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L'association « Dialoguer en poésie », présidée par Pierre Léoutre, a lancé ce nouveau concours pour permettre à des inconnus qui écrivent des poèmes de figurer éventuellement un jour dans un recueil de poésie et d'être lus par une multitude. Bien entendu, la porte était également grande ouverte aux poètes confirmés. Et vous avez été vraiment très nombreux, une fois encore, à proposer des poèmes de qualité et souvent d'une grande originalité. Nous en avons reçu de toutes les régions de France et même de l'étranger, notamment de Belgique, de Haïti, de Suisse, de Côte d'Ivoire, du Québec, d'Afrique, d'Ukraine, d'Algérie, du Mexique, de Tunisie et du Brésil.
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Seitenzahl: 363
Veröffentlichungsjahr: 2022
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préface de Xavier Ballenghien, Maire de Lectoure
Quel plaisir pour moi de vous partager quelques mots en avant-préface de ce merveilleux ouvrage!
Plaisir de rappeler le souvenir de Marie-Andrée Ricau-Hernandez, poète disparue et regrettée chef de choeur avec qui j'ai chanté quelquefois.
Plaisir de découvrir en avant-première ces poèmes, textes choisis par le jury et mis en scène par l'auteur du recueil. Quelle belle richesse, quelle émotion! Me laisser bercer par les rimes, les entendre et laisser mon esprit y répondre dans un dialogue habité par la seule musique des mots.
Plaisir enfin que cette alchimie soit possible à Lectoure. Parce que Lectoure est riche d'une culture et d'une histoire plurimillénaire. Capitale de la Lomagne, porte d'entrée de la Gascogne, Lectoure est naturellement le lieu où peuvent germer de belles initiatives telles que ce dialogue en poésie. Lectoure est accueillante et humaniste. Son patrimoine architectural et culturel s'enrichit des apports de chacun. Merci à tous ceux qui l'ont compris et la font vivre.
Je vous souhaite une belle lecture.
Xavier Ballenghien Maire de Lectoure
Agrumax
Akaffou Kevin Wilfried Akaffou
Joël Allain
Hanen Allouch
Almanzor
Stéphane Amiot
Antz
Apirene Jessica
Zéoioui Atmouni
Manon Badet-Blois
Pierre Bailly
Pearce Chris Précieux Bakouma
:
Laetitia de Baudus
Anick Baulard
Jacqueline Bazalgues
Sacha Bechara
Amine Belazouz
Colette Berger
Jean-Louis Bessières
Évelyne Biausser
Dominique Bonneville
Hédi Bouraoui
Adrien Braganti
Françoise Bragagnolo
Zoé Brannenx
Emmanuel Brasseur
Stéphane Brunet
Natacha Dann
Christine Daridan Lenain :
Thierry Grandjean
Mélodie Grelier
Jérémy Gressier
Jean-Michel Guiart
Jean-René Guibert
Marielle Guth
Maud Hagelberg
Carl Hallak
Roberto Hector
Louise Héran
Hiran
Sadlay Hounyeme
Édouard Huckendubler
Mykola Istyn
Thierry Jamin
Laurence Joseph-Gross
Jean-François Joubert
Cécilia Jourde
Laure Julien
Séverine Kaci Desbois
Arnaud Keller
Tatjana Komaroff
Nicolas Kopf
Assinou Koudous
Malika Laffaire
Alexandre Laperdrix
Claudine Candat
Frédéric Camoin
Paulette Cantan-Grison
Jacky Cardon
Bertrand Caron
Monique Cattœn
Gilles Chabrerie
Marielle Chamoiseau
Évelyne Charasse
Lucie Chigioni
Jessalynn Choby
Thérèse Cigna
Dorothée Coll
Didier Colpin
Jully Coralie « Lilly »
Ludovic Coué
Mohamed Coulibaly
Arnaud Coulon
Sandrine Davin
Estelle Decamps
Corinne Delarmor
Dem Deyouss De La Louve
Miguel Dey
Nancy Marianne Diallo
Loriane Drean
Jean-François Drut
Jackie Dumetz
Jean Dupont
Pascal Dupuy
Nicole Durand
Serge Lapisse
Claudine Lassagne
Jean Noël Lassalotte
Patricia Lasserre
Jacques Lauqué
Nathalie Peloux
Sophie Pierrepont
Gérard Pinson
Marine Planté
Plone
Jules Pouget
Dominique Poupard-Budak
Isabelle Provost
Élisabeth Pysz
Laura Quero-Lorcy
Ridwan Ramadan
Marie Recurt
Dominique Renaudin
Gérard Riba
Marijo Richard
Claire Rio Petit
Yvan Robberechts
Laurent Robert
Lucio Rosina
François Rouillon
Juliette Ruiz
Steeve Rulle
Odette Salgado
Anthony Martin
Matiouz
Elsa
Bruno Eozinou
:
Jacques Favre
Marie Fareu
Magic Fay
Evelin Flores Alemán
Stéphane Foullounoux
Marie Foyot
Magali François
Roger Galinié
Sarah Gamaire
Fabien Garino
Annaëlle Gautier
Samuel Genevet
Brigitte Genre
Marc Giaveri
Annie Girard
David Girard
Vincent Leber
Anne Le Bras
Catherine Le Bris
Pierre Lebriquir
Valentin Lefevre
Chloé Leguéré
Pierre Léoutre
Stéphane Leprout
Léa Maccarinelli
Samrit Mainali
Huppert Malanda
Magali Malbos
Délice Mankou
Sarita Méndez
Catherine Mesmeur
Christine Messens
Laurent Miani
Hazel Minime
Esteban Miralles
Mohamed Mleiel
Samir Moinet
Guy Moncassin
Jean Claude Mondange
Frédéric Moquet
Imèn Moussa
Alvie Mouzita
Juline Murat
Alain Nocus
Alix Pallard
Laurence Paulmier
Philippe Pauthonier
Mateus Peixoto de Jesus
Marilou Pierrehumbert
Justine Pina
Daniel Sue
Andreea Tanase
Louise Thomas-Kermel
Corynn Thymeur
Bruno Toch
Delphine Touzet
Christine Veauvy
Ophélie Sautron
Soumari Rodrigue Séke
Nathalie Simon
Hanen Marouani
Luc Marsal
Aude Sirvent
Lucile Souriau
François Sumien
Deea State
Nathalie Villalba
Maryse Weisser Macher
Antoine Winnicki
Marguerite Wlosinska Bousnali
Alexandra Yon
Guy Zajac
« La Poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'Elle-même ; elle ne peut pas en avoir d'autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aurait été écrit pour le plaisir d'écrire un poème. Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l’aspiration humaine vers une Beauté supérieure »
Charles Baudelaire
L'association « Dialoguer en poésie », créée à Lectoure (Gers) par la regrettée Marie-Andrée Ricau-Hernandez, et désormais présidée par Pierre Léoutre, a lancé ce nouveau concours pour permettre à des inconnus qui écrivent des poèmes de figurer éventuellement un jour dans un recueil de poésie et d'être lus par une multitude. Bien entendu, la porte était également grande ouverte aux poètes confirmés.
Et vous avez été vraiment très nombreux, une fois encore, à proposer des poèmes de qualité et souvent d'une grande originalité. Nous en avons reçu de toutes les régions de France et même de l'étranger, notamment de Belgique, de Haïti, de Suisse, de Côte d’Ivoire, de Roumanie, du Québec, du Bénin, d’Ukraine, d’Algérie, du Mexique, du Congo, de Tunisie et du Brésil. 225 poètes ont envoyé leurs œuvres! Le jury a fait un choix, naturellement, et certains d’entre vous n’ont pas souhaité être publiés dans ce recueil collectif ; nous avons respecté leur volonté.
Le jury composé de lecteurs et écrivains de poésie, a fait ses choix en se basant sur plusieurs critères, dont, entre autres, le respect du règlement et de la langue française d'abord, mais également et surtout la préférence du cœur. Ce dernier paramètre, à la fois certes subjectif mais également incontournable, permet au jury de rester souverain sans avoir à donner d'explication quant à la sélection des textes présentés ici. Pardon aux laissés-pourcompte que nous remercions vivement de leur participation! Mais nous avons le cœur grand et un véritable amour pour la poésie, aussi ce recueil collectif incroyable comprend-il plusieurs centaines de pages, permettant au maximum de poètes de s’exprimer.
Lectoure, ville culturelle renommée dans le Gers et bien au-delà̀, s'enorgueillit de faire participer tout un chacun aux multiples facettes de l'art. Et ce, par ses différentes manifestations nourries par le théâtre, l'été photographique, les festivals de musique, les salons littéraires et autres évènements nombreux. Cependant, la poésie donne parfois l'impression d'être la parente pauvre de la littérature. Peu lue, peu comprise, ses ventes sont dérisoires à côté de celles du roman. Pourtant notre monde contemporain, coincé par des contraintes de plus en plus sévères, a besoin plus que jamais de la folie et de la liberté de la poésie et de ses émotions. Merci à toutes et à tous et bon voyage poétique!
Dialoguer en poésie
Dialoguer en poésie, département autonome de l'association Le 122, lance à partir du 1er janvier 2023 un nouveau concours de poésie, totalement libre, tant dans la forme que sur le thème, avec comme seules restrictions : 3 poèmes par auteur ; 35 lignes maximum par poème. Vous avez jusqu'au vendredi 30 juin 2023 pour envoyer par courriel vos poèmes à Pierre Léoutre : [email protected]. Un comité de lecture effectuera ensuite un choix et les poèmes retenus seront publiés dans un recueil édité par l'association Le 122. Il n'y a pas de droits d'auteur (c'est impossible sur un recueil collectif autoédité) ; les auteurs restent complètement propriétaires de leurs textes ; les auteurs ne sont pas obligés d'acheter ce recueil, ce concours est entièrement gratuit ; l'association n'a évidemment pas les moyens d'offrir un exemplaire papier à tous les auteurs ; mais chaque auteur publié recevra une version numérique de l’ouvrage. L’association prend en charge les frais de déclaration ISBN et la mise en page du livre. Les mineurs qui souhaitent participer à ce concours doivent envoyer avec leurs poèmes une autorisation parentale écrite. Bonne inspiration!
Le foin s'envole
Tu as joué avec le feu
Et tu t'es brûlé
Ils se prenaient pour des dieux
Tu les as défiés
Mais tu en avais déjà trop dit et ils m'ont vite retrouvé
En tuant l'amour de ta vie ils savaient qu'ils t'enterraient
C'est injuste et oui je t'en veux de les avoir fréquentés
Mais tu n'es pas le seul à qui j'en veux de m'avoir sacrifié
Mais bébé, toi et moi c'était intense
J'ai vécu les plus belles années de ma vie avec toi
J'ai vécu la plus belle période de ma vie grâce à toi
Personne n'aurait pu remplacer tes danses
Pour rien au monde je voudrais vivre plus pour expérimenter moins
Tu m'as fait découvrir des chemins
Nos ébats dans ta ferme précédaient nos demandes en bagues de foin
Je t'ai fait découvrir l'amour sain
Je t'ai appris comment bien me saisir
"Je serai tienne si tu me le demandes avec les mains" "Je t'appartiens si
tu plonges les yeux fermés dans mon bain" Tu m'as fait rêver avant de
dormir…
Notre destin c'est de finir raide et fripé
Je l'ai été avant l'heure
Je l'ai fait avec le cœur
Ils ne l'ont pas retiré, simplement figé
Tu me connais, je n'aurais pas aimé être ridée
Et la vie nous aurait à un moment ou à un autre séparés
Vis s'il te plaît, j'ai emporté notre relation dans l'éternité Mon cœur
s'est arrêté quand rien que pour toi il battait.
Blizzard sibilant
Le vent souffle trop fort
Le monde ne s'est visiblement pas arrêté
Quand notre relation a cessé de respirer
Le vent souffle fort
Dans d'autres chaleureux bras il t'a précipité
Dans ce blizzard sibilant tu n'as pas pu lutter
Le vent souffle trop fort
Dans d'autres chaleureux bras il m'a précipité
Dans ce blizzard sibilant je n'ai pas pu lutter
Le vent souffle trop fort
Il nous remet dans sa tornade mouvementée
Heureux l'un pour l'autre et chacun de notre côté
Nananère
La clé de mon royaume est maintenant rouillée
Elle servira à verrouiller un placard à balais
C'est une aubaine pour toi qui a toujours voulu voler
Le ciel t'a rejeté sur Terre t'as exercé
Entouré d'humains, t'as revêtu leurs sales habits
Et dans mon champ t'as pris tout ce qui était joli
Souviens-toi, la mémoire est ton seul moyen d'évasion
(je rigole) Dans ton crâne j'érigerai de solides cloisons
J'ai grandi au beau milieu de ce que tu m'as laissé
Les mauvaises herbes m'ont tissé et hissé des cornes
Je suis devenue laide mais ne fais pas l'étonné
Mon reflet a changé depuis tes jeux trop mornes
Si tu ne veux pas une réaction infantile
Eh bien il fallait laisser l'enfant tranquille
Faire des caprices, être impulsif
Sont des traits pour le moins cursifs
Si tu ne veux pas que je relie tes grains de beauté
Il ne fallait pas que certains frappent mon couteau
Mais tu sais ce que c'est toi, on ne peut pas résister
Je ne touche avec les yeux que ce qui n'est pas beau
Tu m'as laissé morte à l'intérieur
Je n'ai pas vieilli à l'extérieur
Et quand on trempe la mouillette
On ne remet pas le capuchon
On le racle et puis on le jette
Mais le temps sera ta protection (ou ton infection)
Je jure
Je jure sur ta mort
Que la Mort sera ta plus fidèle compagne,
Que ta carcasse ne sera drapée ni de linceul ni de pagne
Ô que les Moires me soient favorables pour sceller ton sort!
Je frapperai sans crier gare,
Et aussitôt tu nageras dans une mare.
Je me draperai des gémissements de ton corps au bord du trépas,
Et m’abreuverai des crissements de ton âme pour alléger mes pas.
Exhibant ta carcasse parmi les tiens,
Némésis se délectera alors des pleurs salés de tes mères!
Thanatos savoura ce doux effluve des douleurs amères de tes pères!
Et je vengerai ainsi les miens.
…
Rencontre
Et d’un geste d’une adresse sans nom,
Sa main tient habilement et fermement sa hanche,
Tel un épéiste et son manche
Se battant pour laver un affront.
Nymphe au regard enjôleur,
Qui se laisse enivrer par des désirs inavoués,
Qui devant ce, ce… gugusse s’est engouée,
Se laisse entraîner par ce « Sorceleur »!
De haut en bas,
Sa main se glisse dans sa jupe.
De bas en haut,
Sa langue serpente jusqu’à sa bouche.
T-shirt, soutien-gorge, petite culotte
Traînent aussitôt à terre!
Chemise, pantalon, culotte
Sont semblables à des serpillières!
Leurs corps s’entrelacent, s’entremêlent.
Noble fantasme, péché divin!
Ils se défient et se dominent çà et là, un peu pêle-mêle.
Le néant atteint sa plénitude, le tout retourne au rien.
Le mouvement des va-et-vient
Qui se répète de façon effrénée
Tente ainsi de freiner
La friction qui s’efforce d’effriter
Des fonctions fragilisées par de lourdes frasques
Mais créées pour fuir cette fréquentation factice
Qu’autrui qualifiera de frivole.
14-04-22
Moi :
J’ai traversé pas mal de choses. Devoir passer une année durant à la maison à ne rien foutre. Difficile de rester le même, Entre tes potes qui te demandent tout le temps ce que tu fais Et ton père qui te prend tout le temps la tête.
Will :
Ce n’était pas vraiment la fête.
Moi : Will :
Oui et puis bon, à quoi bon se plaindre? D’autant plus qu’on finira par minimiser tes souffrances Quand tu te donneras la peine d’exprimer ton ressenti. Soi-disant que ce que tu vis là n’a rien de comparable au vécu d’autrui. Hum… Donc après de lourdes disputes avec mon père, je mets mon sac à dos. Béni-oui-oui à temps plein, tout le temps à faire ce qu’on dit, Pas le genre de vie qu’on envie. Mais bon que veux-tu, je ne suis pas le mec à se mettre tout le monde à dos. Et puis vint le
deuxième opus,
Genèse des questions de responsabilité et de respectabilité. Mais aussi moment où j’ai été le plus souvent alité, affligé. Année d’hérésie et aussi d’abus! C’est marrant, ce comme tu peux être déçu d’autrui…
Moi :
Ouais, tu sais bien que pour moi rien ne vaut le lien de la famille. Mais certains événements m’ont forcé à reconsidérer ce mot « famille », Car j’arrivais difficilement à trouver des mains tendues lorsqu’il faisait nuit.
Et il y a eu les aînés.
Je ne sais quoi dire, j’ai voulu changer les choses mais…
Sache seulement qu’ici pointe les problèmes du doigt
Et très vite, t’en deviens.
« On verra lorsque ce sera ton tour » me disait-on.
Mais comment accepter un héritage auquel on s’identifie
difficilement?
Bref, je ne pense pas avoir la prétention d’être leur leader
J’avoue que jusqu’alors je suis cet aveugle qui essaie d’y voir plus clair.
Will : Moi :
Je vois… Mais tu sais quoi? Oui?
Will :
Aujourd’hui c’est notre anniv’ et je prends la relève. Je vais passer outre la survie et vivre pour nous!
Moi :
Surtout prend bien soin de toi, de nous!
Septembre
Il est matin et c’est septembre,
De ces matins doux de ces matins tendres,
Tu dors il est encore très tôt
Et je passe le temps à t’attendre.
Dehors il fait un peu gris,
La rosée fait briller les pierres,
Il pourrait y avoir de la pluie
Ça sent déjà l’hiver.
J’ai mis de l’eau dans la théière,
Et j’ai fait griller du pain blanc,
Le plateau sur la table de verre
Déjà nous attend.
La nuit laisse passer la lumière,
Un chien aboie au bout du champ,
Tu remues un peu les paupières
Tu te réveilles tu prends le temps
Il est matin et c’est septembre
Et je passe le temps à t’attendre
Le pont-canal
Sur le pont-canal coule une eau malade comme à chaque été,
Près du pont-canal des gens se baladent marchent à pas comptés,
Des cyclistes glissent sur des pistes lisses tous près des roseaux,
Et quelques coureurs font battre leur cœur à pas cadencés.
Sur le pont-canal dans cette eau malade passe des bateaux,
Qui souvent patientent là-dessous les branches sous les ormeaux,
Et dans les écluses leurs bords ils usent contre les pavés,
Puis soudains dare-dare lâchent les amarres filent au fil de l’eau.
Quand tombe l’espoir me revient l’espoir d’être ce matelot,
Qui change sa vie et décide ici d’y laisser son lot,
Et sac sur le dos trouver un bateau direction bordeaux,
Oublier canal et ses jours banals l’ombre des ormeaux.
Sur le pont-canal coule une eau malade comme à chaque été,
Près du pont-canal des gens se balades marchent à pas comptés,
Des cyclistes glissent sur des pistes lisses tout près des roseaux,
Moi les pieds dans l’eau, là sous les ormeaux, je regarde les bateaux.
Deux poèmes d’Hanen Allouch
Hanen Allouch est docteure en littérature comparée de l’Université de Montréal. Elle est traductrice et critique littéraire et a participé à diverses manifestations scientifiques internationales qui ont abouti à des publications au Canada, en Tunisie, en France, aux États-Unis et en Espagne. Créatrice d’une œuvre littéraire et picturale riche et variée qui traduit la passion des mots et des couleurs, elle a remporté certains prix dont le prix Bobi Bazlen en études culturelles italiennes comparées et le prix de poésie Louis Brauquier.
Figures d’une enfance
Pour dire mon silence en cadence
Je pense à ces rimes que le vent balance
Je remue le sable qui cache ma balançoire
Je dépoussière d’un coup de mémoire mon espoir
En fouillant dans mes vieux tiroirs
Je retrouve ton image dans un miroir
Et soudain tu me rappelles l’enfant
Et les refrains plaisants d’une prison indicible.
Pour qui sait garder un secret… tiens, une poupée!
Une vague, une larme, une mer et un désert.
J’ai trouvé au fond d’une étagère mon insolence
Une enfance à mère.
Des fugues sucrées, mon chant païen sacré
Les rimeurs guidant, à coups de fouets, leurs douleurs-jouets
J’ai revu l’enfant qui danse, aime et pense
Des refrains plaisants d’une prison indicible
Ces couleurs en quête de syllabes et cibles,
Suivons l’itinéraire de mes caravanes,
La revoilà exécrable,
L’enfance violentée, avant de devenir leur diable.
Itinéraires éphémères
Comme une jeunesse-errance
Le souffle nomade cherche refuge
Dans la poésie vagabonde, dans le rêve et dans la passion
Cela ne dure que quelques instants
Le temps d’un passé-prison
Les chemins du voyage s’estompent à la vue du voyageur
Qui s’éloigne de la jeunesse en se rapprochant de sa destination
La langue hésite face aux mots muets
Se cherche les lettres de ses maux
Et d’une parole poétique qui se croyait éternelle
Sa jeunesse perdue ne se retrouve plus
La poétesse s’est confiée à elle puis s’est tue
Les vers fugitifs et les rimes fuyantes
Jadis amis fidèles, à présent n’existent plus
Rêvons résolument de gloire et de paix silencieuses
Le combattant des syllabes rend ses armes
Ce silence nous travaille, nous torture, nous tiraille
Telle l’ambition d’une voix reniée par ses échos
La finitude dépossédée de son vieux langage de l’extase
Se repentit, ne voyage plus vers la magie
La vie a fait de la Muse une adulte raisonnée
Qui a beau vouloir raviver la flamme
Des souvenirs de l’enfant et de la jeune dame
Aucune rose ne s’épanouit plus dans ses prairies
Vieillir c’est renoncer définitivement à l’inspiration
En un clin d’œil, le train et la caravane sont passés
Je n’ai rien vu et rien voulu garder
Aucun souvenir de voyage, aucune photographie capturée
Le regard voilé par les voix des sages
J’oublie jusqu’aux plus beaux fruits de mon imagination
Au bout de l’aventure
Je n’ai appris que l’autodérision
Célébrer l’éphémère en dansant
Et redonner la liberté aux corps et aux sons
Qui façonnent la chanson d’un être submergé par le néant
La mort des gens
Il ne faut pas souhaiter la mort des gens
c’est sûr
Évidemment
Ça ne se fait pas
Ce n’est pas chrétien
pourtant
cependant
toutefois
des fois
j’veux dire
Comment dire…
il faut bien reconnaître
Avec l’amertume accumulée
La rancœur rentrée et non digérée
Sous les coups de la colère
Face à l’injustice qui perdure,
Au mépris du dominant qui survit,
À la bêtise fière qui triomphe, qui vous nargue
Et comme ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier
Parmi ceux qui ont vraiment trop abusé
Y’en a qui auraient dû depuis longtemps
peut-être
quand même…
Crever?
La machine à machiner
T’es sûr que tu ne la connais pas, toi
La machine à machiner?
Mais non pas les gadgets de plaisir
plus ou moins féminins,
plus ou moins solitaires
À piles ou branchés, survoltés
Non la machine,
La plus machinée
La plus carénée
la plus automatisée
la plus spécialisée
la plus connectée
la plus plébiscitée
la plus publicitée
Celle qui à peine cataloguée
Fait déjà rêver
Celle qui à peine achetée
Est déjà placardisée
La machine à machiner
Elle rutile d’inutilité
Elle nous aura au moins fait rêver
De puissance, d’omnipotence
De repos extatiques
D’éternelles jouissances
De facilité de paiement et d’existence
C’est finalement la seule la vraie
La machine à machiner
Celle qui fait tout
et encore mieux :
Celle qui fait
et c’est tout.
Celle qui fait de nous des machins
Des machins qui ne font rien.
La civilisation des Lumières
Les pubards à la lanterne
En voilà une belle idée,
Une véritable idée de publicité lumineuse!
Pourritures de communicants
Scribouillards de l’égoïsme
Tâcherons de l’individualisme
Trompeurs de masses
Spoliateurs des véritables espérances
Accapareurs de rêves
Parasites appliqués des imaginaires
Refourgueurs de lendemains qui déchantent
Vendus qui ne pensent qu’à faire acheter
On vous pendra
On vous pendra parmi les premiers
Pour crime de pourrissement de la société
Pour lent empoisonnement moral de l’humanité
Pour entreprise d’abêtissement des corps et des esprits
Vous les zélés prophètes de la religion du fric
Qui nettoyez consciencieusement les consciences
Promoteurs infatigables de la mièvrerie, de la débilité,
Pourvoyeurs de fourrage toxique
Bourrant les crânes des masses qui mastiquent
Toute votre quincaille de blablas
Attirail d’attirances
Et arsenal d’abus de confiance
Il est temps que vous payiez de votre sang-froid
Pour nous avoir fait dépenser sans compter
Les lambeaux de liberté que nous laissait votre société
Créatifs de la dépendance
Rédacteurs de la tromperie
Publicitaires suppôts de l’industrie
Nous vous pendrons en premier
Aux enseignes lumineuses dont vous enlaidissez
Nos campagnes et nos quartiers
Nous les aperçûmes par intermittence dans les grandes galeries des centres commerciaux.
Nos poètes en firent des opuscules, premiers témoignages des futures épiphanies.
Des femmes araignées
Aux longues jambes tissées de soupirs
Traversée de sons martelés de morsures
Dans les galeries d’artifices
Où neigent les lumières
Frémit un torrent de résille
Que remontent les jeunes mâles
Avides d’agonies
Piétinant le cimetière des enfances
Pour remonter aux sources des mystères
Explorateurs de mâchoires cannibales
Ses gestes sont précis, lents, tranchants comme l’acier.
Les ogives pâles de ses seins percent le déshabillé, exhibant des aréoles de rouille.
Les mains ferraillent, désencastrent, tirent les verrous, incrustent et corrodent des rondeurs de baignoire.
Elle grince doucement sur ses ressorts. Ses mouvements de balancier tisonnent la syntaxe, brûlent les caryotypes à l’alcool de javel. La tôle ondule en cadence, elle a sorti fourchettes et couteaux pour s’attabler à un festin de mante.
Dans un taudis de la rue Bayard, les draps d’une chambre de passe en conservent l’épreuve originale incrustée comme une dorure à chaud.
À l’âge de quinze ans, il se rendit compte de l’étrangeté du monde. Quand il errait en ville à la recherche de femelles, jamais il ne trouvait chaussure à son pied, pas la bonne pointure, ni le bon modèle, des bottes en caoutchouc pour une marche sur le feu.
Sur les berges du Canal de Brienne, il resta en arrêt devant des joggeuses qui trottaient dans un concert de sabots.
Les étudiantes éméchées du week-end feulaient, sur le parapet du Pont Neuf, les griffes sorties à travers les mailles du pull, léchant leurs queues duveteuses. Des jeunes filles de bonne famille fraîchement atterries sur Toulouse lâchèrent leurs valises et s’envolèrent dès qu’il voulut les caresser.
Finalement, échoué à la Prairie des Filtres, il copula avec des caryatides venues de Scandinavie dont les longues jambes transplantées dans les prairies grasses des berges de Garonne bourgeonnaient en vulves tomenteuses.
De ces pariades tristes ne naquit aucune descendance et il s’éteignit solitaire, dernier de sa race, dans un hangar désaffecté de Montaudran où pourrissaient les cadavres de l’Aéropostale.
Voyelles
Le trait marqué d’une grande pâleur
À blanc pleure.
E bleu
Est malheureux.
Coiffé de gris,
Il est aigri.
L’I vert est triste. Rouge de colère, L’O rage!
Au choix des deux dernières de la liste,
je gage,
Qu’il ne reste que le jaune ou le noir,
À la limite... le rose.
Lors fataliste,
Y est tout morose.
Mais… Là regardez! Seule, voyez-la… Elle ose!…
U rit noir.
Les crevettes
À l’étal du poissonnier
Y a des crabes plein un panier
Et sous la corbeille aux tickets
Y a les crevettes… C’est le bouquet!
On m’invite à l’escargot
D’aller quérir un numéro.
Faire la queue pour des crevettes…
Normal, on leur mange pas la tête.
Une bousculade
Face aux dorades!
J’entends qu’on s’y échange,
Cela est fort étrange!
Morue! Thon! Maquereau!
Des noms d’oiseaux.
Dans la cohue, tombe la bannette,
Au beau milieu de mes crevettes,
Fait un mélange sophistiqué,
De crevettes roses décor tickets.
La Belle et la Bête
À l’orée d’un grand parc, près d’une fontaine,
Se tenait un chevreau aux jambes mal assurées.
Qui poussé en ce lieu par une faim soudaine,
Convoitait en la main d’une nymphe adorée,
Un épi de maïs que vers lui elle tendait.
Le manger, était juste ce qu’il attendait.
À bien le regarder, tant se régalant,
Ne nous montrait-il là, les regards d’un galant?
Des commères les voyant, jurèrent d’un sabbat.
« Du poil ou de la corne qu’importe la longueur!
La bête était Satan, la belle, sa consœur… »
Voilà comme la tempête sur un village s’abat,
Une ville, une province, ici, ailleurs, là-bas...
Pour abattre la bête et la belle mettre à bas!
On fit fort bien les choses,
Des juges furent désignés
Pour mal juger la cause
Tous étaient résignés.
Contre toute décence se trouvant adversaire,
Chargée de tous les maux comme le bouc émissaire,
Livrée sans pitié à la meute des fauves.
À l’égal d’une sorcière, la nymphe fut sacrifiée.
Mais on dit du chevreau qu’il garda la vie sauve.
Là-dessus cependant, je ne puis trop me fier...
Pour morale à l’histoire, en toute confiance,
Je laisse au lecteur son entière conscience.
La coupable n’est pas toujours celle qu’on croit,
La Justice l’est sûrement, quand elle cherche une proie.
Alexandre Antonczyk (Antz)
Fable composée à la mémoire de Marcelle Battut.
Sagesse
Sagesse qui s’échappe de ma tête
Mon corps réveille mon diable
Sagesse qui s’éteint et qui cède…
Mon corps s’éveille et devient agréable…
Sage ou difforme de mes pensées
Mon corps prend le contrôle
Sa jeunesse s’enrôle…
Dans une corporation libérée
Insertion
Je m’insère partout…
Dans tes rêves…
Dans tes nuits…
Je remonte ton cou…
Je dépose des baisers
Que tu ne peux fuir
J’obsède déjà tes pensées…
Sans originalité je domine tes soupirs
Je grappille ton temps…
Tu m’offres du vent…
Tout se complète bien
Tout se répète bien
Inutile de lutter
Futilité désorganisée
Je m’insère partout…
Dans ton esprit…
Et sous tes draps…
Mes caresses remontent ton cou…
Je m’empresse de te rendre fou.
Blessure
J’ai une blessure d’abandon
Qui se rouvre à chaque fois
Quand une personne comme toi part…
Quand une personne comme toi s’empare…
À tout va de mon cœur comme le froid
Comme les vibrations de l’été…
Qui délirent, qui pèlent mes sourires
Qui peignent mes bras autour de toi
À tout va de mes soupirs…
À veau l'eau de mes souhaits…
J’ai une blessure du pardon
Qui se ferme à chaque fois
Quand je renverse mes larmes
Au fond, tout au fond…
Des relations sans armes
Une guerre de la paix, en moi…
Big Bang
Ça a donc fait plouf vu d'en haut et big bang de partout
Alors écoute B B. sans témoin, toi qui m’as créé en situation d'existence, corps et cerveau ensemble qui se pensent
Pour te chérir comme jamais valeur n'en a atteint le prix
Et n'oublie pas que nous avons grandi ensemble, atomes enlacés, bouche-à-bouche assoiffés d'algues,
Jusqu'à ce que tu nous arraches à l'étoile en un bouquet d'artifice à fleurir l'espace d'une histoire fissible.
Je n'en puis plus, vite, oh Conscience!
Rapproche-moi davantage de moi
Et rapproche-toi, toi aussi, puisqu'entre big et bang tu es apparue
Approche, vite, confonds-toi,
Avant que des hommes expansés retrouvent le feu pour un soleil qui a froid
Ils vont refaire du feu, te dis-je!
Et notre soleil a peur!
GÊ
Notre planète, vu d'en haut, de très haut et de partout, peut être
C'est étrange, comment dire, on dirait, on dirait comme un signe
Un très grand signe, mouillé
Un blanc signal, ombré
D'un signet bleu, sensé
Sur une étoile ambrée
Une icône esseulée, peut-être?
Et il résiste vu d'en haut ce signe bleu dans l'eau
Il résiste via des femmes déjà toutes bronzées des remous jaunes du rond
foyer du monde
Il subsiste via la femme et ses hommes qui la singent jusqu'à devenir noirs
Et auréolés d'amour à jamais crucifié.
Et ils vont trouver le feu tous ces êtres expansés
Hommes et femmes, ensemble
Ils vont refaire du feu sur cette terre tant brûlée, torturée mais sacré.
Et en y regardant de plus près
Dieu du ciel! S'il en est, ça risque d'être un flop ce signe sombré dans
l'eau
Et on y voit que du feu, en bleu
Comme une patate à la mer qui fait plouf, aurait peut-être dit Éluard
Sinon, c'est bien Gaïa ce rond signal en expansion, notre planète signalée
Vue d’en haut de très haut et de partout peut être
Un signe bleu
Baignant dans l'eau
En quête de son sens.
Haïkus auvergnats de saison
- Printemps -
Aux bourgeons naissants
Anémones et pensées
Bientôt seront là
- Été -
Près du grand étang
Je vois les carpes sauter
Et les pies chanter
- Automne -
La cocherelle entend
Un cerf bramer et
Fuir les sangliers
- Hiver -
Joyeux silence
De neige ensommeillée
Froid et paix glacée
- Nouvel an -
Mais quelle fête
En famille - bien être
Nouvelle ère
Mon doux hiver
Neige qui tombe sans un bruit,
Nature endormie.
En ce moment je m’émerveille,
Paysages en veille.
Dehors tout est parfaitement gelé,
Feux de cheminée.
À l’intérieur les cœurs sont chauds,
Lecture, plaid et cacao.
Hiver, j’aime ton calme
et ta beauté.
Je profite de tes bons moments
et de ta sérénité.
Merci pour cette agréable saison,
Que j’attends avec admiration.
Quel bonheur d’être ainsi en paix,
Mon doux hiver, tu me plais.
Acrostiche du bonheur
La question du bonheur est très souvent posée,
Et, malheureusement, trop rarement solutionnée.
Bien que cela soit la quête de toute une vie,
On a parfois tendance à se créer des alibis.
Nul besoin d’aller le chercher bien loin,
Harmonisons juste sa présence en chacun.
En moi j’ai trouvé le bonheur,
Un jour où affronter la réalité ne m’a plus fait peur.
Rien ne sert d’aller explorer le monde,
Et de partir à la recherche de bonnes ondes.
Selon moi, le bonheur est à portée de mains,
Tapi dans les tout petits riens du quotidien.
Derrière chaque repas partagé en famille,
À travers les yeux de nos enfants qui brillent.
Nous sommes tous capables de provoquer joie et plaisir,
Sans nul doute que notre force est le sourire.
Toutes les rencontres que nous faisons,
Occasionnent de nouvelles excitations.
Un dimanche au soleil, sur un vélo ou tenant une binette,
Sous les cocotiers, à la montagne ou sous la couette.
Le bonheur est un sentiment qu’il faut partager,
Et ne surtout pas laisser filer dans la complexité.
Sans attendre qu’il arrive en fanfare,
Parce qu’il risque d’être bien trop tard.
Écoutons de la musique, chantons pour nous-mêmes,
Tendrement, disons aux autres « je t’aime ».
Il faut profiter de chaque instant,
Toutes les secondes sont à vivre intensément.
Surtout, laissons de la place à nos contemporains,
Rien ne vaut l’amour apporté par les siens.
Incroyable est notre vie ici,
Et il faut en saisir chaque trait de poésie.
Nous sommes les seuls responsables de notre vie et de notre bonheur,
Si simple de tendre les mains vers ce destin, avec notre cœur.
Traqué, je me rue à travers les arbres millénaires.
L’effroi m’enserre de son implacable étau.
Il me transcende.
Véloce, mon corps est un automate. Il veut vivre!
Pourtant tous me disent que je vais disparaître ici.
Cette nuit.
L’air froid qui cingle mon visage, cette nuit sans étoile,
ce silence total que je fracasse de ma course effrénée.
Cette nuit je suis la proie. Une parmi tant d'autres,
chassées par une meute implacable, n’attendant aucune pitié, espérant
une échappatoire, jusqu’à l'hallali.
Je ne suis pas encore mort.
J’ai peur. Peur de la solitude éternelle et glacée,
celle qui broie l’esprit.
Celle qui annihile l’espoir.
Venu d’abysses de détresse, s’élève un grondement sourd, en cascades
ininterrompues,
consumant un peu plus mon être à chaque instant.
Cette lente chute semble sans fin, je la pressens terrible, dérisoire.
L’obscurité m’entoure ; le noir, autrefois couleur, semble texture.
Elle enveloppe, submerge tel un fleuve en crue et, déjà,
l’emporte loin de tout ce qui lui semblait si tangible alors.
Le grand serpent emporte tout, arrache les fondations, noie les espoirs,
dénature l’amour en haine, démembre les ambitions, désagrège la
conscience.
Tout n’est alors plus que boues saumâtres.
Voici le monde, cacophonie grandiose et agitation effrénée,
apologie de la domination et de l’exaltation.
Suis en le rythme trépidant, chevauche en la vague frénétique ou tu seras
chassé de l’éden gesticulant.
Voici ton monde, maquillé, camouflé, où cruauté et amoralité sont
reines,
dissimulées dans leurs belles livrées chatoyantes.
Voici leur monde, aux accros de la sensation,
aux pantins de la réussite,
aux écervelés de la précipitation.
Tu n’y es pas à ta place,
toi qui déambules au lieu de sprinter,
toi qui ne pipes mot au lieu de vociférer.
Quand chaque minute qui passe s’étire sans fin,
jouis des délices de cette torture car tu es en vie.
Juste derrière toi!
La danse des conseils
Dans la beauté des mots
Naissent les panseurs, naissent les beaux
Une symphonie sort sans hésiter
Les dents aiguisent son passage avec clarté!
La mère plane, plane!
Elle n’arrive pas à se contrôler!
Le père réfléchit sans s’arrêter!
Les enfants attendent le signal!
Les lampes ne savent plus
Quoi faire, hélas!
Les lampes éclairent
Tous les chemins d’un coup!
Le vent paraît étrange
Comme dans un mélange
Où le mélanger
Se trouve étranger
Les beaux continuent leur spectacle
Ils dansent la victoire
Car le message est bien entré!
Les beaux sont rentrés trop tôt!
Les beaux ont blessé l’intouchable!
Les beaux ont brisé les raccourcis!
Les beaux sont rentrés beaux!
Que font-ils alors?
Ils corrigent, ils nettoient!
Ils pensent en dansant!
L’Homme perd sa faim tout d’un coup
Car les beaux font fuir ce besoin
Qui est inné, lié, tissé!
À la fin de la symphonie
L’Homme sourit, il rit!
Les beaux sont toujours là
Mais désormais amis de l’Homme!
Il faut rire pour écrire!
Dis-moi, o Homme!
Dis-moi, o intelligence!
Dis-moi le secret de ton humeur, o Homme!
Dis-moi, qui peut écrire?
Le petit écrit!
Le grand écrit!
Le sage écrit!
Dis-moi, où est la différence?
La locomotive passe en écrivant sur son passage!
L’avion vol en écrivant sur son passage!
La voiture passe en écrivant sur sans passage!
Dis-moi, où est la différence?
O Homme, o encyclopédie!
Même la maladie écrit!
Même la peur écrit!
Même la colère écrit!
Alors, dis-moi, qui ne peut écrire?
Quelle est la solution pour écrire?
Peut-on ajouter quelque chose pour écrire?
O Homme, o encyclopédie!
J’ai vu la main écrire!
J’ai vu les lampes écrire!
J’ai vu la gentillesse écrire!
Mes 1 440 minutes se résument ainsi,
Le matin, j’écris!
À midi, j’écris!
Le soir, j’écris!
O Homme, o encyclopédie!
Le matin, je te vois rire et écrire!
À midi, je te vois rire et écrire!
Le soir, je te vois rire et écrire!
Ah! Il faut donc,
Préparer son cœur, avant d’écrire!
Ne refuse pas!
Ne refuse pas le bonjour que te dit un enfant
Il risque d’insister et de pleurer tout le temps!
Ne refuse pas de croire aux évidences
Elles risquent d’être des malchances!
Ne refuse pas d’aimer une qualité
Tu ne sais pas ce que ça peut t’apporter!
Ne refuse pas de lire et d’écrire
Un jour ils peuvent d’apporter le sourire!
Ne refuse pas d’écouter
Cela peut d’aider!
Ne refuse pas de chercher
Sinon qui peut te chercher?
Ne refuse pas de grandir
Tu peux t’affaiblir! Tu peux maigrir!
Ne refuse pas de travailler
Seuls les bons peuvent monter!
Ne refuse surtout pas de continuer d’apprendre!
À tous ceux que l’on croise bien
trop souvent…
Il avance
Il est déjà là, un peu en avance
C’est une figure de son quartier
Il ne veut pas manquer l’affluence
Et ses précieux regards croisés
C’est l’heure, sa marche commence
Le long des rues qu’il va arpenter
Sans jamais perdre confiance
Même si le ciel l’a oublié
À travers une foule d’indifférence
Il marche le dos courbé
Sous le poids des médisances
Il avance le cœur serré
Pour préserver les apparences
Il s’est vite redressé
Et poursuit son errance
Sans rien laisser filtrer
Il progresse en cadence
Au rythme de ses pensées
On devine les appels qu’il lance
À sa démarche mal assurée
Pour faire tourner la chance
Il avance les mains serrées
Quelques prières adouciront l’existence
En réduisant ses peines en fumée
Il est déjà de retour, un peu en avance
Sa marche est à présent terminée
Avide d’une once de reconnaissance
Il était juste là pour exister
L’éphémère
Je suis très discret
On me remarque quand même
La chrysalide m’a libéré
Je déploie mes ailes
À travers la lumière qui flotte
Mes couleurs ont plusieurs facettes
Un vent léger me porte
Je vole au-dessus de vos têtes
Petite chose fragile
Appelez-moi l’éphémère
Ma vie ne tient qu’à un fil
Petit papillon redeviendra poussière
Le ciel est mon espace et je plane
Avant de m’attarder sur quelques fleurs
Le temps m’est compté, comme elles, je me fane
Mais virevolte de cœur en cœur
Je m’éclipserai un instant
Pour mieux revenir, avec de nouvelles ailes
Et découvrir d’autres enchantements
Pour des voltiges encore plus belles
Petite chose agile
Souvenez-vous de moi l’éphémère
Ma vie se raccroche à un fil
Petit papillon reviendra dans la lumière
Les sens ciel
Je regarde la neige tomber
Tout recouvrir d’un blanc-manteau
Les flocons se mettent à danser
Dans un tourbillon de cristaux
Je vois le brouillard épais
Enlacer tendrement l’atmosphère
Sans craindre d’être dissipé
Et de redevenir poussière
J’observe la pluie ruisseler
En cascade sur les carreaux
Elle dessine en art abstrait
Des vagues de bas en haut
Je sens le vent caresser mon visage
Il s’engouffre sous les portes
En balayant tout sur son passage
Quel que soit ce qu’il emporte
J’écoute la tempête souffler
Elle désoriente les nuages
Comme une femme au cœur brisé
Elle exprime toute sa rage
J’entends l’orage gronder
Des éclairs zèbrent le ciel
Ombres et lumières saccadées
Se répondent à merveille
J’admire le soleil briller
Ces rayons de lumière inondent
La nature et ses plus beaux attraits
Pour révéler son essence profonde
Estran
À l'estran de la plage, quand la laisse de mer
s'enrubanne en cordon sinueux, odorant,
entre mer et rivage, entre hier et demain,
entre ici et ailleurs le présent s'intercale
et la houle s'imprime au profond de nos âmes.
À l'estran de nos vies, quand les marées s'effacent,
se lisent les années, s'amassent les reliefs
que les « hier » posèrent sur les dunes du temps,
coquillages nacrés des souvenirs-bijoux,
algues noires et sèches des chagrins, des regrets.
À la laisse de mer, des restes de naufrages,
de curieux bois flottés s'amassent en grimaces
et leurs figures disent, au passant d'un instant,
la torture des jours et l'agonie des soirs,
juste après la rupture, juste avant l'échouage…
Sur l'estran d'aujourd'hui regarder vers le large,
oublier un instant le fini de nos vies,
respirer l'infini de la mer et du ciel,
garder le coquillage au secret de la paume
… Sur l'estran de nos vies, nous asseoir au soleil.
L'enfant pas comm' les autres
Il dessinait au crayon noir
des maisons sans port's ni fenêtres
l'enfant pas comm' les autres
Il paraissait toujours ailleurs
en quête d'un monde impossible
étranger à lui-même
On le regardait sans le voir
« Il n'aurait même pas dû naître! »
l'enfant pas comm' les autres
De lui on avait un peu peur
mais lui souriait impassible
ignorant du problème
Il parlait à la lune, le soir
le jour aux chênes et aux hêtres
l'enfant pas comm' les autres
Quelquefois saisi de frayeur
il hurlait l'angoisse indicible
enfouie en lui-même
On se prenait parfois à croire
qu'un jour il deviendrait peut-être
un enfant comm' les autres
Mais au profond de notre cœur
On savait la chose impossible
Oui… et puis quand bien même
Car bien plus fort que désespoir
l’amour chaque jour le fait naître
un enfant comm' les autres
Poème à l'autre… qu'on aimerait connaître!
Le quidam du trottoir
Le quidam du trottoir
Sur sa planche à roulettes
Bouscule gens et bêtes
Sans « pardon » ni « bonsoir »
Le quidam du trottoir
Un œil sur sa tocante
Une affaire importante…
Ça y est, il est en r'tard
Le quidam du trottoir
Le nez dans sa mallette
Moral dans les chaussettes
Fonce dans le brouillard
Le quidam du trottoir
La main sur l'oreillette
« T'es où là, dis? t'achètes
Des kébabs pour ce soir? »
Le quidam du trottoir…
On aurait pu l'aimer
Ou seul'ment lui parler
Si le temps d'un regard
Il avait pu… nous voir
Le quidam du trottoir!
Quand la lune se lève…
Quand la lune se lève pour brouter un nuage
Quand les oiseaux se taisent et cachent leur visage
Quand les étoiles naissent sous les pas de la nuit
Et que le vent caresse les arbres sans un bruit
Quand les chemins se noient dans le noir de Soulages
Et que vêtus de soie les fantômes voyagent
Alors ouvrez les portes aux rêves qui s’ennuient
Ainsi va le chemin
Du soleil à la terre
De la terre à la souche
De la souche au raisin
Du raisin à la cuve
De la cuve au tonnelet
Du tonnelet au flacon
Du flacon aux lèvres
Des lèvres au Joy d’Amour
Du Joy d’Amour au soleil
De la vie et du vin
Ainsi va le chemin
Virus, vous n’êtes qu’un vilain