Une bougie de plus - Cécile Berger - E-Book

Une bougie de plus E-Book

Cécile Berger

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Beschreibung

"Une bougie de plus" retrace la vie de Cécile Berger, issue d’un milieu privilégié, mais confrontée, comme chacun, aux épreuves que le quotidien impose. Ce récit révèle que nul n’échappe aux défis, et que notre avenir repose sur la manière dont nous choisissons de les affronter. L’auteure met en lumière l’importance d’examiner chaque situation, de se dépasser, et de constamment remettre en question ses propres certitudes. Dans ce parcours initiatique, elle partage ses stratégies pour surmonter les obstacles universels et les discussions qu’ils soulèvent. Ce témoignage est une invitation à l’identification, à la réflexion et à la résilience.

À PROPOS DE L'AUTRICE 

D’un naturel optimiste, Cécile Berger porte un regard analytique sur les comportements humains et s’efforce sans cesse de progresser, pour elle-même comme pour ceux qui l’entourent. L’écriture devient pour elle un exutoire, un espace où exprimer ses émotions et transmettre son vécu. Aujourd’hui, elle aspire à toucher ses lecteurs au-delà des mots, les invitant à s’ouvrir à la perspective d’autrui et à cultiver en eux l’empathie et l’altruisme.

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Seitenzahl: 169

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Cécile Berger

Une bougie de plus

© Lys Bleu Éditions – Cécile Berger

ISBN : 979-10-422-5247-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Vous me demanderez : « Êtes-vous une politicienne ? » Je vous répondrai que non. Puis vous me demanderez : « Êtes-vous une figure du monde économique, un grand patron ? » Je vous répondrai que non. « Alors peut-être du monde culturel ? » Je vous répondrai alors que non. « Mais qui êtes-vous donc ? » me demanderez-vous. « Je suis un quidam, Cécile de mon prénom, quelqu’un qui s’intéresse à la psychologie, aux ressentis des gens, quelqu’un qui aime les récits de vie, quelqu’un comme vous. » Et alors ? N’y a-t-il que les personnages politiques ou les possesseurs de grandes richesses qui ont la légitimité de se raconter ? N’y a-t-il que le pouvoir et l’argent qui sont signe de réussite ? Le bonheur n’est-il pas la première réussite d’une vie ? Nous sommes pourtant une majorité d’Hommes loin des hautes sphères et nous avons des histoires à raconter, des valeurs à transmettre, des idées et des émotions à partager. Devons-nous subir cette société qui semble tendre de plus en plus vers l’individualisme ? La cohésion, la solidarité et le partage sont pourtant si porteurs et si rassurants. C’est ce qui peut nous rendre heureux, non ? Même si vous n’êtes pas d’accord, vous admettrez que ça rend tout de même la vie un peu plus douce.

Certes je ne fais pas preuve d’une intelligence hors du commun, je ne suis pas particulièrement cultivée ni douée d’un certain talent à proprement parler, mais j’ai entendu dire à plusieurs reprises que j’avais l’atout de savoir écrire mes émotions et que je n’avais pas une vie comme tout le monde. Alors j’aimerais simplement, par ces quelques pages, apporter mon expérience à qui le souhaiterait, apporter ma pierre à l’édifice que nous pouvons monter contre l’individualisme, apporter un peu de douceur, un peu d’altruisme. Mais pour cela, il faut s’ouvrir aux autres, écouter et se nourrir de l’expérience de chacun. Alors je vais vous raconter comment je me suis construite jusqu’ici, car j’aime prendre le temps d’analyser la réalité dans laquelle nous déambulons. Je suis persuadée que pour vivre heureux, il ne faut pas subir sa vie. Alors voilà comment je prends la mienne en main.

1

Parfois, certaines rencontres nous perturbent. C’est le cas de celle-ci. Ce n’était pas le genre de celles que vous voulez éviter, bien au contraire. Mais c’était une rencontre qui aide à prendre conscience de certaines évidences.

Je croise son regard, je regarde ailleurs puis je reviens vers lui, presque de façon automatique car ça m’a tout de suite procuré un petit bonheur comme une lumière chaude qui vous apporterait un bien-être ponctuel. Lui aussi a été surpris de ma présence face à lui, mais semble hésiter. Je lui demande alors en souriant : « Vous me reconnaissez ? » et il me répond : « Ah… Cécile… Évidemment, oui. J’ai hésité, mais quand même, oui ». Il paraissait, à cet instant, content de me voir. Nous avons pris des nouvelles de nos familles respectives. L’échange n’a duré que quelques minutes, mais il m’a apporté un réel bonheur car c’est un homme qui me rappelle de vrais moments chaleureux. Lui et sa femme ont le cœur sur la main. Ils sont simples et tellement discrets, et d’une incroyable gentillesse. L’un comme l’autre a toujours eu le petit mot bienveillant, pour faire plaisir. Ils sont de ces personnes souriantes, attentives, avec qui on se sent bien. Discuter avec eux me donne le même genre de sensation que de savourer un petit bonbon tout doux, confortablement installée dans mon fauteuil moelleux.

Cette famille, je l’ai connue dans mon enfance lorsque leur fille Louise est née, car elle était atteinte de la même maladie que ma sœur et moi. Mon père était le kinésithérapeute qui s’occupait d’elle et il avait sympathisé avec la famille. Je pense que ça leur permettait, à eux comme à mes parents, d’échanger sur ce que chacun avait vécu au moment du diagnostic de leurs enfants. Ils ont toujours dit qu’ils admiraient notre combativité, et par ce sourire que le père m’a fait ce jour-là, j’ai compris que nous avions été importants pour eux, leur donnant ainsi de l’espoir.

Face à une situation, tout le monde ne réagit pas de la même façon. Et c’est justement pour cela qu’il est parfois difficile de se comprendre ou de savoir comment apporter de l’aide ou du soutien à quelqu’un. Effectivement à chacun sa sensibilité, son histoire, son caractère, ses influences… Ceci donne beaucoup de raisons pour être différent, et chaque action, chaque réaction a des conséquences. Souvent, on voudrait aider l’autre, mais on ne peut rien faire. Lorsqu’il s’agit d’un problème matériel, il y a généralement une solution, mais quand il s’agit de la santé, là, on est tous démunis. On est surtout égaux… Non pas que certains ne subissent pas plus de difficultés que d’autres, mais la maladie peut frapper chacun sans distinction. C’est comme si on avait été la pièce parmi des milliers d’autres au fond d’un sac, attrapée au mauvais moment lors de la distribution de certaines épreuves. Et on peut y chercher toutes les raisons possibles, il n’y en a aucune, c’est comme ça, le fruit du hasard. Il faut s’y résigner. Mais « s’y résigner » n’implique pas d’être défaitiste.

Il y a quelques mois, ma sœur a traversé une épreuve très particulière et je me suis sentie si impuissante… Existe-t-il un sentiment plus difficile à supporter ? Je pense que nombre d’entre vous pourront se reconnaître dans ce sentiment d’impuissance, ce questionnement du « Que faire pour l’aider ? Pour lui rendre la vie plus facile ? Pour lui donner cette force nécessaire pour combattre ? » Elle a toujours été discrète (et on pourrait même dire réservée ou même secrète) sur le sujet. Pourtant nous avons été élevées ensemble, au sein d’une famille dans laquelle nous en parlions facilement. Elle vous dirait d’ailleurs que nous en parlions trop, que nous baignions dans la maladie. Ce n’est pas mon sentiment.

Nous avons tous une petite voix au fond de nous qui nous incite à nous demander « Ai-je raison de réagir ou de penser ainsi ? » Écrire, c’est comme échanger avec cette petite voix. Alors puisque nous allons être amenés ici à dialoguer et que généralement on connaît le nom (ou éventuellement un pseudonyme) de notre interlocuteur, nommons-le. Ce prénom est apparu dans ma vie d’abord comme une plaisanterie. Mon amie Audrey a toujours été très présente, bienveillante en cherchant la meilleure solution dans mon seul intérêt. Alors que je n’avais pas le moral, elle a voulu me changer les idées et m’a demandé : « Comment vas-tu appeler ton golfeur ? (Petit sticker à l’arrière de ma voiture) » et en bougonnant (ça, je sais bien le faire, mon entourage dit souvent que je parais toute gentille, mais que j’ai un caractère bien trempé, je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas), je lui ai répondu le prénom le plus insolite qui me venait en tête et qui remontait d’un jeu de « Qui est-ce ? » de mon enfance : « Alfred », ce roux aux yeux bleus que je trouvais joli et surtout différent. Ceci nous avait bien fait rire et souvent je repense à ce petit bonhomme qui m’avait aidée à retrouver le sourire. Alors voilà, je vous présente ma petite voix, incarnée parfois par certaines personnes de mon entourage d’ailleurs : elle s’appelle Alfred.

Je n’ai donc pas le même sentiment que ma sœur, mais Alfred me dit alors que l’important ce n’est pas la vérité, c’est le ressenti de chacun, la façon dont chacun a vécu les choses. Nous ne percevons pas tous les situations et les personnes de la même façon. Ce que je vous raconte dans ce livre est donc mon ressenti, mais mon entourage l’aura peut-être perçu différemment. Alors, oui, j’en ai subi des soins, mais j’étais dans le combat avec mes parents : mon père qui avait fait de nous sauver sa raison de vivre, son combat de tous les jours et ma mère qui voulait nous aider de toutes les façons, qui se sentait sûrement un peu impuissante elle aussi et qui était désolée de l’exigence que tout cela nous demandait. Et ce combat nous a toujours unis. Mais ma petite sœur s’est peut-être sentie un peu plus à l’écart, un peu impuissante (une fois encore, que ce sentiment est rude…), et c’est peut-être pour cela qu’elle aurait voulu que nous sortions un peu de ce combat parfois. Je dis « peut-être » car je ne peux pas parler à sa place et nous avons des perceptions très différentes, mais c’est ce que je pense avoir compris lorsque nous en avons parlé avec le recul de quelques années.

Nous sommes donc atteintes toutes les deux de la même maladie. Mais à chacun son évolution, son histoire. Comme je ne suis pas du genre à tourner autour du pot (peut-être mon esprit plutôt cartésien), voilà, le couperet tombe : un appel de ma mère, « ta sœur va devoir être greffée ». Et moi, touchée par une idiotie infinie venue de je ne sais où, j’ai demandé : « Greffée de quoi ? » Mais des poumons évidemment ! Quelle question, ça ne peut être que cela. Mais la nouvelle m’est tombée dessus comme on s’encastrerait dans un arbre à 200 km/h. Jamais je n’y ai pensé… Enfin si, j’y ai pensé. Déjà lorsque nous étions jeunes, la vie a fait que nous y pensions, mais j’avais l’impression que nous faisions allusion à un futur tellement lointain, presque dans une autre vie… Alors il n’y avait pas d’autre solution pour ma sœur ? On allait devoir lui remplacer ses poumons ? Il allait falloir qu’une famille ait le malheur de perdre un proche pour que la vie de ma petite sœur soit plus légère ? Nous allions espérer égoïstement qu’il arrive le pire à une famille ? Et Alfred m’a répondu : Oui. La vie est injuste, c’est ce que mon père nous répétait souvent lorsque nous étions jeunes, aujourd’hui on devait l’accepter. Elle allait devoir faire face à cette épreuve, ces questionnements, cette peur de l’inconnu et des risques que cela comporte. Elle allait devoir prendre le pire en considération.

Elle aurait pu « faire l’autruche » comme on dit familièrement, pour ne pas affronter la réalité. Les personnes qui réagissent ainsi sont généralement terrifiées par ce qu’elles doivent affronter. Elle aurait pu aussi se montrer optimiste à tout rompre, car le mental joue pour une grande part dans la guérison, il paraît. Ou au contraire elle aurait pu se montrer désespérée malgré un certain instinct de survie que nous avons en chacun de nous, je pense. Mais ma sœur fait plutôt partie de ces gens qui cherchent à rester réalistes, qui espèrent que tout aille pour le mieux, mais qui veulent considérer tout de même les autres possibilités.

2

Il faut avoir confiance en la médecine. Aujourd’hui encore, nous sommes en plein cœur de l’épidémie de coronavirus. Je ne comprends pas tous ces gens qui doutent du vaccin, des scientifiques, alors que nous savons que c’est la seule solution pour sortir de cette crise. Je ne comprends pas toutes ces personnes, principalement celles qui sont dites à risque, qui veulent attendre de voir si les personnes vaccinées développent des effets secondaires pour pouvoir s’y prêter elles aussi. C’est un phénomène bien français de se montrer ainsi sceptique voire hostile, de tout remettre en question, de tout contester. Les médias disent que c’est un manque de confiance envers l’industrie pharmaceutique d’une part et le gouvernement d’autre part. Effectivement, la rapidité de la mise en circulation de ce vaccin ainsi que la technique utilisée (étant donné que l’utilisation de l’ARN messager constitue une technologie nouvelle) engendrent un doute chez la population. Mais ce scepticisme n’est pas nouveau. D’après plusieurs sociologues, la remise en cause des vaccins est dans le débat populaire à cause de plusieurs évènements : la crise de la grippe H1N1 de 2009 avec le problème d’une quantité incroyable de masques et vaccins commandés par le gouvernement français de l’époque et inutilisés, l’imbroglio de la sclérose en plaques imputée à la vaccination contre le papillomavirus en 2013, la rumeur prétendant un lien entre le vaccin contre la rougeole et l’autisme. Depuis les débuts des vaccins en 1793 contre la variole, il existait bien une remise en question du principe, mais elle émanait principalement du point de vue religieux et d’une part marginale de la population issue principalement des milieux ouvriers alors qu’elle est bien plus généralisée aujourd’hui. Mais le gouvernement actuel n’a pas rassuré les Français dans sa gestion de cette crise sanitaire, par exemple en affirmant d’abord que les masques sont inutiles car il n’y en avait aucun à disposition, puis en affirmant le contraire lorsque les commandes ont été reçues. Le fiasco a été le même concernant les tests de positivité à la COVID, d’abord rares puis effectués à la demande, certaines personnes allant de centre de tests en centre de tests toutes les semaines. Pour la défense du gouvernement, le tollé qui avait suivi la crise de la grippe H1N1 avec les masques périmés a dû freiner les commandes postérieures ce qui a entraîné le manque au moment de la pandémie au coronavirus.

Mais en ce qui concerne le monde médical, je pense qu’il faut garder confiance. Certes il y a des laboratoires motivés par la question économique, mais il existe aussi une majorité de soignants (médecins, infirmières, aides-soignantes, etc.) qui sont dévoués à leurs patients et qui cherchent uniquement, si ce n’est à les guérir, mais au moins à améliorer la qualité de vie de chacun. Le médecin qui me suit, madame G. est toujours disponible. J’ai une confiance totale en cette femme qui a pour habitude de prendre tous les pans de ma vie en considération. Chaque consultation commence toujours par ses questions pour savoir comment je me porte, d’un point de vue médical, mais aussi général. Je sais que certains patients, par la proximité engendrée par la redondance des consultations, se permettent de tutoyer leur médecin, ou devrais-je dire le médecin qui les suit (nous avons tous une tendance à la possessivité qui n’est pas justifiée). Cependant, je n’ai jamais voulu tutoyer madame G. ni l’appeler par son prénom même si elle signe ses mails ainsi. Je ne sais pas si elle le souhaiterait, mais c’est pour moi presque une question de respect. Nous sommes proches et distantes à la fois. J’ai confiance en elle, je lui fais part de mes inquiétudes, de mes questionnements, de mes sentiments, je lui raconte aussi certains pans importants de ma vie, elle est « mon » médecin et elle m’implique dans les décisions, elle m’explique le fonctionnement des nouveaux traitements par exemple. J’aime quand elle prend du temps, comme le faisait mon père, pour me faire des schémas et m’expliquer ce qui, d’un premier abord, ne semblerait pas à ma portée, j’aime la considération qu’elle me porte, dans la totalité de ma personne et jamais comme objet d’étude ou comme numéro de patient. Néanmoins, je ne sais rien de sa vie et j’ai toujours respecté son intimité. Une seule fois elle m’a évoqué les vacances qu’elle avait passées et celles qu’elle prévoyait dans ma région. J’ai alors pu lui préparer un petit condensé des lieux à voir, cette attention l’a touchée et me tenait à cœur. Néanmoins, cette distance qui perdure entre elle et moi est une façon pour elle de se préserver qui me semble normale. Malgré toute l’admiration que j’ai pour elle, c’est la maladie qui nous lie. En le lisant, je me suis fortement identifiée à Philippe Lançon dans la relation qu’il entretient avec « sa chirurgienne ». Tellement elle se montre disponible, j’ai presque l’impression parfois que madame G. vit à l’hôpital, comme les enfants sont surpris lorsqu’ils croisent leur professeur en dehors de l’école. Il m’est d’ailleurs déjà arrivé de ressentir un sentiment de compassion pour elle, espérant que son entourage prend soin d’elle autant qu’elle prend soin de ses patients. Nous sommes d’ailleurs tellement dans une relation de confiance réciproque vis-à-vis de ma maladie que je me demande parfois comment je vais pouvoir la gérer avec un autre médecin quand elle partira à la retraite, car il ne faut pas se leurrer non plus, certains médecins ont une conscience professionnelle bien moins importante. J’en ai d’ailleurs fait les frais en 2006.

J’étais dans un amphithéâtre pour suivre mes cours à la faculté de mathématiques pour passer ma licence quinze jours plus tard. Cela faisait plusieurs semaines que j’avais un mal de tête lancinant sur le côté droit, mais je l’avais attribué à des interactions médicamenteuses étant donné que je prenais une quantité non négligeable de cachets à cette période. Je discutais avec des amis pendant la pause quand je me suis sentie chuter. Ma jambe gauche ne me portait plus, mon pied gauche ne répondait plus. J’avais beau le regarder et vouloir le plier, cela m’était impossible. Des fourmillements ont gagné toute la partie gauche de mon corps du pied jusqu’au cou puis ont cessé après quelques dizaines de minutes. Je suis donc allée aux urgences où un neurologue, ayant une raison toute trouvée avec le diabète dont je suis atteinte, a attribué ce phénomène à une hypoglycémie qui était apparue en même temps disant que je venais aux urgences sans grande raison apparente. Cependant je me connaissais, je connaissais les symptômes de l’hypo’ comme nous l’appelions. Les soignants m’ont renvoyée chez moi avec la certitude en moi qu’ils n’avaient pas trouvé la véritable cause de ce qui m’était arrivé. Dans la soirée, les fourmillements ont repris. J’ai alors contacté madame G. Elle ne voulait pas laisser cela sans réponse et a donc contacté des spécialistes en qui elle avait confiance puis a réussi à me trouver un rendez-vous en urgence pour faire une IRM. Il s’est avéré que c’était une thrombophlébite cérébrale : j’avais trois caillots dans les veines du cerveau. J’ai alors été hospitalisée une semaine. J’ai guetté tous les jours ce neurologue pour lui dire que l’erreur ne venait pas de moi. C’est le dernier jour de mon séjour dans le service que je l’ai enfin croisé. Il m’a vaguement reconnue, je lui ai situé les choses, lui rappelant ce qu’il m’avait dit une semaine auparavant puis je lui ai précisé ce qui m’avait finalement été diagnostiqué, ce à quoi il m’a répondu : « Mais on aurait fait quelque chose si vous aviez été paralysée ». J’en suis restée bouche bée, sa réponse était la preuve de son manque total de conscience professionnelle. Il y a donc, comme dans chaque milieu, des personnes de confiance et d’autres qui en sont bien loin. Mais c’est ce genre d’affaire qui fait perdre confiance en la médecine parfois.