Prier 15 jours avec Antoine de Saint Exupéry - Béatrice Guibert - E-Book

Prier 15 jours avec Antoine de Saint Exupéry E-Book

Béatrice Guibert

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Beschreibung

Depuis sa disparition, dans le crash de son avion, au large des côtes marseillaises, Antoine de Saint Exupéry (1900-1944) jouit d'une popularité qui ne faiblit pas, en France et dans le monde entier, grâce aux traductions du Petit Prince dans plusieurs centaines de langues. Mais c'est tout au long de son oeuvre que l'écrivain-pilote a su trouver les mots et toucher les coeurs des chercheurs de sens. Antoine de Saint Exupéry nous invite à ne pas rester sourd à l'appel de la vie, cet appel si particulier à chacun mais universel, et à y prendre notre part.

Lire Saint Exupéry, c'est embarquer dans une inlassable quête intérieure vers le plus humain, vers le plus fraternel, et vers Dieu. Car Dieu est omniprésent dans l'oeuvre de celui qui cherchait le silence des mots intérieurs et priait ainsi : « Apparais-moi, Seigneur, car tout est dur lorsqu'on perd le goût de Dieu… Quand je mourrai : Seigneur, j'arrive à Toi, car j'ai labouré en Ton nom. »

À PROPOS DES AUTEURS


Béatrice Guibert a été conseillère auprès de la Cour suprême du Nicaragua.

Le père Stan Rougier, éducateur, infirmier, aumônier de jeunes, a nourri toute sa vie une amitié littéraire et spirituelle avec Saint Exupéry.


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Prier 15 jours avec

ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY

COLLECTION PRIER 15 JOURS

• Des livres sources :

– pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

• Des livres pratiques :

– un rappel biographique en début de volume ;

– un itinéraire balisé en introduction ;

– une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage ;

– pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

• Des livres accessibles :

– un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs ;

– une information donnée de l’intérieur ;

– pour un public plus large.

DES MÊMES AUTEURS

Au souffle des Béatitudes, Artège, 2021.

Journal d’un novice, Salvator, 2018.

Puisque l’amour vient de Dieu, Desclée de Brouwer, (1998, 2007). Rééd. revue et augmentée, 2018. Traduit en espagnol : Porque el amor viene de Dios, Editorial Sal Terrae, 2005.

François d’Assise, troubadour et prophète, Salvator, (1984) 2017. Rééd. revue et augmentée.

Que peut-on dire aux hommes ?, Mame, 2017.

Aime et tu vivras, Desclée de Brouwer, (Cana, 1985) 2015. Rééd. revue et augmentée.

Prier 15 jours avec

ANTOINE DESAINT EXUPÉRY

Stan ROUGIERavec Béatrice GUIBERT

nouvelle cité

Composition : Nord CompoCouverture : Richard Garcia

Illustrations de couverture :portrait d’Antoine de Saint Exupéryp. 4, portraits des auteurs, D.R,

© Avec l’aimable autorisation des éditions Gallimard.

© 2024, Groupe ElidiaÉditions Nouvelle Cité10 rue Mercœur75011 PARIS

9 espace MéditerranéeAvenue Général-Leclerc66000 Perpignanwww.nouvellecite.fr

ISBN 978-2-37582-609-6ISSN 1150-3521

ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY (1900-1944)

Né le 29 juin 1900, dans une famille de la noblesse provinciale française, Antoine de Saint Exupéry est très tôt privé de son père, qui décède lorsqu’il a 4 ans. Sa mère, Marie Boyer de Fonscolombe, catholique fervente, élève seule Antoine, son frère et ses trois sœurs. Elle leur transmet les solides valeurs chrétiennes et humaines qui l’habitent.

Antoine, enfant turbulent doté d’une très grande sensibilité, effectue toute sa scolarité dans des écoles catholiques. Parfois dissipé et moyennement intéressé par les études scolaires, il peut se montrer insolent, et tient tête aux professeurs. À l’école jésuite de Sainte-Croix du Mans, on le surnomme « Pique-la-lune ». Antoine, en effet, est « ailleurs », la tête dans les étoiles. Quand un professeur l’interpelle : « Saint Exupéry, vous ne m’écoutez pas ! », il se lève et répond : « C’est parce que vous ne m’intéressez pas, Monsieur ! » Il prépare avec succès le baccalauréat chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean, à Fribourg (Suisse).

Très tôt, le jeune Antoine se passionne pour l’aviation. Il accomplit son baptême de l’air à Ambérieu, en 1912, près du château de Saint-Maurice-de-Rémens où il séjourne régulièrement.

La mort de son jeune frère de 15 ans, victime d’une péricardite, le laisse durablement meurtri. Sa foi ne sortira pas indemne de ce drame. Mais Antoine restera jusqu’au bout de sa vie aimanté par Dieu, par le nœud divin qui noue les choses, sans lequel la vie n’a plus de sens, et l’humanité est remisée au rang d’un bétail venu de rien et qui avance sans but, vers rien…

Antoine de Saint Exupéry rêve, dessine, excelle dans les inventions scientifiques. Il est enthousiaste et songeur, véhément et généreux… Il dépose douze brevets, en France et aux États-Unis, pour ses découvertes… Philosophe, écrivain, poète, magicien, journaliste à Moscou, puis en Espagne… C’est un touche-à-tout de génie. Après la rupture douloureuse de ses fiançailles avec Louise de Vilmorin, Antoine épouse religieusement Consuelo Suncin de Sandoval, une jeune artiste salvadorienne, à Agay, le 12 avril 1931. Le mariage civil est célébré le 22 avril, à Nice.

Sa vie professionnelle s’éparpille jusqu’à ce que la compagnie Latécoère (qui deviendra « l’Aéropostale ») lui offre de piloter sur ses lignes, qui transportent le courrier vers le Sénégal, puis l’Amérique du Sud. Partageant le devoir, les risques et la fraternité de ses camarades pilotes, Antoine se sent, enfin, membre à part entière d’une communauté humaine, une communauté spirituelle. « Partout où il se posait, c’était pour apporter de la joie », écrira André Gide dans ses « Souvenirs » (Eg 541). La vie de pilote est très dure. Le courrier passe avant tout.

Que faut-il dire aux hommes pour qu’ils se réveillent frères ? Pour qu’ils se réveillent frères en Dieu ? Voilà ce qui hante Antoine de Saint Exupéry. Par ses engagements personnels, par ses écrits, Antoine a constamment cherché à faire naître des inquiétudes spirituelles chez ses contemporains. On ne peut plus vivre de frigidaires et de mots croisés, on ne peut plus ! confie-t-il au général Chambe en 1943 (Eg 375). La perte de sa communauté spirituelle est devenue son principal tourment.

Courrier Sud (1929), Vol de nuit (Prix Femina en 1931), Le Petit Prince (le livre le plus vendu au monde après la Bible, traduit en 559 langues), Terre des hommes (Grand Prix du roman décerné par l’Académie française, en 1939), Citadelle (publié à titre posthume en 1948), chef-d’œuvre que Saint Exupéry n’a pas eu le temps d’achever, Carnets (1953)… sont autant de cris d’amour vers ses frères humains. Je combattrai pour l’Homme. Contre ses ennemis. Mais aussi contre moi-même (Pg 384).

La guerre contre le joug nazi en Europe lui donne une nouvelle occasion de montrer les lignes de force qui l’animent profondément. Il rêve de réconcilier les Français, divisés entre la résistance à l’occupant nazi et la collaboration pétainiste. Aux États-Unis, où il s’exile après la capitulation de juin 1940, il convoque la jeunesse américaine à prendre part à la libération de la France. Il se heurte à des partisans gaullistes de salon, à l’abri de la guerre, qui le raillent avec arrogance et mépris. Poussé par Consuelo et son éditeur Eugene Reynal, il compose un hommage à l’enfance : Le Petit Prince, et illustre de ses dessins cette histoire hors du temps, une sorte de parabole… qu’il dédicacera à son ami juif Léon Werth, qui a bien besoin d’être consolé : À Léon Werth, quand il était petit garçon (PP 407).

Saint Exupéry ne peut se résoudre à faire fi de certaines ombres qui entachent les sources historiques de la Révélation chrétienne. Il poursuivra tout au long de sa vie sa quête de la cachette de Dieu… Avec respect, avec obstination, avec… passion. Le mot « Dieu » est omniprésent dans ses ouvrages (plus de 360 fois cité dans Citadelle). L’auteur l’évoque toujours avec dignité. Il se tourne directement vers Dieu, Lui parle, dans des prières qu’il crée, Lui demande parfois un signe de Sa Présence : Apparais-moi, Seigneur, car tout est dur quand on perd le goût de Dieu (C 682). Il agit un peu comme son ambassadeur, à l’œuvre dans le sauvetage de ses frères humains.

Qui pourrait assurer qu’Antoine de Saint Exupéry ne gardait pas, dans le secret de son âme, foi en ce Dieu, maître de la vie, qu’il priait pour qu’Il l’éclairât, et auquel il demanda à maintes reprises : Seigneur, donne-moi cette image contre laquelle ils s’échangeront dans leurs cœurs. Et tous, à travers chacun, croîtront en puissance (C 557). Le silence et le désert sont des véhicules propices à l’éveil de l’âme. L’essentiel est invisible pour les yeux (PP 474).

Quelques semaines avant le crash de son avion, Antoine supplie son ami René Gavoille de le choisir comme parrain de son fils Christian-Antoine. Conseillé par une amie, il se prépare avec beaucoup de sérieux à la cérémonie. C’est avec recueillement et jubilation qu’il tient, le 24 juillet, son rôle de parrain lors de la célébration du baptême. Saint Exupéry ne se console pas de s’être écarté de ses racines chrétiennes : Si j’ai perdu le bénéfice de l’explication religieuse, il faut au moins que j’en transpose les valeurs, car elles sont nécessaires et fertiles (Ca 40).

Si beaucoup ont glosé sur les relations tumultueuses du couple Antoine de Saint Exupéry-Consuelo Suncin de Sandoval, leur amour passionné était, cependant, bien vivant. La correspondance du couple, publiée à l’été 2021 chez Gallimard, lève un pan du voile sur les flux et les reflux de leur relation amoureuse. Peu avant la disparition de son époux, Consuelo écrivait à Antoine : « Tu es pour moi le seul qui sent bon le soleil, les nuages, la vie, Dieu », « Dieu est bon parce que je lui ai dit Seigneur, tu sais que j’aime l’homme que tu m’as donné comme mari, que je n’ai jamais cessé une minute de l’aimer depuis que tu me l’as si gentiment donné. » (Antoine de Saint Exupéry, Consuelo de Saint Exupéry, Correspondance 1930-1944, p. 253 ; p. 258).

La vie d’Antoine de Saint Exupéry s’achève brutalement le 31 juillet 1944. Son P-38 Lightning, qui rentrait à la base corse de Borgo après un vol de reconnaissance dans le sud-est de la France, a été abattu par un pilote de chasse allemand, au large des côtes françaises de la Méditerranée. « Si j’avais su qui était aux commandes, je n’aurais pas tiré, pas sur lui », regrettera l’officier, grand admirateur de l’écrivain-pilote.

Le commandant Saint Exupéry a offert sa vie en sacrifice pour sauver sa patrie, la France, du nazisme. Il avait 44 ans. « Ce qui l’a frappé au cœur autant qu’une balle ennemie, ce sont les querelles entre Français, les rivalités, les sottises. Il est mort d’un amour trop exigeant et trop lucide pour un pays dont les enfants avaient perdu le goût de s’aimer. Il est mort en protestation contre le sectarisme et la haine. » C’est la conviction de son ami Robert Aron (Eg 542).

Depuis le château d’Agay, où il réside, son neveu (et filleul) François d’Agay m’enseigna un jour que, quelque part, non loin de là, Antoine avait quitté la planète mais continuait à veiller sur les siens, tous ses frères humains. Il s’était, me dit-il, « acheminé doucement vers Dieu ». Dieu m’ayant sorti de Lui, Sa gravitation m’y ramène (C 810).

UN ENGAGEMENT QUI NOUS LIE AU MONDE

Depuis soixante-douze ans, je m’interroge. Pourquoi Dieu s’est-Il servi de la prose d’Antoine de Saint Exupéry pour frapper à ma porte ? Il y a peut-être une explication simple : lui et moi avons été nourris dans diverses écoles catholiques, à la même source. Saint Exupéry a su réveiller des graines d’Évangile enfouies grâce à un langage nouveau. Le vocabulaire de mon catéchisme me laissait insensible, indifférent. Antoine de Saint Exupéry donnait au message christique des mots qui parlent au cœur de tout être humain, des mots qui rassemblent. Des mots qui mettent debout. Des mots lumineux qui échappent à la fois aux ronrons lénifiants et aux discours haineux.

Auprès des lycéens ou en aumônerie étudiante, j’ai constaté combien des orientations spirituelles ou éthiques peuvent être beaucoup mieux reçues lorsqu’elles sont offertes par des « passeurs d’idéal » comme Antoine de Saint Exupéry, que lorsqu’elles sont proposées « d’enhaut », par une Église.

Antoine de Saint Exupéry, héros national, gloire au hit-parade de la littérature mondiale, jouit d’une cote de popularité qui ne faiblit pas depuis sa disparition. Bien au contraire. L’écrivain-pilote a su trouver des mots qui embrasent d’un éclairage tonique et engageant la destinée humaine. John F. Kennedy s’est souvenu de ses paroles lors de son discours d’investiture, en janvier 1961 : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays ! »

Que de problèmes contemporains trouveraient une lumière de réconciliation dans bien des pages de l’écrivain-prophète ! Antoine de Saint Exupéry nous invite à ne pas rester sourd à l’appel de la vie, cet appel si particulier à chacun mais universel, et à y prendre notre part. Il se fait le chantre des engagements qui nous lient au monde. Il n’est point d’aventure si je ne m’y engage (C 604). Sous l’influence des écrits de Saint Exupéry, la vie m’est devenue, dans mes années de jeunesse, une formidable odyssée à la poursuite des plus grandes interrogations qui préoccupent l’être humain : « Qui sommes-nous ? Que sommes-nous venus faire sur cette petite planète perdue dans l’immensité des galaxies ? » Selon l’homme, ce qui est volé quelque part est donné ailleurs. Ainsi nous ont construits l’oubli de Dieu et l’usage des marchandises (C 641). À l’hôpital où j’effectuais mon service militaire, des malades dont j’avais pris soin durant des mois mouraient. Vers où vont-ils ? Où allons-nous lorsque la mort vient nous chercher ? Seigneur, donnez-moi la force de l’amour ! Fais-moi berger pour les conduire (C 892). La longue prière du prince des sables qui s’inquiète devant Dieu pour son peuple aurait-elle un sens et une raison d’être si elle ne s’adressait pas à un Dieu bien réel ?

Alors que depuis le début de son pontificat le pape François engage ses forces sur l’accueil des « périphéries », il est extrêmement précieux aujourd’hui de saisir les intuitions de quelques penseurs, davantage connus hors de l’Église qu’en son sein, qui constituent de véritables passerelles entre l’Évangile et le monde moderne du XXIe siècle. Henri Bergson, Pierre Teilhard de Chardin, Khalil Gibran, Antoine de Saint Exupéry, Christiane Singer sont de ceux-là. « Cet homme ardent à croire et à aimer… démontre à chacun que ceux qui croient, qui espèrent et qui aiment sont les messagers avant-coureurs dans un monde hostile et sourd de l’unité totale vers laquelle lentement nous cheminons » confiera son ami Pierre Guillain de Bénouville (Confluences, 1947, no 12-14, p. 158).

Si je n’avais pas répondu, sans relâche, durant soixante-dix ans de ma vie, à l’injonction de l’aviateur mystique de parler aux hommes, je n’aurais pas eu le bonheur sans nom de voir autant de jeunes passer du dégoût d’eux-mêmes et de l’existence à la passion d’exister et de soigner ce monde.