Prier 15 jours avec Thomas More - Jacques Mulliez - E-Book

Prier 15 jours avec Thomas More E-Book

Jacques Mulliez

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Beschreibung

Pourquoi s'intéresser aujourd'hui à Thomas More (1478-1535) ? Parce que notre époque ne peut qu'être interpellée par la vie, les écrits et la mort de cet homme de la Renaissance, qui fut à la fois un humaniste, un érudit, un magnifique écrivain (auteur de L'Utopie), un pédagogue, un diplomate et un homme politique de premier plan, avant de mourir décapité, sur ordre du roi Henri VIII.

Dans cet ouvrage, le lecteur est convié à prier avec Thomas More en découvrant sa vie d'époux, de père de famille et d'homme engagé dans son siècle. Un homme dont toutes les décisions, y compris l'acceptation de sa mort, martyre de sa foi et de la primauté de sa conscience, furent éclairées par sa connaissance profonde de l'Écriture, sa vie de prière et son intimité avec le Christ. En l'an 2000, le pape Jean-Paul II a proclamé Thomas More patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Jacques Mulliez (1940-2018), marié à Céliane de l'Épine, descendante de Thomas More, fut père de famille et dirigeant d'entreprise. Il est l'auteur de la biographie Thomas More. "Au risque de la conscience" (Nouvelle Cité).

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Prier 15 jours avec

THOMAS MORE

COLLECTION PRIER 15 JOURS

•Des livres sources

–pour passer quinze jours en compagnie d’un maître spirituel à la manière de ces temps de retraite qui ouvrent une brèche dans notre univers quotidien.

•Des livres pratiques

–un rappel biographique en début de volume

–un itinéraire balisé en introduction

–une entrée dans la prière répartie sur les quinze chapitres de l’ouvrage

–pour aller plus loin, une bibliographie expliquée.

•Des livres accessibles

–un ressourcement qui va à l’essentiel pour des chrétiens actifs

–une information donnée de l’intérieur pour un public plus large.

Prier 15 jours avec

THOMAS MORE

par Jacques MULLIEZ

Composition : Pauline Wallet Couverture : Richard Garcia

Illustrations de couverture :p. 1, ???p. 4, portrait de l’auteur.

Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction reserves pour tous pays.© 2023, Groupe Elidia Editions Nouvelle Cite 10 rue Mercoeur75011 PARISwww.nouvellecite.fr

ISBN 978-2-37582-596-9ISSN 1150-3521

REMERCIEMENTS

Ce livre est dédié à l’abbé Germain Marc’hadour, fondateur de l’association des Amici Thomae Mori. Il m’a ouvert le cœur pour découvrir et aimer Thomas More. Sans sa chaleureuse amitié et ses conseils éclairés, cet ouvrage n’aurait pu exister.

Je veux associer à mes remerciements la moniale cistercienne, anglophone et « amie » fervente de Thomas More, dont les critiques et suggestions ont permis d’amender cet écrit.

Je n’aurai garde d’oublier mon amie Thérèse Goujon, fidèle amica des Amici Thomae Mori, dont la connaissance approfondie de la langue française et l’esprit aiguisé ont évité trop d’impropriétés de langage.

Enfin, j’exprime toute ma gratitude à mon épouse, Céliane, qui m’a soutenu sans faille, tout en demeurant une critique sans complaisance, tout au long de la rédaction de cet ouvrage.

AVANT-PROPOS

Pourquoi ai-je osé me lancer dans l’écriture de Prier 15 jours avec Thomas More ?

Sans doute parce que, depuis une vingtaine d’années, je chemine avec lui, sachant que, dans ses écrits ou ses méditations, j’obtiendrai un éclairage correspondant au sens que je veux donner à ma vie d’homme et de chrétien.

Thomas More est, pour moi, le modèle de l’honnête homme, dont toute la vie a été au diapason de sa conscience exigeante et de sa foi.

Dans certaines de mes tribulations (mot typiquement « morien ») professionnelles, il a été mon réconfort et ma source d’énergie pour dire non, en refusant les tentations qui allaient contre ma conscience.

Je me sens proche de cet homme amical, souriant, taquin, aimant provoquer, débattre, partager, convaincre; j’aime ce sérieux, qui ne se prend pas au sérieux.

Avec Thomas More qui vit dans un xvie siècle lointain, et semblable au nôtre, je suis en terrain familier.

Au fur et à mesure de ces quinze journées, je vous souhaite de ressentir la joie de découvrir, d’apprécier, et peut-être même d’aimer Thomas More.

Pourquoi (1er jour), comme Pie XI, après sa canonisation (1935), parler d’un « uomo completo », un « homme complet » ?

Nous l’approcherons ensuite par sa vie de père de famille exemplaire (2e jour), et d’éducateur d’avant-garde pour son époque (3e jour).

Homme marié, deux fois de surcroît, ce qui est peu fréquent chez les hommes canonisés par l’Église catholique jusque-là, Thomas More est aussi un des grands humanistes du xvie siècle. Auteur et inventeur de L’Utopie, il est l’ami des grandes figures de la Renaissance, et particulièrement d’Érasme, qui le définit comme « l’homme de toutes les heures pour tout le monde » (4e jour).

Lecteur assidu de l’Écriture Sainte et des Pères de l’Église (5e jour), More est un ardent défenseur de la Présence réelle (6e jour) et de la liberté de l’homme (7e jour), dogmes mis en cause par le protestantisme naissant.

Sa vie quotidienne, où cohabitent en permanence gravité et humour (8e jour), témoigne pour notre temps de ce qui fut au cœur de ses engagements et de ses écrits : le service de Dieu et donc de l’homme, à l’exemple de Marthe et Marie (9e jour), acceptant dans la confiance les épreuves de toutes natures (10e jour).

Homme d’état incorruptible, cet avocat et ce juge au service de la vérité et de la justice, qui n’a jamais transigé avec sa conscience, a toujours un profond respect des autres, y compris de ses adversaires (11e jour). Il est aussi ce laïc, défenseur de l’Église, dont il sait cependant critiquer les insuffisances, par ses nombreux écrits et son engagement (12e jour).

Cette cohérence de vie, nourrie en permanence par la prière personnelle et familiale (13e jour), lui permet d’affronter sereinement un procès inique qui le conduira à la mort sur l’échafaud (14e jour).

Son cheminement humain de sainteté (15e jour) fit de Thomas More un martyr reconnu comme tel par l’Église.

ABRÉVIATIONS UTILISÉES

CW

Œuvres complètes en anglais en 15 volumes, Yale University 1963-1997

DR

Dialogue du réconfort dans la tribulation

, trad. Germain Marc’hadour, Brepols 2010

EP

Écrits de prison

, précédés de

La Vie de Sir Thomas More

par son gendre, William Roper, 2e éd., Seuil 1981

FD

Les Vérités dernières

(ou

Les Fins dernières

), trad. M. Cl. Phélippeau, s.l. [Angers] 2001

HES

Histoire

,

Église et Spiritualité

, anthologie de textes choisis par Michel Taillé, Bayard 2005

Nam

Supplication des Âmes

et

Lettre à Dorp

, trad. G. Marc’hadour, Soleil Levant 1962

Pr

Prières de saint Thomas More

, trad. et commentaires G. Marc’hadour, Moreana 1997

Segh

Thomas More ou la sage folie

, par G. Marc’hadour, Seghers 1971

TC

La Tristesse du Christ

, trad. Henri Gibaud, Pierre Téqui 1990

Tcom

Traité de la communion

, trad. G. Marc’hadour, dans

Thomas More et la Bible

(Voir TM & B)

TM

Thomas More, un homme pour toutes les saisons

, par G. Marc’hadour, éd. Ouvrières 1992

TM & B

Thomas More et la Bible

, par G. Marc’hadour, Vrin 1969

Ut

L’Utopie

, traduction, présentation et commentaires André Prévost, Mame 1978

SAINT THOMAS MORE, 1478 (1477 ?)-1535 REPÈRES BIOGRAPHIQUES

Homme du Moyen-Âge et homme de la Renaissance, Thomas More a vécu ses 57 (ou 58) années au confluent de deux époques contrastées, ce qui ressort nettement de ses écrits, de ses idées, comme de sa vie.

Il est le second d’une famille de cinq enfants (trois sœurs et un frère) ; son père, John, marié quatre fois, avocat, termine sa carrière comme juge au Banc du Roi (la plus haute juridiction du royaume). Thomas s’initie au latin à Saint Anthony School, dès sa septième année; vers 12 ans, il devient page chez le cardinal Morton, archevêque de Canterbury, Chancelier du Royaume, riche personnalité dont il parlera plusieurs fois dans ses écrits.

Sa vive intelligence et sa mémoire, ainsi que ses dons d’acteur et son esprit de répartie impressionnent le cardinal qui l’oriente, à partir de 14 ans, vers Canterbury College à Oxford, où il termine ses humanités.

Après deux années oxfordiennes, son père, craignant que le goût de son fils Thomas pour les « bonae litterae », les « belles-lettres », ne l’écarte d’une carrière d’avocat, l’inscrit en droit britannique à Londres. C’est ainsi qu’en 1496, il devient « fellow » de Lincoln’s Inn, d’où il sortira avocat en 1501. En même temps que les études juridiques, Thomas trouve le temps de traduire en latin, avec son ami le poète William Lily, des épigrammes grecques.

Inscrit au barreau de Londres, More vit pendant quatre ans comme hôte de la Chartreuse de Londres, pour ce que nous appellerions aujourd’hui un temps de discernement, sans pour autant oublier des travaux humanistes. Nous connaissons plusieurs poèmes de jeunesse de cette époque. William Grocin, curé de Saint Lawrence, dans la City, lui confie un cycle de conférences sur la Cité de Dieu de saint Augustin, qui rencontre un grand succès. À 25 ans, le champ de ses centres d’intérêt s’élargit rapidement.

En 1499, il rencontre Érasme qui sera son ami le plus intime jusqu’à la mort, et son premier biographe (Érasme lui dédie son célèbre Éloge de la Folie en 1509).

Il est attiré par le sacerdoce, mais à 27 ans, en 1504 – année où Luther entre au monastère –, Thomas « ne pouvant secouer le désir de prendre femme », écrit Érasme en 1529, « il préféra être un chaste époux qu’un prêtre impur ». Son mariage avec Joan Colt, leur donnera trois filles et un fils.

En collaboration, « au coude à coude », avec Érasme, qui séjourne sous son toit en 15051506, il traduit en latin les Dialogues de Lucien de Samosate, le satiriste, publiés à Paris en 1506. Autre traduction personnelle, en anglais, cette fois, d’une Vie et anthologie de Pic de la Mirandole, décédé en 1494 à 31 ans, dont l’érudition et la piété le marquent profondément.

Un premier voyage sur le continent, à 31 ans, le conduit aux Universités de Louvain et Paris, pour les comparer avec Oxford et Cambridge.

Après le décès de Joan en 1511, Thomas More épouse Alice Middleton, veuve avec une fille.

Devenu Undersheriff (Juge) de 1510 à 1518, à Londres, il continue à enseigner le droit.

Vers 1513, il compose un ouvrage, inachevé, Richard III, source majeure pour Shakespeare.

Lors de sa première mission d’ambassade en Flandres en 1515, Thomas More écrit le Livre II de L’Utopie, son ouvrage le plus célèbre et l’un des livres les plus imprimés, réimprimés et traduits dans le monde*, qu’il achève à Londres, et qu’Érasme fait publier à Louvain en 1516.

À la même époque, dans sa Lettre à Dorp, More soutient Érasme, critique des dérives de l’Église.

Il est encore Undersheriff lorsqu’il arrive à apaiser une grave émeute le 1er mai 1517. En 1518, il résigne cet emploi pour entrer au gouvernement que préside le cardinal Wolsey.

C’est à la même époque qu’il se liera d’amitié avec Juan Luis Vivès et Guillaume Budé. Avec Érasme, ces quatre érudits de quatre pays constituent les « mousquetaires » de l’humanisme européen.

Ses missions diplomatiques lui permettent de rencontrer Budé au Camp du Drap d’Or en 1520, puis Érasme à Bruges en 1521. Il réussit deux missions délicates à Amiens, puis à Cambrai (Traité de la Paix des Dames) en 1529, année où, le 25 octobre, il est nommé Chancelier d’Angleterre.

De 1518 à 1533, la carrière de Thomas More s’avère ainsi de plus en plus brillante : il entre au Conseil Privé du roi Henry VIII, est nommé successivement Maître des requêtes, Undertreasurer (Ministre des Finances) du royaume, Speaker (Président) de la Chambre des communes, HighSteward (Arbitre des Litiges) des Universités de Cambridge et d’Oxford, Chancelier du Duché de Lancaster, et enfin Chancelier du Royaume en 1529. En 1521, il est fait chevalier.

Parcours d’autant plus impressionnant que, soit pour défendre son ami Érasme, soit pour répondre aux demandes des évêques anglais, en particulier Tunstall, évêque de Londres, mais aussi venant du roi (ce dernier est alors déclaré par le pape Léon X « Défenseur de la Foi » pour son livre Défense des sept sacrements), il écrit pendant ces mêmes années plusieurs textes polémiques, apologétiques ou théologiques. Il prend la défense des idées humanistes et de l’Église catholique, face au protestantisme naissant, sans omettre une riche méditation, inachevée, sur la mort et le péché, Les Fins dernières.

Pendant cette période intense de travail, Thomas a le souci constant de sauvegarder les relations personnelles avec ses amis et avec chacun des siens dans leur vie de chaque jour. S’il est retenu à la Cour ou par une mission diplomatique, il prend le temps d’écrire régulièrement à sa famille, s’intéressant aux moindres détails de l’éducation de ses enfants.

Au milieu de ces responsabilités et de ces lourdes charges, Thomas consacre du temps, et beaucoup de temps, à la méditation des Écritures, en particulier du récit de la Passion du Christ, à la lecture approfondie des Pères de l’Église, à la prière personnelle ainsi qu’à la prière familiale. Cette prière et sa fidélité à l’Eucharistie lui permettent de tenir fermement dans les épreuves qui approchent.

Le 16 mai 1532, écœuré par la capitulation de la hiérarchie devant la mainmise du roi sur l’Église, le monarque s’étant fait reconnaître « Chef Suprême de l’Église d’Angleterre », More demande à être déchargé de ses fonctions de Chancelier du Royaume. Cette démission, Henry VIII va l’accepter à regret, car sans doute espérait-il convaincre Thomas More de soutenir sa volonté d’épouser Anne Boleyn, après avoir fait annuler son mariage avec la reine Catherine par l’Église d’Angleterre.

1532-1534, deux années de vie privée où Thomas More écrit de nombreux ouvrages. Plutôt que de renier sa conscience, il se détache peu à peu de tous ses liens terrestres. S’abstenant de cautionner, malgré les pressions de toutes natures, les décisions royales acceptées par tous les Grands du royaume, clercs comme laïcs, à l’exception de quelques Chartreux et de l’évêque John Fisher, il en sait les conséquences. En refusant d’assister le 1er juin 1533 au couronnement d’Anne Boleyn, il signe son arrêt de mort. C’est alors que la primauté de la conscience chez Thomas More s’affirme pleinement.

Convoqué devant le Conseil du roi, il refuse de prêter serment d’allégeance au roi comme « Chef de l’Église d’Angleterre ». Emprisonné le 17 avril 1534 – le même jour que son ami l’évêque John Fisher –, pendant quinze mois à la Tour de Londres, Thomas More, malade, affaibli, rédige ses plus beaux écrits spirituels, Dialogue du réconfort dans la tribulation, Tristesse du Christ, ainsi que ses lettres les plus émouvantes ; pendant cet emprisonnement, privé périodiquement de moyens d’écriture, il écrit avec un morceau de charbon de bois.

Son procès, ou plutôt son simulacre de procès, – connu par les minutes du procès et la biographie écrite par son gendre Roper –, débute le 1er juillet 1535, avec l’intervention d’un faux témoin; il peut se comparer à celui de Jeanne d’Arc. L’un et l’autre font preuve, devant les juges, de leur foi profonde, avec des paroles inspirées par l’Esprit Saint.