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Extrait : " L'histoire est par elle-même si incertaine et si facilement falsifiée et défigurée, que je n'aime pas les romans historiques ; mais je rendais justice à l'auteur de tant de brillantes peintures de mœurs et de caractères."
À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :
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• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
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Seitenzahl: 115
Veröffentlichungsjahr: 2016
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Je signe cet écrit pour témoigner de son authenticité et pour répondre de tout ce qu’il contient.
Je renouvelle à cette occasion la déclaration que les seuls ouvrages dont je sois l’auteur sont les suivants :
1°. Marie ou les Hollandaises, Roman en 3 petits Vol in 12.
2°. Documents historiques sur la hollande, 3 Vol in 8
3°. Mémoire sur la vérification, contenant un recueil d’odes publiées précédemment en brochure et des essais des vers sans rime.
4°. Essai sur la vérification, 2 vol in 8°, contenant l’opéra de Ruth, la Tragédie de Lucrèce ; ces deux pièces écrites en vers sans rime et la Comédie de l’avare de Molière réduite en vers de la même espèce.
5°. Nouveau recueil de poésies publiées à Florence l’année dernière et contenant la suite du Lutrin poème en 5 chants &a.
6°. Cette réponse à Sir Walter-Scott.
PAR LOUIS BONAPARTE, COMTE DE SAINT-LEU, ANCIEN ROI DE HOLLANDE, FRÈRE DE L’EMPEREUR
L’histoire est par elle-même si incertaine et si facilement falsifiée et défigurée, que je n’aime pas les romans historiques ; mais je rendais justice à l’auteur de tant de brillantes peintures de mœurs et de caractères. Lorsque l’on annonça l’ouvrage qui fait l’objet de ces observations, je m’imaginai qu’un écrivain aussi distingué, fatigué de la vaine renommée de romancier, voulait s’élever à celle de véritable historien ; mais, à mon grand étonnement, je vis, à la lecture de ce livre, qu’après avoir mis en romans quelques parties de l’histoire de son pays, il convertissait maintenant en histoire les romans et les libelles fabriqués depuis trente ans contre la France et contre Napoléon.
Cependant l’on distingue dans cet ouvrage deux factures différentes, et comme deux styles opposés, dont l’un conforme à la vérité est presque toujours l’éloge de Napoléon, et l’autre une critique fausse ou exagérée, trop souvent ironique, calomnieuse et cruelle : on dirait que la première est seule l’ouvrage de la conscience de l’auteur.
La meilleure réponse serait d’établir avec précision les faits tant défigurés par l’inimitié ; mais ce n’est pas ici mon but : je ne veux que protester contre l’exagération, l’injustice, la fausseté, la calomnie, et je dirai même contre l’atroce calomnie, répandues dans l’ouvrage de sir Walter Scott, et cela avec d’autant plus de raison, que, pour un grand nombre de faits, je puis joindre mon témoignage oculaire, puisque j’ai demeuré auprès de mon frère dès l’âge de onze ans, et que je l’ai presque constamment accompagné jusqu’à celui de vingt-sept, que je passai en Hollande.
Le but évident de l’auteur est non seulement de rabaisser la gloire de Napoléon, mais encore de dénigrer toute la nation, et principalement ses armées immortelles toujours triomphantes, comprimées plus que vaincues en 1814 par la trahison.
Le génie et la gloire ne furent, ne sont, et ne seront jamais le partage d’une seule nation, d’une seule armée, d’un seul chef : chaque pays en a et en eut sa part ; mais ce n’est pas élever ses grands hommes au-dessus des autres, que de répandre le fiel et la calomnie sur ceux-ci. Loin de là, le trop de soin que l’on prend pour les noircir et les défigurer, et d’exagérer leurs défauts, leurs torts et leurs fautes, dont ils ne peuvent être exempts puisqu’ils sont hommes, prouve au contraire combien leur éclat blesse la rivalité et l’inimitié médiocres ; mais les grandes actions ont cet avantage sur les plus beaux discours, même sur les calomnies les plus adroites, que ceux-ci disparaissent sous la faulx du temps, tandis que les autres non seulement n’en sont point atteints, mais que même leur éclat augmente et se consolide en vieillissant.
Je n’ai pu me dissimuler les mauvaises intentions de l’auteur, en voyant que dans un ouvrage dont le but est de faire connaître la vie de Napoléon, on ne commence à parler de lui qu’au troisième volume. Il est évident que l’on a voulu rattacher le nom de Napoléon aux excès et aux horreurs de la révolution, auxquels non seulement il fut étranger, mais qu’il a comprimés. L’on a voulu aussi augmenter et exagérer les excès et les horreurs de la révolution, par un sentiment d’inimitié contre la France, aussi injuste qu’ingénéreux.
Un but encore visible est celui de vouloir faire passer Napoléon comme étranger à la France.
En effet, si telles n’étaient pas les intentions de l’auteur, pourquoi cette obstination à écrire le nom de famille de Napoléon, Buonaparte, au lieu de Bonaparte, ainsi qu’il est consacré par une vieille habitude ?
Certainement, la lettre O n’est ni plus ni moins noble ou française que la lettre U ; mais c’est pour imprimer un caractère d’étrangeté à Napoléon, et séparer sa gloire de celle de la France.
La nation italienne est assez glorieuse pour que l’on fût fier de lui appartenir, principalement quand on tire son origine de ce beau pays ; mais quand on est né sous les lois françaises, que l’on a grandi sur son sol, que l’on n’a connu les pays étrangers, et même la belle Italie, qu’avec les légions victorieuses de la France, il est par trop ridicule de recevoir d’un auteur anglais un brevet d’étranger.
Une observation n’a pu m’échapper à ce sujet : c’est que, tout en convenant que Napoléon avait droit d’orthographier son nom comme il le voulait, l’auteur l’écrit comme cela n’est pas d’usage dans notre famille.
On trouvera une méchante intention semblable à l’article du siège de Toulon, où, pour atténuer la gloire de ce premier exploit de Napoléon, l’auteur le fait participer aux horreurs qui suivirent la prise ; chose que depuis trente ans nul libelliste n’avait encore imaginée. Cela est d’autant plus remarquable, qu’il dit lui-même, à la suite de cette calomnie, qu’elle est sans fondement : pourquoi donc la consigne-t-il dans son livre ? Cela peut-il avoir un autre but que de noircir la renommée de celui dont il se dit l’historien ?
Sans doute qu’un auteur n’est pas responsable du peu de mérite de son livre ; chacun ne peut donner que ce qu’il a : mais c’est peu respecter le public, c’est peu se respecter soi-même, que de ne pas se donner la peine de vérifier les assertions que l’on avance. Mais ces sortes d’ouvrages sont des spéculations commerciales sur l’avide curiosité des lecteurs, qui produisent d’autant plus qu’elles contiennent un plus grand nombre de méchancetés et de calomnies. Sans doute la vie de Napoléon, par Walter Scott, est de ce nombre ; sans cela, comment la concevoir ! !
On trouve à la page 5 du tome III, que Lucien n’était guère inférieur à son frère en talents et en ambition. Quant à l’ambition, l’auteur dément lui-même cette observation, lorsqu’il fait connaître que Lucien refusa les honneurs que Napoléon lui offrait, à condition que son second mariage ne serait pas reconnu ; et quant aux talents, je me tiens assuré que Lucien lui-même, malgré l’éloquence et l’esprit qui le distinguent, n’a jamais songé à entrer en rivalité avec son frère. Mais, après avoir essayé de donner un titre d’étrangeté à l’homme que les Français choisirent pour leur empereur, après avoir essayé de rabaisser ses grandes actions, on va jusqu’à vouloir lui ôter la supériorité même dans sa famille. Je me crois donc obligé de déclarer ici, moi, frère de l’empereur Napoléon, que c’est dans sa famille qu’il commença à exercer la plus grande supériorité, non pas lorsque la gloire et le pouvoir l’eurent élevé, mais même dès son adolescence.
L’auteur affecte de nommer les soldats français des premières années de la révolution Sans-culottes et Carmagnoles, et c’est se montrer à la fois injuste et peu au fait de l’état des choses. S’il avait mieux étudié la composition des armées à cette époque, il aurait connu que les armées françaises formées des jeunes gens mis en réquisition, étaient composées du sang le plus pur de la nation ; qu’il n’était pas rare de trouver dans ses rangs des fils et des frères des victimes de la fureur révolutionnaire.
Tome III, page 14. – « Quoique d’origine italienne, il n’avait pas de goût pour les beaux-arts, » dit Walter Scott.
J’ose croire que même en Angleterre, il trouvera peu de personnes de son avis. N’est-ce pas se jouer de la crédulité de ses lecteurs, que d’avancer une telle assertion ? Celui qui enrichit son pays de la plus brillante collection des chefs-d’œuvre de l’antiquité ; celui qui, durant tout son règne, provoqua des chefs-d’œuvre insignes et récompensa les artistes avec une magnificence inouïe ; celui qui établit les prix décennaux, et donna plus d’étendue à l’exposition des produits de l’industrie nationale ; celui qui éleva dans Paris les monuments que sir Walter Scott n’a pu s’empêcher de voir dans son court voyage dans cette capitale ; celui qui fit construire les routes prodigieuses qui traversent les Alpes, n’avait pas de goût pour les beaux-arts ! ! !
On peut adresser un tel jugement à la postérité ; mais s’il y parvient, ce ne sera qu’à la honte de son auteur.
Tome III, page 23. – « Napoléon était en Corse avec un congé, lorsque ces évènements arrivèrent (la trahison du vieux-général Paoli), et quoiqu’il eût été déjà lié d’amitié avec Paoli, et qu’il y eût même quelque relation de parenté entre eux, etc. »
Il n’existait pas la moindre parenté entre notre famille et celle de Paoli. Mon père, Charles Bonaparte, avait été lié d’amitié avec Paoli, qu’il aida dans la défense de l’île. Napoléon ne pouvait connaître Paoli, puisqu’il était né après le départ de celui-ci pour l’Angleterre. Ce n’est pas le parti de la Convention que Napoléon embrassa, mais le parti de la France, celui de sa patrie, contre l’ennemi. Les factions corses, dont Walter Scott parle, n’étaient autre chose que des insurgés soulevés par les Anglais et par Paoli, qui, ayant reçu du gouvernement le commandement de cette division militaire de la France, se servit de son autorité pour livrer le pays à l’Angleterre.
Après le mauvais succès de l’expédition de Sardaigne, commandée par l’amiral Truguet et le vieux général Casabianca, dans laquelle Napoléon avait un commandement séparé, Paoli tenta vainement d’ébranler la fidélité de celui-ci, qui s’empressa de se joindre aux commissaires du gouvernement, Lacombe Saint-Michel et Saliceti ; c’est avec eux qu’il tenta de chasser les insurgés d’Ajaccio ; n’ayant pu y réussir, il rentra à son régiment, celui de Grenoble, qui se trouvait alors à l’armée d’Italie, au quartier-général à Nice.
Il est également faux que Masseria, et non Masserio, l’un des compagnons de Paoli, fût parent de Napoléon ; il nous était entièrement étranger.
Tome III, page 25. – « Napoléon et son frère Lucien, qui s’étaient fait remarquer comme partisans de la France, furent condamnés au bannissement ; et madame Bonaparte, avec ses trois filles et Jérôme, encore enfant, s’embarqua et se retira d’abord à Nice, et ensuite à Marseille, etc. »
Ces détails ne sont pas exacts ; ceux que j’ai donnés dans les documents sur la Hollande sont parfaitement justes, et l’on doit y ajouter foi, puisque, quoique enfant, j’étais avec ma mère à cette époque, que je la suivis en Provence, et demeurai avec elle jusqu’après la prise de Toulon, que j’embrassai la carrière militaire.
Ce n’est point Lucien qui accompagna Napoléon, mais Joseph : Lucien était alors à Marseille avec l’ambassadeur Semonville qu’il devait accompagner à Constantinople. Jérôme, à peine âgé de sept ans, et Caroline, âgée de huit, demeurèrent à Ajaccio, et ne furent ramenés auprès de nous que quelque temps après, tandis que j’étais avec ma mère, de même que mon oncle l’archidiacre Fesch, depuis cardinal.
Je ne rapporte ces petites inexactitudes que pour rétablir les choses comme elles sont réellement.
Tome III, page 25. – « Depuis cet évènement, Napoléon n’a jamais revu la Corse. »
Cela est faux, puisqu’il débarqua à Ajaccio au retour d’Égypte, et y demeura plusieurs jours avant d’arriver à Fréjus.
Quelque puériles que soient ces observations, elles prouvent cependant le peu de soin que l’auteur a pris de la vérité en compilant son ouvrage.
Il est dit (page 33) que Napoléon fut protégé par son compatriote, le député à la Convention, Saliceti, qui avait voté la mort du roi ; et cela est si faux, que c’est ce député qui, avec ses collègues, Albite et Ricord, fit arrêter Napoléon au quartier-général de Nice, et lui fit subir une arrestation de plusieurs jours, pendant lesquels on visita tous ses papiers, qu’on ne lui restitua qu’après en avoir fait le dépouillement.
L’auteur prend si peu de soin de s’informer de la vérité, qu’il dit qu’après la prise de Toulon, Napoléon fut confirmé dans son grade provisoire de chef de bataillon, et employé à ce titre à l’armée d’Italie, tandis qu’il était chef de bataillon ou lieutenant-colonel au quatrième régiment d’artillerie, celui de Grenoble, en arrivant au siège de Toulon, et qu’après la prise il fut promu au grade de général de brigade d’artillerie, commandant en chef celle de l’armée d’Italie. C’est en cette qualité qu’il fit l’inspection des côtes et les arma, et non par suite d’une commission reçue de la Convention.
Tome III, page 57. – « En mai 1795, il vint à Paris pour solliciter de l’emploi dans son arme. Il se trouva dénué d’amis et dans l’indigence dans cette ville dont il devait bientôt devenir le chef suprême. Quelques personnes cependant l’assistèrent, parmi lesquelles fut le célèbre acteur Talma, qu’il avait connu tandis qu’il était encore à l’École militaire, etc. »