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« Quelle ne fut alors ma stupéfaction Cette énième fois, Lorsque, Passant la porte boréale Sous un lourd chagrin de nuages, Je tombai nez à nez en plein vol, Sur une horde d’hommes-volants Toutes ethnies connues confondues, Dont j’ignorais jusque-là qu’ils eussent Élargi leur potentiel à ce règne, Voyageant sur une espèce de tapis albédo, Champ d’antigravitation, pensais-je, Dont les reflets irisés me ravissaient… »
À PROPOS DE L'AUTEUR
Gratien Midonet compte à son palmarès plusieurs distinctions, notamment le prix de la Sacem et le Maracas d’Or. Dans "Uchronies du songe - Suivi de Poltergeist", il transcrit son monde en vers, rimes, musique.
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Seitenzahl: 34
Veröffentlichungsjahr: 2025
Gratien Midonet
Uchronies du songe
Suivi de Poltergeist
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Gratien Midonet
ISBN : 979-10-422-5459-9
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Être un oiseau me disais-je…
Être un oiseau,
Ne fût-ce qu’une fois…
Le temps
Si court croit-on
D’un battement de paupières,
Et vous voilà happé
Dans les spirales ascendantes
D’un vent frais,
Trop inattendu,
Trop vertigineux pour pouvoir lutter,
Entraînant à leur insu,
Dans un contagieux bruissement d’ailes,
Toutes celles et tous ceux
Qui se haussent au même instant
Au-dessus des contingences trompeuses,
Dans l’espoir d’échapper
À la pesanteur des pierres…
Je m’étonnai (en m’ébrouant)
Que je parvinsse à réfléchir
Et que ma toilette consistât
À me gargariser de sons joyeux.
Mille pensées contraintes
Semblaient par ailleurs
Livrer bataille en moi.
À part vocaliser,
Je n’avais à ma connaissance
Rien à faire aujourd’hui
Ni semer ni moissonner,
Ni même picorer ou nicher,
Rien qui m’imposât
Quelque empressement,
Quelque inquiétude…
Je frissonnais seulement à l’idée
De pouvoir retrouver,
Comme toujours
Ma route céleste,
Afin d’effectuer mon habituelle
Salutation matinale au soleil.
Je portais ce jour-là
Un surprenant habit vert :
Non que j’appartinsse à quelque assemblée,
À je ne sais quelle royale tribu ancienne
Sous l’Arbre à palabres,
Devant laquelle j’eusse à chanter,
À faire l’éloge du vent
Ou simplement à demander ma route,
Mais parce que sans doute,
Je désirais rompre avec un isolement forcé,
Quitte à me maquiller
À me torturer un peu plus les ailes,
Je voulais vraisemblablement
Être vu et remarqué
Par une douce inconnue
Qui me reconnaîtrait,
De préférence insoumise mais douce,
Quelque endémique rossignol
Au timbre juste et joli,
En être ému,
En être définitivement remué,
Quitte à me couvrir de ridicule
Car je ne me souvenais pas avoir choisi
En toute connaissance de cause,
Cette extravagante couleur-là…
Poussé par cette intime
Impulsion native,
Je décidai de me rendre au Vieux Banian,
Escalade de hautes dreadlocks végétales,
Qu’une « foule sentimentale » criarde
Kiffait à s’offrir,
Se donnant le mot de passe
Sur je ne sais quel arachnéen réseau d’âmes,
Afin de profiter
Des largesses hospitalières
Et guérisseuses de l’Arbre…
J’optai pour l’impressionnant Eagle-bus :
J’y trouvai facilement une place à l’aise,
Avec en face de moi un couple de hiboux
Sous l’emprise encore
Des bras nocturnes de Morphée,
N’arrêtant pas pour autant de se bécoter,
Se donnant à qui mieux mieux
Une interminable becquée…
Je m’entendis glousser de rire,
Me récitant de mémoire :
« Genoux… hiboux… cailloux… »,
Que « lui au moins était heureux,
Parce que sa femme est chouette »,
Mais l’instant d’après,
Je trouvai toutes ces pensées,
Ces jeux de mots,
Si dérisoires,
Si décalés,
Si accablants,
Eu égard à l’étendue du firmament,
Que déployant sans y penser mes ailes
Qui commençaient à me brûler,
Incommodant nombre de passagers
Étrangement silencieux jusque-là,
Sans trouver ni prendre à regret
Le temps de m’en excuser,
Piétinant çà et là
Quelques pigeons urbains fort désuets,
Me faisant traiter
De tous les « noms d’oiseaux »,
Au milieu d’une cacophonie
De quolibets et de hululements,
Je m’envolai honteux et fier,
Pointant le bec vers les cieux…
Au long des autoroutes du vent