Rox, la passeuse des Mondes - Tome 1 - Richard Betsch - E-Book

Rox, la passeuse des Mondes - Tome 1 E-Book

Richard Betsch

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Beschreibung

Alors que cinq sorciers plongeaient le monde dans le chaos, les druides et les paladins liaient leur magie pour les supprimer et diviser leur terre en cinq mondes. Mais avant de mourir, l’un des sorciers enferma son âme dans un arbre dans l’attente d’un nouveau jour. Quelques siècles plus tard, Rox, une jeune fille, se voit confier la tâche de trouver les portails reliant les mondes entre eux, à la recherche de l’arbre possédé pour le purifier. Mais une question subsiste, pourquoi Rox a-t-elle été choisie ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Auteur et musicien, Richard Betsch vit actuellement dans la Nièvre. Écrivant depuis une vingtaine d'années, il cultive la passion de l'art depuis son adolescence. Auteur de nombreux essais et textes, Richard s'est essayé à l'écriture de fables « écologiques » et d'une pièce de théâtre encensée par la critique.

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Richard BETSCH

Rox

La passeuse

Des mondes

Nouvelle

Cet ouvrage a été composé et imprimé en France par les

Éditions La Grande Vague

3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

Site : www.editions-lagrandevague.fr

ISBN numérique : 978-2-38460-069-4

Loi N°49-956 du 16 Juillet 1949 sur les publications destinées

Dépôt légal : Novembre 2022

Les Éditions La Grande Vague, 2022

Prologue

— Rox, ma petite, approche.
— Oui, grand-père.

Une magnifique jeune fille de quinze printemps s’approcha du vieil homme alité. Elle s’agenouilla près de sa couche, un sourire large et sensible ornait son visage.

— Tu es allongé depuis un bout de temps, dit-elle affectueusement, tu ne te sens pas bien ?
— Ma fatigue n’a rien d’illogique, ma belle, mais ça n’est pas de moi que je souhaite te parler. Prends une chaise que je puisse te voir sans trop tourner la tête, mes articulations me chahutent.

La jeune fille s’exécuta, un petit rongeur sautillant en tous sens autour de ses jambes, puis elle s’assit à nouveau près de son grand-père.

— Monte, Ymto.

D’un petit bon, l’écudrill s’installa sur les genoux de sa maîtresse. Il ne la quittait jamais. Rox ne sut jamais comment son grand-père se l’était procuré mais elle se souvenait parfaitement du jour de ses cinq ans lorsqu’il lui offrit ce curieux petit animal. Il n’avait pas plus de quelques jours et, déjà, il s’était lié à la petite fille au-delà de n’importe quelle relation entre un humain et un animal. L’un comme l’autre, ils partageaient naturellement leurs émotions individuelles. Sa fourrure était blanche comme la neige hormis sa longue queue, qu’il utilisait comme un membre à part entière, qui tirait vers le roux. Il se lova contre sa maîtresse qui lui caressait délicatement la tête. Sachant, tout comme elle, que l’instant était important et qu’il pouvait entraîner des conséquences inattendues, le petit rongeur transmit à la jeune fille des sentiments apaisants.

— Qu’y a-t-il, grand-père ?
— Je prépare cet instant depuis plus de quinze ans et je me sens désarmé, pourtant il faut que je trouve la force.

Rox ne put cacher son inquiétude mais Ymto la rassura quelque peu par une sorte de ronronnement léger mais efficace.

— Tu dois quitter notre village, ma belle.

Rox prit cette déclaration comme un coup de massue derrière la tête. Ses yeux s’ouvrirent démesurément avant de s’embrumer, elle hoqueta quelques secondes, puis inspira longuement avant de se reprendre. Le sourire de son grand-père était grand et sincère bien qu’elle savait qu’il prenait sur lui afin de le maintenir.

— Thuoral a décidé de te prendre pour épouse, mais ton avenir n’est pas là.
— Quoi ?… Mais il a déjà plusieurs femmes.
— Il est le chef du village, ma belle, et nul n’est censé discuter ses décisions ni ses lois.
— Mais je ne veux pas, il est vieux et laid, je refuse.
— Crois-tu qu’il ait laissé le choix à ses épouses ? Elles y ont chacune été obligées. Aujourd’hui, il les considère plus comme ses servantes que comme ses femmes.
— Il n’a pas le droit…
— Dans ce village, il a tous les droits.
— Mais grand-père, tu ne peux accepter ça ?
— Je ne l’accepte pas, c’est pour cette raison que je prépare ta fuite depuis tant d’années. J’ai souvent contesté les décisions de Thuoral mais en veillant à ne jamais aller trop loin. Lui l’a plus ou moins accepté parce qu’il avait besoin de mes talents de médecin. Sinon, il m’aurait éliminé depuis longtemps.
— Tu ne peux pas le laisser faire…
— Je suis vieux, Rox, et épuisé. Je n’ai plus la force d’entrer dans des conflits ouverts avec notre chef.
— Mais grand-père, je ne peux pas te laisser.
— Tu as une vie à mener, ma belle, il est temps pour toi de voler de tes propres ailes. Tu ne peux pas passer ta vie dans cette maison, et encore moins en tant qu’épouse de Thuoral. Si je le pouvais, je te suivrais. Allez Rox, ne perds pas de temps, cela rendrait notre séparation plus difficile encore.

Notre…séparation ?

— Tu ne dois pas revenir, Thuoral te tuerait.
— Et si je le tue, moi ?
— Je t’ai enseigné diverses formes de combat et le maniement d’armes multiples mais tout cet enseignement doit t’aider à découvrir le monde et à y trouver ta place, pas à devenir une meurtrière. Je suis fier de toi, de ton caractère et de ta sagesse. Crois-moi, Rox, j’ai reculé l’échéance au plus tard possible mais il est temps, tu dois partir. Je t’ai préparé un sac que tu peux te fixer dans le dos de façon à t’encombrer le moins possible. Tes armes aussi sont prêtes, ton épée, ton arbalète et ta dague. J’y ai rajouté une bourse de pièces d’or, utilise-les à bon escient. L’or est indispensable et il est parfois difficile d’en gagner.

Grand-père, balbutia la jeune fille au bord des larmes…

— Le temps urge ma petite reine. Déplace le tapis au fond de la pièce et ouvre la trappe qu’il camoufle. C’est l’entrée d’une galerie, elle te conduira hors du village.

Une galerie ? D’où vient-elle ?

— C’est Ymto qui l’a creusée à ma demande il y a déjà bien longtemps.
— Ymto ?
— Ton écudrill a de grands pouvoirs, il sera ton allié en toutes circonstances, c’est pour cette raison que je te l’ai offert.

Rox eut du mal à contenir ses larmes mais elle y parvint tout de même, elle se faisait déjà à l’idée de fuir, elle était très vive d’esprit et très forte moralement. Elle renifla puis elle se leva en gardant son écudrill dans ses bras. Elle était prête. Son grand-père glissa sa main dans la sienne, une main froide, une main molle, une main fatiguée.

— Tu as la force pour ne jamais échouer. Ne donne jamais ta confiance aveuglément, et surtout pas à des humains. Dans ton sac, tu as quelques provisions et quelques plantes médicinales dont tu connais les vertus. Et puis tu as Ymto. La vie ne t’a pas donnébeaucoup de chance mais désormais il t’appartient d’en découvrir le sens, de choisir tes chemins et d’en changer quand bon te semble.

Rox avait un visage déterminé, de grands yeux bleus secs et intenses, un petit nez fin et une bouche ornée de lèvres fines et colorées. Ses longs cheveux d’or étaient tressés et noués par une fine lanière de cuir.

— Tu te trompes, grand-père, répondit-elle, la vie m’a donné une chance incommensurable, toi. Mais, dis-moi, qu’adviendra-t-il lorsque Thuoral aura vent de ma fuite ? Je veux dire, n’as-tu pas à craindre sa colère ?

Seule ta sécurité m’importe. Qu’ai-je à craindre de lui ? Va, ma belle, et ne te retourne pas.

Rox enlaça son grand-père en sachant qu’elle le faisait pour la dernière fois et sans pourtant le réaliser complètement. Elle se releva et voulut lui dire tellement de choses que des milliers de mots s’emmêlèrent dans son cerveau et sa bouche s’entrouvrit maladroitement sans en laisser échapper le moindre son. Alors le vieil homme sourit.

— Je sais, dit-il, moi aussi ma belle.

La jeune fille se détourna de la couche de son grand-père en relâchant lentement sa main puis elle s’équipa de sa ceinture de cuir et d’airain qui maintenait son épée, son arbalète et un petit carquois rempli de carreaux. Elle rangea sa dague dans un petit étui qu’elle dissimulait dans sa cuissarde. Elle enfila son sac sur ses épaules et se dirigea vers le tapis. Elle le déplaça et découvrit une petite trappe dont elle avait toujours ignoré l’existence. Elle l’ouvrit et constata que la galerie avait plutôt l’air large et profonde, alors elle tourna la tête vers Ymto.

— C’est toi qui as creusé ça ?

Le rongeur se leva fièrement sur ses deux petites pattes arrières et lui renvoya mentalement une pensée d’acquiescement.

Et tu aurais encore d’autres secrets ? Pourtant moi je ne t’ai jamais rien caché.

L’écudrill fit une pirouette avant de se remettre en position debout et de fixer sa maîtresse. Des mots résonnèrent alors dans sa tête.

— C’était pour te protéger. Aujourd’hui, une nouvelle vie pour nous commence et il est temps que tu saches tout de moi.
— Ymto !? C’est toi qui parles dans ma tête ? C’est fou, j’ai le sentiment de reconnaître ta voix.
— Elle est ancrée dans ton subconscient depuis le jour de tes cinq ans. Dès que tu le souhaites, notre vie nouvelle commence dans ce tunnel.

Rox sourit généreusement à son petit rongeur puis elle lança un dernier regard de l’autre côté de la pièce.

— Adieu, grand-père, je ne t’oublierai jamais.

Elle pénétra dans la galerie et referma la trappe au-dessus d’elle, comme Ymto le lui avait suggéré. La queue rousse de l’animal émit comme une luminescence leur permettant de ne pas être plongés dans le noir total. Seul dans sa maison, le grand-père de Rox ferma les yeux. Sa petite-fillelui manquait déjà, pourtant il ne doutait pas d’avoir tout fait depuis quinze ans pour qu’elle s’en sorte, mais elle était si jeune. Il cessa de se forcer, de se retenir et de chaudes larmes de tristesse et d’amour inondèrent ses joues.

PARTIE

1

1

Sang de druide et sang de paladin

— C’est incroyable, Ymto, c’est vraiment toi qui a creusé ces galeries ? Elles sont adaptées à une taille humaine…
— À ta taille en tout cas, c’est pour toi que j’ai fait ça.
— Je n’en reviens pas, c’est tout simplement magnifique.
— Fais quand même attention, le sol peut être glissant.
— Merci du conseil. Je t’ai avec moi depuis dix ans et j’ai l’impression aujourd’hui de te découvrir.
— Durant cette décennie, je me préparais à ce jour. En accord avec ton grand-père, on a préféré préserver ton enfance. Tu es au premier jour d’une grande épreuve, certainement la plus difficile de ta vie. On t’y a préparée en douceur. Le monde est plein d’êtres malfaisants et de créatures imprévisibles, mais tu sais être méfiante et te défendre.
— Je ne comprends pas, si le monde est si malsain, n’aurait-il pas été plus sécurisant pour moi que je reste au village ?
— Ton grand-père ne t’a jamais destinéeà une vie de servitude et, désolé si je me suis mal exprimé, mais le monde recèle aussi, et c’est bienheureux, des lieux magnifiques et des gens très bien avec qui tu pourrais trouver ton équilibre. Le but de ta fuite est de te permettre de trouver ta place en ce monde. Ton grand-père te souhaitait une vraie liberté, celle de faire tes propres choix, celle de ne dépendre de personne. Ton destin va au-delà de ton village… bien au-delà !

Rox progressa dans le long tunnel, perdue dans ses pensées. Le discours de son écudrill lui apportait une sorte d’excitation. Cette sensation de liberté, elle la ressentait sans vraiment en connaître la signification. Les premiers temps risquaient d’être difficiles, elle en était consciente, mais elle allait gérer sa vie sans rien devoir à personne et à quinze ans, c’était plutôt appréciable. Sans s’en rendre compte, elle accéléra le pas et avançait ornant son visage d’unlarge et radieux sourire. La température était plutôt fraîche et la faible luminosité que dégageait le rongeur maintenait la jeune fille dans une pénombre permanente. Après quelques heures, Rox était fatiguée et avait hâte de sortir à l’air libre.

— Nous en avons encore pour longtemps ?
— Tu en as déjà marre ? Environ trois jours.
— Trois jours ? Mais où mène ce foutu tunnel ?
— Loin du village, au-delà de l’horizon. Je m’étais dit que ce serait mieux pour toi de ne pas voir le village au loin.
— Et avec grand-père, vous préparez ma fuite depuis si longtemps ? Pourquoi ne pas m’en avoir parlé plus tôt ?
— Nous craignions que par inadvertance ou par maladresse tu finisses par ébruiter notre plan. Personne ne devait savoir. Il en allait de ta sécurité.
— Trois jours dans ce tunnel… Ça va être dur.
— Ce n’est rien comparé à l’avenir que tu vas te dérouler durant plusieurs décennies. Les semaines à venir risquent de ne pas être facile tous les jours, ici, il fait un peu sombre mais nous n’avons rien à craindre.
— Je l’espère parce qu’en cas d’agression, il serait difficile de nous défendre ou de fuir.
— Ne t’inquiète pas, je t’assure qu’ici, rien ne peut nous arriver.

Rox et son écudrill avancèrent encore une bonne heure lorsque Ymto s’arrêta et stoppa l’effet luminescent de sa queue.

— Ymto? Que fais-tu ?
— Ne fais plus de bruit.

La jeune fille s’accroupit et murmura.

— Il y a de la lumière là-bas.
— J’ai remarqué. Il ne devrait pas y en avoir.
— « Ici nous n’avons rien à craindre », plaisanta-t-elle en répétant ce que son rongeur lui avait dit quelques temps plus tôt.
— Cette lumière n’a rien de normal. Pour l’heure, il n’est plus temps de rire.

Rox prit en main son arbalète et reprit sa progression d’un pas lent et prudent. Plus loin, sur la paroi, ungrand cercle argenté, de substance liquide mais sans couler ni dégouliner, stagnait comme s’il avait remplacé cette partie du mur de terre.

— Qu’est-ce que c’est ?
— On dirait une petite marre maintenue par je ne sais quelle magie. Ce n’est pas quelque chose de vivant pourtant c’est animé…
— Que fait-on, Ymto ?
— Et toi, que ferais-tu ?

La jeune fille se rapprocha encore, elle rangea son arbalète et empoigna son épée. Elle y apposa la pointe. La lame sembla pénétrer dans le curieux cercle.

— Tu as vu ? C’est bien de l’eau. Regarde, mon épée y est entrée jusqu’au pommeau.
— Une porte. On dirait une porte.
— Que peut-il bien y avoir de l’autre côté.
— Ne cherchons pas à le savoir.

La jeune fille et le rongeur restèrent immobiles face au curieux portail d’eau. Après quelques secondes d’hébétude,Rox rangea son épée dans son fourreau de cuir.

Elle inspira profondément et enjamba le trou gorgé d’eau opaque qui donnait de la vie à la paroi. Ymto utilisa à nouveau la luminescence de sa queue rousse et bondit à sa suite. Ils débouchèrent dans une toute petite grotte, à peine plus grande que la maison de son grand-père. Ils n’y remarquèrent aucune autre issue, juste une petite grotte vide.

— Il n’y a rien, reprend-on notre route ?
— C’est étrange, je ne ressens plus rien du froid rassurant qui m’a… attirée ici.
— Te voici enfin, petite fille, il me tardait de me rendre compte si tu étais digne de moi…

Rox et l’écudrill tournèrent la tête vers la paroi qui parlait. Une silhouette translucide en sortait, comme si la roche n’était qu’une illusion.

— … Mais je constate que tu es aussi belle que je l’avais espéré.

Une grande femme vêtue de fines toiles blanches apparut. Elle flottait plus qu’elle ne marchait. Rox s’abaissa légèrement et tendit ses mains au sol. Ymto répondit à l’invitation de sa maîtresse qui se redressa sans laisser apparaître la moindre peur.

— Vous m’attendiez ?

La grande femme au visage long et fin plissa les yeux, comme pour scruter l’invisible. Rox entra alors dans une sorte de transe inconsciente.

— As-tu idée de qui je suis ?
— Peut-être une magicienne. Etes-vous une image ou êtes-vous… réelle ?

Pour toute réponse, l’étrange personnage s’accroupit et tendit une main à la jeune fille, l’invitant à vérifier par elle-même. Rox lui frôla la paume du bout des doigts et ressentit instantanément un apaisement bref mais intense.

Elle laissa alors sa main se poser sur la sienne et resserra légèrement ses doigts. Ymto ressentait les mêmes effets que la jeune fille. La grande femme se releva, ses pieds nus ne touchant plus le sol.

— As-tu une réponse ?

Rox tremblota des lèvres.

— Je comprends ta difficulté à trouver les mots. Je suis ta génitrice, celle qui t’a donné la vie.
— Ma mère est morte à ma naissance.
— C’était inévitable, j’en suis désolée.
— Je ne comprends pas.
— Le père de cette femme était capable de t’éduquer et de te protéger. Je savais aussi qu’il saurait revenir des forêts de l’Outre-Monde et qu’il te ramènerait un écudrill.
— Les forêts de l’Outre-Monde ? Où est-ce ?

Rox caressait nerveusement son rongeur qui se mit instantanément à ronronner.

— On y accède par un portail comme celui qui t’a permis de pénétrer ici, un portail qui ne mène nulle part ailleurs et qui ne se referme pas.

Rox gardait les yeux et la bouche grands ouverts.

— Je vais tout t’expliquer. Dans les temps jadis, de puissants sorciers régnaient sur le monde, un monde immense et fertile sur lequel ils apportèrent misère et désolation par des guerres dévastatrices, en quête de territoires et de domination. Seuls les druides pouvaient intervenir et stopper toute cette folie. Pour cela, ils durent sacrifier leur monde et le diviser en cinq parties, en cinq mondes. Les paladins de chaque nouveau monde capturèrent le sorcier qui y régnait. De nombreux siècles ont passé depuis et chacun des mondes a survécu et recréé son histoire propre. Les sorciers ne sont plus et, en tout cas dans le monde d’où tu viens, l’ordre des paladins n’existe plus et les druides vivent reclus et cachés au fin fond des forêts. En associant leur magie, les paladins de chaque monde créèrent des portes les reliant entre eux. Ils espéraient ainsi permettre aux cinq mondes de s’unir à nouveau si la paix revenait. Ils étaient conscients que plusieurs siècles seraient nécessaires et les portails qu’ils avaient créés se devaient d’être protégés. Ils imaginèrent alors un moyen sûr pour que quiconque ne les découvre et ne les franchisse aisément. Ils firent donc des écudrills les clés des portes des mondes. Ces rongeurs fabuleux avaient la particularité de se lier mentalement à un être si celui-ci ne recelait aucune mauvaise pensée. De plus, ils s’étaient réfugiés dans les forêts de l’Outre-Monde, le seul lieu reliant les cinq mondes mais seulement accessibles par les esprits, les âmes perdues… et les druides.

Rox ne put s’empêcher de l’interrompre.

— Et mon grand-père s’est rendu là-bas ?
— Il s’y est rendu oui, à ma demande. Et il en est revenu avec ton écudrill.

La jeune fille baissa instinctivement les yeux vers Ymto et l’animal lui répondit avant même qu’elle ne parle.

—