Prier 15 jours avec Jeanne d'Arc - Didier Dastarac - E-Book

Prier 15 jours avec Jeanne d'Arc E-Book

Didier Dastarac

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Beschreibung

Jeanne d'Arc (1412-1431) était une bergère de Lorraine. Brusquement entrée dans la vie publique à l'âge de 17 ans et morte martyre deux ans plus tard, elle fait partie des figures féminines les plus connues et les plus représentées à travers le monde. Un parcours atypique, de la sorcière supposée à la véritable sainte. Les comptes-rendus de son procès puis de sa réhabilitation repris dans cet ouvrage se révèlent précieux pour approcher Jeanne et mieux comprendre sa relation à Dieu. On y découvre une femme étonnante d'aplomb et de vie dans l'Esprit, qui se retrouve sommée de s'expliquer sur ce lien qui l'unit à Dieu, sur le message délivré par ces « voix » qui la visiteront jusque dans sa prison.

C'est tout un pan de notre Histoire qui est revisité ici, à partir de l'une des plus grandes erreurs judiciaires de tous les temps.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Didier Dastarac a exercé dans les collectivités territoriales avant de devenir directeur adjoint des services du Havre en 2005, puis de la Haute-Loire (2007-2014). Son ascendance le rattache à plusieurs compagnons de Jeanne d'Arc.

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Prier 15 jours avec

JEANNE D’ARC

COLLECTION PRIER 15 JOURS

•Des livres sources

-pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

•Des livres pratiques

-un rappel biographique en début de volume

-un itinéraire balisé en introduction

-une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage

-pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

•Des livres accessibles

-un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs

-une information donnée de l’intérieur pour un public plus large.

Prier 15 jours avec

JEANNE D’ARC

Didier DASTARAC

nouvelle cité

Composition : Pauline WalletCouverture : Richard Garcia

Illustrations de couverture :p. 1, Statue de Jeanne d’Arc, placéedans sa maison natale, à Domremy (Vosges)p.4, portrait de l’auteur, D.R.

Tous droits de traduction,d’adaptation et de reproductionreservés pour tous pays.

© 2024, Groupe ElidiaEditions Nouvelle Cité10 rue Mercoeur75011 PARIS

www.nouvellecite.fr

ISBN 978-2-37582-611-9ISSN 1150-3521

100 ANS APRÈS…

Le 16 mai 2020 marque le centenaire de la canonisation de Jeanne d’Arc. Dans un contexte fort différent de celui de sa béatification en 1909, quelque 4 ans après l’adoption, puis la promulgation en France de la loi de Séparation des Églises et de l’État.

Entre 1909 et 1920, la première Guerre mondiale, si meurtrière dans son ampleur, unifia dans un même sort, celui des tranchées et des bombardements, toutes les sensibilités politiques, conditions sociales, convictions religieuses et laïques… Chez tous, le sens du sacrifice pour la Patrie, dans « l’odieuse boucherie » dénoncée dès 1915 par le pape Benoît XV, la Fraternité descendit de notre triptyque républicain pour s’incarner en actes. Certes, ce ne fut pas la fin de l’anticléricalisme et du cléricalisme s’affrontant tous deux… Mais ce ne se manifesta plus désormais comme avant.

Quelques parlementaires français, furent envoyés en mission pour… renouer les relations diplomatiques entre la République française et le Vatican.

Alors, dans cet effort diplomatique raisonné, la canonisation de Jeanne d’Arc devint possible et fut solennellement célébrée en la basilique Saint-Pierre de Rome le 16 mai 1920.

Cent ans après, où en sommes-nous ? En cent ans, la personnalité et l’image de la nouvelle sainte parcourt le monde, suscite encore admiration et courage, au-delà de la sphère ecclésiale et religieuse, pour parler au cœur de celles et ceux – trop nombreux – qui souffrent de la violence, de la cruauté, de l’avilissement et de l’oubli…

L’énergie féminine de Jeanne demeurera toujours. Sa prière, simple et directe, est de toujours…

Précision

Chaque livre de la collection Prier 15 jours avec… propose un itinéraire dans la prière, rejoignant le lecteur dans sa propre vie, à partir des écrits de la figure spirituelle choisie. Or Jeanne d’Arc n’a rien écrit. Tout au plus apprit-elle à signer de son prénom. Cependant, de très nombreux témoignages se référant à ses paroles, intimement liées à son action, viennent rejoindre les réponses qu’elle a données au cours du procès de foi qu’on lui intentait, telles qu’elles ont été consignées.

Parce que Jeanne prie et agit de façon continue et régulière, affrontant l’impossible, elle méritait sa place à côté des grands maîtres, guidés eux aussi par la force de la prière. Sa spiritualité, toute en actes, a suffisamment frappé ceux qui l’ont connue, pour qu’à travers leurs témoignages cette parole vécue atteigne le plus grand nombre, particulièrement ceux qui ne peuvent écrire.

PRÉFACE

Jeanne d’Arc. Est-ce seulement une histoire haute en couleurs, où surgissent des noms qui font l’événement : Vaucouleurs, Chinon, Orléans, Reims, Rouen et qui dans leur trame se prêtent merveilleusement à l’illustration de l’artiste comme dans les verrières de la cathédrale d’Orléans ?

Jeanne d’Arc. C’est aussi l’aventure d’une vie, comme toutes nos vies sont aventure en réponse à une vocation, si nous savons dépouiller ce mot de son aspect magique qui en ferait du programmé, du tout tracé, parce que « c’était écrit ». Pour chacun de nous c’est la rencontre, dans la spontanéité, de l’amour de Dieu qui fait proposition et de la correspondance du oui de notre liberté, vouloir avec lui ; même le « commandement » fait à Jeanne était de l’ordre de la demande. Et puis, la réponse à la vocation, c’est le cheminement, dans la joie ou, par périodes, à tâtons, dans la découverte peu à peu du plan lentement dévoilé ; c’est les preuves données de la confiance plus forte que les hésitations et les routes, car les Annonciations – pour Marie comme pour Jeanne – sont suivies d’événements qui viennent incompréhensiblement les contrecarrer tandis que Dieu ne semble pas pour autant bouleverser le cours des choses. C’est l’œuvre menée à deux, car si la force de Dieu est toujours présente, l’initiative de l’action est laissée aux capacités de l’homme. C’est la maturation dans la prière où l’Esprit Saint révèle tout le sens de la mission et guide la démarche de notre conduite.

Aujourd’hui, en nous proposant Prier 15 jours avec Jeanne d’Arc, Didier Dastarac nous offre l’aide d’une sœur pour répondre à notre tour à notre vocation. Ce ne sont pas des prières composées – Jeanne n’écrivait pas – à réciter en telle ou telle circonstance, avec de meilleurs mots et expressions que ceux que nous saurions trouver. Mieux, c’est l’exemple de Jeanne nous apprenant à prier en toutes circonstances. Car il y a des lieux et des jours qui semblent offrir le cadre pour une prière facile comme l’église paroissiale Saint-Rémy ou l’ermitage de Notre-Dame de Bermont que l’on va, avec les compagnes Hauviette et Maugette, fleurir de bouquets champêtres ; mais il y a aussi les lieux dénudés comme la vigne où Jeanne se retire pour se recueillir quelque temps dans la précarité de l’assaut des Tourelles et où le symbole de la Sainte Passion de son Seigneur n’est plus représenté que par la croix que forme le pommeau de son épée. Le tumulte de nos villes, le rythme du travail ne sont pas davantage des espaces impossibles à la prière. Encore faut-il que nous sachions nous défendre contre nous-mêmes et ré-ouvrir des pans de notre vie que nous tenons fermés, quand la fièvre de l’action, la surexcitation du succès nous rendent inaccessibles à Dieu. Dans le combat comme dans la victoire, le premier réflexe de Jeanne est ce regard vers Dieu pour demander force et dire son action de grâces. Plus profondément encore – car nous savons les épreuves de Jeanne – il nous faut nous garder de la tentation de « bouder » Dieu lorsque, trop chargés du mal ou de l’injustice des hommes, nous retenons nos lèvres, fermées par le dégoût, de s’ouvrir pour la prière. Jésus ! Jésus !

Jeanne priait avec des mots simples. Pater, Ave, Credo, ceux de sa « créance » apprise de sa mère, répétant du « par cœur » mais y découvrant suivant la circonstance et le moment une nouvelle saveur, un approfondissement de foi. Que son langage d’oraison pouvait aussi être spontané, tel que nous le découvrons au fil des interrogatoires ! « J’allai en mon conseil… », « les voix me disaient… » Loin de phrases rituelles, c’est la conversation avec sainte Catherine, sainte Marguerite et saint Michel. C’est la familiarité de l’enfant avec son Père : « Très doux Dieu, je vous requiers, si vous m’aimez, de me révéler ce que je dois dire. »

Le livre de Didier Dastarac s’ouvre sur la supplique qu’Isabelle Romée, la mère de Jeanne d’Arc, adressa au pape Calixte III pour demander révision de l’affreux procès fait à sa fille. Cette mention autorise sans doute l’évocation, en conclusion, d’un autre souvenir, celui-ci dû au cardinal Touchet, l’évêque d’Orléans infatigable promoteur de la canonisation de la sainte. Pèlerinant à l’église de Domrémy, l’évêque fut frappé d’y rencontrer une femme qui s’attardait dans la prière. Désireux de partager sa dévotion johannique, il questionna. La femme expliqua : frappée d’un deuil qui ne guérissait pas, elle priait Jeanne. Mais, confiait-elle, trouvant ainsi plus facile de croire et d’espérer, elle coulait sa prière dans celle d’Isabelle Romée qui, comme elle, avait connu le malheur de perdre une grande jeune fille.

Nous n’épuiserons jamais les découvertes dans nos rencontres avec nos frères et sœurs les saints. Jeanne en savait l’insondable richesse…

– Jean Beaupère (à l’interrogatoire) : Quand vous voyez cette voix qui vient à vous, y a-t-il de la lumière ?

– Jeanne : Il y a beaucoup de lumière de toutes parts et cela convient bien.

Gérard DAUCOURT, évêque d’Orléans entre 1998 et 2020

INTRODUCTION

« J’avais une fille, née en légitime mariage, que j’avais munie dignement des sacrements du baptême et de confirmation et avais élevée dans la crainte de Dieu et le respect de la tradition de l’Église, autant que permettait son âge et la simplicité de sa condition, si bien qu’ayant grandi au milieu des champs et des pâturages elle fréquentait beaucoup l’église et recevait chaque mois après due confession le sacrement de l’Eucharistie malgré son jeune âge, et se livrait aux jeûnes et aux oraisons avec grande dévotion et ferveur, pour les nécessités alors si grandes où le peuple se trouvait et auxquelles elle compatissait de tout son cœur ; pourtant […] certains ennemis […] l’ont fait traduire en procès de foi et […] sans qu’aucun secours ait été donné à son innocence, en un procès perfide, violent et inique, sans l’ombre du droit […] l’ont condamnée de façon damnable et criminelle et l’ont fait mourir très cruellement par le feu. »

En ces termes, Isabelle Romée, mère de Jeanne d’Arc, adresse sa supplique, le 7 novembre 1455, en la cathédrale Notre-Dame de Paris aux trois commissaires que le pape Calixte III désigne pour suivre la révision du procès qui condamna sa fille au bûcher en 1431.

L’épopée de Jeanne d’Arc est bien connue ; les questions que sa mission soulève le sont moins. Elles suscitent encore des recherches sur la légitimité des pouvoirs en cause ; sur le soutien que l’Église prête au bras séculier ; sur la place de la femme dans une société politique où le pouvoir est masculin… Peut-être faut-il voir là une des raisons à la floraison d’ouvrages qui, par le monde entier, s’intéressent encore aujourd’hui à Jeanne, à son histoire, à son poids dans l’histoire. Cette attirance n’a pas fini de rendre compte de l’étonnant destin de cette bergère lorraine, entrée à 17 ans à peine dans la vie publique et morte martyre à tout juste 19 ans.

Rien ne sera ajouté à l’historiographie dans les pages qui vont suivre; elles veulent seulement inviter à une relecture attentive des principales sources (le procès de condamnation de 1431 et le procès de réhabilitation de 1456) relatant ce que Jeanne la Pucelle – comme l’appellent ses contemporains, du moins côté français – exprime de sa relation à Dieu. Jeanne prie, agit et on la somme de s’expliquer sur le lien qui l’unit à Dieu, sur le message qu’il lui adresse par l’intermédiaire des voix qui la visitent jusque dans sa prison.

Alors comment prier avec celle en qui certains ont voulu voir une sorcière ?

Quel que soit le degré de liberté dont nous jouissons et la culture qui nous porte, Jeanne est une question qui nous précède en nous introduisant au discernement du bien et du mal, à travers les événements de notre vie.

Peut-être redirons-nous avec davantage de conscience et de consistance la dernière invocation du Notre Père : « Délivre-nous du mal » ? C’est ce que fit Jeanne d’Arc. Suivons-la dans sa prière.

JEANNE AU RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE

1412

Le 6 janvier 1412, naît Jeanne à Domrémy, village dépendant de la paroisse de Greux, au foyer de Jacques d’Arc (originaire de Ceffonds, près de Montier en Der, en Champagne) et d’Ysabelette Romée, originaire de Vouthon, village situé sur la route de Greux à Gondrecourt dans le Barrois (Vosges). Elle est donc native d’un village français. Jacques et Isabelle sont de simples laboureurs « de bonne vie et renommée » ; ils possèdent avec leur chaumière un petit patrimoine. Loin de l’aisance, ils élèvent trois fils : Jacques, Jean et Pierre et deux filles : Jeanne ou Jeannette et Catherine. Leur descendance se poursuit aujourd’hui.

« Elle était bonne, simple et douce fille », dit une amie de son enfance, « point paresseuse », ajoute un voisin.

1425, les voix

En 1425, Jeanne a treize ans, lorsqu’une voix lui parle pour la première fois. Saint Michel, sainte Catherine et sainte Marguerite la visiteront désormais fréquemment.

1428, Vaucouleurs

Le 13 mai 1428, obéissant à ses voix, Jeanne arrive à Vaucouleurs et rencontre le sire de Baudricourt, qu’elle reconnaît au milieu des siens alors qu’elle ne l’a jamais vu. « Mes voix me le firent connaître », dit-elle. Baudricourt conseille à son oncle de la reconduire à son père. Elle le revoit peu après et le supplie de la faire mener au Dauphin Charles, de la part de son Seigneur. « Qui est votre seigneur ? » dit un des proches de Baudricourt. « C’est Dieu » répond Jeanne. Plusieurs seigneurs de l’entourage de Baudricourt se proposent de la mener à Charles de Valois. Baudricourt hésite. « Le temps, dit un témoin, lui pesait comme à une femme qui va être mère. » Les hommes d’armes qui vont l’accompagner l’habillent d’un justaucorps, gippon, chausse longue et tunique, haubert, lance.

1429

Le 13 février 1429, premier dimanche de carême, la petite escorte part pour Chinon. La traversée des rivières en crues rend le voyage difficile d’autant plus qu’ils veulent passer par des villes qui ne soient pas tenues par les Anglais. Le bruit de l’approche de Jeanne est vite colporté jusqu’à Chinon, où la cour vit mal les revers guerriers de Charles VII et redoute la rencontre de cette innocente flanquée de quelques compagnons d’armes.

6 mars, Chinon

Le 6 mars, l’escorte parvient à Chinon. Le roi allait-il simplement recevoir une fille des champs ? On la fait attendre deux jours. Le roi s’est confondu au milieu des courtisans et Jeanne, qui ne l’a jamais vu, va jusqu’à lui, disant : « Dieu vous donne bonne vie, gentil roi. » « Je ne suis pas le roi, répond-il, voilà le roi » et il lui désigne un seigneur. « En nom Dieu, gentil prince, vous l’êtes et non un autre », répond-elle. Et elle lui expose sa mission en ajoutant que « c’étoit le plaisir de Dieu que ses ennemis les Anglois s’en allassent en leur pays ; que le pays lui devoit demeurer et que, s’ils ne s’en alloient, il leur mescherroit »