quelles formes de remèdes ont été pratiquées à différentes époques dans les livres bibliques : Quelles méthodes étaient-elles utilisées et dans quel but ? Nous verrons comment les récits du NT utilisent, lors des guérisons, des moyens concrets et visibles comme la salive, une pâte faite de terre et de salive et de l'huile. Il s'agit ici de l'anthropologie biblique et culturelle. Elle permet donc de comprendre certaines pratiques quasi universelles et de constater comment la Bible les emprunte aux peuples de l'Orient ancien. Elle permet de faire la lumière sur l'aspect spécifiquement humain de la Bible, tout en la situant par rapport à la révélation divine.
La dernière étape de la recherche consiste à se demander dans quelle mesure les techniques de guérison pratiquées dans la tradition rwandaise sont compatibles avec celles du NT pour un chrétien rwandais d'aujourd'hui. Pour ce faire, la méthode comparative est utilisée. Dans cette étude comparative des pratiques de guérison du NT et de la médecine traditionnelle au Rwanda, l'objectif final de la recherche sera atteint, notamment par une enquête menée dans une perspective historique et religieuse et théologique et pastorale. On espère que cette étude conduira à une meilleure compréhension non seulement de l'utilisation de la salive, de l'huile et d'autres pratiques comme techniques de guérison dans la Bible, mais aussi dans le contexte du Rwanda. On espère également que cette étude constituera un pont vers l'intégration interculturelle, nécessaire à la réussite de la pastorale communautaire.
1 Le Jésus dont il est question dans notre étude n'est pas l'homme historique de Nazareth. Il s'agit du Jésus raconté, que l'on trouve dans les récits de guérison du NT.
2 GS Nr. 1.
Lors d'une première analyse et d'une comparaison des textes, il semble que Jésus apparaisse comme un guérisseur ou un grand magicien. Ce qui est important pour ce travail, c'est qu'il ne s'agit pas du Jésus historique, mais du Jésus annoncé (ou Jesus raconté dans les textes). Lors des interprétations, les textes ne sont pas analysés au niveau historique, mais au niveau théologique. L'exégèse a lieu au niveau du récit postpascal.
L'objectif principal de cette étude est d'examiner les récits du NT concernant les pratiques de guérison. Pour ce faire, nous nous appuierons sur certaines pratiques de la tradition rwandaise qui peuvent être intégrées dans le soin pastoral des malades. Pour mener à bien cette étude des pratiques spécifiques de guérison dans les écrits du NT en rapport avec les traditions de guérison au Rwanda, elle est divisée en quatre chapitres. Le premier chapitre est consacré à la perspective historico-religieuse des pratiques de guérison dans l'Orient ancien et dans l'AT, l'aire culturelle dans laquelle s'enracinent les écrits du Nouveau Testament. Un point est consacré aux concepts clés et au genre littéraire des miracles de guérison. Ce chapitre comprend également une section consacrée à l'étude de la magie en tant que pratique de guérison.
Le deuxième chapitre s'intéressera aux pratiques de guérison dans les récits du NT. Il analysera systématiquement tous les versets qui font référence à l'utilisation de remèdes spécifiques. Le troisième chapitre se concentrera sur les pratiques de guérison traditionnelles au Rwanda et les comparera avec celles du NT. Le quatrième chapitre présentera les résultats et les thèses.
Pour pouvoir traiter ce sujet en profondeur, il faut d'abord poser quelques bases. C'est pourquoi les premières pages contiennent des définitions et des informations dont le but principal est de faciliter une discussion fructueuse dans la suite de cette étude. Les terminologies et les définitions sont spécifiées afin de garantir qu'un mot donné ne soit compris que dans le sens où il est expliqué ici, c'est-à-dire qu'il ait toujours la même signification. Le premier chapitre examine d'abord les différentes significations des mots « maladie », « guérison » et « salut ». Il examine ensuite la « question du genre littéraire ». Enfin, est traité en détail le motif des pratiques de guérison dans le monde antique, dans l'AT et dans le judaïsme post-biblique.
À chaque époque et dans chaque société, nous trouvons nos propres conceptions de la maladie et de la guérison, qui évoluent constamment au fil du temps, avec l'accroissement des connaissances, ainsi qu'avec l'évolution des croyances et des valeurs dominantes. Lorsque les hommes sont confrontés au mal en général et à la maladie en particulier, ils cherchent toujours à en déterminer la cause et à trouver des moyens de mettre fin à la souffrance ou de l'atténuer. En même temps, ils essayent de traduire ce qu'ils vivent dans la langue. Les termes utilisés pour décrire ces phénomènes sont expliqués ci-dessous.
En ce qui concerne la maladie, deux termes méritent une attention particulière : ἀσϑένεια et νόσος. Lorsque le mot ἀσϑένεια désigne une faiblesse, un manque de force, une infirmité, spécialement une maladie, il caractérise en premier lieu l'atteinte à la santé d'une personne. Il peut également désigner un handicap mental ou économique.3 Le terme νόσος (nosos)4, « maladie » est utilisé exclusivement pour les maladies physiques.
Pour décrire la faiblesse, on utilise notamment le verbe ἀσϑενέω (astheneo), le substantif ἀσϑένεια (astheneia) et l'adjectif ἀσϑενήϛ (asthenes). Tous trois désignent d'abord la faiblesse physique, c'est-à-dire la maladie, et correspondent en ce sens au contenu spécifique de - νόσος (nosos).5 Dans un contexte plus général, le terme ἀσϑένεια (astheneia) peut également exprimer des faiblesses d'un autre type, par exemple la faiblesse des femmes, la fragilité de la nature humaine ou de la vie humaine, mais aussi la faiblesse économique, c'est-à-dire le manque d'influence ou la pauvreté, en tant que terme opposé à δύναμις6(dynamis), puissance/force, ou ỉσχυρός (ischyros), fort.7
Les termes ἀσϑενέω, ἀσϑενήϛ et ἀσϑένεια se trouvent également dans la LXX. Ils ne sont toutefois que rarement utilisés. Le sens de « maladie » n'apparaît que très rarement (par ex. Dan 8,27 ; cf. νόσος), il est le plus souvent question de faiblesse humaine en général (Ri 16,7.11.17 ; en Ri 6,15, de la disgrâce sociale de la famille de Gédéon, en 2 S 3,1 de la faiblesse politique de la maison de Saül). Dans la littérature prophétique, on trouve également l'utilisation du terme ἀσϑενέω. Mais là, il a plusieurs significations : míkšōl, obstacle, contrariété (en Jr 6,21 ; 18,23) ; kᾱšal, trébucher, tomber (Os 4,5 ; 5,5 ; Jr 18,15 ; Na 2,6 ; 33,3 ; Zef 1,3).
Dans les psaumes et la littérature de sagesse, ἀσϑενέω [=Verbum] est compris d'une part comme la pierre d'achoppement [=substantif] des méchants et des ennemis (Ps 9,4 ; 27,2 ; 58,8 ; 107,12 ; cf. Job 28,4) ; d'autre part, on le rencontre comme expression de la pauvreté [=substantif !] et de la misère humaines (Ps 6,3 ; 31,10 ; 88,10 ; 109,24 ; cf. Job 4,4 ; Pr 21,13 ; 22,22). Le fait que ἀσϑενέω dans les LXX désigne également, au-delà du sens grec authentique de faiblesse humaine, le trébuchement et la défaillance humaine, s'explique probablement par l'influence de l'araméen parlé à l'époque sur la compréhension hébraïque de la traduction des LXX : Aram. Tagal signifie à la fois trébucher et être faible.8 Il faut également noter que les termes maladie et malade, qui apparaissent fréquemment dans les textes bibliques, sont parfois accompagnés d'un adjectif qualitatif : Ézéchias était « malade à mort » (Is 38,1) ; le fils de la veuve de Sarepta fut atteint d'une maladie si violente qu'il en perdit le souffle (1 R 17,17) ; Joram fut atteint d'une maladie pour laquelle il n'y avait pas de remède (2 Chr 21,18).
Les mots ἀσϑενής, ἀσϑένεια et ἀσϑενέω apparaissent plus de 80 fois au total dans le NT, dont plus de 40 fois chez Paul seul.9 Ce groupe de mots désigne la faiblesse ou le manque de force de différentes sortes. Il s'agit souvent de la faiblesse qui résulte directement de l'existence terrestre et corporelle de l'être humain et qui se répercute dans différents domaines. Cette compréhension est surtout présente dans les passages où apparaissent, en rapport avec ἀσϑεν, les termes σάρξ (chair) ou σῶμα (corps). À titre d'exemple, Mc 14,38 par. Mt 26,41, où Jésus invite les disciples endormis à veiller et à prier.
Le grec du NT signifie par ἀσϑένεια la faiblesse (Ac 28,9 ; Mt 8,17, Jn 5,5 ; 11,4), l’instabilité provoquée par une maladie chronique ou périodique (Mt 4,23ss ; Mt 9,35 ; 10,1), mais aussi la souffrance corporelle (Mt 8,17 ; Mc 1,34 ; Lc 4,40 ; 6,18 ; 7,21 ; 9,1). Normalement, une distinction est faite entre la maladie et la possession démoniaque (sauf en Luc 4,40). Dans la littérature épistolaire paulinienne, le terme ἀσϑένεια est surtout utilisé comme terme générique global pour désigner la souffrance.10
En dehors des épîtres de Paul, le groupe de mots est utilisé dans un sens général pour désigner la faiblesse de la nature humaine (Hé 5,2 ; 7,28) et de la loi (Hé 7,18), les femmes en tant que sexe faible (1 Pierre 3,7) et les personnes économiquement défavorisées (Ac 20,35).11 Comme les gens font surtout l'expérience de leur faiblesse lorsqu'ils sont malades, c'est dans ce sens particulier que le groupe de mots est le plus souvent utilisé dans les évangiles, comme expression de la maladie (cf. Mt 8,17 ; Lc 4,40 ; 13,11s ; Jn 5,2-7 ; Ac 19,12 ; 1 Tm 5,23 etc.) et de la faiblesse dans le même contexte (Mt 10,8s ; Lc 5,15 ; 8,2 ; 10,9 ; Jn 4,46s ; 5,15s ; 28,9 ; Jc 5,14-16). Le NT n'utilise νόσος que dans le sens propre de maladie, et surtout lorsque Jésus l'a guérie : Mc 1,34 ; Mt 4,23-24 ; 8,17 ; 9,35 ; Lc 4,40 ; 6,18 ; 7,21.12 Dans les évangiles, les termes νόσος et νόσημα sont utilisés pour désigner des problèmes de santé en général : Mt 4,23-24 ; 9,35 ; Mc 1,34 ; Lc 4,40 ; 6,17 ; 7,21.
3 Cf. Link, Krankheit/Heilung, dans : TBLNT, 1199.
4 Cf. idem, 1210.
5 Cf. Sand, νόσος, dans : EWNT, 1172.
6 Le concept δύναμις est omniprésent dans la pensée grecque. Il apparaît non seulement dans les domaines de la force physique et de la société, mais aussi dans la nature, y compris dans les effets du chaud et du froid, les vertus curatives des plantes et des éléments (cf. Mosés (Éd.), New International Dictionary of New Testament Theology and Exegesis, 776).
7 Cf. Link, Krankheit/Heilung, dans : TBLNT, 1210.
8 Cf. idem, 1999.
9 Cf. Zmijewski, ἀσϑενή, dans : EWNT, 412.
10 Cf. Link, Krankheit/Heilung, dans : TBLNT, 1999.
11 Cf. idem, 1200.
12 Cf. Sand, νόσος, dans : EWNT, 1174.
Les termes utilisés pour exprimer l'idée de guérison sont principalement les suivants : (1) ϑεραπεύω (therapeuo) servir, soigner, guérir ; (2) ἰάομαι (iaomai) guérir, comme-rétablir ; ἴαμα (iama) guérison ; ἴασις (iasis) guérison ; ἰατρόϛ (iatros) médecin. Très rarement, ἅπτομαι (haptomai) est également utilisé pour exprimer l'idée de guérison.
Le processus de guérison est principalement représenté par le verbe ϑεραπεύω, qui désignait à l'origine un service rendu à des personnes de rang supérieur, mais dont la signification est de facto inversée dans le NT.13 Dans les évangiles et les Actes des Apôtres, ϑεραπεύω désigne l'activité de guérison de Jésus et de ses disciples. Le terme se réfère aussi bien aux processus d'exorcisme (Mt 4,24 ; 12,22 ; 17,16 ; Lc 6,18 ; 8,2) qu'à l'élimination d'infirmités physiques comme la cécité et la paralysie (par exemple Jn 5,10). Cette circonstance explique la difficulté de séparer les guérisons de Jésus et les expulsions de démons.14
Le sens servir, vénérer, soigner, guérir apparaît également dans les LXX, mais ϑεραπεύω doit y être considéré comme une transposition interprétative, dans la mesure où plusieurs verbes hébreux sont rendus ainsi (2 S 19,25 pour ῾ᾱsᾱh, faire-des-pieds, au sens de soigner ; 2 Rois 9,15 pour rᾱfᾱ', guérir ; Est 2,19 pour jᾱšab, s'asseoir à la porte, dans le sens d'un service officiel à la cour du roi).15 Parfois, cependant, ϑεραπεύω apparaît dans des passages pour lesquels il n'y a pas de modèle hébreu, comme par exemple en Sir 18,19, dans le sens de « prendre soin de la santé ». Une fois (Is 54,17), le mot apparaît comme substantif ϑεράπων (therapon), serviteur.
Dans le NT, ϑεραπεύω n'apparaît pas dans le sens de servir ; à la place, on utilise διακονέω (diakoneo), δουλεύω (douleuo). Une seule fois dans les Actes des Apôtres (Ac 17,25), ϑεραπεύω signifie adorer Dieu, et ce dans l'affirmation, dirigée contre les cultes païens. ϑεράπων n'apparaît qu'une fois dans l'épître aux Hébreux (He 3,5) pour désigner Moïse en référence à Ex 14, 31 et Nb 12,7.16
Ce qui est frappant, c'est la fréquence de ϑεραπεύω dans les passages par lesquels les synoptiques caractérisent sommairement l'apparition de Jésus (16 fois comme Mt 4,23 ; 8,16 etc.) ou par lesquels ils décrivent sommairement la mission de Jésus auprès des disciples (6 fois comme Mt 10,1). Dans les Actes des Apôtres, ϑεραπεύω apparaît trois fois dans les explications sommaires sur les guérisons opérées par les apôtres. Cette constatation suggère que ϑεραπεύω était un terme générique approprié, en particulier pour désigner l'activité de Jésus de la part des synoptiques, car il est clairement préféré à ἰἀομαι dans les sommaires. Le terme ϑεραπεύω ne se réfère qu'en deux endroits (Lc 4,23 ; 8,43) à la guérison par la médecine courante ; partout ailleurs, il est utilisé pour décrire les guérisons opérées par Jésus et ses disciples.17 Dans les Summaria, il est utilisé aussi bien pour la guérison des malades physiques que pour celle des possédés. L'objet peut alors être aussi bien les maladies (il a guéri toutes les maladies - Mt 4,23) que les malades (il les a guéris - Mt 4,24), contrairement à ἰἀομαι qui n'a que les malades comme objet (cf. Lc 9,1 : ϑεραπεύω avec Lc 9,2 : ἰἀομαι. Seul Lc utilise ϑεραπεύω pour désigner les actions des médecins dans le proverbe qu'il a repris : « Médecin, guéris-toi toi-même » (4,23) et dans la mention du fait que la femme atteinte d'hémorragies n'a pu être guérie par aucun des médecins qu'elle a consultés (8,23).
Le verbe ἰάομαι (iaomai) signifie guérir, rétablir. Le terme est utilisé en alternance avec ϑεραπεύω, plus ordinaire, dans le sens de « rendre la santé » sans différence de sens.18 Depuis Homère, ἰάομαι est utilisé au sens propre comme terme médical19, mais aussi au sens figuré (comme lorsqu'Isocrate parle de remédier aux malheurs ou lorsque Platon applique le terme à la restitution financière ) pour désigner la délivrance d'un mal20, par exemple l'erreur, le doute, l'injustice ou les déficiences mentales ; pour la guérison des maladies mentales et autres.21
Dans la LXX, le verbe ἰάομαι apparaît plus de 60 fois, le plus souvent dans le sens de « guérir ou soigner ».22 Les termes ἰάομαι (iaomai), ἴαμα (iama), ἴασις (iasis), ἰατρός (iatros) rendent presque tous l'hébreu rᾱfᾱ᾽ avec les dérivés correspondants ; ἴαμα (iama) signifie principalement remède ou guérison en grec classique.23 Le verset de la Genèse le montre déjà : Dieu est le guérisseur, la prière et la guérison sont liées (Gn 20,17). C'est une caractéristique de la foi en YAHWE que de reconnaître que lui seul est la source de toute guérison. Le célèbre passage Ex 15,26 : « Je suis l'Éternel, ton médecin » signifie littéralement : « Je suis l'Éternel, qui te guérit » ; on ne pense toutefois pas ici à la profession de médecin. Cela renforce l'idée que Dieu est le guérisseur. Se tourner vers un médecin pour être guéri pouvait parfois refléter de l'incrédulité, c'est-à-dire de la méfiance envers Yahvé (2 Chr 16,12).24 Le verbe ἰάομαι n'apparaît pas dans les guérisons miraculeuses d'Elie et d'Elisée. Il est toutefois utilisé dans la guérison par l'eau d'Élisée (2 R 2,21). Dans les psaumes, Dieu est invoqué à plusieurs reprises : « guéris-moi » (Ps 6,2 et autres), et il est désigné comme celui qui « guérit toutes les maladies » (Ps 103,2-3.6). Ps 41,5 : ἴασαι τήν ψυχήν μου (iasai ten psychen mou), guéris mon âme, montre la difficulté de la traduction de l'hébreu ; la traduction directe est « guéris-moi », alors que le grec ψυχή (psyché) pour l'hébreu naefaes suggère que l'âme et le corps sont séparés, ce qui est contraire à la pensée hébraïque mais possible en grec.25 Le témoignage des prophètes montre également Dieu comme celui qui guérit son peuple lorsqu'il se tourne vers lui (par exemple Is 30,26 ; voir aussi Is 53,5 ; Jr 17,14).
Dans le NT, le terme ἰάομαι, guérir, apparaît 26 fois26: 20 fois dans les synoptiques et les Actes des Apôtres, 3 fois dans Jean, 1 fois dans l'épître aux Hébreux, 1 fois dans Jacques et 1 fois dans Pierre. Le terme ἰατρός (iatros), médecin, apparaît 6 fois dans les synoptiques, dont 4 passages sont d'un usage proverbial (« Ce ne sont pas les forts qui ont besoin de médecin, mais ceux qui vont mal », Mc 2,17 et parallèles ; « Médecin, guéris-toi toi-même », Lc 4,23), 2 passages (récit de la femme au sang) font allusion à la profession de médecin (Mc 5,26 par.), de même que Col 4,14 (« Luc, le médecin »). ἴαμα (iama) apparaît 3 fois dans le même texte (1 Co 12), et uniquement au pluriel : χαρίσματα ἰαμαάτων (charismata iamaton), dons de guérisons.
Alors que ϑεραπεύω apparaît principalement dans des résumés27 et lors de l'envoi de disciples, ainsi que dans les récits des guérisons de Jésus le jour du sabbat, seul Lc utilise ἰάομαιguérir (de la maladie) dans des résumés ainsi que lors d'un envoi de disciples (Lc 6,18s ; 9,2. 11 ; Ac 10,38) et indique une guérison réussie par ἰάομαι à la fin de la guérison de l'hydropique le jour du sabbat (Lc 14,4), bien que la question de Jésus au sein du récit soit ϑεραπεύω. De plus, contrairement à Mt 17,18, il utilise également ἰάομαι à la fin du récit de l'épileptique (Lc 9,42). On peut ainsi constater chez Lc une certaine préférence pour ἰάομαι par rapport à ϑεραπεύω. Une particularité est que le centurion romain de Mt 8,8 (contrairement à Jésus lui-même) utilise ἰάομαι (ainsi que Lc 7,7 et dans le récit apparenté Jn 4,47).28 Le ἰάομαι se trouve également en Mt 15,28 (femme cananéenne), Mc 5,29 (flux de sang) et 4 fois chez Luc (flux de sang 8,47, Samaritain reconnaissant 17,15, serviteur à l'oreille coupée 22,51, père de Publius Ac 28,8) : Tous ces passages expriment l'accomplissement de la guérison (Jn 5,13 appartient également à cette catégorie).
L'adjectif ὑγιής (hygies) signifie : a) au sens propre : en bonne santé (physique), bien portant, fort, vivant, intact ; b) au sens figuré : sain d'esprit, raisonnable, intelligent, sobre, bon juge. En conséquence, ὑγιαίνω (hygiaino)