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"Sauvée par ses ailes" retrace le parcours de Bao, une jeune femme originaire d’un pays africain, venue en Suisse avec l’espoir de poursuivre ses études. Accueillie par une famille qui lui promet soutien et intégration, elle se retrouve rapidement exploitée comme domestique, privée de liberté, de salaire et de contacts avec ses proches. Entre solitude, trahison et larmes, elle tente de survivre à une situation d’abus dissimulée sous l’apparence d’un échange culturel. Sa force intérieure, sa foi vacillante suffiront-elles à la sortir de cette impasse ? Ce récit est un témoignage de résilience, de dignité et de courage face à l’injustice silencieuse.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Depuis son enfance,
Bellisa Aina est fascinée par le « Tantara », un jeu narratif de son pays mêlant pierres et récits fictifs. Elle consigne ses émotions et inspirations dans des carnets au fil des années. "Sauvée par ses ailes" est l’aboutissement de cet engagement : transformer des expériences intimes en histoires universelles.
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Seitenzahl: 230
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Bellisa Aina
Sauvée par ses ailes
© Lys Bleu Éditions – Bellisa Aina
ISBN : 979-10-422-7159-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Elisabeth Rasoanantenaina,
à Joseph Mahafonitra,
mes défunts parents
Je n’aurais pas dû venir. Des promesses sont faites, des espoirs sont nés…
Souvenirs
Un dimanche après-midi, je suis occupée à taper les mots sur mon téléphone. J’écris à une très bonne amie, Khalila. Et elle finit par déduire :
Khalila est une amie de longue date. Nous parlions de tout quand nous étions au collège. Elle était, il y a longtemps, à la fois une amie confidente et une petite sœur que je n’ai jamais eue. Nous nous sommes séparées de vue quand j’entamais mes études à l’université, dans mon pays. Nous venons de nous retrouver sur les réseaux sociaux. Elle se trouve actuellement en Irlande et moi en Suisse, quelle coïncidence ! Nous deux avions un ami commun : Dorian.
Khalila, Dorian et moi étions tous les trois dans un groupe de jeunes liturgistes à la Chapelle de la Nonciature Apostolique. Le groupe, accompagné d’une bonne sœur, prépare la liturgie du dimanche. En dehors de cette activité, nous préparons aussi des spectacles ou des danses. Bien que les jeunes de cette Chapelle créent vraiment un lien au sein de l’équipe, une autre amitié s’est formée naturellement entre Khalila, Dorian et moi. Nous sommes devenus proches. Mais Khalila a quitté la capitale et est partie au sud avec toute sa famille. Nous nous sommes perdues de vue. Mais avec Dorian, j’ai continué l’amitié.
Je me rends compte que je tiens le crachoir et je ne veux pas impacter la relation de Khalila avec Dorian. Tant pis ! D’ailleurs, qu’est-ce que cela change ? Ce n’est pas Dorian le fautif.
J’ai suivi Khalila qui chante la chanson de Timbaland dans le but d’adoucir l’histoire et surtout de retenir mes larmes au bout du téléphone. Khalila et moi rions, puis le silence s’installe. Alors, je continue ce que j’ai commencé :
Le silence s’installe entre Khalila et moi. Comme si chacune de nous est en train de voir un phénomène qui nous dépasse et que les mots sont pauvres pour le décrire. Je reprends, comme si je dois poursuivre une action :
Et je continue, je ne peux plus m’arrêter.
֍ ֍ ֍
Tes secrets
Salut Khalila, voici quelques lettres écrites dans un petit cahier où je mettais mes plaintes, mes douleurs et mes soucis pour pouvoir continuer en bonne humeur le lendemain. Je pensais les lire à ma sœur, le jour où je rentre, mais des années ont passé…
Jeudi 5 juin 2003 : Tu me manques déjà dès mon arrivée à Zurich. J’ai envie que je ne sois pas seule à voir ces beaux paysages si différents que les nôtres. Ne serait-ce que de nous dire que nous sommes à l’étranger, de goûter les choses, de rire en prenant nos bagages. Il est tard, mais je dois décrire ce que je viens de voir :
Mon avion a finalement atterri vers environ 17 h au lieu de 15 h. Mon vol de Paris – Zurich a été annulé et je devais attendre le prochain. L’aéroport de Zurich est tellement incroyable : à peine arrivée dans le couloir, la vérification des pièces d’identité et de séjour se déroule bien sans faire une longue queue. J’ai cherché mes bagages et ensuite la sortie pour pouvoir saluer la famille d’Agnès.
Mes pieds ont gonflé et heureusement, Agnès les a vus. Elle a profité de m’acheter une paire de sandales en guise de cadeau de bienvenue. C’est ce qu’elle m’a dit. Mes pieds étaient soulagés. Les magasins forment une galerie et il y en a même trop. Mon ventre a eu un grand creux, mais je n’osais pas leur dire. Mon dernier repas était le petit déjeuner dans le Boeing, peu de temps avant notre atterrissage à Paris.
Je ne pensais pas qu’à 19 h du soir, il fait toujours jour. Et c’est très impressionnant de voir, de penser qu’il fait nuit dans notre pays alors qu’ici, le soleil peine à se coucher. On dirait que je suis sur une autre planète.
On prenait la route, et j’ai pensé à toi : « Si seulement elle était là, on voyait toutes ces choses ensemble. »
La route, oh, c’est tellement incroyable : déjà, elle est grande, mais dotée de trois voies pour chaque sens, c’est grandiose ! C’est là que je me suis dit : je suis dans un pays développé.
Les enfants ont grandi ; Jonas se souvient bien de moi. Il est mignon, gentil. Sa sœur pleurait, je ne sais pas pourquoi. Les parents ne font pas grand-chose pour la calmer. J’ai envie de la consoler, de lui parler, mais mon allemand de quelques heures se limite aux : « Ja » et « Nein », et « Guten Abend ». Jonas ne cesse pas de me dire des informations sur la route, ce qu’on est en train de voir. Tout ce qu’il me dit est intéressant, mais si seulement, je comprends sa langue. Alors on a trouvé une combine : je regarde ce qu’il me montre par son doigt, tout mimi, et j’interprète moi-même ce qu’il veut me dire et je réponds Ja… Il me regarde bien dans mes yeux et après, il affiche un petit sourire. Nous nous entendons déjà bien. Yara aussi s’est calmée et a commencé à me lancer un regard si doux. Je les aime déjà.
Leurs parents sont devant et n’ont pas eu grand-chose à me dire. C’est plutôt calme, même trop calme à mon goût. Les enfants s’occupent déjà bien de moi et c’est l’essentiel. Je viens pour eux, il est normal qu’on crée une atmosphère d’entente.
Sur l’autoroute, il y a un grand panneau : « Mövenpick » avec un dessin savoureux. Nous nous sommes arrêtés là, et waouh, le buffet de salades. Il y a de toutes les sortes : maïs, concombre, betterave, carotte râpée, trois ou quatre sortes de sauce. J’ai envie de tout goûter, tellement je suis curieuse du goût de chaque chose dans ce restaurant. Agnès m’a conseillé de prendre une assiette de salade composée de plusieurs choses. Le couple a chacun pris quelque chose d’autre, les enfants ont la même chose dans leur assiette. Miam.
On est arrivé peu de temps avant minuit. La pluie nous accueille dans le village d’Agnès. Quelle bénédiction !
Tu me manques encore plus quand nous sommes enfin arrivés à la maison. J’ai attendu qu’Agnès me fasse signe pour t’appeler, juste pour dire que je suis bien arrivée. Mais il ne s’est rien passé. Je comprends, c’est sûr, parce qu’il est bientôt minuit et demi. Je te dis bonne nuit avec notre fameuse formule : « Je vais brosser les dents. »
Vendredi 6 juin 2003
Ma montre affiche 6 h du matin, donc, ici, il ne fait que 5 h du matin. Le soleil est de nouveau là. Il s’est au moins couché, je l’ai vu. J’ai déjà les yeux grands ouverts. J’entends des oiseaux qui chantent tout près de la fenêtre du salon. Je me suis levée et approchée de cette fenêtre : un arbre très imposant qui donne de l’ombre à l’immeuble. Nous sommes au troisième étage. Une partie de verdure au sol, j’entends aussi du bruit de voiture, mais la circulation est encore rare alors qu’il fait déjà jour. Mon premier matin en Suisse ! Je suis revenue vers le canapé sur lequel j’ai dormi la nuit. J’attends impatiemment le moment pour t’appeler et te raconter tout ce que j’ai déjà vu depuis hier. Je me suis petit à petit rendormie pour ne plus me réveiller qu’à 7 h du matin. J’ai commencé à ranger le salon, je ne sais pas trop quoi faire à part mettre en ordre cette pièce. J’ai envie de me doucher, mais je ne sais pas si la famille est réveillée. Il est 8 h 30, j’entends des bruits dans le couloir : Jonas suivi de sa petite sœur Yara. Elle tient un bébé dans sa main et l’autre main est tenue par Jonas. Ils me saluent. Jonas, d’après ma compréhension, voulait montrer à Yara que Bao dort dans le salon et qu’elle ne va pas partir. Je les ai accueillis. Nous avons échangé quelques mots. Je ne sais vraiment pas quoi dire à ces enfants mignons. Jonas a fini par allumer la télé. Ils sont assis à côté de moi. Je regarde un peu les affaires dans mes valises.
Agnès se réveille à son tour : elle m’a montré la plus importante pièce pour la famille : la cuisine. Pour elle, ce sera l’endroit où je me dirigerai pour préparer les biberons du matin et du soir. Pendant toutes ses explications, Agnès a mis quelques croissants au four pour notre petit-déjeuner. Nous sommes descendues à la cave pour la lessive. Elle a eu l’occasion de me montrer la buanderie. À l’étage, l’appartement a quatre pièces : une chambre à droite de l’entrée, au fond du corridor, occupée par un jeune adolescent ; en face de l’entrée se trouve une deuxième chambre remplie d’habits qui forment une montagne au milieu ; ensuite la salle de bain qui donne à gauche de l’entrée et la cuisine. En face de la cuisine, le salon et la salle à manger donnent une grande pièce, et au fond du corridor à gauche se trouve la chambre à coucher du couple.
Quand je vois la quantité d’habits à repasser, je me dis que la Suisse est spécialiste de tout ce qui est grand, en fait, je crois. Dans cette chambre entière, il n’y a que des habits à repasser et quelques meubles collés aux trois côtés du mur. La matinée, on est resté à l’intérieur. L’après-midi, Agnès nous a emmenés à la maison qu’ils ont achetée. Le déménagement est prévu à la fin du mois. Nous avons travaillé le jardin. Ensuite, nous sommes retournés à l’appartement pour le repas du soir. Hans est resté avec les enfants dans l’appartement. Agnès et moi sommes retournées à la maison pour continuer le jardinage, il était 20 h 30. En fait, la maison qu’ils ont achetée est une vieille maison, les plantes sont difficiles à déraciner et à enlever.
Je reviens encore ! Il est passé minuit. Il n’y a toujours pas de proposition d’appeler ma famille aujourd’hui. OK, Agnès est peut-être trop occupée avec ses enfants et mon arrivée. Elle m’a montré tout ce qu’il y a à faire. C’est tellement beau ici. J’ai vraiment envie que tu sois là pour voir ensemble tout ce qu’il y a ici.
Agnès m’a avisé que demain, samedi, elle ira au travail et je ferai le boulot seule. Je me consacrerai au repassage. Elle a bien montré ce que je peux faire à la cuisine, au salon et comment se comporter avec les enfants. J’apprends à parler l’allemand avec leurs petits, ils sont mignons et très gentils. Je vais m’allonger sur mon canapé, je suis encore fatiguée du voyage. J’ai quand même fait plus de 24 heures de voyage sans m’allonger. C’est normal si mes pieds sont encore gonflés comme les pattes des éléphants.
Je ne pense qu’à t’appeler et entendre ta voix toute la journée. Je vais dormir dans un immense désespoir et fatigue.
Samedi 7 juin 2003
Trop, c’est trop ! L’ambiance est pourrie ici ! Je veux rentrer. Il y a des choses bizarres qui se sont passées aujourd’hui. Il est presque 1 h du matin, mais je dois raconter dans ce cahier. Le matin, Agnès m’a réveillée tôt, et elle m’a saluée. Elle est partie au travail. Hans l’a déposée là-bas. Je me suis levée, mais les enfants dorment encore. Je me presse pour repasser. Je dois finir ces repassages si nous allons déménager à la fin du mois. Mais je pense aussi que cette chambre sera pour moi, je n’ai plus envie de dormir sur ce canapé et surtout de ranger mes affaires, ne serait-ce que mes sous-vêtements. Même dans mon pays, j’avais ma chambre. Le tas d’habits dans la chambre dépasse la hauteur de ma poitrine. Nous : Yara, Jonas, Hans et moi étions au salon. Chacun son occupation ce matin. Hans tâche de m’expliquer en français certaines choses en Suisse, chez eux, dans le village. Il discute bien malgré son accent. Les enfants jouaient tranquillement. Je les regarde souvent et essaie de savoir ce qu’ils veulent dire, faire ce qu’ils veulent.
Vers 12 h 15, Hans prenait l’appel d’Agnès. Après quelques échanges de mots, il se trouve à la cuisine en train de fouiller ce qu’il peut faire à manger, sûrement. Je n’ai pas vu l’air et Agnès ne m’a pas dit de préparer le repas. Après environ trois quarts d’heure, Hans finit de préparer le repas. Nous avons mangé des tranches de viande de porc, des carottes râpées et des pâtes. Je remarque qu’Hans ne dit plus grand-chose. Je profite de ce silence pour avancer plus vite dans le repassage. Les enfants ont fini par s’endormir devant la télé. J’ai fait le tour de tout l’appartement, mais je n’ai pas vu une chambre destinée pour les enfants. Une chambre se trouve au fond du couloir, Agnès m’a dit qu’il ne faut pas m’en occuper, car un autre jeune loge dedans. Qui est-ce ? Il a mangé avec nous aujourd’hui et Jonas lui adresse souvent la parole, il l’admire beaucoup à ce que j’ai vu. Mais le garçon en question privilégie la discussion avec Hans. J’observe seulement. Qui est-ce vraiment et qu’est-ce qu’il fait chez la famille ? Pourquoi je ne dois pas m’occuper de lui ? Mais fait-il partie de la famille ou pas ?