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Le Rugby à XIII est un rugby de rêve. Avec des temps de jeux très importants proches du football, ce rugby joué par 26 acteurs attire les foules notamment en Australie, Nouvelle-Zélande, Angleterre, Tonga, Fidji, Nouvelle-Guinée Papouasie et existe dans plusieurs autres pays européens dont la France, l'Italie, la Serbie, la Hollande, la Russie, l'Ukraine, l'Allemagne, la Suède. Ce livre vous fera découvrir de nouveaux horizons avec des chapitres dédiés à la naissance de ce sport, son arrivée en France, son interdiction par Vichy, son évolution en France, le Pays-Basque et le 13, l'âge d'or , l'armée et le XIII, les coupes du Monde, l'Art et le 13, et même la Franc-Maçonnerie liée au Rugby à XIII,
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Seitenzahl: 248
Veröffentlichungsjahr: 2021
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21 août 2004 Headingley Stadium avant match Leeds vs Bradford de la gauche vers la droite Henri Pierre Lauga Président Comité de Gironde XIII, Sir Harry Jepson vice-président de Leeds Rhinos, Le Maire de Leeds, Perrin Frank et Kevin Perrin
Page de couverture : «Australie vs France du 3 novembre 2017 à Canberra Australie. Le pilier français Jason Baitieri en action. Création photo AFP source FFR13.»
Création première de couverture Imprimerie Cano & Franck Limoux avec auteur
Depuis Huddersfield, en 1895, et la naissance du rugby à XIII issue de la scission des clubs du nord de l’Angleterre avec la Rugby Football Union avant sa codification par la Rugby Football League en 1906, il aura été bien malmené notre beau rugby fait de mouvement, de vitesse et de stratégie.
Le régime de Vichy interdira le rugby à XIII pendant la période de l’Occupation jusqu’à la Libération. Le 17 septembre 1944 verra la Ligue Française de Rugby à XIII renaître de ses cendres. Paul Barrière aux commandes du congrès d’Arcachon en juillet 1948 lui permettra de prendre l’appellation de Fédération Française de Jeu à XIII avant de pouvoir enfin et définitivement devenir la FFR XIII (Fédération Française de Rugby à XIII) en 1993.
Que de heurts, d’acharnements, de rancunes et de rancœurs pour abattre et faire disparaître un rugby fait de résistance, d’hommes passionnés et passionnants ! Cette passion, je l’ai vécue à la fois au travers de ma carrière de joueur d’Élite et international en tant que capitaine de l’équipe de France.
Puis ma vie professionnelle m’éloigna de ce rugby si extraordinaire pendant presque vingt années. Aujourd’hui, je veux rendre au rugby à XIII tout ce qu’il m’a apporté et surtout lui redonner ses lettres de noblesse, j’ai donc accepté, le 2 juillet 2016 la présidence de la FFR XIII.
Des projets plein les cartons, une orientation vers la communication à l’heure des nouvelles techniques de l’information, la fierté d’être une fédération sportive que l’on respecte, une équipe de direction passionnée et investie à mes côtés, voilà autant d’atouts que nous portons et porterons au service du plus beau des rugbys.
Je vous souhaite à toutes et tous autant de plaisir et d’intérêt à lire ce livre que j’en ai eu moi-même à en découvrir chacun des chapitres et des documents historiques qui y sont associés.
Marc Palanques, Président de la FFR XIII.
Naissance et évolution du rugby à XIII (1895-1939)
Suppression et spoliation du rugby à XIII par Vichy (1940)
L’énigme des archives de la LFR XIII (Ligue Française de Rugby à XIII, 1940-1941)
L’Âge d’or du rugby à XIII français (1944-1968)
Le rugby à XIII au Pays basque (1937-1958)
XIII, rugby d’avant-garde
Rugby à XIII et franc-maçonnerie
Le rugby à XIII dans l’armée
Le XIII en Russie
Les coupes du Monde de rugby à XIII
L’art et le rugby à XIII
FFR XIII et Internet
Postface
C’est à Biarritz, ville impériale que j’ai eu la chance de découvrir le fantastique univers du rugby. Dès mon plus jeune âge, chaque dimanche, avec mon grand-père, nous allions au stade d’Aguiléra voir le match de « lever de rideau », puis celui de la « première ». Mon instituteur de l’époque, le grand Henri Ithurritz, occupait le poste de seconde ligne. Après l’échauffement qui se déroulait à l’abri des regards indiscrets, les joueurs biarrots se dirigeaient vers l’allée bordée de platanes avant de rejoindre les vestiaires officiels. C’était, avant le coup d’envoi, le seul instant où je pouvais croiser le regard de mon instituteur habillé de rouge et de blanc. J’avais droit au clin d’œil de mon seconde ligne préféré, déjà tout transpirant, et son regard très concentré me faisait même un peu peur. C’était un moment fort qui précédait notre installation dans les tribunes en bois de l’époque. On sentait toute la détermination des joueurs, la tension était palpable. L’équipe visiteuse sortait des tribunes Haget (actuelle tribunes Serge Kampf) par petits groupes pour trottiner et s’échauffer. Nous découvrions émerveillés les maillots noir et blanc de Saint-Sever avec son ouvreur Brethes, ceux de Tulle, de couleur bleue, avec son géant barbu, le seconde ligne Orluc, les frères Colombier de Saint-Junien et leurs maillots rouge et noir, Saint-Claude aux maillots cerclés de bleu ciel et de blanc, avec sa vedette, le grand Roland Crancée, dit « La Longue Bertha », un autre dimanche les couleurs tango de Chalon-sur-Saône et de son arrière international, surnommé « Brindosier », Michel Vannier. Que dire des célèbres maillots rayés de jaune et de noir, ceux de Mont-de-Marsan, avec ses vedettes de l’époque, les frères Boniface, Christian Darrouy dit « Le Lévrier », rares joueurs à faire se lever le stade d’Aguiléra tout entier !
Les hommes, les maillots, le ballon et le jeu ne faisaient qu’un. L’atmosphère était électrique, on devinait de la part du public une impatience évidente avant le coup d’envoi, mais à l’époque, il n’y avait ni ambiance musicale ni drapeaux. C’était un « public de théâtre » avec ses murmures et ses voix en sourdine. Lorsque l’équipe première du BO ne jouait pas à domicile, nous allions au stade Saint-Léon (actuel stade Jean-Dauger), à Bayonne, chez « l’ennemi », distant seulement de six petits kilomètres. C’était un autre stade, avec un autre public, d’autres couleurs, une atmosphère radicalement opposée à celle de Biarritz et, par-dessus tout, il y régnait une ambiance populaire. Le succès du rugby à XIII dès 1934 n’était donc pas le fait du hasard dans la capitale basque, là où l’empereur Napoléon 1er séjourna entre le 14 avril et le 19 juillet 1808. Ce qui ressortait surtout à Biarritz, c’était son ambiance « guindée », le public semblant souvent se contenir. Parfois, on assistait à des explications musclées entre spectateurs biarrots. Madame Vigne, mère du demi de mêlée de l’époque 1962-1964 Christian, tenait la vedette dans les tribunes en bois (ex-tribune Coubertin et actuelle Serge Blanco), ses coups de parapluie étaient légendaires. Elle se levait de son siège et exprimait sa colère envers ceux qui osaient critiquer son fils.
Bien plus tard, en 2005, je fis connaissance, à Saint-Estève, près de Perpignan, d’une autre supportrice célèbre. Celle d’un demi de mêlée treiziste catalan, c’était « mamie Berthezène ». La grand-mère de David, le demi de mêlée de l’UTC XIII et, plus tard, des Dragons Catalans. Dès le début du match, elle faisait des allers-retours le long de la tribune et scandait à longueur de match, en catalan, « plaque lu ! plaque lu ! » (« plaque-le ! plaque-le ! »). Cela donnait le ton, l’ambiance était garantie ! À Saint-Léon, à Bayonne, la ferveur s’élevait tout naturellement dès que l’on pénétrait dans le stade. Certes, les sifflets à l’attention de l’arbitre étaient récurrents, comme à Biarritz, mais ce qui retenait mon attention, c’était ces encouragements, ces « ola et olé » venant du public pendant les matchs.
C’était comme dans une « arène chauffée à blanc » avec un sentiment profond de jouissance intérieure mêlé de fascination. Inconsciemment, et en dépit de mon attirance pour le Biarritz Olympique, ma préférence allait à Bayonne, tout simplement parce que je me reconnaissais davantage dans cette ambiance dite « populaire ». Au stade Saint-Léon, à Bayonne, il régnait une véritable « communion » entre les joueurs et le public. C’était beau, c’était fort, c’était prenant, cela « sentait » déjà l’ambiance treiziste. À ce titre, Bayonne fut une place forte du rugby à XIII dès le début de la Ligue, en 1934, avec le docteur Dejean de Biarritz et monsieur Miremont, deux grands dirigeants treizistes aux manettes de Côte basque XIII. Plus tard, à Biarritz, durant l’été 1951, un événement majeur arriva avec la naissance de BAC XIII (Biarritz Athletic Club). Charles Gienger et Paul Barrière avaient initié cette équipe de rugby à XIII qui, en 1956, allait finir par quitter Biarritz. Je n’ai malheureusement pas connu cette période. Mais plus tard, entre 1964 et 1972, grâce à l’ORTF, (Office de radiodiffusion télévision française), j’ai découvert le rugby à XIII grâce aux matchs de coupes du Monde, de finales de coupes et de championnats de France. Ce rugby à XIII m’attirait par son dynamisme, ses temps de jeu, sa dimension physique et ses nombreux essais. C’était un rugby en noir et blanc à la télévision française, mais c’était déjà un rugby spectacle, un ballet et un feu d’artifice sans fin. Dans ma mémoire sont restées gravées des images fortes. Les percussions du « Cube » toulousain, Georges Aillères, et celles de son compère Francis de Nadaï, le limouxin alias « Nanache », ou bien encore, celles du regretté Henri Marracq, le Saint-Gaudinois. Comment oublier les plaquages terrifiants de Jean-Pierre Clar, le Villeneuvois surnommé par les treizistes « Tronche d’obus » ou « Jam » et, enfin, les deux essais phénoménaux de l’ailier Jean-Marie Bonal ex-quinziste en coupe du Monde 1972 face à la Nouvelle-Zélande. Ce n’est que le mardi 3 novembre 2002, à Bordeaux, que je pénétrais dans l’univers mystérieux et fascinant du rugby à XIII. Le soir même, après une réunion à la Maison départementale des sports, je dînais en face du président de la FFR XIII Jean-Paul Ferré, accompagné de son directeur technique national (DTN), Jean-Eric Ducuing. L’aventure ne faisait que commencer. J’étais déjà très motivé et prêt à tout pour poursuivre cette entreprise treiziste. En mars 2003, je me lançais dans l’organisation du sponsoring et de la cérémonie d’après-match des championnats universitaires à Talence, en Gironde. Deux ans plus tard, le 21 août 2004, je découvrais pour la première fois de ma vie l’ambiance treiziste si particulière du nord de l’Angleterre.
C’était à Leeds, dans le « Temple » d’Headingley, là où le public communie avec son « Dieu », le fameux Rugby League. Ce jour-là, à l’invitation du président Gary Hetherington et de son vice-président sir Harry Jepson (85 ans à l’époque), je me retrouvai confortablement installé dans des tribunes North Stand aux sièges en bois numérotés. La mécanique treiziste anglaise bien huilée se mit en marche avec sir Harry Jepson comme guide et chef d’orchestre. Accompagné de mon fils Kevin et de mon ami président de la Ligue d’Aquitaine, Henri-Pierre Lauga, nous avons suivi notre guide prestigieux d’un soir jusqu’à nos sièges numérotés. Il nous donna rendez-vous à la mi-temps pour la collation sous la tribune, non sans oublier de nous montrer la salle où, en 1934, il vit Jean Galia, le pionnier français, s’échauffer avant un match. C’était, je l’avoue, très émouvant. Dès le début du match, derby entre les Rhinos de Leeds et les Bulls de Bradford, je versai quelques larmes, découvrant, comme un nouveau-né, un monde merveilleux, fait de lumières étincelantes, dont je ne soupçonnais pas la richesse ni l’existence.
Le spectacle était total du début à la fin, Biarritz et Bayonne étaient déjà bien loin, l’histoire du XIII pouvait alors réellement commencer avec douze essais en deux mi-temps (score 42 à 16), ce 20 août 2004 était devenu un véritable feu d’artifice de rugby avec, en bouquet final, une orgie d’essais plus beaux les uns que les autres… J’en profite pour rendre un vibrant hommage à sir Harry Jepson, président d’honneur de Leeds Rhinos disparu le 29 août 2016, à l’âge de 96 ans, un grand serviteur du XIII nous a quittés, ainsi va la vie.
Après plusieurs années de négociations, de luttes et d’insistance, le rugby à XIII voit le jour en Angleterre du Nord le 29 août 1895 au Georges Hôtel d’Huddersfield.
Ce jour-là, une énième réunion est organisée sous l'impulsion de H.H Waller (Brighouse) pour faire sécession avec le Rugby Football Union. Sur les 21 clubs participants 20 décident de créer la Northern Rugby Football Union aujourd'hui Rugby Football League. Les 20 clubs Fondateurs étaient:
Lancashire:
Broughton, Leigh, Rochdale, Hornets, SaintHelens, Tyldesley, Warrington, Widnes, WiganYorkshire: Batley, Bradford, Brighouse, Halifax, Huddersfield, Hull, Hunslet, Leeds, Liversedge, Manningham, Wakefield.
Seul le représentant du club de Dewsbury n'adhère pas au projet. Il rejoint la Northern Rugby League en 1898 conscient de son erreur mais n’est pas considéré comme club fondateur. Le club de Hull c’était Hull FC et Hull KR rejoignit la Northern en 1897. En revanche postérieurement à la réunion, deux clubs adhèrent : Runcorp et Stockport qui sont de fait considéré comme membres fondateurs. Deux ans, plus tard, Batley remporte aux dépens de St Helens la première édition de la Coupe d'Angleterre (10-3). La finale à lieu au stade d’Headingley à Leeds. Parallèlement, les responsables fédéraux légalisent le professionnalisme le mardi 19 juillet 1898. Le Rugby League se jouait encore à 15 contre 15. Après qu'en 1903 eût été ajourné un projet de réduire le nombre de joueurs à 12 (24 pour, 52 contre) celui-ci est définitivement fixé à treize acteurs en 1906.
Outre la suppression de la touche, et la réduction du nombre de joueurs, le législateur treiziste crée le « tenu », (Tackle en anglais) à la place de la mêlée ouverte, jugée dangereuse pour les joueurs et source à la fois de trop de perte de temps pour les spectateurs et parfois d’injustice arbitrale du fait de sa confuse opacité. La différence fondamentale avec le rugby à XV se situant sur la phase de plaquage. A XIII le joueur plaqué doit conserver le ballon sous peine de faute et doit immédiatement le talonner afin que son coéquipier placé derrière lui puisse relancer immédiatement le jeu. Longtemps considéré comme une entrave au jeu, le tenu (tackle) s’effectue à grande vitesse pour permettre à l’équipe attaquante de lancer de nouvelles offensives. L’équipe en position de défense doit alors se trouver à 10 mètre du joueur effectuant le tenu. L’équipe attaquante dispose de cinq tenus successifs. Le temps moyen d’un tenu au niveau international est de l’ordre de trois secondes.
S’il n’y a pas de point marqué après le cinquième tenu, l’arbitre siffle l’arrêt de jeu et rend le ballon à l’équipe adverse qui se retrouve alors en situation d’attaque par un tenu dit « de transition ». La plupart du temps, par choix stratégique, les attaquants privilégient le jeu au pied lors du cinquième tenu, parfois même avant suivant la configuration du jeu.
A l’instar du centre en retrait en football, il n’est pas rare de voir des petits coups de pieds rasants dans les vingt mètres adverse. Ceux-ci ont pour effet de surprendre l’équipe placée en défense. « The Bomb » coup de pied tendu savamment dosé est souvent une arme fatale. En 1922, la Northern Rugby Union disparaît, au profit de la Rugby Football League.
Pour bien comprendre l’évolution du rugby anglais, il faut préciser que les ouvriers qui pratiquaient le rugby à XV notamment ceux du Nord de l’Angleterre, réclamaient un défraiement pour les heures passées aux entraînements, aux déplacements, ainsi qu’aux arrêts de travail dus aux blessures contractées lors des matchs. L’amateurisme « marron » n’existe plus, place est faite à la clarté, le joueur disposant à la fois d’un travail et d’une seconde activité à temps partiel sur le terrain. En réalité ces joueurs anglais étaient des « semi-pros ». Une légende veut qu’au moment où les protagonistes signèrent l’accord historique au Saint Georges Hôtel d’Huddersfield, les ouvriers pratiquant le Rugby firent le V de la victoire. Ce fameux «V» lancé par Winston Churchill durant la seconde guerre mondiale. Ce « V » se retrouvera ensuite sur les maillots treizistes. Il est la marque de fabrique de ce néo-rugby, « enfant » du rugby à XV. Ce n’est qu’en 1934 que le Rugby à XIII fera son apparition en France à l’initiative d’un certain Jean Galia, alias « Monsieur Jean » natif d’île sur Têt près de Perpignan (66) aidé par des dirigeants et mécènes connus à l’instar de Jean Bourrel le fameux chapelier de Quillan Espéraza, l’homme aux mille salariés. Galia venait d’être radié par la FFR en 1932. Depuis 1931, le XV de France avait été exclu du Tournoi des V nations pour faits avérés de professionnalisme, dopages et même de brutalités répétées notamment lors d’un match international contre l’Ecosse à Paris. Dans le livre « Le Rugby Français » édité et écrit en 1962 par Gilles Gauthey et Edouard Seidler il y a un chapitre intitulé « scission interne et rupture externe » qui en dit long sur la situation du Rugby à XV en France à ce moment-là. La FFR comptait 734 sociétés en 1930, et n’en possédait plus que 439 en 1939. L’éviction du Tournoi des V nations par les britanniques avait porté un rude coup au XV. De surcroît, ses finances étaient au plus mal du fait notamment d’un effondrement des recettes aux guichets, le public allant en masse vers le XIII devenu plus attractif car de nombreuses vedettes quinzistes avaient franchi le « Rubicon ». De même le championnat de France de XV était au bord de l’implosion, à tel point que les douze grands clubs tels que Toulouse, Perpignan, Biarritz et consorts envisageaient même de disputer leur propre championnat, au grand dam de la FFR. Une première tentative d’installer le XIII en France avait avortée en 1921 initiée par les britanniques. Ce n’est que 12 ans après à Paris durant l’automne 1933 que les dirigeants français se mirent d’accord avec Walter Popplewell le « chairman » de Bramley et de la Rugby League, Wilfred Gabbat, celui de Barrow, Joe Lewhwaite celui de let, accompagnés du secrétaire général John Wilson et de Harry Sunderl Hunsand directeur des Kangourous Australiens.
Par la suite un groupe de rugbymen français fut invité pour faire une tournée d'initiation en Angleterre du Nord. Pour conduire cette tournée, il fallait trouver un homme ambitieux ce fut Jean Galia. Le journaliste Maurice Blain se fit l’interprète de Jean auprès des anglais. Jean Galia était une vedette du rugby à XV français. Il jouait seconde ligne ou troisième ligne. Il accepta d’assister au match de démonstration Angleterre-Australie le 31 décembre 1933 à Paris, au stade Pershing. En dépit d’un froid glacial et de neige le jour de la Saint-Sylvestre, quelques 20 000 spectateurs envahirent le Stade pour assister au premier match international de Rugby à XIII en France. Et ce fut un triomphe. Victoire de l’Australie 63 à 13 face à l’Angleterre.
La vitesse du jeu des Kangourous, stupéfia le public français. A la fin du match, John Wilson et Harry Sunderland le directeur des australiens retrouvèrent Jean Galia qui leur répondit : "Pour quand voulez-vous une équipe de France en Angleterre ?"
La tournée fut fixée au printemps 1934. Jean Galia dégageait une telle aura, qu'il n'eut aucune peine à rassembler dix-sept des meilleurs joueurs quinzistes du moment pour partir ensemble à la découverte du néo-rugby en Angleterre du Nord. Dans le journal « l’Auto » ancêtre de l’Equipe le journaliste Jacques Goddet écrit : « Devant le public parisien, le rugby à XIII a présenté un jeu rapide, clair mais monotone …un beau sport…les curieux y prirent beaucoup de goût ». Les dix-sept pionniers qui, en mars 1934 allaient tenter l'aventure étaient les suivants : Galia (C.A Villeneuve), Recarborde (Section Paloise), Duhau (S.A Bordelais), Samatan (S.U Agen), Carrère (R.C Narbonne), Porra (Lyon O.U), Blanc (Capbreton), Petit (S.L Nancy), Mathon (Oyonnax), Lambert (Avignon), Barbazanges (Roanne), Nouel (S.A Bordelais), Cassagneau (Espéraza), Amila (Lézignan), Vignals (Toulouse), Dechavanne (Roanne) et Fabre (Lézignan). L’équipe surnommée « Galia’s boys » fut battue le 6 mars à Wigan (27-30) puis le surlendemain à Londres, à White City, par les London Highfields enfin le 14 mars à Leeds.
Le 17 mars, a lieu à Warrington le premier match international entre la sélection de la Rugby League, et la sélection française. Al’issu du match c’est une nouvelle défaite (16-32) pour Jean Galia et ses hommes. Cette première tournée bien que brève, épuise les français qui découvrent un rugby ultra-rapide. A Hull, le 24 mars, pour leur cinquième match, les Galia's boys obtiennent enfin leur premier succès (26-23). La tournée se termine à Salford par une défaite (13-35) le 26 mars 1934. En dépit de résultats décevants, la tournée obtient un grand retentissement en France. Les relations étant rompues à XV avec les britanniques, l'introduction en France du Rugby à XIII allait permettre au public français d'assister à de nouvelles rencontres internationales dans le domaine du ballon ovale. La Ligue fut créée le 16 avril 1934 et c’est François Cadoret, député du Finistère, qui devint le premier président. Le siège était situé à Paris, rue Drouot. Gaston Amila le premier joueur à se ranger derrière Jean Galia dira quelques 60 ans après : « Tout a basculé un jour de mars 1934. Une fois encore Lézignan venait d’être cloué au pilori de la FFR. Et nous étions tous disqualifiés pour un match houleux disputé à Brive contre Montferrand. » Jeannot » (NDLR : Galia) m’a appelé. J’ai répondu présent, et du jour au lendemain je me suis retrouvé à Leeds, via Paris et le stade Pershing, avec seize copains du haut niveau hexagonal, eux aussi excommuniés par les fédéraux. On a commencé par être ridicules. Mais quelques mois plus tard, nous avions tout compris. Et au retour en France, on a lancé le mouvement ».
Le 6 avril 1934 la Ligue dépose ses statuts à la Préfecture de Police de Paris. A Paris le 15 avril 1934 la France pour son premier match international perd devant l’Angleterre par 32 points à 21. Bien avant l’introduction du XIII en France et ce premier match international impliquant une équipe française à domicile, un journaliste de « l’Echo des Sports », avait interviewé un personnage important « fort écouté dans les conseils de la FFR XV. Voici l’extrait de l’interview, publié le 24 avril 1934 :
« Je souhaite que l’on ne voie jamais en France jouer une équipe de Rugby League (XIII). A partir de ce jour-là, les Français ne voudraient plus voir jouer d’autre jeu ».
Entre 1934 et 1935 naquit dans la Capitale le premier championnat « amateur » de la Ligue de Paris.
Le « Sport Olympique de Paris » est créé, ainsi que le « Galias’s Boys ». La finale opposa en fin de saison « Le sport Olympique de Paris » au « Quartier Etudiant Club ». En 1935/1936 un homme important va se fixer à Paris, c’est Maurice Tardy. Viendront ensuite dans la capitale le « Celtic de Saint Denis » puis le « Celtic de Paris » « Paris XIII ». Des noms célèbres viendront jouer plus tard dans les équipes parisiennes comme : Puig Aubert, André et Lucien Hatchondo, Albert Kempf, Robert Joanblancq, qui fut trois fois champion de France du saut en longueur entre 1937 et 1943 et cinq fois champion de France de triple saut avec un record à 14m31 établi le 1er juin 1941 à Antibes.
D’autres grands noms comme Roger Arcalis, René Bernard, Elie Brousse, Marcel Volot, Roland Moreau, Carvalho, Francis Lévy, Menichelli, et même quelques américains (dont Martineau). Le 28 mars 1935 l’équipe de France de rugby à XIII signe le premier fait d’armes de sa jeune histoire en tenant en échec l’Angleterre au stade de Buffalo à Paris. Devant plus de 20000 spectateurs, l’exploit des « professionnels » laisse des traces.
Max Rousié est élu homme du match à la suite d’un coup de génie. Max part de sa ligne d’en but, feinte, accélère, crochète et va marquer l’essai de cent mètres en terre promise, entre les poteaux. 15 à 15 tel fut le score final. En cinq ans seulement, la Ligue Française de Rugby à XIII devient très puissante. Forte de treize clubs professionnels, elle crée également une centaine de clubs amateurs.
Particularité de la Ligue (LFRXIII), elle intègre amateurs et professionnels en son sein. En effet, le championnat dit « professionnel » est en réalité semi-professionnel, chaque joueur ayant l’obligation par son contrat d’avoir une autre activité. Le 31 juillet 1938 dans le « Rugby Treize » numéro deux est publié l’article du journaliste sportif André Gignoux extrait du « Journal ». Celui-ci précise les propos de Marcel Laborde quant au non professionnalisme des joueurs qui n’en n’ont que le nom, qu’ils doivent avoir un métier, ajoutant qu’ils ne perçoivent pas de salaire mais une indemnité destinée à les dédommager pour les temps perdus aux entraînements et déplacements. La Ligue confirme en outre dans le même numéro « Rugby Treize » les propos de Marcel Laborde. L’extrait de « Match Sports » 1936 N°499 semble aussi démontrer que tous les joueurs de l’équipe de Villeneuve XIII ont une activité hors rugby à 13.
Dès la saison 1934-1935 la poule unique à dix clubs professionnels est lancée. Villeneuve sur Lot remporte la première édition. Dans le magazine sportif « Match Sport » du 17 avril 1934 n°397 le journaliste Robert de Thomason pourtant quinziste dans l’âme n’hésite pas à écrire : « Je suis persuadé que très vite, ce jeu prendra un essor considérable ».
Les dirigeants de la Ligue Française de Rugby à 13 étaient sans doute des visionnaires en imaginant d’entrée la poule unique que le rugby à 15 n’a lancée en France que 70 ans après. Par la suite notamment en 1935-1936 la Ligue organise le Championnat en deux poules de sept clubs pour revenir ensuite à un « Top 12 ». Dès 1936 des compétitions amateurs internationales voient le jour en Angleterre et en France. La Ligue prenant soin d’organiser au mieux ces rendez-vous importants. Les tournées précédentes des années 1934 et 1935 en Angleterre du Nord permettaient aux joueurs français de s’aguerrir à ce nouveau rugby. Très rapidement, les français font bonne impression dans le domaine de l’attaque. Mais le point faible c’est la défense, secteur dans lequel nos joueurs habitués au seul rugby à XV de l’époque ont du mal à maîtriser pour contrer les adversaires anglais déjà bien aguerris depuis 1906 et le jeu avec treize joueurs. A force de persévérance et de volonté, les français parviennent à tenir la dragée haute face aux britanniques. Jean Galia l’homme qui avait lancé le Treize en France fut décisif dans son implication et sa façon de mener les hommes et les dirigeants. C’était un sportif complet, boxeur de surcroît, mais aussi homme d’affaire avisé.
Le 12/11/1936 à Bordeaux une sélection du Sud -Ouest rencontre l’équipe de la Rugby League composée des meilleurs éléments britanniques. L’arbitre de ce match est l’anglais Mister Hill. Le 12 janvier 1938 grâce au Premier Ministre Camille Chautemps et à l’action concertée et conjuguée des Ministres du Front Populaire Léo Lagrange et Jean Zay, la Ligue Française de Rugby à XIII obtint son agrément sous le numéro : 16739. Le gouvernement » Chautemps » démissionne le 14 janvier 1938. A deux jours près, cet agrément plus connu sous le nom de « Société Agrée par le Gouvernement » ou S.A.G aurait pu ne pas être accordé à la Ligue. Le 16 janvier 1938 à Marseille, l’Australie dont c’est la première tournée en France bat la France 16 à 10. Le jeune prodige bayonnais Jean Dauger à dix- huit ans seulement effectue une partie remarquable. Quant à « France Olympique » crée en 1921 c’est l’ancêtre de Midi Olympique le journal du Rugby actuel.
On y apprend que la recette du match du 23 janvier 1938 entre l’équipe du Midi et l’Australie atteint la somme de 147590 Frs de l’époque très exactement pour environ 15000 entrées au Stade des Minimes. Le Midi gagne le match 15 à 0 face aux Australiens après une partie fantastique selon la Une du Journal « France Olympique ». Plus tard voici ce qu’écrit Paul Voivenel pétainiste neuropsychiatre toulousain et ancien grand dirigeant quinziste dans son livre « Mon beau rugby » (1) page 325 :
« J’ai vu le samedi 23 avril 1938, le Toulouse Olympique XIII, véritablement déchaîné battre sur son terrain les britanniques par 23 à 10. J’avoue que je fus ravi des exploits de Sahuc, Teychené, Duprat, du diabolique Sylvain Bès perçant comme une flèche, de Brané. Je n’ai plus de partialité amoureuse quand j’assiste à une bataille où mes compatriotes triomphent de l’étranger. Treize ou Quinze, je m’en foutais, on battait les Anglais ». L’auteur écrit page 323 : « 1938 ! C’était l’année des grands succès du Rugby dissident à XIII qui n’hésita pas à faire disputer la finale de sa Coupe le même jour dans la même ville.
Le duel continuait à mort. Roanne battit Villeneuve par 36 à 12. Chez les vainqueurs émergèrent : Rousié, Servole, (arrière), Samatan ; chez les vaincus : l’arrière Guiral. La recette des XIII fut de 88.000 francs. Celle des XV fut de 225.000 francs. Le Rugby classique l’emportait ».
Plus loin en page 326 il poursuit :
« …Ce succès acquis sur des athlètes formidablement armés, comme le géant Narvo, sprinter destructif de 96 kilos, m’enthousiasma. La défense héroïque de nos joueurs, leur offensive nerveuse, les charges du puissant ailier villeneuvois, Cougnenc, la pénétration des demis Bès et Noguères, la résistance des avants parmi lesquels se distinguèrent Bruneteau et Brané, l’adresse de l’arrière Guiral me paraissent dignes des plus fameux exploits. Mon émotion était réelle. Je n’en regrettais que davantage que de tels joueurs, comme le Dauger, les Max Rousié, (de Roanne), les Samatan, les Desclaux, eussent quitté le Rugby à XV auquel mon cœur restait fidèle. »
A Bordeaux au stade Lescure se déroule le 19 mars 1939 un mémorable France Vs Angleterre amateurs remporté par les bleus sur le score de 13 à 3.