Prier 15 jours avec Dietrich Bonhoeffer - Matthieu Arnold - E-Book

Prier 15 jours avec Dietrich Bonhoeffer E-Book

Matthieu Arnold

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Beschreibung

Connu pour son engagement face à Hitler, qui lui coûta la vie, Dietrich Bonhoeffer (1906-1945), pasteur et théologien, a toujours lié prière et action. Pasteur de paroisse, puis chargé de la formation des jeunes pasteurs de l'Église Confessante, il a composé de nombreuse prières, en prose et en vers. Elles témoignent d'une profonde spiritualité. Nombre d'entre elles sont d'autant plus émouvantes qu'elles ont été rédigées en cellule, durant ses deux années de captivité.

L'oeuvre de Dietrich Bonhoeffer résonne avec force aujourd'hui, parce qu'il avait anticipé la survenue de la sécularisation. Pour le théologien, dans ce monde qui pense pouvoir se passer de Dieu, le croyant ne renoncera pas à témoigner de lui ni à le prier, mais il devra le faire avec des termes capables de parler au croyant comme au non-croyant.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Matthieu Arnold est professeur d'histoire du christianisme à la faculté de théologie protestante de Strasbourg et correspondant de l'Institut. Chez Nouvelle Cité, il est l'auteur de "Prier 15 jours avec Luther" et "Prier 15 jours avec Albert Schweitzer".

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Prier 15 jours avec

DIETRICH BONHOEFFER

COLLECTION PRIER 15 JOURS

• Des livres sources pour

– passer quinze jours en compagnie d'un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

• Des livres pratiques

– un rappel biographique en début de volume

– un itinéraire balisé en introduction

– une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l'ouvrage

– pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

• Des livres accessibles

– un ressourcement qui va à l'essentiel pour des chrétiens actifs

– une information donnée de l'intérieur pour un public plus large.

DU MÊME AUTEUR

(sélection)

– Prier quinze jours avec Luther, Nouvelle Cité 1998

– Les Femmes dans la correspondance de Luther, Presses Universitaires de France, Paris 1998

– [avec Jean-Marc Prieur] Dieu est-il violent ?, Presses Universitaires de Strasbourg, Strasbourg 2005

– Annoncer l'Évangile (XVe-XVIIe siècles). Permanences et mutations de la prédication, Cerf, Paris 2006

– Prier 15 jours avec Albert Schweitzer, Nouvelle Cité 2012

– Albert Schweitzer. La compassion et la raison, Olivétan 2015

– Luther, Fayard 2017

– Oscar Cullmann. Un docteur de l'Église, Olivétan 2019

– Albert Schweitzer, prédicateur, AFAAS 2021

Prier 15 jours avec

DIETRICHBONHOEFFER

Matthieu ARNOLD

nouvelle cité

Composition : Jean-Marie WalletCouverture : Richard Garcia

Illustrations de couverture :p. 1, portrait de Dietrich Bonhoeffer,p. 4, portrait de l'auteur, D.R.

Tous droits de traduction,d'adaptation et de reproductionréservés pour tous pays.

© 2024, Groupe ElidiaÉditions Nouvelle Cité10 rue Mercœur – 75011 Paris

www.nouvellecite.fr

ISBN 978-2-37582-618-8ISSN 1150-3521

ABRÉVIATIONS UTILISÉES

Brautbriefe

Brautbriefe Zelle 92. Dietrich Bonhoeffer, Maria von Wedemeyer, 1943-1945. Édité par Ruth-Alice von Bismarck et Ulrich Kabitz, Beck, Munich 1992.

Brevier

Bonhoeffer Brevier. Établi et édité par Otto Dudzus, Kaiser, Munich 1991 (7e édition).

DBW

Dietrich Bonhoeffer Werke (voir bibliographie ; le premier chiffre indique le tome, le second la page).

Henkys

Jürgen Henkys, Geheimnis der Freiheit. Die Gedichte Dietrich Bonhoeffers aus der Haft. Biographie – Poesie – Theologie, Gütersloher Verlagshaus, Gütersloh 2005.

Toutes les traductions ont été réalisées par nos soins et se fondent sur les éditions allemandes ci-dessus.

BIOGRAPHIE

Dietrich Bonhoeffer est né à Breslau (aujourd’hui Wroclaw, en Pologne), le 4 février 1906. Son père, Karl Bonhoeffer, était professeur de psychiatrie et de neurologie, et sa mère, Paula von Hase, était issue de l’aristocratie. Dietrich et Sabine, sa sœur jumelle, sont les sixième et septième d’une famille de huit enfants. Plus tard, grâce au mari de Sabine, Gerhard Leibholz, d’origine juive, Bonhoeffer prendra conscience du sort fait aux Juifs en Allemagne, et il s’engagera en leur faveur.

En 1912, la famille Bonhoeffer déménage à Berlin. De 1923 à 1927, Dietrich fait des études de théologie à Tübingen, à Rome et à Berlin. Sa thèse de doctorat, Sanctorum communio, articule une analyse sociologique et une compréhension théologique de l’Église. En 1928, il accomplit une année de vicariat dans la paroisse allemande de Barcelone. Il s’y forme au travail de jeunesse ; ses succès témoignent de l’ascendant que, jusqu’à sa mort, il ne cessera d’exercer sur ses étudiants et ses jeunes collègues. Assistant à l’Université de Berlin en 1929-1930, Bonhoeffer complète sa formation par une année d’études (1930-1931) aux États-Unis (Union Theological Seminary). Ce nouveau séjour à l’étranger contribue à l’ouverture d’esprit du jeune théologien allemand, marqué jusque-là par une certaine amertume envers le Traité de Versailles et la France : grâce à sa rencontre avec le pacifiste français Jean Lasserre, il surmonte sa rancœur et affirme désormais l’unité (et l’unicité) du peuple chrétien, contre le « nationalisme » et la « haine de races ou de classes ».

À partir de 1931, Bonhoeffer enseigne à la Faculté de Théologie de l’Université de Berlin, au titre de chargé de cours (Privat-Dozent). En même temps, il est aumônier à la Technische Hochschule de Berlin. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance de Karl Barth, alors professeur de théologie à l’Université de Bonn. Le 30 janvier 1933, le maréchal Hindenburg appelle Hitler à la chancellerie du Reich et, le 24 mars suivant, le parlement lui donne les pleins pouvoirs. Dès le 1er février 1933, Bonhoeffer dénonce le culte du chef ; au mois de juin, il rédige un article sur « L’Église devant la question juive ». Le même mois, les « chrétiens-allemands » (Deutsche Christen), des protestants allemands favorables à la collaboration entre l’Église et le Régime autoritaire et raciste de Hitler, prennent la direction de la Fédération des Églises protestantes allemandes, avec le soutien des SA.

Aussi, en octobre 1933, Bonhoeffer part-il pour l’Angleterre, où, jusqu’en 1935, il est pasteur dans des paroisses allemandes de Londres. Il ne prend pas part au Synode libre de Barmen (29-31 mai 1934), qui oppose à l’Église du Reich une Église fondée sur la Bible et les confessions de foi (d’où son nom d’Église confessionnelle ou confessante) ; la déclaration théologique de ce synode affirme que « le fondement inébranlable de l’Église protestante allemande est l’Évangile de Jésus-Christ » et rejette « la fausse doctrine selon laquelle l’Église pourrait […] mettre son message et ses institutions en accord avec les idées philosophiques ou politiques en vogue ». Toutefois, Bonhoeffer suit avec attention l’évolution de la situation politique et ecclésiale en Allemagne.

Lorsque le synode de l’Église de l’Ancienne Prusse (5 septembre 1933) applique à l’Église le paragraphe aryen (7 avril 1933), qui exclut de la fonction publique les « Non-Aryens », Bonhoeffer condamne cette mesure comme « hérétique et contraire à la substance de l’Église ». Lui-même appartient au courant de l’Église confessante qui refusera toujours le compromis avec les « chrétiens-allemands ». Membre de la délégation allemande à la Conférence œcuménique de Fanö (Danemark), il tient, le 28 août 1934, un discours remarqué sur la paix.

Au printemps de 1935, Bonhoeffer rentre en Allemagne : sollicité par des représentants de l’Église confessante, il a accepté la direction d’un séminaire illégal, situé à Finkenwalde, près de Stettin, et destiné à la formation des futurs pasteurs. Bonhoeffer y donne des cours dans les différents domaines de la théologie pratique : homilétique, catéchèse et cure d’âme ; il forme également ses étudiants à une vie de prière, individuelle et communautaire, expérience qu’il rapportera dans De la vie communautaire (1939).

En août 1936, Bonhoeffer est suspendu d’enseignement à l’Université de Berlin. Quelques mois auparavant, un courageux mémoire de la direction de l’Église confessante adressé à Hitler affirmait : « Si, dans le cadre de la conception nationale-socialiste du monde, le chrétien se voit imposer un antisémitisme qui rend la haine des Juifs obligatoire, le commandement chrétien de l’amour du prochain l’oblige à s’y opposer. » En septembre 1937, le Séminaire de Finkenwalde est fermé, sur ordre de Heinrich Himmler ; Bonhoeffer poursuit sa tâche dans la clandestinité, mettant en pratique la coûteuse obéissance à Jésus-Christ qu’il prône dans Nachfolge (1937).

En 1939, Bonhoeffer a une nouvelle occasion de quitter l’Allemagne. Après avoir quitté Berlin au début de juin, pour une tournée de conférences aux États-Unis, saisi par le remords il repart dès juillet pour l’Allemagne afin d’y « partager les épreuves de ce temps avec [son] peuple ». En 1940, il se voit interdire toute prise de parole publique, orale ou écrite. Soutenu par Hans von Dohnanyi, son beau-frère, il entre dans le service de contreespionnage (Abwehr), ce qui lui permet, grâce aussi à ses activités œcuméniques, de nouer des contacts à l’étranger (Suisse, Suède, Angleterre…) et d’y faire connaître l’existence d’une résistance allemande à Hitler.

Ainsi, en 1942, lors d’un voyage en Suède, il rencontre l’évêque britannique George Bell, qu’il connaît depuis son séjour en Angleterre. Les deux hommes échafaudent des projets de paix, une fois Hitler éliminé ; mais ils ne parviennent pas à convaincre les alliés d’apporter un soutien militaire à la résistance allemande. Ses activités politiques n’empêchent pas Bonhoeffer de poursuivre son travail théologique : il travaille intensément à la rédaction de son Éthique ; inachevée, cette dernière paraîtra à titre posthume.

Le 13 janvier 1943, Bonhoeffer se fiance avec Maria von Wedemeyer. Mais leur bonheur sera de courte durée : le 5 avril, Bonhoeffer est arrêté et incarcéré à la prison militaire de Tegel. Ce n’est qu’après l’attentat manqué contre Hitler du 20 juillet 1944 que ses accusateurs parviennent à établir un lien entre lui et les milieux de la résistance – notamment l’un des chefs de l’Abwehr, l’amiral Wilhelm Canaris. Durant ses mois de captivité et d’isolement, interrompus par les visites de sa famille au parloir, Bonhoeffer correspond intensément avec Maria et avec Eberhard Bethge, son élève et ami. Après la guerre, Bethge publiera les lettres que lui a adressées Bonhoeffer sous le titre Résistance et soumission.

Cette émouvante correspondance est riche d’intuitions théologiques : loin de se détacher des problèmes de l’Église et de la société allemandes, dans l’isolement de son cachot Bonhoeffer a anticipé la sécularisation que tant d’autres ont découvert avec effroi des décennies plus tard : un monde « majeur », « non religieux » ; pour notre auteur, dans ce monde, les croyants devront se garder de ravaler Dieu au rang de « bouche-trou », et auront pour mission, par leurs paroles et leurs actes, de le replacer au centre de l’existence humaine.

Après la conjuration militaire du 20 juillet 1944, les conditions de détention de Bonhoeffer se dégradent. Le 8 octobre, il est transféré à la Prinz-Albrecht-Straße, dans les sinistres geôles de la Gestapo, où il n’a plus guère de contacts avec les siens. Le 7 février 1945, il est transféré au camp de concentration de Buchenwald. Le 9 avril 1945, après un simulacre de procès, il est pendu au camp de concentration de Flossenbürg.

Pourtant, cette mort absurde, quelques semaines seulement avant la fin de la guerre, ne scelle pas la défaite de la foi. Le médecin du camp a rapporté comment, avant d’être conduit au supplice, Bonhoeffer avait prié, à genoux, dans sa cellule ; il a été marqué par la vision du condamné, se recueillant une fois encore, avant de gravir l’escalier le menant au gibet. Les dernières paroles de Bonhoeffer rapportées par ses compagnons, « c’est la fin – mais pour moi, le commencement de la vie », ramassent avec force l’espérance de l’Évangile ; elles témoignent de sa confiance en la fidélité de Dieu, dans la mort et après la mort. Grâce notamment à Eberhard Bethge, ses propos ne se sont pas perdus à jamais dans la grisaille du petit matin, à Flossenbürg : édité, puis traduit en de nombreuses langues, ce message exigeant, centré sur le Christ, n’a cessé de proclamer que la liberté et la joie véritables sont données par Dieu, indépendamment des circonstances extérieures.

QUINZE JOURS AVEC DIETRICH BONHOEFFER

Dietrich Bonhoeffer nous a laissé un nombre important de prières ou de réflexions sur la prière. Nombre d’entre elles ont été publiées de son vivant. D’autres – peut-être les plus belles –, transmises clandestinement à son ami Eberhard Bethge ou à sa fiancée Maria von Wedemeyer, ont été connues plus tardivement ; ces textes sont d’autant plus émouvants qu’ils ont été écrits non pas dans le calme d’un bureau, mais dans la tourmente des geôles nazies.

Ces prières de captivité tiennent une place essentielle dans notre ouvrage (septième-quinzième jours), qui se conclut sur le dernier poème rédigé par Dietrich Bonhoeffer, « Forces bienveillantes » (quatorzième et quinzième jours). Pour autant, notre agencement n’a pas été dicté par la chronologie, mais par le souci de proposer au lecteur une progression dans la prière, à la suite de Bonhoeffer.

Prier, c’est s’adresser à Dieu. Pour Bonhoeffer, il s’agit du Dieu révélé en Jésus-Christ (premier jour). Quoi d’étonnant, pour un théologien chrétien ? On lira que bien des protestants contemporains de Bonhoeffer priaient un dieu nationaliste, qui n’avait plus grand-chose en commun avec le Dieu biblique. Souffle vital pour le chrétien (deuxième jour), le dialogue avec Dieu s’enracine dans les Psaumes (troisième jour) et dans la prière de Jésus-Christ (quatrième jour). Rencontre individuelle dans le secret d’une chambre (Mt 6,6), la prière est aussi communautaire, et des temps fixés doivent lui être consacrés (cinquième jour).

Le sixième jour introduit aux prières de prison, en insistant sur le prix, élevé, de la marche à la suite du Christ. Se « tenant auprès de Dieu » – au contraire des « païens » –, les chrétiens lui confient l’humanité tout entière (septième jour). Ils restent solidaires du peuple d’Israël, auquel Dieu maintient ses promesses (huitième jour). À ses compagnons, peu habitués à prier, Bonhoeffer propose les prières qu’ils pourront adresser à Dieu le matin (neuvième jour), le soir (dixième jour) ou dans une situation de détresse (onzième jour).

Dans le face-à-face avec Dieu, lui-même se pose la question de son identité : elle lui est donnée par Dieu (douzième jour) et se nourrit notamment de son passé (treizième jour). Entouré en pensée des êtres qu’il aime (quatorzième jour), le croyant peut, malgré la souffrance présente et la menace de la mort, garder confiance en Dieu : ce dernier est avec lui soir et matin, et le restera jusqu’au dernier jour (quinzième jour).

premier jour

OÙ EST TON DIEU ?

« Mes pleurs sont ma nourriture nuit et jour, parce que l’on me dit chaque jour : “Où donc est ton Dieu ?” » (Psaume 42,4).

Où est ton Dieu ? Voilà ce qu’on nous demande sur le ton de l’inquiétude, du doute ou de la moquerie. La mort, le péché, la détresse et la guerre, mais aussi la bravoure, la puissance et l’honneur – cela, on le voit. Mais où est ton Dieu ? Personne n’a besoin d’avoir honte des larmes qui coulent parce qu’on ne voit pas encore Dieu, parce que nous ne pouvons pas encore prouver son existence à nos frères : ce sont des larmes versées pour Dieu et dont il fait le compte (Ps 56,9). Où est ton Dieu ? Que pouvons-nous répondre, sinon indiquer l’homme qui, dans sa vie, dans sa mort et dans sa résurrection, s’est montré l’authentique Fils de Dieu, Jésus-Christ ? Dans la mort, il est notre vie ; dans le péché, il est notre pardon ; dans la détresse, il est celui qui nous vient en aide ; dans la guerre, il est notre paix. « C’est cet homme que tu dois montrer, en disant de lui : voilà Dieu » (Luther).