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Quatre temps, c'est le rythme de la vie : enfance, jeunesse, maturité, vieillesse. Quatre temps, c'est le rythme des saisons : printemps, été, automne, hiver. Quatre temps, c'est le rythme du Blues, du Rock, de la musque que nous aimons. Quatre temps, c'est un temps pour rire, un temps pour pleurer, un temps pour aimer, un temps pour rêver...
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Seitenzahl: 109
Veröffentlichungsjahr: 2021
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Nathalie Faure Lombardot
La fille de l’ombre (2003) – Prix ACAI 2015 décerné par l'Association Comtoise d'Auteurs, Indépendante.
Au nom d’Elisa (2008)
Amnésie (2010)
L'autre (2013)
L’une ou l’autre (2021)
Sans illusion (2014)
Guérillera (2018) – Prix Coup de cœur ACAI 2019 décerné par l'Association Comtoise d’Auteurs, Indépendante
Mélodie Lombardot
Rêve ! (2017)
Les contes de fer (2018)
A jamais (2019)
Quatre temps, c’est le rythme de la vie : enfance, jeunesse, maturité, vieillesse.
Quatre temps, c’est le rythme des saisons : printemps, été, automne, hiver.
Quatre temps, c’est le rythme du Blues, du Rock, de la musique que nous aimons.
Quatre temps, c’est un temps pour rire, un temps pour pleurer, un temps pour aimer, un temps pour rêver…
Merci à Mélodie, ma fille auteure de talent, qui a bien voulu participer à ce recueil.
Merci à Jean-Marie SCHREINER (GRAPH’X25), créateur de la couverture, pour ses talents (d’infographiste et de musicien !), ses idées, sa disponibilité et son amitié…
Enfin, merci à mes proches et à mes lecteurs, à tous ceux qui m’ont donné l’envie de créer ce recueil.
Vous pouvez retrouver notre actualité sur nos sites :
http://nathaliefaurelombardot.jimdo.com
http://melodielombardot.jimdo.com
Un temps pour rire :
Les joies de l’administration
Pâques pas comme les autres
Chat-rade
Un temps pour pleurer :
Le cadeau de Pâques
Sauvage
Adieu Luxeuil
Un temps pour aimer :
Différence de point de vue
Divine
Le cavalier inconnu
Un temps pour rêver :
Rêvélation
Vendredi 5 mai
La première séance
Nathalie
Aujourd’hui est un jour très important pour moi. Imaginez : j’ai quarante ans et je m’aperçois que je ne suis pas fait pour la vie que je mène. Je travaille dans un bureau d’études, je suis responsable des achats pour une grande entreprise. Je passe mon temps entre mon ordinateur et mon téléphone, les fesses bien calées dans un fauteuil qui finit par me détruire le dos !
Il y a deux mois de ça, j’ai décidé de tout plaquer, de faire une demande de financement pour une formation de maraîcher. J’ai fait un prêt pour m’offrir du terrain : juste le nécessaire pour débuter. Et tout ça sans attendre la réponse de l’organisme de financement ni celui de l’organisme de formation.
Ma petite amie me tanne avec des théories sur les ondes positives, négatives, qui émanent de toi, des autres, des pierres, des oiseaux… Bref, au lieu de me moquer d’elle, comme d’habitude, j’ai essayé de faire semblant d’y croire et d’y mettre du mien ! Donc, je suis tellement positif que je largue tout sans garantie. Je supplie juste ma déesse Gaia (car en plus, je suis athée ! mais j’aime bien les croyances anciennes), de bien vouloir donner des ondes positives à mes futurs carottes, potirons, poireaux, et autres trésors de la nature !
J’ai reçu très rapidement, au mois de mai, une réponse positive de l’organisme de formation, me demandant d’ores et déjà, de me trouver un stage pour fin septembre. Super, je vais pouvoir aller user mes jeans sur les bancs d’une école plutôt que sur les bancs de mon entreprise, pendant quelques jours. Puis très vite, je vais pouvoir profiter du bon air de la campagne, marcher dans la boue, sentir la bouse de vache, enfin profiter de tous ces plaisirs qu’offre la campagne. Voyez comme je positive !
Ma demande de financement devait passer en commission début juin. J’ai appris mi-juin que je n’aurai pas de réponse puisque mon dossier a été perdu : l’organisme doute même que je l’aie bien transmis, rien que ça ! Ce n’est pas grave, restons positifs ! Je réimprime mon dossier (que j’avais pris soin de scanner, grand bien m’en a pris !). Je le retransmets pour la session de juillet. Sauf qu’en juillet, la bonne dame qui s’occupe de mon dossier est partie en vacances. Qu’à cela ne tienne, j’attendrai la session de début août ; après tout, mes cours ne commencent que le seize septembre. Sauf qu’au mois de septembre, madame Formation est en arrêt maladie à la suite de sa grossesse et elle risque de ne pas reprendre le travail avant plusieurs mois ! Lorsque je demande si quelqu’un peut gérer mon dossier à sa place, on me répond placidement :
— Mais mon bon monsieur, chacun ses dossiers ! Vous croyez que j’ai qu’ ça à faire ?
— Vous avez de la chance d’être occupée, là, parce que moi, je passe mon temps à faire de la dentelle anglaise ! ai-je envie de répondre. Et d’abord je ne suis pas « bon », non mais ! Est-ce que je vous appelle ma p’tite dame, moi ? Alors que je ne connais même pas votre taille !
Mais je me contiens et je me contente de marmonner que s’il faut attendre six ou sept mois pour obtenir une réponse, je changerai peut-être d’organisme. Et là, la « p’tite dame » se moque de moi en me répondant que je peux toujours essayer, vu qu’ils sont le seul organisme à gérer ce genre de dossier ! Là, vous les sentez, les ondes positives ? Parce qu’elles sont taquines, les vilaines ! Que je vous raconte... car je ne vous ai pas tout dit !
Début septembre, je passe un week-end chez mon cousin à Lyon, histoire de me déstresser et de tenter de récupérer un peu de sérénité. J’y perds mon portefeuille. Bien sûr, ça n’arrive pas qu’à moi ce genre de mésaventure, donc je positive ! Et je fais bien, car deux jours plus tard, mon téléphone sonne. Un gentil quidam (si ! Ça existe encore !) a trouvé mes papiers, dont ma carte d’identité, dans une poubelle. Il a cherché mon numéro de téléphone dans l’annuaire et m’appelle pour me prévenir qu’il a tout renvoyé à l’adresse de ma carte d’identité, en courrier recommandé. Super ! Je me suis bien entendu confondu en remerciements.
Mon amie m’a juste fait remarquer :
— Tu vois ? Quand tu positives, tout finit par s’arranger !
Ce à quoi je n’ai rien répondu, car d’une part, ça m’énerve qu’elle ait raison cette fois, et d’autre part, ce n’est pas parce qu’elle a raison aujourd’hui, qu’il faut en tirer une généralité !
Le douze septembre, c’est-à-dire hier, par téléphone, la « p’tite dame » de la formation m’a annoncé que mon dossier de financement était bien passé en commission et accepté. Merci mes ondes positives ! Pour valider définitivement mon dossier, je dois me présenter à l’organisme avec ma carte d’identité qui est arrivée ce jour à la poste, mais comme je n’étais pas à mon domicile au moment du passage du facteur, je ne pourrai la récupérer que demain au bureau de poste le plus proche. Qu’à cela ne tienne ! Tous mes soucis sont sur le point de se régler ! Comble de chance, le maraîcher le plus proche de mon domicile accepte de me prendre en stage une semaine fin septembre. Que du bonheur !
Le treize septembre (c’est un vendredi et je le précise pour les superstitieux : ça va être drôle), je me rends au bureau de poste avec l’avis du facteur pour récupérer ma précieuse carte d’identité. Là, derrière son guichet, une petite dame un peu rondouillette et à mon humble avis, pas loin de l’âge de la retraite, pose sur moi un regard que je qualifierais de bovin (ça, c’est mon attrait pour la campagne !).
— Oui ? Vous avez une carte d’identité ? me demande-t-elle d’une voix légèrement stridente.
— Justement, ma carte d’identité est dans l’enveloppe que vous avez entre les mains, et je viens la récupérer. Par contre, j’ai une photocopie de ma carte, que j’avais faite il y a quelque temps…
— Oui, mais moi, j’ai besoin de votre vraie carte d’identité, Monsieur, pas d’une photocopie !
— Je comprends bien, mais comme je ne l’ai pas, je vous propose soit la photocopie de ma carte d’identité, soit de vous montrer mon permis de conduire.
— Oui, mais moi, j’ai besoin d’une carte d’identité, Monsieur !
Là, je traverse un grand moment de solitude et je me demande si en fait, la dame derrière le guichet ne serait pas un robot venu du futur, avec à la place du cerveau un disque dur sur lequel une seule rengaine, destinée à faire renoncer le client, aurait été enregistrée. J’ai envie de hurler : E.T. téléphone maison ! Mais je doute qu’elle ait assez d’humour pour comprendre.
— Madame, expliquai-je à nouveau, calmement. J’ai perdu mon portefeuille dans lequel se trouvait ma carte d’identité. Quelqu’un l’a trouvé, me l’a renvoyé par lettre recommandée, qui se trouve être aujourd’hui, à l’instant présent, entre vos mains ! Vous avez donc ma carte d’identité, vous pourrez l’observer à loisir dès que vous aurez ouvert cette enveloppe.
— Mais Monsieur, je ne peux pas ouvrir cette enveloppe, je n’en ai pas le droit. C’est à vous de le faire ! s’offusque-t-elle.
— D’accord, sans aucun problème. Vous me donnez cette enveloppe, je l’ouvre, je vous montre ma carte d’identité et tout le monde sera heureux dans le meilleur des mondes.
— Oui, mais Monsieur, pour vous donner cette enveloppe, moi, j’ai besoin d’une carte d’identité ! réplique-t-elle revêche.
Là, plus de robot au disque dur rayé. Elle ne cherche même pas à réfléchir la bougresse ! Elle me fait penser à une vieille chouette qui parlerait avec la voix d’un pinson en rut ! (si, si ! Vous n’avez jamais entendu siffler un pinson en rut ? C’est terrible !).
— Madame, vous connaissez le sketch de Raymond Devos qui se nomme « L’enfer des sens » ?
— Non, jamais entendu parler, je ne vois pas le rapport !
— Ça n’a ni queue ni tête…
— Pardon ?
— Laissez tomber ! O.K. ! Là, on ne va pas y arriver, murmurai-je un peu désabusé, voire dépité. Si vous ne voulez pas de mon permis de conduire, quelle autre solution me proposez-vous ?
— Eh bien… Vous avez un passeport ?
— Non, je n’ai pas de passeport, je n’en ai jamais eu besoin jusque là.
— Eh bien… Je n’ai pas de solution, car je ne peux vous donner votre enveloppe que contre une carte d’identité ou un passeport.
— D’accord, je peux connaître votre nom, Madame ?
— Je m’appelle Bérangère Darmont, pourquoi ?
— Parce que Madame Bérangère Darmont, vous allez m’appeler votre chef, on ne va pas y passer la nuit.
Madame Darmont, surnommée par mes soins Pinson en rut se lève de sa chaise comme un diable sort de sa boîte et se rue d’un pas de taureau (pas forcément en rut, celui-là !) sur la porte du bureau de son chef.
Un petit bonhomme tout maigrichon, les lunettes en équilibre sur le bout du nez, s’approche du guichet. Je ne sais pas pourquoi, je le sens mal ! J’imagine bien un chat noir me souffler au visage depuis la chaise de Pinson en rut et un corbeau noir venir se poser sur l’épaule du fils de Sim et de Darry Cowl.
— Monsieur, que puis-je faire pour votre service ?
Je répète donc mon histoire : « j’ai perdu mon portefeuille, blablabla… cette enveloppe ».
— Bien, mais comme vous l’a expliqué ma collègue, Madame Darmont, nous avons des procédures très précises et très strictes et nous ne pouvons donc pas vous donner votre enveloppe si vous ne nous présentez pas votre carte d’identité !
Et là, je me sens sur le fil du rasoir, hésitant entre céder à la colère noire et asseoir Monsieur Sim/Cowlsur la tête de Pinson en rut ou me mettre à pleurer ! Contre toute attente, cette image qui m’est subitement venue à l’esprit, comme si je venais de franchir la porte d’une quatrième dimension, de Sim/Cowl posé sur la tête de Pinson en rut, me tourneboule les entrailles et donne lieu à un fou-rire terrible, viscéral, irrépressible. Je me mets à rire à m’en faire péter les cordes vocales, à en perdre le souffle. Derrière moi, plusieurs personnes attendent, interloquées, surprises, un peu atterrées, voire dépitées. Et moi, je suis là comme un abruti, à me tordre de rire. J’imagine des petits hommes habillés en blanc, intervenir rapidement, me sauter dessus avec une camisole de force, et mon fou-rire repart de plus belle.
— Monsieur, allez rire dehors s’il vous plaît ! hurle alors Sim/Cowl avec une voix de corneille aigrie. Il y a du monde qui attend derrière vous et nous avons du travail !
Toujours tordu de rire, je renonce et décide de battre en retraite. Une jeune fille qui se trouvait dans la file d’attente, sort derrière moi et m’interpelle. Elle rit presque autant que moi.
— Si vous voulez bien, quand vous serez calmé, je vous proposerai une solution. La même chose m’est déjà arrivée !
Comme si ces quelques mots avaient un quelconque pouvoir thérapeutique, je finis par me calmer.
— Je suis désolé, m’excusé-je, mais là c’est trop, mes nerfs me lâchent, je crois !
— Je comprends, mais d’un autre côté, c’est vraiment très drôle. Voilà, j’ai entendu que vous aviez une photocopie de votre carte d’identité. Signez-moi la procuration derrière l’avis de réception de votre lettre. J’ai ma carte d’identité, moi. Et vous me donnerez aussi la photocopie de votre carte d’identité, que vous allez signer aussi.
— Ça ne va pas marcher ! Ils ne veulent pas prendre une photocopie.