Souvenirs épars d'un ancien cavalier - Tristan Bernard - E-Book

Souvenirs épars d'un ancien cavalier E-Book

Tristan Bernard

0,0
0,49 €

oder
-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

Si l’esprit de corps est, comme je crois, un sentiment digne d’éloges, quelles louanges réservera-t-on à un ancien cavalier de ma connaissance, qui ne cesse de proclamer la préexcellence de l’arme de la cavalerie après avoir servi une année comme dragon d’active, deux fois vingt-huit jours comme dragon de réserve, sans avoir jamais su monter à cheval ?
… Ce cavalier « d’affectation » a, à son tableau, une quarantaine de chutes, toutes, bien entendu, en service commandé, car, depuis sa rentrée dans la vie civile, il s’est abstenu du moindre contact avec le noble solipède, dont Buffon a eu tort, selon certains, de considérer la conquête comme définitive.
J’aurais voulu le voir, M. de Buffon, avec ses jolies manchettes, en selle sur la jument Bretagne, afin de constater simplement comment il s’y serait pris, rien que pour l’empêcher de trottiner.

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



TRISTAN BERNARD

SOUVENIRS ÉPARS D’UN ANCIEN CAVALIER

 

© 2023 Librorium Editions

ISBN : 9782385742416

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

SOUVENIRS ÉPARS D’UN ANCIEN CAVALIER

I SOUVENIRS ÉPARS

II SERVICE EN CAMPAGNE

III BRETAGNE INDISPONIBLE

IV UN JOUR A PIED

V EN PERMISSION

VI OÙ, DEVANT UN AUDITOIRE PROFANE, IL EST FIÈREMENT PARLÉ DE BRETAGNE ABSENTE, ET DES TALENTS D’UN CERTAIN ÉCUYER.

VII HÔTEL RECOMMANDÉ

VIII CHEVAUX EN LIBERTÉ. — LES LAVABOS. — UN ARTISTE

IX REÎTRES

X MAXIME

XI LES DERNIÈRES SEMAINES

XII ÉPILOGUE

L’auteur de ce livre

Le cavalier en question

 

SOUVENIRS ÉPARS D’UN ANCIEN CAVALIER

I SOUVENIRS ÉPARS

Si l’esprit de corps est, comme je crois, un sentiment digne d’éloges, quelles louanges réservera-t-on à un ancien cavalier de ma connaissance, qui ne cesse de proclamer la préexcellence de l’arme de la cavalerie après avoir servi une année comme dragon d’active, deux fois vingt-huit jours comme dragon de réserve, sans avoir jamais su monter à cheval ?

… Ce cavalier « d’affectation » a, à son tableau, une quarantaine de chutes, toutes, bien entendu, en service commandé, car, depuis sa rentrée dans la vie civile, il s’est abstenu du moindre contact avec le noble solipède, dont Buffon a eu tort, selon certains, de considérer la conquête comme définitive.

J’aurais voulu le voir, M. de Buffon, avec ses jolies manchettes, en selle sur la jument Bretagne, afin de constater simplement comment il s’y serait pris, rien que pour l’empêcher de trottiner.

Pourquoi Paul avait-il choisi l’arme de la cavalerie ?

Est-ce parce qu’il avait cru que l’uniforme de dragon lui irait bien ?

Illusion, charmant mirage,

Qui jouez les pauvres humains…

N’est-ce pas plutôt parce qu’il s’était imaginé qu’il aimait les chevaux ?

Comment avait-il pu croire qu’il aimait les chevaux !

Voilà une question qu’il se posa bien souvent au cours d’interminables séances de trot assis, « les étriers relevés et croisés sur l’encolure ».

Un jour, en remontant sur son dos jusqu’à la chambrée une selle fort lourde et une couverture toute chaude de transpiration chevaline, il pensa tout à coup à un fatal épisode de son enfance.

Il avait neuf ans. Il déjeunait chez un grand-oncle à lui, qui était marchand de chevaux dans une petite ville de l’Est. Cet oncle, sous prétexte qu’on était en Bourgogne, obligeait son neveu à boire du vin sans eau, ce qui lui coupait l’appétit.

Par distraction, ou parce qu’il trouvait le temps long à table, l’enfant s’était levé pour aller à la fenêtre, soi-disant pour regarder des chevaux dont le pas heurtait le pavé de la cour.

— Ce qu’il aime les chevaux, ce petit ! s’écria le grand-oncle avec satisfaction.

Voilà pourquoi, gonflé soudain d’une fierté juvénile, le petit se crut obligé d’aimer les chevaux tout le reste de sa vie.

… Son service militaire s’accomplit à E…, au ..e dragons.

Au fait, je puis bien dire qu’il s’agissait d’Évreux et du 21e de l’arme, car je n’imagine pas qu’après trente années ce renseignement puisse aider dans ses plans stratégiques l’état-major allemand.

… Ils étaient une soixantaine de volontaires, et l’on jugea bon de les parquer dans un coin du quartier, dans deux vastes salles éloignées des autres chambrées. Et comme on leur avait défendu les ordonnances, il leur fallait procéder eux-mêmes à des travaux dont ils n’avaient guère l’habitude.

On leur fit la grâce de leur distribuer des effets neufs. Paul « toucha », pour sa part, un pantalon à basanes, plié depuis dix ans, dont les basanes étaient toutes ternies d’humidité. A cette époque, malheureusement, on ne cherchait pas l’invisibilité des uniformes et on demandait aux recrues de donner à ce cuir le plus de luisant possible. Tâche pénible pour un jeune homme sans expérience et sans persévérance, qui étalait toujours trop de cirage sur le cuir, et qui se décourageait à compter par avance les milliers et les milliers de coups de brosse nécessaires pour venir à bout de cette brume opaque, qui empêchait cette basane modeste de briller de tout son éclat.

La mise au point d’une bride exigeait des aptitudes multiples, pour l’acier des mors et des gourmettes, le cuir des courroies, le cuivre des boucles. Paul était loin d’exceller dans aucune de ces spécialités.