Principes de politique des souverains - Denis Diderot - E-Book

Principes de politique des souverains E-Book

Denis Diderot

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Beschreibung

Extrait : "Entre les choses qui éblouissent les hommes et qui excitent violemment leur envie, comptez l'autorité ou le désir de commander."

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EAN : 9782335001341

©Ligaran 2015

Principes de politique des souverains
I

Entre les choses qui éblouissent les hommes et qui excitent violemment leur envie, comptez l’autorité ou le désir de commander.

II

Regardez comme vos ennemis-nés tous les ambitieux. Entre les hommes turbulents, les uns sont las ou dégoûtés de l’état actuel des choses ; les autres, mécontents du rôle qu’ils font. Les plus dangereux sont des grands, pauvres et obérés, qui ont tout à gagner et rien à perdre à une révolution. Sylla inops, unde prœcipua audacia : « Sylla n’avait rien ; et ce fut surtout son indigence qui le rendit audacieux. » L’injustice apparente ou réelle des moyens qu’on emploie contre eux, est effacée par la raison de la sécurité : ce principe passe pour constant dans toutes les sortes d’État ; cependant il n’en est pas moins atroce de perdre un particulier par la seule crainte que l’on a qu’il ne trouble l’ordre public. Il n’y a point de scélératesse à laquelle cette politique ne conduisit.

III

Il ne faut jamais manquer de justice dans les petites choses, parce qu’on en est récompensé par le droit qu’elle accorde de l’enfreindre impunément dans les grandes : maxime détestable, parce qu’il faut être juste dans les grandes choses et dans les petites ; dans ces dernières, parce qu’on en exerce la justice plus facilement dans les grandes.

IV

L’exercice de la bienfaisance, la bonté, ne réussissent point avec des hommes ivres de liberté et envieux d’autorité ; on ne fait qu’accroître leur puissance et leur audace. Cela se peut.

V

C’est aux souverains et aux factieux que je m’adresse ; lorsque les haines ont éclaté, toutes les réconciliations sont fausses.

VI

Faire une chose et avoir l’air d’en faire une autre, cela peut être dangereux ou utile : c’est selon la circonstance, la chose et le souverain.

VII

Prévoir des demandes et les prévenir par une rupture ; maxime détestable.

VIII

Donner la gale à son chien ; maxime d’ingrat. J’en dis autant de la suivante : offrir, et savoir se faire refuser.

IX

Faire tomber le choix du peuple sur Camille, ou l’ennemi du tribun ; maxime tantôt utile, tantôt nuisible : utile, si le tribun est un factieux, nuisible si le tribun est un homme de bien.

X

Ignorer souvent ce qu’on sait, ou paraître savoir ce qu’on ignore, cela est très fin ; mais je n’aime pas la finesse.

XI

Apprendre la langue de Burrhus avec Néron, mœrens ac laudans ; il se désolait, mais il louait. Il fallait se désoler, mais il ne fallait pas louer. C’est ce qu’aurait fait Burrhus, s’il eût plus aimé la vérité que la vie.

XII

Apprendre la langue de Tibère avec le peuple, Verba obscura, perplexa, suspensa, eluctantia, in speciem recusantis composita. « Mots obscurs, perplexes, indécis, esquivant toujours entre la grâce et le refus. » Oui, c’est ainsi qu’il faut en user, lorsqu’on craint et qu’on s’avoue qu’on est haï et qu’on le mérite.

XIII

Étouffer en embrassant ; perfidie abominable.

XIV

Froncer le sourcil sans être fâché ; sourire au moment du dépit ; pauvre ruse, dont on n’a que faire quand on est bon, et qu’on dédaigne quand on est grand.

XV

Faire échouer par le choix des moyens ce qu’on ne saurait empêcher. J’approuve fort cette ruse, pourvu que l’on s’en serve pour empêcher le mal, et non pas pour empêcher le bien ; car il est certain qu’il y a des circonstances où l’on est forcé de suppléer à l’ongle du lion qui nous manque, par la queue du renard.

XVI

Rester l’ami du pape, quand il est abandonné de tous les cardinaux, c’est un moyen de le servir plus sûrement ; c’est aussi un rôle perfide et vil : il n’est pas permis d’être un traître ; et de simuler l’attachement au pape quand même le pape est un brigand.

XVII