Prier 15 jours au souffle de la nouvelle évangélisation - Emmanuelle Duez-Luchez - E-Book

Prier 15 jours au souffle de la nouvelle évangélisation E-Book

Emmanuelle Duez-Luchez

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Beschreibung

Depuis Vatican II, l'Église se cherche une manière neuve d'être au monde. C'est Jean-Paul II qui a lancé l'expression « nouvelle évangélisation », en 1979. À sa suite, Benoît XVI a créé un Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation.
En 2020, ce Conseil a publié le Directoire pour la catéchèse, un texte de 428 articles en trois parties : la catéchèse dans la mission évangélisatrice de l'Église ; le processus de la catéchèse ; la catéchèse dans l'Église particulière.
Ce texte novateur nous exhorte à passer d'une ecclésiologie de la prescription à une ecclésiologie de l'inscription : évangéliser, c'est annoncer le salut dans l'aujourd'hui du monde ; il s'agit d'abord d'écouter battre le coeur du peuple de Dieu, de manière à entendre comment ses aspirations sont inscrites dans l'Évangile, et de révéler ce qui se vit du salut, en l'enracinant dans le Christ Sauveur.


À PROPOS DE L'AUTRICE




Soeur Emmanuelle Duez-Luchez est supérieure générale de la congrégation des Filles de l'Enfant-Jésus de Lille. Elle a été membre du service de catéchèse de ce diocèse pendant vingt ans. Elle est l'auteure de "Prier 15 jours avec Natalie Doignies".

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Prier 15 jours

AU SOUFFLE DE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION

COLLECTION PRIER 15 JOURS

•Des livres sources

–pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

•Des livres pratiques

–un rappel biographique en début de volume ;

–un itinéraire balisé en introduction ;

–une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage ;

–pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

•Des livres accessibles

–un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs ;

–une information donnée de l’intérieur pour un public plus large.

DE LA MÊME AUTEURE

Prier 15 jours avec Natalie Doignies, Nouvelle Cité, 2020.

Il suffit de quelques justes, Salvator, 2014.

La Catéchèse entre saveurs et savoirs, L’Atelier, 2003.

Prier 15 jours

AU SOUFFLEDE LA NOUVELLE ÉVANGÉLISATION

Avec le Directoire pour la catéchèse

Sœur Emmanuelle DUEZ-LUCHEZ

Composition : Nord Compo Couverture : Richard Garcia

Illustrations de couverture :1, Le Sermon sur la montagne (huile sur cuivre), par Carl Heinrich Bloch, 18774, portrait de l’auteur, D. R.

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.

© 2024, Groupe ElidiaÉditions Nouvelle Cité10 rue Mercœur – 75011 Pariswww.nouvellecite.fr

ISBN : 978-2-37582-571-6ISSN : 1150-3521

INTRODUCTION

Dans la période postconciliaire, l’Église cherche une manière neuve d’être au monde. Le pape pasteur Jean-Paul II lance l’expression « nouvelle évangélisation » lors de son premier voyage en Pologne, en 1979. Beaucoup de groupes de prière, d’associations de fidèles, plus ou moins discrets, se sont rapidement reconnus dans cette expression, tandis que d’autres se tenaient sur la réserve, ne trouvant pas de sens à l’utilisation de ces termes redondants puisque le mot « évangile » signifie « bonne nouvelle ». L’invention géniale des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) a apporté un souffle nouveau, une visibilité nouvelle à l’Église universelle, un nouvel élan, et l’expression même de « nouvelle évangélisation » s’est usée peu à peu.

Après le long pontificat de Jean-Paul II, le pape théologien Benoît XVI scrute avec attention ce qu’a généré cette explosion de nouveautés, partout dans le monde : très sensible aux dérives possibles, il n’a pas manqué d’en identifier quelques-unes, et les a courageusement réprimandées. C’est pourquoi, en 2010, il a éprouvé le besoin de créer, pour l’aider dans ce discernement, un nouveau conseil qu’il a appelé « conseil pontifical pour la Promotion de la Nouvelle Évangélisation ». Ce conseil est chargé de donner les impulsions, de définir les orientations de la nouvelle évangélisation. Avec le recul que nous avons aujourd’hui, nous constatons à quel point il est indispensable : c’est lui qui impulse les orientations pastorales du pape ; c’est lui qui est à l’origine du jubilé de la miséricorde, de la Journée mondiale des pauvres, du dimanche de la Parole…

Le point d’appui du travail de ce conseil, c’est l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, « La joie de l’Évangile », du pape François, et sa mission est d’en diffuser l’esprit dans les différents dicastères ou ministères du Vatican.

C’est ainsi que le 17 septembre 2020, dans un monde en alerte pandémique, dans une Église universelle qui, pays après pays, reconnaît l’existence des crimes d’agressions sexuelles, paraît un document au titre « barbare » mais dont le contenu n’est absolument pas rébarbatif et qu’il serait dommage d’ignorer : le Directoire pour la catéchèse.

S’il est possible, dans l’expression « nouvelle évangélisation », de contester l’adjectif « nouvelle », il est incontestable que le contenu de ce Directoire est véritablement nouveau. C’est un texte de 428 articles, structuré en 3 parties : La catéchèse dans la mission évangélisatrice de l’Église (1), Le processus de la catéchèse (2) et La catéchèse dans l’Église particulière (3).

Approche nouvelle d’une tradition vivante, ce document s’adresse à tous les membres de l’Église, car tous sont concernés par l’annonce de l’Évangile. « Approche nouvelle » parce que tous les chrétiens sont reconnus comme destinés à l’accueil de la bonne nouvelle de l’Évangile, pas seulement les enfants et les jeunes. Approche nouvelle parce que le monde, dans son immense variété de peuples, de langues, de cultures, de situations, est appelé à recevoir la Bonne Nouvelle dans la situation qui est la sienne, sans exclusive. Approche nouvelle parce que toutes les activités humaines, qu’elles soient d’ordre caritatif, éthique, économique, numérique… ont besoin d’être éclairées par la Bonne Nouvelle.

Cette approche nouvelle est en phase avec la société et l’Église du xxie siècle : l’Église doit sa crédibilité à sa faculté de renouvellement. Ce Directoire correspond parfaitement au « tout est lié » du pape François. Si ce Directoire est véritablement mis en œuvre dans toutes ses composantes, il est évident qu’il propose un bel antidote au cléricalisme, déviance principale de l’Église dénoncée par le pape François au début de son pontificat et identifiée récemment comme cause principale des abus de pouvoir, abus spirituels et agressions sexuelles dans l’Église.

Le Directoire est destiné aux personnes missionnées pour l’annonce de l’Évangile, pas uniquement aux catéchistes mais à l’ensemble des baptisés qui, d’une manière ou d’une autre, œuvrent à faire advenir le règne du Christ en notre monde.

Ce Prier 15 jours au souffle de la nouvelle évangélisation est à destination de tout fidèle du Christ qui, pour soutenir la communion de l’Église dans sa mission d’évangélisation, s’engage, par la prière, à vivre dans la dynamique de la nouvelle évangélisation.

HISTOIRE DU PROCESSUS D’ÉVANGÉLISATION

Le Directoire pour la catéchèse met en évidence le fait qu’il existe un processus d’évangélisation. S’il y a processus, c’est donc qu’il y a possibilité d’identifier les balises d’un chemin. Cependant, le processus ne s’identifie qu’à la fin, ce n’est pas une programmation prévue d’avance.

Le commencement de l’évangélisation : le témoignage

« Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l’a ressuscité, nous en sommes témoins » (Ac 2,32).

Lors du procès de Jésus, on sent monter le doute dans la conscience de Pilate. Il ne voit en lui aucun motif pour le condamner à mort. Il y a un combat en lui. Il pose une ultime question à Jésus : qu’est-ce que la vérité ? Puis, il tourne les talons, il sort. Il stoppe le processus dans lequel il est engagé. On peut considérer que c’est à cet instant que commence le processus d’évangélisation : lorsque Pilate amène l’homme tuméfié devant la foule, il est saisi intérieurement par sa dignité et sa noblesse ; quand il dit : « Voici l’Homme », qu’expose-t-il ? Une horreur ou une beauté ?

Ils sont deux larrons sur les croix de chaque côté de Jésus : l’un voit une horreur et l’autre une bonté. Le soldat romain qui perce le côté du Christ reconnaît l’identité du Fils de Dieu.

Que se serait-il passé si la foule avait crié « Jésus » (Dieu sauve) au lieu de « Barabbas » (fils du père) ? Ce Barabbas, il fallait aussi le sauver du mal, il fallait que Jésus meure aussi pour lui !

Ces témoignages d’avant la Résurrection, énoncés par des exécuteurs païens, sont intéressants à retenir pour la suite de l’évangélisation, car c’est déjà lire dans la Passion les germes de résurrection.

Le processus d’évangélisation suit les étapes du baptême : d’abord recevoir le signe de la Croix pour marquer que c’est le Christ qui a l’initiative de la conversion. Ensuite, renoncer au mal comme chemin de vie. Enfin, s’engager dans les pas du Christ, source et lumière sur le chemin.

Le iersiècle de l’évangélisation : les Évangiles

Au jour de la Pentecôte, à Jérusalem, des gens de toutes les nations du pourtour méditerranéen sont rassemblés, pris de stupeur en entendant Pierre, un Juif galiléen proclamer avec assurance qu’un crucifié est ressuscité. Peur, effroi, doute, rejet, moquerie… et étonnement, parce que chacun le comprend dans sa propre langue. Parmi eux, certains juifs pieux, nourris des Saintes Écritures, reconnaissent d’emblée dans le discours de Pierre le Dieu proche, humain, que les prophètes ont annoncé, le Dieu dont David est par excellence le serviteur fidèle. Ceux d’entre eux qui sont interpellés se constituent en petites communautés autour de quelques témoins oculaires, ils rassemblent leurs souvenirs, se racontent les événements, ce qui s’est dit et contredit, et à la fin du ier siècle, plusieurs volumes de textes sont disponibles ; quatre d’entre eux seront authentifiés : ceux des communautés de Marc, de Matthieu, de Luc et de Jean.

Du iiesiècle jusqu’au Iermillénaire

La diffusion du message se propage autour du bassin méditerranéen par ceux qui ont connu les premiers témoins. Irénée de Lyon a connu Polycarpe, lequel a connu saint Jean, et ainsi tous les autres. Le message reçu transforme les personnes. Leur genre de vie attire, ou tout au moins fait réfléchir. Et ça tombe bien, les peuples méditerranéens sont exercés depuis bien longtemps à la philosophie et la philologie ; à Alexandrie et à Antioche, il y a deux universités concurrentes aux courants de pensée différents. Toutes deux se sont emparées de l’interprétation de cette nouvelle doctrine présentant un Dieu incarné, mort et ressuscité. Deux grands courants théologiques naissent dans deux empires concurrents, Rome et Byzance, et des empereurs qui se sentent menacés d’être délogés de leur statut de légat de Dieu sur terre ordonnent des massacres de tous les adeptes de cette religion.

À la fin du iie siècle, la lettre d’un chrétien inconnu à un futur catéchumène, Diognète, l’encourage malgré les menaces. « Les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par le pays, ni par le langage, ni par les coutumes. Car ils n’habitent pas de villes qui leur soient propres, ils n’emploient pas quelque dialecte extraordinaire, leur genre de vie n’a rien de singulier. […] On ne les connaît pas, mais on les condamne ; on les tue et c’est ainsi qu’ils trouvent la vie. Ils sont pauvres et font beaucoup de riches. Ils manquent de tout et ils ont tout en abondance. On les méprise et, dans ce mépris, ils trouvent leur gloire. On les calomnie, et ils y trouvent leur justification. On les insulte, et ils bénissent. On les outrage, et ils honorent » (vatican.va/spirit/ documents/spirit_20010522_diogneto_fr.html ).

Le processus d’écriture des Évangiles initié à partir des premières communautés issues de la Pentecôte s’est poursuivi ; on appelle les rédacteurs « Pères de l’Église », tel saint Augustin. C’est à la fin du viie siècle, avec saint Jean Damascène, que s’achève la période dite « patristique ». Du côté occidental de l’Église, les pays ont subi les invasions « barbares », qui ont imposé leurs rites païens ou hérétiques : l’évangélisation doit alors convertir en humanisant.

À la fin du Ier millénaire, quand les rivalités des ambitions des empereurs se conjuguent avec les conflits ancestraux des universitaires, c’est inévitablement la rupture : le 16 juillet 1054, le cardinal Humbert de Moyenmoutier dépose une bulle d’excommunication sur l’autel de SainteSophie de Constantinople contre le patriarche Michel Cérulaire, et réciproquement : la séparation est actée, la partie occidentale est désignée « Église catholique », la partie orientale, « Église orthodoxe ». C’est le 7 décembre 1965, au dernier jour du concile Vatican II, que l’excommunication réciproque sera levée par le patriarche Athénagoras de Constantinople et le pape Paul VI.

Le IIemillénaire jusqu’au concile Vatican II

Les deux parties de l’Église vont évoluer chacune de leur côté, dans des contextes différents, instables, chacune continuant de propager l’Évangile. Lors des croisades, les deux Églises se retrouvent pour se disputer ad vitam æternam autour du tombeau du Christ : par chance, un compromis a été trouvé pour que l’une ne supplante pas l’autre, car le tombeau du Christ ne peut être possédé ni par l’une ni par l’autre : c’est alors une famille musulmane qui est chargée de maintenir la stabilité de ce lieu saint. Pas plus que le tombeau, l’Évangile non plus n’est pas la propriété de l’une ou de l’autre Église : au moment de la rupture, la plupart des dogmes christologique et trinitaire sont définis ; les formes d’expression de la foi peuvent évoluer différemment sans affecter les fondements de l’évangélisation. Ainsi, des deux côtés, on peut continuer à proclamer « une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu », sans déclarer l’autre « anathème ».

Du côté occidental, l’Évangile se diffuse d’une manière exponentielle, par l’écriture, toutes les formes d’art et de sciences – peinture, sculpture, architecture… Partout s’érigent monastères, calvaires, cathédrales, et autour d’eux, des écoles. L’imprimerie et le développement des moyens de transport portent l’Évangile au bout du monde ; l’exploration de terres nouvelles et la rencontre de peuples variés invitent à communiquer partout la bonne nouvelle du Christ. Les découvertes scientifiques et technologiques contribuent à l’expansion et à la diffusion des Évangiles. La Bonne Nouvelle est annoncée par des formes de vie radicalement pauvres avec François d’Assise, Claire d’Assise, Dominique… L’Évangile est rendu concret par les œuvres de charité, les hôpitaux qui soignent et accueillent les pauvres, les enfants abandonnés. L’Évangile pénètre tous les aspects de la vie humaine, jusqu’aux sépultures autour des églises.

Au milieu du xxe siècle, lorsque les États européens cherchent leur unité, ils ne trouvent pas d’autre point d’appui que celui de la « civilisation chrétienne » – terme pourtant rejeté par certains au nom du respect des convictions de chacun. Au début du xxie siècle, au moment de célébrer le centenaire de la Première Guerre mondiale, cette question habitait les chrétiens des pays belligérants : comment se fait-il qu’au bout de deux mille ans d’évangélisation, des peuples chrétiens se soient entretués ?

Pour nous relever des profondes blessures inscrites dans le Corps du Christ, la nouvelle évangélisation est un appel urgent à refonder l’enracinement de chaque baptisé dans Celui qui libère et qui pardonne.

premier jour

UNE NOUVELLE ÉTAPE POUR L’ÉVANGÉLISATION