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Parfois, l'écriture se mêle de ce qui ne la regarde pas... Ou si peu. Toujours, pourtant, elle éveille l'âme à plus de richesse, et la langue en devient savoureuse.
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Seitenzahl: 43
Veröffentlichungsjahr: 2022
Chant I – Histoire d’un gourmet
Harcelé
Écrire
Être poète
Harmonie(s)
Mort d’un oublié
Chant II – Douces entrées
Les cerfs
Fête d’anniversaire
Abandon
Attente
Don total
Pas avant le mariage
Sacrement du mariage
Sceau conjugal
Amoureuse complicité
À l’aube de l’offrande
Chant III – Le principal
Sur l’Horeb
Manifestation
Combat quotidien
Combat spirituel
Contemplation
Examen de conscience
Miséricorde
Jusqu’au bout
Adoration
Repos
Chant en langue
Veille
Déclaration de foi
Divin !
Exhortation
Incendie
Le signe du Pic Carlit
Radicalisation
Onction
Saint Sacrifice
Chant IV – Malbouffe
Boisson
Gloutonnerie
La foi des incroyants
Avertissement
Grande violence internée
Euthanazisme
Épître à un franc-maçon
Égarement
Foi de frère
Le pont des sans-Dieu
Te non laudano
Souvent, le mot bouscule, et parfois vous détruit.
Comme un poing sur la gueule il vient sur le visage,
Et marque la victime avec ce fer d’où luit
Le rouge ensanglanté d’une indicible rage.
Gratuits, les coups m’ont fait comme un tombeau blessé ;
Ils m’enterraient toujours un peu plus… Dans mon âme,
L’injustice subie avait cadenassé
La grâce que l’on nomme « amour » et tu sa flamme.
« Pourquoi ? » me suis-je dit, souvent, à la récré,
Quand les mots répandaient leur venin de misère.
De l’enfant qui voit cet autre massacré –
Ce gamin humilié qu’on dit plus bas que terre –
L’injustice est flagrante et le silence froid.
Pleuvent, pleuvent les mots sur celui qu’on moleste :
Le fourbe fait bientôt croire qu’il a le droit,
Car celui dont on rit pleure ce qui lui reste.
J’écris à m’inspirer ce souffle intérieur,
Ce cri de l’encre noire et d’une plume vaine ;
Je laisse fuir un mot sur mon cahier rieur,
Pour les yeux qui verront tout le pur de ma peine.
Là-haut, dans l’horizon du tranquille lointain,
Je parle et sanctifie un peu de l’existence,
Les vers sortent du cœur en ce tendre matin.
Le juge littéraire admire sa sentence,
Quand je polis les sons, médite mon phrasé.
Je ne refuse point la douce rêverie,
Même si le critique au visage embrasé
Semble ausculter ma rime avec flagornerie :
Je ne suis pas de ceux que l’injure a détruits.
Préférant découvrir le tendre d’un poème,
J’écris, j’écris encore et n’entends plus les bruits
Qui me dirent sans fin que je fus un blasphème.
Je ne sais que décrire alors j’écris ces mots,
Sans raison, c’est possible, et pourtant je soulage
Mon cœur trop plein de verve avec un grand courage :
Au-delà de mes vers je vois mes airs jeunots,
Je sens cette douleur de mon âme brisée
Par le rire d’autrui dans cette cour, hier.
Oui, peut-être ai-je tort d’éloigner ce vieux fer
D’une rouge blessure à l’ardeur maîtrisée.
Sûrement suis-je bête à produire ces vers,
Ne sont-ils point ces morts qui vivent dans l’histoire,
Pour qui l’auteur prétend connaître cette gloire
Qu’il perçoit du tombeau d’une nuit de revers,
Et ne voient le succès qu’à son trépas ? La force
Que le poète donne à son puissant crayon –
Cet esprit qui jamais n’aimera le bâillon –
N’a rien de celle-là qui contemple son torse ;
Le pouvoir du poète est bien plus que ces airs :
Il préfère puiser dans toute l’écriture
Le fol épanchement d’une fioriture,
Et propose un génie aux éloquents éclairs.
Dans le silence heureux de la tendre nature,
La main du temps recueille un parfum velouté,
Tandis que j’aperçois le généreux flouté
D’un regard délicat devant cette peinture.
Impression de temps d’un silence parfait,
Tableau mélodieux que contemple un artiste ;
Quelque part, je reçois cette touche élitiste
Qui surgit dans l’hiver d’un douloureux effet.
Je peins ce beau poème et j’écris cette toile,
Mais cela ne vaut rien sans le cri du désert,
Le désespoir soudain de l’enfant peu disert
Que l’on frappe de mots sous le pleur d’une étoile.
Au centre de ma vie, une Croix… Passion
D’un homme tout divin portant chaque blessure ;
Autour, quelque poème à la plume peu sûre,
Beauté d’un écrivain à l’humble vision.
La grandeur de ma vie aigrit mon amertume ;
Car jamais je ne vis le brillant du métal,
Je reste ce charmeur au vers sentimental,
Dont la rime devint quelque noble coutume ;
Ma défaite a grandi cet orgueilleux costume.
Du hideux bruit mondain qui surgit du cristal,
Je n’oublierai jamais le silence brutal,
Et reste ce lyrique à l’ouvrage posthume.
La fille poésie use son charme tors :
Comme saisi d’un doute à cause du remords,
Je caresse sans fin telle étoile filante.
Tandis que cette enfant m’offre son à côté,
N’existe que le vœu d’une ombre nonchalante –
Je tombe dans la nuit contemplant sa beauté.
1. « Être poète » a reçu une recension par le prix Maintenon.
https://www.prix-maintenon.com/poesie/etre-poete-vianney-roche-bruyn/
Ce paysage heureux de la longue bramée,
Le voilà qui s’endort et s’éteint, par pudeur,
Dans un silence heureux qui rappelle l’ardeur
Du mâle et de sa douce à l’offrande clamée.