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Extrait : "1. Un arbre est le produit d'une graine. La graine est la partie du fruit qui renferme les éléments de la reproduction d'un nouveau végétal semblable à celui dont elle provient. Elle est constituée de deux parties : 1° l'amande ; 2° les enveloppes qui la recouvrent."
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Seitenzahl: 427
Veröffentlichungsjahr: 2016
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Il n’était pas dans mes idées de publier un livre, et je ne m’y serais jamais décidé sans la bienveillante insistance d’un grand nombre des auditeurs qui m’ont fait l’honneur de suivre mon cours. Ils ont désiré le résumé de mes leçons ; le leur refuser plus longtemps eût été de ma part de l’ingratitude.
Le livre que je soumets aujourd’hui au jugement des horticulteurs n’est donc, sauf quelques additions, que l’exposé des faits qui ont été le sujet de nos conférences publiques. Ces leçons, toutes pratiques, dans lesquelles j’ai essayé autant qu’il était en mon pouvoir de concourir au progrès de mon art, ont été commencées en 1836, à la Pépinière du Luxembourg, sous l’honorable patronage de M. le duc Decazes, alors grand référendaire de la Chambre des pairs. Elles ont été, pour ainsi dire, la continuation du cours professé par mon oncle, M. Hervy, ancien directeur de la Pépinière, et qui, un des premiers, a donné des leçons sur le terrain, la serpette à la main. J’ai voulu suivre en cela son exemple, persuadé qu’une science toute d’application ne peut bien s’enseigner qu’au moyen d’une démonstration raisonnée des faits.
Je n’ai pas cherché à innover ; je donne les préceptes que je considère comme les plus vrais et les plus avantageux, tout en apportant là où je l’ai cru nécessaire quelques améliorations qui m’ont été suggérées par mes observations personnelles. Je me suis efforcé d’être concis ; j’ai resserré le texte le plus possible, en y ajoutant des figures, dans la pensée que cette méthode était préférable, pour indiquer les diverses opérations, à une plus longue description, toujours fatigante, quand elle ne devient pas nuisible.
Cet ouvrage s’adresse principalement aux personnes qui n’ont aucune notion de l’art de la taille des arbres fruitiers ; aussi mon but a-t-il été de le rendre tout à fait élémentaire. Je n’ose espérer qu’il réponde entièrement à mon désir, mais je serai heureux si je puis être, par cette publication, de quelque utilité aux amateurs d’arboriculture, et surtout aux jeunes jardiniers, qui, je le reconnais avec satisfaction, cherchent plus que jamais à s’instruire et à honorer ainsi l’art auquel ils se consacrent.
Qu’il me soit permis, en terminant, de remercier ici le grand nombre d’auditeurs qui, depuis dix-huit années, ont suivi mes leçons. Je ne cesserai d’être reconnaissant de l’indulgence qu’ils ont toujours bien voulu me témoigner, et qui m’était si nécessaire. Puissé-je, en me rendant à leurs vœux, obtenir du public le même appui et la même sympathie !
Paris, 1er février 1853.
La cinquième édition de ce Traité est pour moi une occasion naturelle de remercier le public de la faveur qu’il a toujours accordée à mon livre. Cependant qu’on veuille bien me permettre d’offrir ici plus particulièrement l’expression de mes sentiments de vive gratitude aux nombreux auditeurs qui ont suivi mes leçons depuis 1836 jusqu’en 1859, c’est-à-dire pendant vingt-quatre années. C’est à leur pressante et bienveillante sollicitation que sont dues la publication de ce Traité et les améliorations dont il a été successivement l’objet. Son succès a dépassé de beaucoup mes espérances. Ainsi, outre les quatre éditions que j’ai publiées à Paris, et qui ont été rapidement épuisées, mon Traité a encore été traduit en langue allemande, et, de plus, il a été traduit et publié en langue hollandaise.
Il est un autre fait dont je dois encore remercier publiquement les personnes qui me font l’honneur de se dire mes élèves. À la veille de quitter la direction des jardins du Luxembourg que j’ai conservée à partir de 1816 jusqu’en 1859, les élèves du cours de 1858 ont voulu, à la fin de mes leçons de cette même année, me donner un haut témoignage de leur satisfaction et de leur estime : ils m’ont offert une médaille frappée à mon effigie et portant la relation de mes travaux. Cette rare distinction en a été la plus précieuse et la plus insigne récompense. Elle restera comme un souvenir impérissable de légitime conscience d’avoir rendu quelques services à l’horticulture. Et si je raconte ces faits, ce n’est pas, qu’on le croie bien, par un motif de vanité personnelle, mais pour constater une fois de plus combien l’arboriculture fruitière, cet art si utile, si fécond, est généralement appréciée, et combien aussi tendent à se répandre, tant en France qu’à l’étranger, les vrais principes sur lesquels repose cette importante branche de l’horticulture.
Pour moi, m’imposant dans ma retraite une tâche à laquelle je ne faillirai pas, je suivrai les progrès dont l’arboriculture est susceptible. Un jardin où j’ai réuni des collections d’arbres fruitiers et de vignes me permettra de publier dans mon Traité le résultat de mes observations, heureux de contribuer encore au développement d’une science à laquelle j’ai consacré ma vie. Puissent ainsi mes persévérants et constants efforts prouver au public ma reconnaissance envers lui et m’assurer la continuation de sa bienveillante sympathie !
Paris, 30 avril 1861.
La sixième édition de ce Traité que je fais paraître aujourd’hui a été, comme les précédentes, l’objet d’importantes additions. À l’époque où nous sommes, les propriétaires des jardins plantent peu en vue de l’avenir ; ils veulent des arbres qui leur rapportent promptement. Ont-ils tout à fait tort ? Nous ne le croyons pas. Il suffit, pour qu’ils soient complètement dans le vrai, que leurs jardins soient aménagés de telle sorte que de nouvelles plantations remplacent les anciennes au fur et à mesure que celles-ci doivent disparaître. C’est cette manière d’envisager la culture des arbres fruitiers qui a donné lieu au presque abandon des grandes formes et à l’adoption de plantations rapprochées, garnissant rapidement les murs, les contre-espaliers et même le terrain, et alors à la propagation de ce qu’on est convenu d’appeler les petites formes. Mais ces dernières peuvent-elles utilement être exagérées quant à leurs dimensions réduites ? Non. Il est une mesure qu’il importe de savoir garder, et c’est ce que je me suis appliqué à faire ressortir en proposant dans cette édition plusieurs de ces petites formes admises dans les jardins, et dont j’ai constaté dans ma pratique la valeur réelle.
Nous avons donc ajouté plusieurs nouvelles figures en les accompagnant des descriptions nécessaires pour les suivre et les obtenir, complétant en cela certains articles de la cinquième édition.
Ainsi tenu au courant des progrès incessants de l’arboriculture fruitière, mon Traité, je l’espère, continuera à mériter la faveur que le public a toujours bien voulu lui accorder.
Paris, 29 mars 1865.
L’auteur de ce livre m’a confié le soin d’en publier la septième édition et a voulu qu’elle fût mise à mon nom. Je me suis conformé, en cela, à sa volonté, heureux que mon père m’ait encore dans cette circonstance plus étroitement associé à ses travaux, dont il m’avait fait depuis longtemps le collaborateur.
Je ne puis mieux le remercier de ce nouveau témoignage de confiance qu’en m’efforçant de rendre ce Traité toujours digne de l’attention et de la faveur du public.
Cette édition contient donc quelques changements notables et des additions que je considère comme importantes au point de vue de l’enseignement de l’arboriculture fruitière. En même temps, au lieu de compliquer par des détails souvent peu utiles l’explication de certains procédés de culture, j’ai cherché au contraire à simplifier ceux-ci afin d’en rendre l’application plus facile.
En agissant de la sorte, j’ai eu pour but de mettre à même un plus grand nombre de personnes de s’occuper avec succès de la taille des arbres fruitiers. Je pense y parvenir et contribuer ainsi davantage aux progrès, déjà remarquables, d’un art dont les produits sont une si grande source de richesse pour notre pays.
Potager de Versailles, 2 janvier 1875.
1. Un arbre est le produit d’une graine. La graine est la partie du fruit qui renferme les éléments de la reproduction d’un nouveau végétal semblable à celui dont elle provient.
Elle est constituée de deux parties : 1° l’amande ; 2° les enveloppes qui la recouvrent.
L’amande contient l’embryon, qui est formé : 1° de la radicule, ou rudiment des racines ; 2° de la gemmule, ou rudiment de la tige ; 3° d’un ou de plusieurs cotylédons, ou feuilles séminales.
2. Une graine d’une maturité et d’une constitution parfaites, pour germer et donner naissance à un nouveau végétal, doit être mise, sous l’influence d’une certaine température, au contact de l’air et de l’humidité.
Si on la confie à une terre modérément humide, elle se gonfle en absorbant de l’eau, rompt ses enveloppes, et livre passage à la radicule, qui tend à s’enfoncer en terre pour former des racines, et à la gemmule, qui s’élève hors de terre pour constituer la tige.
3. Racine. – Dans les arbres fruitiers qui nous occupent, la racine est la partie qui se dirige vers le centre de la terre. Elle sert à fixer les végétaux au sol et à y puiser les éléments propres à leur nutrition.
La plupart du temps elle est en proportion, quant à son développement, avec la hauteur et l’ampleur des végétaux qui la produisent, en augmentant dans la mesure de l’accroissement de ces derniers.
On distingue dans la racine trois parties : 1° le corps, ou pivot ; 2° les radicelles, ou chevelu ; 3° le collet.
Le pivot est le corps principal de la racine, c’est lui qui apparaît le premier lorsque celle-ci commence à se former. Souvent, dans certaines essences, il disparaît quelque temps après son développement, et il est remplacé par des ramifications ou racines secondaires.
Le chevelu se présente sous la forme de petits filets assez grêles prenant naissance sur les ramifications ; il est la partie importante de la racine. C’est à l’extrémité de ces radicelles, de ce chevelu, par l’intermédiaire des spongioles, ou par la surface latérale voisine de celles-ci, que se fait l’absorption des fluides qui doivent nourrir le végétal.
Les spongioles ne sont pas des organes particuliers ; ce sont les extrémités radiculaires elles-mêmes à l’état de formation. Le tissu cellulaire qui les compose est encore mou, spongieux, non revêtu d’épiderme ; mais protégé par une sorte de pellicule nommée pilorhize qui dure peu de temps. Cette portion de la racine possède une force d’absorption considérable qui augmente en même temps que l’énergie vitale de la plante.
Le collet est le point d’où part la racine et d’où s’élève la tige.
C’est un plan idéal qu’il n’est pas possible de déterminer anatomiquement, il n’est même pas toujours facile à fixer à la vue d’une manière précise. Toutefois, en arboriculture, on est convenu de le distinguer extérieurement juste au-dessus du point où les premières racines prennent naissance sur le corps de l’arbre.
4. Quant à leur direction, les racines sont pivotantes, lorsqu’elles tendent à s’enfoncer en terre verticalement ; obliques, lorsqu’elles s’écartent de la verticale ; traçantes, lorsqu’elles rampent près de la surface du sol.
Nous l’avons déjà dit, les racines ont pour fonctions de fixer le végétal au sol et d’y puiser, par leurs spongioles, une partie de la nourriture nécessaire à son développement ; aussi doit-on apporter dans la culture de l’arbre fruitier le plus grand soin à les conserver et à les faire croître. Il est convenable de préparer suffisamment le terrain, car c’est surtout dans un sol meuble qu’elles se développent facilement, qu’elles acquièrent promptement de la force, et que le chevelu devient abondant. Lors des façons à donner au sol, telles que labours, binages, fumures, etc., on devra considérer si l’on opère sur des arbres à racines pivotantes ou à racines traçantes, afin de ne point endommager ces dernières.
5. Quoiqu’on ne puisse pas dire d’une manière générale, que la dimension des racines soit en proportion exacte avec celle des tiges, il n’en est pas moins vrai que très souvent les volumes sont en rapport : ainsi plus un arbre aura de racines, plus il aura de branches ; et réciproquement. Cependant, bien des circonstances, soit météorologiques, soit culturales, tendent à faire varier cette règle.
Certaines parties des végétaux peuvent produire des racines adventives. Nous en parlerons en traitant de la multiplication des espèces fruitières.
6. Les racines paraissent excréter certaines matières, encore mal définies, plus ou moins incapables de servir à la nutrition des arbres, et qui même semblent leur nuire, surtout à ceux de la même espèce. Cette excrétion radiculaire existe-t-elle réellement ? C’est une question que la physiologie n’a pas encore résolue de manière à lever tous les doutes. Toutefois, il est constant qu’un arbre ne peut prospérer là où était précédemment un individu semblable à lui : c’est sur cette sorte de répulsion que se fonde en partie la pratique de changer la terre quand on veut planter à nouveau, dans le même emplacement, un arbre de même nature. Cependant il est peut-être plus juste d’admettre que c’est par suite de l’épuisement du sol qu’il convient, ou d’alterner les essences, ou de changer les terres. (Voy. 13.)
7. Tige. – La tige est la partie opposée à la racine ; elle s’élève dans l’air. Elle est naturellement verticale dans les arbres qui nous occupent, mais les applications de la taille l’obligent souvent à être oblique ou horizontale.
Généralement, la tige se ramifie. Les ramifications prennent le nom de branches ; elles varient de volume suivant l’âge de l’arbre et leur éloignement de la tige : ces branches portent les rameaux, qui en forment les extrémités.
La tige se compose : 1° de l’écorce, 2° du bois, 3° du canal médullaire.
L’écorce comprend de l’extérieur à l’intérieur : 1° l’épiderme, qui recouvre toutes les parties du végétal, mais qui n’est pas toujours permanent ; 2° l’enveloppe herbacée, qui présente une couleur verdâtre et dans laquelle sont contenus les sucs propres ; 3° les couches corticales, et le liber, qui, formé de plusieurs couches intimement unies, se trouve en contact avec l’aubier.
Bois. – On distingue dans le bois, l’aubier et le bois proprement dit.
L’aubier est la partie la plus extérieure et la plus jeune du bois ; il est formé par des couches concentriques d’une teinte ordinairement plus claire que le bois proprement dit, ou cœur, et est d’un tissu moins solide.
À mesure que l’arbre vieillit, l’aubier devient bois en commençant par les couches intérieures, et augmente de densité.
Canal médullaire. – Il occupe le centre de la tige et contient la moelle, qui est surtout abondante dans les parties jeunes. De la moelle parte des rayons dits médullaires, qui vont jusqu’à l’extérieur de l’aubier.
8. Feuilles et bourgeons. – Les feuilles naissent au pourtour de la tige et de ses ramifications ; le plus ordinairement elles sont vertes, elles ne perdent cette couleur que lorsque la vie cesse chez elles ou qu’une maladie les frappe. Leur base se termine le plus fréquemment par une queue nommée pétiole. Elles se forment dès la première année de la végétation ; un tissu fibro-vasculaire constitue la charpente représentée par les nervures ; les intervalles que celles-ci laissent entre elles sont remplis par du parenchyme ; le tout est recouvert d’un épiderme, et porte le nom de limbe.
Souvent la base du pétiole est accompagnée de petits appendices foliacés, un de chaque côté, auxquels on a donné le nom de stipules. Leurs dimensions et leurs formes varient beaucoup. Les stipules semblent soudées ou à la tige et aux rameaux, ou au pétiole dans une plus ou moins grande étendue. Suivant les espèces, elles sont persistantes ou caduques.
Il est certaines greffes, comme nous le verrons plus tard, où il convient d’enlever les stipules.
Sur les deux faces de la feuille, mais surtout sur l’inférieure, se trouvent de nombreuses petites ouvertures nommées stomates, par lesquelles l’intérieur est en rapport avec l’atmosphère.
Les feuilles, par leurs stomates, absorbent les fluides contenus dans l’air qui peuvent servir à la nutrition du végétal, et rejettent ceux devenus inutiles. Outre cette absorption et cette exhalation, elles remplissent encore des fonctions de respiration en modifiant les liquides absorbés. Elles sont donc éminemment utiles à la vie du végétal.
Le bourgeon paraît à l’aisselle de la feuille et à l’extrémité des rameaux sous forme d’un petit corps ovoïde ; c’est une petite branche non encore développée, recouverte d’écailles qui la protègent contre les rigueurs de l’hiver et les divers agents atmosphériques.
Il se développe en rameau et en branche lorsque la saison ranime la végétation. La jeune pousse conserve le nom de bourgeon tant qu’elle est à l’état herbacé.
Il y a des bourgeons qui ne contiennent que des feuilles, d’autres que des fleurs ; d’autres renferment réunis ces deux organes. En arboriculture, les premiers sont nommés yeux, les deuxièmes et troisièmes, boutons. Dans la plupart des arbres qui nous occupent, ils sont apparents dès la fin de l’été.
9. De la fleur. – Indépendamment des organes dont nous venons de parler, et qui servent au développement de la plante, il en est d’autres qui servent à sa reproduction, et dont nous allons dire très brièvement quelques mots, ne faisant que signaler leurs parties les plus essentielles.
Les organes destinés à reproduire le végétal sont la fleur et le fruit.
Examinée de l’extérieur à l’intérieur, la fleur se compose : 1° d’une première enveloppe ordinairement verte, nommée calice ; 2° d’une deuxième enveloppe, presque toujours colorée, appelée corolle ; 3° de petits filets, en plus ou moins grand nombre, terminés chacun par un petits corps renflé contenant la poussière fécondante ou pollen : ce sont les étamines ou organes mâles ; 4° enfin, au centre d’un ou de plusieurs organes soudés ensemble, c’est le pistil ou organe femelle : il renferme les jeunes graines ou ovules, et, par la fécondation, il devient le fruit.
La fleur est mâle si elle n’a que des étamines ; femelle, si elle n’a qu’un pistil ; hermaphrodite, si ces deux organes sont réunis. Cette dernière condition est la plus ordinaire et la plus favorable à la fécondation. Les fleurs mâles et les fleurs femelles peuvent être sur le même arbre, comme dans le noyer, le noisetier, etc. : l’arbre alors est dit monoïque. Si elles se trouvent sur des arbres séparés, comme dans le dattier, le pistachier, etc., l’arbre est dioïque.
Pour qu’une fleur donne un fruit et des graines fertiles, il faut que le pollen des étamines ait fécondé le pistil. Si donc, pendant la floraison, un obstacle, comme une pluie froide et prolongée, par exemple, s’oppose à cette influence du pollen sur le pistil, la fécondation n’a pas lieu, la fleur coule, et le fruit ne se développe pas.
10. Du fruit. – Après la fécondation, la partie inférieure du pistil, c’est-à-dire l’ovaire, grossit et forme le fruit, qui contient la graine. On dit alors que le fruit est noué.
On distingue dans le fruit : 1° l’épicarpe, membrane extérieure mince ; 2° le mésocarpe, très développé dans les fruits charnus : il en constitue la partie mangeable ; 3° l’endocarpe, qui enveloppe immédiatement les graines ; il varie beaucoup de forme et de consistance.
La graine fait partie du fruit ; c’est un corps particulier renfermant l’embryon qui doit reproduire le végétal. Dans certains arbres fruitiers, c’est elle que l’on mange ; on lui applique alors par extension le nom de fruit.
11. L’arbre se trouve, par sa partie supérieure, en rapport avec l’air, par sa partie inférieure avec le sol. Les feuilles, par leurs stomates, ainsi que les parties herbacées jeunes, puisent les gaz et l’humidité répandus dans l’atmosphère ; les racines, par leurs spongioles, l’eau contenue dans la terre, et qui tient en dissolution certaines substances utiles à la végétation. Le liquide prend le nom de sève ; il fournit les principes nutritifs du végétal.
La sève a deux courants bien marqués : l’un ascendant, l’autre descendant. La sève ascendante monte par les couches ligneuses, et surtout par les plus jeunes, avec une très grande rapidité. Cette force d’ascension dépend de causes multiples ; principalement des circonstances atmosphériques ; la chaleur et la lumière la favorisent ; l’action qu’exercent les feuilles, par exhalation et la transpiration, le phénomène d’attraction connu des physiologistes sous le nom d’endosmose, ainsi que la capillarité jouent un rôle important. La sève tend toujours à s’élever de préférence dans les parties les plus verticales. Nous verrons par la suite combien on doit faire attention à cette propriété dans diverses applications de la taille et de la conduite des branches de charpente ; outre cette marche ascendante, elle en a aussi une latérale : elle parcourt donc le tissu végétal dans tous les sens, sans chemin absolument déterminé ; les obstacles qu’elle rencontre la font dévier. C’est au printemps qu’elle commence à entrer en mouvement et que son ascension a lieu avec le plus de force. La sécheresse et la vie moins active des feuilles la ralentissent peu à peu et la font cesser d’une manière apparente vers la fin de l’été. Cependant, au mois d’août, elle reprend son cours avec une nouvelle recrudescence chez certaines espèces d’arbres, entre autres le poirier, lorsqu’il commence à végéter de bonne heure ou qu’à un été sec succède un temps doux et pluvieux. Cette reprise, nommée sève d’août, est quelquefois assez forte pour développer les bourgeons. Dans tous les cas, c’est à ce moment que s’achève la formation des organes de l’arbre : on dit alors que le bois s’aoûte.
La sève ascendante ou brute n’est pas apte à nourrir le végétal ; elle ne saurait suffire aux parties en voie d’accroissement. Mais une fois arrivée dans les branches, la sève se répand dans les feuilles ; là, mise en contact avec l’air qui pénètre dans l’intérieur de ces dernières par leurs stomates, et sous l’influence de l’acte de respiration qu’accomplissent ces organes, sous celle de la chaleur et particulièrement de la lumière, elle subit une modification profonde : elle laisse échapper une partie de son eau, s’épaissit, prend des propriétés nouvelles, et redescend des feuilles vers les racines en circulant à travers les couches du liber par des conduits spéciaux. Cette sève descendante ainsi élaborée constitue le cambium, suc qui sert essentiellement à la nutrition et à l’accroissement de l’arbre. Chaque année, le cambium forme une couche d’aubier et une couche de liber ; celle-ci, extrêmement mince, est moins apparente que la première. La sève descendante ne descend pas toujours, du moins en totalité ; elle suit souvent une marche différente. Ainsi elle se porte vers les parties du végétal en voie d’accroissement comme l’extrémité de la tige et des rameaux, tout en fournissant la couche génératrice du nouveau bois et de la nouvelle écorce et la matière de l’allongement des racines. – De ces différents phénomènes résultent l’accroissement des plantes et le développement successif de tous les organes.
Nous n’avons voulu donner ici qu’un très faible aperçu de la manière dont les arbres vivent ; nous reviendrons sur ce sujet chaque fois que l’occasion s’en présentera. Mais il sera indispensable de recourir aux traités de botanique, si l’on tient à connaître à fond ce qu’est la vie végétale.
12. Arrachage. – La réussite des arbres fruitiers dépend en grande partie des soins que l’on apporte à leur plantation. Le changement que leur fait éprouver le déplacement de la pépinière nécessite de l’attention dans la manière de les planter, afin d’assurer leur reprise, d’activer la formation du chevelu, et de leur faire prendre, les années suivantes, un accroissement aussi rapide que la qualité du terrain le permettra.
La première condition à observer est un bon arrachage ou plutôt une bonne déplantation : on ne saurait apporter trop de précautions pour éviter la meurtrissure ou l’éclatement des racines, accidents si fréquents. Il est certain que plus celles-ci seront ménagées, plus le chevelu sera abondant et la reprise mieux assurée.
Les racines resteront à l’air le moins longtemps possible, et devront surtout être protégées contre la gelée ; si après un long trajet elles étaient desséchées, il serait utiles de les laisser tremper dans l’eau pendant plusieurs heures et de les planter immédiatement. Il ne faudrait pas exagérer le séjour dans l’eau des racines, car au lieu de les raviver on pourrait quelquefois, par suite d’une trop grande absorption, les rendre sujettes à moisir et amener alors leur pourriture. Lorsque la plantation ne pourra avoir lieu tout de suite, il faudra mettre les arbres en jauge, abrités du froid et des grands vents. La mise en jauge consiste, comme on sait, à les placer dans une tranchée peu profonde, les uns à côté des autres, en prenant la précaution de ne pas entremêler leurs racines ; on les couvre de terre sans la tasser, mais en assez grande quantité pour qu’ils puissent tenir debout ; on les prend ensuite au fur et à mesure des besoins de la plantation. En recevant des arbres par un temps de trop forte gelée, il ne serait pas prudent de les déballer, on les abritera du froid, et l’on attendra que celui-ci soit notablement diminué.
13. Choix et préparation du terrain. – Si l’on a à sa disposition le choix du terrain, on s’établira de préférence sur un sol fertile et de moyenne consistance, ni trop sec ni trop humide. En général, les arbres à fruits à pépins sont plus difficiles sur la qualité du sol que les arbres à fruits à noyau. Ils veulent une terre plus profonde et plus riche : parmi les derniers, le pêcher fait peut-être exception à cette règle, quoiqu’il puisse encore venir dans les terres légères et peu profondes. Il est utile de sonder le terrain de place en place afin d’en connaître la composition ainsi que l’épaisseur de la couche végétale et l’état du sous-sol. Cette épaisseur sera suffisante pour la prospérité des arbres, si elle a de 0m,60 à 0m,70, pourvu que le sous-sol soit perméable ; dans le cas contraire, elle devra avoir de 0m,80 à 1 mètre. Ce que nous recommandons en ce moment est ce qu’il faut rechercher, mais n’est pas absolument indispensable. Quelle que soit la nature du sol, il faut le préparer à recevoir les arbres, ce qui consiste à le défoncer et à le fumer, quelquefois même à y apporter des amendements, dans le but de le rendre plus propice à la végétation.
Le défoncement, que nous ne décrirons pas entièrement ici, peut être partiel ou total ; ce dernier vaut mieux, il mélange davantage les différentes couches du sol, qui change souvent de nature à divers degrés de profondeur. Il s’emploie quand on veut planter en plein carré, ou dans toute la longueur d’une plate-bande. Le défoncement partiel consiste à faire des trous dont la grandeur varie.
Cette opération devra se faire de six semaines à deux mois au moins avant la plantation, si le terrain est libre, afin de soumettre la terre ramenée à la superficie aux influences atmosphériques, qui la rendront plus végétale.
Le tassement se sera en partie effectué, ce qui permettra de régler la surface du terrain et d’avoir des arbres dont les racines seront enterrées à une profondeur régulière.
On est dans l’habitude, quand on défonce un terrain, de jeter au fond de la tranchée ouverte la terre prise à la superficie sur une épaisseur de 0m,30 à 0m,40 et de ramener par-dessus celle qui formait le sous-sol. C’est une pratique vicieuse. Dans la plupart des cas, la terre du sous-sol est presque toujours infertile, ou du moins son degré de fertilité est très faible ; elle est loin d’avoir la même qualité que la terre ordinairement labourée. Elle a besoin, pour acquérir les propriétés voulues de fertilité, d’être soumise assez longtemps à l’influence des agents atmosphériques et d’être cultivée fréquemment. On peut toutefois accélérer le moment où elle deviendra bonne par l’addition d’une certaine quantité d’engrais à demi-consommé ; mais elle ne le sera pas encore suffisamment à l’époque où l’on plantera, à moins de s’y prendre bien d’avance. Aussi les racines des jeunes arbres mises dans une telle terre s’y développent peu, et souvent l’arbre languit sans autre cause, pendant les premières années de sa plantation. Ce résultat se fait surtout apercevoir lorsqu’on replante un terrain depuis de longues années couvert d’arbres, quoiqu’on en change l’essence. On le voit encore se produire dans les terrains neufs, mais à un moindre degré. Nous conseillerons donc, une fois la tranchée ouverte, de mélanger ensemble aussi bien que possible le sol et le sous-sol jusqu’à la profondeur fixée pour la défonce, en se servant de la bêche et de la houe à crochets, de manière à rendre la masse de terre remuée sensiblement homogène, au lieu de la conserver par couches distinctes et de qualités différentes. La prospérité de l’arbre est plus certaine. Nous entendons, en ce moment, par sous-sol, l’épaisseur de terre végétale non ordinairement cultivée et sur laquelle repose la couche labourable. Le mélange que nous recommandons ne se fera que si ce sous-sol est susceptible de devenir promptement fertile par la culture ; autrement il vaudrait mieux le laisser de côté, et améliorer le sol par le moyen des engrais, ou, si l’on ne craint pas la dépense, augmenter son épaisseur par l’apport de bonnes terres. Quand on a affaire à des terrains neufs, c’est-à-dire ne portant pas d’arbres ou n’en ayant pas porté depuis longtemps, au lieu d’opérer le mélange des terres, qui, bien que préférable, ne laisse pas que d’être coûteux, on peut se contenter de défoncer en remuant les terres sans en changer les couches de place, en employant le défoncement à trois jauges. La couche végétale fertile reste à la superficie. Si ces travaux peuvent être faits plusieurs mois à l’avance et le terrain mis en culture et fumé, ce n’en sera que mieux pour le succès des plantations.
La profondeur à laquelle il convient de défoncer varie suivant la nature du sol et celle de l’arbre ; nous donnerons ici des chiffres moyens qu’il sera toujours possible de suivre. Si le sol est léger, comme dans un tel sol les racines pourront s’établir profondément d’elles-mêmes, il suffira de l’approfondir de 0m,60 à 0m,70 ; si au contraire, il est fort et compacte, on creusera de 0m,80 à 1 mètre. Si l’eau séjournait sous le sol, il serait utile de mettre au fond de la tranchée un lit de 0m,20 de plâtras ou des pierres, pour la laisser s’écouler de la partie supérieure et empêcher les racines de rester au contact d’une humidité trop prolongée qui leur serait nuisible. Dans le cas où ce serait nécessaire, on placerait par-dessus ces pierres quelques tuiles qui feront obstacle au pivotement des racines et les obligeront à s’étendre horizontalement. On aura ainsi moins à craindre les mauvais effets de l’humidité. Malgré ces précautions, il arrive souvent que l’eau du fond du sol remonte, par l’effet de la capillarité, dans une trop grande proportion, et provoque surtout, si elle est stagnante, la pourriture du chevelu. Aussi le mieux serait de faire une tranchée assez profonde dans l’allée en avant de la plate-bande, et d’y apporter une certaine épaisseur de pierres ou d’y poser un drain. Les eaux s’y rendront, abandonneront la plate-bande ou le trou, et le sol ainsi asséché conviendra parfaitement aux arbres.
On conçoit que des pierres ou des plâtras suffiront pour égoutter suffisamment le sol, si l’on plante seulement une plate-bande ; mais, si l’on plantait un carré en entier, il deviendrait nécessaire de drainer. Le drainage, comme on le sait, consiste à assainir le sol au moyen de rigoles couvertes nommées drains. Ces drains se composent de tuyaux de terre placés bout à bout, et par les joints desquels l’eau s’infiltre et s’écoule. On les distance suivant la profondeur à laquelle on les met : ainsi, pour une profondeur de 0m,80 à 1 mètre, indispensable aux arbres fruitiers, on peut les espacer de 8 à 10 mètres. Dans les drainages faits en plein champ, les joints des drains ne sont ordinairement recouverts que par la terre qui comble la tranchée ; mais lorsqu’il s’agit de plantations d’arbres, il est utile de les recouvrir d’un manchon ou d’un demi-manchon, afin d’éviter, autant que possible, que les racines ne s’introduisent pas dans les drains et ne donnent lieu à la formation de queues-de-renard, qui les obstrueraient promptement. La grande difficulté du drainage est l’écoulement des eaux recueillies par les drains ; aussi avant de commencer une telle opération, convient-il de s’assurer de l’endroit où celles-ci seront rejetées, pour donner ensuite la direction et la pente convenables aux drains collecteurs et évacuateurs. Nous n’avons pas la prétention de décrire ici les travaux que nécessite le drainage d’une propriété ; nous n’avons voulu qu’indiquer ce mode d’assainissement comme étant l’un des plus faciles et des moins dispendieux. Les résultats sont certains lorsque l’opération est bien faite.
Quand on fera des trous dans les terrains médiocres, ils ne devront pas avoir moins de 2 mètres de largeur sur tous sens, et de 0m,80 à 1 mètre de profondeur, si toutefois le sous-sol le permet par sa perméabilité. Lorsque ce dernier est de nature tout à fait infertile, on amène des terres de bonne qualité pour remplir les trous, ce qui rend alors la plantation plus dispendieuse et malgré cela, quelquefois peu durable. Si cette dépense ne peut être faite, il importe de ne pas entamer le sous-sol, et de ne pas dépasser la couche végétale dans laquelle les racines s’étendront horizontalement ; tandis que prises dans le sous-sol elles s’arrêtent bientôt, et l’arbre après avoir végété pendant quelques années, ne tarde pas à dépérir. Dans les terrains de bonne nature, une largeur de 1m,50 sur chaque côté et une profondeur de 0m,80 suffiront pour la prospérité des arbres : il y a, du reste, avantage à étendre ces limites, si l’on n’est pas arrêté par la dépense. Une précaution essentielle à prendre est de faire mettre à part la terre qui était à la surface, afin de la réserver aux racines, comme étant de qualité supérieure à celle extraite du fond ; celle-ci restera à son tour exposée à l’air et y acquerra de meilleures qualités. On pioche le fond et les côtés de chaque trou, qui, sans cela, formerait une sorte d’encaissement préjudiciable à l’avenir de l’arbre.
Si l’on était dans l’intention de planter entièrement un espalier, je conseillerais de défoncer la plate-bande dans toute sa longueur, sur une largeur de 2 mètres au moins et sur une profondeur de 0m,70 à 0m,80.
Dans le cas où le défoncement du terrain a été complet, il n’est plus nécessaire pour planter de faire des trous de la dimension de ceux que nous venons d’indiquer ; on en ouvrira d’assez grands seulement pour que les racines puissent y être placées à l’aise.
Le défoncement se fera préférablement pendant l’été, lorsque les terres sont saines et se travaillent facilement. On apporte à la surface de la partie à défoncer les engrais, consistant en fumier bien décomposé et approprié à la nature du sol ou en terreau gras, et au besoin les amendements jugés utiles. Puis on ouvre une tranchée dont on enlève les terres de manière que l’ouvrier puisse y descendre et s’y mouvoir aisément. Celui-ci abat devant lui la terre et la mélange avec l’engrais ; puis il la jette derrière lui en la prenant à la pelle ou à la bêche, en faisant toujours une tranchée de même dimension que la première. La terre extraite de cette tranchée sert à fermer la dernière. On laisse le sol se lasser pendant plusieurs semaines, et si on le croit nécessaire on recommence l’opération en sens inverse. Ce double défoncement est coûteux, mais assure le succès de la plantation ; nous n’hésitons pas à le conseiller.
Il importe de rappeler ici que lorsqu’on est obligé de remplacer un arbre mort de vieillesse ou d’accident, alors qu’il n’était plus tout à fait jeune, par un autre de même espèce, il est nécessaire de changer la totalité de la terre extraite du trou où l’on veut replanter, afin d’assurer sa réussite. On prend la terre dans un carré voisin, en choisissant la meilleure. Sans cette précaution, soit que l’arbre ait épuisé les substances qui étaient propres à sa nature, soit que, par l’effet de ses excrétions, il nuise à son semblable, toujours est-il que celui-ci ne pourrait pas prospérer. Si l’arbre à planter était d’une autre nature que celui qu’il remplace, il serait inutile de changer la totalité de la terre, un peu de nouvelle sur les racines suffirait, à la condition de fumer la terre conservée.
14. Époque de plantation et habillage des arbres. – Bien qu’on puisse, à la rigueur, planter à toutes les époques de l’année, la plus favorable est l’automne, surtout si les plantations sont faites de bonne heure. On peut commencer dès que la végétation a cessé, ce qui a lieu pour nos climats vers la seconde quinzaine d’octobre. Les arbres mis en place à cette époque, et pendant la première quinzaine de novembre, émettent immédiatement du nouveau chevelu, et poussent avec plus de vigueur que ceux plantés après l’hiver. La plantation au printemps n’est préférable que pour les terrains très argileux, froids et humides, et ceux sujets à être submergés pendant l’hiver.
Avant de planter un arbre, il faut procéder à son habillage. Cette opération se fait aux branches et aux racines. Pour les racines, elle consiste dans le retranchement de toutes celles qui ont été éclatées ou meurtries lors de l’arrachage ou pendant le transport ; on doit y apporter le plus grand soin, car il arrive souvent que des racines meurtries, au lieu de se cicatriser, se chancirent, l’arbre devient languissant et finit par périr. On rafraîchit avec la serpette l’extrémité du chevelu desséché et des racines, afin qu’elles puissent en produire de nouveau qui concourt puissamment à la reprise. La coupe se fait en dessous, de manière que la plaie repose directement sur la terre, dont le contact favorise la cicatrisation.
Quant aux branches, on ne supprimera que celles cassées, et ce n’est qu’un peu avant l’ascension de la sève qu’on les mettra, pour la longueur, en rapport avec les racines, ou qu’on les taillera. Pour les arbres à haute tige, on ne conservera que les branches nécessaires à la bonne conformation de l’arbre, et les racines seront ménagées autant que possible.
Dans les plantations tardives, il y a souvent avantage à ne pas tailler la première année de plantation, on règle seulement les branches entre elles suivant la longueur exigée par leur position. Quant aux branches fruitières, si l’arbre en porte, il faudra toujours les tailler comme elles doivent l’être, que la plantation soit faite de bonne heure à l’automne ou tardivement au printemps.
15. Choix des arbres. – On devra choisir des arbres sains, bien portants, et ne présentant aucun signe de faiblesse. Plus ils seront jeunes, plus leur transplantation sera facile et leur reprise assurée. Je suis loin de partager l’avis généralement admis, qu’un arbre sortant d’une pépinière où le terrain de première qualité lui aura fait prendre un grand accroissement résistera moins bien, transporté dans un terrain de qualité inférieure, que s’il avait été élevé dans une pépinière où le sol serait à peu près de même nature. Tout au contraire, l’expérience nous a prouvé qu’un tel arbre luttait beaucoup plus avantageusement contre la mauvaise qualité de la nouvelle terre qu’un autre plus faible, sortant d’une pépinière dont le terrain serait de qualité moyenne. Les arbres bien venants ont des racines beaucoup plus absorbantes, des canaux séveux plus dilatés, un système ligneux mieux constitué que ceux qui sont faibles, quoique bien portants ; ils peuvent mieux résister. Aussi conseillons-nous de ne prendre les sujets que dans une pépinière où la fertilité du sol les aura rendus robustes.
16. Plantation. – L’arbre une fois habillé, il s’agit de le planter. Une des premières précautions à prendre est de le mettre à la profondeur voulue, qui varie suivant la nature du sol et celle du sujet sur lequel l’espèce est greffée. Dans un sol léger et brûlant, il sera avantageux d’enterrer un peu plus profondément que dans un sol humide et froid, où il y aura nécessité de tenir les racines le plus près possible de la surface, afin d’éviter leur pourriture et d’activer leur végétation. Toutefois on laissera la greffe hors de terre, elle ne doit pas être enterrée : il y a toujours avantage à ce que l’air puisse arriver aux racines, conséquemment à ne pas trop les couvrir. L’arbre n’en est que plus fertile et les fruits meilleurs. Si les effets du froid, et principalement ceux de la sécheresse, étaient à craindre, il serait très utile, la première et la deuxième année de plantation, de couvrir le sol d’une légère couche de fumier à demi-consommé, en guise de paillis. Les racines, dans une terre ainsi abritée, trouveront des circonstances favorables à leur premier développement.
En plantant, on doit prendre en considération l’effet du tassement du sol fraîchement remué ; on l’évalue de 0m,08 à 0 m,12 pour 1 mètre, suivant sa nature forte ou légère. Pour savoir si l’arbre est placé à la hauteur convenable, on peut se servir d’une grande règle que l’on met en travers du trou ; on présente les racines dans le trou et l’on pose la tige le long de la règle, en tenant la greffe à 0m,07 ou 0m,08 au-dessus. On retire l’arbre, puis on remplit le trou de la manière suivante : On jette de la terre en quantité telle que l’arbre se trouve à la hauteur voulue. Si l’on a des gazons décomposés, on en mettra au fond, on les divisera bien avec la bêche pour ne pas occasionner un trop fort tassement. Un homme tient l’arbre dans la position indiquée, en ayant soin de l’aligner avec ses voisins, s’il y a nécessité ; un autre fait entrer la terre, qui sera substantielle, entre les racines. Elles doivent toutes passer par les mains du planteur, qui leur fera prendre leur direction naturelle sans les contraindre ni les forcer à mesure qu’il les couvrira de terre. S’il y a un pivot, et qu’on ne puisse le conserver vertical, on l’incline horizontalement sur l’un des côtés. On se donnera bien garde de secouer, comme on le fait si fréquemment, dans le but, prétend-on, de faire descendre la terre entre les racines : cette habitude de secouer l’arbre en le soulevant légèrement a le grave inconvénient de déranger ces dernières, de les amonceler lorsqu’elles devraient être écartées, et souvent même d’en rompre quelques-unes.
Il ne faut pas marcher au pied d’un arbre lorsqu’il vient d’être planté, cette pratique est vicieuse, en ce sens qu’en plombant le terrain, on s’expose à casser les racines, ou tout au moins à les meurtrir. Il faut seulement appuyer légèrement avec le pied pour le maintenir contre le vent ; les pluies suffisent pour tasser les terres. Dans une plantation très tardive, il sera avantageux de mouiller les racines pour que la terre s’y attache immédiatement, et de verser doucement un ou plusieurs arrosoirs d’eau autour du pied pour aider au tassement. Cette pratique au moment où l’arbre vient d’être planté, peut être généralisée, sans avoir égard à l’époque, excepté pendant l’hiver ; elle hâte le tassement du sol.
Il sera aussi utile, quand la plantation aura lieu tard ou lorsqu’on transplantera des arbres déjà forts, d’enduire la tige et les branches d’onguent de Saint-Fiacre, qui les préservera du hâle et de la sécheresse, et assurera ainsi d’avantage la reprise.
L’application de cet onguent aux racines est également très avantageuse pour tout arbre, n’importe son âge. S’il est jeune, on trempe simplement les racines dans un baquet rempli de cette matière, que l’on fait un peu liquide ; il y aurait inconvénient pour les jeunes radicelles à l’avoir trop épaisse ; s’il est âgé, on doit l’étendre avec la main.
Lorsqu’on est dans la fâcheuse nécessité de transplanter un arbre alors qu’il est couvert de feuilles, il est indispensable de supprimer ces dernières en conservant leur pétiole, destiné à protéger les yeux et les boutons. On coupe aussi l’extrémité trop herbacée des bourgeons, afin d’éviter l’évaporation de la sève, et par suite le dessèchement des rameaux et des branches. Des arrosements sur la tige et les branches, ainsi qu’aux racines, facilitent la reprise toujours chanceuse de l’arbre.
Quand on plante en espalier, on opère de la même façon ; seulement on a soin de tenir la tige éloignée du mur de 0m,12 à 0m,15 (afin de permettre par la suite son grossissement), et de la placer obliquement vers lui pour qu’elle s’y applique plus facilement. On distribue à droite et à gauche les racines pour les empêcher de rencontrer les fondations, et l’on a soin de ne fixer le petit arbre au treillage que quand le tassement du sol est effectué.
Il est préférable de planter par un beau temps plutôt que par la pluie ; la terre saine vaut mieux que la terre trop humide, qui se plombe, devient compacte, et nuit au développement du jeune chevelu.
Au printemps, lorsque les plantations seront terminées, à moins que le sol ne soit par trop humide, on leur mettra un léger paillis qui maintiendra la fraîcheur ; quelques binages et quelques arrosements pendant l’été, si c’est nécessaire, compléteront les soins qu’elles réclament.
La distance à observer entre les diverses espèces d’arbres est une chose importante, et de laquelle souvent dépendent les bons résultats d’une plantation. Avant de traiter cette question, nous poserons en principe qu’il est toujours plus avantageux de ne planter sur un espace donné que la même nature d’arbres, à cause de leurs besoins différents, au lieu d’en mettre plusieurs, comme cela se pratique encore aujourd’hui dans la plupart des jardins. Ce que nous disons là s’applique surtout aux espaliers.
On est presque toujours dans l’habitude de planter trop près. On ne voit l’arbre que jeune, sans se rendre compte de l’étendue et de l’accroissement qu’il est susceptible de prendre par la suite, et qui lui sont nécessaires pour obtenir une fructification abondante et régulière.
Toutefois, ce n’est pas sans une sorte de raison que l’on commence à planter aujourd’hui plus rapproché qu’autrefois, principalement les arbres en espalier. Il s’agit d’aller vite, on est peu disposé à attendre. On veut garnir promptement les murs et les utiliser ainsi davantage, quitte à voir les plantations durer moins longtemps. Pour les petits jardins, cette manière d’agir est bonne ; elle permet de retirer un profit plus considérable en un temps donné. De plus, si un arbre vient à périr, l’espalier est moins dégarni et la lacune plus vite comblée. On a encore l’avantage de pouvoir réunir sur un espace limité un assez grand nombre d’espèces ou de variétés de fruits, ce qui en varie et prolonge la jouissance. Toutefois, dans les grands jardins, on devra allier les deux modes de plantations rapprochée et éloignée, afin d’avoir, avec cette dernière, des arbres de longue durée formant une réserve sur laquelle on aura la ressource de récolter quand la première commencera à s’épuiser, et donnant une grande valeur à la propriété.
La distance à observer entre les arbres dépend : 1° de leur nature ; 2° de celle du terrain ; 3° de la forme sous laquelle on les élève ; 4° de la hauteur du mur.
Examinons successivement ces diverses circonstances, en commençant par les espaliers. Pour un mur de 2m,80 de hauteur sous chaperon, qui est la plus générale :
Les pêchers, dans un bon terrain, dirigés suivant la forme carrée (fig. 68 et 81), seront éloignés de 8 mètres les uns des autres ; sous la forme palmette à branches horizontales (fig. 82 et 84), de 6 à 8 mètres ; à cinq branches verticales (fig. 86), à 2 m,50 ; à trois branches verticales, à 1m,50 ; à deux branches en U (fig. 88), à 1 mètre ; en cordons verticaux ou obliques (fig. 89), de 1 mètre à 0m,80. Dans un terrain médiocre, la forme carrée, 6 mètres ; la palmette horizontale, 5 mètres. Les autres formes aux distances que nous venons d’indiquer.
Les poiriers en palmette horizontale (fig. 39 et 42), dans un bon terrain, auront 5 mètres d’écartement ; dans un terrain inférieur, 4 mètres ; à huit branches verticales (fig. 46), 2 mètres ; à cinq branches (fig. 45) à 1m,25 ; à quatre branches en U, à 1 mètre ; à trois branches, à 0m,75 ; enfin à deux branches, à 0m,50.
L’abricotier, le cerisier, le prunier en palmette, dans un bon terrain, seront distancés à 6 mètres ; dans un sol médiocre, à 4 mètres ; en palmette verticale, même distance que les poiriers.
La vigne, suivant la méthode de Thomery, sera plantée de 0m,50 à 0m,60 entre chaque pied, suivant la hauteur du mur. À l’article VIGNE, nous en reparlerons. En palmette ordinaire (fig 100), de 0m,75 à 0m,80 ; pour palmettes alternées (fig 101), à 0m,40, n’importent la nature du terrain et la hauteur du mur. Dans les terrains où la vigne ne végète pas très fort, il y aura intérêt à rapprocher les pieds de celle cultivée en cordons. Ceux-ci sont moins longs, chaque bras ayant moins à parcourir. On multiplie ainsi les extrémités de cordons, sur lesquelles vient le plus beau raisin, en diminuant le nombre des coursonnes qui en donnent de moins beau. Les racines s’étendent en devant du mur suffisamment pour nourrir la treille.
La pyramide du poirier (fig. 4) se distancera dans un bon terrain, greffée sur franc ou sur cognassier, de 3 à 4 mètres en tous sens et en alternant, et à 2m,50 dans un mauvais sol, en la plaçant à 1 mètre au moins du bord des allées. Si celles-ci étaient limitées par des cordons de pommiers, 1m,50 serait nécessaire.
Pour le pommier sur franc, à 2m,50 ; mais ce dernier se cultive peu sous cette forme : on le plante préférablement greffé sur paradis (fig. 5), alors il se met à 1 mètre ou 1m,20 en tous sens ; sur doucin, pour contre-espalier, à 4 mètres. Si on le place en contre-espalier, greffé sur franc, on lui donnera un développement de 4 à 5 mètres. Enfin, élevé en cordons sur paradis (fig. 47), on le distancera de 1, 2 et 3 mètres, suivant le parcours des cordons et le nombre d’étages.
Nous n’avons indiqué des distances que pour les formes le plus généralement adoptées dans les jardins de moyenne étendue, où rarement on plante à haute tige ; il n’y a que dans les grands jardins et les vergers que cette pratique est admise. Il deviendrait trop coûteux de défoncer la totalité du terrain ; on fait des trous dans les plus grandes dimensions que nous avons données. La distance à laquelle on les mettra sera d’environ 8 à 15 mètres, suivant la nature de l’arbre et celle du terrain : il est avantageux de laisser l’air et la lumière circuler très librement entre tous les arbres, et il est souvent nécessaire de ménager les cultures voisines, surtout si l’on plante dans un potager dont le sol est occupé par des légumes pendant à peu près toute l’année. Les vergers sont ordinairement peu cultivés, le meilleur moyen d’utiliser le sol est de le mettre en herbage ; les premières années, cependant, on peut cultiver de gros légumes, comme les pommes de terre, les haricots, etc.
La plantation en bordure ne se fait sur une assez grande échelle que dans les champs, le long des chemins et des avenues ; on distance à 10 ou 12 mètres pour la commodité des travaux de culture et de la circulation. Les soins à donner à ces arbres consistent à élaguer les branches qui forment confusion, à enlever le bois mort et à biner le pied pendant leur jeunesse.
17. Des murs. – La construction des murs étant subordonnée à diverses causes locales, comme la rareté de certains matériaux, nous nous arrêterons peu sur ce sujet ; nous dirons seulement quelques mots sur leur disposition.
Une hauteur de 2m,50 à 3 mètres est celle qu’on leur donne le plus ordinairement ; elle convient parfaitement pour toutes sortes d’espaliers. Si l’on a le plâtre à bon marché, il sera avantageux d’en enduire le mur, afin de pouvoir palisser à la loque, méthode que nous ferons connaître plus loin.
Les meilleurs murs sont ceux de clôture ou de refend ; les murs de terrasse ne sont pas très bons, ils sont trop humides l’hiver et trop chauds pendant l’été ; cependant, moyennant quelques soins, on peut les utiliser avec profit. Ainsi les treillages posés contre ces murs en seront écartés de 0m