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PRÉDESTINATION est le livre #4 de la série Mémoires d'un Vampire, commençant avec le livre #1 (TRANSFORMATION)—un téléchargement GRATUIT avec plus de 500 revues à cinq étoiles sur Amazon! Dans PRÉDESTINATION, Caitlin Paine découvre qu'elle a voyagé dans le passé. Elle se trouve dans un cimetière, fuyant une bande de villageois et cherche refuge dans l'ancien cloître d'Assisi, dans la campagne d'Umbria, Italie. Là, elle découvre sa destinée et sa mission: trouver son père et l'ancien Bouclier des vampires pour sauver la race humaine. Mais le cœur de Caitlin désire toujours ardemment son amour perdu: Caleb. Elle a désespérément besoin de savoir s'il a survécu à leur voyage dans le passé. Elle découvre que sa mission requiert qu'elle se rende à Florence, mais si elle veut poursuivre ce qui est cher à son cœur, elle doit aller à Venise. Elle choisit Venise. Caitlin est bouleversée par ce qu'elle découvre. Venise, au dix-huitième siècle, est un endroit surréaliste, hommes et femmes habillés de costumes et masques élaborés, célébrant une fête sans fin. Elle est excitée de découvrir et d'être réunie avec quelques-uns de ses amis proches et d'être accueillie dans leur bande. Elle est aussi excitée de participer avec eux au Grand Bal de Venise, la plus importante danse costumée de l'année, où elle espère qu'elle sera réunie avec Caleb. Mais Caitlin n'est pas la seule à avoir voyagé dans le temps: Kyle arrive bientôt et il est déterminé à la traquer et la tuer une fois pour toute. Sam arrive aussi, déterminé à sauver sa sœur avant qu'il ne soit trop tard.
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Seitenzahl: 342
Veröffentlichungsjahr: 2014
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prédestination
(livre #4 mémoires d'un vampire)
morgan rice
Louanges pour MEMOIRES D'UN VAMPIRE
« Un livre qui rivalise avec la saga FASCINATION (TWILIGHT) et JOURNAL D’UN VAMPIRE (VAMPIRE DIARIES), et un livre qui vous donnera envie de continuer à lire jusqu’à la toute dernière page! Si vous adorez l‘aventure, l’amour et les vampires ce livre est pour vous! »
--Vampirebooksite.com {concernant Transformation}
“Morgan Rice a prouvé une fois de plus qu’elle est une écrivaine extrêmement talentueuse….Cette histoire va plaire à une large audience, incluant les jeunes fans du genre vampire/fantaisie. Elle s’est terminée de façon inattendue avec un cliffhanger qui vous laissera en état de choc.”
--The Romance Reviews {concernant Adoration}
« Une excellente intrigue et spécialement le type de livre que vous aurez de la difficulté à déposer le soir. La fin est un cliffhanger tellement spectaculaire que vous voudrez immédiatement acheter le prochain livre, juste pour voir ce qui arrive. »
--The Dallas Examiner {concernant Adoration}
« A retenu mon attention dès le début et ne l’a pas lâchée….Cette histoire est une aventure incroyable au rythme rapide et pleine d’action dès le début. Il n’y a absolument rien d’ennuyant. »
--Paranormal Romance Guild {concernant Transformation}
« Plein au ras bord d’action, de romance, d’aventure et de suspense. Obtenez-le et tombez en amour une fois de plus. »
--vampirebooksite.com {concernant Transformation}
Au sujet de Morgan Rice
Morgan Rice est l’auteure bestseller MEMOIRES D'UN VAMPIRE, une série pour jeunes adultes comprenant onze livres (jusqu’à maintenant), de la série bestseller TRILOGIE DES RESCAPÉS, un thriller post-apocalyptique comprenant deux livres (jusqu’à maintenant) et de la série bestseller fantaisie épique L’ANNEAU DU SORCIER, comprenant quinze livres (jusqu’à maintenant). Les livres de Morgan Rice sont disponibles en éditions audio et imprimée et ont été traduits en plus de 20 langues.
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Books by Morgan Rice
MÉMOIRES D'UN VAMPIRE(THE VAMPIRE JOURNALS)TURNED (BOOK #1) -- TRANSFORMATION
LOVED (BOOK #2) -- ADORATION
BETRAYED (BOOK #3) -- TRAHISON
DESTINED (BOOK #4) -- PRÉDESTINATION
DESIRED (BOOK #5) -- DÉSIR
BETROTHED (BOOK #6) -- FIANÇAILLES
VOWED (BOOK #7) -- SERMENT
FOUND (BOOK #8) -- RETROUVAILLES
RESURRECTED (BOOK #9) -- RÉSURRECTION
CRAVED (BOOK #10) -- ENVIE
FATED (BOOK #11) -- DESTIN
TRILOGIE DES RESCAPÉS(THE SURVIVAL TRILOGY)
ARENA ONE: SLAVERSUNNERS (BOOK #1) -- ARÈNE UN – LA CHASSE AUX EXCLAVES
ARENA TWO (BOOK #2) -- DEUXIÈME ARÈNE
L’ANNEAU DU SORCIER (THE SORCERER’S RING)A QUEST OF HEROES (Book #1) -- LA QUÊTE DES HÉROSA MARCH OF KINGS (Book #2)
A FATE OF DRAGONS (Book #3)
A CRY OF HONOR (Book #4)
A VOW OF GLORY (Book #5)A CHARGE OF VALOR (Book #6)A RITE OF SWORDS (Book #7)
A GRANT OF ARMS (Book #8)A SKY OF SPELLS (Book #9)
A SEA OF SHIELDS (Book #10)A REIGN OF STEEL (Book #11)A LAND OF FIRE (Book #12)A RULE OF QUEENS (Book #13)AN OATH OF BROTHERS (Book #14)A DREAM OF MORTALS (Book #15)
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Copyright © 2014 by Morgan Rice
All rights reserved. Except as permitted under the U.S. Copyright Act of 1976, no part of this publication may be reproduced, distributed or transmitted in any form or by any means, or stored in a database or retrieval system, without the prior permission of the author.
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Jacket art ©iStock.com /© lamia-ell Copyright © 2013 Éditions AdA Inc. pour la traduction française Cette publication est publiée en accord avec Lukeman Literary Management Ltd, Brooklyn, NY Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire. Éditeur: François Doucet Traduction: Kurt Martin Révision linguistique: Daniel Picard Correction d’épreuves: Nancy Coulombe ISBN papier 978-2-89733-011-8 ISBN PDF numérique 978-2-89683-957-5 ISBN ePub 978-2-89683-958-2 Première impression: 2013 Dépôt légal: 2013 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque Nationale du Canada Éditions AdA Inc. 1385, boul. Lionel-Boulet Varennes, Québec, Canada, J3X 1P7 Participation de la SODEC. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition. Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC. Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Rice, Morgan Traduction de: Vampire journals. Sommaire: t. 4. Prédestinée. ISBN 978-2-89733-011-8 (v. 4) I. Martin, Kurt, 1970- . II. Titre. III. Titre: Prédestinée. PS3618.I232T8714 2012 813’.6 C2012-941754-8
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Les faits:
en 2009, on a découvert le corps intact d’un présumé vam- pire, sur la petite île de Lazzaretto Nuovo, dans la lagune de Venise. Le vampire, une femme qui est morte de la peste au XVie siècle, a été trouvé enterré avec une brique dans la bouche — étayant la croyance médiévale à l’effet que les vampires étaient à l’origine des épidémies de peste comme la peste noire.
au XViiie siècle, Venise était une ville à nulle autre pareille. Les gens y affluaient de partout dans le monde pour prendre part à ses fêtes et bals somptueux, et porter des costumes et masques élaborés. il était normal que les gens déambulent dans les rues avec leur déguisement complet. Pour la pre- mière fois dans l’histoire, on abolissait l’inégalité entre les sexes. Les femmes, qui étaient auparavant bafouées par les autorités, pouvaient désormais se déguiser en hommes et se rendre où bon leur semble…
« Mon amour! ma femme!
La mort qui a sucé le miel de ton haleine n’a pas encore eu de pouvoir sur ta beauté: elle ne t’a pas conquise; la flamme de la beauté est encore toute cramoisie sur tes lèvres et sur tes joues... »
— William Shakespeare
Roméo et Juliette
Assise, Ombrie (Italie) (1790)
Caitlin Paine se réveilla lentement, entourée de ténè- bres. elle essaya d’ouvrir les yeux, pour trouver ses repères, mais elle n’y parvint pas. elle essaya de remuer ses mains, ses bras — mais elle ne réussit pas non plus. elle se sentait couverte, plongée dans une matière molle, et n’arrivait pas à savoir de quoi il s’agissait. C’était lourd, écrasant, et le poids semblait augmenter d’une minute à l’autre.
elle essaya de respirer, mais découvrit que ses voies respiratoires étaient obstruées.
Paniquée, Caitlin essaya de prendre une grande inspiration par la bouche. Ce faisant, elle sentit quelque chose s’enfoncer dans sa gorge. L’odeur emplit ses narines, et elle comprit enfin de quoi il s’agissait: c’était de la terre. elle était recouverte de terre! Cette dernière couvrait son visage, ses yeux et son nez, et entrait par sa bouche. elle se sentit de plus en plus comprimée par son poids; elle suffoquait.
incapable de respirer, de voir, Caitlin paniqua com- plètement. elle essaya de remuer ses jambes, ses bras, mais ils étaient emprisonnés. elle lutta avec l’énergiedu désespoir et réussit à dégager un peu ses bras. elle parvint à les soulever, de plus en plus haut. finalement, elle réussit à percer le sol et sentit ses mains entrer en contact avec l’air. Reprenant courage, elle s’agita vigou- reusement, se démenant pour gratter et repousser la terre.
Caitlin réussit enfin à s’asseoir, la terre tombant tout autour d’elle. elle frotta la terre qui collait à son visage, à ses cils, l’expulsant aussi de son nez et de sa bouche. elle se servit de ses deux mains, dans un état d’hystérie, et réussit à en enlever suffiSamment pour respirer.
elle prit de grandes respirations en hoquetant. elle n’avait jamais été aussi heureuse de pouvoir respirer. En reprenant son souffle, elle commença à tousser, dégageant ses poumons, recrachant la terre par son nez et sa bouche.
Caitlin réussit à entrouvrir les yeux, même si ses cils restaient collés les uns aux autres. elle réussit à entrevoir où elle se trouvait. C’était l’heure du coucher de soleil. en pleine campagne. elle était ensevelie sous un tas de terre, dans un petit cimetière rural. Pendant qu’elle inspectait les alentours, elle remarqua les visages ébahis d’une dizaine de villageois modestes, tous vêtus de haillons, qui l’observaient avec la plus grande stupéfaction. À côté d’elle se trouvait le fos- soyeur, un homme trapu, qui se concentrait sur son pelletage. il ne l’avait pas encore remarquée, ne s’était même pas tourné vers elle, tout en lançant une nouvellepelletée de terre dans sa direction.
Elle la reçut en plein visage, sans avoir le temps de réagir. La terre couvrit de nouveau ses yeux et son nez. elle la repoussa et s’assit plus droit, tortillant ses jambes, utilisant toute son énergie pour s’extirper de la terre humide et lourde.
Le fossoyeur la remarqua soudainement. Comme il s’apprêtait à lancer une nouvelle pelletée de terre, il l’aperçut et fit un bond en arrière. Il laissa tomber len- tement la pelle et recula de plusieurs pas.
Un cri perça le silence. C’était le cri strident d’une villageoise, une vieille femme superstitieuse, fixant ce qui aurait dû être la dépouille de Caitlin et qui se rele- vait maintenant de terre. son cri s’étira, et s’étira.
Les autres villageois eurent des réactions diverses. Quelques-uns firent volte-face et s’enfuirent, courant à toute vitesse. D’autres se couvrirent simplement la bouche de la main, trop abasourdis pour pouvoir parler. Mais quelques-uns, parmi les hommes qui tenaient des torches, semblèrent hésiter entre la frayeur et la colère. Ils firent quelques pas timides en direction de Caitlin, et elle put voir à leur expression, et parce qu’ils brandissaient leurs instruments agricoles, qu’ils s’apprêtaient à attaquer.
Où suis-je? se demanda-t-elle avec désespoir. Qui sont ces gens?
Même si elle était désorientée, Caitlin comprit qu’elle devait agir rapidement. Elle commença à gratter le mon- ticule de terre qui emprisonnait ses jambes, y piochant furieusement avec les mains. Mais la terre était humide et pesante, et Caitlin n’avançait pas vite. Cela lui rappela
un épisode avec son frère Sam, quelque part sur une plage, lorsqu’il l’avait enterrée jusqu’à la tête. elle n’était plus capable de bouger. elle l’avait supplié de la libérer, et il l’avait fait attendre pendant des heures.
Pour l’instant, elle se sentait si démunie, si prise au piège, qu’en dépit d’elle-même, elle se mit à sangloter. elle se demanda où était passée sa force de vampire. Était-elle redevenue une simple humaine? C’est ce qu’elle sentait. Mortelle. faible. Comme tous les autres.
elle eut soudainement peur. Très, très peur.
— aidez-moi, quelqu’u n! i mplora-t- elle, en essayant de croiser le regard d’une des femmes du groupe, espérant trouver un visage compatissant.
Mais il n’y en eut pas. au lieu de cela, il n’y avait que des expressions de stupeur et de frayeur.
et de colère. Une bande d’hommes, qui brandis- saient leurs outils agricoles, se glissait vers elle. elle n’avait plus beaucoup de temps.
elle essaya de s’adresser directement à eux.
-- Je vous en prie! implora-t-elle, ce n’est pas ce que vous croyez! Je ne vous veux aucun mal. Je vous en prie, ne me tuez pas! aidez-moi à sortir de là!
Mais cela sembla seulement leur don ner du courage.
-- Tuez le vampire! cria un villageois du groupe.
Tuez-la encore!
Le cri fut suivi d’un rugissement d’enthousiasme.Cette bande voulait sa tête.
Un des villageois, moins effrayé que les autres, une vraie brute, s’approcha d’elle à une longueur de bras. Illui jeta un regard enragé et impitoyable, puis souleva sa pioche. Caitlin put voir qu’il visait directement son visage.
— Cette fois, tu vas mourir! cria-t-il en préparant son coup.
Caitlin ferma les yeux et, au plus profond d’elle- même, invoqua la rage. C’était une rage primitive, pro- venant d’une part d’elle-même qui se trouvait toujours là. elle la sentit jaillir dans ses orteils, courir dans son corps, remonter dans son torse. elle brûlait littérale- ment de rage. Ce n’est pas juste, mourir de cette manière, être attaquée de la sorte, être sans défense. elle ne leur avait rien fait. Ce n’est pas juste résonna encore et encore dans sa tête, jusqu’à ce que la rage soit à son comble.
Le villageois balança vigoureusement sa pioche, visant le visage de Caitlin, et elle sentit soudain la poussée d’énergie dont elle avait besoin. D’un seul mouvement, elle jaillit de la terre pour se planter sur ses pieds et attrapa à mi-course la pioche par le manche de bois.
Caitlin put entendre un hoquet de surprise et de frayeur jaillir de la bande — effarouchés, ils reculèrent de plusieurs pas. Tenant toujours le manche de la houe, elle jeta un regard en direction de la brute, qui affichait maintenant une expression de terreur. avant qu’il ne puisse réagir, elle lui arracha le manche des mains, se pencha vers l’arrière et projeta ses pieds durement sur sa poitrine. il fut propulsé dans les airs, parcourant au moins six mètres avant d’atterrir sur le groupe de villageois et d’en assommer plusieurs.
Caitlin brandit la pioche et fit plusieurs pas rapides dans leur direction, et gronda en prenant l’expression la plus féroce dont elle était capable.
Les villageois, terrifiés, portèrent leurs mains à leurs visages en poussant des cris aigus. Certains s’en- fuirent dans les bois, et les autres se recroquevillèrent.
C’était l’effet qu’elle cherchait à produire. elle vou- lait les effrayer juste assez pour les paralyser. elle lâcha la houe et se mit à courir dans les champs, en direction du soleil couchant.
Tout en courant, elle espéra recouvrer ses forces de vampire, voir ses ailes s’ouvrir, être seulement capable de s’envoler pour se retrouver loin d’ici.
Mais elle n’eut pas cette chance. Pour une raison ou une autre, elle n’en était pas capable.
Ai-je tout perdu? se demanda-t-elle. Ne suis-je rede- venue qu’une simple humaine?
elle courait à la vitesse d’un humain ordinaire, et ne sentit rien jaillir dans son dos, pas d’ailes, peu importe qu’elle le souhaite avec force ou pas. Était-elle maintenant aussi faible et vulnérable que tous les autres?
avant qu’elle ne puisse trouver la réponse, elle entendit un tapage se lever derrière elle. elle regarda par-dessus son épaule et vit la meute de villageois qui lui donnaient la chasse. ils vociféraient, portant des torches, des outils de la ferme, des bâtons. ils se pen- chaient pour ramasser des pierres, tout en continuant de la poursuivre.
Je vous en prie, mon Dieu, implora-t-elle. Faites que ce cauchemar finisse. Le temps que je sache où je suis, que je retrouve mes forces.
Caitlin baissa le regard et remarqua pour la pre- mière fois ce qu’elle portait. C’était une longue robe noire, aux motifs élaborés, magnifiquement brodée, qui la couvrait du cou jusqu’aux orteils. Cela convenait pour les grands événements — comme des funérailles
—, mais certainement pas pour courir. elle gênait les mou- vements de ses jambes. Caitlin se pencha et la déchira au-dessus des genoux. Cela l’aida à courir plus vite.
Mais ce n’était pas encore assez vite. elle sentit qu’elle se fatiguait rapidement, et la meute derrière elle semblait avoir des réserves inépuisables d’énergie. elle se rapprochait rapidement.
Caitlin sentit soudainement quelque chose de pointu la frapper derrière la tête, et la douleur la fit chanceler. elle trébucha sous le coup, puis porta sa main là où elle avait été touchée. sa main était couverte de sang. elle avait été frappée par une pierre.
elle vit plusieurs pierres passer près d’elle, se retourna et vit qu’ils lançaient d’autres pierres dans sa direction. Une autre pierre la toucha dans le bas du dos, faisant jaillir un éclair de douleur. La meute ne se trouvait plus qu’à six mètres d’elle.
Au loin, elle aperçut un mont escarpé, au sommet duquel siégeait une immense église médiévale, avec un cloître. elle courut dans sa direction. elle espérait pou- voir y trouver refuge si elle y arrivait à temps.
Mais elle fut frappée de nouveau par une pierre, à l’épaule, et elle comprit que ça ne donnerait rien. L’église était trop éloignée, elle perdait de la vitesse, et la meute se rapprochait. elle n’avait plus le choix. elle devait faire volte-face et se battre. Quelle ironie du sort, pensa- t-elle. après tout ce qu’elle avait vécu, toutes ces batailles de vampires, après avoir survécu même à un voyage dans le temps, elle serait tuée par une meute de villageois stupides.
Caitlin s’arrêta net, se retourna et fit face à la meute. si elle devait mourir, elle le ferait au moins en luttant.
Pendant qu’elle se tenait là, elle ferma les yeux et respira profondément. elle se concentra, et le monde sembla s’arrêter autour d’elle. elle sentit ses pieds nus dans l’herbe, bien ancrés au sol, et sentit une force pri- mitive se lever lentement en elle, puis l’envahir. elle se força à se souvenir, se souvenir de la rage, se souvenir de sa force originelle, innée. À une certaine époque, elle s’était entraînée et avait combattu avec une force surhumaine. elle invoqua cette force. elle sentait que, quelque part, d’une manière ou d’une autre, elle était toujours enfouie en elle.
Pendant qu’elle se tenait là, elle pensa à toutes les bandes qu’elle avait connues dans sa vie, toutes les brutes, tous les salauds. elle pensa à sa mère qui n’avait jamais daigné lui donner le moindre signe d’af- fection; elle pensa à ces brutes qui l’avaient pour- chassée avec Jonah dans la ruelle à New York. elle repensa à ces voyous dans cette ferme de la vallée de l’Hudson, les amis de Sam. et elle se rappela l’accueilde Caïn à Pollepel. il semblait y avoir toujours des brutes, partout des brutes. Les fuir ne lui avait jamais bien servi. elle devrait encore une fois les affronter.
Pendant qu’elle ruminait toutes ces injustices, la rage monta en elle. sa puissance doubla, puis tripla, et elle sentit que son corps en était gonflé, comme si ses muscles étaient sur le point d’éclater.
au même moment, la meute la rattrapa. Un villa- geois souleva son bâton et le projeta vers sa tête. avec sa force retrouvée, Caitlin se pencha juste à temps, se plia et projeta l’homme par-dessus son épaule. il vola sur plusieurs mètres, avant de retomber sur le dos dans l’herbe.
Un autre homme souleva une grosse pierre, prêt à l’abattre sur sa tête. Mais elle agrippa son poignet et le replia vers l’arrière, le cassant net. il tomba à genoux en hurlant.
Un troisième villageois s’apprêta à frapper avec sa houe, mais elle était trop rapide. elle se retourna com- plètement et l’attrapa avant qu’il ne termine son élan. elle la lui arracha des mains, la souleva et lui en donna un coup sur la tête.
La houe, qui mesurait environ deux mètres, était exactement ce qu’il lui fallait. elle la brandit devant elle en décrivant un large cercle, assommant tous ceux qui se trouvaient à sa portée. en quelques instants, elle avait libéré un large périmètre autour d’elle. elle vit un villageois prendre un élan pour lui lancer une grosse pierre, et elle projeta la houe dans sa direction. elle le frappa à la main, lui faisant échapper la pierre.
Caitlin courut vers le groupe abasourdi, arracha une torche des mains d’une vieille femme et promena la flamme sur les herbes sèches. Elle réussit à enflammer une zone d’herbes longues, et les villageois reculèrent en criant, effrayés. Lorsque les flammes formèrent un mur assez imposant, elle prit un élan et lança la torche directement dans la meute. elle vola dans les airs et s’écrasa sur la tunique d’un homme, enflammant ses vêtements et ceux de son voisin. Le groupe s’affaira pour les tirer d’embarras.
Cela donna un répit suffisant à Caitlin. Les villa- geois étaient maintenant assez distraits pour lui donner le temps de s’enfuir. elle n’avait pas l’intention de les blesser. elle voulait seulement qu’ils la laissent tran- quille. Elle avait besoin de reprendre son souffle, de comprendre où elle était.
elle se retourna et courut en direction de l’église qui se trouvait sur le mont. ayant retrouvé une partie de sa force et de sa vitesse, elle sentait qu’elle fonçait sur la pente et les distançait. Elle souhaitait seulement que les portes de l’église soient ouvertes et qu’on la laisse entrer.
Pendant qu’elle courait pour gravir la pente, sen- tant l’herbe sous ses pieds nus, le crépuscule tomba. et elle remarqua qu’on allumait plusieurs torches sur la place du village et le long des murs du cloître. en se rapprochant, elle repéra une sentinelle qui montait la garde sur un parapet élevé. il la repéra et eut une expression de frayeur. il souleva la torche au-dessus de sa tête et cria:
— Vampire! Vampire!
au même moment, une cloche d’église se mit à sonner.
Caitlin vit des torches apparaître de tous les côtés. Des gens sortaient d’un peu partout, tandis que la sen- tinelle continuait de crier et la cloche, de sonner. C’était une chasse aux sorcières, et ils semblaient tous converger vers elle.
Caitlin accéléra, courant si fort qu’elle en eut mal aux côtes. À bout de souffle, elle arriva devant les portes en chêne de l’église, juste à temps. elle en ouvrit une brusquement, s’engouffra dans l’église et referma la porte avec fracas.
À l’intérieur, elle jeta un regard désespéré autour d’elle et remarqua un bâton de berger. elle l’attrapa et le fit glisser d’un côté à l’autre de la porte double, la fer- mant solidement.
au moment même où elle terminait, elle entendit un coup violent ébranler la porte, pendant que des dizaines de mains poussaient en même temps. La porte fut secouée, mais ne s’ouvrit pas. Le bâton tenait le coup — du moins, pour l’instant.
Caitlin inspecta rapidement la pièce. Par chance, l’église était vide. elle était immense, ses plafonds en voûte s’élevant à des dizaines et des dizaines de mètres. C’était un endroit vide et glacial, avec des centaines de bancs sur un plancher de marbre. À l’autre bout, au- dessus de l’autel, brûlaient plusieurs bougies.
En regardant, elle aurait juré avoir aperçu du mou- vement à l’autre bout de la salle.
Le martèlement à la porte s’intensifia, et cette der- nière commença à trembler. Caitlin passa à l’action, fonçant dans l’allée en direction de l’autel. En y arri- vant, elle s’aperçut qu’elle avait raison: il y avait quelqu’un là.
Paisiblement agenouillé, lui tournant le dos, se trouvait un prêtre.
Caitlin se demanda comment il faisait pour ignorer tout ce vacarme, pour ne pas remarquer sa présence, et comment il pouvait faire pour rester ainsi plongé dans ses prières à un moment pareil. elle souhaita qu’il ne la renvoie pas dans la gueule de la meute.
-- Bonjour? dit Caitlin. il ne se retourna pas.
Caitlin passa rapidement de l’autre côté, pour lui faire face. C’était un vieil homme, avec les cheveux blancs, le visage glabre. ses yeux bleu pâle semblaient fixer le vide pendant qu’il priait à genoux. Il ne daigna même pas lui lancer un regard. elle sentit autre chose par rapport à lui. Même dans son état actuel, elle était en mesure de dire qu’il y avait quelque chose de diffé- rent chez cet homme. elle savait qu’il faisait partie de son espèce. Un vampire.
Le martèlement se fit encore plus bruyant, et l’un des gonds céda. Caitlin jeta un regard apeuré dans sa direction. Cette meute était coriace, et elle ne savait pas où aller.
-- aidez-moi, je vous en prie! l’exhorta Caitlin.
il continua sa prière pendant un bon moment. Puis, sans même la regarder, il dit enfin:
-- Comment peuvent-ils tuer ce qui est déjà mort? Le bois vola en éclats.
-- Je vous en prie, implora-t-elle. Ne me livrez pas à eux.
il se leva lentement, demeurant calme et posé, et pointa le doigt en direction de l’autel.
-- Là, dit-il. Derrière le voile. il y a une trappe.
Vite!
elle regarda dans la direction où pointait son doigt, mais ne vit qu’un grand podium, couvert d’une toile en satin. Elle se précipita à cet endroit, tira la toile et aperçut la trappe. elle l’ouvrit et se tassa dans le petit espace.
Recroquevillée, elle s’efforça de regarder par la fente mince. elle vit le prêtre se dépêcher vers une porte latérale et l’ouvrir d’un coup de pied avec une force surprenante.
au même moment, la porte avant était enfoncée par la meute, et les villageois marchèrent à grands pas dans l’allée.
Caitlin referma rapidement le voile. elle espéra qu’ils ne l’aient pas remarquée. elle observait par une fente dans le bois, et voyait juste assez pour apercevoir la meute courir dans l’allée, semblant se précipiter directement vers elle.
— Par là! cria le prêtre. Le vampire s’est enfui parlà!
il indiquait la porte latérale du doigt, et le groupe ledépassa rapidement pour s’engouffrer de nouveau dans la nuit.
Après un moment, le flot interminable de corps dis- parut de l’église, et tout redevint silencieux.
Le prêtre referma la porte, et la verrouilla.
elle put entendre ses pas, qui se dirigeaient vers elle. Caitlin, qui tremblait de peur et de froid, ouvrit lentement la trappe.
il tira le rideau et l’observa. il tendit la main avec bonté.
— Caitlin, dit-il en souriant. Nous vous attendions depuis longtemps.
Rome, 1790
Kyle se trouvait dans la noirceur, respirant pénible- ment. il y a peu de choses qu’il déteste plus que les lieux clos. il tendit la main dans le noir et sentit la pierre qui l’entourait. il eut des sueurs froides. enfermé. Rien n’était pire pour lui.
il recula son poing et le projeta pour percer un trou dans la pierre. elle vola en éclats, et il dût protéger ses yeux des rayons du soleil.
et si Kyle détestait quelque chose plus que d’être enfermé, c’était bien d’être jeté en plein soleil, surtout s’il n’avait pas sa pellicule protectrice pour la peau. il se dégagea rapidement des gravats et alla se cacher der- rière un mur.
Kyle respira profondément et inspecta les alen- tours, désorienté, tout en frottant la poussière sur ses yeux. C’était ce qu’il détestait des voyages dans le temps: il ne savait jamais exactement où il réapparaî- trait. il ne l’avait pas tenté depuis des siècles, et il ne l’aurait pas fait sans cette épine qui lui collait au pied. Caitlin.
après qu’elle eut quitté New York, Kyle comprit rapidement que sa victoire n’était que partielle. Tant qu’elle serait en liberté, à la recherche du bouclier, il comprit qu’il ne pourrait jamais dormir en paix. il était sur le point de remporter la guerre, de réduire
l’humanité entière en esclavage, de devenir le chef incontesté de la race des vampires elle-même. Mais elle, cette misérable petite fille, lui barrait le passage. Tant que le bouclier serait dans le décor, il ne pourrait reven- diquer le pouvoir absolu. il n’avait donc pas le choix de poursuivre Caitlin et de l’éliminer. et s’il devait reculer dans le temps pour y arriver, eh bien, c’est ce qu’il ferait.
Respirant péniblement, Kyle sortit rapidement une bande de pellicule pour la peau et en couvrit ses bras, son cou et son torse. il regarda autour de lui et vit qu’il se trouvait dans un mausolée. D’après ses motifs, il semblait romain. Rome.
Ça faisait une éternité qu’il n’y était pas venu. il avait produit trop de poussière en démolissant le marbre, et les particules formaient un nuage dense dans la lumière du jour. Il avait de la difficulté à bien distinguer ce qu’il y avait à l’extérieur. il prit une inspi- ration profonde, se raidit et fonça dehors.
il avait raison: c’était Rome. il remarqua les cyprès d’italie et savait qu’il ne pouvait se trouver ailleurs. il se rendit compte qu’il se tenait au sommet du forum de Rome, avec son herbe verte, ses collines et ses vallées, et ses monuments en ruines qui s’éta- laient devant lui sur une douce pente. Cela lui rap- pela des souvenirs. il avait tué tant de gens ici, quand il était encore en fonction, et il avait même failli se faire tuer ici. Cette pensée le fit sourire. C’était son genre de place.
et c’était l’endroit idéal où atterrir. Le Panthéon n’était pas très loin et, en quelques minutes à peine, ilpourrait se présenter devant les juges du Grand Conseil de Rome, le cercle le plus puissant de la ville, et trouver réponse à toutes ses questions. il saurait bientôt où se trouvait Caitlin et, si tout allait bien, il obtiendrait leur permission de la tuer.
Ce n’était pas qu’il en eût besoin. C’était simplement une affaire de courtoisie, d’étiquette des vampires, les suites d’une tradition millénaire. il fallait toujours demander la permission avant de tuer quelqu’un sur le territoire d’un autre.
Mais s’ils refusaient, il ne laisserait pas tomber. Ça lui compliquerait la tâche, certes, mais il tuerait qui- conque oserait se dresser sur son chemin.
Kyle respira l’air romain à pleins poumons. il se sentait chez lui. Ça faisait si longtemps qu’il n’était pas venu ici. il avait été trop pris par les affaires new- yorkaises, la politique des vampires, à une époque et dans une ville modernes. L’époque actuelle correspon- dait plus à son style. il pouvait voir les chevaux et les routes de terre battue au loin, et il estima qu’il se trou- vait probablement au XViiie siècle. Parfait. Rome était une zone urbaine, mais toujours naïve, avec deux siè- cles de rattrapage à faire.
en s’examinant plus attentivement, Kyle se rendit compte qu’il avait plutôt bien survécu au voyage à rebours dans le temps. Pendant d’autres voyages, il avait été plus amoché et avait eu besoin de plus de temps pour récupérer. Mais pas cette fois. il se sentait plus fort que jamais, et prêt à passer à l’action.
il sentait que ses ailes pourraient se déployerimmédiatement, qu’il pourrait voler tout de suite vers le Panthéon, s’il le désirait, et mettre son plan à exécution.
Mais il n’était pas tout à fait prêt. il n’avait pas pris de vacances depuis un moment, et il se sentait si bien d’être revenu ici. il voulait jouer les touristes un peu, pour se rappeler ce que ça faisait d’être ici.
Kyle dévala la colline avec sa vitesse incroyable et, en peu de temps, il sortait du forum pour passer dans les rues bondées et animées de Rome.
il s’étonna de constater que, même deux siècles plus tôt, Rome était toujours aussi surpeuplée.
Kyle ralentit le pas pour se mêler à la foule, mar- chant à son rythme. C’était une marée humaine. Le grand boulevard, toujours fait de terre, contenait des milliers de personnes qui se pressaient dans toutes les directions. il y avait également des chevaux de toutes les formes et de toutes les grandeurs, ainsi que des voi- tures, des chariots et des calèches tirés par d’autres chevaux. Les rues empestaient les odeurs corporelles et celle du fumier de cheval. Tout cela lui revenait mainte- nant: pas d’eau courante, pas de bain — la puanteur du bon vieux temps.
Kyle sentit qu’on le bousculait de part et d’autre, tandis que la cohue devenait de plus en plus dense, que les gens de toutes les races et de toutes les classes sociales allaient et venaient. il s’émerveilla des devan- tures rudimentaires, où l’on vendait des chapeaux ita- liens d’autrefois. il s’émerveilla devant les petits garçons, vêtus de haillons, qui couraient vers lui, pouressayer de lui vendre des fruits. Certaines choses ne changent jamais.
Kyle bifurqua dans une ruelle étroite et minable, une ruelle dont il se souvenait bien, espérant qu’elle soit toujours comme elle était autrefois. il fut ravi de découvrir que c’était bien le cas: devant lui se tenaient des dizaines de prostituées, appuyées contre les murs, l’interpellant pendant qu’il passait.
Kyle fit un large sourire.
il s’approcha de l’une d’elles — une grande femme plantureuse, avec des cheveux teintés roux et trop de maquillage. elle tendit la main pour caresser son visage.
— salut, mon grand, dit-elle. Tu veux t’amuser un peu? T’as combien sur toi?
Kyle sourit en passant son bras autour de son épaule et la guida vers une ruelle transversale.
elle le suivit avec plaisir.
aussitôt qu’ils eurent tourné le coin, elle dit:
— Tu n’as pas répondu à ma question. T’as com- bien pour…
Elle ne put jamais finir sa question.
avant qu’elle ne puisse terminer sa phrase, Kyle avait déjà planté profondément ses dents dans son cou. elle essaya de crier, mais il lui ferma la bouche avecsa main libre et la rapprocha de lui, buvant et buvant. il sentit le sang humain courir dans ses veines et se sentit exalté. il était desséché, déshydraté. Le voyage dans le temps l’avait épuisé, et c’était ce dont il avait besoinpour reprendre des forces.
Pendant qu’il sentait le corps de la femme ramollir, il suça encore et encore, buvant plus qu’il n’en avait besoin. finalement, se sentant rassasié, il laissa son corps inanimé chuter sur le sol.
Comme il se retournait et s’apprêtait à repartir, un grand gaillard mal rasé, auquel il manquait une dent, se planta devant lui. il tira un poignard de sa ceinture.
L’homme observa la femme morte, puis ramena son regard sur Kyle en faisant une grimace.
— C’était ma propriété, dit l’homme. J’espère que t’as de l’argent pour rembourser.
L’homme se précipita avec son poignard sur Kyle. Kyle, qui possédait des réflexes surnaturels, l’esquiva facilement en faisant un pas de côté. il agrippa le poignet de l’homme et le ramena vers l’arrière d’un mouvement fluide, brisant son bras en deux. L’homme hurla mais, avant qu’il ne puisse finir, Kyle saisit le poi- gnard dans sa main et lui trancha la gorge du même élan. il laissa le corps sans vie s’écrouler sur le sol.
Kyle scruta le poignard, une petite chose aux motifs complexes, avec un manche en ivoire. il approuva de la tête. Ce n’était pas si mal. il le glissa dans sa ceinture et essuya du revers de la main le sang sur sa bouche. il respira profondément puis, enfin content, marcha jusqu’au bout de la ruelle pour reprendre la rue.
Oh, comme Rome lui avait manqué!
Caitlin suivit le prêtre dans l’allée de l’église, pendant qu’il mettait la barre à la porte avant et finissait de condamner toutes les autres entrées. Le soleil était couché, et il alluma des torches sur son passage, éclai- rant graduellement le vaste espace.
Caitlin leva les yeux et remarqua les croix énormes. elle se demanda pourquoi elle se sentait aussi paisible ici. Les vampires n’étaient-ils pas censés avoir peur des églises? Des croix? elle se rappela le Coven Blanc, ins- tallé dans les Cloîtres à New York, et les croix qui ornaient les murs. Caleb lui avait appris que certaines espèces de vampires adoptaient les églises. il s’était lancé dans un long monologue sur l’histoire des vam- pires et ses liens avec le christianisme, mais elle n’avait pas été très attentive à l’époque. elle le regrettait maintenant.
Le prêtre vampire guida Caitlin vers une porte latérale, et ils descendirent une rangée de marches de pierre. ils traversèrent un corridor médiéval en forme d’arche, et il continua d’allumer des torches sur son passage.
-- Je ne pense pas qu’ils vont revenir, dit l’homme en verrouillant une autre entrée. ils vont fouiller les
champs à votre recherche et, comme ils ne vous trouve- ront pas, ils rentreront chez eux. C’est ce qu’ils font toujours.
Caitlin se sentait en sécurité ici, et elle était très reconnaissante de l’aide de cet homme. elle se deman- dait pourquoi il l’avait aidée, pourquoi il avait risqué sa vie pour elle.
-- Parce que je suis de votre race, dit-il en se retour- nant et en la fixant d’un regard perçant.
ses yeux bleus semblaient lire en elle.
Caitlin oubliait toujours trop rapidement comme les vampires pouvaient lire facilement dans l’esprit des autres. Pendant un moment, elle avait oublié qu’il fai- sait partie des siens.
-- Ce ne sont pas tous les nôtres qui redoutent les églises, dit-il, répondant de nouveau à ses pensées. Vous savez que notre race est scindée en deux. Notre genre — le genre bienveillant — a besoin des églises. Nous nous y développons et y prospérons.
Pendant qu’ils empruntaient un nouveau corridor, puis descendaient quelques marches, Caitlin se demanda où il la conduisait. Tant de questions se bous- culaient dans son esprit; elle ne savait par où commencer.
-- Où suis-je? demanda-t-elle, en réalisant que c’était la première fois qu’elle lui adressait la parole depuis qu’ils s’étaient présentés.
Toutes ses questions déboulèrent en même temps.
-- Dans quel pays sommes-nous? en quelle année?
il sourit en marchant, les rides creusant son visage. C’était un homme court et frêle, aux cheveux blancs, rasé de près, avec un visage de grand-père. il portait les vêtements communs aux prêtres, et paraissait très vieux, même pour un vampire. elle se demanda depuis combien de siècles il était sur terre. elle sentait la bonté et la cordialité qui émanaient de lui, et se sentait très en paix près de lui.
-- Tant de questions, dit-il enfin avec un sourire. Je comprends. C’est beaucoup pour vous. eh bien, vous êtes en Ombrie. Dans la petite ville d’assise.
elle se creusa les méninges, essayant de situer où elle était.
-- italie? demanda-t-elle.
-- Dans le futur, oui, cette région fera partie du pays qui se nomme italie, dit-il. Mais pas aujourd’hui. Nous sommes toujours indépendants. Rappelez-vous, dit-il avec un sourire, vous n’êtes plus au XXie siècle… comme vous l’aviez peut-être déjà remarqué d’après l’habillement et le comportement de ces villageois.
-- en quelle an née sommes-nous? demanda Caitlin avec calme.
elle avait presque peur d’entendre la réponse. son cœur s’accéléra.
-- Nous sommes au XViiie siècle, répondit-il. en l’an 1790, pour être plus précis.
1790. Assise. Ombrie. Italie.
elle était bouleversée. C’était surréaliste, comme si elle était dans un rêve. elle avait peine à croire que tout ça se produisait vraiment, qu’elle était vraiment,réellement, ici, à ce point précis de l’espace et du temps. Le voyage dans le temps fonctionnait vraiment.
en même temps, elle se sentit soulagée. De toutes les époques et les endroits où elle aurait pu aboutir, l’italie de 1790 ne semblait pas trop inquiétante. Ce n’était pas comme atterrir dans la préhistoire.
-- Pourquoi ces gens essayaient-ils de me tuer? et qui êtes-vous?
-- en dépit de toute l’évolution humaine, c’est une époque encore un peu primitive et superstitieuse, dit- il. Même en cette période faste et somptueuse, hélas, d’in- nombrables plébéiens nous craignent encore. Vous voyez, le village de montagne d’assise a toujours été un bastion pour notre genre. il est fréquenté par les vam- pires, et ça a toujours été le cas. Les vampires de notre espèce se nourrissent uniquement sur leur bétail. Mais avec le temps, les villageois le remarquent. ils repèrent parfois l’un des nôtres. Lorsque c’est le cas, la situation devient intenable. alors, nous les laissons nous enterrer de temps à autre. Nous les laissons procéder à leurs petits rituels humains ridicules, les laissons penser qu’ils se sont débarrassés de nous. Puis, quand ils ont le dos tourné, nous sortons de terre et reprenons nos vies. Mais parfois, un vampire se relève trop tôt, ou on le voit sortir de terre… alors, ils lâchent la meute. Mais ça se calmera. C’est ce qui arrive toujours. Ces cas attirent une attention non souhaitable sur notre race, mais ce n’est que temporaire.
-- Je suis désolée, dit Caitlin, se sentant mal.
-- Ne vous en faites pas, dit-il. C’était votre pre- mier voyage dans le temps. Vous ne pouviez le contrôler. il faut de la pratique. Même les meilleurs d’entre nous ne peuvent pas très bien contrôler leur retour. Il est toujours difficile de dire exactement où et quand nous allons atterrir. Vous vous en êtes bien sortie, dit-il, en posant une main apaisante sur son poignet.
ils empruntèrent un nouveau corridor, cette fois-ci avec un plafond bas voûté.
