Sexual Game - Tome 1 - Lili Wild - E-Book

Sexual Game - Tome 1 E-Book

Lili Wild

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Beschreibung

Dans le chaos qu'ils ont créé, arrivera-t-elle à ne pas s'attacher ?

Nina ne connait de l'amour que ce que son ex-petit ami Brad lui a montré : il l'a trompée car elle ne souhaitait pas aller plus loin avec lui. Jusqu'à ce qu'elle fasse la rencontre de Kyle, le pote mystérieux et terriblement sexy de son frère. Depuis, il ne quitte plus son esprit, et elle ne semble pas non plus le laisser indifférent, car ce dernier lui propose un marché afin de lui apprendre le plaisir des relations charnelles. Mais, dans leur accord, elle lui a promis de ne pas s'attacher. Chose plus facile à dire qu'à faire quand ce dernier ne semble pas vouloir la laisser partir, pour une raison qui lui échappe. Et si tout était lié à ce qui lui est arrivé il y a quelques années ?

Dans ce premier tome prometteur, Lili Wild nous livre une histoire poignante, dans laquelle la passion et les sensations prennent le pas sur la raison.
CE QUE PENSE LA CRITIQUE" Wouah quelle claque ce livre. Une vraie pépite, une découverte magnifique qui m'a touchée en plein cœur." - Kimietsespages sur Instagram
À PROPOS DE L'AUTEURE
Lili Wild est le nom de plume d'une auteure passionnée par la lecture qui a décidé de sauter le pas il y a cinq ans et de partager un peu des histoires folles qui lui traversent sans arrêt la tête. La romance se décline en mille couleurs dans ses écrits, du léger au dramatique. 


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Prologue

Une vie en apparence simple peut s’avérer en réalité très compliquée. Qui va aller s’y intéresser d’assez près pour comprendre pourquoi nous agissons comme nous le faisons ? Pourquoi nous ne réagissons pas à l’image d’une autre personne plus raisonnée ? Nous sommes sur Terre avec notre lot de problèmes à encaisser, notre existence à construire ou à rebâtir. Le commun des mortels est égoïste pour se protéger, il ne sait que rarement gérer ses propres craintes et ne parvient pas à s’extirper de situations périlleuses. Alors la névrose s’installe et notre corps, pensant nous préserver, nous trahit à son tour. La phrase la plus prononcée quand quelqu’un nous demande de lui raconter nos malheurs est : « Tu ne comprendrais pas, car tu n’es pas à ma place ». L’empathie de quelques personnes leur permet de ressentir la douleur qui est la nôtre, mais jusqu’à quel point cela est-il vrai ? Est-ce normal de vouloir imposer notre mal-être à ceux qui tentent de nous aider ? Je cherche à exposer que nous nous comportons en fonction de notre vécu. Bien souvent, une réaction jugée excessive par certains n’est qu’une conséquence fâcheuse entrainée par une cascade d’évènements. Je pense que nous pouvons nous permettre de condamner beaucoup de choses. Par exemple, à l’heure actuelle où la situation climatique est critique, nous pouvons regretter l’inaction et le déni de nombreuses personnes face à ce qui nous pend au nez. Nous pouvons également déplorer le manque d’empathie envers la vie, qu’elle soit animale, humaine ou végétale. Mais, à mon sens, nous ne devrions jamais juger la conduite que peut adopter quelqu’un en réaction à de la souffrance. Comment aurais-tu réagi à ma place ?

*

Je détale dans le couloir du lycée qui me parait immense et vide, tout comme mon cœur. Les larmes qui se sont échappées de mes yeux dévalent les pentes rondes de mes joues. Bien que j’aimerais le faire, je ne peux pas les retenir de jaillir par vagues ininterrompues, triste débordement de ma peine. Dans ma course désespérée pour fuir loin de la scène qui m’a bouleversée, je déboule devant des élèves qui trainent vers leurs casiers. Ils tournent la tête sur mon passage, intrigués par le bruit de mes pleurs. Certains doivent bien se foutre de ma gueule. Ici, beaucoup d’adolescents ont besoin de mépriser les autres pour se sentir exister, mais je m’en fiche, leur opinion ne me préoccupe guère.

Avec une violence exacerbée, je pousse la porte des toilettes des filles, me cognant l’épaule au passage quand celle-ci se rabat dans sa position fermée. Ma bouche se crispe sous l’effet de la douleur aigüe qui irradie ma clavicule, mais tant pis. Rien n’a d’importance pour moi, en dehors de ce que je viens de voir. Je m’enferme dans une cabine vide, espérant que les images qui me déchirent de l’intérieur vont rester de l’autre côté de la paroi. Comme il n’en est rien, je glisse le long du mur et laisse éclater ma peine dans ce recoin malodorant. Je finis par m’étaler telle une flaque de liquide graisseux sur le sol carrelé gelé. Reniflant péniblement à cause de mon nez plein, je sors un mouchoir de ma poche pour essuyer mes yeux et souffler dedans. Qu’est-ce qui m’a mise dans cet état ? Mon cœur est en miettes depuis que j’ai vu mon ex-copain embrasser une autre fille. Cela fait des mois que j’essaie de changer pour lui plaire et il brise mon fragile espoir de le reconquérir, une fois de plus. Je touche une mèche de mes cheveux, elle est à la fois pleine de pellicules et fileuse. Mon allure est pitoyable, reflétant avec une perfection misérable mon état mental. Et en plus, à cause de mes larmes, mon maquillage a dû couler. Je dois ressembler à un panda, mais en moins mignon.

— Nina ?

La voix de Steph, ma meilleure amie, me parvient jusqu’aux oreilles, mais je l’ignore. Je n’ai aucune envie de lui parler, je veux rester seule dans le noir et me lamenter. Le bruit de ses pas se rapproche de moi, mais je reste muette. Je ferme les yeux en essayant de retenir mes larmes.

— Ouvre-moi ! Je sais que tu es là, ma jolie !

Elle tape à la porte avec douceur, mais je ne me sens pas en état de la voir.

— Va-t’en ! Je n’ai pas besoin de ta pitié !

J’ai beau grogner à mon amie de me laisser tranquille à travers la cloison, telle que je la connais, elle ne va pas lâcher l’affaire aussi facilement.

— Ne dis pas n’importe quoi ! Tu ne vas quand même pas permettre à ce connard de Brad de te ruiner le moral ?

À l’évocation du prénom de mon ex, une nouvelle vague de pleurs monte et me submerge. Je geins en me tenant la tête entre les mains.

— Il m’avait promis qu’il m’attendrait ! Et au lieu de ça, il se tape cette garce de Kaya !

Brad m’a quittée il y a huit mois pour la simple et bonne raison que je ne voulais pas coucher avec lui ce qui m’a anéantie car je nageais dans le bonheur. Par la suite, il m’a avoué ses sentiments dans un SMS. Il m’a annoncé qu’une fois prête à franchir ce pas avec lui, nous nous remettrions ensemble. Je garde le message sur mon téléphone, le relisant le soir avant de m’endormir. Je caresse l’écran en me berçant d’illusions. Et voilà ce qui est arrivé, au lieu de ses belles promesses en l’air : Brad en embrasse une autre. Je me sens nulle et naïve d’avoir imaginé qu’il était sincère avec moi et de m’être languie pour rien.

— C’est un crétin qui ne pense qu’à sa bite ! Tu le sais depuis le temps !

Je me lève et pousse la porte. Les yeux verts de ma meilleure amie semblent inquiets. Elle me prend dans ses bras avec tendresse quand je m’effondre sur son épaule. Rassurante, elle me tapote alors le dos en signe de réconfort.

— Je suis humiliée, gémis-je en reniflant.

Je lui raconte ce qui s’est passé en sortant du cours d’anglais. J’ai vu Brad, la bouche collée contre celle de Kaya. Ils se montaient presque dessus. Elle avait même posé ses mains sur ses fesses. Je n’ai jamais osé faire cela, même quand j’étais seule avec lui. J’aurais encore moins pu le faire devant tout le monde. Et lui, il la serrait et la caressait sans pudeur. Ces images me donnent la gerbe et me rendent nauséeuse.

— Je savais que c’était un abruti à te laisser tomber pour assouvir ses pulsions d’adolescent en rut. Mais qu’il choisisse de se taper cette pimbêche plutôt que d’attendre que tu sois prête, c’est le summum, quel naze !

Je me regarde dans la glace des toilettes et constate les dégâts de la trahison de Brad. Mes yeux sont bouffis et rouges. Avec le mascara qui forme deux auréoles noires autour de mes pupilles grises, j’ai piètre allure. Je passe la main dans mes cheveux pour essayer de leur donner du volume, mais sans atteindre aucun résultat satisfaisant.

— Tu m’étonnes qu’il ne m’aime pas. Je suis moche, Steph.

L’intéressée lève les yeux au ciel et soupire :

— Arrête, tu es une fille mignonne ! C’est juste que, comme tu es timide et ne veux pas offrir ton cul au premier venu, certains ne s’en rendent pas compte !

Je hausse les épaules. J’essaie de m’essuyer les paupières avec du papier et de l’eau. Bon, ce n’est pas trop mal. Steph me prête un crayon noir que je tente d’appliquer méticuleusement. Je lisse ma tunique grise et m’apprête à sortir, la tête haute. Malgré tout, je dois donner le change. Si mon cœur tombe en lambeaux, rien ne doit transparaitre sur mon visage, il faut sauver les apparences pour éviter d’être le sujet de cancanages.

— Je vais le récupérer. Je suis prête à tout.

Steph passe son bras sous le mien et réplique :

— Fais ce que tu veux, mais tu mérites mieux qu’un mec comme lui.

Steph ne comprend pas que Brad est l’homme idéal pour moi. Il est magnifique ! Ses yeux bleus, d’un turquoise pur, et son sourire de star me font rêver. Quand il me prenait dans ses bras, je fondais comme neige au soleil. Notre relation, se limitant à des mots doux et des baisers discrets, me suffisait amplement. Mais pas lui car plusieurs fois il a essayé d’aller plus loin. Mais à chaque fois je me braquais sans en comprendre les raisons. J’avais peur de l’acte sexuel et tremblais dès que la situation dérapait. Voir un autre corps nu et exposer le mien me gêne. Il paraissait si sûr de lui et entreprenant quand il frottait son entrejambe dur contre moi que quelque part, je ne me sentais pas à la hauteur. N’importe quelle fille serait ravie de faire sa première fois avec un mec comme lui, mais je n’ai pas su saisir ma chance.

— Il faut que je trouve un moyen de me débloquer au niveau de « la chose » puisque c’est ça qui pose problème.

Nous marchons au milieu des élèves qui retournent en cours. Si j’arrive à coucher avec Brad, nous serons de nouveau ensemble. En plus, étant donné qu’il est parfait pour moi, je dois bien éprouver du désir pour lui, non ? Je ne pose pas la question de vive voix à Steph qui se moquerait de moi.

— Le plus simple à mes yeux est que tu ailles le voir et lui demandes de te prendre comme un sauvage : c’est rapide et efficace. Mais moi, je pense qu’il est trop chochotte pour toi. Il te faut juste un vrai mec viril qui saura mettre le feu à ta petite culotte toute sage !

J’éclate de rire même si je suis gênée. Le langage imagé de mon amie me surprendra toujours ! Mon hilarité est de courte durée car j’aperçois Brad et Kaya arrivant face à nous, main dans la main. Je me raidis et me stoppe, leur bloquant la route.

— Pousse-toi de là, grosse truie ! m’insulte Kaya, tout en me bousculant.

— Cette fille se prend pour la reine du lycée tout ça parce qu’elle a tous les mecs à ses pieds. Si elle gardait son string sur ses fesses, elle en aurait moins. Ils sont minables. Vise un peu tous ces chiens ! me glisse Steph en fusillant Kaya du regard.

— Elle fait bien ce qu’elle veut de son cul, Steph. Je ne la déteste pas parce qu’elle a de l’assurance et agit sans se préoccuper de l’opinion des gens. C’est plutôt de l’admiration et de la jalousie, avoué-je.

Brad me déroche un sourire compatissant m’ayant entendue. Il ne m’a pas défendue, ce qui me blesse au plus profond de moi. Kaya ne remarque même pas ce que vient de dire mon amie ni ma réponse. Elle est trop obnubilée par son nouveau chéri. Steph me serre le bras. Elle est mon roc, m’aidant à ne pas m’effondrer et à rester digne. Néanmoins, dès que le couple est hors de mon champ de vision, je me remets à pleurer. C’est trop dur de voir celui que j’adore s’intéresser à quelqu’un d’autre.

— Peu importe qu’il ne soit pas assez viril, je l’aime, moi ! ajouté-je dans un sanglot.

Brad rejoint sa bande de potes tous plus extravagants et beaux les uns que les autres. L’évidence me frappe soudain de plein fouet : comment ai-je pu croire un seul instant qu’il éprouvait quelque chose pour moi ?

— Nina, pense à ton baccalauréat. Laisse tomber ce crétin ! Le plus important, c’est ton avenir, pas un mec quelconque.

C’est facile à dire pour Steph. À part son volley-ball, rien ne l’intéresse. Elle a la chance d’exceller dans ce qu’elle aime. Moi, je ne me distingue dans rien, ni sport ni art. Ma passion depuis toujours, c’est la lecture et on ne peut pas dire que ça m’ait aidée à développer ma capacité à créer des relations sociales. J’ai été séduite par Brad un jour à la bibliothèque. Il a été le premier à me montrer de l’intérêt. Il m’a fait rire et nous nous sommes embrassés dans le rayon histoire. J’ai été heureuse pendant quelques mois. À présent, je n’ai plus que mes yeux pour pleurer.

— Je vais trouver quelque chose pour amener Brad à revenir vers moi !

Toute à ma naïveté, je pense ce que je dis. Je n’aurais pas pu deviner à quel point mes désirs étaient loin de ce que j’imaginais en réalité et quelle personne différente je deviendrai, peu de temps après.

Chapitre 1 Joyeux anniversaire !

— Nina, je suis affreusement contrite de ne pas pouvoir t’emmener au restaurant, me dit ma mère.

Elle me regarde du coin de l’œil par le rétroviseur de la voiture. Mes narines frémissent, je suis enfoncée dans le siège et bouge compulsivement les jambes de nervosité, en essayant de contenir ma colère. Comme chaque année pour mon anniversaire, maman a réservé une table à Titi Pizzeria, mon endroit préféré. C’est la seule chose qu’elle fasse pour moi, elle est là pour me rappeler que j’ai un an de plus. Le reste du temps, j’ai l’impression de ne pas exister à ses yeux. Hélas, elle a reçu un coup de fil de son boulot alors que nous venions tout juste de partir de la maison. Ils ont besoin d’elle en urgence. Du coup, elle a téléphoné pour annuler. À la place, je vais passer la soirée de mes dix-huit ans chez mon grand frère Bruno. Je le déteste et, de surcroît, il habite dans un taudis miteux sur son campus universitaire. Du moins, c’est ce que j’imagine car je ne l’ai pas aperçu hors de la maison depuis qu’il est étudiant. J’aurais de loin préféré rester toute seule chez moi à regarder des séries, tout en me goinfrant de gâteaux. Ma charmante mère a l’air de penser que je serais mieux dans un minuscule appartement d’à peine vingt mètres carrés, entourée d’idiots alcoolisés. Steph est en vacances au ski avec ses parents, je ne peux donc pas la voir. Je lui ai tout de même envoyé un message pour lui raconter ce qui m’arrive.

— Suis-je obligée de me rendre chez Bruno ? demandé-je, fixant sans le voir le paysage citadin qui défile sous mes yeux.

— Je serai plus tranquille de te savoir avec lui, plutôt que toute seule à la maison, surtout avec ce qui s’est passé il y a quelques années…

— C’est bon, maman ! la coupé-je avant qu’elle ne gaffe en abordant un sujet tendu.

Aujourd’hui, ça serait trop pour moi. Je ne veux pas qu’en plus de me gâcher mon anniversaire en me forçant à aller chez Bruno, elle aborde le sujet de cette soirée merdique qui a gâché une partie de ma vie. Cet évènement m’a plongée dans l’horreur et j’ai sombré dans un abime sans fond avant de tout enfouir et occulter au mieux, ne trouvant pas de solution.

— Il a organisé une petite fête tranquille avec quelques amis. Tu pourras leur demander quel cursus ils ont choisi à l’université, étant donné que tu hésites quant à ta future voie professionnelle.

Je triture le bas de ma robe en dentelles, en proie à la nervosité. Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire de ma vie, mais ce n’est pas quelqu’un de l’entourage de mon frère qui va m’aider !

— Maman, je veux juste passer ma soirée d’anniversaire ailleurs que chez Bruno. Je vais m’ennuyer, c’est sûr.

— Et moi, je pourrai bosser sans stress et rentrer vite te chercher si je te sais en sécurité !

Je soupire, renonçant à avoir le dernier mot. Quand ma mère a décidé quelque chose, il est difficile de lui tenir tête. Je suis si dépitée que je n’essaie même pas d’insister. Nous passons en plein milieu du boulevard principal de la ville qui est blindé de monde. J’ai hâte d’arriver sur le campus et de quitter le centre-ville bétonné. La cité universitaire est située au milieu d’un parc où il y a des arbres et de l’air frais. Nous roulons pendant une dizaine de minutes avant qu’elle essaie de trouver une place devant une résidence qui semble plutôt sympathique. Ça n’a rien à voir avec l’idée que je me faisais de l’immeuble vieillot dans lequel vivrait mon frère. Je descends de la voiture, mais remarque que ma mère ne bouge pas. Je m’avance vers elle. Elle me sourit comme pour s’excuser, ce qui me laisse perplexe.

— Je n’ai pas le temps de monter. Mais ne t’inquiète pas, il sait que tu viens !

— Pardon ?

Je reste bouche bée. Elle est incroyable !

— Je dois partir, Nina, ils m’attendent. Surveille ton téléphone.

Elle me fait un bisou dans le vent et s’en va, me plantant là. Je la regarde s’éloigner en me demandant si l’artiste débridé qu’elle va retrouver est un bon coup. J’espère qu’il a une petite bite et ne saura pas s’en servir. Ce sera bien fait pour elle.

— Hey, beauté, tu t’es perdue ? questionne une voix étrange derrière moi.

Deux mecs à l’air défoncés sont assis sur un banc. L’un d’eux a un bonnet enfoncé sur le crâne d’où s’échappent quelques mèches sombres. Tout indique qu’il s’adresse à moi, c’est bien ma veine.

— Pas du tout. Bonne soirée !

Je fixe la porte d’entrée de l’immeuble, rentre la tête dans les épaules et fonce, en ignorant ses remarques plutôt obscènes. Soulagée de voir que les deux mecs ne me suivent pas, je claque le battant et cherche des yeux la boite aux lettres avec le nom de mon frère. Il habite au premier étage. Je prends un escalier en colimaçon qui pue la clope et d’autres choses que je préfère ignorer. En débouchant dans un couloir, j’ai la chance de trouver rapidement l’appartement. J’appuie sur la sonnette et entends des bruits de pas. La porte s’ouvre sur une jeune femme à l’allure punk avec la moitié du crâne rasé et l’autre où pendent des cheveux blonds filamenteux. Nous nous jaugeons du regard en silence.

— C’est qui, Paula ? demande une voix que je connais bien.

Quelques instants plus tard, un grand mec aux longs dreads noirs vient passer son bras autour de la taille de la fille. Il me sourit et crie :

— Joyeux anniversaire, petite sœur !

Ma dix-huitième année commence bien.

Chapitre 2 Intense rencontre

Quand la dénommée Paula réalise que je suis la sœur de Bruno, elle se détend instantanément. Elle me fait même la bise, m’inondant de vapeurs de cigarette. Son changement d’attitude est déstabilisant, mais les amis de mon frère sont étranges, alors ça ne m’étonne pas. Je me contente d’esquisser un sourire crispé, autant se montrer cordiale, la soirée sera moins longue.

— Ravie de te rencontrer, Nina. Joyeux anniversaire !

Ses yeux bleus pétillent et une grande douceur transparait dans sa voix, ce qui contraste avec son look plutôt électrique. Paula porte un débardeur noir laissant voir son nombril et une jupe très courte rouge qui dévoile plus de chair qu’elle n’en cache. Je ne sais pas pourquoi, mais malgré son air avenant, je me méfie d’elle. Il ne faut pas juger sur les apparences, mais là il se trouve que le contact passe mal avec elle. En d’autres termes, je ne la sens pas du tout honnête. Elle me donne l’impression d’être quelqu’un de faux, mais j’espère me tromper.

— Entre, gamine. Je vais te chercher un verre, me propose Bruno en s’éloignant.

Il ne me fait pas la bise et ne me demande rien sur ma vie. Néanmoins, c’est normal car nous ne nous entendons pas bien, à la différence d’autres frères et sœurs. Peut-être que le passé de ces gens est moins chaotique que celui que nous partageons, Bruno et moi.

Paula comprend que je suis un peu intimidée. Elle me sourit et m’invite à la suivre pour que je puisse poser mes affaires. J’aurais préféré qu’elle me laisse tranquille et je serais allée me terrer dans un coin. Elle ouvre la porte d’une chambre qui empeste le déodorant masculin bon marché, ça cocotte et me donne envie d’éternuer. Sans hésiter, elle vire des consoles de jeux et des bouquins qui se trouvent sur un lit. Je retire ma veste et la jette sur la couette. Paula ne me lâche pas du regard, ce qui me met mal à l’aise parce que j’ai l’impression d’avoir un énorme bouton sur le nez.

— Je suis contente de te connaitre, Nina ! Tu es jolie ! C’est dingue, tu ne ressembles pas du tout à ton frère !

Je me sens gênée par ce compliment. Nous n’avons rien en commun, Bruno et moi. Il a hérité du côté italien de ma mère avec ses yeux marron et son teint mat alors que je dois tenir de mon père, cet étranger dont je n’ai que de lointains souvenirs.

— C’est sympa pour moi ! Je suis un beau mec ! grogne Bruno en arrivant dans la pièce.

Il me tend une bière que je refuse. Paula le fusille du regard et lui donne un coup de coude. Je me retiens de rigoler, pour une fois que ce n’est pas moi qui fais la morale !

— Ce n’est pas parce qu’elle est majeure que tu peux lui servir de l’alcool. Moi, je ne ferais pas picoler ma sœur. Tu crains, mec !

Bruno semble réfléchir et hausse les épaules avant de boire à la bouteille.

— Alors, maman t’a plantée pour aller photographier des elfes de Noël ? demande-t-il en ricanant.

Je lui réponds d’un ton acide :

— Tu te doutes bien que je ne suis pas venue dans cette grotte parce que mon grand frère me manquait !

Paula éclate de rire et me prend par les épaules pour m’emmener je ne sais où. Elle a raison, si je reste trop longtemps avec lui, cela risque de m’énerver.

— Adorable ! C’est beau la famille !

Nous traversons le couloir pour arriver dans un salon plutôt spacieux. Quatre mecs sont assis sur un canapé et fixent la télévision. Nous entrons dans la salle, ils tournent tous la tête vers nous. En analysant leurs regards lubriques, je trouve tout à coup ma robe bien trop courte. Je me sens gênée quand ils me détaillent comme si j’étais un plat. C’est cela, le destin de chaque femme ? Ne pas pouvoir faire ce qu’elle veut sans attirer des attentions non désirées ?

— Arrêtez de vous comporter en pervers ! C’est Nina, la petite sœur de Bruno ! Elle a dix-huit ans aujourd’hui, donc calmez vos ardeurs ! C’est une gamine !

C’est faux, je n’en suis pas une. En plus, ce n’est pas pour cette raison qu’ils ne doivent pas me mater, mais parce que cela ne se fait pas. Je ne réplique rien car je ne désire pas faire d’histoires. Paula a l’air de leur faire peur, ils détournent tous le regard dès qu’elle ouvre la bouche. Un des mecs me sourit en agitant la main.

— Je m’appelle Anthony. Tu veux une bière ?

— Je ne bois pas d’alcool.

Je ne sais pas quoi faire et me dandine d’un pied sur l’autre avant d’aller m’asseoir sur une chaise un peu en retrait.

— Nina, des chips ? me demande Paula en me tendant un paquet.

Je pioche quelques pétales salés et les mange en essayant d’être discrète. Je regarde les mecs se marrer en s’éclatant à un jeu de courses de voitures. La porte d’entrée claque et Bruno s’esclaffe. Un nouvel ami ?

— Salut, les petits puceaux !

Une voix grave et envoûtante retentit soudain derrière mon dos. Je me raidis sur le siège, électrisée. Les poils de mes bras se hérissent en réponse à ce son qui me perturbe. Dans cet instant de déstabilisation passagère, je fais tomber quelques chips par terre en sursautant.

— Le charme de Kyle dans toute sa splendeur ! Dès qu’il parle, les filles perdent tous leurs moyens, remarque un gars en se foutant de moi.

Je me sens bête. La colère monte en moi quand plusieurs personnes rigolent. Je fais néanmoins comme si de rien n’était et me baisse pour ramasser les morceaux qui se sont collés sur la moquette.

— La ferme, Robin ! Ce n’est pas parce que c’est vrai qu’il faut le souligner, ça peut mettre mal à l’aise, fanfaronne l’inconnu.

Son arrogance ne me plaît pas du tout. Ce Kyle est tout proche derrière mon dos. Je me sens prise au piège de sa présence. Il m’enveloppe de son ombre, pourquoi vient-il vers moi ?

— C’est indélicat, continue-t-il dans un murmure.

Son regard profond sur moi me perturbe tant que j’en tremble. Je me relève pour me mettre face à lui et découvrir si sa voix suave va de pair avec son physique. Je le fixe en espérant qu’il soit laid. Ce n’est évidemment pas le cas. Ses prunelles sont comme deux pierres noires et brillantes qui me transpercent. Je n’ai jamais connu d’yeux aussi sombres et envoûtants. Son visage est à moitié caché par une capuche de laquelle s’échappent quelques boucles châtain foncé. Il a un sourire suffisant de celui qui est beau et le sait, ça m’agace ! Sa mâchoire anguleuse est bien dessinée, à l’image de celle de mannequins que j’ai déjà admirés dans des magazines. Il penche sa tête sur le côté, promenant ses yeux sur mon corps. Je m’enflamme sous l’intensité de sa prestance qui éclipse toutes celles des hommes que j’ai déjà rencontrés. Ce type est sexy. Son sweat bleu nuit remonte un peu sur ses avant-bras, dévoilant deux longs tatouages. C’est fou ce que ses membres semblent musclés ! Des pensées hors de propos jaillissent dans mon esprit, je me mords les lèvres. Quel effet cela fait de caresser une peau recouverte d’encre, tendue à l’extrême ?

— Tu aimes ce que tu vois ? me demande-t-il soudain.

Le bouffer en bavant comme je le fais est incorrect. Je dois avoir le même air vicieux que les mecs qui me reluquaient et ont été remis à leur place par Paula. Pour me rattraper, je contre-attaque sèchement :

— Pas vraiment. Je ne suis pas fan des gens à l’ego surdimensionné !

Allez savoir pourquoi, cette phrase sonne faux ! Mais il se vexe car ses yeux se plissent. Cette idée me donne le sourire car je viens de retourner une situation gênante à mon avantage.

— Tu étais quand même en train de me mater, chérie…

Pour qui se prend-il à me parler comme si on avait gardé les vaches ensemble ? Et en plus, il dit cela en glissant sa langue sur sa lèvre supérieure, comme un fauve s’apprêtant à manger sa proie. Une sensation étrange nait au niveau du ventre en le regardant agir. Il passe ses mains dans les poches de son jean, ce qui le baisse un peu, laissant voir le haut de son caleçon. Pourquoi mes yeux dérivent-ils vers cet endroit ? Aucune idée, mon cerveau a l’air de s’être mis en pause depuis que Kyle est entré dans la pièce. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits qui se sont égarés sur son corps.

— Si tu veux aller par-là, toi aussi tu me mates.

Je croise les bras sous ma poitrine et lui souris avec une légère hypocrisie. Ses yeux descendent sur mon décolleté bien en valeur. Ses pupilles se rétrécissent, signe qu’il n’est pas insensible à mon charme. Mon ego s’en flatte et se gonfle. Moi, d’habitude si réservée et coincée, il me prend l’envie de me montrer audacieuse avec cet inconnu. Ai-je consommé de l’alcool sans m’en rendre compte ?

— Je ne le nie pas. Je peux savoir comment tu t’appelles ? enchaine-t-il.

Il s’avance vers moi d’une démarche assurée. Plus il s’approche, plus je sens mon cœur accélérer ses battements. Le temps semble s’arrêter autour de nous, nous enveloppant dans une sorte de bulle. Je serre mes poings pour essayer de garder mon calme et ne pas défaillir.

— Elle s’appelle Nina. Et elle n’est pas pour toi, Kyle ! intervient Paula en se mettant devant moi, lui bloquant le passage.

Notre intermède est vite brisé. Mais, quelque part, je suis soulagée qu’elle ait interrompu cet échange tendu. Si Kyle et moi continuons ce petit jeu, ça pourrait devenir dangereux pour moi, il ne me laisse pas insensible. Je prends un verre vide qui traine sur une table et me sers du jus d’orange pour me changer les idées, essayant de faire descendre la pression qui s’est emparée de moi. Kyle discute avec Paula de manière agitée et je n’entends pas ce qu’ils disent. Il me suit du coin de l’œil. Il faut que je l’ignore, mais ce n’est pas évident, car mon corps est attiré par lui.

— Elle n’a pas besoin de toi, Paula. Elle est tout à fait capable de se défendre toute seule et ça me plait assez. C’est excitant un peu de fougue.

J’entends les paroles de Kyle qui a haussé le ton exprès. Je souris même si ses propos me déstabilisent.

— Elle est flattée que je lui porte de l’intérêt !

Je me renfrogne bien vite et fixe mon verre. Connard…

— N’importe quoi, espèce d’idiot, murmure Paula.