Renaître du chaos - Stella Müller - E-Book

Renaître du chaos E-Book

Stella Müller

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Beschreibung

"Renaître du chaos" est un livre fascinant qui offre aux lecteurs des expériences personnelles dont ils pourront tirer beaucoup de leçons de vie. L’autrice, Stella Müller, a divisé le livre en deux parties, où les lecteurs découvriront un parcours de croissance et de développement personnel. La première partie comprend des leçons de vie inestimables, riches en connaissances et en nouvelles perspectives. Dans la deuxième partie du livre, Stella nous plonge dans ses propres expériences, en présentant des histoires passionnantes et le contexte saisissant dans lequel s’inscrivent les leçons présentées dans la première partie. Ce livre est la porte que votre clé recherche : il offre aux lecteurs un guide de développement personnel, de guérison et de découverte de soi. 

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Depuis aussi loin qu’elle s’en souvienne, Stella Müller a été projetée dans des épreuves qui l’ont forcée à voir la vie autrement. Quand tout bascule, on ne peut pas rester à la surface, il faut plonger dans ce qui demeure sous-jacent, dans ce qui pèse dans l’ombre. À travers une écriture brute et intime, elle explore les émotions que l’on refoule, les vérités que l’on évite et les pensées que l’on repousse. Ce livre est un voyage poétique à travers l’adolescence, les silences de la vie et les leçons que l’on apprend quand on a vécu trop intensément, trop tôt. Là où la mélancolie rencontre la beauté, là où les cicatrices deviennent des histoires, elle invite chaque lecteur à ressentir autrement, à voir autrement, et peut-être, à comprendre autrement.

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Seitenzahl: 359

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Stella Müller

Renaître du chaos

© 2022, Stella Müller.

Reproduction et traduction, même partielles, interdites.Tous droits réservés pour tous les pays.

ISBN 9782889821013

À ma mère, l’âme inébranlable qui s’est tenue à mes côtés pendant les périodes les plus sombres de ma vie, et qui m’a sauvée, par son soutien indéfectible, alors que je ne voyais plus la moindre étincelle d’espoir.

Introduction

Je me suis retrouvée enveloppée dans le réceptacle d’un simple corps humain, à devoir affronter un parcours agrémenté de nombreux obstacles, offrant, chacun, une étincelle de sagesse qui attendait seulement qu’on l’allume.

Au début, j’ai perçu la vie à travers le caléidoscope de la jeunesse ; la vie n’était qu’une merveilleuse aventure. L’innocence de la jeunesse me faisait voir la vie comme une bénédiction et j’étais persuadée que rien ne pouvait me blesser. Toutefois, dans le système éducatif au sein duquel j’ai été propulsée, et dans lequel j’allais devoir évoluer encore pendant de longues années, j’ai découvert un défi caché que j’allais devoir affronter pendant de longues années : la dyslexie, qui a été pour moi, à la fois, « une bénédiction » et une « malédiction ».

Quand j’ai commencé à écrire les premières lignes de ce livre, à l’âge de 14 ans, j’ai compris la profonde transformation contre laquelle mon tendre esprit allait devoir se débattre. Le processus de transition d’une jeune fille radieuse, pleine de joie et d’amour, à une adolescente luttant pour se frayer un chemin dans une forêt d’obstacles m’a véritablement transformée.

J’étais loin de me douter que l’âge apporte non seulement des responsabilités supplémentaires, mais aussi des épreuves imprévues. L’odyssée de la vie m’a conduite sur des chemins inattendus, comme si l’Univers voulait mettre à l’épreuve ma persévérance et ma résistance d’une manière que je n’aurais jamais pu imaginer. Je veux transmettre l’expérience que j’ai acquise au cours de mon parcours, tout en sachant que les mots ne peuvent pas remplacer l’expérience elle-même.

De l’abîme de désespoir dans lequel je me noyais à l’âge de 13 ans, a émergé mon moi actuel qui illustre parfaitement l’adage : pour pouvoir guérir les autres, il faut d’abord être capable d’endurer ses propres blessures et en ressortir profondément guéri. Bien qu’une partie importante de mon être passé ait eu envie de bénéficier des conseils que je suis en mesure de fournir aujourd’hui, j’ai compris que ma croissance était parfaite telle qu’elle était, car elle m’a permis de devenir la personne que je suis maintenant.

Je n’ai pas pu réaliser qu’une partie des aspirations que je nourrissais, ce qui m’a permis de distinguer celles qui provenaient d’une véritable acceptation de soi et d’une intention positive de celles qui provenaient de mes insécurités non guéries. Dans ce livre, j’ai cherché à associer toute une série de leçons précieuses que j’ai acquises tout au long de mon parcours jusqu’à présent. Considérez-le comme un livre rempli de sagesse, cultivée tout au long de plusieurs années d’expérience, qui vous est proposée pour votre croissance personnelle et votre guérison.

Chacun vit des expériences uniques, marquées par des perceptions distinctes. Beaucoup se cachent derrière une façade sociale pour déguiser leur visage le plus vulnérable. Ce que nous voyons en surface n’est qu’un aperçu de ce qu’il y a en profondeur : ce livre a justement pour but de démêler les différentes strates cachées à l’intérieur de chacun pour permettre le développement d’une véritable guérison. J’aimerais vraiment que vous puissiez apprécier, apprendre et être inspirés par certains fragments de mon histoire, pour vous épanouir dans votre propre histoire et trouver les pièces qui manquent pour compléter le puzzle de votre propre histoire.

Les personnes qui réussissent apprennent et s’épanouissent grâce à leurs erreurs. Celles qui ne sont pas disposées à reconnaître leurs échecs et qui rechignent à se lancer au-delà des obstacles, qui se dressent inévitablement sur leur route, échouent. Il faut apprendre à se remettre des échecs de la vie. Réfléchissez à la question suivante : et si vos plus grands échecs et défis étaient, en réalité, les plus grands cadeaux que la vie vous offre ? J’espère que ce livre vous apportera de nouvelles idées et perspectives sur la vie afin de vous libérer des limites que nous nous sommes imposées et que nous sommes devenus incapables de voir.

Pour tirer le meilleur parti de ce livre, je vous conseille de l’annoter et, surtout, d’appliquer les leçons qu’il contient, pour qu’il se transforme en une expérience d’apprentissage plus efficace, surtout pour les nombreuses leçons de vie qui vous restent à découvrir.

Vous est-il déjà arrivé de trouver génial un livre ou un film qui vous avait semblé, au début, déroutant et insupportable ? J’espère que ce livre vous offrira une expérience similaire s’il n’a suscité aucun écho chez vous au premier abord. Je sais bien que je ne peux rien imposer à qui que ce soit et ce n’est pas mon intention. Mon intention est que vous puissiez vous épanouir dans votre vie grâce aux connaissances et à la sagesse que contient ce livre.

Je dois dire que rien dans ce livre n’est censé constituer, de quelque manière que ce soit, une insulte. Ce que je désire vraiment, c’est inspirer les autres à travers mon parcours. Je souhaite que vous appreniez et élargissiez vos connaissances, grâce à une nouvelle perception transformée. De nombreux sujets dans ce livre peuvent être considérés comme controversés, je suis consciente que de nombreuses personnes ne seront pas nécessairement d’accord avec ce que j’ai écrit. Quoi qu’il en soit, cela n’a pas d’importance, car mon intention n’est pas de prouver que ce que j’ai écrit est juste, mon but est plutôt de vous offrir de nouvelles perspectives pour que vous puissiez évoluer et élargir votre regard. En outre, ce livre aborde divers sujets qui peuvent déclencher des réactions, notamment la dépendance, les troubles de l’alimentation et les relations toxiques. Par conséquent, je comprends tout à fait que vous ayez besoin de prendre du recul par rapport à ces sujets pendant un certain temps. Cependant, je pense que ce livre peut vous aider à guérir par rapport à ces éléments en vous permettant de les affronter, au lieu de détourner votre regard. Le choix vous appartient, je vous souhaite une expérience agréable et instructive.

Échos du désespoir

Mon énergie a été absorbée par le poids de mon cœur torturé. Suite à cela, je ne vivais pas, je ne faisais que survivre. La seule chose qui m’apportait un peu de lumière était un faible espoir d’un avenir plus radieux, dans lequel ce livre s’épanouirait en aidant d’autres personnes à guérir, tout comme j’aurais aimé que quelqu’un m’aide un jour.

Allongée sur mon lit, les yeux fermés, enveloppée par l’obscurité, j’ai été assaillie par une nuée de pensées négatives, je voulais tout laisser tomber et m’en aller à l’instant même, car tout ce que je recherchais à cet instant était un simple souffle de soulagement.

Noyée, étouffée par toutes les responsabilités et tous les efforts inlassables pour grandir. Au milieu de ce chaos, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même, car je m’étais trahie une fois de plus. Je ne pouvais plus supporter les échos obsédants de mes pensées dérangeantes, ils étaient bien trop bruyants, comme s’ils venaient mordre mes blessures les plus profondes.

Je me suis précipitée dans la salle de bains, j’ai fermé la porte à clé et je me suis effondrée sur le sol. Je me suis recroquevillée en serrant avec force mes genoux. Les larmes coulaient sur mes joues tandis que ma respiration s’accélérait de manière incontrôlée : un moment de pure panique mêlé à un sentiment de désespoir écrasant. Étais-je rattrapée par mes traumatismes passés ? Ou, peut-être, par toutes mes nuits blanches ?

Soudain, ma respiration et la tempête dans ma tête ont cessé et je me suis tournée vers le seul espoir qui me restait en priant Dieu, le seul sauveur auquel je pouvais m’adresser à ce moment-là. J’ai essayé de me lever, en séchant les larmes qui menaçaient de couler à nouveau. Les yeux fermés, je me suis dit que, dans ce vaste monde, j’étais la seule à pouvoir me sauver. Il n’y avait pas d’autre choix que de continuer à avancer en m’accrochant à ce qui m’était le plus cher, ce livre, le seul refuge qui me motivait à me lever tous les jours.

Ce sont plus que de simples mots couchés sur une page blanche ; ils sont l’expression de ma renaissance, une renaissance dont j’ai été si généreusement gratifiée après m’être trahie en succombant à la voix de l’obsession. Je ressens un besoin urgent de partager ce livre avec le monde, de savoir qu’il existe, avant mon inévitable disparition.

Le début du chemin

Avant de plonger au cœur de mon expérience, traversons d’abord le prélude.

Je me souviens avoir grandi six mois par an en Thaïlande, dans un luxueux complexe hôtelier que je considérais comme ma seconde maison. Je me sentais accueillie et choyée par les gens qui m’entouraient, acceptée pour ce que j’étais. Pendant ces premières années, j’ai vu la vie avec le regard joyeux de la jeunesse et j’ai eu l’impression que chaque jour était une bénédiction. La vie semblait vraiment magique, j’admirais de petites choses, des crabes sur la plage et les couchers de soleil qui s’estompaient à l’horizon. J’étais ouverte, j’avais envie de me faire des amis et la vie me semblait un paradis sur terre.

L’été touchait à sa fin et une nouvelle ère de ma vie allait s’ouvrir dans une nouvelle école. J’ai changé d’école essentiellement parce que, dans mon ancienne école, je ne recevais pas l’éducation et le soutien nécessaires pour ma dyslexie. En essayant de m’aider à surmonter ma dyslexie, les enseignants de mon ancienne école m’ont amené à négliger mon éducation générale. Les cours particuliers dispensés pendant des heures après l’école sont devenus une routine quotidienne qui me permettait de terminer mes devoirs sans m’aider, toutefois, à surmonter le problème sous-jacent de ma dyslexie. J’avais l’impression que tout le monde était en avance sur moi et que j’étais à la traîne, un sentiment qui m’a poursuivi pendant de nombreuses années.

Pendant mes premières années d’école, j’ai subi des brimades permanentes à cause du fardeau de ma dyslexie. Des groupes de filles se moquaient de moi, mais j’étais « trop dyslexique » pour comprendre leurs rires, alors je riais naïvement, ignorant la malveillance qui se cachait sous leurs sourires. La dyslexie a rendu ma vie extrêmement difficile à tous les égards, en transformant même les tâches les plus simples en un labyrinthe de confusion totale.

À l’école, en particulier, j’étais obligée de travailler deux fois plus que mes camarades. Chaque fois que mes camarades se moquaient de moi, rationnellement je n’arrivais pas à comprendre pourquoi elles le faisaient, mais je ressentais toujours un sentiment troublant d’injustice. Alors que je me faisais toute petite et je me cachais, je me tenais à l’écart du reste de ma classe. J’avais tout le temps l’impression d’être différente de mes camarades de classe et j’en avais profondément honte. Finalement, j’ai redoublé une année scolaire, ce qui, contre toute attente, s’est avéré être une bénédiction absolue. Mes véritables amis étaient désormais dans la même classe que moi et j’ai enfin trouvé des camarades qui me traitaient avec gentillesse, comme une personne digne d’être traitée avec bienveillance.

La dyslexie a ralenti mes études pendant un certain temps et a entravé momentanément mon travail scolaire. Cependant, j’ai décidé, en pleine connaissance de cause que j’en avais assez d’avoir honte de mes résultats scolaires : j’ai donc redoublé d’efforts et j’ai obtenu de meilleures notes. J’ai travaillé sans relâche et je me suis consacrée pleinement à mes études. Soudain, la porte qui était fermée dans mon cerveau s’est ouverte. Une transformation complète a eu lieu et a changé complètement le cours de mes études. C’était comme si tout ce qui n’avait pas eu de sens jusque-là était maintenant clair et logique, mais les études restaient un défi. Dans ma jeunesse, je pensais que la dyslexie était une malédiction, mais, avec le temps, j’ai réalisé qu’il s’agissait d’une bénédiction cachée.

Alors que mes résultats scolaires étaient excellents, une croyance limitante, subtile mais insidieuse, a commencé à habiter mon esprit : ma valeur personnelle dépendait uniquement de mes résultats scolaires et de l’obtention des meilleures notes possibles. Cette croyance limitante, forgée par mes expériences passées, me suggérait que ma valeur dépendait uniquement d’une série de réalisations incessantes. Plus je m’appuyais sur mes résultats scolaires pour me sentir digne, plus j’avais envie d’en faire plus. Ce besoin perpétuel de prouver ma valeur avait donné des résultats bien plus destructeurs, dont les ombres allaient me hanter d’une manière dont je parlerai par la suite.

En un clin d’œil, je suis devenue une adolescente, avec toute une série d’obsessions qui me torturaient. Quand j’étais au plus bas, les livres sont venus à mon secours, allumant une étincelle d’espoir au milieu du sentiment d’impuissance écrasant. Les livres m’ont tendu une main secourable pour me sortir du trou sans fin de la douleur dans laquelle je m’étais enfouie. J’ai découvert mon profond intérêt pour de nombreux sujets nouveaux qui ont suscité en moi une passion qui ne s’est jamais éteinte, m’incitant à m’engager sur la voie de l’écriture de mon propre livre. Les livres sont devenus mes fidèles compagnons et m’ont permis de changer complètement de vie. Au fur et à mesure que le vide se creusait dans mon cœur, les livres ont été la seule lueur d’espoir dans les ténèbres qui m’engloutissaient.

Des années plus tard, quand l’épidémie de Covid a commencé à baisser, j’ai enfin pu me rendre à nouveau en Thaïlande. J’avais l’impression de ne pas y avoir été depuis une éternité, alors que je n’avais été absente que quelques années. La simple idée de retourner dans ma seconde patrie me remplissait de joie. Cependant, à mon arrivée, je me suis aperçue que je ne percevais plus la Thaïlande de la même manière qu’auparavant : tout me paraissait différent. Pour une raison ou pour une autre, la Thaïlande me paraissait rébarbative, comme si l’ambiance avait changé.

Puis, soudain, les difficultés de la vie ont fait irruption et les petites choses ne m’ont plus fascinée comme avant. J’ai été saisie par le stress et l’insécurité ; j’ai commencé à m’inquiéter de l’aspect de mon corps en bikini au lieu de m’extasier devant le lever du soleil. Mon regard de jeune fille avait été masqué par une nouvelle paire d’yeux qui percevait la vie d’une manière complètement différente. C’était ce sentiment que, quelques années plus tôt, j’attendais avec impatience, l’impression de grandir et de faire face à l’adolescence. En plus de cela, l’école était devenue beaucoup plus difficile et j’étais obligée d’adapter mes activités personnelles pour conserver mes résultats scolaires.

Alors que je réfléchissais au système scolaire et à son influence subtile sur l’inconscient, une nouvelle perspective s’est ouverte en moi. J’ai réalisé que le perfectionnisme prend racine souvent pendant l’enfance. Les parents peuvent, parfois, inconsciemment, faire pression sur leurs enfants pour qu’ils obtiennent les meilleures notes possibles, en essayant de convaincre leurs jeunes esprits qu’il fallait travailler dur pour obtenir une récompense. Avec des phrases comme « Si tu as la meilleure note, je t’achèterai ce que tu as demandé », ils ont inconsciemment semé un message dangereux dans leur jeune esprit, à savoir que la valeur est conditionnelle, créant ainsi un lien puissant dans leur inconscient, selon lequel la valeur est liée à l’atteinte de la perfection. Par ce type d’affirmations apparemment innocentes, qui peuvent varier considérablement par rapport à l’exemple que je viens de décrire, les individus sont portés à croire, dans leur inconscient, que leur valeur en tant qu’individus est liée à l’accomplissement d’un objectif, d’un défi, ce qui conduit à la création de croyances limitantes.

Les croyances limitantes étaient les démons qui dévoraient mon âme, aspirant chaque parcelle de joie et me poussant à trahir ce que j’étais vraiment en échange d’un faux sentiment de validation, tout à fait éphémère. Mais, j’ai choisi de les chasser et de guérir les ombres dont ils m’enveloppaient : c’est ce qui m’a permis de renaître.

Le miroir de l’âme

Pendant une nuit sombre, je me suis levée pour aller aux toilettes et j’ai été obligée de me regarder dans le miroir.

Une silhouette familière m’a regardée droit dans les yeux et m’a demandé : « Pourquoi fais-tu semblant d’être autre chose que ce que tu es réellement ? »

Avec un regard incrédule, une expression confuse sur le visage, j’ai répondu : « Qu’est-ce que tu veux dire ? Je ne prétends pas être autre chose que ce que je suis. »

Le visage dans le miroir soupira de déception et poursuivit : « Regarde le corps précieux dont tu as été dotée. Pourquoi ressens-tu le besoin de le modifier, de masquer ton essence ? Pourquoi infliger une telle punition à ton corps physique ? C’est un cadeau inestimable, qui ne devrait pas être blâmé pour les traumatismes qui t’obsèdent. Pourquoi ce besoin inlassable de chercher une appréciation extérieure ? Tout l’amour que tu recherches si désespérément à l’extérieur se trouve à l’intérieur de toi-même, car l’essence même qui reste négligée attend patiemment que tu l’acceptes. Pourquoi accordes-tu tant d’importance à la perception que les autres ont de toi ? Pourquoi cultiver toute cette haine de toi ? »

Des larmes ont coulé dans mes yeux lorsque ses sages paroles ont frappé mon âme, et j’ai compris, alors, la folie de mon autocritique permanente. Remplie d’espoir, j’ai demandé : « Qui es-tu ? Pourquoi me dis-tu cela ? Pourquoi me sembles-tu si familière et comment me connais-tu ? »

Elle a penché la tête sur le côté et son regard serein m’a apaisé. Ses yeux débordaient d’amour : « Peu importe qui je suis, car je suis venue à toi pour te délivrer un message. Utilise mes mots pour te sauver de l’agonie que tu t’infliges, libère-toi de la malédiction générationnelle de ces croyances limitantes. Tu mérites bien plus que de succomber aux chaînes de ta dépendance. »

J’ai eu la chair de poule et j’ai senti des frissons remonter le long de ma colonne vertébrale en entendant sonner minuit. Le silence a envahi la pièce tandis que ma vision se brouillait. Je ne savais plus s’il s’agissait d’un rêve ou d’une hallucination issue de mon esprit troublé, je ne savais plus ce qui était réel. La dissociation était devenue mon refuge, un refuge qui m’a apporté un peu de soulagement quand j’ai réalisé que je pouvais tout simplement quitter la vie.

Son corps a commencé à s’effacer tandis que je me regardais dans le miroir. Sa voix douce s’éloignait un peu plus à chaque mot : « Mais si tu tiens vraiment à le savoir, je suis toi. Je suis le moi négligé à l’intérieur de toi-même, qui attend d’être guéri, je suis une image de ton innocence abandonnée. Je repose dans ton âme et j’ai émergé un instant pour t’envoyer ce message que tu as si désespérément besoin de saisir. Tu souffres profondément, tes blessures ouvertes ternissent lentement ton étincelle et tourmentent ton âme sans que tu t’en rendes compte. Je t’exhorte à écouter mon message. Tu dois te faire confiance et faire confiance au pouvoir qui est en toi. Je suis toi, une certaine version de toi-même qui est assez sage pour comprendre ce message… »

Sa présence divine s’est évanouie dans l’air et je ne comprenais toujours pas ce qui venait de se passer. À ce moment-là, une présence invisible a porté mon corps jusqu’à mon lit, car j’étais bien trop faible pour marcher et mes yeux se sont soudain fermés. Je me suis sentie en paix : étonnamment, cette expérience étrange ne m’a pas effrayée.

Trouver la lumière au milieu de l’obscurité oppressante

« Les croyances limitantes nous font douter de nous-mêmes alors que nous devrions douter de la croyance elle-même1. »

Tracy Nowell Coaching

Avez-vous déjà remarqué que, tout d’un coup, nous avons l’impression que nous devrions faire quelque chose, ressentir quelque chose ou même avoir un certain aspect ? Ces attentes que nous nous imposons découlent, en réalité, de la définition du succès et du bonheur que la société nous impose. Nous nous efforçons de nous conformer aux attentes de la société pour atteindre un bonheur constant par le biais d’activités purement matérielles. Mais ce que nous oublions souvent, c’est qu’il n’y a pas de « bien » sans « mal ». Nous devons apprendre à nous détacher de la croyance limitante qui nous fait croire que nous devrions constamment nous sentir bien et donner le meilleur de nous-mêmes pour être dignes d’intérêt.

Nous nous perdons souvent à cause des exigences incessantes de perfection, de productivité et de valorisation que nous nous imposons et qui reflètent les croyances limitantes créées par la société, que nous avons inévitablement intériorisées pour avoir l’impression d’être valorisés et gratifiés. Lorsque nous répondons aux attentes que nous nous imposons, parce que nous croyons que nous obtiendrons une récompense quelconque, nous finissons par nous rendre compte que c’est justement cela qui nourrit notre profond mécontentement. Nous aspirons sans cesse à quelque chose de plus que ce que nous avons déjà et nous nous soucions beaucoup trop de la perception que les autres ont de nous. Cette quête inlassable de quelque chose de plus que ce que nous avons déjà, souvent motivée par le besoin d’être appréciés tout en donnant pour escomptées les innombrables choses positives que nous possédons déjà, contribue à l’apparition de troubles mentaux. Lorsque nous nous sentons nouvellement accomplis, nous nous attendons à ce que ce profond sentiment d’accomplissement, de bonheur et de satisfaction soit infini, mais souvent il s’estompe plus vite que prévu.

Nous nous approprions souvent les « impératifs » que nous impose la société, à savoir les exigences sociales ; ils deviennent souvent nos propres « impératifs », nous les intériorisons dans notre système de croyances. Lorsque nous nous conformons aux exigences de la société, nous pouvons momentanément ressentir une lueur de bonheur et de fierté. Cependant, la réalité nous rattrape et nous réveille de l’illusion créée par les impératifs de la société. La réalité inévitable est que chacun se trouve à un stade différent de son parcours unique dans la vie. Nous ne devons pas tomber dans le piège de ces croyances limitantes, car elles ont été programmées inconsciemment, pendant des générations entières, par des mentalités limitantes, comme une sorte de malédiction générationnelle.

Nous sommes tous indéniablement uniques et avons des besoins différents. Par exemple, ce qui peut être considéré comme malsain pour une personne peut être sain et nécessaire pour une autre. J’ai constaté à maintes reprises que la santé est présentée comme une quelque chose d’« universel », ce qui est loin d’être le cas. Malheureusement, je n’ai appris cette leçon qu’après être tombée dans ce piège vicieux, déjà engluée dans d’innombrables croyances limitantes, dans lesquelles je me noyais en devenant l’esclave de mes obsessions croissantes.

Je suis passée par de multiples obsessions, toutes apparemment pires les unes que les autres, toutes motivées par un cycle dévorant et des « objectifs » sans fin. J’en voulais toujours plus et, quels que soient les efforts et l’énergie que j’investissais dans ces poursuites incessantes, je n’étais jamais satisfaite. Quoi que je fasse, chaque fois que je regardais mon reflet dans le miroir, je ne me trouvais jamais assez bien, jusqu’au jour où j’ai choisi de m’engager sur l’un des chemins les plus inconfortables, le parcours de la guérison.

Ceci étant dit, je souhaite vous raconter une période importante de ma vie, qui est pour moi une sorte de brève introduction au parcours chaotique et destructeur qui m’attendait :

« Remplir le vide par le vide »

Au cours de cette période difficile de ma vie, j’ai été confrontée à l’apparition de troubles alimentaires : c’était un moyen de supprimer les émotions que je cherchais désespérément à atténuer. Au début, j’ai lutté contre des excès alimentaires qui ont été suivis d’une abstinence totale, mais cette brève période n’était qu’un signe avant-coureur des difficultés qui m’attendaient, elle ne représentait qu’un murmure comparé à la tempête qui allait me submerger, une voix mortifère qui allait éclipser, par la suite, toute ma vie jusqu’à ma toute dernière chance.

En rentrant chez moi, accablée par la semaine épuisante que j’avais endurée, j’ai cherché un instant de réconfort dans l’emprise familière de distractions éphémères. Pourtant, ces moments de soulagement passager se sont rapidement transformés en luttes étourdissantes, qui m’ont plongé dans un réconfort destructeur. Ce comportement suscitait chez moi un profond sentiment de culpabilité, créant ainsi un cycle toxique d’excès suivis de jours de privation, m’enfermant dans un désespoir total. En réalité, je refoulais mes émotions : je cherchais la paix dans le désordre, comme dans un refuge destructeur.

Je ressentais une sorte de déception totale, qui se traduisait par un sentiment de dégoût sur ma peau. La simple pensée de vivre comme la personne que j’étais devenue était insupportable ; je désirais ardemment échapper à ce monde physique et exister en tant que pur esprit libéré de l’étreinte du corps. Je me sentais malheureuse, incapable d’identifier la source de cette profonde tristesse ou la raison pour laquelle elle semblait constamment me narguer. Dès que le poids écrasant de mes émotions refoulées tentait de remonter à la surface, des mécanismes d’adaptation destructeurs prenaient le dessus, me faisant croire qu’ils pouvaient m’aider à échapper à ma vie, ne serait-ce qu’un instant. J’étais loin de me douter qu’une telle perte de contrôle me ferait tomber dans un piège mortel, dans lequel j’allais chercher désespérément à tout contrôler.

J’ai essayé par divers moyens d’échapper à mes habitudes destructrices, car j’ai pris conscience de leur pouvoir destructeur impitoyable. Pourtant, avec mes tentatives désespérées de trouver des solutions rapides pour guérir, je ne faisais que mettre un pansement sur une plaie béante. Au lieu de guérir la cause profonde de mon angoisse, je ne faisais que réprimer le profond désarroi intérieur qui me persécutait. En fait, je croyais remplir le vide profond qui était en moi, alors que je ne faisais que l’aggraver. Le mécanisme d’adaptation que j’avais mis en place par la nourriture s’apparentait à une drogue irrésistible, qui m’offrait un bref moment de soulagement et une brève évasion lorsque mon attention commençait à se fixer sur elle.

Chaque gourmandise, suivie d’une privation insupportable, constituait un refuge éphémère face à mes responsabilités écrasantes, une distraction qui m’éloignait brièvement du chagrin causé par ma blessure béante. En réalité, il ne s’agissait jamais vraiment de la nourriture elle-même, mais plutôt d’une distraction contre le stress persistant et les blessures atroces qui se trouvaient au plus profond de mon âme. Je ne comprenais pas qu’il ne servait à rien de refouler mes émotions, car elles allaient inévitablement ressurgir avec plus de force à un moment ou à un autre, comme un verre d’eau qui déborde.

Je me souviens d’un moment particulier qui a marqué la transformation de ce cycle au cours de cette période de ma vie. Cela a commencé par une énorme migraine, tout à fait inhabituelle, qui, bien que très douloureuse, a suscité chez moi une sorte de libération. J’avais l’impression de ne pas être dans mon corps, de ne pas être vraiment présente physiquement. À ce moment-là, j’étais une observatrice consciente de ma réalité, détachée de mon corps matériel. Je me sentais à la fois libre et prisonnière. Allongée sur mon lit, des gouttes coulaient sur ma peau aride. Ce moment m’a paru à la fois éternel et divin, impossible à expliquer par de simples mots. Je ne sais pas s’il s’agissait d’un rêve ou d’une réalité, car il n’est plus qu’un lointain souvenir.

Ma mère est entrée dans ma chambre et s’est allongée à côté de moi, me prenant dans ses bras pleins d’amour pur et inconditionnel. Ce moment a été si précieux pour moi ; je me suis sentie en paix pendant que ma tête reposait sur son épaule et qu’elle me caressait si doucement. J’ai ressenti un immense sentiment de sécurité, si réconfortant au milieu du chaos que j’avais créé. J’ai fermé les yeux en espérant que cet instant durerait à jamais. J’ai sangloté, ignorant encore pourquoi je ressentais cette profonde tristesse enracinée en moi, qui consumait mon âme. Cet instant a marqué le début de mon pèlerinage ou, plutôt, le début du chemin chaotique et destructeur qui m’a finalement menée à une guérison durable. Cela a été le début d’un voyage semé d’embûches, tout au long duquel j’ai éprouvé une intense sensation de croissance et de libération intérieure.

Je me suis rendu compte que nous nous recherchons souvent des solutions immédiates à nos problèmes et à nos échecs, tout en négligeant leurs causes profondes. Bien que je n’aie pas réussi à trouver l’origine exacte de mes troubles alimentaires, j’ai toujours eu l’impression qu’ils provenaient d’un traumatisme non résolu. Je crois que j’ai commencé à souffrir de troubles alimentaires en partie parce que je recherchais dans la nourriture un réconfort émotionnel ou une simple distraction. Malgré toute la tristesse qui m’habitait depuis mon enfance, ce n’était que le prologue du voyage tourmenté qui m’attendait.

Celle qui a suivi a été l’une des périodes les plus difficiles de ma vie jusqu’à présent. Je l’ai appelée…

La transformation d’un cycle toxique et le début d’une nouvelle ère chaotique et destructrice…

À la suite de mes troubles alimentaires et de ma quête incessante de la perfection dans mes études pour rechercher une confirmation de ma valeur, mes luttes incessantes se sont transformées en une obsession bien plus grave que tout ce que j’avais connu auparavant. Je cherchais désespérément à être valorisée, cette soif profonde de valorisation était probablement née d’un traumatisme. Les traumatismes, les influences extérieures et les stéréotypes sociaux sont souvent à l’origine de croyances limitantes qui donnent lieu à des schémas toxiques obsédants. Cette profonde soif d’acceptation a donné naissance à une obsession mortelle : je désirais absolument et insatiablement perdre le plus de poids possible, ce qui allait créer un autre cycle de torture : en effet, j’ai commencé à me priver complètement de nourriture, ce qui m’apportait un énorme sentiment de contrôle.

Tout a commencé par une journée apparemment ordinaire. J’étais assise en classe et j’avais faim. Curieusement, je prenais un plaisir pervers à me priver de nourriture, à faire le vide dans mon estomac et à éprouver cette sensation de privation. Au milieu des difficultés que j’endurais à l’époque, je pensais que me priver de nourriture atténuerait les émotions que je cherchais désespérément à étouffer. Et pendant un certain temps, cela a fonctionné, ou du moins cela a servi brièvement de distraction. J’éprouvais une satisfaction malsaine, je me sentais spéciale, j’avais l’impression de contrôler la situation.

Cependant, je n’étais pas encore suffisamment guérie pour reconnaître que les besoins de chacun sont différents, tant sur le plan physique que sur le plan mental et social. En conséquence de mon désir ardent de perdre du poids, j’ai commencé à imiter exactement la taille des portions et le rythme des repas de mon ancienne colocataire, en sautant quelques repas entre les deux dans l’espoir de perdre du poids. J’ai fait cela principalement parce que j’avais remarqué qu’elle mangeait lentement, de petites portions, et le fait de voir qu’elle réussissait à le faire m’a motivée à m’en tenir à ce nouveau régime pendant plusieurs semaines.

Sans surprise, je ne mangeais pas assez, ce qui incitait mon corps à se mettre en mode de survie en ralentissant mon métabolisme. Cela a déclenché toute une série de problèmes de santé, tels que des troubles digestifs, une détérioration de la santé physique et un sentiment écrasant de tristesse et d’insatisfaction, qui s’est transformé en un état dépressif. Ma tentative malencontreuse de trouver du réconfort dans la privation n’a fait qu’aggraver ce profond sentiment de désespoir et de tristesse.

Quelques semaines plus tard, j’ai été appelée dans le bureau de l’infirmière scolaire pour un contrôle. En montant sur la balance, un mélange d’impatience et d’adrénaline a envahi mon corps : j’avais hâte de découvrir enfin le chiffre qui allait s’afficher sur la balance. Et voilà, j’avais atteint exactement le poids que je souhaitais. Ce jour-là, j’ai perdu une partie de moi-même, l’étincelle que je chérissais autrefois. J’étais en train de sacrifier peu à peu mon bonheur et ma joie de vivre à cette obsession insatiable qui me hantait, car ce n’était que le début d’un chemin mortifère.

Dès l’aube, je m’astreignais à des séances d’entraînement intenses avant le lever du soleil, pour avoir ce physique élancé que je recherchais pour faire taire mon sentiment d’insécurité, les médias renforçant en permanence ce critère de beauté. Après avoir pratiqué chaque jour ces exercices et avoir subi un déficit calorique important, j’ai enfin obtenu le physique que je désirais. J’avais envie de perdre du poids parce qu’au fond de moi, cela me donnait l’impression de valoir quelque chose : c’était une façon malsaine de prouver ma valeur.

Je possédais les caractéristiques physiques que la société prônait comme désirables, en accord avec le flux de réseaux sociaux que je fréquentais, qui était centré sur les régimes et les normes de beauté. J’avais atteint mon objectif de perte de poids, mais je me sentais toujours vide, j’étais un gouffre de souffrance. En fait, je ne me suis jamais sentie aussi mal. À l’approche des fêtes, j’ai décidé d’aller encore plus loin, en me privant complètement de nourriture.

À partir de là, le chemin s’est assombri et j’ai commencé à repousser les gens que j’aimais, sombrant dans un isolement total. Le reflet dans le miroir est devenu un parfait étranger, méconnaissable. Je me suis cachée, j’ai fait de l’exercice en cachette et j’ai continuellement menti sur ma consommation de nourriture, tout cela pour éviter l’œil vigilant de ma mère. Sa profonde inquiétude s’était transformée en un étau dans lequel je me sentais piégée, où chacun de mes mouvements était entouré d’un halo de peur et de tromperie.

Pendant les vacances, sous le soleil radieux de Thaïlande, l’anxiété a assombri ma présence lors des repas en famille. J’étais assise là, enchaînée comme une prisonnière à mon propre esprit, redoutant le chaos que cette dépendance insidieuse allait à nouveau déclencher, comme elle l’avait fait d’innombrables fois par le passé. Je ne touchais pas aux plats savoureux qui se trouvaient devant moi, car j’étais devenue l’esclave dévouée de l’anorexie. La déception de ma mère couvait, alimentée par la profonde tristesse qu’elle ressentait en voyant sa fille dépérir de jour en jour. Malgré ses efforts incessants pour m’inciter à guérir, je n’arrivais pas à trahir l’anorexie. Au cours de cette période terriblement sombre, ma mère n’a pas simplement perdu sa fille pleine de vie, car je m’étais déjà perdue moi-même, m’enfonçant dans l’abîme profond qui avait englouti tout mon être.

Chaque conversation avec ma mère tournait à la dispute, car même le plus innocent des commentaires entre nous se transformait en un violent conflit. Poussée par son désir désespéré de me voir guérir, elle tentait avec force de m’imposer sa volonté. Mais, la force de l’anorexie se heurtait brutalement à la sienne, et chaque affrontement se terminait par des cris. L’une des vérités les plus terribles concernant l’anorexie est que le fait de ne pas se soumettre à sa voix impitoyable vous donne l’impression de commettre un grave péché. J’avais l’impression d’être condamnée à me battre pour ma dépendance tout en la détestant parce qu’elle détruisait ma vie.

L’affection avec laquelle ma mère tentait de m’imposer la guérison ne faisait que renforcer mon obsession, car je n’étais qu’une esclave qui n’avait pas son mot à dire. Les cris incessants et les violentes disputes qui m’ont opposée à ma mère à cette époque restent douloureusement gravés dans ma mémoire. Le chagrin dans les yeux de ma mère m’a profondément marquée : nos souffrances mutuelles s’affrontaient pendant ces moments douloureux.

Pendant quelques années, je me suis rendue à plusieurs reprises dans un centre de bien-être pour recevoir des traitements destinés à améliorer ma guérison et mon bien-être. Malgré l’aide apportée par les innombrables traitements et perfusions que j’ai subis, je suis restée bêtement soumise à la voie autodestructrice de l’anorexie. Je restreignais ma consommation de nourriture à un tel point que toute la vivacité que je portais en moi autrefois avait entièrement disparu, car mon corps avait épuisé toute son énergie. La vie ressemblait à un cycle de torture sans fin : j’étais obligée de souffrir et de trahir mon vrai moi pour avoir l’impression d’être valorisée. Chaque matin, je me réveillais en croyant profondément que mon but était de me soumettre à l’anorexie, en avançant lentement vers la mort. Chaque instant était une pure agonie ; j’étais prisonnière d’une soif insatiable qui me poussait à perdre le plus de poids possible. Toute tentative de me libérer de ces chaînes évoquait une bataille qui me terrifiait profondément et que je cherchais à éviter à tout prix.

Cette expérience dépasse ce que l’on peut décrire par des mots : ces mots ne sont qu’une goutte d’eau comparée au tsunami d’expériences que j’ai traversé. Les efforts incessants de ma mère, qui se heurtaient à ma résistance tourmentée, n’ont fait qu’aggraver mon chagrin, en éloignant chaque jour un peu plus mon moi innocent et plein de vie. Je n’osais pas désobéir à cette voix obsédante, car je cherchais désespérément à me sentir digne. J’étais pétrifiée à la simple idée de grossir, je pensais que je devais prouver ma valeur par des sacrifices. Malgré ma foi inébranlable dans le fait que je guérirais un jour, la voix monstrueuse et obsessionnelle qui harcelait mon esprit ne cessait de l’imposer d’être encore plus malade. La voix résonnait continuellement dans mon esprit, me poussant à aller plus loin, en creusant encore davantage le vide qui avait envahi mon être. N’est-il pas absurde que nous prétendions avoir le « libre arbitre », alors que nous sommes souvent esclaves de nous-mêmes ?

Pendant cette période de ma vie, j’ai reçu tous les « compliments » que j’avais désirés et que j’attendais parce que j’avais maigri. Je me souviens que la mère d’une amie m’a prise à part en privé et m’a demandé, d’un ton inquiet, si tout allait bien et si j’avais perdu intentionnellement du poids. L’inquiétude a commencé à s’emparer de mon entourage qui m’a fait remarquer que j’avais étonnamment maigri. Ma mère, la voix lourde, m’a dit que j’avais l’air malade, comme un fantôme. Mon corps avait épuisé jusqu’à ses dernières réserves, dépouillé d’une grande partie de sa masse musculaire et de sa vitalité.

En toute honnêteté, je me réjouissais secrètement d’être traitée différemment ; j’avais l’impression que je valais la peine qu’on s’occupe de moi, que je méritais vraiment de l’amour et de l’attention. Je prenais l’expression de leur préoccupation pour un « compliment », je pensais que j’avais besoin de l’attention des autres pour confirmer ma valeur. Pourtant, au lieu de me sentir digne d’appréciation, je ressentais un profond désespoir. Je me suis dit que si j’étais assez malade pour être hospitalisée, je serais enfin considérée suffisamment spéciale pour être digne d’amour et d’attention.

Je me souviens que mon professeur m’a prise à part, le regard inquiet, pour me demander en privé si j’allais bien, en remarquant que j’avais beaucoup maigri. J’ai répondu en arborant un sourire forcé pour dissimuler mon profond sentiment de dissociation et de vide, et j’ai menti en affirmant que tout allait parfaitement bien, en feignant de ne pas m’être aperçue de ma perte de poids. Je détestais mentir à ce point, c’était devenu un rituel quotidien à l’école, c’était une sorte de façade qui me servait de bouclier.

Le seul moment de la semaine où je pouvais vraiment me débarrasser de ces faux-semblants pervers, c’était pendant la thérapie : c’était le seul moment où je me sentais écoutée et acceptée. Chaque fois que j’entrais dans le cabinet du thérapeute, j’étais submergée par une vague de soulagement, je me sentais en sécurité : je savourais ce bref moment où je pouvais enfin respirer avant de me noyer à nouveau et d’être engloutie par la réalité étouffante. D’habitude, je pleurais toujours pendant les séances, c’était une sorte de libération cathartique d’une souffrance et d’une douleur profondes. Pendant cette sombre période de ma vie j’étais comme anesthésiée, plongée dans le froid et, malgré la bouée de sauvetage que l’offrait la thérapie, mon âme était enchaînée à cette terrible addiction qui me consumait de l’intérieur.

Mois après mois, je suis retournée dans des centres de bien-être et j’ai reçu des perfusions qui étaient censées pallier la carence de certains éléments physiologiques. Malgré la pression constante de ma mère, je n’étais pas prête à me rétablir. Nous rencontrerons inévitablement des obstacles au cours de notre parcours unique, et c’est à nous d’y répondre d’une manière qui permettra à chacun d’entre nous de grandir et d’évoluer, même si cela nous semble terrifiant au départ. N’oubliez pas que nous ne pouvons pas contrôler les circonstances extérieures ; nous ne pouvons que contrôler notre réaction au monde extérieur.

J’étais déchirée, perdue dans une tourmente intérieure, tout en projetant à l’extérieur une façade qui se voulait saine et positive. Mais, les façades ne sont qu’une illusion et j’étais loin d’être en bonne santé. Les gens me félicitaient, mais ils ne voyaient qu’un petit aperçu de mon parcours, ils ne voyaient que ce que je voulais qu’ils voient, l’image soigneusement fabriquée que je leur présentais. La plupart d’entre eux n’avaient aucune idée de la torture psychologique que j’endurais en affamant inconsidérément mon corps.

J’ai méticuleusement affiché, sur les réseaux sociaux, une version saine de moi-même, en utilisant cet outil comme un masque pour dissimuler la vérité, sous lequel se cachaient toutes mes failles. Ne vous y trompez pas, car nous sommes nombreux à nous fondre dans la masse, à revêtir des façades comme des masques, à trahir notre moi authentique pour nous fondre dans la masse. Comme Franz Kafka l’a dit un jour : « J’ai eu honte de moi quand j’ai réalisé que la vie est un bal masqué, et j’ai montré mon vrai visage. » Nous vivons dans un monde où la vérité authentique est voilée, masquée par une façade sociale qui sert à dissimuler les profonds appels à l’aide intérieurs.

Mon corps appelait à l’aide, mais j’étais incapable de le guérir, Car c’est moi qui ai orchestré ma propre destruction. Mon corps, réduit à un simple sac d’os, reflétait mon chaos intérieur. Quand mes amis commandaient un chocolat chaud dans un café, moi je choisissais un thé, une tasse d’eau tiède pour apporter un semblant de chaleur à ma forme squelettique, de l’eau tiède, pauvre en calories, sans joie. Mes amis se régalaient de pâtes chaudes, alors que moi je choisissais une salade froide, sans intérêt. Mes amis portaient des débardeurs alors que je me cachais sous un pull. Quand je tenais la main de mes amis je sentais sous mes doigts le contraste saisissant entre leur peau chaude et mon toucher froid et sec. Mes amis avançaient joyeusement dans la puberté alors que moi je ne faisais que dépérir, perdant tout souvenir de ce que j’avais été. J’étais une plante morte dans un champ rempli de fleurs épanouies.

Mais, je n’avais pas encore compris jusqu’où cette obsession allait me mener, alors que j’allais bientôt atteindre la limite absolue, celle qui allait me poussait à décider entre la vie et la mort.

Je me souviens très bien d’un moment particulier, en Thaïlande, pendant cette période chaotique qui m’a beaucoup marquée, la nuit où tout aurait pu basculer. C’était le matin, après une nuit insoutenable au cours de laquelle j’avais été très malade, une nuit qui ne cessera jamais de hanter mes souvenirs. Auparavant, j’avais consulté un médecin qui avait minutieusement examiné mon développement. Il m’a informé que je manquais de nombreux nutriments essentiels, ce qui signifiait que j’avais désespérément besoin d’incorporer certains types d’aliments dans mon régime alimentaire. Le soir même, j’ai donc suivi son conseil et j’ai mangé les aliments qu’il m’avait conseillés. Mais, il s’agissait d’un repas extrêmement lourd et calorique, un véritable choc pour mon organisme qui n’était plus habitué à recevoir autant de nourriture.