Suite de l'Apologie de M. l'abbé de Prades - Denis Diderot - E-Book

Suite de l'Apologie de M. l'abbé de Prades E-Book

Denis Diderot

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Beschreibung

Extrait de la notice : "Pendant que s'imprimaient les deux premières de l'Apologie, Diderot écrivait la troisième qui devait paraître avant les deux autres, et qui renvoie aux pages de celles-ci. Il nous semble résulter de ce rapprochement une certitude aussi absolue que si tout un peuple venait en rendre témoignage, qu'il y avait accord - accord, mais non complot - entre les auteurs de la thèse et Diderot, renforcé très probablement de tout le groupe encyclopédique..."

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EAN : 9782335001266

©Ligaran 2015

Avertissement de l’auteur

La première partie de mon Apologie contient l’histoire de ma condamnation, ma thèse latine et française, avec quelques lettres écrites à la Faculté de Théologie, à M. l’archevêque de Paris et à M. l’ancien évêque de Mirepoix, preuves non suspectes de ma docilité et de ma soumission.

La seconde est composée de la justification des propositions condamnées contre la censure de la Faculté de Théologie et le Mandement de M. l’archevêque de Paris ; de la conformité de mon sentiment sur les guérisons de Jésus-Christ, avec l’opinion de Dom La Taste, évêque de Bethléem, et de M. Le Bouge, docteur de Sorbonne, et de ma réponse au Mandement de mon évêque M. de Montauban.

Mon Apologie n’aurait eu que ces deux parties qui paraîtraient à présent, si l’Instruction pastorale de M. d’Auxerre n’eût donné lieu à cette troisième, que j’ai cru devoir publier la première, de crainte qu’elle ne vînt un peu tard après les deux autres. Ce n’est pas qu’elle ne renferme des vérités de tous les temps sur l’usage de la raison en théologie, l’étude de la philosophie, les causes finales, l’origine de nos idées, les fondements de toute société, l’état de nature, etc., car je n’ai rien négligé pour survivre à l’Instruction à laquelle je répondais ; mais il ne fallait pas laisser aux préjugés dont elle fourmille le temps de prendre racine dans les esprits qui ne sont déjà que trop prévenus.

Cette troisième partie est autant la défense du Discours préliminaire de l’Encyclopédie, d’où j’ai tiré ma première position, que la défense de ma thèse. Quel que soit le jugement que puisse en porter M. d’Auxerre, je crois qu’il doit se féliciter d’être tombé plutôt entre mes mains qu’entre les mains de M. D’Alembert : car on pourrait bien appliquer à cet illustre et redoutable athlète ce que Diomède dit à Glaucus : Insensé, tu ne sais pas que c’est contre moi que le ciel envoie les enfants des pères infortunés  !

Les renvois et les chiffres qu’on rencontrera dans cette partie sont relatifs aux pages des deux parties qui devaient précéder et qui ne se feront pas attendre longtemps.

Observations sur l’instruction pastorale

DE MGR L’ÉVÊQUE D’AUXERRE

On achevait d’imprimer mon Apologie, lorsque j’ai reçu une Instruction pastorale de M. l’évêque d’Auxerre, dans laquelle ce prélat se propose de démontrer que, la vérité et la sainteté de la religion ont été méconnues et attaquées, en plusieurs chefs, dans la thèse que j’ai soutenue en Sorbonne et que je viens de justifier.

J’ai lu cette Instruction avec toute l’attention dont je suis capable et dans la disposition la plus sincère de supprimer ma défense, d’avouer ma faute et d’en demander pardon à Dieu et aux hommes, si M. d’Auxerre remplissait la promesse de son titre, et s’il me prouvait que mes expressions s’étaient écartées en quelques endroits de la pureté de mes sentiments ; car c’est là tout ce que j’avais à craindre de lui ; l’impiété n’ayant jamais habité dans mon cœur, le pis qui pouvait m’être arrivé, c’est qu’elle se fût malheureusement trouvée sur mes lèvres.

Mais l’Instruction pastorale de M. d’Auxerre ne m’a point ôté la persuasion intérieure de mon innocence. J’écoutais la voix de ma conscience en même temps que je lisais son ouvrage ; et elle ne m’a rien reproché. Je n’ai senti qu’une chose bien plus redoutable pour mes adversaires que pour moi, c’est que la prévention et le zèle peuvent aveugler les hommes les plus éclairés, leur montrer des erreurs monstrueuses dans les propositions les plus chrétiennes et les plus vraies, leur faire adopter des conjectures téméraires comme des faits démontrés et les emporter au-delà des bornes de toute justice.

Ma réponse à M. d’Auxerre ne sera pas aussi étendue que le volume de son Instruction semblerait l’exiger, ce volume renfermant un certain nombre de vérités que je voudrais avoir signées de mon sang ; quelques objections qui s’adressent à d’autres que moi ; dans le grand nombre de celles qui me concernent, plusieurs que j’avais prévues et que j’ai réfutées dans mon apologie ; d’autres qu’il m’était impossible de prévoir et auxquelles je vais satisfaire.

I

M. l’évêque d’Auxerre, après avoir peint avec beaucoup de chaleur et de vérité, dans les premières pages de son Instruction, les progrès énormes que l’impiété a faits de nos jours, s’écrie, pages 10 et 11 : « Qui aurait jamais pu prévoir qu’une doctrine antichrétienne serait publiquement soutenue en Sorbonne, par un de ses bacheliers, avec l’approbation du président et des censeurs sans qu’aucun de ses docteurs réclamât ? Mais, ce qui est encore plus surprenant, c’est que, toute la licence ayant assisté à cette thèse, et quelqu’un des bacheliers l’ayant vivement attaquée sur quelqu’une des impiétés qu’elle contient, ce cri de la foi, si juste et si nécessaire, n’ait pas réveillé les docteurs présents, et qu’ils aient laissé finir tranquillement une action si nuisible à la religion et si injurieuse à la Faculté de Théologie de Paris. Qu’on dise tant qu’on voudra qu’il y a eu de l’artifice et de la fraude pour faire passer la thèse ; qu’on tâche d’excuser le syndic et le président, en couvrant leur fraude du nom de surprise et de négligence : ce sont là des excuses peu recevables de la part de docteurs préposés pour examiner les thèses et pour y présider ; elles ne suffisent pas pour effacer l’opprobre qui en retombe sur la Faculté même… Plaignons la Faculté des pertes qu’elle a faites et du déchet où elle est tombée… » Ajoutons, nous, à cette peinture un trait frappant, et qui n’aurait pas dû échapper de la mémoire de M. d’Auxerre, de ce prélat qui paraît s’attacher, avec tant de zèle, de charité et d’amour pour la religion, à déshonorer la Sorbonne et la Faculté de Théologie tout entière ; c’est que cette doctrine antichrétienne, applaudie de toute la Faculté avant que, d’être proscrite, a trouvé pour défenseurs les hommes les plus sages et les plus éclairés des maisons de Navarre et de Sorbonne, lorsqu’on l’eut déférée, et qu’il fut question de la proscrire.

Que la Faculté de Théologie répondra-t-elle à M. d’Auxerre ? Se tiendra-t-elle pour couverte d’opprobre, et laissera-t-elle passer à la postérité sa honte scellée dans les ouvrages d’un évêque et dans les fastes de l’Église ? Mais pourra-t-elle réclamer contre les reproches d’ignorance, de négligence, d’avilissement, de dégradation, dont elle est accablée par le prélat janséniste, sans s’avouer coupable envers moi de l’injustice la plus criante ? Docteurs de Sorbonne, répondez : voici l’argument qu’on vous propose. S’il est vrai que ma thèse fût un tissu de blasphèmes horribles, comme vous l’avez annoncé dans le préambule de votre censure, vous avez tous applaudi à mon impiété, et M. d’Auxerre a raison. Si ma thèse, au contraire, n’expose rien qui ne soit conforme aux principes de la saine philosophie et aux vérités du christianisme, pourquoi l’avez-vous condamnée comme un tissu de blasphèmes ? Il n’y a point de milieu ; il faut, ou souscrire aux accusations de M. d’Auxerre par le silence le plus humiliant, ou rétracter votre censure. Ô docteurs ! vous n’avez pas tardé à recueillir les fruits amers de votre injustice ; vous avez cru pouvoir écraser impunément l’innocence, parce qu’elle était sans appui, sans force et sans protection. Mais l’œil de vos ennemis était ouvert sur vos démarches et ma vengeance est venue d’où je l’attendais. Ces mots de M. d’Auxerre, rien ne peut effacer l’opprobre qui est retombé sur la Faculté même, vous font frémir de rage ; et les hommes noirs, dont vous avez servi la passion en me condamnant, voient votre honte et s’en réjouissent.

II

M. d’Auxerre rend compte, pages 12,13 et suivantes, de la censure de la Sorbonne et du Mandement de M. l’archevêque de Paris ; puis il ajoute, page 17 : « Nous respectons ces censures ; et nous louons le zèle pour la religion qui les a dictées. Mais nous croyons qu’elles auraient été plus utiles à l’Église et que les fidèles en auraient tiré plus de profit si on les avait soutenues par une Instruction qui fît connaître l’importance et le prix des dogmes attaqués par la thèse. Ce serait peu de chose à un médecin d’exposer la grandeur et le danger de la maladie, s’il ne prescrivait les remèdes propres à guérir ceux qui en sont atteints et à en préserver les autres. Les fidèles ont besoin d’être consolés et affermis dans les principes de la foi, dans le même temps qu’on les avertit de fuir et d’avoir en horreur les productions de l’incrédulité. La beauté des vérités chrétiennes n’est jamais si ravissante que quand on la met en regard avec les ombres noires et les ténèbres infernales que l’impiété a voulu substituer au grand jour de la religion. »

Rien n’est plus vrai que ces maximes ; mais ne sont-elles pas bien déplacées ? Ne suffisait-il pas à M. l’évêque d’Auxerre de faire son devoir sans accuser la Faculté et M. l’archevêque de Paris d’avoir manqué au leur ? Mon accusateur n’a-t-il pas ici l’air d’un homme qui craint qu’on ne remarque pas assez le mérite de son zèle et de sa vigilance, et qui, pour le faire sortir davantage, le met en regard avec l’indolence de M. archevêque ? On dirait presque que cette Instruction soit autant faite contre les défenseurs de la bulle que contre les prétendus adversaires de la religion. Eh ! monseigneur, qu’a de commun ma thèse avec le jansénisme ? Je serais cent fois plus impie que vous ne le croyez, qu’on n’en croira pas les appelants plus catholiques. Ce sont des raisons qu’on attend de vous, et non pas de l’ostentation et des personnalités.

III

On lit, page 13 de l’Instruction de M. d’Auxerre, ces mots extraits de la censure de la Faculté : « L’impiété ne s’est plus bornée à pénétrer dans les maisons particulières ; elle a essayé de se glisser dans le sanctuaire même de la religion, dont elle a cru se venger, si elle pouvait y répandre quelque goutte de son venin… » Même Instruction,