Un regard peut tout changer - Tome 1 - Justine Lefebvre - E-Book

Un regard peut tout changer - Tome 1 E-Book

Justine Lefebvre

0,0

Beschreibung

Lorsque Sara jeune Ecossaise arrive à Paris, elle croit passer les trois semaines les plus tranquilles de sa vie. Adam lui qui débarque du Canada, pense vivre de bons moments avec son meilleur ami qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Si le destin en avait décidé autrement ? Si un seul instant pouvait les bouleverser à tout jamais ? Feront-ils confiance en leur bonne étoile?


Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 315

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



 

Un regard

peut tout

changer

Tome 1

 

Justine Lefebvre

 

Romance

Images : Adobe Stock

Illustration graphique : Graph’L

Éditions Art en Mots

 

 

« Quand on veut on peut. »

 

Chapitre 1 : Sara : Nouveau départ

 

Ville de Glendale, Île de Skye-Ecosse.

 

Allongée sur une plage de sable frais, depuis bientôt une heure avec Faith, mon amie depuis toujours je me mets à penser à ma vie, et au sens que je lui donne.

— Tu n’as jamais pensé que je vivais sur une autre planète ?

— Pourquoi me demandes-tu cela tout à coup Sara ? Est-ce parce qu’on regarde les étoiles ? demande-t-elle avec une pointe d’ironie dans la voix.

« À l’ouest » est, je pense, le qualificatif qui me correspond le mieux. J’ai toujours eu le sentiment d’être aux antipodes des personnes qui m’entourent de par mes différents loisirs comme le dessin, la lecture, l’écriture, mais aussi par ma façon de penser. Comme si dans un sens, j’aimerais vivre à la place des personnages que je crée. La vie serait tellement moins pesante, et plus simple. Je n’aurai plus ce poids des regrets sur mes épaules ni le sentiment d’être déchirée entre mon envie de rester, et celle de partir loin d’ici. Mon amie, constatant que je ne lui réponds pas, reprend :

— Arrête de te prendre la tête pour une fois. Pour que tu sois mon amie, c’est que tu es tout ce qu’il y a de plus normal. Crois-moi ! rit-elle.

— Tu as sans doute raison, me mets-je à sourire les yeux rivés au sol.

Faith est la seule personne qui me comprenne vraiment, même si parfois, je ne sais pas comment elle fait. Et, quand bien même elle me dit que je suis tout ce qu’il y a de plus normal, nous sommes très éloignées l’une de l’autre.

Faith est ce qu’on appelle une fille populaire, sûre d’elle. Tout le monde lui parle au lycée, à croire qu’elle a la communication dans le sang. Elle a une telle prestance, une telle présence que dès qu’elle arrive dans une pièce tout le monde se retourne et admire la dernière tenue à la mode qu’elle porte, ou la coiffure branchée réalisée par ses soins. Contrairement à elle, moi, j’essaie de me faire la plus discrète possible, et à part Faith et les membres du club musical du lycée, je ne parle à personne. Je crois que du plus loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été une solitaire. Étant fille unique, il fallait s’y attendre. Rêver de la vie de mes personnages imaginaires, à leur ressenti face à chaque situation, et aux moyens qu’ils utilisent pour trouver des solutions à leurs problèmes, c’est tout ce que j’aime. Je crois que Faith et moi, nous sommes tout simplement comme deux mondes qui s’opposent, mais qui s’accordent parfaitement, unies comme les doigts de la main.

— Tu comptes faire quoi cet été, Sara ?

Je me redresse, et m’assois pour lui faire face tout en essayant d’enlever le sable incrusté dans mes longs cheveux bruns.

— Mes parents m’ont offert un voyage à Paris pour mon anniversaire, tu sais bien ! Je vais enfin quitter pendant quelques semaines ce trou paumé, réponds-je sur un ton ironique. Et toi, dans quel groupe as-tu réussi à t’incruster ?

— Toujours la même équipe masculine de football du lycée. Je sens que les vacances promettent d’être intéressantes, et de permettre de belles rencontres. Tu es sûre que tu ne veux pas venir ?

Depuis notre entrée au collège, elle a essayé maintes et maintes fois de me convaincre de sortir davantage et de m’ouvrir aux autres, sans grand succès. Je ne sais pas si c’est mon côté introverti qui veut ça, mais je ne me sens pas à l’aise lorsqu’il y a trop de monde autour de moi. J’ai le sentiment d’être observé et juger sans cesse. Je décline donc encore gentiment son invitation.

— Non merci ! Tu sais que je t’adore, mais je n’ai pas très envie d’être entouré d’une bande de mecs remplis de testostérones en fusion. Je préfère mon voyage tranquille et sans histoires. Mais promets-moi de m’envoyer des textos et de tout me raconter à ton retour.

— Compte sur moi ma chérie, dit-elle en me prenant dans ses bras.

Cette fille est dingue, mais je sais que quoi qu’il puisse se passer, nous resterons inséparables. En tout cas, j’ai tout de même hâte de partir d’ici. Le départ est prévu dans un mois. Il me tarde d’y être. J’ai envie de changer d’ambiance, de découvrir d’autres horizons. Qui sait ce que ce voyage me réserve.

— Bon je vais rentrer. Une valise pour des vacances qui promettent d’être très chaudes, ça se prépare ! s’exclame mon amie avec un sourire coquin. Tu vas faire quoi toi ?

— Je vais rester encore un peu là. Je suis bien ici.

— Comme tu veux ma solitaire, mais envoie-moi un SMS dès que tu seras rentrée d’accord ?

Sacré Faith, si elle pouvait me couver comme une poule elle le ferait sans hésitation.

— Oui maman.

— Y a intérêt. Bisous ma chérie.

— Bisous mon amour.

J’observe Faith s’éloigner. Une fois que celle-ci est un peu plus loin, je me lève et m’avance vers la mer. Je retire mes chaussures, puis trempe mes pieds dans l’eau encore fraîche de ce début d’été. La sensation de l’eau mélangée au sable humide est très agréable. J’ai l’impression de m’enfoncer et en même temps j’ai envie que la matière se fige pour m’empêcher de partir. Je marche le long de la rive en rêvassant et en sautillant comme une enfant qui découvre pour la première fois la plage, et qui tente de nouvelles expériences avec les éléments qui l’entourent. Une part de moi aimerait tant retourner en arrière et rester une petite fille qui ne pense qu’à vivre l’instant présent, et à jouer. En effet lorsqu’on est jeune on est pressé de grandir, mais finalement on se rend compte que la vie était si simple auparavant, que notre innocence et notre inconscience étaient ce qui nous arrivait de mieux. Le soleil se couche tranquillement devant moi, m’annonçant l’heure du retour à la maison, cette maison habitée désormais par la tristesse et la mélancolie, même si chacun essaie de sauver les apparences.

 

Chapitre 2 : Adam : L’urgence de partir

 

Ville de Whitehorse-Canada.

 

Assis dans l’herbe douce et chaude du parc de ce début d’été, je recouvre mes oreilles de mon casque. L’endroit situé à quelques rues de la maison est désert. L’herbe bien verte, et les érables à perte de vue sont si apaisants. Je laisse le soleil chauffer ma peau, pendant que mon esprit divague sur des notes déchaînées. Les yeux fermés, je me laisse emporter par le rythme de Silence d’Edisun. Jusqu’à ce qu’une main qui se pose sur mon épaule me sorte de ma transe, me faisant sursauter.

— Hey, salut Adam !

Pour une fois que j’étais tranquille, voilà que mon couillon de meilleur ami débarque.

— Salut Matt, qu’est-ce que tu fiches ici ? dis-je surpris en me redressant.

— J’allais au cinéma et toi ? Toujours à rêvasser avec ta musique ? se moque-t-il.

Quand bien même j’adore cette tête de clown, en cet instant j’ai plus envie de lui mettre une claque. En plus, j’étais bien installé, il tombe mal. La mélodie continue de hurler dans mes écouteurs. Quand Matt reconnaît les notes, il écarquille les yeux en me fixant.

— Oh là, ça ne va pas, toi. Qu’est-ce qui se passe ? Non, attend, laisse-moi deviner. Tu t’es enfin décidé à draguer une fille et elle t’a mis un râteau ? enchaîne-t-il rapidement.

Mais qu’il est lourd, ce n’est pas croyable. Fini la tranquillité ! Je me frotte les cheveux en soufflant profondément, afin de me calmer pour ne pas le rembarrer trop brusquement.

— Je vais très bien, et non, je ne me suis pas pris de râteau. Te voir t’en prendre tous les deux jours ne me donne vraiment pas envie d’aborder une fille, réponds-je avec un sourire forcé.

— OK… Ça, c’est fait. Pour ta gouverne, je n’étais pas au mieux de ma forme ces jours-là !

C’est ce qu’il dit à chaque fois.

— En même temps tu arrêterais de te goinfrer ça irait mieux, espèce d’estomac sur patte.

Je sens mon ami se raidir et serrer les poings, comme s’il était prêt à m’en coller une. Je l’observe en déglutissant difficilement. Il me fait quoi là ? Je perds ma bonne humeur qui était déjà fragile, pour scruter ses moindres faits et gestes. Matt s’approche dangereusement de moi avec un air menaçant, quand soudain, cet abruti se tord de rire.

— Non mais… t’as vraiment cru que… j’allais te frapper ? Tu me prends pour un psychopathe ou quoi ? articule-t-il difficilement.

— On ne sait jamais, tu m’as franchement fait flipper, soufflé-je de soulagement.

Il continue de rire, ce bouffon, et je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire face à sa tête de clown.

— Comme si j’allais cogner mon meilleur pote ! Sur ce coup-là, c’est toi qui es dingue. Au fait, tant que j’y pense, tu pourras demander à Mamie Lou si c’est toujours d’accord pour que je prépare le repas de dimanche ?

La personne dont il parle est ma grand-mère. C’est une femme en or. Elle s’est occupée de moi, lorsque mes parents sont partis un froid matin d’hiver. Ceux-ci m’ont déposé devant chez elle, sans plus jamais revenir.

Ne pas penser à ça maintenant.

— Qu’est-ce qui te prend de vouloir faire le dîner ? Tu te prends pour un grand chef ou quoi ? T’as peur de mourir de faim avec moi ?

Le sourcil arqué, j’attends sa réponse. Il ne se démonte pas, et continue, toujours en souriant.

— Petit un, j’adore faire à manger. Et petit deux, comme je ne sais pas ce qu’on va manger là-bas, je préfère me remplir le ventre avant, par simple précaution.

Exaspéré, je me tape le front. J’oubliais que ce type est un véritable glouton.

Avec Matt, nous avons décidé de partir un mois en France, à Paris plus exactement. Nous avons besoin de nous retrouver, et rattraper le temps perdu. La fac nous a éloignés l’un de l’autre, c’était une période un peu compliquée. Malgré tout, on aime toujours autant se charrier, et on ne passe pas une semaine sans s’appeler. Notre amitié s’est renforcée, et nous sommes plus unis que jamais. De plus, qui aime bien, châtie bien. Il reste mon ami d’enfance, le seul que je n’ai jamais eu en fait. On a été voisin jusqu’à ce que je déménage, mais notre lien est resté intact. Nous sommes aux antipodes l’un de l’autre avec deux personnalités complètement différentes, mais qui au final se complètent. Mon Matou, comme j’aimais l’appeler quand nous étions petits, adore faire la fête et draguer à longueur de journée. Contrairement à moi qui préfère m’isoler pour observer le monde, comme un spectateur devant une pièce de théâtre, en train d’attendre le bon moment pour en faire partie.

— As-tu réservé les billets d’avion ? Sais-tu où on va dormir ? enchaîne-t-il en faisant de grands gestes, tout excité.

— T’en fais pas, j’ai tout prévu. On n’a pas fait tous ces petits boulots pour rien.

Heureusement que je suis organisé parce que si on compte sur lui, on va finir clochards à Paris. Ce type n’a aucune organisation, il vit au jour le jour. Moi, je déteste ça. Il me faut savoir où je vais. L’imprévu, ce n’est pas mon truc.

— Pitié, dis-moi que tu vas enfin te lâcher là-bas, fais-moi plaisir, insiste-t-il en joignant ses mains comme une prière, tout en prenant place à mes côtés.

— Il y en aura pour tous les goûts, promis. En même temps tu t’en serais occupé aussi, t’aurais pu choisir ce qu’on allait faire. Et cesse de me soûler avec tes questions ou j’y vais tout seul.

— Eh ! J’ai bossé pour financer ma partie du voyage, c’est déjà pas mal, répond-il en riant. De plus, toi seul dans cette grande ville sans moi ? Même pas en rêve. Puis, reconnais que c’est un sacré atout de partir avec un mec aussi génial que moi ! Les filles vont tomber comme des mouches, ça va être trop bien, ajoute-t-il en se frottant énergiquement les mains.

— T’emballes pas à ce point, tes chevilles vont finir par exploser. Mais je suis d’accord sur le fait que ça va être génial. On les a bien méritées ces vacances.

 

Il se redresse et s’essuie l’arrière de son pantalon d’un revers de la main, avant de me la tendre.

D’un au revoir amical, il me taquine en m’interdisant de m’endormir. Il n’a pas tort, j’en suis capable n’importe où. Une fois, lors d’une soirée, installée dans un canapé, une fille s’est mise à me parler, et je me suis assoupi en plein milieu de la conversation.

Je profite de ce retour au calme, dont j’avais tant besoin avant sa venue, et me dirige vers la balançoire qui se trouve à proximité. Retrouvant la douceur de la musique, je la mets à fond, puis me balance de plus en plus vite, jusqu’à avoir l’impression de toucher le ciel bleu de ce début d’été. Cette étendue de couleurs limpides me donne une impression de liberté, et de légèreté qui me manquent ces temps-ci. J’ai hâte de partir, loin de cette vie, de mes souvenirs qui me hantent. Même si j’ai des remords de laisser ma grand-mère toute seule, il le faut. Je dois partir aussi bien pour elle que pour moi. Je ne lui ai pas rendu la vie facile ces dernières années. J’ai l’impression d’avoir été un fardeau, même si elle me certifie le contraire. Se retrouver seule, et passer du temps avec ses amies lui feront le plus grand bien. Ce voyage s’annonce génial, puisque je vais être avec mon meilleur ami, sans complication ni problème. Enfin j’espère.

Chapitre 3 : Sara : Une belle surprise

 

— Dépêche-toi, tu vas rater le ferry Sara !

— Mais non, j’ai le temps.

— « Mais non, j’ai le temps », jusqu’au moment où tu n’en auras plus, se moque ma mère.

Elle va finir par me refiler son stress si elle continue.

Ma mère, Lisa, est anxieuse en permanence. Cependant, elle est aussi nerveuse que le tic-tac d’une horloge. À croire qu’elle est branchée sur du deux cent vingt volts. C’est quand même la meilleure des mamans qui soit. Tout le temps à vouloir tirer ce qu’il y a de mieux chez tout le monde.

Une fois les bagages dans la voiture, nous partons. Le trajet se passe en silence. Je regarde par la fenêtre les paysages défiler, ces endroits où j’ai vécu les pires et les meilleurs moments de ma vie. Je suis impatiente de m’éloigner d’ici, mais en même temps, j’ai peur. Peur de ce que je vais trouver de l’autre côté de mon île, peur de ne pas vouloir revenir. Je ressens tant d’émotions contradictoires que j’en ai mal à la tête. Je ferme les yeux un instant, et prends une grande inspiration afin de décompresser à l’arrivée au port d’Armadale. En sortant de la voiture, j’observe l’étendue d’eau devant moi qui offre un spectacle magnifique, en contraste avec ces collines à perte de vue. Un sentiment de liberté m’envahit. Je sais que j’ai trouvé ma place ici, cependant j’éprouve cette envie viscérale de m’évader, d’explorer le monde et de vivre autre chose, au-delà des frontières. D’être moi-même tout simplement.

Le ferry-boat, le Caledonian MacBrayne arrive dans un bruit à peine audible qui pourrait endormir un enfant. Il est immense et incroyablement haut, comme une montagne à franchir. Je regarde ensuite ma mère qui a les larmes aux yeux.

— Fais attention à toi surtout, et appelle-moi tous les jours pour me donner des nouvelles, d’accord ? me demande-t-elle, la voix tremblante en me prenant dans ses bras.

— Mais oui ne t’en fais pas maman, tout va bien se passer. Je vais me mettre à pleurer en te sentant si triste.

Ma mère resserre son étreinte, et je sens ses larmes couler sur mon épaule, quand soudain une voix familière retentit derrière moi.

— Ne vous en fait pas Mme McKinley, je veillerai sur elle, n’est-ce pas ma belle ?

Je me retourne, et qui je vois : Faith ! J’en suis estomaquée, les mots me manquent, et en même temps, j’ai juste envie d’exploser de joie.

— Qu’est-ce que tu fiches ici ? Je croyais que tu allais passer les vacances avec tes footballeurs musclés ? enchaîné-je en lui sautant dans les bras.

— Et bien, disons qu’il n’est jamais trop tard pour changer d’avis. J’avais envie de faire autre chose, et, quelle meilleure amie serais-je, si je te laissais partir dans un pays étranger toute seule. En plus, je ne connais pas la France, répond-elle toute guillerette.

Je n’en reviens pas ! Elle a vraiment mis ses projets de côté pour moi ! Des larmes montent, et je tente tant bien que mal de les retenir. Faith est incroyable, et même si je lui dis trop souvent à son goût, elle est mon coup de foudre amical.

— Et tes parents sont au courant ? Ils sont d’accord ? débité-je rapidement sans reprendre mon souffle.

— Oui, je les ai prévenus il y a un moment. J’ai tout arrangé avec eux, je voulais te faire une surprise. Alors heureuse ? lance-t-elle fièrement en improvisant une chorégraphie qui ne ressemble à rien. En plus, ta mère sera rassurée.

— Ça, c’est bien vrai, merci Faith, réplique ma mère derrière nous qui a retrouvé sa bonne humeur.

— Pas de quoi, Mme McKinley. Bon alors, on y va Sara ? On va rater le ferry sinon. En plus, je ne te cache pas que j’ai hâte d’arriver à notre destination, ajoute-t-elle en sautillant comme une petite fille.

— Tu es la meilleure, merci !

Mon amie me fait un clin d’œil, puis nous nous embrassons fort avec ma mère. C’est avec un pincement au cœur que je m’éloigne, mais je sais aussi que ce voyage me fera le plus grand bien, et que j’en reviendrai changée.

Nous nous installons à bord du ferry-boat pour admirer le panorama, et faire un dernier signe à cet ange incroyable qui m’a donné la vie.

— Alors, prête pour l’aventure ? me dit mon amie tout excitée.

— Et comment !

Ce voyage marquera certainement un tournant dans ma vie, mais pas seulement. En effet, je crois qu’il va aussi bouleverser les membres de ma famille lorsqu’ils me reverront. J’ai un besoin irrépressible de me concentrer sur autres choses et de découvrir diverses facettes de ma personnalité qui me sont encore étrangères. J’ai le sentiment que mon monde ne tourne qu’autour de lui : mon père. Je me sens si impuissante face à son état que ça me ronge de l’intérieur. On dirait qu’un parasite grignote chaque partie de mon être jusqu’à ce que je me résolve à abandonner, à le laisser partir. Mais ça, j’en suis incapable. Le paysage qui s’étend devant mes yeux est en harmonie avec ce soleil de ce début d’été qui m’aveugle, et les nombreuses vagues marquent en plus le rythme, le tempo de cette nouvelle aventure, que je commence avec un peu d’appréhension. J’inspire et j’expire profondément. Ça y est, je suis prête à m’envoler.

 

Chapitre 4 : Adam : Un premier signe

 

Arrivé de bonne heure devant le petit aéroport de Whitehorse, j’attends patiemment Matt. Je sors mes écouteurs que je branche sur mon téléphone, et mets le dernier album de Kane Brown qui résonne à fond dans mes oreilles. Certains me trouveront sans aucun doute, diront étrange. Le gars sûr de lui, bien habillé, à l’allure solitaire, la musique scotchée aux oreilles. Et alors ! Cela m’est complètement égal ! Je suis comme je suis, et resterai ainsi sans me sentir obliger de plaire à qui que ce soit. C’est justement ça qui est génial, et qui rend la vie si importante à mes yeux. C’est cette infinie de possibilités qu’elle nous offre. De plus, si je le pouvais, je déambulerais constamment au rythme des chansons.

— Eh ! Oh ! La Lune ici la Terre, il est temps d’atterrir.

Je me retourne vivement lorsque je sens une main se poser sur mon épaule. Je souris en apercevant mon pote qui rit en voyant ma tête de rêveur.

— Non, c’est justement le moment de décoller mon ami.

— Tu sais que tu peux être très drôle quand tu t’y mets.

On procède alors à notre rituel : un check et un coup d’épaule. C’est notre manière de nous saluer, sauf qu’il n’y a pas été de main morte. Je serre les dents, en vue de la douleur qui me parcourt la clavicule.

— Au moins tu ne t’ennuies pas avec moi, articulais-je difficilement. Tu sens plus ta force ou quoi. J’ai l’impression qu’une voiture m’a foncé dessus.

— Oh la chochotte, cesse un peu de pleurnicher, se moque-t-il.

Je reprends mon souffle, avant de constater avec surprise qu’il traîne derrière lui une énorme valise et un bagage à main.

Retenant un fou rire, je l’observe d’un air moqueur.

— Tu sais que nous allons revenir dans trois semaines ?

— Oui, pourquoi ? demande-t-il faisant comme s’il ne comprenait pas.

— Tu as vu la taille de ta valise ? T’es complètement dingue !

— Tu ne vas pas me reprocher d’être prévoyant. On ne sait jamais, imagine il pleut ? Si on fait de superbes rencontres ? Si les filles n’aiment pas certains de mes vêtements ? Si je me tache ? Si ....

Je le coupe gentiment dans son monologue interminable, autrement nous étions bons à rester là encore trois heures. Nous avançons pour faire enregistrer nos bagages.

Le vol jusqu’à Vancouver pour la correspondance à Montréal fut assez rapide. Comme nous avons une heure quarante à tuer avant de reprendre l’avion direction Paris, nous décidons d’aller nous balader avant de grignoter un morceau. Nous nous arrêtons devant la plus grande enseigne de Bagel Bar que je n’ai jamais vu. Je commande sans grand appétit un menu express, mais on ne voit pas les choses de la même manière avec Matt. Lui, prend le double big menu avec dessert. Il n’est pas possible, à croire qu’il a un estomac à la place du cerveau.

— Sérieusement, comment tu fais pour ingurgiter autant de nourriture, et rester maigre comme un clou ?

— Le talent mon ami, le talent, dit-il hilare.

Je soupire, exaspéré face à sa réflexion sournoise, avant qu’on éclate de rire entre deux bouchées de frites pleines de mayonnaise dégoulinante. Il tente de me donner ses conseils, ou plutôt leurs absences, pour pouvoir manger en quantité illimitée. Si seulement il savait la chance qu’il a !

Après s’être rempli le ventre, nous continuons de marcher, quand, soudain, nous passons devant une boutique qui m’interpelle : La Librairie Virgin.

 

D’aussi loin que je m’en souviens, j’ai toujours aimé la lecture. Chaque soir ma grand-mère me lisait une histoire qui me permettait de rêver et m’évader. Depuis, à chaque fois que je passe devant une librairie ou un magasin de presse je ne peux pas m’empêcher d’y entrer, comme un enfant face à une enseigne de jouets. Matt remarque mes yeux pétillants, mais m’arrête immédiatement en me barrant la route.

— Pitié, non Adam ! Je pensais qu’on devait s’amuser pendant ce voyage ?

Je regarde mon ami droit dans les yeux, puis, avec détermination, je lui énumère les points fondamentaux de ma philosophie d’un bon voyage.

— Petit un : on n’est pas encore arrivé à Paris. Et petit deux : impossible de m’amuser sans une bonne dose de musique, ou de bouquins entre-deux.

Malgré mes arguments indéniables, je suis obligé de le pousser fermement pour atteindre mon but. À croire que cet en-cas lui a fait prendre dix kilogrammes en cinq minutes. On avance dans les différents rayons. Lui, partant à droite à gauche, et moi, attendant que quelque chose retienne mon attention. En traversant la section livres, je remarque une couverture en noir et blanc qui m’intrigue. Je m’approche davantage de l’ouvrage, et constate avec étonnement qu’il s’agit d’un livre sur la Bibliothèque Nationale de France.

— Eh mec ! Regarde ce que j’ai trouvé, dis-je en attrapant Matt par l’épaule.

Celui-ci manque de tomber à la renverse, puis, les yeux écarquillés face au livre que je lui mets sous le nez, me sort :

— Qu’est-ce que c’est ? Une bande dessinée ? Non, je sais, un livre pornographique ? débite-t-il fier de lui.

— Abruti ! C’est un livre sur la Bibliothèque Nationale de France, située à Paris. C’est un lieu incontournable, chargé d’histoires et de milliers de livres, répondis-je en lui collant une tape derrière la tête.

— En somme un truc barbant, mais le paradis pour toi ? rétorque-t-il avec un sourire narquois.

— Exactement ! Il me faut absolument ce bouquin.

— Si tu y tiens. Au moins, tu auras ta dose de lecture pour le reste du vol. Enfin j’espère ? me dit-il avec un faux air paniqué.

— C’est ça fous-toi de moi. Et pour toi ce sera quoi ? La dernière revue sur la plus grosse glace du monde ?

Il se met à regarder dans toutes les directions, la main au-dessus des yeux tel un détective à la recherche de sa proie.

 

— Où ça ? Où est-ce que tu l’as vu ? débite-t-il en se frottant les mains.

Entre crétin ou complètement perché, je me demande ce qui pourrait le qualifier le mieux. Je n’arrive pas à croire qu’il soit tombé aussi facilement dans le panneau.

— Dans tes rêves ! Idiot !

— C’est ça, fous-toi de moi ! Le jour où ce magazine sort vraiment, tu ne seras pas le dernier à vouloir l’acheter, crois-moi, sourit-il sûr de lui. Tu ne l’oses peut-être pas par peur de grossir, mais je suis certain que tu sauterais sur une assiette pleine de profiteroles avec de la chantilly !

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, réponds-je en faisant l’innocent.

— De ton petit estomac qui ne demande qu’à être rempli !

Nous sortons du magasin hilare et à regret. Je pourrais passer des heures entourées de livres en tous genres. Je tiens fermement mon sac qui contient désormais ce nouveau trésor. Qui sait ce que me réserve la suite de notre route ? Le cœur léger, je sais maintenant que partir était le bon choix.

 

Chapitre 5 : Sara : Une rencontre inattendue

 

Une heure après, nous débarquons à Mallaig. Je descends avec soulagement après avoir écouté le monologue de Faith sur sa rencontre avec Brad, un « incroyable » rugbyman. À présent nous devons prendre le bus qui nous emmènera direct à Édimbourg, afin de prendre notre avion. En l’attendant, nous reprenons avec regret la suite de la conversation commencée dans le ferry-boat.

— Au fait, je t’ai déjà dit qu’il était ultra sexy ? Et aussi très intelligent ?

Mais c’est pas possible, il faut que je l’arrête avant qu’un mal de tête atroce ne gâche notre voyage.

— Ça aussi tu me l’as assez répété. Ça doit te changer de tes mecs débiles de d’habitude, dis-je sur un ton exaspéré.

Son sourire angélique m’attendrit. Il faut avouer qu’elle n’a jamais eu de chance avec les garçons. Soit ils étaient avec elle pour sa popularité, ou la trompaient avec une de ses connaissances. Depuis ces fâcheuses expériences, elle a eu du mal à faire confiance en la gent masculine, jusqu’à Brad qui, après des mois de patience, lui a redonné le sourire.

 

Devant un éclair de lucidité, elle semble avoir compris que le sujet de conversation arrive à son terme. Le silence retombe, face au brouhaha des autres passagers qui attendent avec nous.

— Et sinon…, on peut changer de sujet de discussion ?

— Je t’agace à rabâcher toujours la même chose, hein ?

— Ce n’est pas cela, mais on parle de lui depuis notre départ, alors, disons qu’un peu de changement ne me déplairait pas.

Mon amie semble légèrement vexée, mais se remet vite à sourire juste avant que le bus arrive à notre hauteur. Nous payons notre trajet, mettons nos valises dans la soute. Nous commençons à nous avancer à la recherche de deux places côte à côte, ce qui n’est pas chose aisée puisque le bus est bien rempli. À croire que tout le monde s’est donné le mot pour partir de ces petits bleds paumés, et s’envoler pour Édimbourg. Comme si la liberté commençait au-delà des frontières de nos petites bourgades. Ça me rappelle d’ailleurs un tableau que j’aime beaucoup : « Le voyageur au-dessus de la mer de nuages » (1818) de Gaspard David Friedrich. Ce tableau représente le symbole même de la liberté à mes yeux. Il représente un homme, avec des habits d’époque, se tient debout sur un amas de rochers, contemplant des nuages sans fin qui s’étendent devant lui ; comme une envie irrépressible d’aller de l’avant sans jamais s’arrêter.

Sortant de mes pensées, Faith s’agrippe à moi et me tire rapidement vers deux places libres.

Nous nous installons, mettons notre ceinture, et c’est parti, le bus démarre. En route pour huit heures de traversée de l’Écosse, jusqu’à la prochaine escale. Au début, tout se fait dans le plus grand calme, chacune écoutant de son côté de la musique. Sur ce sujet également, nous sommes bien différentes. Faith est plutôt variété, et moi country pop. Tout à coup, je sens une tape sur mon épaule. Intriguée, je me retourne pour faire face à un homme assis juste derrière moi. Je l’observe avec insistance, ne comprenant pas ce qu’il me veut, avant de constater que ses lèvres bougent sans que je ne perçoive aucun son. J’ôte un écouteur, un peu inquiète puis lui lance avec hésitation :

— Désolé, est-ce que je peux vous aider ?

— Est-ce que vous auriez un mouchoir s’il vous plaît ? Avec les secousses du bus, l’eau de ma bouteille a un peu coulé sur mon jean.

Bizarre le type ! Il faut vraiment être maladroit, pour renverser de l’eau sur son pantalon aussi facilement.

 

— Aucun problème.

Je prends un paquet de mouchoirs qui se trouve dans ma poche, et lui en tend un.

— Merci, c’est très gentil. Au fait, je m’appelle Brett et toi ?

Je le regarde, étonnée de son assurance avant de me présenter à mon tour :

— Heu… Enchantée Brett, moi c’est Sara.

— Enchanté Sara. Tu voyages toute seule ?

Non, mais ça va, il se prend pour mon ami ou quoi ! Je lui réponds tout de même en précisant que je suis accompagnée, il me lâchera peut-être la grappe.

— Non, je suis avec ma meilleure amie Faith, assise à côté de moi. Et toi ?

— Oui. Seul comme un grain de sable.

OK… il n’a pas l’air si bête que ça finalement.

— « Dans un grain de sable voir un monde dans chaque fleur des champs de Paradis. »

— Eh ! Tu cites William Blake ? sourit-il

Waouh, un mec qui s’intéresse à la poésie, il va finir par neiger !

— Bien vu ! Tu t’y connais en poète ?

 

— C’est mon côté séducteur qui veut ça, répond-il avec un clin d’œil en coin. Bon aller, je ne te dérange pas plus. On se reparlera sûrement en cours de route.

— Avec plaisir !

Je reprends ma place correctement, mais une main me stoppe au moment où je tente de remettre mes écouteurs sur mes oreilles.

— C’était qui ce mec ?

Faith me dévisage avec autant d’impatience qu’un policier lors d’un contrôle de papier. Ravie de ce retournement de situation, je la fais languir en lui donnant des informations d’une manière lasse.

— Il s’appelle Brett. Il m’a juste demandé un mouchoir.

Mon amie se rapproche de moi avec la volonté de mettre son nez partout.

— À d’autres ! Tu ne vas pas me faire croire qu’il t’a juste demandé un mouchoir, et qu’en même temps il t’a gentiment dit son prénom ?

— Mais si je t’assure.

— Mouais… en tout cas il est super craquant !

Ravie qu’elle soit tombée dans le panneau, je souris d’un air machiavélique.

 

— Oh là, je pensais que tu étais dingue de Brad. Tu sais Brad, le rugbyman ultra sexy et intelligent ?

— Oui ben Brad n’est pas là à ce que je sache ! Et puis, on n’est pas marié non plus.

— Je n’y crois pas, tu es incroyable ! me moqué-je

— On ne me refera pas.

Voyant le rictus au coin de mes lèvres, elle comprend que je lui ai tendu un piège. Je n’ai pas le temps de me reculer que mon amie me donne un grand coup dans le bras.

— Tu l’as fait exprès saleté !

— Moi ? Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. Tu sais bien que je suis sage comme une image.

— Une image de diablesse oui ! D’ailleurs, en y pensant, je t’imagine bien avec de beaux collants noirs et une mini-jupe rouge faisant ton aguicheuse… commence-t-elle.

— … T’es malade ! la rembarré-je, les joues rouges en lui rendant son coup dans le bras, avant qu’on éclate de rire.

— Oh une bagarre entre filles, j’adore ! C’est pour moi j’espère ? annonce une voix derrière nous.

Surprise, on se retourne toutes les deux au même instant. Nous ne savons plus où se mettre, mais Brett détend la situation, et commence à faire connaissance avec Faith avant de se tourner vers moi.

 

— Alors, dites-moi : que font deux jolies filles dans un bus direction Édimbourg ?

— On va prendre l’avion pour Paris, réussis-je à dire.

Face à son étonnement, nous lui expliquons la raison de notre expédition. Puis, il nous dit ce qui la poussé à prendre ce bus : la rupture avec son petit copain. Celle-ci semble encore douloureuse à en juger par la grimace sur son visage. Malgré la complexité de la situation, je ne peux m’empêcher de rire à plein poumon, en voyant le visage blanc, et décomposé de mon amie qui a compris que notre interlocuteur ne naviguait pas sur le même bord.

— Qu’est-ce qui te fait marrer ?

Ne voulant pas vexer Brett, je tente de reprendre mon souffle.

— En fait, Faith me disait, juste avant que tu nous interrompes, qu’elle te trouvait super craquant.

— Sérieux ? J’en suis flatté, mais malheureusement je n’aime que les garçons. J’ai bien eu une copine la première fois que je suis sorti avec quelqu’un, mais ça n’a pas collé. Je me suis vite rendu compte que le problème ne venait pas d’elle, mais de moi. Trop accro aux mecs, conclut-il d’un clin d’œil.

— Tu vas t’en remettre ? demandé-je à Faith, toujours interloquée.

Le regard noir qu’elle m’adresse en dit long sur ce qu’elle pense. Heureusement que les taquineries sont monnaie courante avec nous. Il ne faut pas longtemps pour que reprenne notre complicité habituelle.

Durant le reste du trajet, nous continuons d’apprendre à nous connaître tous les trois. On parle de tout, des études, du temps qu’il fait, nos styles de garçons, musiques que l’on écoute… À un moment donné, le bus s’arrête devant l’aéroport, qui est sur l’extérieur d’Édimbourg. Avant de descendre, on échange avec Brett nos numéros, puis on part vers l’entrée de l’aéroport. Plus on avance, plus on sent que quelqu’un nous suit : Brett.

— Pourquoi tu nous suis ? demandé-je, amusée.

— J’ai décidé de venir avec vous.

On se regarde avec Faith, estomaquées. Il se retient de rire avant de nous rejoindre.

Sa philosophie de « On ne rencontre jamais les gens par hasard » le pousse à nous suivre. De plus, il nous avoue qu’avec son moral au plus bas, il préfère s’éloigner, et ainsi être sûr de tenir sa pause amoureuse. Nous acceptons avec plaisir, d’autant plus que nous serons plus rassurés avec un garçon à nos côtés.

Nous nous dirigeons vers le guichet pour voir s’il reste de la place pour lui sur notre vol. Par chance, une personne s’est désistée. Nous allons enregistrer nos bagages, puis nous nous dirigeons vers la zone d’embarquement pour monter enfin dans l’avion. Nous ne sommes qu’au début de notre périple, et déjà plusieurs surprises se sont mises sur mon chemin. Quelque chose me dit que ce ne sont pas les dernières.

 

Chapitre 6 : Chemins croisés

 

Sara

 

Le vol se passe dans une bonne ambiance. Brett nous parle de ses premières expériences avec les garçons, et Faith de ses rencontres avec des mecs plus géniaux les uns que les autres. Nous arrivons à l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, qui a une allure imposante toute en arc de cercle. C’est incroyable !

— Enfin on y est ! Les choses sérieuses vont pouvoir commencer, lance Faith.

— Qu’est-ce que tu entends par « choses sérieuses » ? demande Brett, incrédule.

— Ben, les « choses sérieuses » quoi, s’amuser, profiter, voir d’autres endroits que le ferry, le bus et l’aéroport.

— On y fait parfois de belles rencontres, rétorque Brett.

Ça y’est ils vont recommencer leur combat de coqs jusqu’à ce que l’un prenne le dessus sur l’autre ! Pire que des gamins.

— Oui, ne te vante pas trop non plus.

— Tu dis ça parce que tu as craqué pour moi.

— N’importe quoi, s’exclame-t-elle en détournant le regard.

 

Devant sa gêne, je lance un coup d’œil complice avec Brett. Nous sortons la même phrase simultanément :

— Mais bien sûr !

 

***

 

Adam

 

— Alors, content d’être arrivé ? me dit Matt.

— Tu m’étonnes, après sept heures d’avion, j’ai bien cru qu’on ne descendrait jamais. Je n’aurais pas pu te supporter aussi près de moi une minute de plus, souriais-je en me reculant.

— Et moi donc, c’était insupportable. Tu sais que tu ronfles pendant ton sommeil !

L’ordure !

— Et toi, tu sais que ton parfum est infect ? Tu t’es vidé la bouteille avant de partir ? Ce n’est pas possible qu’un parfum sente aussi longtemps et tellement fort !

Le match est lancé entre nous, et je ne vais pas me laisser faire.

— Oui, moque-toi, tu es jaloux surtout.

Je me marre !

— Mon parfum irrésistible va faire tomber les filles comme des mouches.

— Tomber, ça, ça ne fait aucun doute, rajouté-je avec du dégoût dans la voix.

Je me mets tellement à rire que des larmes commencent à couler de mes yeux, et glisser le long de mes joues pâles. Cependant, comme on dit « Pleurer montre plus d’âme, et rire plus d’esprit. » On imagine bien que les deux combinés donnent un véritable feu d’artifice.

— Bon, qu’est-ce qu’on fait avant de rejoindre notre chambre d’hôtel ?, lui demandé-je.

— Si on allait manger un truc ?

— Pardon ? Tu ne penses qu’à manger ce n’est pas possible. Un vrai trou sans fin.

— Il faut bien nourrir ce si beau corps, dit-il imbu de sa personne.