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Après tout c'est Noël, tous les rêves sont permis chez les enfants. Pourquoi ne pas avoir le panache de Cyrano de Bergerac, le temps d'une soirée ?
C'est bientôt l'hiver à Gulliver Creek, un petit village aussi méconnu que charmant. C'est là-bas qu'Everett, un adolescent rêveur cherche à donner du sens à sa vie. Passionné par la langue française et les textes, ses parents décident de l'aider. L'inscrire au théâtre ? Peut-être. Trouver des amis proches et apprendre à aimer plus qu'on ne le pensait ? C'est possible...
En attendant, il y a un défi est de taille : Gulliver Creek n'a pas de spectacle à proposer pour les fêtes. Il décide d'en écrire un dans le plus grand secret au sein même de son lycée. Cette affaire n'est pas de tout repos surtout quand les doutes s'en mêlent : musique, costumes, dialogues… il faut penser à tout, presque sans un sou.
L'Horloge tourne... c'est l'heure de la première, de l'espoir pour le jeune homme avant que des choix ne s'imposent à lui
À PROPOS DE L'AUTEUR
Né à Amiens, en Picardie,
Pierre Alexandre Carré a passé son enfance dans le Nord de la France avant de découvrir, à l’adolescence, le Pays Basque, son climat et ses richesses culturelles. Ces deux territoires ont profondément façonné son parcours.
Après des études en commerce, marketing et communication, il s’est donné pour objectif d’intégrer le monde de la presse. L’écriture a toujours occupé une place centrale dans sa vie, nourrie dès l’enfance par les aventures d’Harry Potter et la saga littéraire La Croisée des Mondes de Philip Pullman.
En 2020, en pleine crise sanitaire, il devient correspondant local pour le journal Sud-Ouest, avant de couvrir le championnat de hockey sur glace à Anglet. Ces expériences, marquées par des rencontres avec des personnalités enthousiastes, sportives et engagées, l’ont profondément touché et lui ont donné l’envie de raconter.
Depuis toujours, la période de Noël représente pour lui des moments simples et précieux, partagés avec ses proches. C’est dans cet esprit qu’il a décidé d’écrire son premier roman, "Un théâtre sous la neige".
À travers cette œuvre, il rend également hommage à sa famille, à ceux qui croient en lui, ainsi qu’à la commune de Cambo-les-Bains, où le destin d’Edmond Rostand continue de l’inspirer chaque jour davantage.
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Seitenzahl: 343
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Un théâtre sous la neige
de Pierre Alexandre Carre
Le temps d’un roman
Editeur
Collection «Roman»
Quelques mois avant Noël…
C’était la mi-Septembre et le paysage du village de Gulliver Creek changeait dejà. Les enfants ne se souciaient plus de la rentrée et ils profitaient tous de la couleur orangée qui parcourait les feuilles des arbres. L’automne qui se profilait allait être « ensoleillé mais froid » selon la chaîne météo qui tournait en boucle à la maison.
Everett Sinclair étudiait constamment les mouvements de la nature. Ses professeurs voyaient en lui un élève prometteur mais inconstant. Son comportement lui valait d’être régulièrement convoqué avec ses parents dans le bureau du directeur, Calum Chambers.
Le mercredi après-midi, Everett s’échappait des cours de mathématiques pour se rendre à quelques kilomètres de son lycée. Comme chaque année, un chemin caillouteux bordé de vieux arbres lui permettait d’être isolé, loin de cette matière qui torturait son esprit. Il posa son vélo près de son arbre préféré, à l’écorce un peu usée et qui laissait filtrer les rayons du soleil.
Il tapa dessus avec vigueur et avec un grand sourire lui parla comme s’il était son seul ami.
Il prit son sac à dos en cuir et fit glisser la fermeture éclair. Il en dévoila un épais livre noir à la couverture biscornue et tourna frénétiquement les pages. Elles étaient toutes plastifiées.
Il s’asseyait dans l’herbe humide en posant sa tête contre le tronc tout en fermant les yeux. Il prit une profonde inspiration.
Bien entendu, l’arbre « sans nom » ne lui avait jamais répondu mais il avait une action positive sur son jeune allié. Même si les végétaux ne seront jamais doués de parole, la vie coulait en lui. Sinon comment expliquer qu’à chaque saison, les couleurs et la pousse des feuilles varie ?
Le temps était comme suspendu mais au bout d’un moment, il regarda sa montre qui indiquait dix-sept heures. Rappelons qu’à cette époque, les téléphones portables n’existaient pas encore. Everett savait que s’il ne rentrait pas très vite chez lui, les réactions de ses parents seraient terribles…
Il enfourcha son vélo rouge et dévala la pente à toute vitesse pour revenir des routes en lacets. Au loin, il entendit quelques klaxons de voiture.
Quelques minutes plus tard, après un dernier dérapage digne des plus grands films d’action, il se précipita dans l’allée de garage de sa maison. Il scruta l’entrée et rien ne bougeait. Ses parents n’étaient pas encore rentrés.
Son jean bleu était tacheté de boue, ses baskets grises étaient devenues noires et son long manteau polaire était humide. Il plongea sa main au fond de sa poche gauche pour en sortir une petite clé étroite et dorée. Il l’enfonça dans la serrure jusqu’à entendre un petit « clic » et la porte s’ouvrit.
Il jeta son pardessus sur un porte-manteau à proximité et grimpa les marches de l’escalier en vitesse pour y jeter son sac sur son lit. Dans le couloir, la porte en face menait directement à la salle de bains qu’il déverrouilla.
Le poste radio situé sur le meuble près de la cabine de douche était son second ami. Il l’alluma et les premières voix s’élevèrent. Il s’agissait encore d’un débat de football à propos des performances du PSG. Dans la cabine, il fut parcouru d’un frisson lorsqu’il posa ses pieds sur le marbre froid. Son corps se réchauffa instantanément au contact de l’eau chaude.
Dix minutes plus tard, il se sentait mieux, propre et coiffé. Il enfila son tee-shirt préféré à l’effigie des « Houston Rockets » et un short gris. En redescendant, il prit sa paire de chaussons dans le placard situé sous l’escalier.
Dans la cuisine, on entendait seulement le bruit de réfrigérateur qui maintenait les produits à bonne température. Il ouvrit le micro-ondes et en sortit une brioche réalisée par sa mère. Il prit un couteau et en coupa une tranche avant d’y rajouter une bonne dose de confiture à myrtilles.
Il se déplaçait prudemment jusqu’au salon pour regarder par la fenêtre à l’extérieur. Les herbes hautes du jardin étaient balayées par le vent et les éclats du soleil brillaient comme un lustre. Ce qu’il n’avait pas encore vu, c’est qu’une jeune fille le regardait juste en face. Depuis sa chambre, elle n’arrêtait pas de le fixer.
Quand il s’en est aperçu, il referma vite le rideau et s’affala dans le canapé. Peut-être n’aurait-il pas dû partir sans rien dire mais la fatigue resserrait son étreinte et il s’endormit.
Nul ne sait combien de temps il avait fermé les yeux. Ses rêves étaient à la fois beaux et aléatoires dans lesquels il se voyait apprécié voire estimé pour son travail de préservation de la faune et de la flore.
Quelque chose lui intima de se réveiller. Un souffle chaud et l’impression de regards insistants. Il tenta d’ouvrir les yeux pour diminuer son impression d’épais brouillard et il ne s’était pas trompé. Deux personnes l’observaient.
Il savait que ses protestations ne changeraient rien. Il regarda Magda et Brandon Sinclair se lever et le regarder d’une manière menaçante.
Il commençait à rougir, Magda et Brandon se regardaient.
Everett se leva et se dirigea vers l’escalier en baissant la tête. Il monta bruyamment les escaliers avant de claquer sa porte. Il se jeta sur son lit et des larmes commençaient à perler sur ses joues.
Ses parents se dirigèrent vers le salon en soupirant. Ils s’asseyaient avec la ferme impression qu’ils ne réussiraient pas à convaincre leur fils de se concentrer.
Quelques heures plus tard, la nuit était tombée. Everett avait encore les yeux rougis par sa peine mais il se redressa. Au rez-de-chaussée, il entendait encore ses parents discuter. Il décida d’ouvrir délicatement la porte et d’aller les écouter en s’installant sur les marches.
Le lustre éclairait leurs visages et il observa qu’ils n’avaient aucune inquiétude. Au fond, même s’il n’en faisait qu’à sa tête, il les aimait et c’était bien suffisant. Une crampe à la jambe avait bien failli le faire remarquer. Il s’apprêta à retourner se coucher quand il entendit :
Magda arrangea sa mèche de cheveux et disparut du champ de vision d’Everett avant de revenir, une mallette à la main gauche. Elle l’ouvrit et Everett remarquait qu’elle tremblait. Brandon coupa net son geste. Magda lui transmit une lettre. Everett se pencha pour tenter d’apercevoir un détail, sans succès. Tout ce qu’il a pu entendre c’est :
Pour la première fois, Everett ne ressentait plus la traditionnelle colère que chaque adolescent peut ressentir au moment de grandir. Il ressentait de la compassion et s’interrogeait sur ce que venait de dire son père. La famille Sinclair avait-elle des soucis financiers ?
Sur cette question, il décida d’aller dans sa chambre et de recouvrir sa tête avec sa couverture comme pour mettre fin à une journée qui lui semblait une éternité.
Le lendemain matin, à la suite de cette « discussion parentale », Everett se sentait en pleine forme, prêt à retourner au lycée. Il s’installa sur un tabouret pour déjeuner avec deux muffins et un bol de lait de soja. C’est Magda qui le découvrit en premier.
Il voyait bien à l’intensité de son regard que c’était particulièrement important.
Les révélations de ses parents n’étaient pas un choc pour lui mais il ne pouvait le montrer.
Les derniers mots de son père sonnèrent comme un uppercut.
Son père souriait et Everett se sentait vexé. Brendon regardait sa montre.
Everett se leva de la chaise tout en contenant sa colère et il leur adressa un geste de la main.
Il revenait dans la maison à toute vitesse et ouvrit la porte avec fracas.
Everett sprintait jusqu’à la station de bus située à 700 mètres et il regarda sa montre qui indiquait : 8h30. Dans exactement, une dizaine de minutes, le bus allait arriver pour le mener jusqu’à Tonamond Collège. Son sac était secoué dans tous les sens et il redoutait l’état dans lequel il allait retrouver ses cahiers.
Enfin l’arrêt de bus aux vitres taguées se profilait. Il allait pouvoir reprendre son souffle et observer comme toujours le paysage. Il allait rarement dans cet endroit mais il reconnaissait que le travail d’un artiste le touchait beaucoup. Sur un mur de briques rouges juste derrière lui, une fresque gigantesque de « Captain America » brandissant son bouclier l’inspirait.
Everett n’avait jamais entendu cette voix auparavant. Ce ton presque hautain le faisait sortir de ses pensées les plus positives. Lorsqu’il tourna la tête en sa direction, il fut surpris de voir autant de gentillesse, de charisme et de froideur sur un seul visage. D’ailleurs, celui-ci ne lui était pas si étranger. Il lui répondit poliment :
Devant l’incrédulité d’Everett, la jeune fille tendit sa main.
Un bus jaune typiquement américain où il était inscrit « School Bus » arriva en trombe. Il dégageait de fortes odeurs de pot d’échappement. Le chauffeur fit coulisser la porte d’entrée et leur adressa un grand sourire.
Ils allèrent s’installer à la dernière rangée juste avant le fond du bus. Il y avait bien longtemps qu’Everett n’avait pas été installé sur des sièges aussi inconfortables.
Le bus démarrait en trombe.
Soudain, une balle de baseball rebondit sur la vitre. Everett et Violette se fixent du regard.
La discussion continuait mais elle fut une nouvelle fois interrompue par le chauffeur qui les regardait dans son rétroviseur.
Le chauffeur referma les portes derrière lui et redémarra en trombe. Son départ provoqua un courant d’air dans les cheveux de Violette tandis qu’Everett ajustait son sac. Le portail métallique était grand ouvert et ils pénétraient ensemble dans la grande cour.
A l’ouest, des élèves écoutaient leur professeur au moment de creuser dans un potager aménagé qui devait servir à alimenter le collège en produits de proximité. Plus à l’Est, d’autres construisaient des cabanes.
Tous les cours commençaient à neuf heures et chaque élève se pressait dans les couloirs pour rejoindre sa salle. Ces situations faisaient transpirer Everett qui ne pouvait cacher quelques rougeurs et il se rendit compte que parler à Violette l’apaisait un peu.
Everett désigna d’un geste de la tête un homme qui se tenait droit comme i devant lui. Violette savait qui il était et elle rigolait.
Calum Chambers avait un costume gris avec une chemise bleue. Quand Everett s’approcha de lui, il ajusta ses lunettes rondes pour le regarder droit dans les yeux. Ses yeux noirs donnaient l’impression d’aspirer les âmes. Il avait des cheveux frisés poivre et sel impeccablement coiffés en arrière. Cet homme avait du charisme et n’avait peut-être qu’un seul défaut. Il boitait de la jambe gauche.
Il se pencha vers Everett avec un sourire malicieux et s’exprima d’une voix claire :
Calum Chambers passa devant lui d’un pas lent en boitant et Everett adressa un geste de la main et il s’engouffra dans un sombre couloir vers lequel il n’était jamais encore allé. Toutes les sections administratives travaillaient ici et bouillonnaient d’idées, les machines à café fumaient et les secrétaires tapaient comme des automates sur leurs ordinateurs.
Le principal ouvrit la porte de son bureau et rentra le premier. A l’intérieur, les dossiers étaient parfaitement classés dans des chemises et d’autres papiers débordaient de sa poubelle. Ses murs d’un aspect jaune citron contrastaient avec la couleur marron de son bureau. Everett avait la sensation d’être dans un gâteau géant plein de limoncello, cet alcool italien que rajoutait sa mère lors du dessert, le dimanche.
Calum se laissa tomber dans son fauteuil en cuir et se redressa en croisant ses doigts. Everett était enfoncé sur une chaise beaucoup plus dure et n’osait pas le regarder dans les yeux. Chambers avait perçu le malaise et dit :
Il marqua un temps d’arrêt et Chambers souriait.
Everett n’osait pas l’avouer mais le froid comprimait doucement ses mains depuis le début de l’entretien.
Chambers tira sur son tiroir gauche pour en sortir un document avec un stylo qu’il glissa sous les yeux d’Everett. Il examina le document. C’était un formulaire d’inscription aux cours de théâtre du lycée à raison de deux à trois séances par semaine. Son regard se dirigea instantanément vers la dernière ligne qui indiquait : « possibilité de voyages à l’étranger pour ceux qui souhaitent approfondir leurs connaissances »
Un silence accompagna cette proposition. Est-ce que ses parents allaient accepter de débourser près de 400 dollars pour une hypothétique carrière artistique ?
Chambers reprit la parole et se déplaça jusqu’à la porte d’entrée.
Violette apparaissait dans l’encadrement de la porte en lui adressant un signe de la main et rougissait.
Chambers la regardait en souriant.
Everett se leva et faisait face à Calum Chambers.
Violette se rapprocha d’Everett et dit avec sincérité :
Soudain, il se souvenait de la promesse qu’il avait fait à ses parents en sortant de chez lui.
Le principal referma la porte et ils s’éloignèrent ensemble. Dans le couloir qui menait aux casiers, la sonnerie s’activa. Il était dejà midi.
Ils avancèrent vers un couloir où de larges portes battantes protégeaient une vaste salle de restauration. La cantinière Isabella leur adressa un grand sourire à leur arrivée. Everett et Violette prenaient des plateaux, verres et couverts avant d’être servis par ses soins.
La salle était à peine pleine car à cette heure, tous les élèves n’avaient pas terminé leurs cours et mangeaient aussi vers treize heures. Violette indiqua à Everett une table grise qui sentait fort le désinfectant. Une nouveauté qui date de 2020 puisqu’une crise sanitaire sans précédent continue de s’abattre sur le monde entier.
Everett tire sa chaise et s’installe près d’une grande fenêtre pour pouvoir regarder le paysage qui mène vers la grande cour. Violette avait repéré ce trait de caractère chez lui et en souriait. Elle se racla la gorge comme pour le sortir de ses rêves.
Elle prit une bouchée de pain avant de reprendre la parole.
Everett ne disait pas un mot et la regardait fixement. Soudain, les portes battantes s’ouvrirent et un jeune homme plutôt costaud entra. Violette passa sa main devant les yeux d’Everett et tourna la tête. Elle rougissait et préféra cacher sa tête dans sa serviette.
Le jeune homme en question s’approcha de leur table et tapota le dos de Violette. Everett était totalement intrigué. Ce garçon était tout le contraire de lui, à la fois grand, élancé, sportif. Il avait toutes les qualités pour plaire.
Il tira une chaise vers lui et s’installa à leur table en fixant Everett d’un air hautain.
Everett fut pris d’un accès de courage et de rage pour lui répondre droit dans les yeux :
Matthew et Everett se faisaient face et Violette redoutait un affrontement inattendu. Même Isabella qui ne se laissait jamais perturber par des évènements extérieurs regardait les deux garçons se faire face.
Everett s’approcha de son oreille et murmura :
Everett le poussa et deux élèves se précipitaient pour le retenir. Matthew remit son blouson en cuir et s’installa au fond de la pièce en les foudroyant du regard. Everett avait le feu aux joues et tremblait de tout son corps.
Il pointa sa fourchette vers elle en essayant de trouver le bon argument qui pourrait apaiser cette tension passagère.
Violette lui adressa un léger sourire en lui demandant de garder toute son énergie pour les cours de théâtre qui commençaient le lendemain.
En sortant, il fit exprès de claquer une des portes pour que l’air s’engouffre jusqu’à son nouvel ennemi. Intérieurement, il était très satisfait mais Violette n’avait pas à le savoir.
À sa table, Matthew ruminait et se demandait bien qui pouvait être cet Everett Sinclair qui apparait comme par magie dans la vie de sa petite amie. Il les regarda partir sans dire un mot.
Dans l’après-midi, après une énième leçon soporifique, il décida de se balader seul dans les couloirs du premier étage pendant que Violette s’époumonait en sport sur la piste d’athlétisme d’un terrain abîmé à la pelouse jamais tondue.
Il décida de s’orienter vers une porte bleue sur laquelle un écriteau indiquait « Théâtre » et hésita à frapper mais la curiosité l’emportait avant tout. A sa grande surprise, elle s’ouvrit d’elle-même et se dit que quelqu’un avait oublié de la refermer en partant. Tout en regardant autour de lui, il avança prudemment dans cette grande salle qui sentait le renfermé.
De grandes étagères en bois renfermaient des ouvrages parmi lesquels beaucoup d’auteurs français. Sur une table, des articles de presse qui vantaient les exploits de la troupe du lycée pour les spectacles de fin d’année depuis 1970. Certains étaient parfois amers et d’autres dithyrambiques sur les performances des élèves.
Il voyait seulement des jeunes souriants dans leurs costumes d’aventuriers et cela le touchait beaucoup. Il se dirigea ensuite vers la scène dont le plancher en bois craquait sous son poids et tenta de travailler sa posture en se redressant face aux chaises vides. Everett ressemblait à un fantôme qui aurait peur de la lumière si les projecteurs s’allumaient d’un coup.
Dans ses pensées, seulement quelques mots de la célèbre tirade de Cyrano de Bergerac lui venait en tête. D’ailleurs dans sa chambre, n’a-t-il pas une version traduite en anglais de la célèbre pièce d’Edmond Rostand ?
Il décida de mettre en application les nombreux conseils qu’il avait pu voir sur Internet. D’abord, prendre une profonde inspiration. Ensuite, ancrer son corps dans le sol, bien statique. Enfin, fermer les yeux et prendre la bonne intonation.
D’une voix grave, il déclara : « C’est un roc, c’est un cap, que dis-je c’est un cap ? C’est une péninsule ! ». Sa voix prenait tout l’espace et des larmes coulaient sur ses joues.
Dans tous les spectacles qu’il avait vus, les rideaux noirs derrière la scène renfermaient souvent bien des mystères. Il les souleva et avait vu juste. Les coulisses offraient une pléiade de costumes et il prit dans sa main gauche, un chapeau de mousquetaire.
Soudain, des yeux noirs lassés d’observer le jeune Everett sortit de l’ombre pour avancer vers la scène. Une femme brune, longiligne, s’avançait. Elle portait un haut beige et robe noire. Everett qui ne regardait toujours pas droit devant lui fut surpris lorsqu’elle frappa dans ses mains plusieurs fois.
Elle grimpa sur scène pour le scruter de haut en bas. La réaction effrayée d’Everett la fit sourire. Allait-il encore se faire dévorer par la fureur des adultes ?
Après de longues minutes de silence, il se rendit compte qu’il s’en sortait plutôt bien. La femme lui tendait la main, une petite main douce, une main d’artiste. Everett était craintif mais il était prêt pour ce combat.
Son accent indiquait qu’elle n’était pas américaine. Elle roulait les « r » quand elle parlait. Il essaya de deviner sa nationalité mais avant qu’il n’y pense, elle continua :
Elle serra sa main aussi fort que possible pour tester sa détermination. Il fut surpris qu’une femme ait autant de poigne mais il tenta de résister.
Elle frappa sa main gauche sur son front et redescendit de la scène pour se diriger vers les articles de presse éparpillés sur la table.
Claire se précipita sur lui pour le trainer par le col en direction de l’entrée.
Une journée interminable dans laquelle il a pu rencontrer une jeune fille, son hypothétique petit-ami, le directeur et sa professeure de théâtre si elle voulait encore de lui. Assis à la table du salon, ses parents l’écoutaient se plaindre que tout allait une nouvelle fois de travers.
Brandon regardait sa femme avec douceur, qui elle aussi souriait de ces situations complètement folles.
Magda se leva et se prépara un café. Après avoir bu plusieurs gorgées, elle regardait son fils avec tendresse.
Brandon réagit instantanément à l’évocation de cette personne.
Magda cherchait dans sa mémoire et Brandon se leva de table pour mener l’enquête. Everett lui emboita le pas.
Magda les regardait partir d’un air amusé. Le grenier, comme la plupart des foyers d’ailleurs était souvent situé en hauteur. Brandon alla chercher une petite échelle dans le garage et mit des morceaux de bois pour bien la caler au moment de monter.
Brandon est un homme soigné de 50 ans, qui depuis quelques mois, soignait son apparence physique pour dit-il « résister aux ravages du temps ». Il grimpa doucement l’échelle, marche après marche avant de pousser la trappe avec sa paume de main.
Après plusieurs tentatives, elle céda enfin. Brandon poussa sur ses avant-bras pour entrer dans le grenier. Magda demanda s’il y arrivait.
C’est maintenant qu’Everett allait savoir s’il était agile. Il n’avait pas voulu l’avouer à son père mais il avait souvent le vertige. Après quelques minutes d’efforts, il voyait son père qui soulevait les cartons.
Everett poussa lui aussi sur ses bras et observa l’ampoule qui grésillait. Dans ce grenier, environ une soixante de cartons attendait d’être déballés et autant d’électroménager qui ne servait plus.
Brandon pointa son index vers son fils en disant :
Brandon plongea la tête dedans et en sortit quelques tuniques vertes, orange, bleues parfois avec paillettes parfois sans, avec motifs ou non. Il admirait le travail de sa mère.
Magda les observait depuis la trappe éclairée et gardait les bras croisés.
Un vieux bureau intriguait Everett. Il y avait un tiroir cassé dans lequel dépassait quelques documents. Brandon continuait d’observer avec admiration chaque costume mais ne trouvait aucun signe d’un quelconque Koublakis. Everett tira fort sur le tiroir et quelques documents tombèrent.
Brandon s’épongea le front avec sa main et se dirigea vers le fond du grenier pour rejoindre son fils et lui prendre les documents des mains. Ces documents étaient des articles de presse semblables à ceux qu’Everett avait dejà vus.
Les titres écrits ne laissaient pas de place aux doutes : « Ernest Koublakis entre en piste ce soir à Chicago » ou encore « Humiliation suprême pour le grand comédien Koublakis »
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