Une douce violence - Pierre Boulanger - E-Book

Une douce violence E-Book

Pierre Boulanger

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Beschreibung

Un journaliste relate le quotidien de quelques-uns de ses confrères au moment de la rédaction de leurs articles. Il décrit avec soin leurs émotions, leurs comportements, leurs envies mais aussi leurs difficultés. En somme, il sait raconter leurs histoires et, entre ces lignes, il y a quelque chose de formidable à découvrir…


À PROPOS DE L'AUTEUR


Pierre Boulanger rend hommage aux hommes et femmes de média qui, comme le commun des travailleurs, rencontrent au quotidien des problèmes.

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Seitenzahl: 127

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Pierre Boulanger

Une douce violence

Roman

© Lys Bleu Éditions – Pierre Boulanger

ISBN : 979-10-377-6384-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Préface

Pierre Boulanger a vu le jour le 15 décembre 1955 à Boulogne Billancourt (92).

Décorateur, il prend un peu de recul en Normandie en 2016.

Deux ans plus tard, donc en 2018, il écrit Les amis d’écrits premier récit narratif-aventure pour les 7 à 77 ans…

En 2021 Une douce violence est son deuxième récit d’aventure pour lecteurs avertis.

Celui-ci comporte quelques erreurs ou maladresses mais promesses d’améliorations lors du prochain récit. La presse pourrait faire l’éloge de l’écrivain de cette façon : « Son rêve c’est un peu comme de donner le bonjour à quelqu’un en faisant un pas de danse et de le terminer devant lui en équilibre sur un pied. Puis en ouvrant grand ses bras et, après un large sourire, de prononcer clairement la phrase trompeuse :

"Bonjour… Pierre Boulanger, danseur étoile !" »

Le journal continuerait ainsi son commentaire : « Avec ce type de décalage, il arrive à faire coller des pensées et considérer que tout se trouve ailleurs… Ailleurs, c’est toujours quelque part, là-bas, derrière, en haut… Cette histoire est faite de trucs de fou où la narration fictionnelle déplie des émotions et des sensations en accord avec des personnages à univers différents… L’illusion est parfaite… La fin du récit arrive… On repose ou on range le livre, pas trop loin sur l’étagère… Sa relecture est imminente… Le mois prochain peut-être ? » L’article se terminerait par le souhait du journal : « Bonne lecture ! »

Introduction

À mon ami Virgile…

C’est sans doute un choix délibéré de Pierre que de débuter sur un petit rien du quotidien ses premières phrases de chapitre. C’est Virgile qui lui a dit de le faire comme ça.

Virgile, éditorialiste, écrit lui aussi, c’est un ami. Ils s’invitent une fois par semaine à dîner le soir chez un cafetier de Montmartre. Au cours des dîners, Pierre commence par un petit rien. Virgile l’écoute avec intérêt et entre dans ses univers. Pierre reporte toujours la fin de ses récits aux dîners des semaines suivantes, comme le fait la belle conteuse orientale…

Si des vies existent ailleurs, il faut les raconter.

Les journalistes qui les trouvent et les racontent sont des hommes comme les autres avec leurs problèmes du quotidien, à l’image de ces cinq chapitres.

Car c’est par l’écriture toujours qu’on pénètre mieux les gens. La parole éblouit et trompe, parce qu’elle est mimée par le visage, parce qu’on la voit sortir des lèvres, et que les lèvres plaisent et que les yeux séduisent. Mais les mots noirs sur le papier blanc, c’est l’âme toute nue.

Guy de Maupassant

Chapitre I

Les traits sont là

Marc et Estelle sont journalistes et télétravaillent avec leurs journaux respectifs. Ils écrivent chaque semaine des articles en racontant des histoires.

Confié autrefois à la DDASS à l’âge d’un an, Marc est un homme de nature solitaire.

— Connaître ses origines n’est pas absolument nécessaire pour continuer d’avancer ! dit Marc… Trouver des informations, des explications, des raisons amenant des parents à abandonner et confier leur enfant, recueillir des éléments pour reconstituer sa propre histoire, tenter d’obtenir l’origine d’une famille, leur nom. Il existe certes de multiples raisons de souhaiter accéder à un dossier ; mais le temps passe et on s’aperçoit que Marc ne fait rien.

Estelle est la descendante d’une famille d’aristocrates, une famille qui bénéficiait depuis les premiers temps de la monarchie jusqu’au 4 août 1789, d’un statut particulier de privilèges faits de devoirs et de droits, se transmettant par le seul fait de naissance. Elle porte un titre de noblesse transmis de père en fils (fille) et en garde l’existence culturelle. Estelle est vendéenne et s’appelle « De la Ville Marquais ».

Elle porte sur l’index de la main gauche un souvenir de son père, un sceau portatif monté sur une chevalière d’homme, bien que pour Estelle c’est l’auriculaire en référence de son rang. En rencontrant Estelle, Marc change et trouve une identité au travers d’un félin à fourrure noire. Les deux amants se découvrent.

I

Dimanche 18 novembre 2018

Dans le ciel du cinquième arrondissement de Paris, il est bientôt six heures.

L’appartement de Marc embaume depuis cinq heures quarante-cinq d’une odeur de café sud-américain qui stimule ses narines, grâce au nouveau programme de sa cafetière depuis cinq heures quarante-cinq. Plus pratique et moins sonore que son vieux réveil électrique acheté autrefois dans une brocante, vieux, en plastique et qui au lieu de sonner, grésille : « Hé ! Hé ! Hé ! Good morning, let’s go ! »

Deux cafés sont prêts simultanément et il les ingurgite, sans sucre, d’un trait.

Court passage en douche, s’habille et revient dans la cuisine.

Marc retire sa liste de courses sur la porte du réfrigérateur, coince le papier entre ses lèvres, met son anorak et enfile sa paire de « converses » favorites.

Après des coups de peigne à répétition devant le miroir de l’entrée, il plie en deux sa liste dans la poche arrière de son jean, prend son sac à dos et d’un tour de clé, ouvre, claque et referme sa porte palière.

Il sort de son appartement parisien de la rue d’Ulm dans le quartier du Panthéon. Cette rue accueille principalement les locaux des écoles du Collège de France, l’école supérieure de chimie de Paris, l’école nationale supérieure des arts décoratifs, l’École normale supérieure-PSL ou « Ulm » tout court. Son appartement se trouve au troisième étage juste en face de l’église Notre-Dame du Liban, l’église maronite du culte oriental, un foyer franco-libanais.

Marc remonte la rue vers le Panthéon pour faire ses courses de la semaine. C’est aujourd’hui dimanche et place Monge de nombreux commerçants viennent installer sur des tréteaux leurs produits locaux et artisanaux. La place Monge se situe entre la rue Gracieuse et la rue Monge dans le quartier du Jardin-des-Plantes.

Le ciel de Paris est encore sombre et la rue Mouffetard conduisant au marché émerge lentement. C’est une petite rue étroite, tortueuse, pittoresque. C’est un petit coin de Paris du cinquième en ayant l’impression d’être en province et où règne une ambiance bien particulière. Ce quartier se surnomme « la Mouffe », et se situe sur la montagne Sainte-Geneviève. Elle regorge de légendes et d’anecdotes inquiétantes et rocambolesques, le marquis de Sade y habitait une garçonnière. Lasorcière de la rue Mouffetard de Pierre Gripari, Les Misérables de Victor Hugo s’y déroulent. Elle regorge de maisons médiévales, de jardins, de puits, de bistrots, restaurants et boutiques « de bouche » ce qui en fait le jour une rue très animée. Pour l’instant, les boutiques vont bientôt s’ouvrir aux sons des rideaux de fer grinçants caractérisant différemment les boucheries des poissonneries, boulangeries, maraîchers, cavistes, traiteurs, épiciers, quincailliers, bars et cafés de quartier.

Avant de prendre la « Mouffe », Marc entre un instant dans une boulangerie place de la Contrescarpe puis poursuit son chemin en croquant un cookie dans la rue encore déserte. La place de la Contrescarpe est un point central du cinquième arrondissement, puisqu’elle est au milieu des quatre quartiers Saint-Victor, Jardin-des-Plantes, Val-de-Grace et Sorbonne. La place possède en son centre un terre-plein avec une fontaine. Sa fréquentation pose de nombreuses nuisances induites par les noctambules mais qui en fait son charme.

Marc remonte une dernière rue étroite et arrive sur les lieux. Il a ses habitudes chez des commerçants du marché Monge qui mettent de côté ses achats dans les meilleurs morceaux. Produits frais et secs mis dans le sac à dos, Marc se donne toujours un moment pour prendre avec des commerçants, un café et noisette à la brasserie donnant sur le marché. Ainsi fait, il quitte « Monge » et repasse chez lui déposer ses achats avant de ressortir. Ce matin, il a rendez-vous à neuf heures au musée du Louvre avec son amie Estelle.

II

La forteresse du Louvre est devenue une résidence luxueuse sous Charles V dans le premier arrondissement de Paris. Considéré à l’époque comme le lieu de présentation des chefs-d’œuvre de la collection de la couronne. Le Louvre est aujourd’hui le plus grand musée d’art et d’antiquités au monde avec ses 72,735 m2 de surface d’exposition. Le Louvre propose de nombreuses expositions temporaires, dont beaucoup permettent de mettre en valeur les objets d’art ou les dessins qui ne sont pas en exposition permanente.

Marc propose de retrouver Estelle devant l’entrée de l’exposition temporaire des miniatures persanes. Ils doivent tous deux écrire un article sur ce sujet dans leurs journaux respectifs. Les articles sont pour mardi et ils ont toute la matinée de lundi pour les écrire et les envoyer.

Marc est en avance. Estelle est en retard.

Marc reçoit un message sur son portable…

En général, Estelle est une personne ponctuelle et toujours en avance à ses rendez-vous et principalement avec ceux de Marc sachant depuis peu être très prévenant avec elle.

Le message lui signale son retard suite à une panne imprévisible dans le métro et dont elle ignore encore l’issue. Elle attend patiemment. La « ligne 1 » est une ligne entièrement automatique à l’espace intérieur d’un seul tenant, sans séparation entre les voitures. Afin d’éviter les désagréments occasionnés aux voyageurs, des musiciens désireux de se faire connaître et de gagner un peu d’argent jouent dans cet environnement particulier devant un public inquiet.

La ligne est complètement à l’arrêt dans les deux sens entre la Défense et Vincennes. La rame est bloquée entre les stations Concorde et les Tuileries. Marc reste en contact. Estelle se fond en excuses. Déjà une demi-heure. Estelle lui propose de commencer sans elle mais il l’attendra patiemment à la cafétéria du musée. Il fait sa demande. Elle l’accepte.

Une fois à l’intérieur, Marc se dirige vers la cafétéria et commande un café. En attendant son amie, il constate l’affluence des visiteurs. De nombreux Japonais sont présents ce matin avec leurs traditionnels appareils photo malgré les Smartphones d’aujourd’hui.

Vers dix heures, une personne l’aborde en lui tapotant l’épaule. Il se retourne. Estelle est enfin là, avec un café à la main. Les regards se croisent. Les mots sont inutiles. Les sourires s’esquissent et se comprennent. Les mains s’effleurent quand elle s’approche pour s’asseoir. Les yeux se fixent et les pupilles se dilatent. Ils finissent leurs cafés, se lèvent et se dirigent vers l’entrée de l’exposition. Estelle passe devant. Marc la suit.

La présentation des nombreuses miniatures permet de mieux saisir leur sens aux visiteurs de l’exposition. Les miniatures servent essentiellement à mieux comprendre les histoires dans les ouvrages racontant des légendes.

Avec les vers de Saadi, Kermani et de Hafez, les illustrations persanes représentent davantage des scènes d’amour que des poésies sur les fleurs et les oiseaux. Estelle et Marc prennent de nombreuses notes et explications en les photographiant avec leurs Smartphones.

III

Marc sort du musée et propose à Estelle d’aller faire un brunch vers la place du marché Saint-Honoré, à deux pas d’ici.

Le marché Saint-honoré abrite des bureaux et le commissariat du premier arrondissement que possède Paris, des boulangers, des traiteurs, des restaurants, des commerces de primeurs et des vendeurs de bijoux et de vêtements.

Marc sait l’ambiance du restaurant très cosy sur fauteuils et canapés club. Il se souvient aussi d’un service aussi généreux que sympathique. Sur le lieu de rendez-vous, son ami Julien le rejoint avec sa compagne Julia. Tous deux sont également journalistes et s’occupent d’évènements sportifs. Julia est enceinte et attend l’heureux évènement pour le printemps.

L’après-midi se termine au musée de l’Orangerie, au milieu des Nymphéas où les quatre amis assis l’un à côté de l’autre sur de larges banquettes en velours bleu contemplent longuement les mélanges aux tons bleus et roses du célèbre peintre.

Le musée de l’Orangerie est construit à l’origine pour abriter les orangers du jardin des Tuileries. La décision d’en faire un musée pour présenter les œuvres d’artistes vivants, grâce à Georges Clemenceau, permet à Claude Monet d’installer son grand ensemble de Nymphéas dans deux grandes salles ovales (toiles de deux mètres de haut sur quatre-vingt-onze mètres de long), sous des verrières pour plonger les visiteurs dans un « état de grâce » selon le désir de l’impressionniste.

Julien et Julia prennent congé de leurs amis. Marc raccompagne Estelle chez elle vers le Trocadéro. Ils sont amis depuis quelques mois et déjà l’envie pressante de rester ensemble ne se limite plus à prendre un dernier verre en fin de journée.

Quelques fois, les fins d’après-midi se terminent chez Marc, il n’y a plus de règles. La féminité de l’appartement d’Estelle est remarquable par la profusion des détails, de photographies de ses reportages et d’évènements familiaux. Chez Marc, l’atmosphère est plus rigoureuse, l’essentiel prédomine et rien ne laisse supposer la gratuité. Il considère que l’essentiel est ce qui reste des choses… Non ? Chez lui, l’ambiance est « spartiate » du sol au plafond. Aucun rideau aux fenêtres ; les sources d’éclairages se cachent, l’ensemble est « ouvert » et monochrome, pas de portes et peu de meubles. Un seul meuble prédomine, c’est le support de son ordinateur portable au milieu du salon sur lequel il écrit ses articles assis en tailleur pour son journal. Un seul tableau s’accroche au mur en face de son ordinateur : le portrait d’une voluptueuse panthère noire aux yeux jaunes et pénétrants. Une tache noire sur fond blanc…

Estelle écrit aussi chez elle, mais a besoin d’une foule de détails pour activer le starter de sa pensée. Ses articles s’apprécient, ceux de Marc également.

Ce lundi matin se consacre aux rédactions de la visite au Louvre.

Marc rédige le titre de son article et l’accompagne de vues prises sur place en ces termes :

« La fonction la plus importante de la miniature est avant tout l’illustration. Elle illustre un texte littéraire, le rend plus agréable et plus facile à comprendre. Le thème privilégié porte principalement sur des scènes d’amour et fait aussi apparaître un genre particulier avec les oiseaux et les fleurs ». L’article s’accompagne de plusieurs images en situation.

Estelle rédige le sien et inclut également ses propres photographies mais entre davantage dans la texture des œuvres :

« Dans la création de miniatures, les artistes persans utilisent des couleurs d’origine minérales. L’or, l’argent et la pierre lapis-lazuli sont les principales matières premières qui servent à la production des couleurs des miniatures persanes ».

La simplicité de Marc et la sensibilité d’Estelle sont l’alchimie de leur relation. Les émotions empruntent parfois des chemins étranges où les contraires finissent par s’unir et se mélanger. Le lisse et le rugueux, le plat et le creux, le rigide et le souple, le plein et le vide, le vrai et son contraire, le bien et le mal, la guerre et la paix… La dualité est nécessaire face à la solitude, être seul devient ennuyeux mais un plus un font une relation. À deux, on avance, à deux on construit, on peut commencer une histoire et se faire entendre… Pas facile ? C’est pourtant facile de vivre ensemble !