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Alors que cinq sorciers plongeaient le monde dans le chaos, les druides et les paladins liaient leur magie pour les supprimer et diviser leur terre en cinq mondes. Mais avant de mourir, l’un des sorciers enferma son âme dans un arbre dans l’attente d’un nouveau jour. Quelques siècles plus tard, Rox, une jeune fille, se voit confier la tâche de trouver les portails reliant les mondes entre eux, à la recherche de l’arbre possédé pour le purifier. Mais une question subsiste, pourquoi Rox a-t-elle été choisie ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Auteur et musicien,
Richard Betsch vit actuellement dans la Nièvre. Écrivant depuis une vingtaine d'années, il cultive la passion de l'art depuis son adolescence. Auteur de nombreux essais et textes, Richard s'est essayé à l'écriture de fables « écologiques » et d'une pièce de théâtre encensée par la critique.
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Seitenzahl: 153
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Richard BETSCH
Rox
La passeuse
Des mondes
Nouvelle
Cet ouvrage a été composé et imprimé en France par les
Éditions La Grande Vague
3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau
Site : www.editions-lagrandevague.fr
ISBN numérique : 978-2-38460-069-4
Loi N°49-956 du 16 Juillet 1949 sur les publications destinées
Dépôt légal : Novembre 2022
Les Éditions La Grande Vague, 2022
Prologue
Une magnifique jeune fille de quinze printemps s’approcha du vieil homme alité. Elle s’agenouilla près de sa couche, un sourire large et sensible ornait son visage.
La jeune fille s’exécuta, un petit rongeur sautillant en tous sens autour de ses jambes, puis elle s’assit à nouveau près de son grand-père.
D’un petit bon, l’écudrill s’installa sur les genoux de sa maîtresse. Il ne la quittait jamais. Rox ne sut jamais comment son grand-père se l’était procuré mais elle se souvenait parfaitement du jour de ses cinq ans lorsqu’il lui offrit ce curieux petit animal. Il n’avait pas plus de quelques jours et, déjà, il s’était lié à la petite fille au-delà de n’importe quelle relation entre un humain et un animal. L’un comme l’autre, ils partageaient naturellement leurs émotions individuelles. Sa fourrure était blanche comme la neige hormis sa longue queue, qu’il utilisait comme un membre à part entière, qui tirait vers le roux. Il se lova contre sa maîtresse qui lui caressait délicatement la tête. Sachant, tout comme elle, que l’instant était important et qu’il pouvait entraîner des conséquences inattendues, le petit rongeur transmit à la jeune fille des sentiments apaisants.
Rox ne put cacher son inquiétude mais Ymto la rassura quelque peu par une sorte de ronronnement léger mais efficace.
Rox prit cette déclaration comme un coup de massue derrière la tête. Ses yeux s’ouvrirent démesurément avant de s’embrumer, elle hoqueta quelques secondes, puis inspira longuement avant de se reprendre. Le sourire de son grand-père était grand et sincère bien qu’elle savait qu’il prenait sur lui afin de le maintenir.
Notre…séparation ?
Grand-père, balbutia la jeune fille au bord des larmes…
Une galerie ? D’où vient-elle ?
Rox eut du mal à contenir ses larmes mais elle y parvint tout de même, elle se faisait déjà à l’idée de fuir, elle était très vive d’esprit et très forte moralement. Elle renifla puis elle se leva en gardant son écudrill dans ses bras. Elle était prête. Son grand-père glissa sa main dans la sienne, une main froide, une main molle, une main fatiguée.
Rox avait un visage déterminé, de grands yeux bleus secs et intenses, un petit nez fin et une bouche ornée de lèvres fines et colorées. Ses longs cheveux d’or étaient tressés et noués par une fine lanière de cuir.
Seule ta sécurité m’importe. Qu’ai-je à craindre de lui ? Va, ma belle, et ne te retourne pas.
Rox enlaça son grand-père en sachant qu’elle le faisait pour la dernière fois et sans pourtant le réaliser complètement. Elle se releva et voulut lui dire tellement de choses que des milliers de mots s’emmêlèrent dans son cerveau et sa bouche s’entrouvrit maladroitement sans en laisser échapper le moindre son. Alors le vieil homme sourit.
La jeune fille se détourna de la couche de son grand-père en relâchant lentement sa main puis elle s’équipa de sa ceinture de cuir et d’airain qui maintenait son épée, son arbalète et un petit carquois rempli de carreaux. Elle rangea sa dague dans un petit étui qu’elle dissimulait dans sa cuissarde. Elle enfila son sac sur ses épaules et se dirigea vers le tapis. Elle le déplaça et découvrit une petite trappe dont elle avait toujours ignoré l’existence. Elle l’ouvrit et constata que la galerie avait plutôt l’air large et profonde, alors elle tourna la tête vers Ymto.
Le rongeur se leva fièrement sur ses deux petites pattes arrières et lui renvoya mentalement une pensée d’acquiescement.
Et tu aurais encore d’autres secrets ? Pourtant moi je ne t’ai jamais rien caché.
L’écudrill fit une pirouette avant de se remettre en position debout et de fixer sa maîtresse. Des mots résonnèrent alors dans sa tête.
Rox sourit généreusement à son petit rongeur puis elle lança un dernier regard de l’autre côté de la pièce.
Elle pénétra dans la galerie et referma la trappe au-dessus d’elle, comme Ymto le lui avait suggéré. La queue rousse de l’animal émit comme une luminescence leur permettant de ne pas être plongés dans le noir total. Seul dans sa maison, le grand-père de Rox ferma les yeux. Sa petite-fillelui manquait déjà, pourtant il ne doutait pas d’avoir tout fait depuis quinze ans pour qu’elle s’en sorte, mais elle était si jeune. Il cessa de se forcer, de se retenir et de chaudes larmes de tristesse et d’amour inondèrent ses joues.
PARTIE
1
1
Sang de druide et sang de paladin
Rox progressa dans le long tunnel, perdue dans ses pensées. Le discours de son écudrill lui apportait une sorte d’excitation. Cette sensation de liberté, elle la ressentait sans vraiment en connaître la signification. Les premiers temps risquaient d’être difficiles, elle en était consciente, mais elle allait gérer sa vie sans rien devoir à personne et à quinze ans, c’était plutôt appréciable. Sans s’en rendre compte, elle accéléra le pas et avançait ornant son visage d’unlarge et radieux sourire. La température était plutôt fraîche et la faible luminosité que dégageait le rongeur maintenait la jeune fille dans une pénombre permanente. Après quelques heures, Rox était fatiguée et avait hâte de sortir à l’air libre.
Rox et son écudrill avancèrent encore une bonne heure lorsque Ymto s’arrêta et stoppa l’effet luminescent de sa queue.
La jeune fille s’accroupit et murmura.
Rox prit en main son arbalète et reprit sa progression d’un pas lent et prudent. Plus loin, sur la paroi, ungrand cercle argenté, de substance liquide mais sans couler ni dégouliner, stagnait comme s’il avait remplacé cette partie du mur de terre.
La jeune fille se rapprocha encore, elle rangea son arbalète et empoigna son épée. Elle y apposa la pointe. La lame sembla pénétrer dans le curieux cercle.
La jeune fille et le rongeur restèrent immobiles face au curieux portail d’eau. Après quelques secondes d’hébétude,Rox rangea son épée dans son fourreau de cuir.
Elle inspira profondément et enjamba le trou gorgé d’eau opaque qui donnait de la vie à la paroi. Ymto utilisa à nouveau la luminescence de sa queue rousse et bondit à sa suite. Ils débouchèrent dans une toute petite grotte, à peine plus grande que la maison de son grand-père. Ils n’y remarquèrent aucune autre issue, juste une petite grotte vide.
Rox et l’écudrill tournèrent la tête vers la paroi qui parlait. Une silhouette translucide en sortait, comme si la roche n’était qu’une illusion.
Une grande femme vêtue de fines toiles blanches apparut. Elle flottait plus qu’elle ne marchait. Rox s’abaissa légèrement et tendit ses mains au sol. Ymto répondit à l’invitation de sa maîtresse qui se redressa sans laisser apparaître la moindre peur.
La grande femme au visage long et fin plissa les yeux, comme pour scruter l’invisible. Rox entra alors dans une sorte de transe inconsciente.
Pour toute réponse, l’étrange personnage s’accroupit et tendit une main à la jeune fille, l’invitant à vérifier par elle-même. Rox lui frôla la paume du bout des doigts et ressentit instantanément un apaisement bref mais intense.
Elle laissa alors sa main se poser sur la sienne et resserra légèrement ses doigts. Ymto ressentait les mêmes effets que la jeune fille. La grande femme se releva, ses pieds nus ne touchant plus le sol.
Rox tremblota des lèvres.
Rox caressait nerveusement son rongeur qui se mit instantanément à ronronner.
Rox gardait les yeux et la bouche grands ouverts.
Rox ne put s’empêcher de l’interrompre.
La jeune fille baissa instinctivement les yeux vers Ymto et l’animal lui répondit avant même qu’elle ne parle.