Tu m’as volé mon innocence ; je t’offre mon pardon - Louis Withline - E-Book

Tu m’as volé mon innocence ; je t’offre mon pardon E-Book

Louis Withline

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Beschreibung

« Il m’explique que je suis désormais à lui, à lui seul, et que tout cela c’est notre secret, personne ne doit le savoir. Personne ! » Alors qu’elle n’est qu’une enfant, Louis Withline entretient son premier acte sexuel sous la contrainte d’un prêtre et ami de la famille. De cette première fois naissent plusieurs autres étalées sur plusieurs années. Un jour, un événement chamboule sa vie plus qu'elle ne l'était déjà : le secret est découvert...


À PROPOS DE L'AUTEURE


Plus jeune, Louis Withline a été victime d’abus sexuels. Aujourd’hui, avec Tu m’as volé mon innocence ; je t’offre mon pardon, elle retrace cette douloureuse étape de sa vie et signe sa résilience.

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Seitenzahl: 135

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Louis Withline

Tu m’as volé mon innocence ;

je t’offre mon pardon

Roman

© Lys Bleu Éditions – Louis Withline

ISBN : 979-10-377-6081-4

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes parents, ceux-là qui peuvent dire je t’aime sans même prononcer un mot.

À mon père, le seul prêt à finir en prison pour moi, le seul homme qui m’a toujours tenu la main.

À ma sœur, Merci pour tout ! je t’aime !

À mon frère !

À ma mère, merci pour tes silences et merci de m’avoir appris à me taire quand tout le monde parle…

À Sheila, merci pour cet amour, merci d’avoir su porter ces secrets si lourds avec moi.

À Chantal, merci d’avoir cru en mon projet, d’avoir accepté de me relire.

À tous ces amis qui ont eu le courage et l’élégance d’âme de m’appeler, non pas pour procéder à mon interrogatoire comme de vrais juges mais juste pour prendre de mes nouvelles au milieu de cette épreuve.

Merci de m’avoir épargné ces jugements ou ces regards inquisiteurs.

À toi à qui j’ai osé parler à travers ce livre, comme si tu connaissais ma vie, je te parlerai comme à un ami en qui j’ai confiance.

Mon cœur va tout te dire… J’ose espérer que mes mots seront adéquats pour le faire.

Enfin, à toutes ces femmes

Libres,

Épanouies,

Heureuses,

Qui n’ont pas besoin d’autres personnes pour leur dicter comment vivre leurs vies.

À toutes ces femmes qui écrivent elles-mêmes leurs histoires.

Et qui avancent malgré tout vers leurs propres destins.

À Ronald, mon compagnon de minuit…

1

Parles-en, ce n’est pas à toi d’avoir honte !

Pendant longtemps, je me suis sentie comme un vélo attaché avec une chaîne par son propriétaire à un poteau.

Je me disais que je n’avais pas d’autres choix que de supporter tout ce qui m’est arrivé, de vivre avec et de rester enchaînée comme un vélo à ce poteau que représente mon passé. J’étais bien attachée, il me fallait rester là.

Cependant, je suis de celles qui, pour avancer, fonctionnent sur le mode de témoignage concret.

Je suis cette femme qui depuis quelque temps se répète qu’en ce monde les jeunes n’ont pas besoin d’exemples inaccessibles mais de modèles vivants à suivre comme repères. On a chacun une histoire à raconter ou une qu’on a décidé de taire délibérément à tout jamais pour quelque raison que ce soit.

Je suis aussi cette femme qui se répétait qu’il était temps de prendre le crayon de sa vie et de rayer finalement ce qui doit être rayé sans honte ni crainte. Je voudrais qu’on arrête de marcher sur la pointe des pieds en ce qui concerne mon passé.

Le temps des chaînes est révolu, je ne veux plus être mon propre bourreau. Mon propriétaire m’a détachée du poteau avec son suicide.

Me libérer la parole est une question d’amour propre et de respect pour moi aussi.

J’ai longtemps réfléchi pour déterminer si oui ou non je devais raconter cette histoire ou encore si on devait s’intéresser à sa lecture.

Je ne voulais surtout pas donner l’impression de vouloir vendre ma souffrance en essayant de raconter mon histoire.

Je voulais une solution qui soit satisfaisante pour moi, pour ma famille et, de l’autre côté, je ne voulais pas non plus blesser la famille de mon agresseur qui elle aussi a perdu son fils. Pour les membres de sa famille, il restera un fils, un frère, un oncle ou cousin, peu importe ce qu’il a commis de répréhensible de son vivant.

Toutefois, à un moment, je me suis dit aussi qu’il doit être question de moi, que je dois commencer à penser à moi et le reste devra et sera ce qu’il doit être.

Lui, il est mort, ou du moins, s’il avait été jugé, il aurait pris 15 ans de prison, moi j’ai pris la prison à perpétuité car il est là, présent dans toutes mes relations amoureuses ou amicales et il arrive à les pourrir.

Je sais qui je suis, je sais ce que j’ai vécu et je sais surtout qui je veux être.

J’avoue que mon chemin était semé d’embûches que je devais solutionner pour apprendre, comprendre et redresser le tir pour évoluer.

Je n’avais plus besoin de cette peur futile du jugement des autres ou de leur regard qui me bouffait toute mon énergie.

Écrire ce témoignage est ma manière de rayer doublement cette histoire de ma vie. La rayer, non pas pour oublier, mais pour avancer. Plutôt que d’oublier, il me fallait apprendre à vivre avec, pour que ma vie entière ne soit pas conditionnée par ces abus.

Quand enfin après avoir choisi de te taire dignement, tu trouves le courage et les mots pour raconter l’histoire de ta vie de manière assurée et positive, cette histoire te guérit mais aussi elle guérit quelqu’un d’autre… qui peut-être se tait par peur ou par honte.

Parce que, dans notre société, la victime est tenue de rester en silence, on ne lui pardonne pas de détruire l’ordonnance de ce monde, on ne lui pardonne pas de dire, on ne lui pardonne même pas d’avoir été abusée et de rester en vie et debout après tous ces abus.

Comme abusée, si moi je m’étais suicidée, je serais béatifiée par notre société. Ma mort me laverait de mes péchés et le monde redeviendrait cette flaque lisse où les victimes de viol et d’abus sexuels ne parlent pas.

Voilà pourquoi, ce drame, je l’ai rangé au fond d’un vieux tiroir, histoire de le noyer, de le mettre hors de ma vue et, dessus, j’ai déposé toutes les errances, tous mes contacts humains désordonnés et fourmillants, tous les autres drames psychologiques et émotionnels que j’ai connus par la suite à cause certainement de ce passé trop lourd à porter.

Il fallait que je me reconstruise, mais comment se reconstruit-on quand on est blessé et brisé de l’intérieur ? Quand son âme et son corps d’enfant ont été meurtris ?

Et je me suis rendue à l’évidence que malheureusement on n’oublie pas cela. On essaye de vivre avec mais ça reste une grosse cicatrice assez fraîche, dès qu’on gratte un tout petit peu dessus, la plaie se rouvre.

Voilà ce qui m’est arrivé ce vendredi dix mai deux mille dix-neuf quand j’ai appris le suicide de mon agresseur sexuel.

Cette histoire, je la raconte enfin pour peut-être empêcher que l’innocence d’autres enfants soit volée ou détruite à jamais car de cela malheureusement on ne guérit pas.

L’idéal est de toujours en parler autour de vous le plus tôt possible car après l’ascendant psychologique devient trop fort, elle prend le dessus et on s’en sort plus, on accepte tout et on y perd son honneur, on devient une victime qui a honte. La honte d’avoir été victime des abus sexuels est un piège dans lequel je suis tombée mais je ne souhaiterais jamais à quiconque même pas mon pire ennemi de tomber dans ce piège aussi.

Je voudrais que cette honte change de camp, que ce soit ces agresseurs de petits enfants qui aient honte, qui soient jugés et payent convenablement pour leurs crimes odieux.

Ce livre ne sera pas rempli de haine ni de rage. Je raconterai juste ce que j’ai vécu avec des mots simples dans la démarche de pousser les victimes à en parler mais aussi de sensibiliser les parents sur les dégâts énormes que peut engendrer la pédophilie dans la vie de leurs enfants et leur rappeler que c’est à eux et à eux seuls que revient le devoir de protéger leurs enfants. En effet, les agresseurs de vos enfants sont autour de vous, ce sont vos amis, c’est rarement un étranger. Protéger vos enfants, c’est votre rôle aussi. Sinon, après, la culpabilité vous rongera. Et ça aussi fait très mal, je l’ai vu dans le regard de mes parents tant de fois, ils avaient mal pour moi mais surtout ils étaient rongés par cette culpabilité de n’avoir pas su me protéger, de n’avoir pas su ouvrir leurs yeux pour déceler un peu plus tôt les signes qui indiquaient que leur bon ami abusait de leur fille.

Aujourd’hui, vingt ans après, je rassemble toutes mes forces, toute mon énergie, pour parler de ce drame que j’ai vécu depuis mes douze ans. Tous ces abus sexuels que j’ai connus, que j’ai subis de la part d’un prêtre, directeur de mon école et meilleur ami de mes parents.

À la révélation de ces abus en deux mille quatorze, l’évêque de ma ville natale a préféré couvrir le prêtre pédophile, il lui a donné fonction dans une autre paroisse où il serait encore directeur d’école et donc en contact permanent avec des mineurs. Alors là, commencez quand même à vous interroger sur la responsabilité de l’Église dans tous ces abus sexuels sur mineurs.

Je n’ai rien contre l’Église catholique, je suis encore catholique pratiquante car pour moi la généralisation d’un cas particulier à tous les autres cas est dangereux et empêche l’autre de prouver qu’il peut agir différemment.

Il y a aussi de bons prêtres, qui se sacrifient, qui sont professeurs d’école, qui vivent leur chasteté et leur pauvreté comme il se doit.

Mais cela ne m’empêche nullement de reconnaître qu’il existe des démons parmi eux qui détruisent les enfants, les rendent aussi pervers et dérangés mentalement qu’eux.

Aujourd’hui, je peux vous dire aussi qu’il m’a fallu la peur pour être rasurée, que j’ai connu la douleur avant d’être consolée, qu’il m’a fallu les pleurs pour que je décide ne plus rien cacher et que j’ai connu la rancœur avant d’être apaisée.

Et cet apaisement fait que je n’ai nullement envie de salir la mémoire d’un mort, il ne mérite pas que je me donne la peine de le faire. J’ai bien mieux et bien plus à faire.

J’ai mis du temps pour admettre et comprendre que même ma haine il ne la méritait pas.

J’ai compris que mon agresseur ne méritait pas que je crache du venin son cadavre, quelle qu’en soit la raison.

J’ai appris avec le temps à répondre à la colère que je ressentais par le silence et à zapper tout ce qui créait en permanence un esprit malsain autour de moi.

Rester en colère a été pour moi comme tenir un charbon ardent dans ma main avec l’intention de le jeter sur mon agresseur quand je le croiserai et à la fin c’est moi qui me brûlais car c’est moi qui le tenais ce bout de charbon.

En racontant mon histoire, je veux jeter ce bout de charbon ardent et le laisser brûler tout seul par terre, sans le jeter sur personne.

Aujourd’hui, je suis devenue une jeune femme avec une estime de soi, paisible, qui connaît ses qualités et ses défauts et qui accepte que cela soit perçu par les autres.

Il me fallait avoir confiance en moi et retrouver la confiance en l’espèce humaine pour exposer ma vie aux regards d’autrui sans pour autant perdre ma pudeur, en racontant mon histoire dans ce livre.

Ce vendredi dix mai, quand j’ai appris la nouvelle du suicide du pédophile, ma plaie, qui n’a jamais été guérie, s’est retrouvée à nouveau béante, et ceci pour plusieurs raisons : elle s’est rouverte parce que, lorsque j’ai revu mon agresseur trois ans avant son suicide, il m’a demandé mon pardon.

Je lui ai dit :

— Non, jamais. Tu ne l’auras pas !

Je le lui ai dit, les larmes aux yeux.

— Tu m’as détruite, tu as volé mon enfance, tu as gâché mon adolescence. Tu ne m’as pas laissée grandir comme je le devrais. À cause de toi et des dégâts que tu as commis dans ma vie d’enfant, je suis une jeune femme brisée et sans repères.

Je n’ai pas su lui pardonner, je n’ai pas pu lui pardonner. Mon âme est en peine comme la sienne. Je suis doublement victime. Ce pardon non offert me ronge et pèse lourd.

La deuxième raison est que même sur son lit de mort, il veut salir mes parents, il veut salir cette famille que lui-même a détruite. Il nous a tous détruits d’une certaine manière, il a volé la confiance de mes parents. Il n’a pas respecté l’amitié que ma mère lui offrait. Alors qu’il était soi-disant le conseiller conjugal de mes parents.

Il dit qu’il s’est tué pour l’argent, à cause des agressions verbales de mon père mais, vous qui lisez cette histoire en ce moment, imaginez juste que ce soit votre fille, votre nièce ou votre petite cousine qui a été abusée de la sorte par votre meilleur ami pendant de nombreuses années. Imaginez-le juste deux secondes et donnez-moi un prix à payer qui saurait racheter toute cette catastrophe humaine.

Avouez que mon père a été gentil, j’en connais d’autres qui lui auraient mis une balle dans la tête avant même qu’il se tue lui-même. Je ne suis pas en train de prêcher la violence mais je vous parle d’une réalité.

Votre fille de douze ans avec qui un ami, presque un membre de ta famille, couche, et ceci sans aucune protection.

Je n’ai jamais eu de copains de mon âge, j’avais certes douze ans dans mon corps mais dans ma tête et dans mon esprit j’en avais déjà vingt-cinq par les actions qu’il me faisait faire.

Imaginez votre nièce de douze ans qui couche avec un homme de plus de trente-cinq ans.

Il couchait avec moi partout, dans son bureau, dans sa chambre de prêtre, dans sa voiture, dans la chambre d’autres collègues prêtres. Imaginez que c’était votre nièce.

À chaque accès de perversité, il lui fallait essayer un truc nouveau sexuellement et il me disait : « ce sera notre secret pour la vie ».

Visualisez-vous à la place de mes parents ou juste à la place de mon père qui passe pour le bourreau aujourd’hui.

Il a détruit ma vie, ensuite il a foutu en l’air la sienne sans me laisser des explications. Peut-être que je n’en méritais pas.

Toutefois, aujourd’hui encore, je me demande pourquoi moi, pourquoi parmi tous les enfants qu’il côtoyait il m’a choisie moi pour me détruire, pour abuser de moi et m’empêcher de grandir comme je devrais.

Certainement, toutes ces interrogations font partie de celles que la vie a choisi de laisser sans réponse !

2

Rétablir ma vérité

Cette histoire a comblé mes nuits et mes journées à une période où ma vie n’était pas heureuse.

Dans ce roman, j’ai livré une part de moi, de mon enfance, de mon adolescence, de ma vie d’adulte, de mes rêves, de mes espoirs, de mes échecs également.

J’avais quand même peur que les gens croient que je suis en train de faire des sensibleries ou d’être en train de me victimiser pour attirer l’empathie des gens surtout dans ce contexte précis.

À un moment, je ne savais plus ce que je voulais mais je savais ce dont je ne voulais plus et c’était : le silence, la honte et la haine.

Je voulais un projet impossible qui pourrait me redonner l’envie de me lever tous les matins, retrouver l’appétit de vivre et ne plus me réveiller l’estomac noué. Et écrire ce livre a été ce projet pour moi.