Un dimanche de novembre - Carine Benkacir - E-Book

Un dimanche de novembre E-Book

Carine Benkacir

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Beschreibung

"Un dimanche de novembre" est un journal intime dans lequel Carine Benkacir se livre sans détour, dévoilant les douleurs et les souvenirs enfouis d’une histoire familiale complexe. Alors qu’elle traverse le deuil de sa mère, l’écriture devient son refuge et sa compagne fidèle. Grâce à elle, le passé ressurgit, apportant avec lui des éclats de souffrance, mais aussi de résilience et d’espoir. L’auteure partage ses réflexions, ses moments de joie et de tristesse, ainsi que la sérénité et le bonheur retrouvés au sein de sa famille. Cherchant à connaître sa place dans le monde, elle aspire à un idéal : un espace de guérison et de paix intérieure.

 À PROPOS DE L'AUTRICE

Carine Benkacir puise dans la richesse des rencontres qui ont jalonné son parcours, tant personnel que professionnel. À vingt ans, elle quitte sa région pour s’installer en Suisse, pays natal de sa mère, où elle trouve un véritable foyer et une source intarissable d’inspiration. Sensible et ouverte à la diversité culturelle, elle traduit dans ses écrits la force, la résilience et l’amour reçus des personnes qui ont croisé son chemin.

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Seitenzahl: 106

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Carine Benkacir

Un dimanche de novembre

© Lys Bleu Éditions – Carine Benkacir

ISBN : 979-10-422-6681-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mes filles, Privane et Soumaya.

Peut-être que croire en Dieu, c’est tout simplement espérer qu’il existe.

Jean d’Ormesson

Préface

Dimanche 23 juin 2024

Je viens d’acheter un cahier, un journal, mais comme je n’ai pas de stylo, j’écris sur mon iPhone et je recopierai plus tard, car j’aime écrire sur du vrai papier.

Je suis sur le parking d’Intermarché à Pontarlier, nous sommes le 23 juin 2024, l’année de mes cinquante et un ans et je vais voir, pour la dernière fois, ma mère à Bracon, elle est en fin de vie…

Je suis seule, mais dans mes pensées m’accompagnent les trois amours de ma vie : mon mari Youcef, ma fille aînée Privane et ma petite dernière Soumaya.

Ce journal est pour mes filles chéries… pour qu’elles aient un souvenir de leur maman, une petite trace écrite de mon passage sur cette terre, mais surtout, surtout pour leur dire combien je les aime.

Qu’elles sont toute ma vie…

Chapitre 1

Adieu

Lundi 24 juin 2024

Je suis donc allée voir ma maman hier en sachant que ce serait la dernière fois… il y a un côté mystique et mystérieux dans la mort… je suis rassurée, elle ne souffre pas, elle n’a pas de douleurs et si elle en a, je sais que l’infirmière ajoutera une dose de morphine… elle ne parle plus, je pense qu’elle m’a reconnue, mais elle est déjà prisonnière de son corps… c’est la maladie, on lui a diagnostiqué la maladie de Parkinson. Une forme rare à ce qu’il paraît !

Je remercie la vie, Dieu, car jusqu’à présent, j’ai rencontré tellement de belles personnes, avec une belle âme, une bienveillance, une gentillesse que cela compense largement les mauvaises !

Y compris, le mal qu’elles ont pu me faire sans le savoir peut-être, ou sans le vouloir, ou bien au contraire, en le calculant, en sachant pertinemment que cela pourrait me faire souffrir, me rendre triste, malheureuse.

Par jalousie peut-être, ou simplement par méchanceté.

Je n’arrive pas à croire que l’homme puisse être méchant, comme cela, gratuitement ! Non, je n’y arrive pas !

Vendredi 28 juin 2024

Maman s’est endormie dans son sommeil, paisiblement… je suis heureuse pour elle, cette maladie était une souffrance terrible pour elle.

Et pour nous !

Toute ma vie, j’ai écrit dans mes moments heureux ou malheureux, alors j’écris aujourd’hui…

C’est un jour heureux, car ma maman est délivrée, mais triste, car elle est partie à tout jamais…

Que Dieu la garde !

Maman, merci de m’avoir donné la vie ! Car j’ai pu, à mon tour, donner la vie à mes deux filles chéries que j’aime plus que tout au monde.

Ce matin, Rima, son mari et ses enfants étaient là, quel soutien et quel bonheur de les avoir à la maison depuis lundi soir !

La famille, c’est sacré !

Soumaya est partie en classe comme chaque matin, heureuse de son dernier jour d’école aujourd’hui. Elle était un peu bougonne ce matin… pas comme d’habitude, je n’arrive pas à dire pourquoi…

Peut-être qu’elle a senti quelque chose… ou peut-être pas…

Je suis convaincue que la mort et la vie sont étroitement liées.

Comme on dit toujours : « on naît seul et on meurt seul ».

Maman est partie seule à minuit dix, il n’y avait pas de soignantes avec elle, malgré leurs nombreux passages, elle a choisi un moment où personne n’était présent… elle a été discrète… comme souvent…

Si elle avait choisi de rester en Suisse à côté de chez moi, à Rougemont, j’aurais été là, à ses côtés, lui tenant la main, jusqu’à son dernier souffle… elle n’a pas voulu, elle voyait les choses différemment, j’imagine qu’elle voulait, au contraire, m’éviter tout cela… enfin, c’est ce que je m’efforce de croire !

Mais ce n’est pas grave, je ne lui en veux pas… c’est ma maman, elle a toujours été là pour moi. Un peu moins ces dix dernières années, elle m’a un peu oubliée, surtout pour les fêtes de Noël… mais je ne lui en veux pas…

Je lui en ai beaucoup voulu, puis je me suis résignée.

Chaque année, elle partait en Italie, avec son compagnon, fêter Noël avec des étrangers devenus sa nouvelle famille.

Pourquoi ? Elle seule le sait…

Samedi 29 juin 2024

Je viens de parler au téléphone avec une personne de mon entourage proche… Dieu me guide… d’une certaine façon, cette personne m’accompagne spirituellement… je suis apaisée et je pars demain sereinement pour la cérémonie de recueillement pour maman…

Merci, maman, de me guider. Maintenant, je sais mon chemin avec Youcef et mes filles… j’ai les réponses à toutes les questions que je me posais jusqu’à présent… je sais que Dieu me guide…

C’est une révélation.

Je n’ai plus les mots… je suis submergée par mes émotions !

Alors, j’arrête d’écrire pour aujourd’hui…

Dimanche 30 juin 2024

Il faut des épreuves négatives dans la vie, des chagrins, des chagrins d’amitiés, des chagrins d’amour aussi, sinon comment voulez-vous que l’on se rende compte que la vie est belle, que le bonheur existe, qu’il est à portée de main…

Comme disait Jean d’Ormesson : Quelle qu’elle soit, la vie est belle, quelle qu’elle soit, la vie est belle !

Et maman a eu une belle vie aussi…

Ce sont ces quelques mots que j’ai prononcés devant le cercueil de ma maman, cet après-midi, un peu comme un hommage à toute ma famille décédée…

Ce fut certainement un des moments les plus éprouvants de ma vie, alors j’ai fait comme je fais toujours, j’ai essayé de rester forte, mais j’aurais pu m’effondrer, j’aurais dû m’effondrer.

Par moments, j’aurais voulu être dans un trou de souris.

La minute d’après, j’aurais voulu crier, j’aurais voulu hurler. Mais rien ne s’est passé comme cela. Tout était mélangé, les pleurs, les rires, les souvenirs, la tristesse comme un lourd manteau d’hiver à porter.

« On ne peut plus changer le passé, mais on peut changer l’avenir ! »

J’aime cette phrase parce que c’est vrai, à quoi bon les regrets !

Lundi 1er juillet 2024

Je pense que je vis une période très mystique de ma vie, avec une forte impression que Dieu me guide. Pourtant, je ne suis pas croyante à la base.

Si je n’avais pas mon mari Youcef, ma Privane et ma Soumaya, je ne sais pas comment je traverserais cette épreuve. Oui, je la traverserais certes, mais plus difficilement. Je serais effondrée !

Si je n’avais pas ma propre famille aujourd’hui, je serais inconsolable.

Quand je pense à ce qu’ont vécu mes parents et mon frère quand j’étais petite.

Mercredi 3 juillet 2024

Nous sommes mercredi et j’ai enterré maman dimanche. Elle n’est plus. Un enterrement à préparer, c’est toute une effervescence, c’est comme un mariage ou une fête.

Sauf que c’est triste.

C’était la première fois pour moi, heureusement, Youcef était là comme toujours, solide comme un roc, sachant quoi me dire et comment faire pour m’aider à surmonter cette épreuve et surtout à faire face au quotidien.

Dans ces moments-là, comme maintenant, j’aurais envie de m’isoler et ne plus voir personne.

Depuis que maman est morte, je n’arrête pas de penser à ce qu’elle a vécu au moment de l’accident de ma sœur Pascale.

Jeudi 4 juillet 2024

Je fais de nouveau des insomnies. Cela me rappelle celles que j’avais il y a cinq ans. Je pense à tellement de choses aussi bien positives que négatives, mon enfance, mon adolescence, mes amours, mes amis, mes emmerdes, comme le chante si brillamment Charles Aznavour.

Je pense à mon divorce ainsi qu’à celui de Youcef (nous avons tous deux déjà été mariés avant de nous rencontrer), je pense à ma fille, aux enfants de mon mari, à notre fille.

Bonheur, malheur, chance, malchance !

Je déroule dans ma tête les cinquante dernières années et même un événement juste avant ma naissance qui m’intrigue encore.

La veille de ma naissance, le vingt et un décembre mille neuf cent soixante-treize, mon papa, qui était pompier volontaire, a été appelé pour éteindre le feu dans notre village, au fin fond de la France, dans l’Est, deux cents habitants à peine. La campagne, rien que la campagne.

Rien ne s’y passe. Et pourtant, cette nuit-là, un drame s’est produit, un crime passionnel, d’après le récit de mes parents.

Un jeune homme se suicide après avoir commis l’irréparable. Dans un coup de folie, il a ôté la vie à sa fiancée de l’époque ainsi qu’à ses beaux-parents.

Cela ressemble au début d’un bon polar, pourtant ça s’est vraiment passé dans mon village où il ne se passe rien.

Je ne sais pas pourquoi cette vieille histoire me revient en tête.

Peut-être parce que le temps passe…

Cinquante ans c’est une vie déjà et la mienne est bien remplie.

Vendredi 5 juillet 2024

Comme disait Jean d’Ormesson :

Quelle qu’elle soit, la vie est belle, quelle qu’elle soit la vie est belle.

Je ne peux que confirmer ce que disait si bien ce grand philosophe et écrivain qu’était Monsieur Jean d’O, parfois surnommé ainsi. J’aurais vraiment aimé le rencontrer. Nous avons raté notre rendez-vous à quelques années près. Il nous a quittés en 2017, mais je commence à m’intéresser de plus en plus à son œuvre seulement maintenant, un peu grâce à Internet.

La vie est belle, tout simplement.

Pourquoi ? Parce qu’elle nous inonde de bonheur simple et furtif si nous savons y prêter attention. Et quand le malheur survient, elle met les bonnes personnes sur notre chemin.

J’ai l’intime conviction que chaque personne peut trouver la force en elle face aux événements les plus tragiques.

Lundi 8 juillet 2024

Depuis que maman est partie, mon chemin se poursuit, Youcef est là, mes filles sont là et comme je l’ai déjà dit, sans eux, je serais perdue, je n’aurais pas la force de surmonter ce coup dur.

Le quotidien est paisible ici, dans nos montagnes du Pays-d’Enhaut, et le simple fait que je travaille à l’hôpital de Château-d’Œx m’aide beaucoup, énormément même. Je soigne des patients âgés, voire très âgés, j’accompagne des familles qui perdent, comme j’ai perdu, un père, une mère, une sœur, un frère, un grand-père ou une grand-mère. Qui ont une fille ou un fils malade, un oncle, une tante, un voisin, un ami souffrant d’une maladie grave ou d’un handicap. J’aide des personnes âgées qui en ont marre de la vie, qui souffrent physiquement ou psychologiquement, qui voudraient même mourir parfois. Et même des personnes qui choisissent la mort, avec Exit (l’assistance au suicide en Suisse).

La vie est belle, oui la vie est belle avec un grand V !

Merci la vie. Merci à Dieu. Merci pour la force qu’il me donne, merci à mon mari Youcef. Merci à ma fille Privane et merci à ma fille Soumaya. Chaque jour me remplit d’une joie immense de partager avec ma propre famille, mes amis, mes proches, mon entourage.

J’ai une chance immense. Même à mon travail, je me sens tellement à ma place, aussi bien avec mes collègues, Sandrine, Shane et beaucoup d’autres que je ne citerai pas, qu’avec les patients, les familles des patients. En plus, j’apprends tellement de choses dans le domaine médical, c’est tellement intéressant.

Mon expérience actuelle avec la fin de vie des malades, l’accompagnement des patients et de leurs familles, ainsi que mon vécu personnel, me confirme que je suis véritablement à ma place.

Maman, merci de me guider. Depuis ton départ, je sens une force en moi que je n’aurais jamais cru possible avant.

Lundi 8 juillet 2024 (plus tard dans la journée)

C’était un après-midi magnifique. Comme Soumaya est en vacances, les journées ne sont plus rythmées par l’école, mais plutôt par le temps qu’il fait.

Jeudi 11 juillet 2024

Aujourd’hui, il fait beau, chaud, un grand soleil illumine cette journée et illumine mon cœur. Mardi (avant-hier), nous sommes allés aux bains de la Lenk tous les trois, c’était un vrai moment de détente qui m’a fait le plus grand bien. Lundi, je suis partie à Bulle pour voir Privane (son surnom « Pépé », car Soumaya, n’arrivant pas à prononcer correctement les « r » quand elle était petite, l’appelait ainsi, c’est resté !).

J’ai passé un après-midi formidable avec mes deux filles. Et voir que ma grande est épanouie dans son travail me ravit. On a bu des cocktails mojitos sans alcool, des sirops.