Tout à fait nuit - Salomé Merit - E-Book

Tout à fait nuit E-Book

Salomé Merit

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Beschreibung

À Grenade, Luisa s'ennuie tenue par les injonctions d'une société traditionnelle et celles des nouvelles générations. Elle incarne l'anti-héroine de ce monde d'idées. À contre-courant, elle sieste devant le music-hall quand la ville entière manifeste. Agnostique, nihiliste ou simplement détachée, Luisa apparaît inconsciente. Alors sommes-nous responsables de notre réalité? Doit-on vraiment attendre de Dieu? Luisa laisse les possibilités ouvertes et sans réponse. Son absurde est sublime. Elle inspirera forcément à la liberté.

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Seitenzahl: 143

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Illustrateur — Roberto Contreras

Sommaire

Pêches Shiraz

76

Afrique

Goyaves

Cancan

Baisers sucrés

Rita

Gypsy swing

Caravane

Chichis

Samedi

Bijoux de vingt-neuf sous

Nanana

Ezzahi

Bonne route

Chalutier

Brûlante de bijoux

Incantation

Gorge pleine de fleurs

Informel

L’été

Azahars

Danzarina

Moucharabieh

Serpent d’Afrique

Cassette

Vacances

Du même auteur

À propos de l’auteur

Pêches Shiraz

Le Printemps 96 bat des records. Les pics de chaleur sont remarquables soupirent les persiennes de l’immeuble. Grenade baigne dans les azahars. La concierge s’assoupit; le tablier desserré, le tabac à mâcher encore dans la bouche. Les messes chantent. Chez Luisa ça fait Coco Tropico. Et elle se déhanche innocemment, le jean à la taille, les joncs au poignet qu’elle agite noblement maniéré.

Ce printemps là, quelque chose de transcendant a pris Luisa. Et elle sentit que son monde entier devait radicalement changer. Mais aux persiennes du deuxième, Rizlane est étendue dans une baignoire d’eau tiède, comme d’habitude. Le chauffe-eau est en panne et Om shanti shanti shanti tourne en boucle. Un perroquet colore l’image de ce printemps 96.

Au grenier, Luisa laisse ses sandales de poussière et sa robe bariolée sur la zellige. Elle n’a gardé que ses bijoux et peigne ses longues mèches brunes de gestes sonores. Elle passe de la rumba, oubliant les persiennes voisines. Le perroquet reprend les échos du métal. Luisa est insouciante de l’heure. Elle essaie des poses et s’attrape une canette fraîche de Tropico. Les joncs tintent. La canette est rose et verte, comme l’oiseau. Est-ce là, la grande vie ?

La pub Tropico passe pour la troisième fois en une heure à la cantina. Larbi soupire, un torchon sur l’épaule, la misère sur l’autre. La cantina est pleine. Luisa sirote du Shiraz sans se dépêcher. Sous le crâne de taureau, la concierge se plaint des cent-dix pesetas le litre. Sa helado artesanal trempe le journal et déforme les chiffres pleins d’eau.

Un jour ordinaire aux quartiers populaires. Des hommes se salissent de cendres en fumant; contrariés du pétrole, des vacances à annuler, des femmes qui leur en voudront, c’est sûr. Luisa chante en tournant ses poignets dans les verres, indifférente de la chaleur et du monde. Elle attire l’attention, buvant de langoureuses gorgées par-dessus la vaisselle, devant l’immense carreau à la grenade fuchsia. Larbi la prie de mieux se comporter.

Mais un homme s’approche. Luisa colore ses lèvres de vin. Elle jouit du moment où on la regarde, parce que c’est si ennuyant quand il ne se passe rien. L’homme retire son chapeau pour les cacher. Luisa l’embrasse amusée, se fichant de qui il est.

Ce soir, elle le laissera baigner ses pêches de Shiraz. Ils seront ivres, ils ne s’ennuieront plus. C’est indécent dirait Ines. En plus, le Shiraz a été importé d’Iran par les français. Et Ines s’oppose à tout ce qui vient des colonies. D’ailleurs, l’été dernier elle pensait qu’il fallait se réserver pour l’homme avec qui on allait se marier. Enfin depuis, elle a changé d’avis. Elle prétend maintenant que la femme est libre, même si elle ne devrait pas se donner à n’importe qui.

Luisa trouve ça imprécis et dans le fond, elle se fout d’où le Shiraz vient et les règles l’étouffent. Elle supporte mieux la chaleur. Elle se sert d’un cum — jolie carafe persane — un nouveau verre et tend un bras vers le poste de télé, les joncs chantant. Elle tourne le volume des clips. Les fils suspendus de dattes font comme des rideaux. Luisa imite les danseuses de cabaret. Israfil lit par-dessus les clips, Les Orientales qu’il a chiné au souq. Les espadrilles lui tombent des pieds.

Quand par un soir d'été Grenade dans ses plaines Répand ses femmes et ses fleurs L'Arabie est son aïeule Les maures, pour elle seule Joueraient l'Asie et l'Afrique…

Le large ventilateur brasse lentement l’air de la cantina, chargé de café. Les amis de Larbi se moquent des poèmes. Ils éteignent les clips pour parier sur les taureaux. Ils débordent des tabourets sur leurs ventres rebondissants. Leurs fronts sont trempés de sueur. Luisa leur rend la monnaie de leur pièce. Mais en vrai, elle se fiche de leurs remarques. Israfil ne dit rien, convaincu qu’on ne change pas les gens si tard. Luisa n’en pense rien. Elle laisse être les hommes qui ils sont et continue son spectacle.

76

Rizlane sert le thé sur la nappe de la télévision. Le music-hall est branché. Évanouie dans sa berceuse en rotin, elle fait chanter son perroquet. Les trois soucoupes sont fleuries. De ravissants quartiers de citrons flottent délicatement. Rizlane s’applique. Elle attend Maurice.

Il prenait le thé après ses journées au consulat d’Algérie. Luisa ne dit rien. Il ne viendra pas mais la télé joue ses chansons et la mémoire ses tours. La réalité n’a pas besoin d’être exacte pour en discuter selon elle. Maurice est reparti depuis 76 à Oran. Luisa ne l’a pas connu. Rizlane ajoute des feuilles à son thé, fragile dans sa robe à cerises.

Luisa ouvre les Mille et Une Nuits pour divertir sa mère. Mais l’histoire porte sur Qamar al-Zamâne et sa princesse, chaque fois séparés malgré leur amour. Rizlane fait tomber sa tasse. Elle a les genoux pleins de pétales. Il fait trente degrés. Luisa se dit qu’un peu d’eau ne la dérangera pas. Elle laisse la lecture au perroquet, balançant la berceuse et elle s’installe devant la télé. Elle retire son jean et imite les danses du Tout-Paris. La chaleur crée une sorte d’hypnose. On dirait que Luisa grésille aussi. Ses hanches semblent se décaler par magie. Est-elle au moins réelle ?

Ses mains en cuivre trouvent les bijoux de Rizlane sur la table basse. Elles passent deux têtes d’oiseaux dorées aux oreilles et la voix du perroquet résonne avec les clips. Luisa pose son thé sur la télé. Il inonde la nappe et fait briller le music-hall. Elle ondule, comme pour flotter. Il fait bon d’être libre.

À la cantina, Israfil baille dans ses lectures existentialistes que sa sœur Ines lui a données à lire. Mais en fait, Israfil se pense nihiliste. Luisa se tord sur son tabouret à fleurs.

« C’est à dire ? » demande t-elle joyeusement.

À côté, des hommes crachent dans leurs mouchoirs et s’épongent le front.

Israfil n’aime pas ce réel, médiocre et ennuyant. Pourtant il dit que tout dans le monde se vaut et est équivalent. Comme si rien n’était vraiment subjectif d’une certaine façon. Luisa jubile tellement que les fleurs peintes s’épanouissent. Elle trouve le nihilisme merveilleux. C’est pour ça qu’Israfil adore Luisa. Elle est exaltante, à rire dans sa grenadine d’une doctrine pesante. Elle fait de la réalité un vaste espace où les murs défraîchis prennent de vives couleurs.

Les hommes sont magnifiés; les peaux brunies par le soleil, les allures fières. Luisa rend à la vie son romantisme. Les piles d’assiettes font comme un fond cinématographique pale et précieux; devant lequel Luisa se distingue. Ses cheveux nuits ressortent, ses exquises hanches tenues par son tablier aussi. Si le nihilisme est réel, Luisa aimerait peut-être un jour Israfil se disait-il. Il n’y avait aucune raison qu’elle le fasse, mais aussi aucune qu’elle ne le fasse pas.

Pourtant, Luisa se cambre en riant à une table voisine. Les fleurs peintes se fanent. Israfil referme ses lectures, incapable de penser. La cantina est comme tous les jours. Les triangles de fêtes y sont suspendus depuis l’été dernier. Luisa n’a pas changé. Elle aime toujours s’amuser. C’est plus fort qu’elle.

Ines apparaît. Israfil lui tend l’article qu’il a fait sur le pétrole. Luisa pense à sa concierge qui chiquait la même colère. Elle ne sait pas ce qui surprend autant les gens puisque selon elle, la politique est toujours comme ça, bordélique. Ines déclare qu’il faut distribuer le journal à la cantina. Luisa dit que la presse du parti n’intéresse personne.

Mais elle s’amuse et prend déjà les journaux, mimant leur distribution en se déhanchant comme dans un spectacle. Larbi la prévient de ne pas distraire par ses excentricités. Ces temps-ci sont très sérieux. Mais tout est toujours si sérieux de toute façon…

« Oh alors je ne distribue pas le journal ? » rit Luisa.

Dimanche le peuple votera. Larbi espère voir la gauche passer. Ses aînés se sont battus pour l’indépendance de l’Algérie. Et si Larbi a du quitter le pays avec les enfants — Ines et Israfil — il perpétue sa politique à Grenade. Il avale un verre de cherbet — boisson algérienne — et frotte ses yeux. Les ventilateurs tournent en tintant. Ines prie Luisa de faire passer le journal aux plus de mains possibles. Luisa l’ouvre au hasard et chante innocemment. Larbi lui a dit cent fois de ne pas crier. Mais elle continue de le faire.

« Cent-dix pesetaaaas, n’est ce pas insensé… »

Afrique

Ines révise un discours. L’oranger lui fait des boucles d’oreilles. Elle parait adoucie. Israfil et Luisa recrachent la fumée des Marquise à une table du fond. Luisa laisse la sienne fumer dans le cendrier, juste comme ça, parce qu’elle s’en fiche. Ines juge ça ridicule. Elle n’aime pas la cigarette, encore moins la Marquise française au titre de noblesse. Luisa rit. Pour elle, c’est juste une cigarette.

Elle disparaît quinze minutes avant le discours politique; se doucher dans l’arrière-boutique de la cantina. On l’entend chanter Sous le ciel d’Afrique de Baker dans la pièce principale. Ines est hors d’elle. Luisa réapparaît les cheveux trempés, révélant sous son haut deux seins innocents. Ines la prend par le bras. Luisa ne voit pas ce qu’il y a de si dérangeant. Elle pense le printemps si bon quand il trouve la moiteur de sa peau. Elle repasse derrière le bar et s’ennuie. Elle pèse ses bijoux dans la balance. Ils sont aussi lourds que cette vie toujours restrictive. Mais elle oublie. La mousse des cervezas déborde sur les affiches politiques, faisant des moustaches aux candidats. Elle s’en amuse, inventant des auras à n’importe quel homme, se demandant lequel d’entre eux semble être assez attirant pour remporter l’élection. Ines la pense inconsciente. Il faut tenir des positions certaines, et ça même si les andalouses ont le voile défait d’opinions.

Luisa est affalée sur sa chaise d’osier, les pieds nus sur un tapis jeté négligemment. Elle s’allume une nouvelle Marquise. Elle s’en donne l’air, pour aussi se faire élire en favorite par l’un des hommes. Elle aime ceux aux débardeurs, les autres aux bandanas. Elle s’imagine chanter pour eux, libre et nue. C’est plus intéressant que la politique à la télé.

« Hachuma ? » propose l’un d’eux dans un salon.

La boisson est hallucinogène. Luisa retire ses étoffes et s’accroupit sur la margelle. De profil, elle avale de grandes gorgées. Ses précieuses babioles — deux petites grenades de cuivre — se balancent. Elle demande un cigare et se sert déjà dans l’étui. L’homme retire la fleur de cassie qu’il a à l’oreille, l’offrant pleine de compliments à celle de Luisa. Luisa est nue, la fleur aux cheveux, les bijoux la décorant. Son teint est chaud lorsque l’homme attrape ses babioles pour l’embrasser. Puis il prétend faire de la magie et fait disparaitre ses bijoux. Luisa se tord de rire. Le cuivre brille sur son corps mat; brille, appelle. Elle demande à disparaitre elle-même juste pour mettre l’homme au défi.

« Et si j’y arrive, muchacha ? »

Luisa hausse les épaules et lâche remarquablement sa nuque. Elle se fiche de savoir si le tour réussira. Elle est convaincue d’un autre réel, plus libre; où elle pourrait s’incarner autrement. Elle n’a pas peur de quitter ce monde. Elle fixe l’homme de ses yeux kaaba et tire avec douceur sur le cigare. Ses lèvres brillent; brillent, appellent. L’homme renonce à ses tours et lui fait l’amour. Il faut qu’elle reste là, incarné dans ce corps si exaltant.

Luisa joue avec les pièces de monnaie au soleil. Elle fait apparaître sur les murs de la cantina de grands cercles éclairés, comme des passages vers un monde de lumière. Dans le reste de la pièce, les ouvriers baignent dans la pénombre, les yeux noyés dans les obscurs thés de Marruecos. Ines distribue ses journaux, empruntant la canne de la concierge pour démontrer ses idées. Mais la vieille andalouse croit plutôt en son dieu.

D’ailleurs elle prétend que si le peuple voulait bien le prier avec elle, il se porterait mieux. Elle assure que dieu a un destin pour Grenade, mais comme elle chique son tabac, s’en remplissant la bouche; Luisa ne comprend pas bien lequel. Qu’a décidé dieu pour elle qui se sent si détachée ? Rêver est-il une destinée ?

Larbi tourne les louches dans ses marmites. La mousse déborde sur de nouveaux candidats. Larbi râle dans sa barbe, trouvant la concierge crédule. Si c’est dieu qui donne, combien de temps faut-il attendre ? Luisa rit, amusée de ce qu’elle entend. Si c’est l’élu politique qui donne, combien de temps faut-il attendre aussi ?

Comme le monde n’a pas l’air de changer bientôt, Luisa décide de profiter de l’après-midi. Elle s’ouvre un Coca Cola et croise les jambes sur le bar. Israfil fatigue dans sa lecture de Sartre. D’ailleurs, Ines la lui autorise, juste parce que l’auteur a défendu l’Algérie dans le Manifeste. Sinon Ines n’aime pas les français. Elle ne manque jamais de rappeler que Luisa est fille de pieds-noirs et qu’elle devrait se la jouer discrète. Mais Luisa ne sait pas faire. Ses cheveux lui font une merveilleuse crinière sous le ventilateur. Elle ne passe pas inaperçue, jamais. Elle distrait n’importe qui, n’importe quand.

Dans une heure, un homme sera élu. Luisa invente des chansons, les jambes relevées sur le balcon de la cantina. Le fer forgé lui fait un charmant masque de carnaval. Mais Ines la pousse pour installer un projecteur. Les insectes s’y abîment les ailes, grésillant. La cantina se remplit. Les nuages pèsent.

Après des mois à débattre et hurler, seules les antennes vibrent. Luisa pique une louche, pour servir des verres de ponch qu’elle vient de faire par envie. Larbi la laisse, se disant que ça détendra peut-être l’atmosphère. Luisa est maintenant à genoux sur le comptoir, se cambrant pour servir les hommes du fond. La louche se noie dans la bassine orange et ses genoux sont de la même couleur cannelle que la boisson. Elle rit mais soudain, on la fait taire.

Les scores politiques s’affichent. L’orage éclate. Les insectes se brûlent entièrement sur le projecteur, tombant au fond du ponch. Leurs ailes ont des perles. Ce sont de beaux petits bijoux pense Luisa qui boit excessivement, emportée par la tension dans la pièce. Une radio sur un tapis sisal posée contre la carafe appelle aux manifestations. Ines crie au scandale. Israfil n’est même pas étonné des résultats, de la défaite.

Luisa passe entre les rangs de la cantina, proposant d’autres ponchs, profitant de se faire des pourboires. La soirée est exaltante. Elle l’aurait aussi été si l’autre parti avait gagné. Pour Luisa, la politique ne change rien. Elle croit surtout avoir oublié la vanille dans le ponch maintenant qu’elle y pense.

La chaleur pèse sur le divan dans le jardin. Ines s’étend aussi lasse. Israfil défait les figues de barbarie sans sentir la douleur. Il les offre à Luisa en consolation, mais Luisa n’est pas triste. Les mains violettes de bijoux, elle chantonne. L’orage est excitant et c’est toujours la canicule. Elle fait de l’air de son étoffe, révélant deux seins roses. Le jardin paraît si simple. Un matelas, du fer forgé et Luisa parfaitement libre.

Remarquant les petites mines de ses amis, elle passe deux figues à ses seins barbares se révoltant de la défaite. Mais Ines la corrige, prétendant que les figues viennent de Barbarie et que Luisa devrait réfléchir à tout ce qu’elle dit de déplacé. La Barbarie c’était l’Afrique du Nord et les gens n’avaient rien de barbare. Ines se lève et s’énerve du terme européen. Mais Luisa cherchait juste à la faire rire. Ça ne fait rien; elle allume un bang.

Israfil est troublé. La fumée s’espace dans le jardin; rendant aux tapis leur poussière d’origine et aux figues leur exotisme. Inspiré, Israfil sort un livre; l’Orientalisme. Ines songe sa lecture inappropriée, faite de clichés. Israfil défend l’art pour l’art et Luisa rêve d’un monde plus excentrique que leur barbante Andalousie, un monde où la politique ne compterait pas et où il n’y aurait plus de débats.

Ses tresses chaudes s’étirent le long de son cou. Elle expire une traînée de sable. Un désert s’étire, vermeil, magistral, orné d’émail. Elle lui donne du volume en exhalant. Le sable recouvre les journaux dans les mains d’Ines. Luisa s’excuse en riant. Israfil est absorbé par cette fille indolente, au milieu des rafales. Il s’imagine la suivre dans un Sahara de fantasmes, lui offrir l’Oasis dans de langoureux baisers, qu’importe ce qu’en dit sa sœur…

Luisa inspire au rêve, à la transgression. Ines prétend que ce n’est pas le moment de se laisser distraire; mais comment ? Israfil a la bouche sèche, remplie de