Sabab - Diallo Penda - E-Book

Sabab E-Book

Diallo Penda

0,0

Beschreibung

Quand la vie nous confronte à l’épreuve, c’est un appel à nous surpasser. Chaque chute, chaque doute, chaque nuit d’angoisse est une invitation à puiser dans une force insoupçonnée, à embrasser la douleur comme un feu purificateur. Dans "Sabab", Diallo Penda nous entraîne au cœur de cette lutte intime où l’âme vacille avant de se relever, plus forte, plus proche d’Allah. Et si chaque souffrance cachait un don précieux ? Et si l’obscurité n’était qu’un prélude à la lumière ?

À PROPOS DE L'AUTRICE 

Pour Diallo Penda, la littérature est un héritage intemporel et porteur de sens. Avec "Sabab", elle partage son parcours, interroge les valeurs essentielles et célèbre la résilience. Animée par la volonté de transmettre, elle offre, avec force et sincérité, des clés pour affronter les défis du quotidien.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 184

Veröffentlichungsjahr: 2025

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



Diallo Penda

 

Illustratrice : Kandji Saounera

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sabab

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Diallo Penda

ISBN : 979-10-422-6659-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je dédie ce livre à mes parents, à mes sœurs Anna et Ama,

pour leur soutien inconditionnel sur tous les plans,

à mon mari, qui m’encourage, me soutient et me pousse,

à ma « Trilo »,

à tous mes ami(e)s, proches, connaissances,

qui m’ont poussée à être la meilleure version de moi-même.

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

J’ai longtemps réfléchi au titre que je voulais donner à ce livre. En effet, pas facile, a priori, de trouver le mot juste ou l’expression adéquate qui puisse à la fois résumer tout le parcours d’une vie et faire comprendre aux futurs lecteurs cette force intérieure qui m’a toujours habitée, même dans les moments les plus critiques de mon existence. Je dirais même qu’au moment où ce terme m’est venu à l’esprit, il m’est apparu comme une évidence ! Sabab est un mot arabe qu’on utilise aussi en peulh et qui signifie « cause ».

Vous comprendrez pourquoi à la fin de mon récit de vie.

 

J’ai voulu faire figurer un arbre comme photo de couverture, et tout naturellement, j’ai choisi le baobab. En effet, mon choix s’est tout naturellement porté sur ce symbole typique de l’Afrique de l’Ouest, et notamment du Sénégal, avec sa taille gigantesque, qui lui fait largement dominer les étendues naturelles où se dresse sa silhouette majestueuse, et sa longévité, qui atteint souvent plusieurs siècles, il rappelle la résistance de l’esprit humain face à l’adversité et aux effets du temps.

« La force du baobab est dans ses racines », nous enseigne le dicton, et cette phrase me parle énormément : elle signifie que sa robuste assise représente à la fois les bases saines grâce auxquelles nous pouvons nous épanouir, telles que la famille, les valeurs, la religion… et la résilience que nous tirons de nos ancêtres. Ses branches étendues, qui s’élèvent vers le ciel évoquent, quant à elles, les différents chemins que nous pouvons emprunter, les épreuves, positives ou non, que nous traversons, les expériences vécues, la richesse comme la pauvreté, de la même manière qu’il y a la saison des récoltes et les périodes de repos. Oui, cet arbre de vie nous montre la voie : malgré le lot d’épreuves ou de difficultés que l’existence nous réserve, il est toujours possible de puiser dans nos réserves, au plus profond de nous, pour faire ressortir le meilleur de nous-mêmes et briller.

 

 

 

 

 

Introduction

 

 

 

L’écriture de ce livre est un projet que je porte au fond de moi depuis de nombreuses années, mais pendant longtemps, j’ai assimilé ce désir, pourtant solidement ancré dans mon esprit, à une sorte de rêve inaccessible. Du fait de ma condition sociale et familiale, je considérais que je n’aurais jamais les moyens de me consacrer à un tel objectif et que, si je m’attelais quand même à cette tâche, elle se révélerait tellement compliquée que, de toute façon, je serais incapable de la mener à bien.

Et puis, j’ai fini par me rendre compte, au fil de mon existence, que les seuls vrais obstacles qui se dressaient sur ma route étaient en réalité ceux que j’y mettais moi-même : j’ai donc pris une grande décision, celle de mener la vie que je voulais, en me débarrassant une fois pour toutes de ces barrières qui me limitaient et me bloquaient. Le temps était à présent venu pour moi de réaliser mes aspirations en me donnant les moyens d’y parvenir avec succès, de passer à la concrétisation de tout ce qui me tenait à cœur, mais que je n’osais pas entreprendre, en grande partie par un manque de confiance en moi récurrent. Pour ce faire, j’ai commencé à établir la liste de mes envies, des tâches que je tenais absolument à accomplir avant ma mort. Parmi elles, il y avait donc cette volonté impérieuse de fixer sur le papier les principaux évènements de ma vie, que je gardais sans cesse en tête sans pourtant m’autoriser à franchir le pas.

Ce qui m’a encouragée, c’est tout d’abord le fait d’avoir lu des articles de presse ou vu des émissions à la télévision sur des personnes que rien ne destinait au départ à écrire, mais qui, cependant, ont décidé de publier un livre pour parler de leurs aventures, de leurs combats, de leur parcours tourmenté sur le plan personnel et/ou professionnel. Je me suis alors dit : si elles y sont parvenues, pourquoi pas moi ? J’ai tant de choses à exprimer, ce serait pour moi une belle expérience, enrichissante et pleine de noblesse.

Par ailleurs, alors que les années passent, je me suis aperçue que, très souvent, en discutant avec mes enfants, j’étais amenée à leur raconter des anecdotes, des petits récits tirés de tout ce que j’avais vécu, dans le but de les faire réfléchir sur la manière de se comporter. En outre, lorsque l’on est, comme moi, issue d’une famille nombreuse, il y a forcément en son sein des secrets, des non-dits. Un jour, bien sûr, quand ils seront en âge de comprendre, j’ai prévu de confier à mes enfants ce qu’aujourd’hui je ne peux leur dire. Mais en aurai-je seulement la possibilité ? Nul ne sait ce que l’avenir nous réserve. Vivrai-je assez longtemps pour tenir la promesse que je me suis faite ? Si je suis atteinte d’Alzheimer, d’amnésie ou de problèmes de santé, je ne disposerai peut-être plus des capacités mentales ou physiques suffisantes pour leur transmettre cet héritage, et c’est tout un pan de leur histoire familiale qui disparaîtra à tout jamais. C’est par conséquent aussi pour éviter une telle perte que j’ai décidé de mettre par écrit tout ce qui a constitué la trame de mon existence, dans ses aspects les plus intimes, heureux ou malheureux.

 

À travers cet ouvrage, qui se voulait donc à la base un recueil de confidences destiné à mes enfants, je me livre dans ce que j’ai de plus profond : au-delà des moments essentiels de ma vie, j’y dévoile mes émotions, ma résilience, mes pensées, mon besoin de spiritualité, mais surtout les leçons à tirer de toutes les épreuves que j’ai traversées. Voilà pourquoi j’ai eu également envie de partager ce témoignage avec le plus grand nombre, et notamment les femmes, toutes celles en particulier qui, comme moi, ont dû faire face à de nombreux défis dans leur trajectoire personnelle. Que toutes les sœurs qui souffrent, qui doutent, qui subissent sachent qu’il est toujours possible de s’en sortir. Comme je le dis – et je ne suis pas la seule –, peu importe leur condition sociale, leurs études, leur environnement : rien n’est figé, on peut toujours progresser, évoluer ; il faut simplement s’en donner les capacités, et pour cela, s’écouter, se faire confiance, oser, chercher – car bien souvent, la solution nous est offerte, même si elle n’est pas toujours visible du premier coup d’œil. Oui, peu importe qui l’on est et l’échelle à laquelle on se trouve, on peut toujours accomplir de grandes et belles choses avec l’aide du Tout-Puissant, à commencer par des actes d’adoration tels que prier, invoquer, implorer le pardon, méditer, etc.

Enfin, il y a une dernière raison qui a présidé à ma décision d’écrire. Certes, en le faisant, j’ai voulu, ainsi que je l’ai dit, que mes enfants sachent d’où ils viennent et qui je suis. Je souhaitais aussi redonner courage et fierté à celles qui perdent espoir. Mais c’est, au fond, également pour moi que j’ai résolu de me lancer dans cette aventure littéraire. Parce qu’à bien y réfléchir, je suis une personne qu’on pourrait qualifier « d’entre-deux », autant par mon origine que par mon époque. Je suis, d’un côté, le fruit d’une double culture, mes parents ayant fait partie de la première vague d’immigration de l’Afrique de l’Ouest vers la France dans les années 70, avec tout ce que cela implique, et c’est loin d’être anodin. De l’autre, j’ai connu tous les bouleversements technologiques, politiques, environnementaux et économiques qui ont radicalement changé notre manière de vivre et de penser : les drames humanitaires, les guerres, les inégalités qui se creusent paradoxalement dans un monde où l’on ne cesse de parler de progrès… Certes, je ne vais pas aborder ces sujets ici, mais moi, qui suis une nostalgique viscérale, j’ai par exemple assisté à la disparition des cabines téléphoniques et à l’émergence du portable, de même pour les baladeurs remplacés par les iPods ou le Minitel par Internet : un ancien monde qui disparaît, un nouveau qui lui succède ! Alors, moi, le pur produit du 93, puisque j’y suis née, que j’y ai grandi, fait mes études, que j’y travaille et que j’y vis toujours, avec mon regard forcément différent sur les problématiques actuelles – car façonnée par ce milieu qui m’a, d’une certaine façon, influencée de façon pérenne –, je voudrais laisser une trace durable dans ce mouvement frénétique, à l’image de tous ceux qui ont marqué leur temps, même à mon modeste niveau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Tout ce qui commence a une fin…

 

 

 

 

 

Qui suis-je ?

 

 

 

Toutes les personnes qui ont eu le projet d’écrire sur elles le savent : il n’est pas facile de parler de soi, de porter un regard objectif à son égard, un peu comme si on devait se trouver en même temps devant et derrière une caméra.

Alors, et pour donner une image aussi complète que possible de moi-même, avant même de me présenter, j’ai eu l’idée de demander à mes proches, à ceux qui me connaissent le mieux depuis des années, de me dire franchement ce qu’ils pensaient de moi.

Leurs réponses m’ont surprise, amusée, touchée… Je vous les livre telles quelles.

Voilà ce que m’a écrit Rachida, alias « la J.Lo du Bronx », la negafa1 de mon mariage, qui est devenue mon amie depuis plus de dix ans : « Tu es la fille la plus drôle que je connaisse ! Tu as raté ta vocation, tu aurais dû être humoriste… Mais tu es aussi une personne avec une foi inébranlable ».

Jiji, une amie depuis le lycée, trace ainsi mon portrait : « Tu es une femme pieuse avec le cœur sur la main. Quelles que soient les circonstances, tu gardes la foi et tu t’en remets à Allah dans toutes les épreuves. Je te trouve à la fois drôle et généreuse, courageuse et intelligente. Tu es ambitieuse, tu vas au bout de tes idées et, quand tu commences à t’investir dans un projet, tu cherches toujours à le conclure ».

Nassim, un collègue rencontré quand je travaillais dans l’animation et avec qui je suis toujours en contact, me voit pour sa part comme « une belle personne, droite et honnête ».

Fouzia, une fille que je connais depuis mon enfance, déclare à mon sujet que je suis quelqu’un de déterminé pour sa famille, même si je garde beaucoup de choses pour moi.

Voici également le témoignage de Bechir, mon premier neveu, que je considère comme mon propre fils : « Elle ne se plaint jamais, même quand ça ne va pas fort dans son quotidien, et pour mettre un peu de légèreté dans notre existence, elle prend tout sur elle… ».

 

Anissa : « Pour moi, tu es une amie, une confidente, une personne saine d’esprit et loyale, sachant prendre du recul sur les évènements, ce qui est une grande qualité que tout le monde est loin d’avoir. Sache aussi que tu es l’une des rares qui a le droit de tout me dire sans que jamais tu ne me vexes, parce que c’est toujours de manière sincère que tu le fais et avec de bonnes intentions à mon égard.

C’est vrai que tu as aussi quelques défauts… Par exemple, question fiabilité des rendez-vous et des horaires, avec toi, on n’est jamais trop sûr, hein ! J’avoue, avec l’âge, ça va quand même beaucoup mieux à ce niveau, tu arrives davantage à t’organiser, mais malgré tout, comme plus d’une fois tu nous as bien plantés, du coup il y a des moments où on n’ose pas trop te proposer de vrais trucs.

En tout cas, je souhaite vraiment que jamais rien ni personne ne se mette entre nous, que ce soit une action maladroite, une parole mal comprise ou quelqu’un de malveillant, car si tu fais partie intégrante de mes souvenirs de jeunesse, j’espère bien que ce sera aussi le cas pour ceux de ma vieillesse, Inch’Allah Kheir ! »

 

Selon Hawa, je suis loyale, altruiste, humaine et foncièrement gentille. Il émane de moi une force tranquille, j’ai le sens de la famille et je suis toujours de bon conseil.

 

Anna(ma grande sœur) : « Tu as des valeurs et des principes : tu es une femme simple et en même temps respectueuse, responsable, qui aime la considération et la loyauté, mais déteste l’injustice et l’égoïsme. Le partage fait aussi partie de tes grandes qualités, toi qui es une mère forte, qui mets toujours ta famille au centre. »

 

J’aime aussi la façon dont Sonia parle de moi : « Plus de vingt ans qu’on se connaît, depuis l’époque du lycée. On faisait partie de la bande des Gui guis, et toi, tu étais “Gui gui yeux”, car on trouvait les tiens tellement grands ! C’était toi la rigolote de service, celle qui avait toujours le sourire pour nous remonter le moral, et mes meilleurs souvenirs de jeunesse, c’est à toi que je les dois…

Bien sûr, on a changé au fil du temps, on a tracé chacune notre propre route, on a bâti une vie de famille, mais cela ne nous a pas empêchées de rester toujours liées.

Ce qui nous a aussi beaucoup rapprochées, c’est qu’on a vécu au même moment une épreuve douloureuse, et on s’est énormément soutenues : c’est dans ces circonstances qu’on reconnaît ses véritables amis, et je n’oublierai jamais tes paroles réconfortantes d’alors, qui m’ont été d’un grand secours, ni celles que tu me dis encore aujourd’hui.

Que dire de plus ? Sache que je t’aime et que je te respecte, et que tu resteras à jamais dans ma vie, quoi qu’il arrive…

J’espère que ce petit texte t’aidera pour ton bouquin, Inch’Allah.

 

PS : Tu remarqueras que j’ai quand même fourni un gros effort de langage en ne mettant aucune vulgarité. Et si tu trouves des fautes d’orthographe, je te laisse le soin de les corriger, tu m’excuseras, mais je n’ai pas non plus que ça à foutre, il ne faut malgré tout pas trop m’en demander ! »

 

 

 

Passons à présent aux avis de ma « Trilo », mes trois sœurs d’une autre mère :

 

Tout d’abord, Naç : « Persévérante, généreuse et fidèle, tu montres autant de respect aux gens que tu en inspires. Comme on dit en kabyle, tu as du “nif”, et en bonne bledos que tu es, tu sais ce que ça veut dire : toujours disponible pour donner un coup de main et bien décidée à aller jusqu’au bout de ce que tu entreprends, quitte à te retrouver parfois dans des situations compliquées !

J’adorais ton côté rigolo, et je regrette un peu que désormais tu sois quand même moins fofolle qu’avant ! C’est vrai que tu as beaucoup évolué, mais je garderai toujours en tête la fille qui me demandait de lui donner les réponses durant les contrôles d’histoire-géo, qui riait très fort dès qu’elle sortait des vannes et avec laquelle on s’est vraiment éclatées quand on est parties au ski.

Je sais que si tu as tant changé, ce n’est pas uniquement dû aux années, mais également à tout ce que tu as traversé, et pourtant ce n’est que du positif ! La preuve, c’est que tu ne lâches jamais rien, et que tu es une personne déterminée, persévérante, endurante, avec toujours plein de projets à venir. Tu es également généreuse, sur le plan humain comme matériel, tu n’hésites jamais à encourager tes proches lorsqu’ils en ont besoin, et tu montres une loyauté à toute épreuve… Ce sont de vraies qualités ! »

 

Kari (quant à elle, elle reprend la couverture de mon livre [sans savoir]) : « Tu me fais penser à un arbre : comme lui, tu es bien enracinée dans la terre de tes origines, et ses branches, qui s’étendent largement pour procurer de l’ombre à qui en aurait besoin, portent des fruits pour le peps et la joie…

Si tu étais un personnage de fiction, tu ferais partie des Power Rangers : toujours prête à partir en mission pour le bien de son prochain ! »

 

Nani : « T’es une lionne, toi ! Tu as toujours su surmonter les épreuves une à une, sans jamais te plaindre, Masha Allah ! »

 

J’ai évidemment gardé le meilleur pour la fin ! Je parle bien sûr de mon mari, dont chacun des mots me va droit au cœur : « Toi, mon âme sœur, courageuse, bienveillante, gentille, optimiste, toujours souriante avec moi, douce et pourtant parfois sauvage, attentionnée, patiente pour certaines choses, mais impatiente pour d’autres, même si c’est rare. Tu es un peu trop altruiste : n’oublie pas de penser un peu plus à toi, de te ménager et de te reposer pour te recentrer sur toi-même… »

J’ai sans doute oublié des témoignages, mais j’ai tellement galéré à les réunir. En effet, j’ai envoyé un petit SMS en demandant un souvenir, une anecdote, une description. Certains ont joué le jeu, d’autres non.

En tous les cas, cet exercice m’a permis de me voir autrement, de mettre des mots sur mon attitude, ma manière d’être ou de faire. Un peu déçue, car je n’ai pas eu de retour sur mes défauts ou des critiques sur ma manière d’être, non pas que je n’en ai pas, loin de là, je suis humaine comme tout un chacun, mais je pense qu’ils n’ont pas osé ou alors ne me voient pas sous cet angle-là.

 

 

 

 

 

Culture – éducation

 

 

 

En tant que Sénégalais de culture peulh et musulman pratiquant, mon père nous a fait prendre des cours d’arabe à la maison tous les samedis, alors même que j’étais encore en primaire. Un des Thierno 2qui venait régulièrement à la maison nous a enseignés, plusieurs années durant, les rudiments de la langue, phonétique et écriture, pour qu’on puisse lire les versets du Coran et ensuite prier ; il commençait par les filles, puis enchaînait avec les garçons. Il nous a également appris les gestes rituels, les ablutions, le sens des sourates et terminait à chaque fois sur un dicton à méditer. En fait, ce n’était pas un cours de religion à proprement parler, mais simplement l’apprentissage des pratiques nous permettant d’appartenir à la communauté musulmane et d’accéder au contenu du livre sacré. En revanche, on n’a jamais eu la moindre initiation sur le prophète lui-même ou sur l’islam en général, et ça, je le déplore, car bien qu’à l’époque on n’en ait pas eu conscience, ça nous a manqués par la suite. Plus tard, j’ai repris l’enseignement, forcée d’aller chercher toutes les informations par moi-même. Cela dit, je ne regrette évidemment pas du tout d’avoir suivi cette formation, même si le fait qu’elle ait eu lieu le samedi, notre jour de sortie, nous empêchait de partir nous amuser avec nos amis. Mais je ne remercierai jamais assez mes parents d’avoir pris cette décision, puisque c’est grâce à eux que j’ai pu m’initier à cette pratique qui, aujourd’hui, représente un des aspects fondamentaux de ma vie.

Quand je repense à la manière dont j’ai été élevée, je me rends compte aujourd’hui que mes parents ont essentiellement éduqué mes frères et sœurs nés avant moi, et que ce sont surtout eux qui, à leur tour, nous ont transmis les valeurs familiales. Mais d’autres personnes aussi ont contribué à mon éducation, par exemple les oncles et tantes chez qui on m’envoyait en France pendant les vacances scolaires, et aussi ma grand-mère, qui était restée au Sénégal. Elle a joué un grand rôle dans ma vie, car quand on partait la voir, c’était pendant les deux mois que duraient les congés d’été, même si on ne pouvait pas s’y rendre chaque année et qu’en général, on y allait juste par binôme. C’était une façon pour mon père de nous montrer d’où il venait, dans quel contexte il avait grandi, et la manière dont on vivait dans un petit village reculé d’Afrique. Je lui en suis reconnaissante : grâce à lui, j’ai pu me replonger dans mes origines, les caractéristiques de ma double culture.