Recueil 2022 - Dialoguer en Poésie - E-Book

Recueil 2022 E-Book

Dialoguer en poésie

0,0

Beschreibung

L'association « Dialoguer en poésie », présidée par Pierre Léoutre, a lancé ce nouveau concours pour permettre à des inconnus qui écrivent des poèmes de figurer éventuellement un jour dans un recueil de poésie et d'être lus par une multitude. Bien entendu, la porte était également grande ouverte aux poètes confirmés. Et vous avez été vraiment très nombreux, une fois encore, à proposer des poèmes de qualité et souvent d'une grande originalité. Nous en avons reçu de toutes les régions de France et même de l'étranger, notamment de Belgique, de Haïti, de Suisse, de Côte d'Ivoire, du Québec, d'Afrique, d'Ukraine, d'Algérie, du Mexique, de Tunisie et du Brésil.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern

Seitenzahl: 363

Veröffentlichungsjahr: 2022

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Dialoguer en poésie :

préface de Xavier Ballenghien, Maire de Lectoure

Quel plaisir pour moi de vous partager quelques mots en avant-préface de ce merveilleux ouvrage!

Plaisir de rappeler le souvenir de Marie-Andrée Ricau-Hernandez, poète disparue et regrettée chef de choeur avec qui j'ai chanté quelquefois.

Plaisir de découvrir en avant-première ces poèmes, textes choisis par le jury et mis en scène par l'auteur du recueil. Quelle belle richesse, quelle émotion! Me laisser bercer par les rimes, les entendre et laisser mon esprit y répondre dans un dialogue habité par la seule musique des mots.

Plaisir enfin que cette alchimie soit possible à Lectoure. Parce que Lectoure est riche d'une culture et d'une histoire plurimillénaire. Capitale de la Lomagne, porte d'entrée de la Gascogne, Lectoure est naturellement le lieu où peuvent germer de belles initiatives telles que ce dialogue en poésie. Lectoure est accueillante et humaniste. Son patrimoine architectural et culturel s'enrichit des apports de chacun. Merci à tous ceux qui l'ont compris et la font vivre.

Je vous souhaite une belle lecture.

Xavier Ballenghien Maire de Lectoure

Les auteurs

Agrumax

Akaffou Kevin Wilfried Akaffou

Joël Allain

Hanen Allouch

Almanzor

Stéphane Amiot

Antz

Apirene Jessica

Zéoioui Atmouni

Manon Badet-Blois

Pierre Bailly

Pearce Chris Précieux Bakouma

:

Laetitia de Baudus

Anick Baulard

Jacqueline Bazalgues

Sacha Bechara

Amine Belazouz

Colette Berger

Jean-Louis Bessières

Évelyne Biausser

Dominique Bonneville

Hédi Bouraoui

Adrien Braganti

Françoise Bragagnolo

Zoé Brannenx

Emmanuel Brasseur

Stéphane Brunet

Natacha Dann

Christine Daridan Lenain :

Thierry Grandjean

Mélodie Grelier

Jérémy Gressier

Jean-Michel Guiart

Jean-René Guibert

Marielle Guth

Maud Hagelberg

Carl Hallak

Roberto Hector

Louise Héran

Hiran

Sadlay Hounyeme

Édouard Huckendubler

Mykola Istyn

Thierry Jamin

Laurence Joseph-Gross

Jean-François Joubert

Cécilia Jourde

Laure Julien

Séverine Kaci Desbois

Arnaud Keller

Tatjana Komaroff

Nicolas Kopf

Assinou Koudous

Malika Laffaire

Alexandre Laperdrix

Claudine Candat

Frédéric Camoin

Paulette Cantan-Grison

Jacky Cardon

Bertrand Caron

Monique Cattœn

Gilles Chabrerie

Marielle Chamoiseau

Évelyne Charasse

Lucie Chigioni

Jessalynn Choby

Thérèse Cigna

Dorothée Coll

Didier Colpin

Jully Coralie « Lilly »

Ludovic Coué

Mohamed Coulibaly

Arnaud Coulon

Sandrine Davin

Estelle Decamps

Corinne Delarmor

Dem Deyouss De La Louve

Miguel Dey

Nancy Marianne Diallo

Loriane Drean

Jean-François Drut

Jackie Dumetz

Jean Dupont

Pascal Dupuy

Nicole Durand

Serge Lapisse

Claudine Lassagne

Jean Noël Lassalotte

Patricia Lasserre

Jacques Lauqué

Nathalie Peloux

Sophie Pierrepont

Gérard Pinson

Marine Planté

Plone

Jules Pouget

Dominique Poupard-Budak

Isabelle Provost

Élisabeth Pysz

Laura Quero-Lorcy

Ridwan Ramadan

Marie Recurt

Dominique Renaudin

Gérard Riba

Marijo Richard

Claire Rio Petit

Yvan Robberechts

Laurent Robert

Lucio Rosina

François Rouillon

Juliette Ruiz

Steeve Rulle

Odette Salgado

Anthony Martin

Matiouz

Elsa

Bruno Eozinou

:

Jacques Favre

Marie Fareu

Magic Fay

Evelin Flores Alemán

Stéphane Foullounoux

Marie Foyot

Magali François

Roger Galinié

Sarah Gamaire

Fabien Garino

Annaëlle Gautier

Samuel Genevet

Brigitte Genre

Marc Giaveri

Annie Girard

David Girard

Vincent Leber

Anne Le Bras

Catherine Le Bris

Pierre Lebriquir

Valentin Lefevre

Chloé Leguéré

Pierre Léoutre

Stéphane Leprout

Léa Maccarinelli

Samrit Mainali

Huppert Malanda

Magali Malbos

Délice Mankou

Sarita Méndez

Catherine Mesmeur

Christine Messens

Laurent Miani

Hazel Minime

Esteban Miralles

Mohamed Mleiel

Samir Moinet

Guy Moncassin

Jean Claude Mondange

Frédéric Moquet

Imèn Moussa

Alvie Mouzita

Juline Murat

Alain Nocus

Alix Pallard

Laurence Paulmier

Philippe Pauthonier

Mateus Peixoto de Jesus

Marilou Pierrehumbert

Justine Pina

Daniel Sue

Andreea Tanase

Louise Thomas-Kermel

Corynn Thymeur

Bruno Toch

Delphine Touzet

Christine Veauvy

Ophélie Sautron

Soumari Rodrigue Séke

Nathalie Simon

Hanen Marouani

Luc Marsal

Aude Sirvent

Lucile Souriau

François Sumien

Deea State

Nathalie Villalba

Maryse Weisser Macher

Antoine Winnicki

Marguerite Wlosinska Bousnali

Alexandra Yon

Guy Zajac

Préface

« La Poésie, pour peu qu'on veuille descendre en soi-même, interroger son âme, rappeler ses souvenirs d'enthousiasme, n'a pas d'autre but qu'Elle-même ; elle ne peut pas en avoir d'autre, et aucun poème ne sera si grand, si noble, si véritablement digne du nom de poème, que celui qui aurait été écrit pour le plaisir d'écrire un poème. Ainsi le principe de la poésie est, strictement et simplement, l’aspiration humaine vers une Beauté supérieure »

Charles Baudelaire

L'association « Dialoguer en poésie », créée à Lectoure (Gers) par la regrettée Marie-Andrée Ricau-Hernandez, et désormais présidée par Pierre Léoutre, a lancé ce nouveau concours pour permettre à des inconnus qui écrivent des poèmes de figurer éventuellement un jour dans un recueil de poésie et d'être lus par une multitude. Bien entendu, la porte était également grande ouverte aux poètes confirmés.

Et vous avez été vraiment très nombreux, une fois encore, à proposer des poèmes de qualité et souvent d'une grande originalité. Nous en avons reçu de toutes les régions de France et même de l'étranger, notamment de Belgique, de Haïti, de Suisse, de Côte d’Ivoire, de Roumanie, du Québec, du Bénin, d’Ukraine, d’Algérie, du Mexique, du Congo, de Tunisie et du Brésil. 225 poètes ont envoyé leurs œuvres! Le jury a fait un choix, naturellement, et certains d’entre vous n’ont pas souhaité être publiés dans ce recueil collectif ; nous avons respecté leur volonté.

Le jury composé de lecteurs et écrivains de poésie, a fait ses choix en se basant sur plusieurs critères, dont, entre autres, le respect du règlement et de la langue française d'abord, mais également et surtout la préférence du cœur. Ce dernier paramètre, à la fois certes subjectif mais également incontournable, permet au jury de rester souverain sans avoir à donner d'explication quant à la sélection des textes présentés ici. Pardon aux laissés-pourcompte que nous remercions vivement de leur participation! Mais nous avons le cœur grand et un véritable amour pour la poésie, aussi ce recueil collectif incroyable comprend-il plusieurs centaines de pages, permettant au maximum de poètes de s’exprimer.

Lectoure, ville culturelle renommée dans le Gers et bien au-delà̀, s'enorgueillit de faire participer tout un chacun aux multiples facettes de l'art. Et ce, par ses différentes manifestations nourries par le théâtre, l'été photographique, les festivals de musique, les salons littéraires et autres évènements nombreux. Cependant, la poésie donne parfois l'impression d'être la parente pauvre de la littérature. Peu lue, peu comprise, ses ventes sont dérisoires à côté de celles du roman. Pourtant notre monde contemporain, coincé par des contraintes de plus en plus sévères, a besoin plus que jamais de la folie et de la liberté de la poésie et de ses émotions. Merci à toutes et à tous et bon voyage poétique!

Dialoguer en poésie

Concours de poésie pour l’année 2023

Dialoguer en poésie, département autonome de l'association Le 122, lance à partir du 1er janvier 2023 un nouveau concours de poésie, totalement libre, tant dans la forme que sur le thème, avec comme seules restrictions : 3 poèmes par auteur ; 35 lignes maximum par poème. Vous avez jusqu'au vendredi 30 juin 2023 pour envoyer par courriel vos poèmes à Pierre Léoutre : [email protected]. Un comité de lecture effectuera ensuite un choix et les poèmes retenus seront publiés dans un recueil édité par l'association Le 122. Il n'y a pas de droits d'auteur (c'est impossible sur un recueil collectif autoédité) ; les auteurs restent complètement propriétaires de leurs textes ; les auteurs ne sont pas obligés d'acheter ce recueil, ce concours est entièrement gratuit ; l'association n'a évidemment pas les moyens d'offrir un exemplaire papier à tous les auteurs ; mais chaque auteur publié recevra une version numérique de l’ouvrage. L’association prend en charge les frais de déclaration ISBN et la mise en page du livre. Les mineurs qui souhaitent participer à ce concours doivent envoyer avec leurs poèmes une autorisation parentale écrite. Bonne inspiration!

Agrumax

Le foin s'envole

Tu as joué avec le feu

Et tu t'es brûlé

Ils se prenaient pour des dieux

Tu les as défiés

Mais tu en avais déjà trop dit et ils m'ont vite retrouvé

En tuant l'amour de ta vie ils savaient qu'ils t'enterraient

C'est injuste et oui je t'en veux de les avoir fréquentés

Mais tu n'es pas le seul à qui j'en veux de m'avoir sacrifié

Mais bébé, toi et moi c'était intense

J'ai vécu les plus belles années de ma vie avec toi

J'ai vécu la plus belle période de ma vie grâce à toi

Personne n'aurait pu remplacer tes danses

Pour rien au monde je voudrais vivre plus pour expérimenter moins

Tu m'as fait découvrir des chemins

Nos ébats dans ta ferme précédaient nos demandes en bagues de foin

Je t'ai fait découvrir l'amour sain

Je t'ai appris comment bien me saisir

"Je serai tienne si tu me le demandes avec les mains" "Je t'appartiens si

tu plonges les yeux fermés dans mon bain" Tu m'as fait rêver avant de

dormir…

Notre destin c'est de finir raide et fripé

Je l'ai été avant l'heure

Je l'ai fait avec le cœur

Ils ne l'ont pas retiré, simplement figé

Tu me connais, je n'aurais pas aimé être ridée

Et la vie nous aurait à un moment ou à un autre séparés

Vis s'il te plaît, j'ai emporté notre relation dans l'éternité Mon cœur

s'est arrêté quand rien que pour toi il battait.

Blizzard sibilant

Le vent souffle trop fort

Le monde ne s'est visiblement pas arrêté

Quand notre relation a cessé de respirer

Le vent souffle fort

Dans d'autres chaleureux bras il t'a précipité

Dans ce blizzard sibilant tu n'as pas pu lutter

Le vent souffle trop fort

Dans d'autres chaleureux bras il m'a précipité

Dans ce blizzard sibilant je n'ai pas pu lutter

Le vent souffle trop fort

Il nous remet dans sa tornade mouvementée

Heureux l'un pour l'autre et chacun de notre côté

Nananère

La clé de mon royaume est maintenant rouillée

Elle servira à verrouiller un placard à balais

C'est une aubaine pour toi qui a toujours voulu voler

Le ciel t'a rejeté sur Terre t'as exercé

Entouré d'humains, t'as revêtu leurs sales habits

Et dans mon champ t'as pris tout ce qui était joli

Souviens-toi, la mémoire est ton seul moyen d'évasion

(je rigole) Dans ton crâne j'érigerai de solides cloisons

J'ai grandi au beau milieu de ce que tu m'as laissé

Les mauvaises herbes m'ont tissé et hissé des cornes

Je suis devenue laide mais ne fais pas l'étonné

Mon reflet a changé depuis tes jeux trop mornes

Si tu ne veux pas une réaction infantile

Eh bien il fallait laisser l'enfant tranquille

Faire des caprices, être impulsif

Sont des traits pour le moins cursifs

Si tu ne veux pas que je relie tes grains de beauté

Il ne fallait pas que certains frappent mon couteau

Mais tu sais ce que c'est toi, on ne peut pas résister

Je ne touche avec les yeux que ce qui n'est pas beau

Tu m'as laissé morte à l'intérieur

Je n'ai pas vieilli à l'extérieur

Et quand on trempe la mouillette

On ne remet pas le capuchon

On le racle et puis on le jette

Mais le temps sera ta protection (ou ton infection)

Akaffou Kevin Wilfried Akaffou

Je jure

Je jure sur ta mort

Que la Mort sera ta plus fidèle compagne,

Que ta carcasse ne sera drapée ni de linceul ni de pagne

Ô que les Moires me soient favorables pour sceller ton sort!

Je frapperai sans crier gare,

Et aussitôt tu nageras dans une mare.

Je me draperai des gémissements de ton corps au bord du trépas,

Et m’abreuverai des crissements de ton âme pour alléger mes pas.

Exhibant ta carcasse parmi les tiens,

Némésis se délectera alors des pleurs salés de tes mères!

Thanatos savoura ce doux effluve des douleurs amères de tes pères!

Et je vengerai ainsi les miens.

Rencontre

Et d’un geste d’une adresse sans nom,

Sa main tient habilement et fermement sa hanche,

Tel un épéiste et son manche

Se battant pour laver un affront.

Nymphe au regard enjôleur,

Qui se laisse enivrer par des désirs inavoués,

Qui devant ce, ce… gugusse s’est engouée,

Se laisse entraîner par ce « Sorceleur »!

De haut en bas,

Sa main se glisse dans sa jupe.

De bas en haut,

Sa langue serpente jusqu’à sa bouche.

T-shirt, soutien-gorge, petite culotte

Traînent aussitôt à terre!

Chemise, pantalon, culotte

Sont semblables à des serpillières!

Leurs corps s’entrelacent, s’entremêlent.

Noble fantasme, péché divin!

Ils se défient et se dominent çà et là, un peu pêle-mêle.

Le néant atteint sa plénitude, le tout retourne au rien.

Le mouvement des va-et-vient

Qui se répète de façon effrénée

Tente ainsi de freiner

La friction qui s’efforce d’effriter

Des fonctions fragilisées par de lourdes frasques

Mais créées pour fuir cette fréquentation factice

Qu’autrui qualifiera de frivole.

14-04-22

Moi :

J’ai traversé pas mal de choses. Devoir passer une année durant à la maison à ne rien foutre. Difficile de rester le même, Entre tes potes qui te demandent tout le temps ce que tu fais Et ton père qui te prend tout le temps la tête.

Will :

Ce n’était pas vraiment la fête.

Moi : Will :

Oui et puis bon, à quoi bon se plaindre? D’autant plus qu’on finira par minimiser tes souffrances Quand tu te donneras la peine d’exprimer ton ressenti. Soi-disant que ce que tu vis là n’a rien de comparable au vécu d’autrui. Hum… Donc après de lourdes disputes avec mon père, je mets mon sac à dos. Béni-oui-oui à temps plein, tout le temps à faire ce qu’on dit, Pas le genre de vie qu’on envie. Mais bon que veux-tu, je ne suis pas le mec à se mettre tout le monde à dos. Et puis vint le

deuxième opus,

Genèse des questions de responsabilité et de respectabilité. Mais aussi moment où j’ai été le plus souvent alité, affligé. Année d’hérésie et aussi d’abus! C’est marrant, ce comme tu peux être déçu d’autrui…

Moi :

Ouais, tu sais bien que pour moi rien ne vaut le lien de la famille. Mais certains événements m’ont forcé à reconsidérer ce mot « famille », Car j’arrivais difficilement à trouver des mains tendues lorsqu’il faisait nuit.

Et il y a eu les aînés.

Je ne sais quoi dire, j’ai voulu changer les choses mais…

Sache seulement qu’ici pointe les problèmes du doigt

Et très vite, t’en deviens.

« On verra lorsque ce sera ton tour » me disait-on.

Mais comment accepter un héritage auquel on s’identifie

difficilement?

Bref, je ne pense pas avoir la prétention d’être leur leader

J’avoue que jusqu’alors je suis cet aveugle qui essaie d’y voir plus clair.

Will : Moi :

Je vois… Mais tu sais quoi? Oui?

Will :

Aujourd’hui c’est notre anniv’ et je prends la relève. Je vais passer outre la survie et vivre pour nous!

Moi :

Surtout prend bien soin de toi, de nous!

Joël Allain

Septembre

Il est matin et c’est septembre,

De ces matins doux de ces matins tendres,

Tu dors il est encore très tôt

Et je passe le temps à t’attendre.

Dehors il fait un peu gris,

La rosée fait briller les pierres,

Il pourrait y avoir de la pluie

Ça sent déjà l’hiver.

J’ai mis de l’eau dans la théière,

Et j’ai fait griller du pain blanc,

Le plateau sur la table de verre

Déjà nous attend.

La nuit laisse passer la lumière,

Un chien aboie au bout du champ,

Tu remues un peu les paupières

Tu te réveilles tu prends le temps

Il est matin et c’est septembre

Et je passe le temps à t’attendre

Le pont-canal

Sur le pont-canal coule une eau malade comme à chaque été,

Près du pont-canal des gens se baladent marchent à pas comptés,

Des cyclistes glissent sur des pistes lisses tous près des roseaux,

Et quelques coureurs font battre leur cœur à pas cadencés.

Sur le pont-canal dans cette eau malade passe des bateaux,

Qui souvent patientent là-dessous les branches sous les ormeaux,

Et dans les écluses leurs bords ils usent contre les pavés,

Puis soudains dare-dare lâchent les amarres filent au fil de l’eau.

Quand tombe l’espoir me revient l’espoir d’être ce matelot,

Qui change sa vie et décide ici d’y laisser son lot,

Et sac sur le dos trouver un bateau direction bordeaux,

Oublier canal et ses jours banals l’ombre des ormeaux.

Sur le pont-canal coule une eau malade comme à chaque été,

Près du pont-canal des gens se balades marchent à pas comptés,

Des cyclistes glissent sur des pistes lisses tout près des roseaux,

Moi les pieds dans l’eau, là sous les ormeaux, je regarde les bateaux.

Hanen Allouch

Deux poèmes d’Hanen Allouch

Hanen Allouch est docteure en littérature comparée de l’Université de Montréal. Elle est traductrice et critique littéraire et a participé à diverses manifestations scientifiques internationales qui ont abouti à des publications au Canada, en Tunisie, en France, aux États-Unis et en Espagne. Créatrice d’une œuvre littéraire et picturale riche et variée qui traduit la passion des mots et des couleurs, elle a remporté certains prix dont le prix Bobi Bazlen en études culturelles italiennes comparées et le prix de poésie Louis Brauquier.

Figures d’une enfance

Pour dire mon silence en cadence

Je pense à ces rimes que le vent balance

Je remue le sable qui cache ma balançoire

Je dépoussière d’un coup de mémoire mon espoir

En fouillant dans mes vieux tiroirs

Je retrouve ton image dans un miroir

Et soudain tu me rappelles l’enfant

Et les refrains plaisants d’une prison indicible.

Pour qui sait garder un secret… tiens, une poupée!

Une vague, une larme, une mer et un désert.

J’ai trouvé au fond d’une étagère mon insolence

Une enfance à mère.

Des fugues sucrées, mon chant païen sacré

Les rimeurs guidant, à coups de fouets, leurs douleurs-jouets

J’ai revu l’enfant qui danse, aime et pense

Des refrains plaisants d’une prison indicible

Ces couleurs en quête de syllabes et cibles,

Suivons l’itinéraire de mes caravanes,

La revoilà exécrable,

L’enfance violentée, avant de devenir leur diable.

Itinéraires éphémères

Comme une jeunesse-errance

Le souffle nomade cherche refuge

Dans la poésie vagabonde, dans le rêve et dans la passion

Cela ne dure que quelques instants

Le temps d’un passé-prison

Les chemins du voyage s’estompent à la vue du voyageur

Qui s’éloigne de la jeunesse en se rapprochant de sa destination

La langue hésite face aux mots muets

Se cherche les lettres de ses maux

Et d’une parole poétique qui se croyait éternelle

Sa jeunesse perdue ne se retrouve plus

La poétesse s’est confiée à elle puis s’est tue

Les vers fugitifs et les rimes fuyantes

Jadis amis fidèles, à présent n’existent plus

Rêvons résolument de gloire et de paix silencieuses

Le combattant des syllabes rend ses armes

Ce silence nous travaille, nous torture, nous tiraille

Telle l’ambition d’une voix reniée par ses échos

La finitude dépossédée de son vieux langage de l’extase

Se repentit, ne voyage plus vers la magie

La vie a fait de la Muse une adulte raisonnée

Qui a beau vouloir raviver la flamme

Des souvenirs de l’enfant et de la jeune dame

Aucune rose ne s’épanouit plus dans ses prairies

Vieillir c’est renoncer définitivement à l’inspiration

En un clin d’œil, le train et la caravane sont passés

Je n’ai rien vu et rien voulu garder

Aucun souvenir de voyage, aucune photographie capturée

Le regard voilé par les voix des sages

J’oublie jusqu’aux plus beaux fruits de mon imagination

Au bout de l’aventure

Je n’ai appris que l’autodérision

Célébrer l’éphémère en dansant

Et redonner la liberté aux corps et aux sons

Qui façonnent la chanson d’un être submergé par le néant

Almanzor

La mort des gens

Il ne faut pas souhaiter la mort des gens

c’est sûr

Évidemment

Ça ne se fait pas

Ce n’est pas chrétien

pourtant

cependant

toutefois

des fois

j’veux dire

Comment dire…

il faut bien reconnaître

Avec l’amertume accumulée

La rancœur rentrée et non digérée

Sous les coups de la colère

Face à l’injustice qui perdure,

Au mépris du dominant qui survit,

À la bêtise fière qui triomphe, qui vous nargue

Et comme ce sont toujours les meilleurs qui partent en premier

Parmi ceux qui ont vraiment trop abusé

Y’en a qui auraient dû depuis longtemps

peut-être

quand même…

Crever?

La machine à machiner

T’es sûr que tu ne la connais pas, toi

La machine à machiner?

Mais non pas les gadgets de plaisir

plus ou moins féminins,

plus ou moins solitaires

À piles ou branchés, survoltés

Non la machine,

La plus machinée

La plus carénée

la plus automatisée

la plus spécialisée

la plus connectée

la plus plébiscitée

la plus publicitée

Celle qui à peine cataloguée

Fait déjà rêver

Celle qui à peine achetée

Est déjà placardisée

La machine à machiner

Elle rutile d’inutilité

Elle nous aura au moins fait rêver

De puissance, d’omnipotence

De repos extatiques

D’éternelles jouissances

De facilité de paiement et d’existence

C’est finalement la seule la vraie

La machine à machiner

Celle qui fait tout

et encore mieux :

Celle qui fait

et c’est tout.

Celle qui fait de nous des machins

Des machins qui ne font rien.

La civilisation des Lumières

Les pubards à la lanterne

En voilà une belle idée,

Une véritable idée de publicité lumineuse!

Pourritures de communicants

Scribouillards de l’égoïsme

Tâcherons de l’individualisme

Trompeurs de masses

Spoliateurs des véritables espérances

Accapareurs de rêves

Parasites appliqués des imaginaires

Refourgueurs de lendemains qui déchantent

Vendus qui ne pensent qu’à faire acheter

On vous pendra

On vous pendra parmi les premiers

Pour crime de pourrissement de la société

Pour lent empoisonnement moral de l’humanité

Pour entreprise d’abêtissement des corps et des esprits

Vous les zélés prophètes de la religion du fric

Qui nettoyez consciencieusement les consciences

Promoteurs infatigables de la mièvrerie, de la débilité,

Pourvoyeurs de fourrage toxique

Bourrant les crânes des masses qui mastiquent

Toute votre quincaille de blablas

Attirail d’attirances

Et arsenal d’abus de confiance

Il est temps que vous payiez de votre sang-froid

Pour nous avoir fait dépenser sans compter

Les lambeaux de liberté que nous laissait votre société

Créatifs de la dépendance

Rédacteurs de la tromperie

Publicitaires suppôts de l’industrie

Nous vous pendrons en premier

Aux enseignes lumineuses dont vous enlaidissez

Nos campagnes et nos quartiers

Stéphane Amiot

Nous les aperçûmes par intermittence dans les grandes galeries des centres commerciaux.

Nos poètes en firent des opuscules, premiers témoignages des futures épiphanies.

Des femmes araignées

Aux longues jambes tissées de soupirs

Traversée de sons martelés de morsures

Dans les galeries d’artifices

Où neigent les lumières

Frémit un torrent de résille

Que remontent les jeunes mâles

Avides d’agonies

Piétinant le cimetière des enfances

Pour remonter aux sources des mystères

Explorateurs de mâchoires cannibales

Ses gestes sont précis, lents, tranchants comme l’acier.

Les ogives pâles de ses seins percent le déshabillé, exhibant des aréoles de rouille.

Les mains ferraillent, désencastrent, tirent les verrous, incrustent et corrodent des rondeurs de baignoire.

Elle grince doucement sur ses ressorts. Ses mouvements de balancier tisonnent la syntaxe, brûlent les caryotypes à l’alcool de javel. La tôle ondule en cadence, elle a sorti fourchettes et couteaux pour s’attabler à un festin de mante.

Dans un taudis de la rue Bayard, les draps d’une chambre de passe en conservent l’épreuve originale incrustée comme une dorure à chaud.

À l’âge de quinze ans, il se rendit compte de l’étrangeté du monde. Quand il errait en ville à la recherche de femelles, jamais il ne trouvait chaussure à son pied, pas la bonne pointure, ni le bon modèle, des bottes en caoutchouc pour une marche sur le feu.

Sur les berges du Canal de Brienne, il resta en arrêt devant des joggeuses qui trottaient dans un concert de sabots.

Les étudiantes éméchées du week-end feulaient, sur le parapet du Pont Neuf, les griffes sorties à travers les mailles du pull, léchant leurs queues duveteuses. Des jeunes filles de bonne famille fraîchement atterries sur Toulouse lâchèrent leurs valises et s’envolèrent dès qu’il voulut les caresser.

Finalement, échoué à la Prairie des Filtres, il copula avec des caryatides venues de Scandinavie dont les longues jambes transplantées dans les prairies grasses des berges de Garonne bourgeonnaient en vulves tomenteuses.

De ces pariades tristes ne naquit aucune descendance et il s’éteignit solitaire, dernier de sa race, dans un hangar désaffecté de Montaudran où pourrissaient les cadavres de l’Aéropostale.

Antz

Voyelles

Le trait marqué d’une grande pâleur

À blanc pleure.

E bleu

Est malheureux.

Coiffé de gris,

Il est aigri.

L’I vert est triste. Rouge de colère, L’O rage!

Au choix des deux dernières de la liste,

je gage,

Qu’il ne reste que le jaune ou le noir,

À la limite... le rose.

Lors fataliste,

Y est tout morose.

Mais… Là regardez! Seule, voyez-la… Elle ose!…

U rit noir.

Les crevettes

À l’étal du poissonnier

Y a des crabes plein un panier

Et sous la corbeille aux tickets

Y a les crevettes… C’est le bouquet!

On m’invite à l’escargot

D’aller quérir un numéro.

Faire la queue pour des crevettes…

Normal, on leur mange pas la tête.

Une bousculade

Face aux dorades!

J’entends qu’on s’y échange,

Cela est fort étrange!

Morue! Thon! Maquereau!

Des noms d’oiseaux.

Dans la cohue, tombe la bannette,

Au beau milieu de mes crevettes,

Fait un mélange sophistiqué,

De crevettes roses décor tickets.

La Belle et la Bête

À l’orée d’un grand parc, près d’une fontaine,

Se tenait un chevreau aux jambes mal assurées.

Qui poussé en ce lieu par une faim soudaine,

Convoitait en la main d’une nymphe adorée,

Un épi de maïs que vers lui elle tendait.

Le manger, était juste ce qu’il attendait.

À bien le regarder, tant se régalant,

Ne nous montrait-il là, les regards d’un galant?

Des commères les voyant, jurèrent d’un sabbat.

« Du poil ou de la corne qu’importe la longueur!

La bête était Satan, la belle, sa consœur… »

Voilà comme la tempête sur un village s’abat,

Une ville, une province, ici, ailleurs, là-bas...

Pour abattre la bête et la belle mettre à bas!

On fit fort bien les choses,

Des juges furent désignés

Pour mal juger la cause

Tous étaient résignés.

Contre toute décence se trouvant adversaire,

Chargée de tous les maux comme le bouc émissaire,

Livrée sans pitié à la meute des fauves.

À l’égal d’une sorcière, la nymphe fut sacrifiée.

Mais on dit du chevreau qu’il garda la vie sauve.

Là-dessus cependant, je ne puis trop me fier...

Pour morale à l’histoire, en toute confiance,

Je laisse au lecteur son entière conscience.

La coupable n’est pas toujours celle qu’on croit,

La Justice l’est sûrement, quand elle cherche une proie.

Alexandre Antonczyk (Antz)

Fable composée à la mémoire de Marcelle Battut.

Apirene Jessica

Sagesse

Sagesse qui s’échappe de ma tête

Mon corps réveille mon diable

Sagesse qui s’éteint et qui cède…

Mon corps s’éveille et devient agréable…

Sage ou difforme de mes pensées

Mon corps prend le contrôle

Sa jeunesse s’enrôle…

Dans une corporation libérée

Insertion

Je m’insère partout…

Dans tes rêves…

Dans tes nuits…

Je remonte ton cou…

Je dépose des baisers

Que tu ne peux fuir

J’obsède déjà tes pensées…

Sans originalité je domine tes soupirs

Je grappille ton temps…

Tu m’offres du vent…

Tout se complète bien

Tout se répète bien

Inutile de lutter

Futilité désorganisée

Je m’insère partout…

Dans ton esprit…

Et sous tes draps…

Mes caresses remontent ton cou…

Je m’empresse de te rendre fou.

Blessure

J’ai une blessure d’abandon

Qui se rouvre à chaque fois

Quand une personne comme toi part…

Quand une personne comme toi s’empare…

À tout va de mon cœur comme le froid

Comme les vibrations de l’été…

Qui délirent, qui pèlent mes sourires

Qui peignent mes bras autour de toi

À tout va de mes soupirs…

À veau l'eau de mes souhaits…

J’ai une blessure du pardon

Qui se ferme à chaque fois

Quand je renverse mes larmes

Au fond, tout au fond…

Des relations sans armes

Une guerre de la paix, en moi…

Zéoioui Atmouni

Big Bang

Ça a donc fait plouf vu d'en haut et big bang de partout

Alors écoute B B. sans témoin, toi qui m’as créé en situation d'existence, corps et cerveau ensemble qui se pensent

Pour te chérir comme jamais valeur n'en a atteint le prix

Et n'oublie pas que nous avons grandi ensemble, atomes enlacés, bouche-à-bouche assoiffés d'algues,

Jusqu'à ce que tu nous arraches à l'étoile en un bouquet d'artifice à fleurir l'espace d'une histoire fissible.

Je n'en puis plus, vite, oh Conscience!

Rapproche-moi davantage de moi

Et rapproche-toi, toi aussi, puisqu'entre big et bang tu es apparue

Approche, vite, confonds-toi,

Avant que des hommes expansés retrouvent le feu pour un soleil qui a froid

Ils vont refaire du feu, te dis-je!

Et notre soleil a peur!

Notre planète, vu d'en haut, de très haut et de partout, peut être

C'est étrange, comment dire, on dirait, on dirait comme un signe

Un très grand signe, mouillé

Un blanc signal, ombré

D'un signet bleu, sensé

Sur une étoile ambrée

Une icône esseulée, peut-être?

Et il résiste vu d'en haut ce signe bleu dans l'eau

Il résiste via des femmes déjà toutes bronzées des remous jaunes du rond

foyer du monde

Il subsiste via la femme et ses hommes qui la singent jusqu'à devenir noirs

Et auréolés d'amour à jamais crucifié.

Et ils vont trouver le feu tous ces êtres expansés

Hommes et femmes, ensemble

Ils vont refaire du feu sur cette terre tant brûlée, torturée mais sacré.

Et en y regardant de plus près

Dieu du ciel! S'il en est, ça risque d'être un flop ce signe sombré dans

l'eau

Et on y voit que du feu, en bleu

Comme une patate à la mer qui fait plouf, aurait peut-être dit Éluard

Sinon, c'est bien Gaïa ce rond signal en expansion, notre planète signalée

Vue d’en haut de très haut et de partout peut être

Un signe bleu

Baignant dans l'eau

En quête de son sens.

Manon Badet-Blois

Haïkus auvergnats de saison

- Printemps -

Aux bourgeons naissants

Anémones et pensées

Bientôt seront là

- Été -

Près du grand étang

Je vois les carpes sauter

Et les pies chanter

- Automne -

La cocherelle entend

Un cerf bramer et

Fuir les sangliers

- Hiver -

Joyeux silence

De neige ensommeillée

Froid et paix glacée

- Nouvel an -

Mais quelle fête

En famille - bien être

Nouvelle ère

Mon doux hiver

Neige qui tombe sans un bruit,

Nature endormie.

En ce moment je m’émerveille,

Paysages en veille.

Dehors tout est parfaitement gelé,

Feux de cheminée.

À l’intérieur les cœurs sont chauds,

Lecture, plaid et cacao.

Hiver, j’aime ton calme

et ta beauté.

Je profite de tes bons moments

et de ta sérénité.

Merci pour cette agréable saison,

Que j’attends avec admiration.

Quel bonheur d’être ainsi en paix,

Mon doux hiver, tu me plais.

Acrostiche du bonheur

La question du bonheur est très souvent posée,

Et, malheureusement, trop rarement solutionnée.

Bien que cela soit la quête de toute une vie,

On a parfois tendance à se créer des alibis.

Nul besoin d’aller le chercher bien loin,

Harmonisons juste sa présence en chacun.

En moi j’ai trouvé le bonheur,

Un jour où affronter la réalité ne m’a plus fait peur.

Rien ne sert d’aller explorer le monde,

Et de partir à la recherche de bonnes ondes.

Selon moi, le bonheur est à portée de mains,

Tapi dans les tout petits riens du quotidien.

Derrière chaque repas partagé en famille,

À travers les yeux de nos enfants qui brillent.

Nous sommes tous capables de provoquer joie et plaisir,

Sans nul doute que notre force est le sourire.

Toutes les rencontres que nous faisons,

Occasionnent de nouvelles excitations.

Un dimanche au soleil, sur un vélo ou tenant une binette,

Sous les cocotiers, à la montagne ou sous la couette.

Le bonheur est un sentiment qu’il faut partager,

Et ne surtout pas laisser filer dans la complexité.

Sans attendre qu’il arrive en fanfare,

Parce qu’il risque d’être bien trop tard.

Écoutons de la musique, chantons pour nous-mêmes,

Tendrement, disons aux autres « je t’aime ».

Il faut profiter de chaque instant,

Toutes les secondes sont à vivre intensément.

Surtout, laissons de la place à nos contemporains,

Rien ne vaut l’amour apporté par les siens.

Incroyable est notre vie ici,

Et il faut en saisir chaque trait de poésie.

Nous sommes les seuls responsables de notre vie et de notre bonheur,

Si simple de tendre les mains vers ce destin, avec notre cœur.

Pierre Bailly

Traqué, je me rue à travers les arbres millénaires.

L’effroi m’enserre de son implacable étau.

Il me transcende.

Véloce, mon corps est un automate. Il veut vivre!

Pourtant tous me disent que je vais disparaître ici.

Cette nuit.

L’air froid qui cingle mon visage, cette nuit sans étoile,

ce silence total que je fracasse de ma course effrénée.

Cette nuit je suis la proie. Une parmi tant d'autres,

chassées par une meute implacable, n’attendant aucune pitié, espérant

une échappatoire, jusqu’à l'hallali.

Je ne suis pas encore mort.

J’ai peur. Peur de la solitude éternelle et glacée,

celle qui broie l’esprit.

Celle qui annihile l’espoir.

Venu d’abysses de détresse, s’élève un grondement sourd, en cascades

ininterrompues,

consumant un peu plus mon être à chaque instant.

Cette lente chute semble sans fin, je la pressens terrible, dérisoire.

L’obscurité m’entoure ; le noir, autrefois couleur, semble texture.

Elle enveloppe, submerge tel un fleuve en crue et, déjà,

l’emporte loin de tout ce qui lui semblait si tangible alors.

Le grand serpent emporte tout, arrache les fondations, noie les espoirs,

dénature l’amour en haine, démembre les ambitions, désagrège la

conscience.

Tout n’est alors plus que boues saumâtres.

Voici le monde, cacophonie grandiose et agitation effrénée,

apologie de la domination et de l’exaltation.

Suis en le rythme trépidant, chevauche en la vague frénétique ou tu seras

chassé de l’éden gesticulant.

Voici ton monde, maquillé, camouflé, où cruauté et amoralité sont

reines,

dissimulées dans leurs belles livrées chatoyantes.

Voici leur monde, aux accros de la sensation,

aux pantins de la réussite,

aux écervelés de la précipitation.

Tu n’y es pas à ta place,

toi qui déambules au lieu de sprinter,

toi qui ne pipes mot au lieu de vociférer.

Quand chaque minute qui passe s’étire sans fin,

jouis des délices de cette torture car tu es en vie.

Pearce Chris Précieux Bakouma

Juste derrière toi!

La danse des conseils

Dans la beauté des mots

Naissent les panseurs, naissent les beaux

Une symphonie sort sans hésiter

Les dents aiguisent son passage avec clarté!

La mère plane, plane!

Elle n’arrive pas à se contrôler!

Le père réfléchit sans s’arrêter!

Les enfants attendent le signal!

Les lampes ne savent plus

Quoi faire, hélas!

Les lampes éclairent

Tous les chemins d’un coup!

Le vent paraît étrange

Comme dans un mélange

Où le mélanger

Se trouve étranger

Les beaux continuent leur spectacle

Ils dansent la victoire

Car le message est bien entré!

Les beaux sont rentrés trop tôt!

Les beaux ont blessé l’intouchable!

Les beaux ont brisé les raccourcis!

Les beaux sont rentrés beaux!

Que font-ils alors?

Ils corrigent, ils nettoient!

Ils pensent en dansant!

L’Homme perd sa faim tout d’un coup

Car les beaux font fuir ce besoin

Qui est inné, lié, tissé!

À la fin de la symphonie

L’Homme sourit, il rit!

Les beaux sont toujours là

Mais désormais amis de l’Homme!

Il faut rire pour écrire!

Dis-moi, o Homme!

Dis-moi, o intelligence!

Dis-moi le secret de ton humeur, o Homme!

Dis-moi, qui peut écrire?

Le petit écrit!

Le grand écrit!

Le sage écrit!

Dis-moi, où est la différence?

La locomotive passe en écrivant sur son passage!

L’avion vol en écrivant sur son passage!

La voiture passe en écrivant sur sans passage!

Dis-moi, où est la différence?

O Homme, o encyclopédie!

Même la maladie écrit!

Même la peur écrit!

Même la colère écrit!

Alors, dis-moi, qui ne peut écrire?

Quelle est la solution pour écrire?

Peut-on ajouter quelque chose pour écrire?

O Homme, o encyclopédie!

J’ai vu la main écrire!

J’ai vu les lampes écrire!

J’ai vu la gentillesse écrire!

Mes 1 440 minutes se résument ainsi,

Le matin, j’écris!

À midi, j’écris!

Le soir, j’écris!

O Homme, o encyclopédie!

Le matin, je te vois rire et écrire!

À midi, je te vois rire et écrire!

Le soir, je te vois rire et écrire!

Ah! Il faut donc,

Préparer son cœur, avant d’écrire!

Ne refuse pas!

Ne refuse pas le bonjour que te dit un enfant

Il risque d’insister et de pleurer tout le temps!

Ne refuse pas de croire aux évidences

Elles risquent d’être des malchances!

Ne refuse pas d’aimer une qualité

Tu ne sais pas ce que ça peut t’apporter!

Ne refuse pas de lire et d’écrire

Un jour ils peuvent d’apporter le sourire!

Ne refuse pas d’écouter

Cela peut d’aider!

Ne refuse pas de chercher

Sinon qui peut te chercher?

Ne refuse pas de grandir

Tu peux t’affaiblir! Tu peux maigrir!

Ne refuse pas de travailler

Seuls les bons peuvent monter!

Ne refuse surtout pas de continuer d’apprendre!

Laetitia de Baudus

À tous ceux que l’on croise bien

trop souvent…

Il avance

Il est déjà là, un peu en avance

C’est une figure de son quartier

Il ne veut pas manquer l’affluence

Et ses précieux regards croisés

C’est l’heure, sa marche commence

Le long des rues qu’il va arpenter

Sans jamais perdre confiance

Même si le ciel l’a oublié

À travers une foule d’indifférence

Il marche le dos courbé

Sous le poids des médisances

Il avance le cœur serré

Pour préserver les apparences

Il s’est vite redressé

Et poursuit son errance

Sans rien laisser filtrer

Il progresse en cadence

Au rythme de ses pensées

On devine les appels qu’il lance

À sa démarche mal assurée

Pour faire tourner la chance

Il avance les mains serrées

Quelques prières adouciront l’existence

En réduisant ses peines en fumée

Il est déjà de retour, un peu en avance

Sa marche est à présent terminée

Avide d’une once de reconnaissance

Il était juste là pour exister

L’éphémère

Je suis très discret

On me remarque quand même

La chrysalide m’a libéré

Je déploie mes ailes

À travers la lumière qui flotte

Mes couleurs ont plusieurs facettes

Un vent léger me porte

Je vole au-dessus de vos têtes

Petite chose fragile

Appelez-moi l’éphémère

Ma vie ne tient qu’à un fil

Petit papillon redeviendra poussière

Le ciel est mon espace et je plane

Avant de m’attarder sur quelques fleurs

Le temps m’est compté, comme elles, je me fane

Mais virevolte de cœur en cœur

Je m’éclipserai un instant

Pour mieux revenir, avec de nouvelles ailes

Et découvrir d’autres enchantements

Pour des voltiges encore plus belles

Petite chose agile

Souvenez-vous de moi l’éphémère

Ma vie se raccroche à un fil

Petit papillon reviendra dans la lumière

Les sens ciel

Je regarde la neige tomber

Tout recouvrir d’un blanc-manteau

Les flocons se mettent à danser

Dans un tourbillon de cristaux

Je vois le brouillard épais

Enlacer tendrement l’atmosphère

Sans craindre d’être dissipé

Et de redevenir poussière

J’observe la pluie ruisseler

En cascade sur les carreaux

Elle dessine en art abstrait

Des vagues de bas en haut

Je sens le vent caresser mon visage

Il s’engouffre sous les portes

En balayant tout sur son passage

Quel que soit ce qu’il emporte

J’écoute la tempête souffler

Elle désoriente les nuages

Comme une femme au cœur brisé

Elle exprime toute sa rage

J’entends l’orage gronder

Des éclairs zèbrent le ciel

Ombres et lumières saccadées

Se répondent à merveille

J’admire le soleil briller

Ces rayons de lumière inondent

La nature et ses plus beaux attraits

Pour révéler son essence profonde

Anick Baulard

Estran

À l'estran de la plage, quand la laisse de mer

s'enrubanne en cordon sinueux, odorant,

entre mer et rivage, entre hier et demain,

entre ici et ailleurs le présent s'intercale

et la houle s'imprime au profond de nos âmes.

À l'estran de nos vies, quand les marées s'effacent,

se lisent les années, s'amassent les reliefs

que les « hier » posèrent sur les dunes du temps,

coquillages nacrés des souvenirs-bijoux,

algues noires et sèches des chagrins, des regrets.

À la laisse de mer, des restes de naufrages,

de curieux bois flottés s'amassent en grimaces

et leurs figures disent, au passant d'un instant,

la torture des jours et l'agonie des soirs,

juste après la rupture, juste avant l'échouage…

Sur l'estran d'aujourd'hui regarder vers le large,

oublier un instant le fini de nos vies,

respirer l'infini de la mer et du ciel,

garder le coquillage au secret de la paume

… Sur l'estran de nos vies, nous asseoir au soleil.

L'enfant pas comm' les autres

Il dessinait au crayon noir

des maisons sans port's ni fenêtres

l'enfant pas comm' les autres

Il paraissait toujours ailleurs

en quête d'un monde impossible

étranger à lui-même

On le regardait sans le voir

« Il n'aurait même pas dû naître! »

l'enfant pas comm' les autres

De lui on avait un peu peur

mais lui souriait impassible

ignorant du problème

Il parlait à la lune, le soir

le jour aux chênes et aux hêtres

l'enfant pas comm' les autres

Quelquefois saisi de frayeur

il hurlait l'angoisse indicible

enfouie en lui-même

On se prenait parfois à croire

qu'un jour il deviendrait peut-être

un enfant comm' les autres

Mais au profond de notre cœur

On savait la chose impossible

Oui… et puis quand bien même

Car bien plus fort que désespoir

l’amour chaque jour le fait naître

un enfant comm' les autres

Poème à l'autre… qu'on aimerait connaître!

Le quidam du trottoir

Le quidam du trottoir

Sur sa planche à roulettes

Bouscule gens et bêtes

Sans « pardon » ni « bonsoir »

Le quidam du trottoir

Un œil sur sa tocante

Une affaire importante…

Ça y est, il est en r'tard

Le quidam du trottoir

Le nez dans sa mallette

Moral dans les chaussettes

Fonce dans le brouillard

Le quidam du trottoir

La main sur l'oreillette

« T'es où là, dis? t'achètes

Des kébabs pour ce soir? »

Le quidam du trottoir…

On aurait pu l'aimer

Ou seul'ment lui parler

Si le temps d'un regard

Il avait pu… nous voir

Le quidam du trottoir!

Jacqueline Bazalgues

Quand la lune se lève…

Quand la lune se lève pour brouter un nuage

Quand les oiseaux se taisent et cachent leur visage

Quand les étoiles naissent sous les pas de la nuit

Et que le vent caresse les arbres sans un bruit

Quand les chemins se noient dans le noir de Soulages

Et que vêtus de soie les fantômes voyagent

Alors ouvrez les portes aux rêves qui s’ennuient

Ainsi va le chemin

Du soleil à la terre

De la terre à la souche

De la souche au raisin

Du raisin à la cuve

De la cuve au tonnelet

Du tonnelet au flacon

Du flacon aux lèvres

Des lèvres au Joy d’Amour

Du Joy d’Amour au soleil

De la vie et du vin

Ainsi va le chemin

Virus, vous n’êtes qu’un vilain