Rox la passeuse des mondes - Tome 2 - Richard Betsch - E-Book

Rox la passeuse des mondes - Tome 2 E-Book

Richard Betsch

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Beschreibung

Rox et ses compagnons viennent de traverser le troisième portail de leur incroyable périple. Encore deux mondes pour parachuter leur quête et trouver l'arbre perverti. Ignorant encore comment le purificateur, c'est avec toute sa détermination et sa ténacité, que la passeuse des mondes continue d'avancer…

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Richard BETSCH

Rox

La passeuse des mondes

T2

Cet ouvrage a été imprimé en France par Copymédia

Et composé par les Éditions La Grande Vague

3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

Site : http://editions-lagrandevague.fr/

ISBN numérique : 978-2-38460-089-2

Dépôt légal : Mars 2023

Les Éditions La Grande Vague, 2023

 

 

 

 

 

4ème PARTIE

 

14

L’honneur est ma vie

 

Cette fois-ci, Rox ressentit comme l’effet d’un coup de poing derrière la nuque en entrant dans le Monde des Grands Êtres. Elle vacilla durant près d’une minute en clignant outrageusement des yeux dans l’espoir de retrouver une vue nette et ordonnée. Elle sentit un bras puissant la retenir et une voix profonde la rassurer.

— Ça va aller Rox, je suis là.

Elle reconnut Brûle-Gueule bien que son timbre de voix avait quelque chose de caverneux et de théâtral tout en même temps. Elle se détendit et reprit petit à petit ses esprits. Elle leva enfin la tête vers son ami. Elle sursauta adoptant instinctivement une posture défensive. Brûle-Gueule rit de bon cœur.

— Je suis différent, il est vrai. Je dois absolument me trouver une meilleure arme que cette épée ridicule. C’est un honneur d’être ton protecteur, ma vie et ma force t’appartiennent.
— Brûle-Gueule, souffla-t-elle avant de se plaquer une main sur la bouche.

Plus grand qu’elle d’un bon mètre - sans toutefois prendre en compte ses longues cornes biscornues et pointues - un puissant Minotaure la fixait de ses grands yeux noirs. Rox recula de quelques pas pour s’appuyer et mieux observer son ami. Son corps était musclé, sa peau grise était épaisse et dure comme la pierre. Il avait découpé son ancien grand manteau de gnome pour se faire un pagne lui descendant jusqu’à mi-cuisses. Ses jambes et ses pieds nus fermement ancrés au sol tel le socle de marbre d’une statue.

— Tu es impressionnant, dit Rox.
— Si ce corps peut me permettre de t’aider au mieux, je suis ravi.
— Il n’y a pas de doutes, tu n’as plus rien du gnome râleur.

Le rocher sur lequel elle s’était appuyée tressaillit subrepticement. Rox s’en écarta vivement et pivota en s’emparant de son épée.

— Qu’est-ce que c’est ?
— Roxsss !

Une dizaine de mètres plus loin, les hautes herbes s’écartèrent comme par magie ou comme sous l’effet d’un courant d’air surgissant du sol. Une immense tête de serpent en sortit.

— Roxsss, je ssuis énorme.

Brûle-Gueule fit abstraction de toute peur et vint se placer devant la jeune fille.

— Non, s’exclama-t-elle, c’est Ymto.
— Tu es sûre ?
— Certaine, cet immense basilic est mon petit Ymto, répondit-elle en souriant.

Autour d’eux, des plantes diverses, mais toutes de taille démesurée, leur cachaient tout aperçu des environs. L’air était chaud et humide. Ymto se rapprocha au plus près de ses compagnons. Il aurait pu gober le Minotaure tout entier s’il l’avait voulu. Rox et Brûle-Gueule avaient beau savoir qu’il était leur ami, ils n’étaient pas rassurés pour autant.

— Je ne me sens pas à l’aise du tout dans ce corps que je ne peux pas voir en entier. Partons Rox. Guide-nous vers le prochain portail au plus vite.

La jeune fille scruta son bracelet. Ne connaissant pas l’échelle de cette nouvelle carte, il lui était difficile d’estimer la distance qui les séparait de leur prochaine étape. Mais elle en connaissait la direction avec certitude. Ymto proposa à ses amis de monter sur lui et de s’installer derrière sa tête. Le Minotaure aida Rox à grimper, mais préféra rester sur la terre ferme prétextant qu’en cas de danger, il lui serait plus facile d’intervenir.

Plus tard, Ymto rampait à travers la plaine à une vitesse étonnante et régulière malgré ses près de deux tonnes et son corps long de plus de trente mètres. Il laissait au sol une trainée sinueuse qui prouvait son passage. Brûle-Gueule courait à ses côtés, infatigable. Après deux heures d’une curieuse chevauchée qui rappela à Rox son voyage à dos de slumphyr en compagnie de la princesse Dread’Ay, le basilic s’arrêta brusquement. Le Minotaure en fit de même et scruta les environs d’un œil vif et alerte recherchant la raison de cette halte inattendue.

— Je ressens nettement des vibrations venant du sol. Peut-être derrière les collines, là-bas. Il y a du mouvement.

Rox fit part de ses déclarations à Brûle-Gueule.

— Je vais voir, dit-il en s’avançant vers les collines.
— Rappelle-le, Rox
— Attends !
— Qu’y a-t-il ?
— Ymto me dit que le sol vibre de plus en plus. Ça vient vers nous.
— Alors restez cachés.
— Et toi ?
— Je vais m’assurer qu’il n’y a pas de danger.

Sans attendre la suite,Ymtorepartit vers l’est où de hautes herbes pouvaient lui permettre de se camoufler, lui et Rox.

— Viens avec nous, Brûle-Gueule.
— Ta survie est mon honneur, lança-t-il.

Le basilic s’enroula tant bien que mal de façon à prendre le moins de place possible. Avec Rox, ils firent silence et attendirent en observant de loin. Peu de temps après, ils aperçurent une curieuse bête haute de trois bons mètres. Un genre de sanglier géant avec deux longues cornes recourbées qui lui sortaient des naseaux et de longs poils bruns qui lui recouvraient le corps. Il fonçait droit sur Brûle-Gueule, debout, droit, impassible. Quelle était la raison de la course folle de l’animal ? Les compagnons ne tardèrent pas à le savoir. Un groupe d’ogres chevauchant des grizzlis à tête de vautour descendaient la colline en hurlant. Sans doute pour effrayer leur proie, qui l’était vraisemblablement.

— Ils n’en avaient pas après nous, Brûle-Gueule aurait dû nous suivre.
— Je crains que son sens de l’honneur démesuré ne nous apporte plus d’ennuis que d’aide.

Plus loin, le Minotaur se déplaça sur sa gauche de façon à se mettre droit sur la trajectoire du sanglier géant.

— Mais que fait-il ? Il est fou…

Ils le virent se débarrasser de sa courte épée et se camper fermement sur ses jambes. La bête traquée l’aperçut enfin. Elle dévia instinctivement sa route, Brûle-Gueule se déplaça tout comme elle. Dans un élan désespéré, le sanglier chargea. Au dernier moment, juste avant d’être percuté, le monstre mi-homme mi-taureau feinta se détourner sur sa droite, déroutant quelque peu le sanglier et se jeta finalement sur le côté. La bête le frôla et continua sa course folle. Brûle-Gueule s’était habilement agrippé à ses longs poils. Le sanglier hurla et se cabra en tous sens pour s’en débarrasser mais c’était sans compter la force et la ténacité du Minotaure qui parvint malgré tout à se hisser sur son dos. Ces quelques secondes de lutte avaient obligé la bête à ralentir. Les ogres étaient tout près.

D’une main fermement ancrée dans les poils du cou du sanglier géant, Brûle-Gueule lui martelait le crâne de son autre poing. La bête ralentit encore, sa course effrénée perdait en rythme et en détermination. Elle se savait vaincue. Autour d’elle, les horribles piaillements des grizzlis à tête de vautour l’anéantirent de tout espoir, pourtant elle courait encore, à demi assommée. Le Minotaure la frappa encore et encore de son poing. Soudain, la bête céda et s’écroula, envoyant valdinguer son cavalier d’infortune à plusieurs mètres d’elle. Il se releva en grimaçant et en se tenant un bras dont le poignet était à coup sûr fracturé. Dix ogres, dont la moitié n’avaient pas quitté leur monture, l’encerclaient en brandissant haches et massues. L’un d’eux, désarmé, l’apostropha.

— Tu es courageux, tête de taureau.
— Je ne fuis pas devant le danger, je l’affronte.

Il se tenait difficilement debout à cause d’une forte douleur à la cuisse, mais son regard pétillant et ferme ne laissait rien paraître.

— À quoi bon jouer les héros si c’est pour perdre ses moyens, vois dans quel état tu es.
— Donne-moi une hache et tu verras que j’ai encore quelques ressources.

L’ogre s’étonna visiblement de sa réponse.

— D’où viens-tu ?
— De très loin.
— Où vas-tu
— Plus loin.
— Tu as profité de notre traque pour tuer cette bête. La loi dit que tu dois affronter l’un des nôtres si tu veux la garder mais le temps que tu te rétablisses, la viande de cette chasse sera bel et bien faisandée.
— Elle n’est pas morte, je l’ai seulement assommée et je n’ai que faire de sa viande. Si vous le souhaitez, vous n’avez qu’à la laisser s’éveiller et vous pourrez ainsi la chasser à nouveau.
— Sa viande ne nous est pas destinée et si elle n’est pas morte, ça ne saurait tarder.

Brûle-Gueule remarqua que les grizzlis à tête de vautour avaient déjà commencé à dépecer le sanglier géant de leurs becs acérés sans sembler être gênés par ses poils. La bête reprit brièvement connaissance en sursaut et en hurlant. Quelques secondes plus tard, elle finit par mourir.

— C’est une triste fin, murmura le Minotaure.
— Tu es étrange, tête de taureau.
— Je me prénomme Brûle-Gueule.
— Étrange aussi. Si tu ne souhaites toujours pas profiter de cette viande, nous ne te retenons pas.
— Ma route est encore longue et je vous ai épargné de risquer de vous blesser en vous offrant cette bête.

L’ogre sourit, dévoilant de puissantes dents plus ou moins noircies.

— Tu ne nous as rien épargné du tout, tête de taureau…
— Je m’appelle Brûle-Gueule.
— Je n’aime pas tes grands airs. Pour qui te prends-tu ? Fais demi-tour et va-t-en.
— Tu n’as pas beaucoup de considération et encore moins d’honneur, je présume.
— Tu es fou ou quoi ? Tu m’agaces, tête de bœuf, que veux-tu à la fin ?
— Ta hache.
— Ma… ? Tu vas la prendre en travers du museau si tu continues. D’où viens-tu pour agir ainsi ? Tu nous as vus ou quoi ? Même valide, un seul de nos grizzlis à tête de vautour suffirait à t’arracher la vie.
— Si vous préférez vous battre, je ne fuirai pas.
— Je n’en ai pas l’impression, non. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi têtu que toi, à moins que tu ne sois complètement stupide.
— J’ai besoin de ta hache, j’imagine que tu en possèdes d’autres ?
— Puisque tu viens de très loin, je vais t’apprendre une chose qui pourrait t’être utile. Les bonnes armes ne se fabriquent pas d’un claquement de doigts. Elles nous servent à bâtir, à chasser, en un mot, à survivre. Pourquoi te la donnerais-je ?
— Je comprends que tu n’aies aucune raison de le faire. Que puis-je faire pour la gagner ?
— Pour la…gagner ? Je ne sais pas…
— Les bêtes sont rassasiées, s’exclama un autre ogre, laissons ce vagabond, je ne l’aime pas du tout.

Mais celui qui avait conversé avec Brûle-Gueule ne l’écouta pas, il réfléchissait tout en fixant le monstre mi-homme mi-taureau intensément. Après quelques secondes, il sourit à nouveau.

— Tu es têtu et stupide. Mais tu es aussi courageux et plutôt costaud. Tu as de l’honneur…
— L’honneur est ma vie.
— Bref ! Il y a peut-être quelque chose que tu pourrais faire pour nous. Si tu acceptes, je te laisserai ma hache.
— C’est d’accord, je t’écoute.
— Suis-nous, tu devras d’abord te soigner.

Brûle-Gueule s’accorda quelques secondes de réflexion. Il avait évité à Rox et Ymto d’être pris à parti par ce groupe d’ogres. Il leur ouvrait la voie, mais ne pouvait pas les suivre dans l’immédiat. Blessé et sans arme, il ne leur servirait à rien et il ne devait pas dévoiler leur présence. Le dilemme était de taille. Il n’était plus en mesure de protéger Rox et pour l’être à nouveau, il devait se séparer d’eux afin de se préparer au mieux et de les rejoindre avant qu’ils ne franchissent le prochain portail. Sinon il resterait à jamais dans ce corps et dans ce monde. Ce risque de sacrifice n’était rien d’autre que de l’honneur et… L’honneur était sa vie. Les secondes défilaient, il répondit.

— Allons-y, grosse tête.

L’ogre rit de bon cœur accompagné de certains de ses congénères qui avaient entendu la réponse du Minotaure.

— Je m’appelle Wof.

Brûle-gueule accepta de monter sur un ours à tête de vautour, car à vrai dire, s’il voulait suivre les ogres, il n’avait d’autre choix. Sa cuisse le lançait presque autant que son poignet. Plus loin, lorsqu’ils arrivèrent près de l’endroit où Rox et Ymto étaient partis se cacher, il se mit à hurler.

— La quête, seule la quête compte.

Wof sursauta.

— Que t’arrive-t-il encore ?
— Excuse-moi. C’est ma devise. Je suis heureux de cette mission que vous allez me confier et je n’ai pas pu m’en empêcher.
— Ne recommence jamais ça ou je te coupe la tête pour la donner en pâture aux grizzlis.

Brûle-Gueule espérait avoir été entendu par ses amis et surtout compris.

— Il nous suggère de poursuivre notre route.
— Mais que va-t-il faire avec ces ogres ?
— Je l’ignore, mais il n’a pas l’air d’être leur prisonnier.
— Que fait-on alors ?
— Continuons, j’imagine qu’il sait ce qu’il fait.

Rox s’attarda sur son bracelet.

— Seule la quête compte.

Ymto repartit dans la direction que lui indiquait son amie, vers le portail.

 

 

15

Le trésor de Grywypf

 

Le basilic rampait depuis plusieurs heures. Il avait passé les hautes herbes depuis longtemps et circulait maintenant dans des collines verdoyantes. Ils n’avaient rencontré aucun autre contretemps bien qu’ils aient croisé toute sorte d’animaux, mais chacun s’était écarté à la vue de l’énorme basilic. Il pouvait se déplacer bien plus vite, or il craignait que Brûle-Gueule ne parvienne pas à les rejoindre. Et puis, si la plupart des animaux l’évitaient, il n’en restait pas moins à découvert dans ces collines et ça n’était pas pour le rassurer. Il communiquait peu avec Rox qui, de son côté, ruminait divers doutes. Avaient-ils bien agi en n’attendant pas leur ami ? Et s’ils trouvaient le portail avant qu’il ne les ait rejoints, que devraient-ils faire ? Comment penser ne serait-ce qu’une seconde l’abandonner dans ce monde ? Bien sûr, ils n’étaient en rien responsables de sa présence hors de son monde, mais sans lui, ils auraient échoué bien avant d’arriver ici. Ils lui devaient tellement. S’ils arrivaient au bout de leur quête avec succès, les cinq mondes lui devraient beaucoup. Y parviendraient-ils sans lui ?

— Ne te torture pas l’esprit, mon amie. Brûle-Gueule est maître de son destin et libre de ses choix.
— Je sais ce que tu penses, moi je ne suis pas aussi sûre.
— Sommes-nous encore loin ? demanda le basilicen changeant de conversation de façon peu subtile.

Rox observa son bracelet.

— C’est incroyable !
— Quoi donc ?
— Le portail s’est considérablement rapproché.
— Tant mieux, c’est que ce monde n’est pas si grand.
— Non, il ne se trouve pas au même endroit que tout à l’heure.
— Comment est-ce possible ?
— Je ne sais pas, je constate, c’est tout. Le portail se rapproche de nous.

Une ombre gigantesque passa au-dessus d’eux. Rox leva la tête.

— C’est quoi ça ? Un dragon ?

Ymto s’arrêta et scruta le ciel à son tour.

— Je ne crois pas, c’est simplement un oiseau, seulement, il est énorme.
— C’est dingue ! Il est tellement grand qu’il ne ferait qu’une bouchée du condor aux plumes de sang du Monde Chaud.
— Je crois, ma pauvre amie, qu’il en serait de même pour nous.

Il s’arrêta. Le basilic et la jeune humaine suivirent le volatile des yeux en espérant que leur immobilité ne l’incite pas à s’intéresser à eux. C’était sans compter sur son incroyable vue qui ne s’arrêtait pas aux mouvements, mais tel un radar, repérait toute vie comestible. Dans un silence de mort, le rapace géant se laissa chuter vers sa proie, réchauffant l’air de son passage imposant et rapide.

— Fuis, Ymto. Fuis.

Le basilic n’avait toujours pas détaché son regard de la créature, il hésita un instant.

— Ymto !?
— On ne lui échappera pas ainsi.
— Tu ne comptes pas l’affronter ?

La jeune fille leva à nouveau les yeux. Le contact était imminent et Ymto avait raison. Elle abandonna définitivement la conversation, prit en main son arbalète, y plaça calmement un carreau et en garda trois autres en main.