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Une première grossesse, rien d’extraordinaire, me direz-vous. Malheureusement, en quelques secondes, tout peut basculer dans l’horreur. Cet ouvrage est donc le journal de bord, la bouée de sauvetage d’Alicia Lambert. À travers ce témoignage, elle décrit ses journées rythmées par le bruit des machines et les nombreux ascenseurs émotionnels dus à la prématurité de son minuscule guerrier.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Alicia Lambert écrit pour s’évader, évacuer, espérer et raconter. Elle commence la rédaction de
Prêt au combat quelques jours avant le grand saut vers la maternité. Au travers de cette histoire, elle aide, soutient et informe les familles qui traversent des tempêtes. Elle dénonce également les conditions dans lesquelles les soignants et médecins travaillent pour sauver les enfants.
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Seitenzahl: 133
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Alicia Lambert
Prêt au combat
Roman
© Lys Bleu Éditions – Alicia Lambert
ISBN : 979-10-377-7769-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivante du Code de la propriété intellectuelle.
Prologue
Une grossesse attendue, désirée et voulue.
Mardi 16 mars 2021, j’ai appris la nouvelle tant espérée. Les deux barres se sont affichées instantanément. Non, non, je ne parle pas d’un test positif au covid-19 ! Mais bel et bien d’un test de grossesse.
Nous étions à l’école ce jour-là. Je n’attendais qu’une seule chose, que mes élèves me disent « à demain maîtresse », signe de la délivrance, pour chercher un test le plus vite possible. Marraine Céline, elle, avait des élèves après la classe, pour retravailler des notions, mais elle trépignait autant d’impatience que moi. Une fois revenue de la pharmacie, je me suis posée dans les toilettes de l’école. J’ai rangé le test, tout en regardant d’un œil lointain la réponse, qui s’était déjà affichée. Mais sur la boîte, il était écrit qu’il fallait attendre 5 minutes. Je suis remontée en classe et j’ai ouvert la porte commune à la classe de marraine Céline. Elle est venue me voir d’un pas pressé. Et là… Je lui ai montré le test. Nous nous mettions à sauter comme deux petites filles de CE2. On aurait pu croire que nous nous étions transformées en élèves !
Je me suis vite sentie débordée ! Que faire comme annonce à papa ? Mince ! L’heure tourne et c’était bientôt l’heure du couvre-feu ! Le coco (la covid) ne nous a laissé aucun répit ! C’est alors que je suis repartie en courant à la pharmacie pour acheter une tétine.
Puis, j’ai rédigé une lettre en ton nom. J’ai mis le tout dans une boîte et je suis rentrée au plus vite, entre rires, larmes et excitation.
Une fois à la maison, j’étais si bizarre. Papa m’a demandé si ça allait ! Mais bien sûr que ça va !
C’est alors que je lui ai tendu la boîte. Je lui ai demandé de lire le courrier en premier. Les objets étaient dans une enveloppe.
Il a lu ta lettre sans vraiment comprendre. Il était tout confus ne comprenant pas « qui » nous rejoindra sans doute en novembre. C’est alors qu’il a ouvert délicatement l’enveloppe et là, explosion de joie et de larmes. Il découvre la tétine et le test de grossesse positif.
Papa s’est mis à pleurer et nous nous sommes mis à sauter de joie.
Papa m’a fait part de ses sentiments… Pour lui, l’annonce a résonné en lui, avec un afflux d’amour à notre égard. Il a comparé ça à un bouchon de champagne qui explose, et toutes ses bulles qui pétillent. C’est ce qu’on appelle le bonheur, je crois !
18/08/2021
Aujourd’hui, c’est un jour important, nous allons faire une échographie de contrôle.
Le suivi est à Château-Thierry dans le 02. C’est à 25 minutes de la maison. Nous habitons dans le 77, en Île-de-France.
Nous avons hâte de revoir ta frimousse. J’ai le cœur léger et je me dis que c’est une chance de plus de te revoir à l’écran !
Le docteur veut revoir la taille de tes fémurs car à l’échographie du second trimestre, tu faisais des saltos et des pirouettes dans tous les sens, et elle n’arrivait pas à prendre les bonnes mesures ! Tu es déjà un futur sportif à ce que je vois !
Nous sommes dans la salle d’attente, je caresse mon ventre en me demandant comment tu vas !
Ça y est, la gynécologue nous appelle, c’est enfin notre tour.
Elle met du gel sur mon ventre, et commence son échographie.
Tiens, tu as mon caractère de cochon ? Tu es retourné et visiblement tu ne veux pas nous faire de coucou.
Le docteur prend ses mesures. Je l’entends marmonner dans son masque chirurgical. Elle repasse plusieurs fois au même endroit. L’atmosphère commence à être pesante.
C’est alors que tout bascule et se bouscule. Le rendez-vous se transforme en cauchemar.
Elle nous annonce que la taille des fémurs n’est toujours pas bonne et que pire, ils n’ont presque pas grandi en 3 semaines d’intervalle. Elle enchaîne ses constats en annonçant un poids prévisionnel de 762 grammes.
OK, j’inspire, j’expire. À 26 SA, quelle est la taille des fémurs d’un bébé ? Quel est le poids du fœtus ? Je n’en ai aucune idée.
C’est là qu’elle nous annonce qu’il y a quand même un retard et qu’il faudrait que tu sois au minimum à 1 kilo.
Le docteur nous dit qu’elle n’a pas d’autres solutions que de nous envoyer dans une autre maternité et de préférence de niveau 3. Qu’est-ce que cela change ? Je n’y comprends rien !
Elle nous explique qu’en maternité niveau 3, plusieurs médecins analysent le cas des patientes et votent pour les meilleures solutions face aux problèmes présentés.
J’ai du mal à comprendre ce qu’il se passe. Je ne sais pas si c’est grave ou non.
Comment peut-on passer d’un sentiment de légèreté à de l’anxiété extrême ?
19/08/2021
Hier soir, le docteur nous a rappelés à 22 h pour refaire le point ensemble. Elle nous explique que soit l’hôpital de Reims nous appellera, soit nous reviendrons à Château-Thierry pour continuer notre suivi dans notre maternité initiale. La maternité de Château-Thierry dépend de la maternité de Reims car c’est la même région.
Elle nous dit clairement que si le secrétariat de la maternité de Reims nous appelle, c’est que c’est grave. Si, c’est elle qui nous rappelle, c’est que ça ira pour la suite.
Toute la journée, je me suis accrochée à mon téléphone en espérant que ça soit notre maternité initiale qui nous rappelle.
Le téléphone sonne dans l’après-midi. Je ne connais pas le numéro, mais j’ai vite compris que ce n’était pas bon signe.
Conclusion ? Prise de rendez-vous, demain à Reims pour une échographie approfondie à 10 h. Une ambulance viendra nous chercher pour 8 h. Il n’y a qu’une heure de route entre notre domicile et la maternité de Reims. Mais visiblement, des paperasses sont à remplir dès notre arrivée.
20/08/2021
8 h :
L’ambulance arrive pour nous transférer à Reims. Mais avant notre départ, il a fallu promener Apy, notre chienne. La nuit a été courte. J’ai mal au ventre. J’ai la gorge nouée.
10 h 30 :
L’attente nous paraît interminable. Ça y est ! Le médecin nous appelle. C’est une jeune femme, brune aux cheveux bouclés. Elle nous demande quelques renseignements et m’invite à m’installer.
J’inspire, j’expire. Allez, mon tout petit, montre-nous que tu vas bien.
Dans la salle, il n’y a aucun bruit. L’ambiance est pesante. Elle met du gel sur mon ventre, approche son appareil et commence son examen. Papa me prend la main et lui aussi inspire-expire…
Je ne comprends rien aux images qu’elle capture. Elle ne parle pas et reste concentrée sur l’examen… J’ai l’impression que cela dure une éternité. Il n’y a que le bruit des captures d’images.
Au bout d’un certain temps, elle m’essuie le ventre avec un essuie-tout et m’annonce qu’elle a terminé et que nous passerons dans la petite salle à côté.
Je ne peux pas lire l’expression de son visage noyé à travers son masque. Ses yeux sont inexpressifs.
Nous nous installons tous les deux, attendant le verdict…
Et là, c’est le drame : « Ce ne sont pas que les fémurs qui ne vont pas. C’est tout le corps ».
Le docteur est franc et ne passe pas par quatre chemins. Ton poids n’évolue pas correctement. L’estimation est de 565 grammes et non 762 grammes. Elle nous dit qu’elle a vérifié 15 fois et que 15 fois selon les mesures, elle retombe sur ce petit poids.
J’ai du mal à déglutir, je ne comprends rien. Des bruits sourds se mêlent à mon ouïe. Elle parle de malformations, de maladies génétiques, de nanisme, de trisomie 18, d’infection, de retard mental.
C’est un tourbillon de folies. Nos yeux se remplissent de larmes. J’ai l’impression que je vais suffoquer.
Elle nous dit que je vais pouvoir être en HAD. C’est quoi ça encore ? Elle nous explique que c’est une hospitalisation à domicile où une sage-femme viendra faire les examens nécessaires tous les jours.
À peine, elle prend le temps de nous expliquer, que finalement elle change d’avis. Une hospitalisation en grossesse pathologique est nécessaire, sur le champ !
Elle nous envoie avec une pochette en salle de prétravail pour une batterie d’examens.
Je ne peux pas parler. Papa décide de prendre l’air, l’annonce a été un véritable choc.
Pourquoi nous ? Que se passe-t-il ?
Une superbe sage-femme arrive avec une tonne de tubes. Au fond de moi, je me dis que c’est pour l’ensemble des patientes. Hélas, non, tout ça pour nous, oui, oui, il va falloir être courageux mon petit chat !
Cette femme nous épaule, nous rassure d’une voix douce et attachante. Elle rappelle le médecin afin qu’elle nous réexplique bien la situation car elle nous trouve totalement bouleversés et craint que nous n’ayons pas compris.
Cette dernière arrive et nous redit que tu as un grand retard de croissance intra-utérin, un RCIU. Ça peut s’expliquer par plusieurs choses : une maladie génétique ou une infection ou encore un mauvais échange entre le placenta et toi. Il faut absolument trouver la cause pour pouvoir t’aider à mieux grandir.
Dans la foulée, elle nous annonce qu’il n’y a pas de place dans le service s’il faut te sortir d’urgence le Week-end. Il est donc impératif de nous transférer.
Je ne comprends pas trop. Quand vont-ils te sortir ? Une longue attente va alors commencer.
Et ce n’est qu’à 18 h qu’on m’annonce que je vais partir à Nancy.
Nancy ? C’est où ça encore ? Annecy oui, je veux bien aller à Annecy. Ah non, Nancy ? C’est en Bretagne ?
Je regarde sur une carte et je me rends compte surtout que je vais être à 350 km de la maison. L’hôpital avait appelé 7 maternités niveau 3 et toutes sont surchargées. Dans quelles conditions les infirmiers, médecins, soignants, sages-femmes travaillent-ils ?
C’est qu’à 19 h 30 que l’ambulancier arrive. Papa se fait déposer à la gare de Reims. Il ne voulait pas partir tant que je n’étais pas partie pour cette nouvelle maternité. J’ai beaucoup pensé à Apy, je ne lui ai même pas dit au revoir. En plus, elle est seule depuis 8 h !
On se dit au revoir rapidement avec papa. Peut-être un peu trop vite car je lui donne mon porte-monnaie dans la précipitation.
Dis donc ! Tant que j’y pense ! Heureusement que j’avais pris un petit sac avec quelques affaires avant de partir ce matin. Ouf, je suis sauvée ! J’ai au moins une culotte propre pour demain !
C’est qu’à 21 h 30 que j’arrive à Nancy. Je n’ai toujours rien avalé de la journée. Je suis épuisée de tout. De l’annonce, du trajet, des examens.
J’arrive dans ce nouvel endroit, seule, personne pour me soutenir et me tenir la main. Je demande d’aller aux toilettes. L’ambulancier m’accompagne. À ma sortie, le monsieur était déjà parti. Pourtant c’était un pipi rapide avec prélèvement d’urine ! Me voilà réellement seule. D’une voix timide, je demande s’il y a quelqu’un.
Une dame arrive et m’emmène encore en salle de prétravail. Et on me refait des examens.
Ce n’est qu’à 1 h 30 du matin, que je découvre enfin ma chambre, chambre 210. J’ai tellement faim… Je suis exténuée mentalement par la situation et exténuée physiquement.
J’ai besoin d’un coca pour me réconforter, je le sens.
Je cherche donc mon sac. Et là, c’est le drame… Où est mon porte-monnaie ?
Je m’effondre quand je comprends que je l’ai donné à ton Papa. Pourquoi j’ai fait ça machinalement ?
Les larmes montent, les sanglots ne tardent pas à arriver. Je suis anéantie. J’ai besoin d’un coca bien frais.
La sage-femme toque pour m’apporter de l’eau et mon plateau-repas. C’est alors que je me mets à pleurer et surtout à faire un caprice de petite fille.
Elle a dû être apeurée par ma rage de vouloir une boisson gazeuse car figure-toi, qu’elle est revenue avec mon soda fétiche ! Quelle fraîcheur !
Bon, je vais te laisser, après une douche bien chaude où j’ai pu pleurer sans être gênée, je sais que le marchand de sable va bientôt toquer à ma porte.
À demain, mon petit bébé.
21/08/21 au 23/08/21
Les journées sont super longues. Je m’ennuie terriblement.
Je suis extrêmement angoissée et j’ai l’impression que personne ne me comprend. En plus, nous sommes arrivés en plein week-end, je comprends très vite que je ne vais voir aucun médecin.
Je me prépare pour 7 h.
Ensuite, les sages-femmes arrivent vers 7 h 30 pour prendre mes constantes.
S’ensuit alors le petit déjeuner.
Ensuite ? C’est le néant. Il n’y a rien à faire à part attendre.
11 h 30, on m’apporte le déjeuner. Ensuite ? Il n’y a rien à faire.
J’ai quand même fait quelques examens comme des monitorings ou des dopplers…
Je passe une partie de mes journées au téléphone avec mes amies. J’attends. Je n’arrive pas à lire. Je n’arrive pas à me concentrer… Je traîne sur les réseaux sociaux, lâchant des « like »…
Fin du WEEK-END ! Enfin !
J’espère que ça va bouger un peu plus… Que je vais pouvoir éclaircir la situation avec l’équipe médicale.
C’est alors qu’on m’annonce qu’il faudrait faire une amniocentèse. L’ensemble des médecins sont pour. Cela permettrait de confirmer ou d’éliminer une maladie génétique.
C’est une seringue qui sert à récupérer du liquide amniotique qui sera ensuite analysé. Je lis un petit fascicule, qui explique que cet acte comporte tout de même des risques. Certes, c’est très peu de chances, mais ils sont bien là. Risque de fausse couche, risque d’accouchement car ta poche sera percée.
Nas, ton papa n’est pas encore venu me voir. Avant tout, il faut trouver des solutions pour faire garder Apy et les chats. Il faut aussi terminer l’administratif. Mais surtout s’organiser correctement.
De toute façon, je ne suis pas seule, tu es là toi, mon tout petit.
Allez, je nous envoie de la force pour demain, après réflexion, on va la faire cette amniocentèse !
Je n’ai pas dormi de la nuit. J’ai très peur.
Il y est 6 h 30 et je suis déjà prête. J’ai peur d’avoir mal, j’ai peur qu’on te fasse mal, j’ai peur du bloc opératoire, j’ai peur des résultats.
11 h ! C’est enfin le moment de descendre. C’est parti mon tout petit. Ça va aller, on va être fort.
Je pleure, j’ai vraiment trop peur. Je suis tétanisée.
On descend au bloc. Il fait froid…
L’équipe est superbe. On m’encourage. On m’explique que c’est la préparation qui est longue mais que l’acte en lui-même est rapide. Il faut réussir à trouver la bonne zone.
J’ai pu te voir à l’écran. Et le médecin a piqué. Je m’attendais à une douleur atroce. Mais en fait, ça ne fait strictement rien. Enfin, comme un gros pincement.
J’appelle Papa, une fois remontée en chambre, il faut que je me décharge.
21 h
C’est l’heure de Koh Lanta. Tu es prêt ? On va se détendre ?
En plus, je ne t’ai même pas raconté ! Il y a eu un énorme élan de générosité et d’amour autour de nous.