Tous accros aux écrans - Alexis Peschard - E-Book

Tous accros aux écrans E-Book

Alexis Peschard

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Beschreibung

Télétravail, réseaux sociaux, e-commerce, appels visio, jeux… Nous sommes aujourd’hui confrontés en permanence aux écrans. Cette omniprésence a amené de nouvelles formes d’addictions, dont on ne mesure pas encore tout le danger ni l’ampleur. Comme les autres addictions, les cyberdépendances engendrent des désordres pathologiques dont les dégâts comportementaux et psychiques commencent seulement à être révélés.

Alors comment savoir si vous êtes cyberdépendant ? Comment décrocher de vos écrans ? Êtes-vous capable de ne pas utiliser votre téléphone pendant une journée ? Quelles stratégies pouvez-vous déployer pour limiter votre usage quotidien des écrans ?

Dans Tous accros aux écrans, Alexis Peschard accompagne les personnes touchées par la cyberdépendance mais également leur entourage qui se retrouve souvent démuni face à ces nouvelles addictions. Il propose des tests d’autoévaluation, des témoignages commentés, des outils de prévention et des conseils pratiques pour identifier son degré de dépendance et se distancier des écrans dans un cadre privé ou professionnel.

Un guide pratique pour sortir de la spirale de la dépendance aux écrans et retrouver la liberté !


À PROPOS DE L'AUTEUR

Addictologue, Alexis Peschard a fondé GAE Conseil en 2014, un cabinet de prévention des pratiques addictives en milieu professionnel. Il intervient avec son équipe sur des missions de conseil, de sensibilisation, formation et accompagnement de salariés en difficulté. Il est reconnu comme l’un des plus grands experts en cyberdépendance en France.

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Tous accros aux écrans

Alexis PeschardPréface du Pr. Éric Allaire

Tous accros aux écrans

Cyberdépendances : que faire et comment en sortir ?

« Les souffrances morales, auprès desquelles pâlissent les douleurs physiques, excitent cependant moins de pitié, parce qu’on ne les voit point1. »

Honoré de Balzac

1. Balzac (H.) (1844), Le Colonel Chabert, Paris, Flammarion, 2017, p. 51.

Note de l’auteur :

Dans cet ouvrage, le genre masculin est utilisé dans le seul but d’alléger le texte, et ce, sans préjudice pour la forme féminine.

Préface

Nous connaissons l’alcoolisme, les effets dévastateurs des drogues. Alexis Peschard, addictologue incontournable dans le champ de la prévention en milieu professionnel et chef d’entreprise, nous apprend à mettre des mots sur les comportements addictifs du quotidien en lien avec les nouvelles technologies, plates-formes d’achats, écrans, etc.

Il existe un point commun entre une bière le matin, les yeux rougis par l’écran d’un smartphone à minuit, la réponse à un mail professionnel au cœur des vacances : le fonctionnement de notre cerveau et le rapport particulier qu’il entretient avec le plaisir, le manque et, au bout du chemin des neurotransmetteurs, la dépendance. Les neurosciences nous ont appris que la recherche de plaisir a une face sombre : la quête de la récompense active des circuits moléculaires qui nous fait perdre la liberté de dire non, nous rendant dépendants au point de renoncer à nos intérêts personnels, familiaux ou professionnels.

Les deux siècles passés ont connu les dépendances aux drogues et à l’alcool. Le premier quart du XXIe siècle nous plonge dans des dépendances d’un genre nouveau. Les murs de nos nouvelles prisons ne sont pas des produits dangereux, identifiés comme tels – tabac, alcool, drogues. Le nom générique de ces « toxicomanies » post-industrielles est « cyber­dépendance ». Ce sont des addictions sans substance, à vrai dire sans matérialité. Elles naissent aussi vite que les innovations numériques, elles sont très attractives, dévastatrices chez certains.

Il faut du temps à l’esprit humain pour saisir l’ampleur et les particularités d’une problématique nouvelle. Nous avons tendance à limiter nos analyses à ce que nous connaissons déjà. La cyberdépendance n’est pas réductible aux addictions du XXIe siècle. Pour une raison aussi simple que concrète : elle est véhiculée par un écran d’ordinateur, un smartphone, une tablette numérique, autant dire par ce qui nous relie à nos collègues de travail, à nos enfants, à nos amis, pour entretenir cette nouvelle sociabilité, pour travailler, pour faire nos courses. Et à des systèmes de traitement de l’information qui se posent déjà comme une extension de notre cerveau. Séductions supplémentaires, la cyberdépendance se confond avec ce que la société propose de plus dynamique, positif et indispensable à la réussite individuelle et collective : la révolution numérique.

Les révolutions techniques sécrètent un environnement qui facilite les maladies qui leur sont propres. La révolution industrielle, et ses concentrations urbaines, a fait le lit de la tuberculose. La révolution numérique nous plonge, depuis une décennie à peine, dans des mondes sans réalité matérielle, des relations interpersonnelles médiées par des réseaux, un travail éloigné des collègues. Certes, elle favorise la sédentarité et ses conséquences cardio-vasculaires bien connues, mais elle génère également des troubles qui lui sont propres, conséquences de la disponibilité sans limites de la tentation, sans référence au réel. Les troubles qu’elle engendre ne sont pas seulement la conséquence de fragilités personnelles. Les cyberdépendances ne sont pas la simple conséquence de fragilités personnelles prédisposantes, mais la résultante de mécanismes propres qu’il nous faut décoder. C’est une entreprise passionnante, qui nous renseigne sur l’étonnante adaptabilité des humains aux conditions nouvelles de vie, mais aussi à nos failles. Le chirurgien vasculaire et spécialiste des troubles de l’érection qui écrit ces lignes sait combien la cyberdépendance à la pornographie sur smartphone est une menace pour l’équilibre affectif et sexuel de toute la génération qui se construit.

Gageons que, comme la révolution industrielle a créé les épidémies meurtrières de tuberculose et aussi généré la pensée et les outils qui ont permis l’identification du bacille de Koch, les vaccins et antibiotiques, la révolution numérique nous apportera les moyens d’appréhender et de traiter les cyberdépendances. Encore faut-il que les individus et les décideurs mesurent les responsabilités sociétales qui leur incombent. Apprendre à identifier, d’abord. Alexis Peschard explique avec l’acuité du praticien et du préventeur deux difficultés. La première, que l’intrication des cyberdépendances avec notre vie numérique quotidienne rend difficile la détection d’une cyberdépendance : la différence est ténue entre un employé motivé rivé au smartphone de son entreprise et une victime d’addiction au travail aliénée au point de mettre sa santé et sa vie personnelle en danger. La seconde est qu’il est d’autant plus difficile de se soustraire à l’objet de la dépendance que les outils numériques sont avec nous tout le temps et partout. Il est donc très compliqué d’éviter l’objet de la tentation et de progresser vers la guérison ou l’abstinence.

Il est temps de transmettre les informations dont nous disposons déjà, les premiers outils d’évaluation des cyber­dépendances et conseils adaptés pour prévenir ces risques. Les usagers du monde moderne doivent être informés et formés, en citoyens, parents, responsables d’entreprise, pour protéger ceux dont ils sont responsables, ceux dont ils organisent l’exposition à ce qui peut devenir un poison immatériel.

Bonne lecture !

Pr Éric Allaire, membre de l’Académie nationale de chirurgie, ancien directeur d’unité au CNRS,ancien président du conseil scientifique de la Fondation de l’Avenir pour la recherche médicale

Introduction

La cyberdépendance, c’est Nathan qui trouve n’importe quel prétexte pour éviter de sortir avec sa compagne afin de rester seul chez lui pour jouer en ligne. C’est Estelle qui a longtemps caché sa passion pour le poker en ligne ; jusqu’au confinement du printemps 2020, où son mari a découvert une véritable addiction et la montagne de mensonges derrière laquelle Estelle l’a cachée. C’est Caroline qui a le sentiment d’avoir perdu le contrôle d’une vie dont les moindres détails sont réglés par ses trois smartphones. C’est Astrid qui donne sa vie pour sa start-up, au point de se relever la nuit pour le seul plaisir de voir sa courbe de chiffre d’affaires s’envoler. C’est aussi Lilian qui descend les séries « cul sec », Jean qui s’est fait prendre au bureau en train de regarder du porno ou encore Michel qui se shoote aux achats en ligne… Ils n’ont ni le même âge, ni le même parcours de vie, mais ils ont en commun une passion si dévorante qu’elle a pu les conduire au licenciement, au divorce ou au surendettement et, toujours au bout du chemin, à la spirale de l’addiction et parfois de la dépression.

Comme toutes les addictions comportementales, la cyberdépendance est difficile à détecter : quelle est la différence entre Astrid la workaholic et un télétravailleur lambda durant le confinement ? À partir de quand peut-on réellement parler d’addiction ? La dépendance se mesure-t-elle en temps passé sur les écrans ? En taux d’occupation du cerveau ? En argent jeté par les fenêtres ? En isolement social ? La frontière est d’autant plus complexe à identifier que les addictions comportementales se fondent sur des pratiques socialement valorisées qui, pour certaines, font partie de notre vie quotidienne moderne : il faut être connecté pour être performant dans son travail, avoir une vie sociale riche, programmer ses loisirs… Les pratiques addictives agissent par ailleurs sur les mécanismes neuronaux en déréglant le circuit de la récompense ; dès lors, au fil du temps, la pratique addictive devient la seule source possible de plaisir et de bien-être. Avec des besoins de consommation toujours plus élevés pour atteindre le même niveau de satisfaction. Enfin, les mécanismes de déni sont puissants, tant ceux de la personne dépendante que ceux de son entourage ; nous jouons tous un rôle dans la construction d’une addiction. Il faut alors faire appel à un spécialiste pour poser les bons mots sur la situation. Et ainsi se rendre compte que celle qui se voit en fashion victim est en réalité une acheteuse compulsive, que le jeune nerd dont on admire les talents de hackerest passé depuis longtemps du côté obscur de la dépendance et que l’influenceur qui a fait d’Instagram un business ne sait plus faire la différence entre sa vitrine et sa vie réelle…

Addictologue spécialiste de la prévention des conduites addictives en milieu professionnel, depuis une dizaine d’années, je suis un expert reconnu de la prise en charge de toutes les formes d’addiction. J’accompagne les personnes dépendantes ainsi que leur entourage familial ou professionnel pour les aider à prendre conscience du problème et trouver les moyens d’en sortir durablement. J’interviens également en conseil et je mène des actions de prévention primaire (avant que l’addiction ne s’installe) auprès des entreprises et collectivités que j’accompagne avec mon équipe. Le chemin vers la libération peut être ardu. Car, à l’instar des troubles alimentaires, les cyberdépendances présentent une difficulté spécifique : on peut se passer de drogue ou d’alcool, mais il est impossible de vivre sans manger ; de même, dans un monde ultra-connecté, où il est difficile d’avoir une vie professionnelle et sociale sans smartphone, les personnes dépendantes ont en permanence l’objet de leur addiction sous les yeux… La sobriété émotionnelle sera préférable à l’abstinence totale.

Dans cet ouvrage, à l’aide de questionnaires pratiques et scientifiquement validés, je vous propose d’évaluer votre degré de pratique aux jeux, aux achats en ligne, aux réseaux sociaux, à la pornographie, etc. Je vous présenterai également des solutions concrètes pour sortir de la dépendance, accompagner un proche et vous aider à vous positionner vis-à-vis des écrans. Vous trouverez également des ressources, organisations et associations, qui pourront vous accompagner si nécessaire. La lecture de cet ouvrage est une première étape vers la prise de conscience et la sortie éventuelle du déni. Ce n’est que le début du chemin.

Bon voyage.

CHAPITRE 1 Qu’est-ce que la cyberdépendance ?

Du plaisir à l’addiction…

La maladie du siècle est bien celle de la dépendance. Les addictions reflètent notre société et notre culture… Avant qu’elles soient reconnues comme des maladies à part entière, l’approche relevait davantage du religieux et de la morale. Aujourd’hui, nous sommes invités à interroger notre rapport à la liberté, car c’est précisément le sujet dont il s’agit dans notre environnement de surconsommation et d’instantanéité. Sommes-nous libres et indépendants dans notre rapport à notre smartphone ? Sommes-nous libres dans notre pratique des réseaux sociaux ? Sommes-nous libres dans notre rapport au travail et dans l’utilisation des outils de communication modernes ? Sommes-nous libres dans l’usage des écrans d’une manière générale et dans notre rapport aux sources d’information en continu ? Quelle place ces pratiques prennent-elles dans notre vie quotidienne, en regard de nos relations sociales, de nos activités, de notre santé, de notre travail ? Sont-elles sources de satisfaction, de plaisir ou, à l’inverse, de mal-être et de coupure sociale ? Restons-nous objectivement libres ? Où se situe la frontière entre de mauvaises habitudes et de réelles addictions, entre une pratique à risque et un rapport pathologique ? Nous pouvons tous nous poser ces questions !

Pratique addictive ou addiction ?

Le mot « addiction » est un terme en vogue, à la limite du concept marketing. Nous le retrouvons quotidiennement à la télévision, à la radio, dans la mode, la publicité, les transports en commun, etc. Le célèbre couturier Christian Dior a même créé le parfum Dior Addict… À écouter le discours ambiant, nous serions tous addicts à quelque chose ! Mais ce terme est mal employé : souvent hors contexte, il s’extrait de la sphère médico-psychologique. En effet, l’addiction est une maladie chronique complexe au parcours tout aussi chaotique que singulier, au sein duquel les personnes souffrent mais également leur entourage familial, personnel et professionnel. Lors des phases aiguës, lorsque l’addiction s’est installée depuis plusieurs années, la personne malade est celle dont tout le monde parle mais à qui on ne parle plus… Il est dès lors essentiel de distinguer ce qui relève d’une pratique addictive de ce qui relève véritablement d’une addiction, au sens de la maladie chronique :

– La pratique addictive recouvre l’ensemble des niveaux d’usage : imaginez un continuum allant d’une pratique minime à une pratique pathologique. Il y a quelques années, les professionnels de santé envisageaient une approche par usage (de l’usage simple à l’abus, en passant par l’usage à risque et la dépendance). Aujourd’hui, nous considérons davantage, dans une approche clinique plus fine, la relation entretenue par un individu à sa ou ses pratiques addictives avec une approche critériologique, telle que le temps consacré à une addiction, la tolérance, l’usage ou la pratique, en dépit des conséquences négatives, le craving (besoin impérieux et irrépressible de consommer la substance ou de jouer), etc. Cette approche par critère a émergé sous l’influence de la psychiatrie nord-américaine avec la publication du DSM – Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux publié par l’Association américaine de psychiatrie. En matière de prévention primaire2 et de santé publique, la pratique addictive est la plus ciblée, car elle concerne le plus grand nombre et permet une intervention précoce, c’est-à-dire avant que la pratique ne devienne addiction ;

– L’addiction est une maladie chronique à part entière et concerne donc moins de personnes. En tant que maladie, elle nécessite non plus une approche exclusive par la prévention mais un accompagnement spécialisé et pluridisciplinaire (médical, psychologique, social, etc.). Elle se caractérise par la notion de dépendance, en dépit de l’ensemble des conséquences négatives pour l’individu.

Des facteurs de risques multiples

L’addiction est donc une maladie, que l’on pourrait qualifier de « bio-psycho-sociale », dont les facteurs de risques sont d’origines multiples. L’origine latine, addicere,