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Il existe un long questionnement sur la vie, son sens, sa direction pas toujours linéaire, le temps qui l’accompagne et qui rappelle que l’on grandit constamment, sans l’avoir forcément décidé. Dans ce dernier pan s’inscrit Sur la route du phare, une œuvre à l’encre d’un flot d’idées réveillées, ressenties, refoulées, contenues, mais rebelles, qui afflue et dessine le plan d’une route aux couleurs de l’introspection. Véritable ode à l’acceptation, au fil des pages, vous êtes invités à vous perdre, au risque de vous y retrouver ou d’en sortir changés.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Rédactrice web et coach d’auteurs,
Mathilde Claverie est passionnée d’écriture depuis toujours. Tout au long de son parcours, elle a été une apprentie de la vie. Aujourd’hui, elle met cet apprentissage sur papier afin de transcrire ses différentes expériences, notamment les questionnements et les enseignements qui ont bordé son cheminement et sa compréhension de la vie.
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Seitenzahl: 127
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Mathilde Claverie
Sur la Route du Phare
Nouvelles
© Lys bleu Éditions – Mathilde Claverie
ISBN : 979-10-377-9489-5
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À mon père, le premier homme de ma vie,
celui qui m’a offert les plus beaux de tous les cadeaux :
son authenticité et son amour.
Merci de m’avoir montré le chemin…
Épilogue
Depuis que j’ai l’âge d’écrire, je m’apaise en couchant les mots sur le papier. Finalement, il me suffit d’une feuille blanche et d’un stylo pour que mon imagination s’emballe et qu’elle m’embarque dans ses histoires. Alors, je mets ma playlist favorite et je laisse ma plume faire le reste.
J’ai toujours cherché mon style, même dans le monde de l’écriture. Et pour être absolument honnête, j’ai longtemps pensé que je ne ressemblais pas assez aux auteurs que je chéris tellement pour avoir la prétention de me considérer comme une écrivaine moi aussi.
Au fil de ces pages, je vous entraîne avec moi, dans mon histoire, mon cheminement et mon évolution. À travers différentes anecdotes, je vous raconte mes prises de conscience et ce qui fait de moi la femme que je suis devenue. Vous ne lirez pas de vérité absolue et je ne prétends pas avoir enfin compris la vie. En revanche, aujourd’hui, je vous offre mon authenticité et si cela vous permet de vous reconnaître dans certaines de ces émotions, alors je serai comblée.
À présent, je suis capable de me réjouir d’avoir encore tout à apprendre et à découvrir. Surtout, je ne cherche pas à ressembler à qui que ce soit pour me donner la légitimité d’écrire, je ne demande plus l’approbation de l’extérieur. Je m’autorise à être simplement moi, dans ma vérité. Une jeune femme indécise, maladroite, mais heureuse, qui avance à son rythme sur le chemin de la vie, celui qui mène jusqu’au phare.
Ceci n’est que le début de mon histoire. Bonne lecture…
On passe sa vie à tenter de retrouver cette insouciance, celle qui se cachait dans nos yeux d’enfant le matin de Noël, dans nos narines, le jour de la Chandeleur et dans notre cœur quand la seule chose qui comptait c’était ce premier baiser avec Bastien.
Le temps de l’enfance est si précieux qu’on en oublie de le chérir. Mais ne serait-ce pas simplement parce qu’il n’a besoin que d’être vécu ?
On est dimanche. Le dimanche, papa nous amène souvent voir mamie. Le trajet n’est pas très long, mais suffisamment pour écouter les deux premières chansons de The Very Best Of Supertramp. On prend des virages, on traverse des plaines et on regagne la montagne. Je le regarde, siffler sa mélodie favorite.
Le bonheur a-t-il vraiment besoin de plus que ça ?
Ses doigts qui pianotent la musique sur le tableau de bord, son regard enjoué dans le rétroviseur. Celui-là même qui m’invite à le suivre sur cette mélodie qui rythme notre complicité.
Le bonheur a-t-il vraiment besoin de plus que ça ?
Sentir la fierté de cet homme, celle de mon père, celui qui a tout d’un superhéros dans les yeux de la petite fille que je suis. Celui qui m’offre, telle une pierre précieuse, une étincelle de fierté à chaque fois que mes yeux croisent les siens ?
On est presque arrivés. Pourtant, dans cette voiture, personne n’a envie que ça s’arrête. Alors on chante, on bat la mesure, on imagine notre public en folie. Supertramp a cette faculté de réussir à nous entraîner dans son rythme. Mon père, celle de remplir un espace confiné d’une énergie sans limite. Et son sourire m’amène loin, très loin. Au pays de l’insouciance. Ou plus rien ne compte, que ce moment précieux.
On arrive chez mamie, le voyage se termine ainsi. Mais par chance, je sais qu’il faudra rentrer et que papa et sa musique s’empareront du présent à nouveau pour m’entraîner avec eux.
Le bonheur a-t-il vraiment besoin de plus que ça ?
Je rêve d’un monde sans limite. Un monde où tout est possible, une vie qui ne dépendrait que de mes envies et de ma créativité.
Un matin, je me vois peintre dans les rues de Lisbonne, le lendemain, je suis styliste et les couturiers ont tout à craindre de mes ambitions. Peut-être bien que la semaine dernière, je clamais haut et fort qu’un jour je serais soigneuse dans mon propre zoo et que la semaine prochaine, je voudrais être chanteuse à nouveau.
Et alors ?
Le monde a-t-il besoin de mes certitudes pour continuer de tourner ?
J’aime déjà me réinventer et je ne le sais pas encore, mais c’est un des super-pouvoirs de l’enfance. Cette faculté de croire que mes capacités sont illimitées et que je pourrais faire exactement ce que je veux de ce passage sur Terre.
Alors j’en use et j’en abuse. Les super pouvoirs ne sont-ils pas faits pour rendre nos vies exceptionnelles ? Après tout…
Le monde a-t-il besoin de mes certitudes pour continuer de tourner ?
Et tout à coup, je sens mon âme créative s’agiter à nouveau, peut-être bien que finalement je serais danseuse-chorégraphe.
Et si j’écrivais un livre plutôt ?
J’entends The Girl From Ipanema de Stan Getz et Gilberto Gil sur la chaîne hi-fi du salon. Immédiatement, je sais. Je sais que cette journée va être belle. C’est ma mère qui a envie de célébrer la vie. Elle ouvre les volets sur cette belle journée de printemps, pour laisser entrer le soleil et le chant des oiseaux dans notre maison.
Tout est là : l’odeur de la bombe pour lustrer les meubles en bois, les plantes qu’on arrose et qui grimpent jusqu’au plafond, notre canapé en cuir et ma mère qui danse. Son sourire en dit long sur sa gratitude d’être là aujourd’hui, avec nous. C’est vrai, qui aurait pu l’imaginer ? Je la regarde et je l’aime.
Aurai-je un jour besoin de plus que de cette mère qui transforme instantanément toutes les difficultés en cadeaux de la vie ?
Tout se lit sur son visage, les émotions sont palpables. Je reconnais la joie dans ses yeux bleus de ne plus devoir attendre après cette saison porteuse d’espoirs : le printemps est arrivé. Enfin les tulipes éclosent et les arbres fleurissent.
Sa force tranquille me stimule et m’apaise, et j’ai tout envie d’apprendre de cette femme aimante. L’optimisme, l’amour, la persévérance, la force et surtout, la joie.
Aurai-je un jour besoin de plus que de cette mère qui transforme instantanément toutes les difficultés en cadeaux de la vie ?
Elle m’enseigne que la force naît dans les choses simples : notre famille, nos sourires, et nos vacances au Portugal. Je la regarde et je l’aime. Toute ma vie, je voudrais pouvoir danser sur cette bossa-nova avec elle.
Je suis un peu intense. Je le sais. C’est toujours moi qui crie pour avoir un bonbon ou du rabe de dessins animés. Je ne veux pas que ma mère s’éloigne et j’ai peur d’aller à l’école si Marina, ma grande sœur, n’est pas là. Je suis comme ça, j’aime qu’on me tienne la main pour me rassurer et j’en redemande souvent.
Je peux aussi passer des heures à m’inventer des histoires, seule dans le jardin. Mais ce que j’aime le plus, c’est être avec ma sœur.
Je ne sais pas comment ça se fait, mais je crois qu’elle sait déjà être une maman. C’est indéniablement la personne qui me connaît le mieux. Parfois, elle dit que je pleure pour rien. Parfois aussi, elle s’amuse à m’embêter. Mais la vérité, c’est que c’est plus souvent l’inverse.
Peut-être qu’avoir une grande sœur, c’est s’offrir le luxe d’avoir une maman de plus dans sa vie ?
La mienne, elle a compris que je déteste me séparer de nos parents et que j’ai peur du noir. Alors, elle dort avec moi pour me tenir la main quand je fais des cauchemars. Elle m’accompagne à l’école, chez mamie et chez mes copines. Elle accepte que je la suive partout, même si ça implique de risquer de voir ses secrets d’ado déballés pendant les repas de famille.
Peut-être qu’avoir une grande sœur c’est s’offrir le luxe d’avoir une maman de plus dans sa vie ?
Être la petite parfois ça veut dire avoir peur de ne jamais être assez, de ne pas suffire. C’est vrai, dès notre naissance on sait qu’on ne sera jamais la première de notre famille.
Mais moi grâce à ma sœur, je n’ai jamais craint d’être la dernière, de manquer, de rater ou de perdre. Parce que j’ai une maman de plus pour me rattraper quand je tombe.
À la maison, on n’a jamais de Kinder Délice au goûter. Papa dit que c’est trop cher. Ici, c’est un morceau de pain avec du beurre. Et, parce qu’on n’a pas de Nutella non plus, on met du Benco par-dessus.
Mais même si je râle, j’adore la sensation du cacao en poudre qui vient fondre sur ma tartine puis sur ma langue.
Aujourd’hui, Maman a trouvé une idée pour qu’on finisse notre bol de chocolat au lait. Elle nous a acheté des pailles en plastique qui font des loopings. Et je suis tellement fascinée de voir le lait la parcourir, que je suis prête à boire un bol de plus.
Je pourrais passer des heures à regarder ce spectacle, qui comble ma soif d’apprendre. J’aspire une gorgée, et voilà que le contenu s’engouffre au milieu des boucles. Puis je le lâche, et il retombe. Je me délecte de voir mon chocolat chaud monter et descendre en rythme.
Peut-être bien que le bonheur n’a pas besoin d’artifice pour être ? Peut-être qu’il a juste besoin d’un bol de lait et d’une paille qui fait des loopings ?
Maman s’impatiente, papa me gronde, ce n’est pas propre et on ne joue pas avec la nourriture.
Moi ce que je me demande à cet instant c’est si leurs yeux d’adultes voient toujours la magie que j’arrive à percevoir dans mon goûter là, tout de suite ?
Peut-être bien que le bonheur n’a pas besoin d’artifice pour exister ? Peut-être qu’il a juste besoin d’un bol de lait et d’une paille qui fait des loopings ?
Qui suis-je ?
Je ne crois pas que l’enfance se questionne sur l’essence même de ce qu’elle est, elle se contente de vivre le présent.
Si seulement on pouvait toujours garder à l’esprit qu’on a des rêves à réaliser et non des personnes à convaincre.
J’ai l’impression que ça fait déjà des heures qu’on roule. Mal installée entre ma sœur et les sacs qui ne rentraient plus dans le coffre, j’ai envie de m’impatienter à mon tour.
« On est bientôt arrivés ? » je demande à Maman qui regarde la carte avec attention alors que papa répète avec certitude que cette année, il ne se trompera pas.
« On doit toujours suivre la route de l’aéroport, je te dis ! »
Maman est certaine de l’inverse. Malgré tout, elle prend le temps de me répondre :
« On n’a même pas fait la moitié ma chérie ! »
Et moi je ne sais même plus si je suis fatiguée du trajet ou seulement pressée d’arriver. Heureusement, après une pause sur une aire d’autoroute qui sent le café mélangé à la bière, les Eagles nous invitent dans leur Hotel California.
J’adore ces arrêts, on mange des sandwichs à la tortilla et Papa m’accompagne mettre une pièce dans la machine à sous. Je ne sais pas si c’est la naïveté ou un excès d’optimisme, mais on est à chaque fois persuadés qu’on verra s’afficher les tant espérés trois 7 !
Là où on se rend chaque année, avec 5 voitures en file indienne, ça sent l’iode et l’eucalyptus.
Là où on se rend chaque année, je sais surtout que je vais retrouver un Papa heureux et une Maman ressourcée. Une famille rassemblée qui va essayer, de tout son cœur, de se supporter pendant 15 jours.
Là où on se rend chaque année, je retrouve l’odeur des sardines qui cuisent sur le barbecue, le goût des croquettes de viande de Ciel, la crème aux œufs du Molotoff de Bemvinda et les bibelots qu’il ne faut pas casser dans les escaliers.
Là où on se rend chaque année, je crois que c’est surtout moi que je retrouve. Au milieu de cette smala mal organisée et de ces kilos de nourriture, je suis certaine que je ne voudrais être nulle part ailleurs.
Je crois que ma vraie maison, elle est ici.
Papi dit que je pleurniche tout le temps.
Mamie dit que je parle trop à table.
Avo dit que je ne mange rien.
Maman dit que je suis collée à elle.
Papa dit que je suis câline.
Marina dit que je suis une rapporteuse.
Michel dit que je regarde en bouche les mêmes dessins animés,
Lucas dit que je veux toujours donner mon avis,
Paula dit que je chante bien,
Johana dit que je parle bien portugais,
La maîtresse dit que j’ai beaucoup d’imagination,
Bastien dit que je suis son amoureuse,
Sophie dit que je suis sa meilleure amie.
Claire dit que je fais du yaourt en anglais,
Moi dans tout ça, je me demande si toutes ces cases sont vraiment adaptées pour moi ?
Parce que si je prends le temps de m’observer un peu, je dirais que je suis créative, que je n’aime pas courir, que je suis bordélique, mais organisée, que je retiens les paroles des chansons après les avoir écoutées une seule fois, que je rêve de participer à Graines de Star et que j’ai peur de dormir seule.
C’est ce que je suis aujourd’hui. Mais qu’en sera-t-il demain ? Je me demande souvent ce qui est de l’ordre de l’acquis et ce qui est naturellement présent à notre naissance ?
Parce que finalement, j’essaie simplement d’être moi.
J’adore chanter. Avec Sophie, on écrit même nos propres chansons en imaginant volontiers qu’elles feront un tabac. Et on y associe des chorégraphies : on monte de beaux spectacles. Il m’arrive de me demander si c’est un truc de petites filles ou si c’est nous qui sommes douées pour ça ?
J’attache beaucoup d’importance à ce que pense mon entourage, parfois je crains de n’être plus que ce que l’on attend de moi.
Alors je suis fascinée par les personnes passionnées, capables d’afficher clairement leurs goûts.
Moi, de plus en plus souvent, j’ai cette étrange sensation d’être une généraliste plus qu’une jusqu’au-boutiste. Une touche-à-tout, mais qui n’y connaît vraiment rien.